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[Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback]

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MessageSujet: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime20.11.13 23:45

298 - Dixième Lune - Semaine 4 - Jour 2
Conflans, les Jumeaux
Walda s'était isolée dans la bibliothèque après le repas, ce qui s'était d'abord avéré fort reposant. Le matin, un corbeau était arrivé de Port-Réal, portant un message annonçant l'approche d'un tournoi en l'honneur de la nouvelle Main du roi. Le patriarche avait passé le dîner à maugréer, crachant des grossièretés contre les organisateurs de l'événement qui priverait certains membres de la parentèle d'assister aux noces prochaines du sire du Pont. Ce dernier ne pouvait se permettre de n'envoyer personne pour représenter sa maison, cela serait pris comme un affront envers la couronne et envers Lord Stark. Le Tardif n'avait point mâché ses mots, comme de coutume, sans se soucier de la présence des enfants qui ne manqueraient pas de retenir ce vocabulaire irrévérencieux, ni de le ressasser dès qu'ils se croiraient à l'abri d'oreilles mâtures. Bien que la Grêlée ne se fût offusquée de ce langage rustre, elle n'avait pas apprécié que son géniteur usât d'une telle véhémence devant de si jeunes esgourdes. Néanmoins, celui-ci ne changerait plus guère à son âge, elle le savait, et toute tentative d'endiguer ce flot de vomissures sur le compte de ces messires de la capitale s'était révélée vaine : les membres de la famille qui s'étaient indignés n'avaient obtenu en retour qu'un regard assassin, voire un soufflet, selon la distance qui les séparait de Lord Walder. Ce dernier était de bien méchante humeur depuis qu'il avait reçu une missive de Vivesaigues, expliquant que son suzerain n'assisterait point à son union avec Lady Joyeuse à cause de sa santé défaillante et la nouvelle qui était parvenue aujourd'hui aux Jumeaux ne faisait qu'accroître son amertume.

L'indisposition de Lord Hoster signifiait également que ser Edmure ne viendrait pas non plus, ce dont on ne pourrait lui tenir rigueur. Pourtant, en participant aux festivités qui allaient avoir lieu dans la demeure du vassal de son parent, l'héritier des Tully aurait eu une bonne occasion de rencontrer les filles qui y résidaient. L'une d'elles aurait attiré son regard, à n'en point douter ; on ne louait guère la beauté des jouvencelles de la maison Frey, toutefois les dieux avaient doté certaines d'un charmant minois. Si le gouverneur du Conflans s'était opposé à une union entre une dame du Pont et son successeur, il ne semblait guère impossible que ce dernier se montrât plus conciliant lorsqu'il prendrait la tête de la citadelle de sa famille.

Concevoir un quelconque profit au possible trépas de Lord Hoster horrifia la demoiselle aux iris céladon : non seulement, cette idée était déshonorante, elle faisait aussi abstraction de la douleur d'un homme face à la perte d'un être cher – la jeune femme ignorait quelles étaient les relations entre ser Edmure et son père, mais elle n'ignorait point que celle qu'elle-même entretenait avec le sien ne constituait pas une généralité. Bien qu'elle eût un motif de nourrir quelque ressentiment contre l'actuel sire de Vivesaigues, depuis que celui-ci avait refusé que son fils l'épousât, la blonde ne désirait point que l'Étranger revendiquât l'âme du vieil homme. D'ailleurs, elle ne souhaitait cela à personne, pas même à Walder le Noir, malgré qu'elle ne pût nier qu'elle trouverait vraisemblablement quelque satisfaction à le voir souffrir quelque mésaventure. En dépit des vertus dont elle se targuait et de ses bonnes intentions, une part de son esprit, traîtresse, pragmatique, dénuée de compassion, lui criait que la disparition du suzerain du Tardif serait susceptible de servir les intérêts de la maison Frey. Walda sentait la bile remonter insidieusement depuis le fond de sa gorge face à l'abjection d'une telle pensée.

La Grêlée, ne parvenant plus à se concentrer sur sa lecture à cause de son récent tourment, avait marqué sa page à l'aide d'un ruban et fermé l'ouvrage. Sournoisement, les sombres considérations qu'elle s'était efforcée d'ignorer avait peu à peu mobilisé son intellect, à tel point que le sens des lignes que ses yeux parcouraient alors lui était apparu de plus en plus vague, comme la brume voilait parfois la silhouette des esquifs sur la Verfurque par une fraîche matinée.

Le grincement de la porte attira l'attention de la dame aux tâches de son : son aîné, Perwyn, pénétrait dans la pièce. À sa vue, un sanglot étrangla la jeune femme et lui tirailla la poitrine ; elle le réprima tant bien que mal, détournant le visage afin de dissimuler son malaise et les larmes félonnes qui perlèrent ses joues contre son gré.

Ma sœur, qu'y a-t-il ? s'enquit le premier né de Lady Bethany.

Du ton de sa voix transparaissait une vive et sincère inquiétude. La demoiselle au regard de jade aurait voulu dissiper celle-ci, pourtant la culpabilité l'écrasait d'autant plus qu'elle se souvint que celui qui s'alarmait de la découvrir ainsi était un ami de ser Edmure. Quel monstre oserait concevoir de tirer avantage du deuil d'un confident de son propre frère ? Pour toute réponse à la question de ce dernier, elle secoua la tête. Jamais elle ne pourrait avouer l'ignominieuse idée qui lui avait traversé l'esprit, ni le soudain dégoût d'elle-même qui lui vrillait le cœur en cet instant. Elle ne saurait exprimer ce dernier sans qu'il demandât une explication.

Le chevalier enlaça la repentante qui se blottit contre son épaule. Il ne prononça pas un mot, attendant patiemment que les sanglots s'essoufflassent et que les pleurs tarissent. Elle n'était point certaine de mériter le réconfort qu'il lui procurait, mais elle n'en profita pas moins. Sans doute se montrait-elle égoïste ? Cependant, refuser l'affection que son frère lui témoignait ne manquerait-il pas de blesser ce dernier ?

Au bout d'un moment, la blonde leva ses prunelles vers celles teintées d'inquiétude et d'incompréhension de Perwyn.

Ne veux-tu rien me dire de ton tourment ? interrogea-t-il.

Ne te tracasse point, je me sens mieux à présent, déclara-t-elle en s'écartant légèrement.

Ce n'était qu'une demi-vérité, la tendresse qu'il avait manifestée avait légèrement atténué son affliction, certes, néanmoins cela n'effaçait pas le sombre songe qu'elle avait eu. Sûrement le devina-t-il, il la connaissait bien assez pour cela, cependant il n'insista point et sa puînée lui en voua une profonde gratitude.

En tout cas, tu sembles bien pâle, remarqua l'élancé jeune homme. Un peu d'air te ferait du bien, je crois.

Son interlocutrice s'essuya les joues et opina du chef, tandis que ses lèvres décrivaient une imperceptible courbe afin de le rassurer.

Les deux nobles parcoururent les couloirs du château et , alors qu'ils traversaient la cour, Baer les suivit dans leur balade. La Grêlée flatta sa ténébreuse toison, ses pas la conduisant par-delà le mur d'enceinte.

Le soleil était encore haut dans le ciel et baignait cet après-midi d'une suave chaleur, ses rayons  faisant chatoyer la chevelure dorée des promeneurs. Ces derniers cheminaient le long du fleuve, d'une démarche nonchalante, pendant que le molosse défiait, aboyant, les écrevisses qui jonchaient la berge. La dame aux yeux de jade, quelque peu rassérénée bien que le malaise ne se fût estompé totalement, posa un instant son regard sur les reflets d'argent que l'astre diurne jetait sur la surface de la Verfurque, puis le tourna vers le profil aquilin du chevalier. Celui-ci paraissait toujours préoccupé, sa mine ainsi que la contracture de sa carrure en attestaient.

Ne te fais point de souci, lui enjoignit-elle, mon tourment s'est apaisé.

Je pense que tu enjolives un peu la réalité, répondit-il. Je constate néanmoins tu n'as plus l'air aussi affligé.

Il se tut un bref instant.

Je suis de ceux que Père a désignés pour jouter au tournoi de la Main, finit-il par annoncer.

Walda comprenait aisément son anxiété : représenter sa maison lors d'un tournoi constituait une tâche moins anodine qu'il n'y paraissait car les performances des participants aux joutes rejailliraient sur leur réputation et le sire du Pont ne pardonnerait point facilement à ses descendants d'échouer face à leurs adversaires. Pourtant, le quinzième fils du patriarche avait déjà pris part à tel événement, pour le douzième anniversaire du prince Joffrey ; par conséquent, son explication ne tenait guère la route. La récente inquiétude qu'il avait nourrie pour sa cadette était-elle une raison suffisante à sa présente agitation, lors même que la jeune femme avait repris contenance ?

Y a-t-il quelque chose que tu ne me dis pas ? se hasarda-t-elle.

En effet, admit-il, mais je garderai le silence tant que tu ne m'auras point confié ce qui t'a causé si grande peine tout à l'heure.

La Grêlée fit halte et son frère se tourna face à elle, ses billes azur réclamant une réponse.

C'est quelque chose que je préfère taire, confessa-t-elle, ses iris céladon dirigés vers le cours d'eau.

Inventer un mensonge ne servirait de rien : il saurait détecter la fausseté de ses propos.

Comme tu voudras, déclara son interlocuteur, visiblement déçu.

Il reprit la marche sans ajouter un mot et la dame aux tâches de rousseur devina qu'il se demandait s'il n'avait point perdu la confiance de sa puînée ; perspective qui n'avait certainement pas manqué de le heurter. Elle n'avait point souhaité cela, mais la vérité n'aurait-elle pas fait davantage souffrir le grand blond ? La demoiselle accéléra le pas et rattrapa son frère, lui prenant la main avec affection tandis qu'ils bifurquaient et s'éloignaient de la rive. Le chevalier lui adressa un sourire rassuré, puis siffla le chien qui aboyait toujours contre les crustacés. Lorsque l'animal les rejoignit, le jeune homme détacha doucement ses doigts de ceux de sa sœur et en effleura la fourrure ébène de Baer.  

