La journée avait été chaude et Mace Tyrell tâchait d’émerger péniblement de ses « sommeils d’été » comme il aimait à nommer les siestes qui suivaient ses repas. La formule provenait d’une des réceptions organisées à Villevieille après le dernier hiver où les récoltes avaient été si abondantes ; et par conséquent le repas si somptueux, qu’un sommeil d’une journée entière avait suivi pour une bonne partie des invités. Coïncidence, le soir venu la Citadelle avait officiellement déclaré que l’été débutait et envoyé le corbeau blanc annonciateur de la nouvelle.

Le repas de ce midi n’avait certes pas été aussi somptueux que celui de Villevieille. Bien au contraire il avait été d’un tel ennui que les mestres de la citadelle eux-même auraient pu trouver la situation propice à quelques débats existentiels sur la couleur de l’herbe ou sur les propriétés du crottin de dragon. Son épouse et lui avaient dîné en compagnie de cousins, ou de neveux ou d’une branche puinée des Hightower plus ou moins apparentée aux Redwyne ce qui lui avait valu le privilège de se faire appeler « mon cousin » par le maigre seigneur qui lui avait fait face tout du long. Non que cela puisse l’irriter mais l’attention se mérite, et par les sept enfers il aurait pu au moins faire honneur au plat !

Un valet entra subitement le tirant de son sommeil avec sursaut. Vu l’expression du jeune homme qui lui faisait face la surprise devait avoir été décuplée pour lui. Affichant un air presque malade qui lui rappelait vaguement Stannis il entreprit de former des mots intelligibles :

-Lord Tyroll ; je veux dire Ty… Tyrell un chevallier attend depuis le début de l’après midi dans les jardins que vous le receviez et je… Mais je ne voulais pas vous déranger, je reviendrais quand il…

Mace Tyrell se leva de tout son poids avec un air sévère en regardant le jeune homme. Il  le dépassait visiblement d’une bonne tête.

-Allons mon garçon tu portes mon emblème sur ce qui te sert de vêtement tâche de te comporter en conséquence. Non que la tenue du valet ait été délabrée mais elle était sans commune mesure avec la richesse de celle portée par son seigneur. Il acheva sa phrase en tapant légèrement sur l’épaule droite du jeune homme pour le réveiller manquant en cela de lui faire perdre l’équilibre. Il poursuivit en souriant pour lui montrer que le ton cérémonieux adopté n’avait été qu’une façade : Alors ! Que veut-il ce chevalier ?

-Il, il dit se nommer Feünalk et prétend avoir été convoqué par vous monseigneur.

Ha oui le jeune homme envoyé par Tarly, il a dû patienter toute l’après-midi. A dire le vrai si Tarly avec son caractère renfrogné et sa face sombre qui éloignerait même l’étranger avait pu vanter les mérites d’un de ses hommes il fallait y regarder de plus près. Si en plus le jeune homme en questions savait lire il fallait le garder près de soi. Dans un excès de générosité et aussi parce que l’été n’en finissait pas de s’étendre, il avait eu la faiblesse de l’anoblir. Cela motivera les hommes se disait-il alors, mais le doute l’avait ensuite pris.

Après tout il ne savait que peu de choses de ce jeune homme et mieux valait s’assurer de ses compétences avant de l’impliquer d’avantage dans quelques affaires d’importances. Si toutefois sa fidélité était avérée et que son talent était réel il pourrait s’avérer utile tôt ou tard ; après tout mieux valait avoir à son service une personne jeune et déterminée qui vous doit tout plutôt qu’un quelconque nobliau des bocages qui se soucierait plus de son manoir de campagne de de la vie de son seigneur. La rose à des épines pour se défendre, mais les épines elles-mêmes ne vivent que par la rose. Il sourit de la formule, peut être avait il trouvé ça dans un des bouquins que le mestre lui avait suggéré de lire ça et là ; mais il préférait au fond considérer que la formule venait de lui, oui cela me ressemble.

-Va le chercher.

Plus rapide qu’un essaim d’abeille à l’approche d’un ours le jeune valet parti chercher celui qui devait attendre dans le jardin intérieur depuis un certain temps. Profitant des quelque minutes que durerait l’intermède, Mace Tyrell arrangea un peu son apparence pour recevoir son vassal. Pour être seigneurial il faut en avoir l’air.

Entendant les bruits de pas s’approcher il s’assit dans le large fauteuil ou il avait dormi un instant plus tôt. Devant lui se dressait un bureau massif taillé dans le tronc d’un des barrals qui avaient été abattus il y a de cela… Au fond il ne savait pas très bien mais cela importait peu. La salle était elle-même assez imposante ; pour une fois les roses ne recouvraient pas les murs mais étaient taillées dans la pierre et apposées dans les angles. Bien qu’elle fût une simple salle de travail la « salle blanche » comme on la nommait parfois était imposante. Sur le mur en face du seigneur s’étendait une carte des Sept couronnes taillées dans le chêne représentant les armoiries des principales familles de Westeros. Dans son dos une autre carte taillée elle-même dans le barral représentait le Bief et les seigneuries qui l’environnaient grâce à des détails finement réalisés au pinceau.

