Ashara et sa suite avaient fait le voyage depuis les Eyrié en passant par la mer avec le tout nouveau navire de la Suzeraine du Val : Le Faucon Blanc. Les voiles blanches avec au centre un cercle azur comportant la lune et le faucon de la Maison Arryn claquaient au vent. Les vagues venaient se fendre sur la coque, elle même blanche avec des liserés bleus formant comme des montagnes sur l’avant et en figure de proue se tenait un faucon immaculé, ailes ouvertes et tête inclinée semblant prêt à fondre sur vous. La brune se tenait là, entre les deux ailes et regardait approcher le Port Royal, cheveux au vent, immobile et songeuse. La dernière fois qu’elle s'était rendue à la capitale, elle était une jeune suzeraine tout juste mariée qui voulait rendre justice pour feu Lord Jon Arryn et rétablir la vérité sur l’héritier du trône et sur son héritage propre. La dernière fois, elle était avec Lyonel et elle croyait en la loyauté, l’honneur et le devoir. Cela lui semblait une éternité, comme une autre vie.

Désormais, elle était mère et veuve et elle ne croyait plus en rien à part en elle même, consciente que rien de ce qu’elle ferait ne serait récompensé à sa juste valeur si elle n’en exigeait pas le prix avant d’agir. Consciente aussi qu’en revenant ici dans ce nid de vipères, elle prenait de gros risques, mais que c’était nécessaire, malgré les accusations contre le couple Templeton ou plutôt à cause de ça, que le crime d’un autre ne vienne pas ternir le Val et empêcher ses amis d’obtenir ce qu’il méritaient pour les services rendus au Val et à la Couronne. Ses récents rapprochements avec Cersei pouvait aussi bien être un piège, et compter uniquement sur le soutien de Durran pour rester en vie était aussi bête que d’imaginer recevoir le moindre remerciement de la part d’Eddard Stark. Ce dernier était toujours au pouvoir et elle se méfiait tout autant du loup que de la lionne, même si elle savait que de lui, elle ne pouvait craindre l'emprisonnement à moins qu’enfin il ait appris de ses erreurs qui avaient innocentées la Reine. Elle sourit, se moquant intérieurement du Sire de Winterfell et repensant à Ysilla qui était chargée de séduire Robb afin d’unir leurs maison, que le vieux loup le veuille ou non.

Le bâtiment s’approchait désormais des quais et la brune aux yeux céruléens descendit les marches taillées sur le dos du faucon pour retourner sur le pont. Elle fit face à ses hommes dans sa robe en cotte de maille doublée de cuir.

__ Messieurs ! Chevaliers de la Garde Ailée et hommes d’armes du Val. La dernière fois que j’ai mis le pied à Port-Real, j’étais naïve et faible, et heureusement, je n’étais pas seule. Je ne suis plus naïve, ni faible, et je ne suis pas seule car vous êtes avec moi. Ensemble, nous sommes venus, ensemble, nous resterons. Méfiez vous de tout et de tout le monde, ici, toute personne est un traître potentiel, un espion à la solde de nos ennemis et n’imaginez pas un seul instant que nous ayons des amis, il n’y a que des ennemis et nous jouons un jeu où l’on gagne ou on meurt. Soyez mesurés et prudents, soyez prêt toujours, ne vous laissez pas séduire par les tentations de la capitale, restez sur vos gardes car vous avez connu la guerre, celle où l’ennemi est reconnaissable et se tient face à vous lame au clair, mais ici se joue une toute autre guerre où l’ennemi vous sourit et vous tend un verre. Je n’ai pas connu les combats de l’Ouest ou du Conflans, mais je connais les ravages de la bataille qui va se dérouler ici d’ici peu. Chacun va tenter de prendre sa place, et j’estime qu’en vertue de tout ce que nous avons fait pour la Couronne, pour la Maison Baratheon et pour Durran particulièrement, nous y avons droit plus que quiconque. Mais ils ne nous laisseront pas si facilement prendre ce qui nous est pourtant dû, et je ne compte pas, cette fois, repartir chez moi sans que nos sacrifices n’aient été reconnus !

La Arryn leva son épée et ses hommes levèrent leurs armes en acquiesçant avec force bruit. Son écuyer tenait Honneur et elle se mit en selle entourée de la Garde Ailée. Le bateau fut amarré et la passerelle descendue et calée entre le navire et le pont avant que les boucliers azurs et la Suzeraine du Val et de la Montagne ne l’emprunte pour descendre à terre. Son arme à la ceinture, elle se tenait droite et fière en selle, son écuyer tenait la bannière du faucon et les chevaliers la protègent, tandis que les reîtres suivaient, en formation, au petit trot en direction du Donjon Rouge. La partie de Cyvosse était lancée, il était temps désormais que tous ses efforts et ceux de son grand oncle et de son loyal ami Raymar en route vers la Porte Sanglante afin de la préparer à toute éventualité, payent. Que les crimes de légitime défense soient enterrés et qu’enfin le Val d’Arryn ait la place qu’il mérite. Ayiana lui manquerait, mais elle à ses côtés des hommes et des femmes de valeur, elle n’en doutait point sous le commandement de Ser Ronan Froideseaux, Première Epée de la Montagne et du Val, Capitaine de la Garde Ailée.

L’avant de la Garde Ailée fit son entrée dans la cour du Donjon Rouge au grand galop avec les couleurs du Val d’Arryn sur leur capes, leurs boucliers et l’étendard tenu par l’écuyer d’Ashara. Puis Ashara elle même dans sa robe de cuir et de maille avec le reste de ses chevaliers et enfin, les reîtres au pas de course entourant le chariot dépêché au port pour l’occasion qui contenait sa suite et ses affaires. La brune s’arrêta net en plein milieu, laissant son palefroi blanc piaffer sans relâcher la bride. Droite sur sa monture, elle embrassa la cour du regard. Tout autour, on était en effervescence avec cette arrivée et elle semblait ne pas être prise par cette vague, comme hors du temps. Nous y voilà. Elle était terrifiée, mais son visage de glace et son regard d’azur ne laissaient rien paraître, pas plus qu’elle n’avait montré sa faiblesse à ses hommes sur le pont du Faucon Blanc. Elle était bien trop consciente de ce qui allait se jouer dans les jours à venir et des nombreux ennemis qu’elle avait ici pour ne pas se méfier de tout et de tout le monde. D’ailleurs, elle avait pris de nombreuses précautions, entre autre celle d’arriver armée et sous bonne escorte.

Mais ça n’était pas la seule raison de ce déploiement de puissance. La veuve de Lyonel était Suzeraine du Val et Gouverneur de l’Est, qu’Eddard Stark le veuille ou non, et en cette qualité, elle portait armes et armure comme l’aurait fait un homme de son rang. Parce qu’elle n’avait pas le choix, parce que personne ne pouvait le faire à sa place. Il n’y avait plus d’homme dans sa vie autre que son fils encore trop petit pour symboliser la puissance des Souverains de la Montagne et du Val. D’ailleurs, Artys était resté aux Eyrié sous bonne garde avec ses nourrices, elle ne doutait pas un instant que Raymar et Ayiana, ainsi que les Dames de compagnie restées là-bas et les Gardes de la forteresse en prendraient grand soin et qu’il serait plus en sécurité dans les Montagnes qu’ici. Elle n’était pas seule, heureusement, il y avait ses hommes pour la protéger et l’épauler. Mais elle représentait ici le Val d’Arryn non en tant qu’épouse ou simple femme, non en tant que régente fragile. Elle était le Val d’Arryn, elle était chaque chevalier, chaque homme, chaque femme et chaque enfant. Elle était chaque soldat ayant trouvé la mort au nom du Roi, chaque personne revenue de l’Ouest et reparti pour le Conflans ou le Mur, elle était tout ce que le Val avait de martial. La jeune femme douce et sensible qui avait épousé Lyonel avait définitivement disparu, elle n’avait jamais eut un caractère facile, elle n’avait jamais été sage et timide, effacée comme on l’attendait d’une dame. Mais les derniers événements l’avaient rendue plus forte encore, plus méfiante et sauvage aussi, et probablement plus dangereuse que jamais.

