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[Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière

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MessageSujet: [Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière [Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière Icon_minitime28.05.15 0:10

Myr, 299, dernière semaine de la Troisième lune


[Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière Latest?cb=20130606060257&sa=X&ei=sE5mVbrgCcuBU_SOgYgM&ved=0CAkQ8wc&usg=AFQjCNFuWwke5AJXwXsqU-nlv8oh_RLmnQ


Un compaing m'a dit un jour : Si tu ne supportes plus le ciel bleu d'Essos, achète de belles bottes, tu sauras quoi regarder quand tu pisses. Eh bein, mine de rien, il était censé, le trognon, de bien belles chausses comme ça, ça te rappelle pourquoi tu gagnes de l'argent. Faut dire, ça me change des godasses puantes que j'ai traîné de Westeros, au cuir tellement assoupli qu'on distinguait mes orteils au travers. Allez, la prochaine fois que j'ai un contrat, j'fais de nouveau équipe avec le Chenu et j'aurai de nouvelles froques à contempler à la sortie de l'auberge. Ou peut-être même une lame moins émoussée, ça m'évitera d'entendre brayer celui qui la prendra dans le bide pendant une heure avant de rendre l'âme. Il ricanait bêtement, seul, une main pour empêcher son pantalon dé-ceinturé de chuter jusqu'aux genoux, l'autre rangeant le dragon d'or auquel il s'adressait dans sa besace. T'es pas fort bavard, ajouta-t-il avec une pointe de déception à l'intention du portrait qui était gravé sur l'une des deux faces, puis, réalisant qu'il n'avait plus rien à ajouter, se soulagea entre deux caisses en contemplant les structures portuaires et la mer qui se dessinait entre les mâts des navires à quais sous le soleil de quinze heure.

Les vautours tourbillonnaient en cercle pour se disputer les corps des malheureux dans leurs cages pendantes ayant succombé à la captivité, les dockers chargeaient des monceaux de tonneaux sans repos comme des bagnards et les équipages de nouveaux arrivants de Westeros donnaient l'impression de fondre comme du beurre sur une poêle trop chaude tant ils suaient et allaient s'étaler au moindre carré d'ombre. Un homme saoul se faisait propulser par la peau des fesses au dehors de la taverne dont venait de sortir Tomkin pour déverser trois des quatre bières qu'il y avait cuvé sur les marchandises d'un commerçant plus ripoux que le malandrin moyen lui ayant escroqué quarante liards la veille même. En somme, une journée comme une autre pour qui connaît Myr et son agitation quotidienne propre aux cités libres d'Essos.

Un petit groupe de coureurs lui fit tourner la tête à droite, bousculant son fourreau dans leur empressement. Tomkin n'eût pas le temps de leur jeter une insulte qu'ils n'entendraient pas, par simple vanité, qu'on lui rentrait purement et simplement dedans de l'autre côté. Le cuir de ses bottes résonna d'un bruit mât, aspergé au lieu des caisses visées.

Puteborgne ! Hurlait-il en regagnant son équilibre et en agrafant sa ceinture à la hâte, voilà mes belles bottes neuves déjà crottées ! Il attrapa le bras gauche du responsable au dessus du coude, mettant fin à sa course brutalement. T'as intérêt à avoir de quoi m'en troquer de nouvelles, mon gaillard, ou je me les taillerai au cuir de... Alors que le protagoniste se retournait partiellement pour faire face à celui qui entravait sa route, la mine du mercenaire se figea comme s'il venait de croiser le regard de Méduse, bafouillant la fin de sa phrase en crescendo. Ton dos.

En face, un être irréel qu'il ne parvint pas à départager d'entre la nymphe et le démon, lui crevait l'âme par sa présence transcendant les âges les plus sombres de la sorcellerie. Lugubre, de ses loques et ornements aux filets noirs que jetaient ses yeux de noisette, tout semblait chez elle minutieusement calculé, jusqu'aux derniers des contours qu'assemblait son visage brut sublimé par son étrange peau brune, jusqu'à la moindre tâche d'encre parcourant ses joues d'ébène dont des paillettes d'or s'arrachaient aux éclatants rayons du soleil, pour s'accorder en une formidable fresque d'art vivante.

La stupeur contraint Tomkin à libérer le bras de son emprise avec la honte d'un fanatique découvrant qu'il trahissait son Dieu. Il attrapa sa mâchoire ballante d'une main cherchant à distinguer la vérité de l'illusion et déclara, encore penaud : Ça ne fait aucun doute... C'est toi, la sorcière des mers. Ses sourcils, qui avaient quitté ses yeux écarquillés pour aller se percher sur son front plus haut qu'il ne leur fût auparavant permis, regagnèrent leur place et il laissa échapper une virulente quinte de toux dans son poing, reprenant ses esprits d'une manière ou d'une autre. Je l'savais ! Les marins exagèrent toujours. Pas de vipère dans la tignasse ! Ha ! Je l'savais. Alors comme ça, on course les gredins ?
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MessageSujet: Re: [Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière [Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière Icon_minitime29.05.15 17:05



La blancheur d'aube avait commencé à éteindre les étoiles sur le ciel d'été lorsqu'elle avait pris son poste sur le marché de la Cité encore endormie. Un œil levé sur le cadran solaire indiquait que dans quelques degrés d'ombre, sa part dans ce troc convenu avec le giletier serait faite et qu'enfin sa récompense méritée en chute de tissus serait acquise. Echange de bons procédés entre la métisse et l'un des nombreux couturiers de Myr ou l'artisanat textile particulièrement développé allait lui permettre de renouveler son stock de matière première nécessaire à la confection de ses propres robes. Bien sûr, les globes lorgnaient la dentelle, bien trop luxueuse, bien qu'elle convoitait tout de même ne serait-ce qu'une lamelle qui viendrait achever en beauté un liseré de manches ou rehausser de nouvelles bobettes habituellement de cotonnade.