La porte s’ouvrit et le chevalier entra seul. S’avançant vers son seigneur il fit les salutations classiques qu’imposait son rang et patienta. Mace Tyrell l’étudia un instant avant de lui préciser la raison de sa présence :

-Mon garçon je suis heureux que tu sois à Hautjardin et j’espère que tu t’y sens bien.

Il saisi le pichet de vin à proximité et s’en servit un demi verre.

-Je t’ai fait venir pour te confier une affaire, disons, délicate. L'on m'a avisé que des informations sortaient un peu trop souvent de nos appartements. Je ne sais pas à qui ils sont destinés mais cela n’est pas pour nous plaire.

Il fixa un instant celui qui lui faisait face le mettant un peu mal à l’aise. Alors qu’il allait prendre la parole, probablement pour demander quelque précisions, Mace le devança :

-J’ai ici deux noms dont je veux que tu te charges. Le premier est probablement le responsable principal de ces activités mais je me garderais d’en dire d’avantage. Je veux que tu l’arrêtes et que tu le ramènes ici ou il sera interrogé. Le second est celui d’une jeune femme qu’il voit trop souvent pour que cela soit innocent, je veux que tu l’approches et que tu te renseignes sur elle. Si tu as des soupçons amène la aussi puis nous verrons.

Il lui tendit le papier plié et ajouta :

-La fête des moissons vient de débuter, essaye de ne pas trop attirer l'attention.

Spoiler:

Assis sur un banc de marbre l'épée au ceinturon attendant sous un soleil de plomb je contemplais les immenses rosiers à la parure jaune symbole de la maison de mon seigneur Mace Tyrell. On m'avait fait convoqué plus tôt dans la matinée mais mon seigneur n'était pas apte à me recevoir, trop occupé d'après les paroles échangées entre deux servantes qui passaient dans le couloir alors que je m'apprêtais à lui rendre visite.
Je m’étais alors occupé à mon tour, très vite je rendais visite à mon cheval au sein des écuries du domaine y constatant qu'il ne manquait de rien. Il fallait le dire les garçons d'écurie sous les ordres de la maison Tyrell savaient y faire avec les chevaux. J'arpentais alors à l'opposé de la forteresse dans un coin plus éloigné la forge ou mon père avait été le forgeron à une époque. Contempler le travail du forgeur en pleine matinée, alors que le soleil vient à peine de se lever est une chose rare et il faut se lever de bonne heure pour contempler un telle travail. Je ressentais une certaine nostalgie  à le regardé œuvré avec force et pourtant une certaine retenue. Le crépitement des braises et les cendres rouges s'envolant perpétuellement vers le ciel était un spectacle qui me réjouissais plus que tout. Outre le fait de venir passé tuer le temps pour pouvoir m'entretenir avec mon seigneur je commandais au forgeron un bouclier dans un alliage mêlant légèreté et robustesse sans en oublier le blason de ma propre maison, celui du renard noir car " Fier et Rusé nous resterons ! "

La journée avançait et après avoir prit un repas des plus décents, car depuis qu'on m'avait anobli je ne pouvais me plaindre d'un quelconque manque en tant que chevalier serviteur des Tyrells. Il fallait dire que mon maître se souciait du bien être des gens de sa cour et de ses chevaliers. Je comprenais que ses gens lui soit aussi dévoué par son prestige mais aussi par sa manière de gouverner. Il faisait bon vivre à Hautjardin et j'avais le sentiment que cela avait son importance pour le prestige de la maison Tyrell mais avant tout pour Mace Tyrell lui même.

Ainsi j'attendais, assis dans la vaste cour de Hautjardin attendant qu'un serviteur me face quérir pour l'entrevue avec mon seigneur. J'étais vêtu simplement mais décemment d'un pourpoint de couleur noir-gris. Je n'avais pas jugé important de mettre une côte de maille car Hautjardin était une citadelle sur pour tout les gens qui s'y aventurais. L'après midi paraissait longue et elle ne semblait pas vouloir se finir sous les rayons du soleil et cette atmosphère presque suffocante ou par miracle de temps à autre une brise légère venait caresser tout mon être. Je contemplais l'architecture harmonieuse et élancée ou les gravures ne manquaient pas. C'est alors qu'un valet vint à ma rencontre me déclarant qu'il étant temps. Promptement je me relevais ma main gauche sur le pommeau de mon épée j'avançais suivant celui ci sans dire le moindre mot.
Un léger stress s'imposa de lui même au fur et à mesure que j'arpentais les escaliers mais l'allure allait de bon train. Très vite nous serions face à l'imposante porte me séparant de mon maître. J'avais hâte mais une certaine gêne, une crainte habitait ma personne car après tout se serait la première fois que j'allais rencontrer celui ci en personne. Passant une main dans mes cheveux ébouriffés je les aplatissaient en arrière puis toquant légèrement contre la porte je pris une inspiration et me lançais.

