[Port-Réal] Le Lutin et l'Orfèvre [PV Tyrion]

Arthur Ambrose « Invité »

An 298, Lune 11, Semaine 4, Jour 6

Port-Réal ne faisait pas partie des lieux qu'avait souvent visité Arthur. La capitale des Sept Couronnes était d'autant plus agitée depuis la tenue de ce fameux tournois, dont l'afflux de population avait entraîné nombre de bagarres, incendies et émeutes, qui avaient même débordé jusqu'à l'intérieur du Donjon Rouge d'après les rumeurs qui étaient arrivées jusqu'à ses oreilles.

Bien que la tension était quelque peu retombée, le sire d'Ambroisie s'était tout de même déplacé avec une garde personnelle, qui non seulement assurait sa sécurité mais dénotait également de son statut de seigneur assez influent.

En effet, Lord Ambrose se déplaçait en son nom propre mais aussi pour assurer les intérêts du Bief, et représentait donc Lord Mace Tyrell, qui n'avait malheureusement pas pu se déplacer. En réalité, sa nomination pour ce déplacement était un choix stratégique de Lady Olenna, qui s'inquiétait des dégâts que son fils pourrait infliger à leur famille s'il était envoyé dans la fosse aux lions, comme la capitale était parfois appelée à Hautjardin depuis le mariage entre le roi Robert et la reine Cersei.

Arrivé au Donjon Rouge sans encombres, Arthur demanda à ses gardes d'aller déposer ses malles dans les quartiers qui avaient été préparés à son attention. Drapé dans une cape noire, il se dirigea seul en direction de la salle du trône, où deux hommes du Guet lui apprirent que le roi était parti chasser avec son frère dans les bois et que Lord Stark était également absent.

N'ayant pas réellement envie de côtoyer les autres membres du Conseil, il grimpa les marches le menant jusqu'au chemin de ronde du château. Cheminant le long de la promenade du Traître, il put apprécier l'air frais provenant de la Néra ainsi que la vue sur le fleuve. En dehors des manteaux d'or, la promenade était presque déserte, c'est pourquoi il remarqua facilement la silhouette de petite taille qui avançait dans sa direction.

A ses habits aux couleurs rouge et or ainsi qu'à sa chevelure blonde, Tyrion Lannister était aisément reconnaissable. Arthur n'avait croisé le fils cadet de Lord Tywin que de loin, et n'avait pas pu se former une opinion à son sujet. Si les rumeurs étaient nombreuses au sujet de celui qui était surnommé "le lutin", Lord Ambrose avait pour habitude de ne pas se fier aux bruits qui courent, ne sachant que trop bien les mensonges et demi-vérités qu'ils pouvaient colporter.

Se tournant vers lui, Arthur lui adressa un salut respectueux de la tête avant de prendre la parole.

- Bonjour, Lord Tyrion. C'est un plaisir de voir un visage familier en ces lieux si vastes. Comment vous portez-vous ?

Tyrion « Invité »

Ce matin là, Tyrion avait assisté dépité au départ du Roi vers le bois pour chasser. Robert emmenait avec lui Renly avec qui le nain aurait bien aimé déjeuner et Jaime avec qui il n'avait toujours pas réussi à parler un moment depuis son arrivée à Port Réal. Il s'était alors rabattus sur ses neveux mais Myrcella était avec sa mère et Tommen étudiait ses leçons avec un septon. Hors de question de les déranger ni l'un ni l'autre... Pourtant, il avait bien besoin de passer un peu de temps réconfortant avec quelqu'un... Il avait surpris ce matin l'intendant de la demeure Lannister en train de préparer la chambre du Seigneur... Et cela ne pouvait avoir qu'une seule signification ! Tyrion reportait depuis presque une semaine son départ pour Castral Roc... Et Castral Roc venait à lui.

