Le silence des jardins
Année 298 – Lune 12 – Semaine 4 – Jour 3
Jardins du Palais Vieux – Lancehélion

La journée était terminée pour Edmund et il se promenait silencieusement dans les jardins du Palais Vieux. Le soleil était couché et l'air était de nouveau devenu frais. De nuit, le jardin d'ordinaire coloré et vivant avait une allure assez inquiétante avec les différentes ombres dansantes sur les murets. Personne d'autre n'était présent, mais l'on pouvait entendre quelque voix provenant des fenêtres ouvertes du palais. Le dornien avait passé sa matinée dans la bibliothèque et son après-midi à s'entraîner avec la jeune Elia Sand avec qui il commençait à bien s'entendre malgré des débuts difficiles. Lance contre lance, la fille d'Oberyn Martell arrivait à se défendre, mais dès lors qu'il avait changé d'armes et opté pour deux épées, elle perdait ses repères et n'arrivait plus à faire ce qu'elle désirait.

Edmund sauta sur un muret du jardin et s'adossa le mur à côté. Une torche placée au-dessus de lui, lui permettait de sortir et de feuilleté un ouvrage qu'il avait pris de la bibliothèque le matin même. Il s'intitulait « Les deux visages du serpent » et c'était Ser Irwin qui le lui avait conseillé pour sa simplicité. Il commença à feuilleter quelque page passant de la récupération des matières premières à sa fabrication et ses effets. Oberyn ne lui avait pas précisé la raison pour laquelle il devait s'intéresser à ce sujet, mais le prince devait effectivement avoir une raison derrière la tête. Attiré par un bruit de fenêtre, le Gargalen releva la tête et vit bien des étages plus hauts, Elia assise sur le rebord de sa fenêtre en train de scruter l'horizon l'air rêveur. Elle ne l'avait pas remarqué et il attirera son attention en imitant le chant d'un oiseau en sifflant. Une fois qu'il s'était fait remarquer, il lui faisait signe de rentrer, mais la jeune Sand têtue comme à son habitude se contenta de l'ignorer et releva la tête. Edmund rigola légèrement et se replongea dans sa lecture. Il regarda par-dessus on épaule en entendant des bruits de pas, mais il ne vit personne arriver dans sa direction. Jetant un coup d'œil discret de temps en temps vers Elia, il continuait sa lecture en faisait attention à chaque détail, et en mémorisant chaque conseil que pouvait lui offrir le précieux livre.

L'espace d'un instant Edmund avait cru au sérieux de son ami, mais cela ne l'empêcha pas de rigoler une fois sa plaisanterie au grand jour. Il était vrai qu'il s'était rapproché de Lady Lance ces derniers temps, elle lui rappelait sa plus jeune sœur Erena. La remarque d'Ulwyck était juste et Edmund n'y avait pas vraiment fait attention, mais il était vrai qu'entre les entraînements et les heures passées à la bibliothèque, le garde ne faisait pas grand-chose d'autre.

« Hum ? Le livre bien sûr ! Quelle question Ulwyck ! Tu as raison, les mestres ont surement des occupations plus variées que les miennes en ce moment. Mais c'est un ordre du prince et tu sais comment je réagis face à ce genre de chose. »

Edmund regardait le Uller, il n'avait pas énormément changé depuis qu'il avait passé pour la dernière fois la porte de Salrivage. Il avait surement acquis beaucoup d'expérience en combat et ils n'avaient jamais eu l'occasion de s'affronter ces dernières années. Mais pour le moment, il n'était pas armé et lutter à mains nues contre une dague semblait un peu risqué. Il fallait remettre ça à plus tard. Cependant il ne put s'empêcher d'afficher un petit rictus lorsqu'il aperçus Ulwyck sortir une gourde de vin Dornien. Il rigola lorsqu'il commença à le défier et à le menacer. Cela faisait un moment qu'Edmund n'avait pas bu à ne plus pouvoir marcher et cela allait être compliqué de s'en sortir indemne avec Ulwyck comme compagnon de boisson. Il se releva légèrement afin d'attraper la gourde en guise d'acceptation du défi. Une fois le goulot sur ses lèvres, il prit deux gorgées de vin qu'il sentit descendre le long de sa gorge. Edmund de radossa au muret et lança là gourde à Ulwyck.

« Alors sache une chose mon vieil ami ! Je ne rends pas de visites nocturnes à ta nièce ! Je sais que le vent du Nord apporte quelque une de ses sombres histoires, mais pas de ca chez moi » Edmund rigola et se tut pendant quelques secondes. « Tu sais Elia me fait beaucoup penser à Erena. Il ne se passe presque aucune journée sans que je ne reçoive un corbeau de Salrivage de sa part m'indiquant sa volonté de venir ici, à Lancehélion. J'y ai réfléchi et ces deux jeunes filles pourraient s'apprécier qui sait. Ce qui permettrait à Erena d'être un peu plus libre et moins sous l'influence de mon père et de Damion. Ici, nous pourrions reprendre l'entraînement là où nous l'avons laissé. Qu'en penses-tu Ulwyck ? Mais assez parler de moi ! Toujours en train de courir la gueuse de ton côté, je parie ? »

Edmund rigola, le vin commençait à effacer le coté froid pour lequel les deux épées de Dorne étaient connues.

Edmund sauta de son muret et déposa son livre dessus. Il alla se placer devant Ulwyck, se saisit de sa gourde et en prit une gorgée.

« Tu dis ça comme-ci je n’avais jamais bu ! Dois-je te rappeler Uller avec qui j’ai commencé à boire ? Avec toi exactement ! Une fois ton contenant vide, on ira terminer cette besogne à la taverne ! Comme au bon vieux temps ! N’est-ce pas ! »

Il redonna la gourde à son propriétaire et grimpa sur l’un des remparts adjacent aux jardins pour y observer la ville en dessous. Même à cette heure-ci elle semblait toujours vivante, toujours en mouvement. On pouvait très clairement distinguer l’emplacement des tavernes et des autres bordels grâce au monde qui s’agglutinait autour de ces bâtiments. Le Gargalen n’avait plus envie de passer sa soirée à lire dans les jardins, ils allaient bien trouver quelque chose d’intéressant à faire dans la ville. A vrai dire, il ne voulait plus rien entendre à propos de serpent, de flèche ou de dague empoisonnée ou de poison en général. Il se tourna pour faire face à l’un des murs du palais et pouvait constater que la jeune Elia était de nouveau rentré dans sa chambre pour aller dormir. Enfin c’est ce qu’il espérait et donc il n’avait plus besoin de garder un œil sur elle. Il rejoignit les deux hommes en contrebas.

« Mes amis ! Permettez-moi d’emmètre un doute quant au fait que la gourde de notre cher Ulwyck puisse nous suffire pour toute la soirée. Je propose donc que nous allions faire un tour en ville histoire de nous faire une réserve ou même de nous arrêter dans une taverne. Ça nous permettra de voir du monde en plus. Alors qu’en dites-vous ? »

Edmund vérifia que sa dague était toujours présente dans son dos, il ne voudra en aucun cas ce trouver désarmé pendant leur petite balade. Sans aucun doute qu’il n’en n’aura pas à s’en servir, mais l’on est jamais trop prudent.