La brune aux yeux céruléens fit faire un dernier tour sur lui-même à Honneur alors que tous avaient déjà mis pied à terre, c’est alors qu’elle aperçu Silithia Lannister, née Farman, dont elle avait appris l’union avec Tyrion. Son plan pour prendre l’Ouest avait lamentablement foiré à cause du refus catégorique d’Ysilla d’épouser le nain. Quelle idiote ! Ashara lui en voulait toujours et l’avait d’ailleurs envoyée au Nord pour qu’elle essaye de se rattraper en faisant main mise sur le Nord. Et voici donc celle qui avait prit sa place, belle blonde qu’elle n’avait qu’entraperçu lors de sa dernière visite. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Elle n’avait peut-être pas eut ce qu’elle voulait à savoir une influence notable sur l’Ouest, elle avait aussi perdu son pari de laisser Tyrion seul légitime Suzerain puisque Jaime et Cersei avaient été innocentés. Mais tout n’était pas encore perdu pour autant, elle avait un projet depuis longtemps et elle n’en avait encore parlé à personne. Il était temps.

La Suzeraine du Val descendit à son tour et laissa son cheval aux bons soins de son Écuyer avant de se diriger à grand pas vers le bâtiment après avoir chuchoté quelque chose à l’oreille d’une suivante. Le jeune homme chargé de la recevoir et de la conduire à ses appartements peinait à la suivre, mais elle ne ralentit pas autant, accompagnée de ses chevaliers laissant reîtres servantes et suivantes en arrière. Point de Roi ni de Reine, point de noble rassemblement pour l'accueillir, mais cela était bien normal. Elle était restée vague sur sa date d’arrivée prétextant que la météo peu clémente de l’automne et n’avait laissé à personne le temps de se préparer, c’était voulu de sa part, que personne ne puisse l’attendre ou l’empêcher de s’installer. Le bruit de son arrivée allait bientôt faire le tour du Palais et à partir de là, sa disparition serait nécessairement suspecte. C’était elle qui faisait faire des tours en barque à ses ennemis, et elle ne laisserait personne lui faire faire un tour en barque. Elle sourit, amusée par ses pensées qui chassaient la peur pour faire place à l'orgueil, son meilleur allié pour cacher ses doutes. Passant les portes toujours à vive allure, elle s’engouffra dans les couloirs du plus dangereux des château de Westeros, le seul où vous ne pouviez jamais être en sécurité, quoi que vous fassiez.

La demoiselle de cour s’écarta discrètement de la foule en alerte afin de s’approcher de la Lionne. Elle s’inclina bien bas avant de dire :

__ Dame Silithia Lannister, veuillez m’excuser, ma maîtresse, Lady Ashara Arryn, souhaiterait s’entretenir avec vous. Elle vous attendra dans ses appartements dans une heure afin de prendre le temps de se rafraîchir.

La jeune fille attendit la réponse de la Suzeraine de l’Ouest afin de pouvoir indiquer au Faucon Blanc si rendez-vous était pris le temps que la veuve de Lyonel fasse un brin de toilette et se change pour accueillir son invitée. Midi approchait et il faudrait aussi faire préparer un repas pour deux, elle y veillerait.

Ashara venait de terminer d’enfiler sa robe de velours bleu sombre aux galons argent brodé de lunes et de faucons survolant des montagnes ainsi que son diadème de saphirs et la parure qui allait avec lorsqu’on frappa à la porte. D’un signe de tête, elle fit signe à sa camériste d’aller dans l’anti-chambre pour dire au page d’ouvrir la porte et d’annoncer l’invitée. Ce devait être Silithia, qui d’autre. Espérons que ça n’était pas le Roi car elle n’avait pas eut le temps de se coiffer et ses cheveux s'étalaient en longues traînées brunes sur ses épaules dénudées. Elle pouvait recevoir la Dame de l’Ouest ainsi en cheveux, mais pas le futur Roi !

Les deux chevaliers en armure de plate postés devant les appartements de la veuve ne bougèrent pas d’un pouce, comme s’ils avaient été des statues. Ols avaient juste jeté un oeil à l’invité lorsqu’elle était arrivée et s’étaient écartés pour la laisser passer. Prévenus de son arrivée ils n’avaient rien à faire de plus, normalement c’est eux qui frappaient, mais la jeune femme les avaient devancé, et l’un d’eux s’était contenté de frapper à son tour du plat de la main sur la porte une seule fois. Un jeune garçon tout de bleu et blanc vêtu ouvrit la porte et s’inclina devant l’invitée avant de l’inviter à entrer en annonçant d’une voix forte :

__ Dame Silithia Lannister de Castral Roc ! Suzeraine de l’Ouest !

Il enchaîna.

__ Dame Ashara Arryn des Eyrié, Suzeraine du Val d’Arryn, Gouverneur de l’Est, Lady Protectrice de la Montagne et du Val.

Ashara fit son entrée dans la pièce et se fendit d’un sourire. Pendant ce temps la camériste terminait d’installer le repas sur la table, vin, fromage, oeufs, pain, quelques fruits, du jambon et se tint droite, mains jointes devant elle sur le côté prête à servir ces dames. A côté d’elle se tenait un troisième chevalier, un grand blond puissant qui ne bougeait pas non plus, sauf les yeux, suivant chaque mouvement de la blonde du regard, prêt à intervenir à la moindre suspicion de tentative d’assassinat sur sa Suzeraine et amie. La brune aux yeux céruléens écarta le bras en direction de la table et dit :

__ Merci d’être venue Ma Dame. Si vous voulez bien partager un déjeuner avec moi… Installez vous je vous prie.

Le page recula la chaise de l’invitée pour l’aider à s'asseoir tandis que la camériste s'occupait du siège de sa maîtresse. Tout ce qui était disposé sur la table semblait avoir été déjà entamé, comme si une petite souris avait goûté tous les plats ainsi que le vin. La servante servi le vin et Ashara piqua un morceau de fromage dans son assiette.

__ Félicitation, l’enfant que vous attendez est un don des Sept, sans compter la légitimité qu’il vous donnera au sein de l’Ouest. Vous en êtes la Suzeraine et Tyrion en a pris la tête comme je le souhaitais, mais le duel judiciaire remporté par Cersei rend votre position instable et avec elle, la mienne.

Ashara plongea son regard azur dans celui de la blonde, le visage sévère et froid, se demandant non si elle pouvait lui faire confiance, il était évident qu’elle ne pouvait faire confiance à personne, mais si elle était bien la meilleure personne à qui parler de son projet.