Comme étouffé par cette perspective, Tyrion avait alors ressenti le besoin de prendre l'air. Ne trouvant aucun interlocuteur, il se posa la question des putes, mais c'était tout de même un peu tôt... Et son auberge préférée qui était fermée à cause d'une bagarre un peu violente la veille au soir. Il se retrouva donc sur les remparts du Donjon Rouge, observant l'horizon par delà la baie de la Nera.
Le château royal des 7 couronnes était bâti en haut d'une colline et on prétendait que le dénivelé entre les remparts et la mer était des plus impressionnant mais le nain avait connu nettement plus impressionnant, nettement plu haut, nettement plus froid aussi... Les gens qui faisaient circuler ces rumeurs n'étaient jamais montés en haut du Mur, c'était une évidence.

Néanmoins, regarder la mer depuis ces hauteurs fit du bien à Tyrion. Il se senti de nouveau respirer. Il put prendre un peu de recul. Lord Tywin venait certainement à Port Réal pour se rendre au chevet de sa petite fille... Et certainement pour profiter de l'occasion afin d'asseoir plus fermement son pouvoir politique et militaire face à Robert. Sa petite fille avait été blessée alors que Robert et sa garde blanche étaient présents. Leur capacité à assurer la sécurité de la Reine et de ses enfants pouvait donc légitimement être mise en doute et un surplus de soldats Lannister à Port Réal était alors tout à fait justifié et nécessaire...

Tyrion commençait à s'ennuyer à Port Réal, il avait besoin de choses à faire et ce serait peut être l'occasion de placer ses propres billes en indiquant à son père qu'il était disposé à apporter son soutient à la Famille de la manière de son choix. Si Tywin Lannister détestait son fils, il était néanmoins capable de reconnaître sa valeur et de ne pas laisser passer la possibilité de se servir de l'esprit du nain à son bénéfice et à celui de la famille. Tyrion caressait doucement l'idée que son père lui donne l'intendance de Castral Roc...

Revigoré par ses réflexions, le nain quitta son créneau et la vue sur la Nera pour poursuivre son chemin sur les remparts du château. Il vit alors une silhouette qui se dirigeait vers lui. Il ne reconnu pas tout de suite son vis à vis car il ne l'avait pas vu depuis quelques temps déjà. Ce n'est que quand il fut assez prés pour bien discerner son visage qu'il sut à qui il avait à faire. Les deux hommes s'étaient déjà croisés durant différents événements politiques et diplomatiques. Respectant les formalités, il rendit son salut à l'homme lui faisant face.

Lord Ambrose, c'est un plaisir de vous voir pour moi aussi. J'ignorais que vous étiez à Port Réal. J'espère que ce n'est pas une affaire déplaisante qui vous a mené en ces lieux et que vous avez le loisir de profiter un peu de la capitale.

Arthur Ambrose « Invité »

Les gens pouvaient dire ce qu'ils voulaient du fils cadet de Lord Tywin Lannister mais Arthur le trouvait courtois. Un sourire fleurit sur les lèvres d'Ambrose lorsqu'il prit la parole pour lui répondre.

- Cela ne m'étonne guère, je viens tout juste d'arriver. Pour être honnête, j'avais oublié la chaleur et... l'arôme si particuliers de la capitale. Voilà pourquoi je suis venu chercher un peu de fraîcheur sur les remparts.

C'était la plus stricte vérité. Le seigneur d'Ambroisie n'était pas habitué à se trouver dans une ville aussi surpeuplée, tant d'hommes que de bestiaux, au point que les effluves de sueur, de défections et d'autres odeurs indescriptibles en devenaient rapidement insupportables. Les odeurs étaient plus modérées dans le Donjon Rouge mais la chaleur persistait, et rares étaient les endroits où il était possible de trouver un tant soit peu d'air frais. La promenade du Traître était l'un de ces refuges, et si son séjour à Port-Réal devait s'éterniser, il était bien possible qu'il y passe régulièrement du temps.

L'expression d'Arthur se fit plus triste lorsqu'il se remémora ce qui était arrivé à la capitale quelques temps auparavant.

