Lachlan et Hermine avaient quitté la petite cabane où, cette terrible nuit, un Marcheur Blanc et Azahel, transformée en mort-vivant, avaient attaqués. Le sauvageon et l’acrobate s’en était sortie presque indemne par miracle, lui avait été blessé, mais la rouquine l’avait soigné, la plaie était propre et les soins prodigués portaient leur fruits. Il était désormais presque cicatrisé et hors de danger.

La jeune sauvageonne qui avait sauvé Hermine avait, avant d’être tuée et de se relever en un être froid et avide de sang, tué et dépecé un loup qui leur avait permis de tenir jusqu’ici. Mais cela faisait bientôt une journée qu’ils n’avaient rien mangé ni l’un ni l’autre et dans les jours suivants, plus ils s’approcheraient du mur, plus il serait difficile de manger à leur faim car faire des feux deviendrait impossible. Lachlan était donc parti chasser laissant Hermine préparer le camp et s’occuper du cheval. Il pensait que la troupe de Mance était réunie et que donc elle n’avait que peu de chance de faire une mauvaise rencontre, et de toute façon il n’avait pas d’autres choix, il fallait bien qu’ils mangent et elle ne pouvait pas le suivre sans le gêner. Mais c’était sans compter sur la liberté individuelle de mise chez les sauvageons.

Il lui avait dit d’être prudente, de prendre le cheval et de s’enfuir si quelqu’un arrivait, il se disait qu’au pire elle pourrait utiliser la dague qu’il lui avait donné et hurler, il ne comptait pas trop s’éloigner. Seulement au fil des minutes de traque, le lièvre courait en zig zag s’éloignant toujours plus d’Hermine sans que l’ancien corbeau ne s’en rendre vraiment compte.

La jeune orpheline du Conflans préparait donc le camp. Elle s’occupa tout d’abord du gros cheval gris, le fit boire, le pansa, l’aida à dégager l’herbe en grattant la neige. Puis elle monta la toile qui leur servirait d’abri et se mit en quête de bois pour le feu. Vêtue de sa robe reprisée et élimée et d’une épaisse fourrure d’ours, ses cheveux rouges en bataille et sa mine sale, elle ressemblait de plus en plus à une sauvageonne. Physiquement oui, mais dans l’esprit elle en était encore bien loin, tellement loin. Alors qu’elle posait un nouveau tas de branches mortes près du foyer entouré de pierres qu’elle avait préparé, une voix d’adressa soudainement à elle. Hermine sursauta, lâché tout le bois et fit face à l’intruse avec un regard apeuré. Lachlan lui avait dit de se méfier des autres Sauvageons, mais il n’avait pas précisé de se méfier des femmes, et encore moins de celles qui, comme elle, avait les cheveux roux. La question d’Ygritte resta un long moment sans réponse, Hermine se demandait si elle devait fuir ou non. Mais la jeune fille qui lui faisait face, malgré ses armes et son allure un peu étrange n’avait pas l’air méchante, elle décida donc de rester et de répondre, même si elle n’avait pas très bien compris la question.

__ Non, j’attends Lachlan. Il est parti chasser. Ensuite, on ira au Mur et il m’aidera à passer au Sud. »

Hermine esquissa un sourire peu assuré parce que mine de rien, l’air confiant et l’arc de la chasseuse l’impressionnaient énormément. Elle prit son peu de courage à deux mains et engagea la conversation une bonne fois pour toute.

__ Tu rêves du Sud toi ? Moi aussi, mais parfois je me demande si c’est vraiment mieux qu’ici. Ici les gens sont gentils. Le seul problème c’est les Autres, les morts qui marchent. Ça fait trop peur, alors je veux rentrer chez moi. Mais quand même ici les gens sont plus gentils qu’au Sud. »