Ashara sourit aux propos de Silithia, mais n'ajouta rien. Bien qu'elle pensait que la blonde devrait bien plus de méfier de Cersei que de Jaime. La née Farman semblait faire ce qu'il fallait pour garder l'Ouest, tout ce qui était en son pouvoir en tout cas. Serait-ce suffisant, la brune l'ignorait mais en vertue de sa propre position vis à vis des Lannister, elle ne pouvait décemment rien faire de plus, Jaime ne devait pas la porter dans son coeur et Tyrion non plus, Cerseï semblait lui avoir pardonné ses actes, mais ce n’était peut-être qu’une façade. D’autres choses pouvaient être envisagées pour assurer sa position, mais la Suzeraine du Val ne saurait suggérer de telles actions à la blonde, elles n’étaient ni assez proche, ni assez complices et surtout, elle ne voulait pas prendre le moindre parti dans cette histoire qui désormais, ne la concernait pas. Elle souhaitait sincèrement se rapprocher de Cerseï autant que de la Dame du Roc, pour des raisons différentes et sans pour autant faire confiance ni à l’une ni à l’autre pour le moment. Elle préférait attendre avant de tenter quoi que ce soit, mais elle ne pouvait pas néanmoins passer à côté d’une occasion de se rapprocher de l’actuelle dirigeante de l’Ouest afin que l’échec de son plan avec Ysilla ne mette pas un point final à ses ambitions.

__ Vous n'êtes pas sans savoir que c'est moi qui ait condamné Jaime Lannister pour adultère et inceste sur la personne de la Reine, sa soeur. Je lui ai proposé le Mur contre sa parole qu'il ne revendiquerait pas l'Ouest et le laisserait à son petit frère Tyrion. J'ignore s'il, au vue des circonstances quelque peu rocambolesques qui ont amenées cette discussion au sein des Eyrié et avec le fait qu'il soit à présent lavé de tout soupçons, il tiendra parole et encore moins s’il nous pourrons nous recroiser un jour sans verser de sang. Hélas, je n'ai plus la main sur la situation depuis le duel judiciaire et j'ignore si la Reine Cersei m'en veut suffisamment de tout ce que j'ai pu faire contre elle et sa famille pour me faire tuer, ou plutôt si elle est capable de me laisser en vie malgré tout. Mais je compte bien faire en sorte de survivre et d'asseoire ma position ainsi que celle du Val d'Arryn vis à vis de la couronne. J'ai…

La jeune femme sourit en coin.

__ Quelques atouts dans la manche.

La veuve parlait de ses actions visant à rétablir le futur Roi Durran dans ses droits d'héritier du trône ainsi que de celles de Lord Jon Arryn pour sauver l'enfant et bien sûr de l'amitié entre le Baratheon et Raymar. Beaucoup d'atouts donc, car à priori, Durran avait toutes les raisons de l'apprécier et donc la Reine avait plus intérêt politiquement à faire d’elle une alliée qu’à la tuer. Mais il y avait aussi, bien des écueils dont elle ne parlerait pas ici. Le premier étant qu’un assassinat pouvait passer pour un accident ou une simple disparition et elle était bien placée pour le savoir. Elle sourit en se disant qu’à chaque fois qu’elle se rendait à la capitale, elle risquait sa vie comme jamais et qu’il fallait vraiment qu’elle soit folle pour être ici. Elle savait pourquoi elle était venue, elle avait beaucoup à perdre, sa vie, mais c’était bien peu en comparaison de ce qu’elle avait à gagner, une place au Conseil Restreint et par là, prestige et prospérité pour le Val d’Arryn et une position qui empêchait quiconque d'ébranler sa place aux Eyrié. Mais si elle n’obtenait pas ce qu’elle voulait, se serait la dernière fois qu’elle mettait les pieds dans ce nid de vipères et elle renforcerait sa position dans le Val d’une toute autre manière bien moins pacifique.

__ Vous me disiez vous préoccuper du sort de vos gens. Je gage que ma proposition vous plaira donc puisqu'il s'agit de nous enrichir tous et de faire prospérer le commerce de nos deux régions. Cela profitera à nos Maisons mais aussi à tout notre peuple. Cependant, je dois d'abord obtenir la confirmation que Lady Nyella Belmore est mariée à Edmure, que les Fer-nés ont été boutés hors du Conflans et que nous avons de quoi repousser toute offensive des îliens. Aussi je vais vous exposer le projet mais il faudra un peu de temps pour tout mettre en place et plus encore pour que cela aboutisse.

Ashara fit une petite pause pour boire et manger un morceau de pain. Elle dévisageait Silithia laissant planer le suspens avec un demi sourire.

__ Je compte faire creuser un canal entre la baie du Fer-né et la Vertfurque via Sorcefangier afin de faciliter les échanges commerciaux entre l'Est et l'Ouest. Les voyages seront plus rapides, plus sûrs et la quantité de marchandises transportée pourra augmenter. Les ports avoisinant bénéficieront donc de tout ce fret supplémentaire et les artisans et négociants auront de nouveaux débouchés. Nous rallierons Salvemer et Goëville en 15 jours sans risquer de se faire détrousser par des bandits sur la route, Port-Lannis et Goëville en 4 semaines au lieu de 8 actuellement et sans risquer une attaque des clans des Montagnes. A contre courant se sera plus long, mais toujours plus sûr et plus court. Sans compter le temps gagné pour aller à Essos où à Port-Royal, les marchands n’auront plus besoin de passer par le Sud, Villevieille, Lancehélion et les pirates des Degrés de Pierre.

Silithia avait relevé que les plats avaient été goutés et le fit remarquer, liant cette mesure de précaution aux relations potentiellement tendues d’Ashara avec la Reine. Il y avait peu de chance que Ned passe par le poison, idem pour Jaime, mais Cerseï le pouvait. La brune aux yeux céruléens plongea son regard dans celui de la blonde et sourit sans ajouter un mot. Tout comme elle, la veuve ne rêverait pas l’inceste, elle n’avait pas de frère, mais n’imaginait pas coucher avec ses oncles, même si les mariages entre cousins étaient légion dans le Val. Elle ne pouvait pas non plus tolérer l’adultère, n’ayant jamais été confrontée à l’insatisfaction, probablement parce que son mariage avait été bien trop court pour qu’elle puisse se lasser de Lyonel ou inversement. Mais le plus problématique pour elle était le sang des héritiers de la couronne, si le duel innocentait la Lionne aux yeux des hommes et des Dieux, elle n’était pas dupe pour autant et l'ascendance de Joffrey, Myrcella et Tommen était toujours aussi douteuse à ses yeux. Or, aucun fruit d’un adultère incestueux au sang purement Lannister ne saurait hériter du Trône de Fer. Heureusement, Durran était lui, bel et bien Barathéon, cela se lisait ses ses traits sans aucun doute, ainsi, la succession de la couronne était maintenue par ce jeune homme sauvé par Lord Jon Arryn et élevé par Raymar Templeton.