- Je souhaite vous adresser ma plus sincère sympathie pour l'épreuve qu'a enduré la princesse Myrcella. Je n'en reviens toujours pas que ces hommes aient pu lever la main sur une enfant. J'espère que le choc n'a pas été trop dur. Si les blessures du corps guérissent, les meurtrissures de l'âme sont plus lentes à disparaître.

Lord Ambrose n'était pas un saint mais il ne se considérait pas comme un monstre non plus. Il ne connaissait la princesse qu'aux rares occasions où il s'était trouvé en présence d la famille royale mais elle lui était apparue comme une jeune fille aimable et douce. Autant il pouvait imaginer que des gens puissent en vouloir à l'héritier du trône, le prince Joffrey, autour duquel les rumeurs d'actes cruels croissaient de jour en jour mais sa sœur semblait innocente de toute faute. Pourquoi les dieux ne frappaient-ils donc que rarement les coupables et si souvent les innocents ?

Invitant l'héritier de Lord Tywin à marcher à ses côtés le long des remparts, il reprit la parole d'un ton légèrement plus enjoué.

- Pardonnez ce moment d'égarement. Dans mon désir de vous exprimer ma sympathie, j'en ai oublié de répondre à votre question. Rien de bien déplaisant ne m'amène en ces lieux. Lord Tyrell m'a chargé de le représenter à la cour si le roi venait à avoir besoin rapidement de l'aide du Bief. Je compte en profiter pour mener aussi quelques affaires mais je doute que le commerce des plantes vous intéresse, milord.

Port-Réal était un marché demeuré inexploré pour la vente d'ambroisie et Arthur ignorait sincèrement s'il pourrait y réaliser de réels bénéfices, tels que lui en octroyait son commerce avec les mestres de la citadelle mais dans le doute, il en avait amené une petite quantité avec lui. Avec tous les étrangers fortunés qui résidaient dans la capitale, certains avaient peut-être l'usage de cette herbe que les mestres utilisent dans leurs décoctions.

- Mais parlez-moi donc de vos aventures, Lord Tyrion. Aux dernières nouvelles, on disait que vous aviez décidé d'accompagner des frères jurés de la Garde de Nuit au Mur plutôt que de repartir pour la capitale avec le cortège royal. Y êtes-vous vraiment allé ?

Arthur était sincèrement curieux au sujet de ce monument millénaire qu'on disait être le plus grand édifice bâti de la main de l'homme dans tous Westeros. Il n'avait jamais eu l'occasion de se rendre au Mur et se demandait s'il était vraiment aussi haut qu'on le prétendait.

Tyrion « Invité »

L'odeur de Port Réal. A cette évocation délicate, Tyrion ne put retenir un large sourire de déformer ses traits. Port Réal puait. Il n'y avait pas d'autres mots. Quand il était revenu du Nord, après être monté sur le Mur, l'odeur de la capitale l'avait un instant agressé. Il était resté un instant comme bloqué d'incompréhension. Comment était-ce possible que l'odeur de la ville ait autant changé en quelques lunes ? Puis il s'était rendu compte qu'il avait pareillement été choqué par l'odeur nauséabonde de la capitale à chaque fois qu'il s'y était rendu. C'était juste qu'après quatre ans à vivre dans ces murs, il s'y était accoutumé. Il n'était d'ailleurs revenu que depuis un peu plus d'une semaine et déjà il n'était plus gêné par les effluves. Mais il ne pouvait décemment dire à un noble qu'il allait s'y faire... Il était tout de même amusant que Lord Arthur traduise cette pesante puanteur par une impression de chaleur. A n'en pas douter, il faisait plus chaud dans le sud mais l'air, ici, ne circulait pas. C'était assez surprenant vu que la ville était construite sur une colline mais c'était un fait. Et c'était la raison pour laquelle, depuis les rempart du château, au dessus de la mer, on avait cette impression de fraîcheur : il y avait de l'air !