Quand partiras-tu pour Port-Réal ? interrogea la jeune femme après un instant de silence que seul le chant des oiseaux avait troublé.

Dans un peu plus d'une semaine. J'ai demandé à Père si Roslin et toi pouviez venir également ; cela aurait été l'occasion idéale pour vous de rencontrer un bon parti. Malheureusement, tu le connais : il a refusé.

Walda se doutait que le vieillard avait dû opposer son veto avec véhémence. D'ordinaire, ce dernier se délestait sans vergogne de ses tracas sur sa parentèle et son humeur exécrable n'allait à l'évidence pas arranger les choses en ce jour.

Les cris du canidé eurent tôt fait de détourner l'attention des deux Frey. Une carriole approchait et le molosse se précipitait à la rencontre des voyageurs. Malgré qu'il n'eût pas coutume de se montrer agressif, Baer risquait d'effrayer ces gens et les bêtes qui tiraient leur véhicule. Ainsi, le grand blond appela-t-il le chien qui cessa sa course, attendant ses maîtres. Ces derniers se dirigèrent vers les nouveaux venus, Perwyn ayant saisi le collier du dogue afin que celui-ci se tînt tranquille avant de saluer ces gens.

Bonjour, dit la dame aux iris céladon. J'espère que le chien ne vous a point fait peur.


Dernière édition par Walda Frey le 07.04.14 14:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime29.11.13 1:46


Même au sein de la populace, courait le bruit de l’organisation d’un grand tournoi en l’honneur de la nouvelle Main du Roi, Lord Eddard Stark. En apprenant la chose, la vieille dame qui faisait office de chef de troupe avait dodeliné de la tête. Il était certain que participer à l’animation d’un tournoi était bien plus lucratif que d’aller s’enterrer au Nord, même pour un important banquet. Seulement, elle s’était déjà engagée à se rendre à Winterfell. Et puis, il y avait autre chose qui l’empêchait de faire immédiatement demi-tour vers Port-Real…
La jeune fille rousse qui s’était cachée dans la roulotte aux abords de la capitale quelques semaines plus tôt. Elle était recherchée par le guet, et l’incident qui l’avait amené à quitter la ville en hâte était encore trop proche pour prendre le risque de l’exposer aux yeux de tous. Or, si la vieille avait accepté de la prendre sous son aile et de lui éviter d’être reprise, c’était sous condition qu’elle se produise avec les autres danseuses et les acrobates pour gagner sa croûte. Elle ne pouvait pas se permettre de la nourrir gratis pendant plus d’une semaine, surtout pour un tel événement. Mais si Ronda pensait avant tout aux bénéfices de sa petite troupe réunissant acteurs, chanteurs, musiciens et acrobates en un ensemble capable d’animer les plus belles fêtes, elle avait tout de même un cœur. Et pas celui de laisser l’orpheline à son triste sort.

Hermine avait raconté, sans même sembler comprendre qu’elle était innocente et ne méritait en rien son châtiment. Elle parlait beaucoup Hermine. Elle avait fait le récit de sa vie. Et à chaque épisode, le monde paressait atroce, odieux avec cette si gentille et douce enfant. Ronda était du genre dure en affaire, elle n’avait pas l’habitude de se laisser avoir. Tout le contraire de la gosse. Mais, alors qu’elle aurait pu la mépriser pour sa naïveté, elle avait en fait développé une grande compassion admirative pour son enthousiasme de tous les instants, sur lequel, les épreuves de la vie semblaient n’avoir aucune prise. Et en plus, elle avait un certain talent. Excellente acrobate, elle était assez jolie pour s’attirer les regards quand elle dansait, ses cheveux orange, sa peau albâtre, son sourire, de plus elle savait chanter et connaissait tout un tas de chansons, et même parfois, elle en inventait. Alors, regrettant néanmoins de ne pouvoir s’en mettre plein les poches durant le tournoi, la vieille dame, grande et maigre, aussi sèche d’aspect que de caractère, avait prit la décision de continuer sa route vers le Nord.

Le voyage serait long, et de nombreux arrêts seraient faits dans des villes importantes, une occasion supplémentaire de faire rentrer l’argent vu qu’ils avaient encore le temps. Et puis c’était l’occasion de se faire de nouveaux contactes, utiles pour plus tard. Ronda essayait de relativiser les pertes, mais certains soirs, elle regardait Hermine avec son sourire enfantin et se demandait si elle avait fait le bon choix. Une gamine contre la survie de sa troupe ? Non, ça n’était pas le bon choix, mais c’était le choix du cœur, un choix qui lui permettrait de se regarder dans les petits miroirs qui servaient au maquillage des artistes encore quelques temps. Car au fond, la recueillir pour l’abandonner, c’était peut-être pire que de la laisser s’expliquer avec les Manteaux d’Or qui auraient probablement vite compris qu’elle n’avait rien volé. Ou peut-être pas. Mais au moins, elle n’aurait pas eut à abandonner son amoureux et les rêves qui allaient avec pour se lancer, à l’aveugle, dans une nouvelle aventure. Seule. Enfin non, il y avait la troupe, mais, si la gamine ne semblait avoir aucun mal à se faire des amis, la vieille femme savait combien il devait être difficile pour elle de se reconstruire tout une vie, encore, après avoir tout perdu, encore… Pauvre gosse. Chanceuse hein ? Tu parles. A moins que son innocence ne soit finalement sa chance, que se soit ça qui lui permette de ne pas tant souffrir des horreurs qu’elle vit si souvent. Pauvre gosse vraiment. Les Sept me sont témoins, j’espère qu’on aura assez d’argent pour bouffer jusqu’au prochain événement important, mais je peux pas la laisser comme ça, je pourrais plus me regarder en face.

C’est sur cette pensée, qu’après quelques semaines de turpitudes exploratoires entre Port-Real et le Conflans, Ronda s’engagea sur la route reliant Salvemer aux Jumeaux. Ils traverseraient le fleuve et rejoindrais la Route Royale pour monter jusqu’à Winterfell et arriveraient à temps pour le banquet.

Les paysages du Conflans défilaient au rythme lent des chevaux qui tiraient les quatre carrioles de la troupe, quatre chevaux de trait gris pommelés qui étaient plutôt beaux et habitués à la foule et au bruit car ils servaient parfois pour certains spectacles. Hermine semblait bien s’entendre avec les chevaux, en tout cas, elle ne rechignait jamais à s’en occuper, elle les aimait bien et ils l’avaient eux aussi adoptés. De plus, elle était presque aussi agile sur leur dos que sur la terre ferme, et avec encore un peu d’entrainement, elle pourrait bientôt faire de la voltige. Cette gamine était pleine de ressource, elle avait peur de tout, sauf de se tuer dans ses sauts, pour ça, elle osait tout, et on voyait bien qu’elle avait l’habitude de ses bêtes, que se soit à coté ou dessus. Où était-elle d’ailleurs, se demanda la vieille femme en se retournant de partout pour la repérer sur l’un des tombereaux ou marchant avec les autres. Ronda sourit en l’apercevant, se demandant pourquoi elle s’était tant inquiétée et avait cherché partout avant de la trouver puisqu’elle était, comme tous les autres, à sa place. Elle était perchée sur le bord du toit d’une des roulottes, accroupie, telle une gargouille de chair et d’os. Malgré les cahots de la route, jamais elle ne tombait et pourtant elle ne semblait pas se tenir ni vraiment faire attention, elle regardait alentours observait le paysage, et si elle perdait l’équilibre, au pire, elle sautait dans la boue et allait courir au devant du convoi quelques temps avant de reprendre sa place.

Le Conflans, cela évoquait tant de souvenirs en elle, depuis qu’ils y étaient, elle parlait moins, elle riait moins aussi. Elle n’était jamais allée autant au Nord, mais elle reconnaissait les saules pleureurs de sa région, le bruit des cours d’eau, les terres fertiles, les paysans. L’évocation d’une vie passée lui mettait presque les larmes aux yeux. Qu’étaient devenues les femmes qui l’avaient recueillie et qui l’avaient vue grandir jusqu’à ce qu’elle parte pour d’autres aventures, loin de leur deuil quotidien ? Qu’étaient devenus les gamins de Salins et de Viergétang, avaient ils connu le même sort que certains des Compagnons du Bois du Roi ? Des voleurs eux aussi, et qui dit voleurs, dit Guet, et qui dit Guet dit arrestation. Et après, les Dieux seuls savent ce qui peut se passer après. Comme elle aurait aimé les revoir, savoir ce qu’ils faisaient, les aider peut-être, maintenant qu’elle était en sécurité au sein d’une troupe, d’aucun pourraient aider, et même jouer. Et Silvana, où était-elle désormais, avait-elle toujours son violon et son cheval ?

Au détour d’un chemin, un chien fit son apparition en aboyant comme un enragé. Le vieux cheval de tête s’arrêta par instinct, mais il ne broncha pas, Ronda hurla à tout le monde de s’arrêter. Hermine, avait tout de suite remarqué que le chien malgré ses aboiements puissants remuait de la queue et sautillait, comme pour jouer avec le gros hongre gris, impassible. Elle sauta au bas de la roulotte et allait pour faire connaissance avec le canidé lorsque deux personnes  qu’elle n’avait pas remarquées avant s’approchèrent. La rouquine, ayant reconnu là des nobles par leur tenue, leur démarche et leurs mots bien choisis et bien prononcés s’arrêta net. Elle en avait parfois offensé de ses nobles, et cela ne  se terminait jamais bien, même si la plupart du temps elle ne comprenait pas ce qu’elle avait fait de mal. Elle n’osa d’ailleurs pas leur répondre, ce dont se chargea Ronda.