Depuis le départ, le Val était au centre de cette affaire, même si sa suzeraine actuelle n’avait fait que remettre en place les pièces du puzzle et faire en sorte que la vérité éclate au grand jour. Tout aurait pu être réglé, ses problèmes avec la Reine y compris si Eddard Stark n’avait pas tout fait foiré avec un procès où, pour la seconde fois, il avait préféré se draper dans son honneur rigide plutôt que de faire justice comme le lui avait suggéré le Faucon Blanc. Avec Lysa Arryn, il n’avait pas fait preuve de clémence et deux Tully étaient morts, avec Cerseï aucune clémence n’aurait été possible et c’est bien pour cela qu’il fallait éviter à tout prix un procès pouvait conduire au duel judiciaire. Imbécile ! Je t’avais pourtant prévenu ! se dit Ashara en serra le poing, le regard soudain assombri par la colère. Elle se reprit et sourit de nouveau. Ainsi Ned n’avait fait que mettre des bâtons dans les roues d’Ashara et minimiser le rôle du Val pour ne pas récompenser la Maison Arryn et au final tout faire tomber à l’eau mettant en danger tous les loyalsites dont la brune et son fils ainsi que sa région. Elle ne pouvait pas pardonner. Elle préférait pardonner l’inceste et l’adultère, même si cela la dégoutait, parce qu’elle savait à présent combien Robert était lui même répugnant et violent. Elle préférait s’allier à la Reine malgré les risques parce qu’elle était la seule à avoir reconnu ce que la Couronne devait au Val.

Les hommes étaient tous sans exception d’immondes personnages doués pour une seule chose : la domination des femmes. Capables des pires calomnies contre elles afin de garder leur sacro-saint pouvoir et leurs privilèges avec toute la mauvaise foi possible. Capable de faire oublier tous leurs crimes et leurs manquements à eux en le mettant tout entier, et avec tous les maux de l’univers, sur le dos des femmes, épouses, mères, filles et les pires de toutes, les veuves. Ashara était veuve et fière de l’être, elle comptait bien le rester pour ne plus jamais avoir à partager son pouvoir, son nom ou son sang avec aucune d’entre eux. Préférer des guerres sanglantes aux compromis diplomatiques, préféré tuer des milliers de soldats plutôt qu’empoisonner un unique ennemi. Etait-ce là le courage et l’honneur ? Selon eux oui, mais pas selon Ashara. Le courage pour elle, s’était de faire ce qui devait être fait et de prendre sur son âme tous les risques plutôt que de les faire porter à d’autres. Et à présent, elle faisait montre de courage une fois de plus pour faire face au Trône de Fer après ce qu’il lui avait coûté, pour faire face à Cerseï afin de faire table rase du passé pour aller de l’avant, pour faire face à la Main du Roi Robert et au Conseil Restreint. Le temps de la revanche du Faucon Blanc était venu, le temps de récolter ce qui avait été semé, en bien comme en mal.

__ Après avoir révélé la trahison de Lysa Arryn et le testament de Lord Jon, après avoir retrouvé et ramené le seul véritable héritier du Trône de Fer, après avoir aidé Eddard et Robert à rétablir la vérité et à condamner les coupables, je pensais aussi ma position assurée. Mais il n’en fut rien et je suis retournée aux Eyrié sans même un merci de leur part. Après avoir sauvé le Conflans des Fer-Nés en sacrifiant ma flotte, après avoir envoyé 15 000 soldats du Val et Nyella Belmore à Vivesaigues, je pourrais penser ma position assurée, mais je ne suis plus si naïve qu’autrefois. Ma position ne sera jamais assurée et en tant que femme, veuve, suzeraine, protectrice et gouverneur, je devrais toujours me battre pour garder ma place tant que des hommes pourront renier mon rang juste parce qu’ils sont des hommes.

Ashara avait de nouveau serré les poings et son regard azur était empli d’une rage revancharde. Elle desserra les dents, mais ne changea pas de visage. Silithia devait savoir à quoi s’attendre si elle souhaitait s’associer au Faucon Blanc. Elle but une gorgée de vin alors que la blonde enchaînait sur le sujet du commerce. Buvant, mangeant et écoutant, elle manqua de s’étouffer et de recracher le contenu de sa bouche alors que son hôte disait s’être associée avec les Îles de fer. Avait-elle bien entendu ?! Elle déglutit à grand peine tant et si bien qu’elle avala de travers et toussa plusieurs secondes avant de pouvoir répondre. Elle s'exclama :

__ Les Îles de Fer ?!

Ashara but le reste de sa coupe de vin d’une traite.

__ Les Îles de Fer ? Oui vous êtes folle, sans aucun doute. Nous parlons bien de ceux qui ont mit toutes les flottes de Westeros à bas en quelques mois et qui ont brûlé l'intégralité du Conflans avec force massacres ?! Les Fer-Nés… Insupportables bernique accrochés à leur rochers qui ne sont bons qu’à vous écorcher les pieds et les mains alors que vous vous promenez tranquillement sur la plage. Ceux qui fomentent une rébellion tous les dix vingt ans et foutent un bordel monstrueux avant de repartir la queue entre les jambes sur leurs cailloux ?

La Suzeraine du Val roulait des yeux interdits et avait probablement cessé de respirer quelques instants. Cependant, même si l’information tardait à être traitée par son cerveau, la “manière douce” était un concepte intéressant. Mis au regard de tout ce qu’elle venait de dire, justement à savoir que les tentatives pour les soumettre avaient été de courte durée et que leurs traditions et leurs terres pauvres les obligeaient à piller les côtes et pirater les navires marchands, l’idée de leur offrir une autre voie était intéressante. Bon, à la base, elle avait plutôt prévu de les éradiquer de la surface de la terre, mais après tout, se serait nettement plus coûteux en vie humaine et cela valait le coup d’essayer. Le rictus d'approbation qui se dessina sur le visage de la brune était à la mesure de ses réticences et de sa haine. Elle sourit, les projets commerciaux de la blonde rejoignaient complètement les siens, mise à part concernant les Fer-Nés. mais elle tiqua néanmoins.

__ Je puis faire fi de mes différends avec les Fer-Nés, mais d’une part, j’ignore si mon peuple le pourra, quoi qu’il n’a que peu été touché, et plus encore si les Fer-Nés pourront me pardonner d’avoir incendié les trois quart de leur flotte. Vous dites être la plus exposée, mais le Conflans et particulièrement Sorcefangier et Salvemer sont tout aussi exposés que vous et bien moins lotis en terme de défense, de pus, comme je vous le disais, si je suis à l’abri pour le moment, j’ai d’autant plus à perdre à leur laisser la moindre chance d’utiliser mon canal afin de m’atteindre, surtout après ce que je leur ait fait.

La brune aux yeux azur tapota la table un instant et reprit.

__ Mais nous avons un autre problème bien plus grave. Le Conflans, Mallister, Frey et Tully en tête a été durement éprouvé par la Croisade des Fer-Nés et par l’attaque sur Salvemer. Je ne suis vraiment pas certaine que les Riverains pourront passer outre et accepter de travailler avec les Fer-Nés et je doute que Nyella puisse leur faire accepter cela. Une telle proposition, sitôt après les massacres risque bien de faire vaciller sa position sachant qu’elle est venue avec des soldats afin de bouter les Îliens hors du Conflans et qu’une partie de sa légitimité tient là dessus. Je ne saurais lui imposer, pas plus qu’aux Riverains, une telle association pour le moment. Il va donc falloir trouver une solution pour garder cela secret le temps que l’idée devienne acceptable.

Avec l’hiver qui s’annonçait et le temps que l’immense chantier du canal soit terminé, cela serait peut-être envisageable si les Fer-Nés se tenaient tranquilles. Et si ça n’était pas le cas, le Val d’Arryn aurait une flotte toute neuve à leur envoyer à travers la gueule pour le plus grand plaisir de sa Suzeraine se dit elle avec un petit air satisfait en fixant la blonde qui, si elle était folle à n’en point douter, devait avoir une sacrée paire de baloches pour négocier avec ces sauvages.

