299 - Lune 11 - Semaine 1 - Jour 5,
Port-Réal.
Elle venait de se laver et de se changer lorsqu’elle retrouva la pièce principale du bordel, une sorte de grand salon où Chataya accueillait les clients et les mettait à l’aise en attendant que l’une de ses pensionnaires ne vienne s’occuper d’eux. Passant dans la salle, la Tigresse laissa son regard félin balayer celle-ci, observant les hommes qui s’y trouvaient. Jamais elle n’en avait vu autant. Pour l’image qu’elle devait entretenir, elle retint un soupir las. Elle aimait ce métier et cet établissement, cette famille qu’elle avait trouvé, mais par les dieux ! Jamais il n’y avait eu autant de clients au bordel de Chataya.
Voyant Katla débarquer, l’un des clients – visiblement un noble – tendit un bras derrière elle pour l’agripper aux hanches. Lorsqu’il referma ses doigts sur son flanc, la Tigresse monta les griffes, frappant d’un coup sec sa main et lui lançant un regard noir.
— Bas les pattes, siffla-t-elle.
— Katla.
Son regard froid se tourna vers Chataya, qui avait quitté son poste pour s’avancer d’un pas et la regarder sévèrement. Peu à peu, le regard de Katla se radoucit et elle tourna un faux sourire vers le malotru, le regardant droit dans les yeux.
— Pardonnez-moi messire, souffla-t-elle d’un ton langoureux en balançant légèrement ses hanches dans un geste aguicheur.
Chataya, qui avait retrouvé son habituel sourire chaleureux, fit un signe discret à Katla qui la rejoignit près de l’entrée.
— Il n’y a jamais eu autant de clients… Je ne veux plus jamais subir de couronnement ! Par pitié… Longue vie au Roi, siffla-t-elle.
Le couronnement avait attiré beaucoup trop de monde à la capitale, et plus il y avait de monde, plus il y avait de clients, et plus il y avait de travail. Avant qu’elle ne s’épanche sur le sujet, Chataya leva ses deux mains pour la faire taire.
— Ok, ok… Je comprends. Je te laisse ta journée ma belle. Mais demain…
— Demain je serai tout à toi !, gloussa Katla en quittant l’établissement d’un pas pressé.
Elle fut soudainement happée par la foule qui la pressa dans sa direction. Katla fut d’abord surprise par l’étonnante masse humaine, puis se laissa finalement porter sans tenter de s’en extirper. Soupesant sa bourse qu’elle cachait dans son décolleté, la braavienne sourit doucement – avec les gains de ces derniers jours, elle allait pouvoir se faire plaisir ! Elle rejoignit la rue des Sœurs, où elle connaissait un orfèvre dont le travail l’avait toujours impressionnée. Entrant dans la boutique, elle acheta un collier avant de sortir de la boutique, bousculant quelqu’un.
— Hé !, s’exclama-t-elle simplement.
« halloween »