__ Ma Dame, Messire. » Les salua-t-elle d’abord avec le plus grand respect. « N’ayez crainte, nos chevaux sont habitués au bruit et je crois que si Hermine était prête à se lier d’amitié avec votre chien, c’est qu’il lui a semblé gentil. » Elle fait preuve de bien plus d’instinct avec les bêtes qu’avec les hommes. « Votre prévenance nous oblige, je vous remercie et s’il y  quoi que se soit que je puisse faire pour vous plaire, j’obéirais. Nous nous rendons aux Jumeaux pour traverser le fleuve, mais rien de presse. »

Pendant toute cette tirade, Ronda était descendue de la carriole et s’était approchée à distance respectable pour faire une révérence, derrière elle, se tenait la plupart des adultes de la troupe, d’autres étant restés à tenir les chevaux et d’autres encore saluant les nobles de plus loin. Quand à la rouquine elle était droite comme un piquet, comme si elle venait de faire une connerie et se reprit lorsque tous s’inclinèrent, faisant à son tour une révérence relativement réussie ce que le chien prit pour un appel à jouer. Il lui sauta dessus et la fit basculer dans l’herbe, elle se mit à rire à gorge déployée.

__ Veuillez l’excuser, c’est encore une enfant et elle adore les animaux. HERMINE ! Veux-tu bien te tenir correctement ! »

Essoufflée après quelques instants de jeu intense, et suivie de près par Baer, elle retourna auprès de Ronda.

__ Il est gentil le chien, s’appelle comment ? » Ronda lui lança un regard noir qu’elle saisit au vol avant d’ajouter en inclinant la tête. « Ma Dame, Messire. »

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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime15.12.13 18:10

La carriole qu'avait aperçu Walda en précédait trois autres et il apparaissait que celles-ci étaient conçues pour servir de logement autant que de véhicule, au vu de leur structure particulière ; la blonde en avait déjà observées de semblables à plusieurs reprises, lorsque des baladins étaient passés par les Jumeaux. Ses iris céladon s'arrêtèrent sur la jeune fille qui avait sauté du toit de l'une des roulottes un instant plus tôt. Une bien belle jouvencelle que celle-ci ! Et visiblement dotée d'une grande agilité !

Vous nous en voyez rassurés, s'éleva la voix de Perwyn. Certains chevaux s'effraient d'un rien et il aurait été fâcheux, pour ne pas périlleux, que vos bêtes s'emballent à cause de notre chien.

La Grêlée ne se le serait sans doute point pardonné, si cela était arrivé. La culpabilité qu'elle avait conçue tant tôt à cause de ses sombres pensées ne l'avait pas réellement quittée et demeurait tapie dans un coin de son esprit, telle un animal qui guettait sa proie avant de surgir afin de la déchirer de ses crocs. Fourbe prédateur que celui qui feint de sommeiller, alors qu'il se trouve à l'affût du moment où la victime qu'il vise sera le plus vulnérable ! Si le malheur avait frappé ces voyageurs à cause de la négligence des deux nobles, un second fauve aurait aidé le premier à dévorer la demoiselle aux tâches de son. Ainsi, celle-ci remercia-t-elle silencieusement les Sept pour le calme des hongres ; cela lui évitait un tourment supplémentaire.

Je suis Perwyn Frey, continua le chevalier, et voici ma sœur, Walda.

Cette dernière ne montrait rien de son malaise, affichant un sourire affable, et observa la petite troupe, remarquant l'embarras de la jolie rousse. La fille du Tardif se demanda pourquoi la jouvencelle adoptait l'attitude d'une enfant prise en faute, toutefois elle ne posa pas la question, estimant que c'eût été indiscret.

Peut-être me trompé-je, mais je devine que vous êtes des saltimbanques, déclara-t-elle à la place, se tournant vers la vieille femme. De fait, il me paraît assez surprenant que vous ne vous dirigiez point vers Port-Réal avec le tournois de la Main qui se prépare. Enfin, peut-être avez vous des engagement ailleurs ?

Cela n'eût guère été étonnant : après tout, nombre de châtelains appréciaient les spectacles et faisaient appel à des troubadours, parfois même sans raison particulière.

Tandis que les baladins s'inclinaient, la dame aux yeux de jade fut distraite par le molosse qui décida de jouer avec l'adolescente à la chevelure cuivrée qui avait entamé sa révérence avec un temps de retard par rapport à ses camarades. Walda rit ; l'espièglerie de l'animal à la fourrure ténébreuse et l'enthousiasme de la jouvencelle lui mettaient du baume au cœur.

Soyez rassurée : nous ne faisons nul reproche à votre protégée, dit-elle à la meneuse de la troupe. Notre chien a visiblement eu envie de jouer avec elle et nous sommes donc plus à blâmer, puisque nous ne le tenions point.

Elle adressa un sourire chaleureux à Hermine.

Il s'appelle Baer, annonça-t-elle. En effet, il est gentil et semble déjà t'apprécier.

Elle se rendit compte qu'elle avait peut-être commis une maladresse ; l'apparente jeunesse de la rouquine et l'innocence qu'elle démontrait  n'y étaient pas étrangères : bien que ladite demoiselle devait avoir déjà saigné, elle apparaissait telle une enfant à la noble, d'autant plus que la vieille femme l'avait qualifiée ainsi.

J'espère ne pas t'offenser en te tutoyant, ajouta la blonde. Si tel est le cas, dis-le-moi.

La différence de rang ne constituait guère un motif pour manquer de respect aux gens du commun.

Perwyn, qui avait suivi le dialogue entre sa puînée et l'adolescente, reporta son regard cobalt sur la meneuse des baladins.

Sans doute pourriez-vous proposer vos services à mon père ? suggéra-t-il. L'atmosphère aux Jumeaux est assez maussade depuis quelques jours. Cela vous permettra certainement de négocier un tarif plus bas pour la traversée.

La Grêlée se réjouit d'avance de cette perspective : un spectacle allégerait l'humeur qui régnait à la citadelle.

[HRP : Désolée, c'est court.]
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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime18.01.14 21:39


Il était bien rare que les nobles se soucient de la sécurité des roturiers, surtout les gens de passages, à moins qu’ils ne soient de riches marchands à la limite, mais les deux jeunes gens semblaient véritablement préoccupés parce qui aurait pu arriver. Ronda sourit, grâce aux sept, les chevaux ne s’étaient pas emballés, si tel avait été le cas, cela aurait pu être catastrophique. Les dégâts que pouvaient faire quatre lourds chevaux hors de contrôle attelés à d’imposantes carrioles surchargées étaient considérables et il n’était pas rare que des gens perdent des membres ou même la vie dans de tels accidents. Enfin, tout allait pour le mieux et la troupe avait salué les enfants du Tardif comme il se fallait, même Hermine qui se mit ensuite à jouer avec le chien pendant que la chef de troupe discutait avec eux.

__ C’est exacte Ma Dame, nous avons parmi nous des acrobates, des musiciens, des acteurs, des marionnettistes et tout ce qu’il faut pour animer un banquet, un bal ou un Tournoi. Mais nous avions pris un engagement pour une fête à Winterfell avant que le Tournoi de la Main ne soit annoncé, c’est pourquoi nous allons vers le Nord. »

Ronda jeta un rapide coup d’œil à Hermine au moment où elle disait cela, car c’était aussi pour elle qu’elle avait décidé de ne pas annuler son engagement pour participer au Tournoi malgré le manque à gagner. La voyant se rouler par terre avec le chien, elle se raidit et la rappela à l’ordre. Lorsque la jolie blonde lui dit qu’il n’y avait pas de mal, l’orpheline la regarda et sourit mais n’osa pas pour autant reprendre ses jeux, elle se contenta donc de caresser le chien qui battait de la queue en la regardant prêt à bondir en tous sens. La gamine trouvait Walda gentille, même si elle ne voyait pas trop pourquoi il fallait la blâmer de ne pas tenir le chien. De toute façon, elle n’avait qu’une idée très vague du sens de ce mot, tout ce qu’elle savait, c’est que c’était mal. Elle voulut donc calmer la situation par ces mots :

__ Non non, faut pas vous blâmer, l’est gentil le chien, Baer, faut pas l’attacher. Personne blâme personne, ni les chiens, ni les chevaux et tout le monde apprécie tout le monde. »

Elle sourit, un peu figée et mal à l l’aise jusqu’au moment où Walda prononcé un phrase encore plus nébuleuse pour elle. La tutoyer ? Tout le monde la tutoyait, elle ne connaissait pas d’autre mode d’appellation pour elle, elle vouvoyait les nobles mais jamais elle n’aurait pensé qu’on puisse la vouvoyer elle, elle n’était pas noble après tout. Et le mot offenser, là c’était trop pour elle, alors elle ouvrit de grands yeux regarda Ronda puis la jeune fille puis Ronda, puis les autres puis de nouveau la jeune fille et encore une fois Ronda parce qu’elle ne savait pas quoi répondre.

__ Ma Dame, malgré votre jeune âge, votre rang nous oblige à vous vouvoyer, mais rien ne vous oblige à en faire de même pour nous. Et je crois qu’aucun de nous ne saurait mal le prendre, surtout venant de vous dont nous ne percevons aucun mépris. Le vouvoiement est signe de respect, mais ça n’est pas pour cela que le tutoiement est nécessairement irrespectueux. N’ayez crainte, nous connaissons les conventions car nous avons souvent affaire, de paraitre métier à des nobles de haut rang qui pourraient s’offenser d’un manquement au protocole. Mais nous n’y sommes pas pourtant autant attachés lorsqu’ils ne sont pas nécessaires. »

C’est alors que Perwyn proposa à la troupe de faire un spectacle aux Jumeaux.

__ C’est avec un immense plaisir que nous jouerons pour Lord Walder Frey et pour vous qui avez étés si aimables depuis notre rencontre fortuite, que cela nous permette de payer moins cher pour la traversée ou non. Oserais-je vous prier de nous introduire auprès de lui ? »

Même si entrer dans la cours et demander à voir le Tardif était possible sans leur aide, il serait certainement bien plus facile de se présenter devant lui avec eux. De plus, ainsi, elle serait présentée avec ou sans la troupe de la manière qui plairait certainement le mieux au Seigneur des lieux. Il n’était pas toujours simple de ménager les caractères de tous ces nobles et d’après ses souvenirs, Walder n’était pas toujours le plus facile à aborder.