Je prenais mon courage à deux mains, avançant jusqu’au devant de son bureau ne prenant le temps à de vaines frivolités je le saluais respectueusement m'abaissant au plus bas qu'il m’était possible de me baisser.

Mon seigneur... Oui Hautjardin est un lieu où il fait bon vivre mon seigneur. Lançais je d'une voix basse avant de me relever me postant respectueusement attendant que celui ci prenne la parole.

Il me fixa un instant puis commença à me parler. Il parlait d'une voix assurée, une voix qui sait d'avance ce qu'elle veut de vous et auquel il vaudrait mieux répondre intelligemment et par dessus tout réussir à contenter. Je prenais avec sérieux cette première mission, se serait pour moi la meilleur façon de prouver que ser Tarly ne s'était pas trompé à mon sujet. Je tentais en vain de me convaincre de ces paroles que je ressassais dans mon esprit puis les choses sérieuses commencèrent à s'annoncer. Une affaire "délicate", oui s'était ce dont il était question et la suite de sa phrase ne fut pas une surprise à mon ouïe toujours attentive au moindre mot qui sortait de sa bouche. Il y avait un voir plusieurs personnes en ces murs qui glanaient des informations à l'encontre de mon seigneur ce qui ne me plaisait guère. Très vite je voulais lui faire part d'une première supposition concernant les servants et servantes proche de sa personne, mais il poursuivi me devançant de peu, me ravisant aussitôt soucieux de ce qu'il avait à déclarer.
Mon seigneur semblait déjà bien informé, une bonne chose ce qui me confirmait tout autant qu'il était un lord responsable et qu'il gouvernait avec assurance son domaine et les terres avoisinantes. Je pris délicatement entre deux doigts le papier tendu le fixant un instant avant de l'ouvrir sous ses yeux.


Percius Mourne et... Diana Delaney... déclarais je à voix basse. Que ne fut ma surprise, cela devait se lire sur mon visage qui se raffermit à la vue du deuxième nom qui ne m'était pas inconnu. Diana Delaney, la fille que j'avais croisé il y a quelques jours sur la place du marché avec ça sœur Aaliyah brodeuse émérite qui avait confectionnée le blason de ma famille.
Mon regard fut plus soucieux et plus inquiétant, je ne pouvais nier les faits qui faisait face à mon regard perçant comme scrutant un détail qui n'existait pas, un détail qui aurait pu l'innocenter. Non son nom était belle et bien marqué à l'encre sur le papier je devais m'y résigner. Je prenais alors la parole faisant attention à chaque mot en usant avec précaution.

Mon seigneur si je peux dès à présent vous être utile, je connais cette jeune femme Diana Delaney. C'est une lady habitant je crois les environs cela sera... Sûrement plus simple pour moi de l'aborder dans ces conditions. Je ne vous décevrai pas mon seigneur.

Je lui fit une révérence respectueuse puis me mettait en route pour la fête qui avait lieu aux alentours de la forteresse. Elle sera sans doute la bas me convainquais je avec conviction. Mais une question resta sans réponse, une question que j'allais incessamment sous peu élucider d'une manière ou d'une autre. Diana Delaney... Qui es tu réellement ?

Mace Tyrell fut quelque peu surpris par les propos du jeune chevalier. Ainsi il la connaissait, peut-être était-il impliqué dans tout cela. Peu probable conclu-t-il toutefois, s’il m’avoue cela directement c’est bien qu’il n’a rien à cacher. Les choses devaient aller vite pour que l’opération réussisse et il ne fallait surtout pas que la jeune femme soit mise au courant. Si le bruit de l’arrestation de son maitre l’atteignait elle pourrait informer le destinataire de leurs activités ou fuir elle-même au-delà de ses fiefs. Avant tout il fallait être clair sur la mission.

-Tu la connais. C’est une bonne chose, tache d’en tirer parti, mais ne te laisses pas aveugler, ta mission est simplement de m’amener qui je souhaite voir et de répondre à ce que je te demanderais.

La voix du seigneur avait été plus ferme, il fallait que son jeune serviteur sache se souvenir de ses engagements et qu’il ne se détourne pas de sa route. Mace Tyrell réfléchit un instant. Une connaissance ce n’est jamais bon même si le jeune chevalier voulait visiblement faire bonne impression.

-Bien je crois que nous en avons fini. Si tes services nous contentent tu auras notre reconnaissance, le mestre au dehors te précisera ce qui doit l’être.

Le valet escorta le chevalier jusqu’à l’étage inférieur du palais ou un jeune mestre l’attendait. Sa chaine n’était aussi pesante que celles que l’on pouvait voir au cou de ses semblables. Sans se présenter il précisa au jeune chevalier ce qui devait l’être.

-Bonjour Ser. Lord Tyrell m’a demandé de prendre soin de ceux qu’il vous a chargé d’amener. Vous devez d’abord m’amener l’homme, demain si possible dans les geoles sous le donjon, passez par la porte Est de la forteresse personne ne vous remarquera. Pour la fille je la veux le jour suivant, essayez de lui soutirer tout ce que vous pouvez puis amenez là au même endroit, à la même heure.