__ Alors levons nos verres aux femmes.

Dit Ashara en joignant le geste à la parole avant de boire une nouvelle gorgée de vin. Si c’était là le combat de Silithia, se pourrait bien être une alliée au même titre que la Reine. Elle était consciente que les intérêts des deux Lionnes seraient difficilement compatibles et que Cersei voudrait peut-être se venger d’elle. Mais si elles parvenaient à s’entendre toutes les trois, faisant fi de leurs différences et de leurs ambitions personnelles pour s’engager sur un chemin commun, l’espoir d’une paix durable et d’un mouvement pour l'émancipation des femmes pouvait émerger d’une telle alliance. A cette pensée, la brune aux yeux céruléens fit une moue étrange entre appréhension, expectative et conviction. Au delà même des risques qu’elle prenait pour sa vie et de la peur qu’elle ressentait mais dont elle pouvait s'accommoder pour que le Val profite enfin de sa loyauté, il y avait cette question de l'association des trois femmes les plus puissantes de Westeros. Elle priait les Sept que la Reine ne cherche pas à se venger pour voir naître cette entreprise.

__ Pas seulement les Greyjoy, l'Antique Voie et les prêtres du Dieu Noyé, les Greyjoy peuvent être éliminés facilement, les traditions des Fer-Nés beaucoup moins, les Chenu ont déjà essayé...

La veuve hocha la tête. d’après ses informations, c’est une femme de la Maison Bonfrère surnommée la Sirène de Fer qui avait eut l’idée de prendre Castral Roc et de réduire à néant l’ensemble des flottes de Westeros avant d’attaquer le Conflans par le Trident. Un sacré plan d’ailleurs, même si le coup d’arrêt que le Faucon Blanc avait mit à leur offensive en sacrifiant sa flotte afin de détruire la leur les avaient empêché d’arriver à leur objectif à pleine puissance et que l’empoisonnement de leurs vivres par les Desdaing avait terminé de réduire leurs ambitions presque à néant. Les Greyjoy étaient à la tête des opérations avec la Flotte de Fer, mais la rébellion n’était pas à leur initiative, une fois n’est pas coutume. Cependant, il était probable que, pour tout Westeros, au vue de la présence de Victarion Greyjoy, connu comme le loup blanc ou plutôt le kraken mortel et de sa flotte cette nouvelle rébellion bien mieux organisée et oh combien plus ambitieuses que celles jamais réalisées auparavant puisse être mise sur le dos du Roi du Sel et du Roc autoproclamé. Et s’il fallait négocier avec les Fer-Nés pour évincer Balon afin de les faire entrer dans le rang, enfin, et pour longtemps, c’était mieux ainsi. Quant à l’attaque de Salvemer, se sont les flottes de Grand Wyk et de Harloi qui s’étaient associées pour piller la ville, mais il y avait fort à parier que la présence de Glenhild Bonfrère dans les Geôles de Lord Mallister soit le déclencheur de ces sanglantes représailles et que cela n’entame pas la pleine responsabilité de Lord Balon dans les autres massacres.

__ Alors tant que nous pourrons discuter avec vos alliés Fer-Nés, je ne dirais à personne ce que je sais sur cette rébellion. Avec quelle Maison avez vous négocié ?

La Suzeraine du Val, préférait la méthode douce et l’alliance matrimoniale et commerciale ouvrant des opportunités intéressantes pour tous les protagonistes. Mais la méthode Tywin restait une option qu’elle n’hésiterait pas une seule seconde à mettre en place si les Îliens se montraient rebelles. Elle faisait reconstruire sa flotte à cette seule fin : les exterminer tous jusqu’au dernier afin que jamais le continent n’ait à souffrir une fois de plus de leur barbarie et elle s’y préparait depuis qu’elle avait nommé Lord Grafton Bouclier de Goëville, Maréchal du Trident et Lord Amiral de la Flotte du Val. Mais elle était consciente qu’une guerre sur mer et sur terre contre les Fer-Nés serait coûteuse en vies humaines et en or dans un Royaume déjà bien entamé par les récents conflits et affaibli par la mort du Roi et les intrigues de la cour. Il valait mieux que le nouveau Roi ait l’occasion de commencer son règne dans la paix et la prospérité retrouvée plutôt que dans une guerre à l’issue par trop hasardeuse. Silithia avait raison et la brune aux yeux azurs aimait sa vision des choses. Les quatre régions avaient tout à gagner à s'associer pour que leur commerce de développe, mais aussi pour maintenir la paix, sans cela, il y avait fort à parier que les Fer-Nés tenteraient d’utiliser ce canal et leur force maritime pour mettre en pièce leur beau projet. Ainsi valait il mieux jouer la carte de l’alliance pacifique tout en se préparant à la guerre afin de donner aux Iliens des raisons de se tenir tranquille plutôt que de leur donner davantage de raisons de razzier Westeros. Elle acquiesça donc d'un hochement de tête. Cependant, elle n’aurait pour rien au monde confié le moindre otage à ses barbares et elle était ravie que ce soit la Suzeraine de l’Ouest qui ait pris ce risque nécessaire.

__ Oui je comptais de toute façon mettre des péages aux deux extrémités du canal pour en rembourser le coût, financer son entretien et bien sûr le protéger contre toute intrusion. Il y aura aussi des tours de guet sur le trajet afin de protéger les barges contre toute attaque et éventuellement repousser les envahisseurs, d'où qu'ils viennent. Mais ce compromis me sied, même si j’ose espérer que d’ici à ce que le canal voit le jour, certains différends entre les Fer-Nés et nous auront été si ce n’est oublié au moins passé au second plan. Mais d’ici là, il faut que les Iliens se tiennent à carreau pour que leur pleine participation à cette entreprise soit envisageable.

Le Faucon Blanc sourit de toutes ses dents à la question de la blonde, il y avait bien une raison, et puisque la confiance était indispensable à leur projet, elle serait franche sur ce point comme sur les autres.

__ Je discute avec vous et non avec Tyrion parce que vous êtes une femme et que je ne vous ai pas fait enlevé.

Oui, l’hiver arrivait à petit pas feutré et il fallait s’y préparer, Ashara avait donné ses ordres pour remplir les greniers et tenter une dernière récolte avant les premières gelées afin de se préparer à la mauvaise saison au mieux.

La brune aux yeux céruléens hocha la tête et fronça les sourcils lorsque Silithia évoqua les marcheurs blancs. Elle n’avait pas eut de nouvelles de Neraron à ce propos et pensait que ce n’était qu’une fable inventée par Lord Mormont pour avoir du renfort. Cependant, les négociations avec les sauvageons et les récentes réformes de la Garde de Nuit semblaient prouver que de grands changements étaient nécessaires. Il devait donc effectivement y avoir une menace terrifiante pour que les frères jurés acceptent qu'un clan de sauvageons passe le mur et s'installent dans le don. Quant à l’assouplissement des règles et le service minimum elle ne savait pas quoi en penser à part que cela encouragerait les recrutements mais qu'avoir un avenir pouvait rendre peureux.