__ Préférez vous que je vienne seule avec vous ou que tout le monde me suive Messire ? »

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Lorsque la meneuse de la troupe mentionna Winterfell et le Nord, Walda nota une légère contraction de la carrure de son frère. Ainsi donc, ce qu'il dissimulait à sa puînée avait un lien avec cette froide contrée. Mais de quoi s'agissait-il ? D'un projet de mariage qui germait dans l'idée du sire du Pont ? Certainement point ; le chevalier n'ignorait guère que sa sœur aspirait à convoler afin d'enfanter. Par conséquent, s'il avait eu vent d'une telle nouvelle il en aurait certainement parlé à la blonde, celle-ci en était persuadée. Que se passait-il donc dans le domaine des Stark pour que Perwyn réagît de cette manière à la simple évocation de cette contrée ?

Toutefois, un regard attira l'attention de la demoiselle aux iris céladon, la coupant dans sa réflexion : celui qu'avait lancé la vieille femme en direction de la jolie rouquine. La noble dame comprit que les saltimbanques ne s'éloignaient pas de la capitale dans le seul but d'honorer un engagement pris au préalable ; après tout, ils auraient probablement pu annuler ce dernier afin de participer aux festivités qui égaieraient le tournoi, ce qui leur aurait rapporté plus gros qu'un banquet dans le Nord.

La Grêlée avait remarqué l'insistance avec laquelle son interlocutrice rappelait à l'ordre la jouvencelle, pourtant celle-ci ne faisait que s'amuser avec le chien. Pourquoi la meneuse semblait-elle souhaiter à ce point que la jeune fille se fît aussi petite qu'une souris ? Quel problème Hermine s'était-elle attiré ? L'innocence de cette dernière sautait aux yeux ; ce trait de caractère lui avait-il joué des tours, ou bien n'était-ce qu'un masque qui cachait une facette plus sombre de sa personnalité ? En entendant le discours de la précitée et en observant sa gêne évidente, la damoiselle des Jumeaux pencha pour la première possibilité ; aucune fourberie ne se dégageait de cette enfant. Au contraire, elle semblait dotée d'une naïveté peu commune et manquait visiblement de la finesse d'esprit nécessaire pour cacher la perfidie efficacement.

Walda nota les aller-retours que firent les prunelles de l'adolescente, comme si celle-ci ne savait pas quel comportement adopter. Pourtant, la Grêlée avait simplement fait preuve de cordialité. Se pouvait-il que la rouquine vît les gens de haut rang comme des croque-mitaines ? Cela n'étonna la blonde qu'à moitié. Après tout, elle-même était bien placé pour savoir que tous ceux qui évoluaient dans cette caste n'étaient point aussi inoffensifs qu'il n'y paraissait et que certains nourrissaient parfois de sinistres desseins. Walder le Noir en était le parfait exemple et la dame aux billes de jade n'avait-elle point envisagé durant un instant, tantôt, la mort de Lord Hoster comme un événement dont les conséquences seraient peut-être bénéfiques pour sa famille ?

C'est avec grand plaisir que je vais vous introduire auprès de lui, déclara Perwyn, sortant sa puînée de ses pensées. Nul besoin d'être deux pour cela. Puis-je connaître votre nom, que je vous présente à lui ?

Le chevalier souriait chaleureusement à la vieille femme, tandis que le groupe approchait de la forteresse. Walda espérait que tout se passerait bien et que le Tardif consentirait à un spectacle qui radoucirait son humeur.

Que vous seule m'accompagniez sera suffisant, je pense, répondit le grand blond.

Vraisemblablement, il avait également noté le malaise de l'adolescente et craignait peut-être que sa maladresse lui attirât des ennuis ; le patriarche pardonnait difficilement. Aussi, ce dernier n'ignorait pas que la majorité des troupes de troubadours comportaient quelques jouvencelles qui réjouissaient le regard.

Les saltimbanques et les deux Frey arrivèrent bientôt aux Jumeaux et Perwyn pénétra dans le bâtiment avec la meneuse. Pendant ce temps, la demoiselle aux iris céladon demeura auprès des voyageurs ; Hermine éveillait sa curiosité.

J'ai l'impression que tu as peur des nobles, commença la Grêlée. As-tu vécu quelque mésaventure à leur contact ?

Elle affichait un air amical, ses lèvres doucement courbées, et flattait la toison ténébreuse de Bear, qui avait pris la jouvencelle en affection et gratifia la main de cette dernière de quelques coups de langue.

Si ma question te semble indiscrète et que tu ne souhaites pas répondre, rien ne t'y oblige, ajouta la fille du maître des lieux.

Après tout, elle ne comptait point dans le cercles des confidents de son interlocutrice et celle-ci pourrait donc s'offusquer de pareille interrogation.

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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime05.02.14 0:33


La patronne des saltimbanques était très satisfaite de cette rencontre, les deux jeunes gens étaient tout ce qu’il y avait de plus agréables, surtout pour des enfants ou des petits enfants de Walder le Tardif. La proposition de l’introduire auprès de lui pour essayer de négocier la traversée en change d’un spectacle était très aimable et alors qu’ils auraient pu les laisser à leur sort, il semblaient qu’ils veuillent aider.

__ Je vous remercie. Je me nomme Rhonda, Messire. C’est un honneur d’être présenté au Sire du Pont par un des siens. »

La joyeuse troupe qui avait repris ses couleurs après avoir compris qu’ils n’avaient rien à craindre de ces deux là, suivit le chevalier jusqu’aux abords de la Tour de la rive droite. Puis la vieille acquiesça avec un sourire édenté, il valait mieux qu’elle soit seule pour cette tâche. Elle continua donc avec lui et entra dans la forteresse pendant qu’acteurs, marionnettistes, acrobates, danseurs et musiciens attendaient devant.

__ Dites moi Messire Perwyn, se passe-t-il quelque chose entre le Nord et le Conflans ? Veuillez excuser ma curiosité, mais comprenez moi, je cherche à protéger ma troupe et si j’ignore beaucoup de choses, tout ce que je sais peut aider. Oh peut-être hésiteriez-vous à parler à une vieille Dame du peuple et je ne vous demande pas de me faire des révélations, même si je ne répéterais rien, car après tout qui demanderait des informations à une vieille actrice. Dites moi juste ce que je peux savoir, et ce que je devrais savoir pour me présenter devant Sieur votre père sans risquer de le froisser. »

La réaction du jeune homme à l’évocation de Winterfell n’était pas passée inaperçue auprès de cette vieille femme qui avait, toute sa vie appris à comprendre les réactions des autres pour s’y adapter, que se soit pour dire la bonne aventure ou négocier un contrat. Si elle était toujours envie, elle le devait en grande partie à ses talents, autant pour l’adaptation que pour voir et comprendre l’invisible. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle voulait protéger Hermine. Cette gamine qui n’avait pas une once de méchanceté avait déjà subi plus de sévices que n’aurait pu en supporter la plupart des gens, et pourtant, elle restait la même, toujours naïve, attentionnée et généreuse. Béni soit le simple d’esprit. Mais uniquement quand il est bien entouré…

***

Walda resta avec eux et interrogeât Hermine qui avait repris ses jeux avec le chien. Cette dernière ne compris pas très bien la question, mésaventure était un mot fort compliqué, mais elle saisit malgré tout le sens. Or, elle avait l’habitude de répondre aux questions qu’on lui posait, sans pudeur, sans retenue le plus souvent, et sans gêne.

__ Peur ? J’sais pas, parfois y sont méchants ? Enfin non, pardon, c’est que… Si on n’est pas sage, y peuvent vous faire tout ce qu’ils veulent pour vous punir et ça fait très mal. Et puis y vous punissent pa'ce-que vous avez menti, et ensuite y mentent mais y sont pas punis. Mais y’en a qui sont gentils des nobles. Les autres c’est pareil, y’a des méchants et des gentils. Sauf qu’les autres on leur échappe plus facilement et y sont moins ‘lors ça fait moins mal. »

Hermine caressa Bear qui venait de lui lécher la main avant de s’essuyer sur sa robe et sourit à Walda en cherchant une bonne aventure à raconter.

__ Je peux vous raconter plein de mes aventures, tu veux ? Une fois, j’étais dans un Bois et j’ai entendu de la musique, belle musique, j’ai marché jusqu’à la musique. Et là pouf, qui je vois, Silvanna ma copine des chevaux. J’ai chanté et elle a joué toute la nuit, c’était une belle de mes aventures. Une autre fois j’étais à Port-Real et j’ai rencontré un garçon, on allait se marier, mais j’ai du partir parce qu’il travaillait dans une forge et son patron m’a accusé de vol. J'avais rien volé, juré ! Le guet me cherchait, mais il m’a sauvée. Et vous M’Dame, vous voulez me raconter de vos aventures ? J’adore écouter les aventures. » Demanda la rouquine naïvement, se disant qu’elle voulait certainement partager une histoire, parce que raconter des histoires c’était bien, en écouter aussi. Et puis n’était-ce pas la meilleure façon de faire connaissance avec une gentille Dame, très jolie et dont la robe la fascinait tout bonnement ?

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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime13.02.14 15:26

Je vous comprends fort bien Rhonda, répondit Perwyn avec un sourire amical. Cependant, soyez rassurée : les relations entre le Nord et le Conflans sont tout à fait cordiales et le demeureront sans doute longtemps ; après tout, Lady Stark est la fille d'Hoster Tully.

Le chevalier se morigéna de n'avoir pas mieux dissimulé son trouble à l'évocation de Winterfell ; si la vieille femme l'avait remarqué, il y avait fort à parier que cela n'avait échappé à sa puînée, qu'il préférait garder dans l'ignorance du projet que mijotait leur géniteur tant que rien n'était décidé. À quoi bon faire part à la blonde de cela, alors que le mariage dont il était question n'aurait point lieu ? Le jeune homme savait pertinemment que la demoiselle aspirait à convoler afin d'enfanter ; il avait noté l'instinct maternel qu'avait développé celle-ci ; autant donc ne pas remuer le couteau dans la plaie.

En vérité, si j'ai réagi de la sorte quand vous avez parlé de Winterfell, c'est en rapport avec ce que mon père projette pour les sœurs que ma mère m'a données. Je vous prie de n'en rien dire ; de toute façon, rien n'est encore arrêté pour le moment.