Était-ce son évocation d'une cause déplaisante ou tout simplement le visage diforme du nain qui avait fait revenir à la mémoire du brun les événements de la semaine précédentes ? Tyrion n'aurait su le dire mais son sourire s'effaça lorsque Lord Arthur évoqua la blessure de sa nièce. Tyrion, le visage plus sombre, donc, acquiesça aux paroles visiblement pleine d'expérience. Il répondit sur un ton assez nostalgique.

Myrcella a eu peur d'être défigurée à jamais. J'ai réussi à la rassurer sur ce sujet mais vous avez raison, les blessures de l'âme ne guérissent pas... Je pense qu'elle va perdre une partie de sa spontanéité et restera méfiante envers les inconnus. Mais si son entourage n'accentue pas cette angoisse, elle devrait réussir à la maîtriser. C'est encore une enfant, elle a des capacités d'adaptation que nous n'avons plus...

Il sourit. Lui-même n'avait que 24 ans, n'était-ce pas un peu tôt pour parler comme un vieux ? Sur ces mots, Lord Ambrose lui fit un signe pour qu'ils marchent le long des remparts. L'homme eut la bonté d'adopter un pas assez lent pour que Tyrion n'ait pas à lui courir derrière. Du coup, la promenade était agréable pour le nain. Son compagnon de marche évoqua le commerce de plante. Il fallu quelques secondes à Tyrion pour se remémorer de l'évidence : le seigneur d'Ambroisie commerçait de l'ambroisie. Tyrion avait étudié les plantes et un peu tout ce qui aurait pu le rapprocher de la citadelle dans son enfance, quand il cherchait un moyen de déserter la maison familiale. Bien sûr, Père n'avait pas été d'accord. Père n'était jamais d'accord. Effectivement, Tyrion doutait d'avoir l'usage d'ambroisie et ne pensait pas non plus pouvoir aider Lord Arthur dans sa recherche de contacts commerciaux. Il saisit donc l'opportunité de changer de sujet avait plaisir.

C'était amusant comme son passage sur le Mur était devenu de notoriété publique. Tout le monde à Port Réal voulait qu'il raconte se crochet qu'il avait fait. Les Seigneurs de Westeros étaient tous fascinés par le Mur mais aucun ne prendrait le temps nécessaire pour aller y faire un tour et se faire une idée des lieux d'eux même. Certes, c'était particulièrement loin... Mais Tyrion avait l'habitude d'être l'attraction du coin et l'être parce qu'il avait fait ce que les autres n'osaient faire était nettement plus valorisant que ce à quoi il était habitué. De plus, il s'était engagé auprès du Lord Commandant d'aider à grossir les rangs de la Garde de Nuit et parler du Mur était l'un des meilleurs moyens de le faire.

J'ai effectivement fait ce voyage. Benjen Stark était de passage à Winterfell quand nous y avons séjourné et il retournait au Mur en même temps que partait le cortège royal. J'ai toujours été curieux de voir le Mur, j'ai saisi l'occasion. Je doute qu'elle ne se représente à nouveau. Quant à dire que ce sont des aventures, je ne pense pas que le terme soit approprié. Je n'ai voyagé que par des routes royales, toujours accompagné et escorté, je n'ai rencontré aucun bandit et j'ai été logé à Chateaunoir comme un invité de marque. J'aurai tendance à dire que j'ai retenu trois choses du Mur. La première c'est qu'il y fait particulièrement froid.

Il fait froid, il fait froid et il fait froid, auraient pu être les trois choses mais Tyrion avait toujours son objectif et il comptait bien y arriver. Il avait volontairement omit d'évoquer Jon. Nul n'avait besoin de savoir qu'il s'était pris d'amitié avec le bâtard de la nouvelle Main.

La seconde, c'est l'impression d'être minuscule. Bien sûr, je pars avec une certaine avance dans ce domaine mais le Mur n'est pas une construction anodine. Voyez vous la hauteur d'ici au port ? Comptez deux fois cette hauteur et vous serez encore loin de la réalité. Quant à la dernière... C'est assez triste à dire mais la Garde de Nuit est dépeuplée. Quand on sait à quoi elle sert, on est bien content de vivre dans le sud...