Mais la blonde avait raison, si la menace était réelle, il fallait que les Sept couronnes soient unies pour la combattre et que la paix règne dans le reste du Royaume. Un vœux pieu que la Suzeraine du Val adressait aux Sept, un songe qu'elle voulait rendre possible quitte à éradiquer les opposants avant qu'il ne soit trop tard. Cruelle elle pouvait l'être, mais jamais sans raison, sans pitié et sans remords quoi que bien des regrets la hantaient, en premier lieu d'avoir laissé à d'autre le soin de rendre justice. Elle se voulait juste avec les bons comme avec les mauvais et attendait à présent la même justice de la part du future Roi pour elle et les siens après tous les sacrifices consentis au nom de la couronne. Et si elle ne l'obtenait, la paix et l'unité voleraient en éclat. Non par simple vengeance, mais parce qu'elle refusait de porter toute la responsabilité des guerres à venir sans posséder le pouvoir d'épargner des vies. Parce que si elle ne pouvait œuvrer à changer les choses dans tout le Royaume, alors elle ferait en sorte de changer les choses dans le Val d'Arryn. Parce qu'elle refusait de donner sa loyauté à un Roi qui ne s'en montrait pas digne. Elle avait fait cette erreur une fois et elle s'en voudrait toute sa vie. Plus jamais ça se dit elle.

Alors oui, le Gouverneur de l'Est prenait le risque d'accepter une alliance avec les Fer-nés pour toutes ses raisons, en premier lieu parce que cela pouvait changer le monde. Cela resterait un secret autant que possible, car il était plus que probable que personne ne soit prêt à l'entendre, pourtant c'était bien le meilleur moyen de sauver des vies humaines. Et si l'unité n'était plus de mise elle aurait gagné deux alliés pour le prix d'un. Mais qui veut la paix prépare la guerre et sa flotte de tiendrait prête à toute éventualité. Elle espérait que, si les Fer-nés ne tenaient pas leur engagement, il ne serait pas trop tard pour les éliminer de l'échiquier afin de combattre la menace venue d'au delà du Mur. Elle sourit. Si les frères jurés de la Garde de Nuit étaient capable de s'associer aux Sauvageons pour repousser les Morts vivants, alors la Montagne devait pouvoir s'allier avec les Îles de Fer pour des desseins plus vastes encore.

Lorsque Silithia cita le nom de ses alliés, la veuve la fixa sévèrement au dessus de la Coupe dans laquelle elle buvait un instant plus tôt. Eux, vraiment ? Initiateurs d'une nouvelle voie après les massacres perpétrés. Le Val avait sacrifié sa flotte sur ordre du seul Gouverneur de l'Est qui ait jamais été. Mais l'Ouest avait payé un lourd tribu contre les Bonfrere, aurait elle pu pardonner à la place de la lionne ? Probablement pas. Mais savait elle seulement que les milliers de morts, le pillage de Castral Roc et Port Lannis réduit en cendre était dû à nul autre que ses nouveaux alliés ? Peut-être que si puisqu'elle prit soin de citer la mort de Glenhild et de Gorold comme preuve d'un changement. Mais elle ignorait certainement ce que la Sirène de Fer avait crié avant de mourir : “Îles de Fer indépendantes” rien de moins. Cette femme qu'on disait fière combattante et excellente navigatrice aurait donc fait tout ça afin d'être en position de force pour négocier avec la Couronne. La veuve ignorait comment l'épouse du nain avait appris cela, ça ressemblait plus à des confidences intimes ou de la manipulation qu'à des échanges stratégiques et commerciaux entre deux ennemis de toujours. Mais soit, qu'importait finalement ce passé sanglant puisqu'elles construisaient l'avenir. Elle espérait simplement que ses terribles vérités ne viendraient pas empêcher la paix dé voir le jour. Les carnages laissent des traces dans la mémoire des gens, ils engendrent une haine tenace qui ne peut servir de fondations qu'à un chaos encore plus grand. Les hommes étaient trop souvent incapables de pardonner. Mais elles étaient des femmes...

__ Greydon Bonfrere. Le nouveau Sire de Cormartel…

Certes, la situation du Val d'Arryn était loin d'être aussi désespérée que celle de l'Ouest. Elle avait besoin d'une flotte et elle avait perdu nombre de soldats et un époux, mais elle avait de quoi payer ses bateaux et suffisamment d'hommes pour en envoyer à Vivesaigues et à Château Noir. De plus avec le testament de Lord Jon, sa place de Suzeraine était assurée et personne n'était actuellement en mesure de la remettre en cause. Hélas cette alliance avec les Fer-nés pourrait faire vaciller son pouvoir sans partage et elle en était consciente. Mais qui ne risque rien n'a rien. Elle n'était pas dupe cependant, au moindre faux pas de sa part, les vautours se jetteraient sur sa carcasse et profiteraient de l’aubaine pour l'évincer et mettre un mâle à sa place.

__ Je vois. Oui, vous êtes en mauvaise posture avec l’effacement de la dette de la couronne, la razzias éclair des Fer-Nés et le conflit avec le Roi Robert. Vous avez fait un choix audacieux et dangereux. Si vous faites la moindre erreur, vous le payerez très cher, mais si cette alliance s’avère fructueuse, alors vous serez certaine de garder le pouvoir et si vous ne faites rien, certaine de le perdre. Je comprends.

Ashara sourit en acquiesçant. Silithia visait juste, elle voulait la paix pour que son fils n’ait jamais à partir combattre, pour que jamais elle ne reçoive un corbeau annonçant la mort d’un membre de sa famille. Ils n’étaient plus que deux, trois avec Robert, parti s’endurcir aux côtés de Stannis Baratheon et elle refusait de voir la glorieuse et pure lignée des Arryn s’éteindre. Pour autant elle ne voulait pas se remarier, cela signifierait partager son pouvoir avec un homme. Etant donnée la manière dont ça s’était terminé avec tous les mâles avec qui elle avait eut l’occasion de négocier, c’était hors de question qu’elle en laisse un entrer dans son existence, pis, son intimité, son lit, sans pouvoir le contrôler à cause de voeux asservissants pour la femme par nature et donnant tout pouvoir à l’homme. De plus, l’idée même d’accoler encore une fois à son illustre nom, un autre patronyme au sien lui donnait la nausée, il était issu de l’âge des héros et de la conquête Andale du Val et de la Montagne apportant la civilisation aux Premiers Hommes, il avait survécu à Aegon le conquérant, à la rébellion de Robert et à tant d’autres choses qui devait rester intacte, insoumis, invaincus et intacte comme dirait les Dorniens, bien plus haut que l’honneur, plus haut que le vol du faucon, inscrit à jamais au firmament. De plus, elle avait peur que son époux ne veuille favoriser ses fils et s’en prenne à Artys et elle ne saurait tolérer qu’il arrive le moindre mal à son enfant qu’elle chérissait de tout son être depuis sa naissance et qu’elle s’était promise de protéger et d’aimer jusqu’à son dernier souffle quand il avait poussé son premier cri. L’absence de Lyonel puis sa mort faisant, il avait prit toute la place dans sa vie et dans son cœur, tant et si bien qu’elle ne se voyait aimer personne d’autre jusqu’à sa mort.

La brune aux yeux azurs leva brusquement la tête vers la blonde en entendant ses propos. Elle était allée sur un boutre ? Seule ? Enfin avec un seul homme ? Cette jeune femme avait plus de couilles que tout le Conseil Restreint réuni, même si Varys avait été remplacé par Renly. Par les Sept, elle était vraiment folle ! Mais c’était dit avec beaucoup d’estime, et d’ailleurs elle hocha la tête en faisant une moue admirative.

__ Vous êtes donc encore plus folle que je le craignais, mais j’aime ça. Vous leur avez prouvé votre courage et votre détermination et vous me le prouver à moi aussi. J’aime qu’une femme ne se cache pas derrière un homme pour atteindre ses objectifs et qu’elle exerce son pouvoir avec noblesse et caractère. Preuve qu’ils y ont été sensibles, vous êtes ici et en pleine forme.