Lord Walder avait envisagé de marier Walda à Ades Overton, puis s'était ravisé avant d'en faire la proposition à la famille du Nordien, estimant préférable que sa fille convolât avec un homme plus malléable, qu'il pourrait influencer à travers la demoiselle. Le blond en était contrarié, il devait l'avouer ; après tout, sa puînée aurait certainement été heureuse auprès de l'infirme. Il avait discerné la complicité qui liait les deux jeunes gens et n'ignorait guère que l'ambition les animait ; en combinant leurs intelligences, ils se seraient élevés ensemble dans la société des Sept Couronnes et auraient été sûrs d'accomplir la volonté du vieillard. Ainsi, malgré que la maison de Lord William fût moins puissante que celle des Jumeaux, Ades aurait constitué un parti convenable. Perwyn ne pouvait prédire vers qui se tournerait la préférence du sire du Pont, néanmoins les arguments que celui-ci avait employés pour évincer le jeune homme auquel il avait d'abord pensé excluaient Roose Bolton ; grande consolation que cela !

Je vous conseille de ne point évoquer le tournoi de la Main devant mon père, à moins qu'il ne l'ait fait lui-même, ajouta le chevalier. À cause de cet événement, certains membres de la parentèle seront absents à ses prochaines épousailles, ce qui le met de fort méchante humeur. Aussi, il appréciera davantage que ce soit vous qui proposiez un spectacle ; bien sûr, il se montrera acerbe, mais je vous appuierai.

Il adressa un sourire à son interlocutrice en guise d'encouragement avant de pénétrer à ses côtés dans la grande salle où siégeait l'irascible maître des lieux. Seuls ce dernier et Lothar se trouvaient là – ainsi que quelques gardes –, et tous deux interrompirent leur discussion lorsque la porte de chêne s'ouvrit. Le grand blond ignorait le sujet de la conversation, mais son intuition lui dictait qu'il était question du futur époux de la Grêlée. Il s'avança vers ses parents, sans chercher à satisfaire sa curiosité – il saurait tôt ou tard sur qui se porterait le choix du vieil homme, de toute façon.

Père, je vous présente Rhonda, commença-t-il. Elle souhaiterait négocier le passage du Pont pour elle-même et sa troupe de saltimbanques.

Le Tardif observa un instant la voyageuse.

Je pensais que tous les troubadours se précipitaient vers la capitale en ce moment, maugréa-t-il, suspicieux.

Bien des gens de cette profession étaient passés par la citadelle au fil des ans et il n'était pas sans savoir que, à l'instar de tout commerçant, de tels individus n'entreprendraient guère un long et coûteux périple si le lieu où il se trouvaient alors allait devenir le théâtre de représentations susceptibles de rapporter gros.

Combien de personnes et combien de véhicules ? demanda sèchement ce dernier.


* * *


Je ne peux te donner tort sur ce point, convint Walda.

Malgré sa candeur, il apparaissait que la petite rousse n'était point dépourvue de bon sens ; après tout, lorsque l'on n'avait pas d'homme de main pour assurer sa défense, cette qualité se révélait sans doute indispensable. Il convenait d'avouer que les nobles possédaient les armes nécessaires afin de sévir contre qui leur causait préjudice et également pour ourdir diverses intrigues – leur éducation les y prédisposait.

Cependant, même s'ils ont peu de moyens, les gens du commun peuvent avoir recours à la violence et aller jusqu'à tuer pour se venger de quelque mauvais coup qu'on leur a joué. Ainsi, tomber entre leurs griffes n'est pas toujours moins douloureux.

Bien que la blonde n'eût observé que quelques fois son géniteur rendre la justice dans son domaine, elle avait eu l'occasion de constater que certains criminels avaient occis autrui pour trois fois rien, sans le moindre regret ; d'autres, en revanche, s'en étaient sincèrement repentis car la colère qui avait motivé leur geste les avaient aveuglés.

La Grêlée écouta le récit d'Hermine, un sourire ornant ses lèvres. La familiarité de son interlocutrice ne l'offusqua guère ; d'autant plus que la dame aux iris céladon avait elle-même ouvert cette brèche dans la barrière sociale en posant sa question à la jeune fille et que cette dernière ne lui en témoignait pas moins de respect.

À entendre le discours de la saltimbanque, il apparaissait que la musicienne et elle s'étaient trouvées seules dans les bois lors de leur rencontre ; si la jouvencelle à la chevelure cuivrée avait alors voyagé avec la troupe, cette mystérieuse Silvanna ne serait-elle point ici en cet instant ? Se pouvait-il qu'Hermine n'eût intégré le groupe mené par la vieille femme que récemment ?

Oyant la suite, Walda comprit que cela était fort probable. Après tout, pourquoi une acrobate, qui gagnait sûrement convenablement sa vie, en serait-elle venue à dérober quoi que ce fût dans une forge ? Une telle dénonciation n'aurait point eu de suite, si elle n'avait été crédible. L'acrobate ne s'en rendait peut-être pas compte, toutefois son récit éclairait la lanterne de son interlocutrice : celui-ci expliquait pourquoi ses compagnons et elle s'éloignaient de la capitale, alors qu'un événement susceptible de leur rapporter un coquet revenu allait s'y tenir.

Je te crois, annonça la blonde, ses traits arborant une expression plus sérieuse.

Aucun signe dans l'attitude de la rousse ne trahissait un quelconque mensonge, bien qu'une pointe de doute s'insinuât dans l'esprit de la dame aux yeux de jade.

Que t'a-t-on donc accusé d'avoir volé pour que la garde prête foi aux paroles du forgeron ? interrogea-t-elle. Peut-être n'es-tu avec tes camarades que depuis peu, ce qui aurait pu convaincre tes poursuivants qu'il disait vrai ?

Les lèvres de la fille du Tardif se courbèrent légèrement, tandis qu'elle évoquait d'autres aspects des anecdotes qui lui furent contées.

J'aimerais en savoir plus au sujet de ce jeune homme que tu as rencontré à Port-Réal et de ton amie Silvanna.

Bien que , contrairement à bon nombre de représentantes de la gent féminine qui attendaient de convoler, la Grêlée ne se laissât guère emporter par des rêves de romantisme, les élans du cœur n'en attisaient pas moins sa curiosité. Après tout, qui n'a jamais songé avec un soupçon d'envie à la passion qui peut habiter chaque individu ? Pourtant, elle demeurait consciente qu'aucun amour ne motiverait ses épousailles ; seul l'intérêt de la maison Frey entrerait en ligne de compte dans cette décision. Il aurait été vain d'espérer qu'il en fût autrement ; malgré l'aisance dans laquelle ils vivaient, les nobles devaient en souffrir quelque contrepartie. La demoiselle des Jumeaux n'avait donc point envisagé sérieusement de vivre une idylle, même si cette idée lui paraissait douce.

Oh, je crains que ma vie soit beaucoup moins palpitante que la tienne, admit-elle avec un sourire contrit. Néanmoins, puisque tu aimes les récits d'aventure, je puis en inventer.

Que pouvait-elle bien relater, s'il ne s'agissait d'incidents survenus entre elle et sa parentèle, et revêtaient donc un caractère trop personnel pour être contés à quelqu'un qu'elle venait de rencontrer ? Elle n'avait guère voyagé et n'avait jamais posé le pied hors de sa région natale. Par conséquent, autant recourir à son imagination, ce qu'elle fit, prenant un court instant de réflexion. Ce n'était point la première fois qu'elle s'adonnait à cet exercice : fréquemment, elle divertissait ainsi les enfants de la citadelle et il arrivait parfois que certains adultes vinssent écouter.

Que dirais-tu de l'histoire de Tom le Bleuet ? proposa-t-elle.

Elle attendit un signe d'assentiment de son interlocutrice avant entreprendre de narrer les tribulations de ce fantaisiste ménestrel qui enchantait les dames par ses chants et ses poèmes ; ce miel dont il abreuvait leurs oreilles arrosait de fleurs leurs charmes qu'il louait avec grand plaisir. Il n'aimait rien tant que de voir les femmes s'empourprer, tandis que leurs prunelles reflétaient la rêverie qui les berçait.

Cependant, le galant troubadour s'ennuyait et entre deux spectacles, lorsqu'il se trouvait seul, il ne pouvait s'empêcher de regarder vers le ciel, admirant les oiseaux, ni de songer qu'il aurait souhaité avoir la possibilité de voltiger parmi eux.

Tandis que la blonde continuait son récit, elle s'aperçut que la jolie rousse n'était point la seule à l'écouter : un modeste attroupement s'était formé autour d'elles.

La reine avait eu vent de Tom, ses amies lui ayant vanté ses prestations, et elle demanda à ce qu'il vînt à la cour, lors d'un banquet donné en l'honneur de son époux. Pourtant, le roi ne trouva nul divertissement dans les délicieux vers récités par l'artiste et exigea de voir des acrobaties. Alors, le poète obéit, malgré qu'il n'eût aucun talent pour cela, et chut à chaque tentative, déclenchant des vagues de rire parmi la foule de courtisans.

« Loin d'en prendre ombrage, toutefois, le jeune homme ressentit grande joie en oyant les éclats de voix qui s'échappaient des gorges féminines et recommença jusqu'à satisfaire son public. De ce jour, il ne parvint plus à résister aux dames hilares qui lançaient des « encore ! » ; elles lui semblaient encore plus belles ainsi et il considérait chaque bleu causé lors de ses représentations comme une fleur offerte pour louer leur grâce. C'est pour cela qu'on le surnomma bientôt « le Bleuet ».

« Néanmoins, lors de ses pérégrinations, en dépit du douloureux contentement que lui procurait le rire des femmes, ses yeux se tournaient toujours vers le ciel qu'il rêvait d'arpenter. »


[HRP : Le conte relaté par Walda est largement inspiré de Métamorphose en Bord de Ciel de Mathias Malzieu.]




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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime28.03.14 22:22

Spoiler:


__ C’est bien vrai, le Nord et le Conflans sont des alliés et n’ont jamais d’ailleurs été ennemis, aucune raison donc que le Seigneur votre père ne nous laisse point passer. »

Rhonda c’était retrouvée maintes et maintes fois coincée entre deux camps dans les guerres des grands Lords de Westeros et elle qui n’aspirait qu’à faire son beurre pour nourrir sa troupe détestait ça, aussi tentait-elle ainsi de tâter le terrain, ne sachant que trop penser du Tardif qui avait la réputation d’être plus que taciturne. Mais une fois en route pour le rencontrer et seule avec le chevalier elle put être rassérénée par ses paroles.