Arthur Ambrose « Invité »

Le sourire de Tyrion le distinguait plus que sa petite taille du reste de sa famille. Il ne se souvenait pas d'avoir jamais vu Lord Tywin sourire. Quant à ses autres enfants, le sourire de Ser Jaime était toujours moqueur, et celui de la reine... il tenait plus de la hyène que du lion à ses yeux. En revanche, le fils cadet de Tywin était d'un naturel jovial et il y avait quelque chose de sincère dans son expression.

Arthur écouta le jeune homme parler avec gravité, mais ne put s'empêcher de sourire en entendant ses derniers mots au sujet de leur âge.

- Vous êtes encore un jeune homme, Lord Tyrion et quelque chose me dit que vous aiguisez vos capacités intellectuelles comme d'autres aiguisent leur lame. Au sujet de la princesse, peut-être que des distractions lui feraient du bien ? Un voyage à Castral Roc par exemple ?

La promenade le long des remparts, et notamment l'air frais et certainement moins nauséabond, fit le plus grand bien aux narines et à l'humeur du seigneur d'Ambroisie. Il écouta avec grand intérêt les paroles de l'héritier présomptif de Castral Roc au sujet du Mur, et ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il lui confia qu'il y faisait froid.

Arthur avait entendu parler de Benjen Stark, frère cadet de Lord Eddard et Premier Patrouilleur de la Garde de Nuit. Après tout, c'était lui qui avait gouverné Winterfell pendant que son aîné combattait aux côtés de Robert Baratheon contre les Targaryen.

- On m'avait dit qu'il était très grand mais je n'imaginais pas à quel point, effectivement. Il faudra que j'y voyage un jour, quand les choses se seront calmées ici. Je suis désolé d'apprendre que les rangs de la Garde sont dépeuplées. Dans la mesure du possible, je propose toujours aux criminels jugés sur mes terres l'option de rejoindre la Garde mais en dehors de ceux là, je n'ai presque jamais rencontré de volontaires.

Le seigneur tenta de se souvenir des leçons qu'il avait reçues il y a bien longtemps au sujet du Mur. Plus d'une quinzaine de châteaux étaient disposés tout au long de l'immense muraille de glace s'il se rappelait bien, mais seule une poignée d'entre eux étaient encore habités, les effectifs de la Garde ayant grandement diminué entre l'âge des héros et l'époque actuelle.

- Les frères jurés sont-ils encore assez nombreux pour contenir les sauvageons ? Il me semble avoir entendu des rumeurs selon lesquelles les raids sont de plus en plus courants dans les terres du Nord.

Tyrion « Invité »

Un voyage à Castral Roc. Quelle idée...
Etait-elle bonne ou non ? Il prit un instant le temps de se poser la question. Cersei ne supporterait pas que Myrcella s'éloigne d'elle dans la situation actuelle. Du coup, envoyer Myrcella à Castral s'était y envoyer Cersei... Et avec la venue de Tywin, elle ne s'éloignerait pas du centre politique du pays. Non, Cersei serait contre, c'était évident. D'ailleurs Tyrion se souvenait assez bien de sa réaction quand il l'avait évoqué...
Quant à Myrcella, prendrait-elle bien le fait d'être envoyée pour un temps dans la ville des Lannister ? Ne risquait-elle pas de la vivre comme une mise à l'écart ? Il lui faudrait de la compagnie... Oui, si Tyrion quittait Port Réal, il proposerait d'emmener la petite. Mais ça semblait impossible dans d'autres conditions.
Mais Myrcella avait des amies à la cours, si Arya était à moitié aussi sauvage que le prétendait la rumeur, elle allait revigorer la Princesse en un rien de temps.