Il faut dire qu’elle ne risquait pas de pouvoir se cacher derrière Tyrion…

__ Vous me plaisez, je me félicite de notre rencontre. Par les Sept si je m’étais attendue à un telle conversation et à une telle entente sur tant de sujets, ainsi qu’à apprendre tant de choses sur vous en si peu de temps, j’aurais fait monté plus de bacon et de saucisson !

La jeune femme se mit à rire en détachant un grain de raison qu'elle sucota longuement.

__ Merci Ma Dame.

La veuve leva son verre et but une gorgée de vin en souriant pour elle même. Tyrion avait dû raconter son aventure à son épouse.

__ Je n’ai nul besoin d’enlever les femmes pour discuter avec elles, elles ne me prennent pas pour leur paillasson, je n’ai besoin de perpétrer aucune menace pour négocier avec elles. Mais je dois dire que si je l’ai emmené aux Eyrié et que je n’ai pas voulu négocier avec lui à Port-Real, en dehors du fait que j’y détiendrais son frère Jaime fait prisonnier par mon époux dans le Conflans. C’est parce que je souhaitais quitter le Donjon Rouge au plus vite après mon altercation avec Lord Stark et ce pour toujours. Je voulais aussi écarter le danger de la présence de Tywin et de Cersei qui étaient encore en mesure de retourner la situation à leur avantage et de me faire occire s’ils avaient eu vent de mon projet. Et surtout éviter d’avoir à rendre des comptes au Roi et à sa main sur mes agissements envers l’Ouest. Et pourtant me voici, prête à fêter l’avènement d’un nouveau Roi qui j’espère sera meilleur que son père. Les hommes sont si faibles, votre époux l’a prouvé en se laissant piéger comme un jouvenceau, la fourberie n’est que l’excuse que trouvent les idiots pour ne pas prendre la responsabilité de leurs faiblesse, et quand leur faiblesse ne réside pas dans une paire de seins, elle réside dans un orgueil plus gros que leur foutue queue.

Ashara repensait à Ned et posa brusquement sa coupe sur la table, les doigts crispés sur le pied. Et pour se calmer, elle la releva et la terminé d’une traite avant de se lever. Regardant par la fenêtre les mains jointes derrière elle, elle reprit d’un ton calme et assuré.

__ Comme je vous l'ai dit, cette alliance doit rester secrète, discrète aussi longtemps que possible. ne la partagez qu’avec ceux en qui vous avez totalement confiance. Vous n’auriez même pas dû m’en faire part, mais je suis heureuse et honorée que vous l’ayez fait, nous avançons ensemble grâce à la franchise dont nous avons toutes deux fait preuve. Mais tout cela doit rester entre nous, et ne liez en aucun cas votre pacte avec les Fer-Nés avec notre accord incluant le Conflans.

La Dame des Eyrié tourna à demi la tête vers son hôte pour lui dire le fond de sa pensée, un sourire carnassier sur les lèvres.

__ Oui, j’imagine tout à fait le bénéfice que nous tirerions tous de ce partenariat entre les quatre régions centrales de Westeros. J’imagine ce que pourrait devenir cet axe majeur entre l’Est et l’Ouest tant pour le commerce et la prospérité que pour la paix ou même la guerre. Trois des meilleures cavaleries associée à la plus grande flotte et aux archers de métier, nous serions effectivement au dessus de tout, riches et puissants, il faudrait être fou pour nous attaquer. La coalition de l’Aube et du Crépuscule a de beaux jours devant elle si vous vous assurez que les Fer-Nés se tiendront tranquilles.

La brune aux yeux céruléens se retourna complètement faisant face à la blonde, les mains toujours derrière son dos.

__ Et vous Dame Silithia, quel est votre rêve ?

__ Je ne sais pas, Robb Stark semble y croire ainsi qu’Eddard, mais je n’ai personnellement aucune preuve de leur existence. Pour ma part, je ne crois pas aux légendes, je ne crois qu’à l’histoire et l’histoire parle de la longue nuit, mais ils semblaient avoir été détruits depuis, alors je m’interroge. Quoi qu’il en soit, j’avais envoyé des hommes au Mur et j’ai envoyé d’autres volontaires au retour de mon ost. J’ai reçu les missives. La Garde de Nuit a accepté l’établissement d’un clan de sauvageons au sud du Mur et entamé de grandes réformes. J’imagine que pour que de tels changements voient le jour, il y a bien une menace pire encore que les sauvageons qui pèse sur les frères jurés.

Ashara avait entendu des rumeurs, la Main du Roi aurait présenté une main coupée qui bouge, comme si elle était encore vivante, à Hallyne le Pyromant afin de requérir le concours des Pyromants dans la lutte contre les Marcheurs Blancs. Elle ne l’avait pas convaincu à aider le Suzerain du Nord gratuitement ce qui avait fortement courroucé l'honorable Ned, mais cela constituait bien une preuve. Hélas ce qui se passait à l'hôtel des Alchimistes était difficile à confirmer, aussi, elle n’était pas certaine que cette rumeur soit fondée, ni de l’existence de cette fameuse main qui depuis avait disparue. Mais la façon dont elle avait obtenu ces informations ne devait pas la trahir, surtout pour une chose si incertaine et inutile, elle en avait déjà dit beaucoup, aussi elle se contenta de hocher la tête.

__ Théoriquement, les Lannister devaient tous mourir excepté Tyrion qui avait accepté ce compromis justement afin de rester en vie, entre autre. Tywin comme prévu, Jaime au Mur et Cersei condamnée à mort pour sa trahison. Mais le sort en a décidé autrement.

La veuve tut son implication pourtant capitale dans l’effacement de la dette, mais Silithia le savait peut-être déjà ou l'apprendrai tôt ou tard. Qu’importe, cette dette elle avait fait son possible pour l’annuler, désormais sa loyauté envers la couronne ayant été bafouée, elle ne ferait rien contre son rétablissement, à moins d’y avoir à nouveau interet. Il serait alors toujours temps de renégocier les termes du contrat avec Tyrion ou avec son épouse. L’établissement de l’Alliance avec l’Ouest pourrait aider, mais chaque chose en son temps. La colère de la Dame du Roc vs à vis de cette mesure ne faisait aucun doute et Ashara sourit en essayant de ne pas rire à l’idée qu’elle avait en face d’elle l’une des responsables de cette colossale perte pour les Lions.

__ Dans ce cas, vous savez pourquoi je suis ici en dépit des risques.

Répondit le Faucon Blanc à la blonde déterminée et courageuse. La tirade de cette dernière au sujet de la faiblesse des hommes était sans appel et le sourire se la brune s'élargissait à chaque nom prononcé. Mais Ned en fut l'apothéose et elle ne chercha même pas à réprimer un petit rire. Elle ignorait si le futur Roi serait sensible à ses arguments pour le faire remplacer par nul autre qu'elle même, une femme au Conseil Restreint, rien de moins. Mais même si elle n'obtenait pas ce qu'elle était venue chercher à Port-Real, elle avait placé ses pions dans le Nord et comptait bien faire une partie de Cyvosse avec l’honorable loup. Ysilla Royce à Winterfell et Neraron Vanbois à Château Noir, entre autre. Tout ce qui se passait dans le Nord et au Mur lui était rapporté dans les plus brefs délais. Il suffisait d'attendre qu'une opportunité de présente de mettre le feu aux poudres pour obtenir sa vengeance, ou que le charme de la jouvencelle fasse chavirer Robb. Un plan à court terme et un plan à long terme.