__ Ah je vois, mais… pensez-vous que Lord Stark puisse donner son fils ainé à une Frey ? Sans vouloir vous offenser, il me semble qu’ils n’y auraient que peu d’intérêt, surtout après avoir promis Lady Sansa au Prince Joffrey. Quoi qu’il en soit, s’il s’agit de la sœur que j’ai vue avec vous, elle est tout à fait assez belle, là n’est pas la question. Et n’ayez crainte je n’en dirais rien à personne. Je serais même prête à vous y aider, une alliance de plus entre le Conflans et le Nord ne pourrait qu’être bonne pour mon commerce. Mais je doute d’avoir le moindre poids dans ce genre de décision, à moins que votre sœur et vous ne nous accompagniez. Son joli visage et sa douceur pourrait éveiller quelques désirs en Robb Stark et qui sait, permettre ainsi un tel mariage non par intérêt mais par amour, cela est toujours possible après tout. »

Rhonda ignorait qu’en réalité Walder ne visait pas les Stark dans un premier temps mais une autre Maison moins importante du Nord, elle avait donc fait sa conclusion un peu rapidement. Elle se tut lorsque Perwyn la mit en garde pour le Tournoi et acquiesça du chef en le remerciant de lui avoir peut-être évité les foudres du Seigneur du Pont. Cela dit, rien ne garantissait qu’il prenne bien le fait les saltimbanques aille à Winterell pour la fête des Moissons plutôt que de rester aux Jumeaux. Enfin, il était temps de se présenter, Rhonda n’avait pas le choix, et elle était en bonne compagnie pour se faire après tout et encouragée par le jeune homme, elle inspira un grand coup et entra à sa suite. Elle s’inclina respectueusement très bas lorsqu’il l’introduit auprès du Lord :

__ Messire »

Elle attendit qu’il parle pour reprendre.

__ Certes, mais pour nous, d’autres engagements étaient arrangés de longue date Messire. Nous nous rendons à Winterfell pour la fête des Moissons. Je suis accompagnée d’une vingtaine d’artistes et de trois tombereaux. »

L’esprit de Rhonda fusait pour trouver des arguments dans l’espoir de payer moins cher la traversée, car jusqu’ici, Walder ne semblait être ni de bonne humeur ni très enclin à la laisser passer. Elle savait pour les noces, mais elle ignorait si elle pouvait y participer tout en étant à temps à Winterfell, à vrai dire elle en doutait.

***

__ Pas du tout ma Dame, mais y z’ont pas de chevaux qui galopent vite, si j’fuis, si j’cours et que j’grimpe et que j’saute, y peuvent pas m’attraper, et y z’essayent pas d’me retrouver. Mais certains sont méchants aussi et certains nobles sont gentils, seulement y sont souvent susceptibles alors je préfère être sage si je sais pas. »

La conversation continua un moment et bifurqua sur les événements qui avaient éloignés Hermine de Port-Real et de son amoureux Gendry.

__ Il s’agissait d’une épée madame, une belle épée avec des gemmes. Mais je l’ai pas volée. Il me l’avait montrée en me disant qu’un jour il pourrait faire une aussi bien, mais j’étais pas venue pour la voler, j’étais venue pour voir Gendry moi. J’étais pas encore avec les saltimbanques, j’étais avec les… »

Elle arrêta là sa phrase sachant que la suite ne pouvait que jouer en sa défaveur car ces compagnons étaient pour la plupart des voleurs, elle aussi d’ailleurs et si elle avait été prise pour ce crime, elle n’aurait fait que payer pour tout un tas d’autres qu’elle avait réellement commis. Pourtant voler ne lui avait jamais plu, mis c’était toujours moins pire que de vendre ses charmes dans la rue de la soie. Parfois, elle n’avait pas le choix, quand il n’y avait plus de châtaignes ou de petit bois à ramasser pour les vendre en ville contre quelques sous. Quand il n’y avait plus rien et qu’elle devait ramener quelque chose le soir venu sans quoi elle ne faisait plus partie de la troupe de malandrins, des gosses des orphelins pour la plupart. Se retrouver seule encore une fois. Tant de fois déjà auparavant elle avait erré seule à la recherche de compagnons, ça n’était pas amusant et la plupart du temps très dangereux, pire encore que d’en avoir. Pourquoi avait-elle quitté le Conflans ? Parfois elle regrettait et en même temps, malgré tous ces malheurs et ses déboires, elle avait aussi vécu tant de belles choses qui ne lui seraient arrivées si elle était restée sur les bords de la Ruffurque avec les veuves de la rébellion de Robert. Après tout elle était toujours vivante. Et tout cela n’était pas si gave. Elle espérait simplement revoir Gendry un jour.

__ Gendry est gentil, grand et fort, il est apprenti forgeron chez To… Tollo… To… Tobho Mott ! Et je l’aime. Et Silvana, elle parle plus depuis que ces parents sont morts. Ils étaient éleveurs de chevaux dans le Conflans, ils étaient gentils aussi. Elle a un cheval et un violon, elle joue bien. »

Voila qui était promptement résumé, mais elle ignorait ce que Walda voulait savoir et se demandait d’ailleurs bien pourquoi une telle dame voulait savoir des choses sur quelques compagnons d’Hermine tout aussi pauvres qu’elle.

__ Oui inventez, j’adore les aventures ! »

Hermine écouta, et au bout d’un moment elle s’assit dans l’herbe, captivée par le conte de la jeune femme et le sourire jusqu’aux oreilles. Et à voir le monde qu’il y avait désormais ici, elle n’était pas la seule à apprécier. La rouquine attendit une courte pause pour exprimer une question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment tout en espérant bien avoir la réponse à la fin du conte.

__ Il va réussir à s’envoler un jour ? Moi j’aurais pu lui apprendre à faire des cabrioles, mais j’aime aussi chanter. J’adore chanter. Un jour j’ai rencontré un saltimbanque à Port-Real, c’était pas un de la troupe, c’ »tait un autre, il était gentil aussi, et beau, peut-être que c’était bleuet, mais il n’avait pas de bleus et ne faisait pas d’acrobaties. Vous racontez bien Ma Dame ! »

Les autres saltimbanques acquiescèrent avec des sourires ravis pour certains plus subjugués peut-être par les traits fins de la jeune fille que par le conte, mais qu’importe tous étaient emportés dans la magie de l’histoire.

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MessageSujet: Re: [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] [Les Jumeaux] La fille de l'eau et la dame du Pont [PV Hermine] [Flashback] Icon_minitime11.09.14 16:25

Il faut bien admettre que convaincre les Stark qu'il serait judicieux que leur héritier épouse une Frey ne sera pas une mince affaire, convint Perwyn. Toutefois, notre maison compte parmi les plus puissantes de la province et le Pont permet de coquets revenus, les filles de notre famille peuvent donc bénéficier d'une rondelette dote. Il n'est pas rare que les futurs gouverneurs du royaume prennent pour femme une demoiselle de même rang que les Frey, même si dans ces cas-là, ladite jeune fille est issue de la région du suzerain. Néanmoins, mon père a bien réussi à marier l'un de mes frères aînés à la sœur de Lord Tywin ; certes, celui-ci n'était pas encore à la tête du Roc à l'époque et n'avait donc pas voix au chapitre, mais sait-on jamais, la famille du Pont parviendra peut-être à convaincre les Stark ?

Le chevalier savait la Grêlée intelligente, mais la tâche que comptait confier le Tardif à celle-ci était des plus ardues. Ainsi, il ne nourrissait pas de certitude quant à la réussite d'un tel projet.

En vérité, mon père a l'intention de proposer la main de Walda à un autre seigneur du Nord, continua le blond. C'est mon autre sœur, Roslin, qu'il espère voir aux côté du fils de la Main. Si vous donnez un spectacle ici ce soir, vous la verrez et pourrez constater qu'elle ne manque pas de charme non plus.

Bien que le projet de son géniteur fût susceptible de combler la maison du Pont, le jeune homme ne s'en inquiétait pas moins. Trouver un bon parti pour la femme aux iris céladon n'était point aisé et plusieurs seigneurs avaient refusé de l'avoir pour bru. Quant à la benjamine de la progéniture de Lady Bethany, elle aussi souffrait de la renommée des demoiselles de la citadelle.

Certes, vous n'auriez guère de poids dans une telle décision, admit le fils de Lord Walder. Cependant, il y a peut-être une chose que vous pourriez faire : vanter les mérites de mes puînées dans une chanson. Certes, on ne prend point au pied de la lettre les œuvres des ménestrels, pourtant celles-ci suffisent parfois à insinuer une idée dans la tête d'autrui et attisent la curiosité ; donc, même si en soi, ce n'est que peu de chose, cela pourrait faciliter un iota la recherche d'un époux convenable pour mes sœurs. Vous devriez également proposer cette idée à mon père ; cela le mettra de bonne humeur et il se montrera plus conciliant, à n'en point douter.

Une fois face au lord, il la laissa négocier ; il ne prendrait guère part aux discussions avant qu'elle n'ait lancé l'idée du spectacle pour diminuer le tarif du passage.

Eh bien, il y a au moins une troupe de saltimbanques qui tient ses engagements ! déclara le patriarche d'un ton sec, comme si, malgré le compliment, il pestait contre la profession tout entière.

Les artistes censés être présents pour ses noces avaient annulé leur prestation à cause de ce foutu tournoi qui prendrait place à Port-Réal. Cela ne faisait que renforcer son ressentiment engendré par cet événement qui fichait par terre la fête qui serait bientôt donnée pour lui et la pucelle qui deviendrait sienne.

Il garda le regard fixé sur la vieille femme, tandis que Lothar faisait le calcul.

À raison de quatre étoiles de cuivre par personne, cela fait huit cerfs d'argent, compta ce dernier. Et si l'on ajoute un cerf d'argent par attelage, en tout, cela vous en coûtera onze ou une lune d'argent et quatre cerfs.


* * *


Inutile de m'en dire plus, déclara Walda avec un sourire indulgent, je te crois.