Le sujet du Mur intéressait sincèrement le Seigneur d'Ambroisie. Tyrion se demandait ce qu'un Lord du Sud, politicien reconnu puisque Diplomate représentant les Tyrell, pouvait bien trouver comme intérêt à cette excroissance blanche... Mais Arthur Ambrose semblait parler en son nom propre et non en tant que Lord ou politique. Tyrion, lui, tenta de chasser les souvenirs de la lettre qu'il avait reçue la veille au soir et à laquelle il n'avait pas encore trouvé la force de répondre. Il prit un ton un peu plus sombre pour répondre.

Le Mur n'est pas une destination pour faire du tourisme, Lord Ambrose. Même en plein été et nous ne sommes pas en plein été. Il marque la ligne d'un front permanent. C'est un champ de bataille.

Mais pour répondre à votre question, non la garde n'est plus suffisante. Elle n'occupe plus que trois chateaux et même si les passages sont bouchés ailleurs, les Sauvageons traversent. Ils envahissent le Don et attaque les villageois. Mais les Sauvageons ne sont pas le seul ennemis de la Garde... ni le plus dangereux.

Tyrion frissonna en repensant aux images que la lettre de Jon avaient fait naître en lui. Des yeux bleux comme une flamme dans un corps noir comme une ombre, un froid paralysant, une lame brillante, plein de sang, une main menaçante qui le tenait à la gorge... Une sensation qu'il voulait ignorer, qu'il ne pouvait accepter...

Finalement, il préférait parler des plantes...
Ce n'était pas pour rien qu'il n'avait pas encore répondu à Jon.

Finalement, après un long silence, il demanda d'un ton qui révélait son malaise :

Pourrions-nous changer de sujet ?

Arthur Ambrose « Invité »

Peut-être que le Mur ne représentait effectivement pas un lieu de tourisme mais Lord Ambrose n'en était pas moins curieux de contempler cette édifice dont on disait qu'il mesurait près de sept cents pieds de haut et qui s'étendait d'un bout à l'autre du continent. Il n'existait pas semblable construction dans tout Westeros et, à sa connaissance, pas non plus de l'autre côté du Détroit.

Les nouvelles du jeune seigneur de Castral Roc n'étaient guère réjouissantes. Arthur n'avait jamais douté que le Mur représentait une ligne de front mais il ne pensait pas que la situation était aussi préoccupante. Le fait que seulement trois châteaux soient gardés, et que les sauvageons arrivent à traverser de leur côté du Mur si fréquemment n'était guère rassurant. Toutefois, le sire d'Ambroisie était davantage curieux au sujet de ce mystérieux ennemi dont Lord Tyrion venait de mentionner l'existence sans pour autant en dévoiler l'identité.

D'ordinaire, Arthur l'aurait sans doute interrogé à ce sujet mais il reconnut sans peine les signes d'une nervosité certaine chez le jeune homme, et ces signes s'accentuèrent lorsqu'il lui demanda d'aborder un autre sujet. Se promettant d'employer son réseau d'informateurs pour creuser la question, Lord Ambrose décida d'accéder aux souhaits de son interlocuteur et lui adressa un sourire avant de prendre la parole à son tour.

- Mais certainement. Il me semble que vous n'êtes pas encore marié, milord. Avez-vous une fiancée en vue ? Ou bien quelque femme qui aurait attiré votre regard ?

Les exploits du jeune seigneur auprès des prostituées n'étaient un secret pour personne mais, contrairement à d'autres nobles de Westeros, ceux du Bief étaient, à l'image de leurs frères ennemis de Dorne, plus ouverts sur les plaisirs de la chair que leurs voisins plus au nord. Ainsi, Arthur ne jugeait pas le moins du monde Tyrion au sujet de ses aventures nocturnes avec des filles de joie mais il s'interrogeait sincèrement sur les projets conjugaux de Lord Tyrion. Après tout, même si Lord Tywin venait à lui refuser Castral Roc, il resterait un riche seigneur de noble naissance et les offres de mains ne devaient pas se faire si rares.

En tous les cas, il espérait que le sujet soit suffisamment éloigné du précédent pour changer quelque peu les idées de Tyrion.

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