__ Je bois à leur faiblesse et à la force des femmes.

Quand à ses arguments pour lui avoir parlé de son alliance avec les Fer-nés, ils tenaient la route et sans cette confidence leur pacte aurait peut être été caduc, en tout cas, il n'aurait pas eut la même saveur. Encore une fois, les femmes montraient leur force et leur détermination en toute chose quitte à prendre des risques et à tenter le tout pour le tout tandis que les hommes ne montraient que leurs faiblesses. Faiblesse de corps emplis de désirs et de domination physique qui les faisaient plier aux avances d'une femme et s'outrager de ses demandes. Faiblesse d'esprits emplis d'orgueil et de suffisance qui les faisaient camper sur leurs positions quitte à sacrifier toute justice au profit de leur égo. Tout le ridicule de la domination masculine résidait dans le fait qu'ils n'assumaient jamais les conséquences de leurs actes et se retrouvaient à en accuser les autres, femmes en premier lieu. Alors les belles armures de courage se craquelaient comme des coquilles vides et les lames forgées dans l'honneur se brisaient dans le sang des innocents.

__ La paix… vous l'avez dit vous même.

La Suzeraine du Val aussi avait une liste de personnes qu'elle voulait voir morte et qu'elle aurait égorgé de sa main avec grand plaisir si elle avait pu. Certaines de ses personnes avaient déjà été tuées sur son ordre, d'autres avaient disparues avant qu'elle n'abatte sur eux sa vengeance et d'autres se tenaient à quelques dizaines de mètres dans la tour de la main qu'elle comptait bien faire sienne. Car pour installer une paix durable des sacrifices seraient nécessaires. Il fallait en premier lieu éliminer ceux qui se mettaient en travers de son chemin.

__ Dame Silithia, ce fut un plaisir de converser avec vous. J'ai hâte de voir notre projet commun aboutir. Je vais préparer les traités avec mon Mestre dans le plus grand secret, nous en reparlerons lorsque les documents seront prêts afin de régler les détails avant signature. Il faudra que tous les protagonistes se rencontrent pour amender l'accord, mais je vous laisse pour le moment vous occuper des Fer-nés et moi je prépare le terrain dans le Conflans.

La brune aux yeux azur se garderait bien de dire à Edmure que les Fer-nés étaient impliqués, mais elle pouvait charger Nyella de lui parler du projet dans les grandes lignes. Et le temps venu, elle aviserait, laissant peut être le charme tout en douceur de la rouquine opérer dans un premier temps. Si la Belmore qu'elle espérait bientôt mariée à la truite échouait, elle lui rappellerait ce que le Conflans devait au Val d'Arryn. Et si cela ne suffisait pas elle ferait ce qui devait être fait en temps et en heure.

__ Puisque vous n'êtes pas en mesure de financer le canal, je m'occuperais de payer les travaux, en contrepartie je récolterais la majeure partie des péages, l'autre partie sera versée au Conflans étant donné que le canal sera sur leurs terres. En revanche, l'expertise de vos ingénieurs des mines serait une bonne chose en échange d'un droit de passage réduit de 5% pendant 10 pour tous les navires de l'Ouest et du passage gratuit pour la famille régnante. Les Bonfrere pourraient fournir le granit nécessaire à la consolidation du canal pour le même bénéfice. Le prix final du passage dépendra du coût de construction de l'ouvrage et sera fonction du volume et du tonnage des marchandises.

__ Ma Dame, vous me voyez une fois de plus heureuse de voir que nous nous rejoignons sur ce point. Si l'existence des marcheurs Blancs est confirmée, il nous faudra effectivement engager toutes nos forces contre eux aux côtés de la garde de nuit. Cependant, Si je peux me permettre d'envoyer des hommes ce n'est effectivement pas votre cas. Vous êtes bien trop exposée avec les Fer-nés pour le moment et ce tant que nous ne sommes pas certains de leur bonne foi. Gardez vos soldats et envoyez votre émissaire.

La Suzeraine du Val aurait bientôt confirmation de l'existence des marcheurs Blancs, Neraron où le faucon Noir infiltré dans les Faucons du Nord lui enverraient des nouvelles dès qu'ils obtiendraient des informations intéressantes. Elle aurait bien donné l'information à la lionne, mais en plus d’exposer le Secret du Faucon, quoique pas tellement vu que l’arrivée des Faucons du Nord était de notoriété publique, il fallait effectivement que les Lannister s’implique dans cette affaire autant que possible. Cet émissaire serait l’occasion de prendre position sans engager de soldats au Mur , trop indispensables dans l’Ouest pour le moment.

__ Peut-être pourrions nous trouver un autre arrangement que le rétablissement de la dette. Vous l’avez dit vous même, si le royaume doit faire face à la menace venue d’au-delà du Mur, il ne pourra de toute façon pas rembourser. Affaiblir la Couronne en raison de cette dette serait contre productif. Concernant l’hiver, je puis vous assurer du soutien du Val d’Arryn si les vivres venaient à vous manquer. De plus l’envoie d’ouvriers sur le chantier du canal pourrait vous économiser quelques bouches à nourrir tout au long de l’hiver. Si les réserves de Salvemer et de Beaumarché ont été réduites à néant ainsi que celles de Salins et Viergetang, avec les pertes humaines du Conflans, les Riverains devraient avoir de quoi tenir avec quelques centaines d’hommes supplémentaires à nourrir, et l’échange de bon procédé ne saurait être vain.

Ashara avait d’autres idées pour effacer la dette de manière à ne pas mettre en danger la population Ouestrienne, mais pour cela, il fallait qu’elle devienne Main du Roi comme prévu, sans cela elle n’aurait pas le pouvoir d’agir pour le bien de tous et de s’arranger avec le Grand Argentier afin de rembourser la dette sur des fonds occultes. Silithia avait raison sur ce point, c’était un problème et la population n’avaient pas à payer pour les erreurs de Tywin, c’était foncièrement injuste. Elle n’y avait pas pensé en ses termes lorsqu’elle avait imposé ce point à Tyrion, elle pensait surtout à l'enrichissement personnel de la Maison Lannister qui n’avait clairement pas besoin de ces fonds.

__ La haine est un sentiment qu’un artisan de la paix ne peut pas se permettre, mais… J’espère simplement que ses erreurs n'entraîneront pas le Royaume dans la guerre et je vais m’atteler à lui éviter d’en commettre d’autres.

La brune aux yeux céruléens sourit de toutes ses dents.

Ashara écouta attentivement la blonde qui ne s’engageait sur rien de concret pour le moment, mais effectivement, tout cela serait discuté lors de la rencontre entre toutes les parties qui promettait d’être houleuse. Elle pensa barque, bateau, enlèvement, petit séjour dans les cellules célestes, mais ça n’était pas le meilleur terrain pour une alliance sur la base de la confiance, problème, elle n’avait aucune confiance en les Fer-Nés…

__ Très bien, nous aviserons. Cependant, afin d’éviter de laisser libre cours aux divergences des Fer-Nés, je pense qu’il serait bien que nous nous mettions d’accord sur certains points et sur les marges de manoeuvres possibles afin de paraître unies face à ceux qui pourraient profiter de nos différends pour tirer la couverture à eux. Mais nous verrons cela ultérieurement. A très bientôt Dame Silithia.

The End