Elle comprenait que la rousse n'avait point toujours subsisté en demeurant dans la légalité. Certes, la noble aurait peut-être dû s'en offusquer, mais elle ignorait comment elle-même aurait fait pour survivre à la place de son interlocutrice, elle n'aurait probablement pas tenu une journée. On avait toujours pourvu à ses besoins et elle n'avait jamais eu à se débrouiller seule, contrairement à la saltimbanque.

La dame à la chevelure ambrée prêta foi aux propos de cette dernière car celle-ci aurait sûrement succombé depuis longtemps sans un minimum de bon sens. Or, n'importe qui doté d'un soupçon de jugeote aurait trouvé peu judicieux de dérober une épée, objet difficile à dissimuler sur soi – surtout pour quelqu'un d'aussi frêle que l'adolescente. Quant aux gens qui accompagnaient Hermine à l'époque de cet événement, mieux valait que ladite demoiselle gardât le silence à leur sujet, si elle ne voulait point s'attirer d'ennui.

La Grêlée ne demanda pas plus de détail à la petite acrobate avant d'entamer de conter les aventures du Bleuet – bien que savoir cette dénommée Silvana seule l'inquiétât quelque peu car il n'était pas prudent pour une fille de voyager seule – ; après tout, elle-même avait décidé de ne point relater sa vie, alors pourquoi se montrerait-elle indiscrète au point de souhaiter connaître tous les secrets de la rouquine ? La demoiselle des Jumeaux prit place sur un banc avant débuter son histoire.

Un peu de patience ! enjoignit-elle à la jouvencelle d'un ton jovial.

L'enthousiasme de celle-ci faisait plaisir à voir et Walda ne pouvait qu'apprécier la candeur dont elle faisait preuve.

Je ne doute point que tu aurais pu lui enseigner, continua la blonde, la maladresse de Tom lorsqu'il effectuait ses acrobaties n'avait pas son pareil. Et je dois dire que j'espère bien que t'entendre chanter.

Elle reprit le conte là où elle l'avait laissé, relatant les aventures de Tom. Le personnage traversa diverses péripéties, bientôt suivi par une enchanteresse éprise de lui et qui cachait ses pouvoirs afin de ne pas effrayer autrui.

Les sentiments du Bleuet à son égard étaient sincères, pourtant quelque chose manquait toujours à son bonheur. La dame s'en rendait compte et se refusait toujours à réaliser le souhait de son amant, bien qu'elle le pût. Ainsi, lorsqu'il prit conscience du don de sa compagne, le troubadour se sentit de plus en plus enchaîné à son amour et s'éloignait de plus en plus d'elle. Puis un jour, il se trouva tant charmé par une noble demoiselle qu'après la fête, lorsque tout le monde fut endormi, il alla la voir dans sa chambre.

« Le géniteur de la jeune fille surprit celle-ci et le ménestrel, et lança ses hommes aux trousses de ce dernier. Par conséquent, afin de sauver son bien-aimé, la magicienne n'eut d'autre choix que de faire de lui un oiseau avant de prendre la fuite à son tour ; malgré la jalousie, elle ne parvenait point à l'abandonner à son sort. Elle quitta le château et erra dans la plaine, abattue d'avoir perdu Tom. Pourtant, celui-ci ne tarda guère à la retrouver et tous deux reprirent leurs pérégrinations, l'acrobate revêtant parfois son habit de plume pour arpenter les cieux entre deux représentations et demeurant plus que jamais épris de sa dulcinée. »

La jeune femme aux yeux de jade ne connaissait guère les choses de l'amour, néanmoins elle avait pu observer les différents couples qui résidaient à la citadelle. Elle n'avait point manqué de noter que les plus liés d'entre eux étaient ceux dont ni l'homme, ni la dame ne cherchait à priver l'autre de ses loisirs, ni de contrôler sa vie entière.

La Grêlée pouvait voir les mines souriantes des saltimbanques et, dans sa naïveté, elle pensait qu'ils étaient tout simplement intéressés par les aventures qu'elle venait de narrer. Elle se savait jolie, certes, mais ses charmes ne revêtaient que peu de valeur comparés à ceux d'Alyx ou de Walda la Belle.
Spoiler:
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Hermine




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Surnom: La Rouquine
Métier/Titre(s): Acrobate, danseuse, chanteuse, actrice, lavandière...

Hermine
« Fille de l'Eau, Fille de Rien »

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__ Walda est très jolie, il devrait être aisé de lui trouver un bon parti, mais le Lord votre père vise haut, c’est le moins qu’on puisse dire. Sans vouloir vous offenser, vous devez savoir que malgré vos richesses et vos terres, vous n’êtes considérés par la plupart des maisons régnantes de Westeros que comme de vulgaires marchands tout juste anoblis. N’allez pas croire que ce soit une insulte dans ma bouche, je ne suis qu’une saltimbanque après tout, mais mes nombreux voyages et ma position me font parfois entendre des choses que je ne devrais pas. En tout cas, vous me semblez être des gens bien, aussi je ferais ce que vous demandez, je ferais chanter une chanson en l’honneur de la beauté et de la douceur de vos sœurs, si vous me permettez de voir Rolsyn aussi, pour que mes mots reflètent réel son charme. »

Telle fut la promesse de la vieille actrice qui fut bientôt présentée au seigneur du Pont, autrement moins avenant et moins chaleureux que son énième fils. La vieille femme sentit immédiatement que le moindre mot de travers risquait de lui coûter cher et que la négociation ne serait pas aisée car elle payerait probablement la rancune de Walder envers la profession.

__ Messire, s’aurait été un honneur de vous divertir lors de vos noces si nous avions pu. Je ne vous ferais pas l’affront de faire déplacer vos noces, mais sachez que nous serions ravis de jouer pour vous à notre retour. »

Elle s’inclina et attendit le prix. Il n’était pas exorbitant, mais énorme tout de même pour les revenus de la troupe qui ne croulait pas sur l’or et avait fait une croix sur le Tournoi pour un voyage coûteux et long. Peut-être avait-elle eut tort de tenir ses engagements finalement, enfin, il aurait été clairement trop dangereux pour Hermine de s’attarder dans les environs de Port-Real avec le guet qui la recherchait. Pauvre enfant. Il fallait qu’elle fasse baisser le prix.

__ Messire Walder, nous ne roulons pas sur l’or hélas, mais nous avons d’autres choses à offrir que des Cerfs d’Argent. Que diriez-vous de nous laisser passer en échange d’un spectacle gratuit, ce soir, en votre demeure. J’ai aussi eu l’insigne honneur de rencontrer Lady Walda, la sœur de votre fils ici présent dont le charme m’inspirera certainement une chanson. Ser Perwyn m’a aussi parlé de Roslin, sa cadette, qui, d’après lui, est plus belle encore. Je devrais avoir terminé la chanson qui mettra à l’honneur les mérites et la beauté des filles du Pont avant d’arriver à Winterfell. »

***

Jouvencelle, jouvencelle… C’était un bien grand mot pour une fille qui s’était fait violée à de multiple reprises et avait parfois donné son corps pour une simple soupe ou la vie sauve. Mais l’honneur est une denrée dans laquelle seuls les riches peuvent croquer, Hermine ne pouvait pas se permettre d’en avoir, ni aucun orgueil, ni aucune fierté, c’était ainsi si elle voulait survivre. Elle n’était rien, seulement la fille de l’eau, le Seigneur du Conflans qui en premier l’avait donnée à ses gardes pour lui apprendre à ne pas mentir le lui avait bien fait comprendre. Elle n’avait fait l’amour que deux fois finalement, et avec un seul homme, c’était tout ce qui comptait à ses yeux, qu’elle n’avait jamais aimé que lui : Gendry. Que d’autres aient pu profiter de son corps importait peu, c’était le prix de la vie, de la liberté et de l’aventure, elle l’avait appris bien trop jeune.

Hermine se laissa emporter par le récit, souriant à l’idée d’un beau ménestrel et d’une magicienne amoureux, mettant brusquement les mains sur sa bouche, pleine de terreur lorsque celui-ci fut pris en chasse par le père de sa belle. Heureusement, il fut sauvé par la magicienne et ensuite, toute sa vie durant il put voler dans le ciel. A la fin de l’histoire, la rouquine regardait Walda la bouche ouverte. Elle rêvait que son amoureux Gendry était magicien et qu’il l’avait changée en oiseau pour qu’elle puisse s’enfuir, et qu’il l’avait suivi jusqu’ici et qu’elle pouvait voleter au-dessus des plaines et des rivières. Quelques larmes coulaient sur ses joues, car la réalité était bien moins belle, mais ce rêve si beau ne méritait pas qu’elle soit trop triste pour autant, aussi elle souriait en même temps, l’air béat.

Au bout de plusieurs minutes, elle commença à chanter de sa douce voix une chanson que lui inspira sur le moment son chagrin d’avoir perdue son amoureux, probablement pour toujours. Rapidement vinrent se joindre à elle d’autres voix et quelques instruments joués par les musiciens de la troupe qui improvisaient autour de de la mélodie de la jeune fille.

    Je ne trouve plus les mots
    pour te parler de mon coeur
    l'espoir n'est plus qu'un tombeau
    où l'on enterre le bonheur
    tout les pétales de ma vie
    se sont fanés aujourd'hui
    restent nos souvenirs d'hier et pour ce jour nos prières
    mais comment vivre sans toi
    si tu n'es plus là
    mon coeur te cherche
    mais mes yeux ne te trouvent pas
    mais comment vivre sans toi
    si tu n'es plus là
    qu'on prenne mon âme
    mais crois-moi je ne t'oublierai pas
    qu'on parle de nous au passé
    je ne peux pas l'accepter
    je te ressens près de moi
    mais les gens ne te voient pas
    j'entends ta voix
    mais elle n'se voit pas
    donne-moi la main
    sans toi je ne suis plus rien
    mais comment vivre sans toi
    si tu n'es plus là
    mon cœur te cherche
    mais mes yeux ne te trouvent pas
    mais comment vivre sans toi
    si tu n'es plus là
    qu'on prenne mon âme
    mais crois-moi je ne t'oublierai pas
    je cherche l'espoir qui m'aidera à vaincre ce destin
    je cherche au loin
    le paysage heureux que tu n'as pas
    je pleure, tu me vois pas
    je t'appelle, tu m'entends pas
    je t'aime, j'ai besoin de toi
    je t'en prie, reviens vers moi
    ah ah ah... oh
    mais comment vivre sans toi
    si tu n'es plus là
    mon cœur te cherche
    mais mes yeux ne te trouvent pas


Après avoir chanté ça, Hermine se mit à pleurer pour de bon et elle se leva et quitta la place en silence, trop éprouvée pour ajouter quoi que ce soit et plus du tout présentable devant la Lady qui avait été si gentille avec elle et ne méritait pas un tel accueil. Toute la troupe s’était tue car c’était bien la première fois qu’ils voyaient la rouquine dans un tel état elle qui était toujours pleine de joie de vivre et ne semblait jamais vraiment souffrir de ces déboires. Mais l’un deux, pour éviter que le malaise ne dure trop longtemps, entama, en l’honneur de la belle lady « les souliers de Lady Fae ». Ils chantèrent alors, tous en chœurs pour que passe l’orage…

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    Pleurent les enfants
    Dans leur lit sans bouger
    Nul ne sait jamais les consoler
    Sans raconter l'histoire de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    Jusqu'à l'horizon les badauds envoutés
    Nul ne sait les ignorer chanter
    Les vertus magiques des souliers de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    Lorsqu'on l'apperçoit on ne peut l'oublier mais
    Nul ne sait jamais la rattraper
    En suivant les traces des souliers de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    En haut de la colline elle a sa maisonnée
    Nul ne sait espérer l'approcher
    Sans porter les souliers de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    Elle prend de sa main la vie des étrangers
    Nul ne sait fouler la route aux souliers
    Sans trouver la mort aux portes de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    Celle qui tient le fort reste une fille à marier
    Elle attend le jour où l'un deux va passer
    La porte de la demeure de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    L'un d'eux s'est épris de la belle aux souliers
    Il traverse les champs de fêlons statufiés
    Sans quitter des yeux le chateau de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    Il n'a que faire des légendes oubliées
    En poussant la porte il espère trouver
    Ces yeux qui le hantent ce sont ceux de Lady Fae

    Soufflent les vents, tonne l'orage
    En voyant sa promise il s'est agenouillé
    Puis demandant sa main déposa un baiser
    Sur les souliers enchantés de Lady Fae

    Depuis ce temps tous les enfants sages
    Ont écoutés mille fois cette chanson du passé
    Par delà le fort ils se sont épousés
    Laissant derrière eux les souliers de Lady Fae...


Hermine était partie chanter le long de l’eau pour essayer de transformer son chagrin en mélodie comme elle faisait depuis toujours, car rien ne servait de s'apitoyer sur son sort ou de pleurer...

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Je sais fort bien comment la majorité des grandes maisons du pays nous considèrent, déclara Perwyn sans s'offusquer.

Après tout, la saltimbanque énonçait simplement un fait qui ne datait point de la veille.

J'aurais d'ailleurs des arguments à avancer aux nobles qui diraient pareille chose devant moi ; seulement, on ne prononce généralement pas pareils propos ouvertement devant les concernés.

Ainsi allait le monde : on se souriait souvent pour médire de l'autre derrière son dos et de même, servir son seigneur durant des siècles pour s'élever en société faisait de vous un arriviste, alors que celui qui mettait à feu et à sang le royaume pouvait devenir roi, étant reconnu par la plupart comme légitime.

Néanmoins, l'heure n'était point à ces réflexions. Le Tardif faisait peser son regard acerbe sur la comédienne.

Encore heureux que je ne doive pas retarder mon mariage pour des baladins ! s'exclama celui-ci. Enfin, d'ici votre retour dans la région, nous aurons peut-être un autre mariage à célébrer ; cela dépendra de quand vous repasserez par ici.

Le grand blond observa son géniteur qui semblait méditer les paroles de Rhonda, son index posé sur le menton.

Si je réduis le prix de votre passage, commença le patriarche, le spectacle ne sera pas gratuit. Aussi, pourquoi aurais-je envie d'une représentation ce soir ? Il n'y a rien à fêter !

Père, je crois que cela pourrait égayer votre humeur, intervint le premier né de Lady Bethany.

Ah, quand t'ai-je invité à parler ? le railla le seigneur de la citadelle.

L'interpellé se tut. Il s'était attendu à se faire rabrouer et en avait l'habitude, bien qu'il n'appréciât guère cela. Pourtant, son propos parut trouver son chemin dans l'esprit du vieillard. Ce dernier lui fit signe d'approcher.

Y a-t-il de jolies donzelles dans la troupe ? questionna-t-il à mi-voix, avec un léger sourire.

J'en ai remarquées quelques unes, répondit le jeune homme sur le même ton.

Le sire du Pont, réfléchit un instant. Après tout, la meneuse des saltimbanques avait évoqué la possibilité de chanter les louanges des demoiselles de la famille, chose susceptible de faciliter la recherche d'un bon parti pour celles-ci.

D'un autre côté, reprit-il, le problème qui se pose lorsqu'on a une postérité aussi nombreuse que la mienne, c'est de trouver à marier tout le monde.

Le vieil homme marqua une courte pause.

Six cerfs d'argent en déduisant le spectacle et la chanson, conclut-il. Vous aurez le gîte et le couvert pour la nuit et je veux entendre au moins une ébauche du couplet que vous réciterez sur mes filles avant votre départ.

La réduction s'avérait assez substantielle pour les saltimbanques, représentant près de la moitié de la somme exigée au départ, et mineure pour la maison du Pont. Après tout, cinq cerfs étaient peu onéreux pour une riche maison telle que la leur, si cela permettait de négocier plus aisément une alliance et les profits qui en découleraient.


* * *


Walda écouta le chant de la petite rousse, une mélodie ravissante à laquelle se mêlèrent bientôt les autres baladins. Toutefois, au lieu de se laisser emporter par la ritournelle, la fille du Tardif se trouva plutôt attendrie par l'émotion évidente d'Hermine, comprenant la douleur de cette dernière. La Grêlée posa sur elle un regard empathique et pensa à la suivre afin de lui adresser quelques mots de réconfort. Cependant, elle se ravisa, songeant que si la jouvencelle s'était éclipsée, cela signifiait certainement qu'elle préférait demeurer seule un instant.

Puis le reste de la troupe entama un nouveau refrain, plus entraînant que le précédent, tandis que Roslin arrivait dans la cour, ayant entendu la musique qui la réjouissait visiblement. Les demoiselles du Pont commencèrent à danser, s'enthousiasmant de la prestation des artistes ; bien que la jeune femme aux iris céladon lançât par moment un œil inquiet vers la direction qu'avait prise la rouquine, espérant que celle-ci pourrait un jour retrouver celui qu'elle aimait et que son avenir s'annoncerait plus doux que ce qu'elle avait connu jusque là.
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Rhonda accepta les termes de Walder sans broncher et donna ses instructions à ses troupes dès son retour. Ils devaient se creuser la tête pour trouver une chanson sur les filles Frey et préparer un spectacle qui contenterait leur hôte. Hermine et les autres jolies acrobates seraient de la partie le soir venu. En attendant, tous mirent la main à la pâte pour vanter la beauté des pucelles des jumeaux, mais ce qui aurait pu s’avérer fort compliqué ne fut finalement pas si difficile. En effet, l’arrivée de Roslyn et la présence de Walda redonnèrent l’inspiration à tout le monde. Telles des muses, leur beauté et leur bonté firent naitre des vers et les notes d’une belle mélodie où étaient louées tant leurs qualités que leur noblesse et celle de leur père ainsi que sa puissance. Pas sûr que les Stark apprécient lorsque cette chanson serait chantée devant Robb, mais il était certain que Le Tardif serait flatté. Cela dit, cet homme n’était probablement pas réellement sensible à ce genre de choses, pas dupe en tout cas, il semblait qu’il n’appréciait cela que parce que cela pouvait lui rapporter et que ça lui était dû.

    Les belles jouvencelles du pont
    M’ont fait perdre la raison
    J’en ai oublier, le prix que j’ai payé
    Pour le traverser, au grand Lord Walder Frey

    Regarder leur doux minois
    Mettrait tous les hommes en joie
    Et les chevaliers, corps et âme se battraient
    Pour les couronner, reines d’amour de beauté

    Les voir fait battre mon cœur
    Elles me mettent de bonne humeur
    Elles sont belles c’est vrai, que dire de leur bonté
    Elles sont tout oui tout ce qu’un homme peut rêver


Le lendemain, en quittant les jumeaux pour la dernière longue ligne droite vers Winterfell, Rhonda promit d’étoffer un peu les paroles et de chanter cette chanson à Robb durant la fête. La vieille patronne de la troupe de saltimbanque tenait toujours ses promesses, surtout quand il n’y avait aucun mensonge dans les paroles de cette ritournelle. C’était le cas, les files du pont étaient belles, mais il fallait prendre le temps de trouver les bonnes filles, les filles de Bethany, Walda, et Roslyn, car les autres n’étaient pas toutes aussi jolies.

Lorsque, quelques lunes plus tard, la troupe repassa par les Jumeaux, honorant le Seigneur du Pont de la promesse de venir égayer les noces de Roslyn avec Robb ou n’importe lequel des mariages de ses filles et petites ou de ses fils et petits-fils, Hermine ne faisait plus partie du voyage. Ainsi, quand la douce Walda demanda de ses nouvelles, tout ce que put répondre Rhonda c’était qu’elle avait disparu le soir de la fête et que malgré les recherches, personne ne l’avait retrouvée… Si un jour Walda croisait la route de Luna, elle pourrait obtenir toute la vérité sur le destin tragique de la rouquine qui avait connu encore bien des déboires avant d’enfin expirer. L’orpheline était morte en donnant naissance à un nouvel orphelin aussi roux qu’elle et aux yeux gris si clairs qu’ils semblaient presque blancs, un orphelin bâtard qui deviendrait loup, comme sa mère adoptive, mais qui jamais ne parlerait.

Mais comment une noble demoiselle du Conflans croiserait une sauvageonne ?

The End


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