La coquette mit un terme à ses brèves rêvasseries par une giclée d'eau amenée de ses mains sur son visage maintenant rafraîchit qui se ravit de la brise tiède et parfumée. A quelques mètres de l'étal de tissus flamboyants, le Psylle en tailleur charmait les badauds autant que les écailles bigarrées de son reptile au son du chant vibrant d'un fifre dont les notes se perdaient dans le brouhaha ambiant du bazar et des quelques jeunes filles qui babillaient gaiement devant le spectacle hypnotisant.
Les rayons du soleil murissaient les fruits exposés, qui déjà exhalaient une bonne odeur capiteuse et musquée. Les narines de Tia se dilatèrent et humèrent avec volupté cet arôme exquis.
A bâbord, sous un autre voile d'ombrage, un camelot commerçait avec un noble en habit d'apparat, dont l'escarcelle boursouflant le côté de sa hanche d'où elle pendouillait dévoilait l'opulence de son contenu.
L'Œil avisé de la devineresse ne fut pas le seul à noter le détail et si la concernant, la convoitise n'était pas de mise, il n'en était pas de même pour les quelques chenapans dont les frusques auraient bien mérité quelques coups d'aiguilles autant que de décrassage.

Deux lustres que ses bottillons n'avaient foulé le pavé de la Cité ou rien n'était chambardée, pas même les resquilleurs profitant de la liesse d'une foule dense pour chaparder quelques piécettes pour les plus audacieux. L'attention captée par les petits diablotins regroupés auprès des caisses perpétuellement déchargées par les dockers, elle aurait parié tous ses dragons d'or que les filous harangués par le "chef" plus âgé mais non moins sot, organisaient le prochain méfait. Interrompue par la coupeuse rencontrée plus tôt et qui rapportait le ballot d'étoffes lamellées promis, le temps d'exprimer sa gratitude pour l'offrande suffit à ce qu'elle perde de vue le gang enfantin.
Qu'à cela ne tienne, la sorcière ne pouvait pas canaliser tous les farfadets de cette cité libre d'Essos. Quelques superstitieux pourraient y voir en cette pénitence qu'elle s'autorisait à infliger, un moyen pour elle d'agrémenter le chaudron ou sans peine ils l'imaginaient cuire quelques enfants au milieu d'une forêt qu'elle hanterait la prochaine nuit de pleine lune.

" Essaye de ne pas envenimer ta renommée par quelques supercheries distrayantes pour toi seule !" avait suggéré son amie mercenaire la laissant en ces lieux alors qu'elle était en partance pour un îlot de la Mer d'Eté plus au Sud de la côte Occidentale.
Son jeu presque mesquin d'entretien de cette ambiguïté entre ceux voyant en elle la Prophétesse et ceux l'affublant d'esprit démoniaque, permettait de supporter la plus sombre vérité. Alors oui, elle s'en amusait et en abusait parfois, seulement pour une cause juste, ou bien pour démontrer le ridicule de certains la prenant pour une créature maléfique. " Pas plus, pas moins et que je brûle en enfer si je mens " avait donc était la réponse de Tia, d'une voix d'outre tombe et sous l'œil noir et fixe sur-joué, avant que le rire ne gagne et étire les lèvres charnues presque jusqu'aux oreilles. Même ce matin elle avait usé de ces yeux sombres et effrayants quand elle les écarquillé de la sorte, en dévisageant et houspillant le jeune voleur. Jusqu'à ce qu'elle lise la terreur qui faisait expirer les mots sur les lèvres du terrifié qui ne parvenait pas à lui répondre mais dont le balancement vigoureux de la tête de bas en haut confirmait que le larcin serait rendu sur le champ ! Suite à quoi elle avait relâché ses traits exagérément et volontairement durcis pour la leçon, et lui avait offert son plus beau sourire, ce qui n'avait que moyennement atténué la peur, certes.

Souriante de repenser à la cocasse scène, elle fut tirée de sa rêverie par le giletier mettant fin à sa journée de travail et tendant la pile de tissus pliés, autant de cotonnade, d'imprimés et quelques soieries qui illuminèrent les noisettes ... mais qu'elle ne saisit pas de suite. Dans le coin de son œil elle vit passer devant eux trois des jeunes chenapans qui cavalaient en esquivant la foule et ne put s'empêcher de se lancer à leurs trousses ! " De quoi j'me mêle ?!!! " aurait balancé Rila.
' De leur avenir pardi ! " Diantre qu'elle les aimait en réalité ces petites têtes blondes ... enfin plutôt brunes d'ailleurs pour les Myriens. Mais la métisse tuerait quiconque la soupçonnerait de tel sentiment qui briserait une partie du mythe !

" Mais c'est qu'ils arriveraient presque à me semer les bougres ! " Réflexion à peine achevée que la course est stoppée nette par le bras d'un homme qui enserre le coude et en se retournant menace de se faire de nouvelles bottes avec la peau de son dos avant de lâcher prise en la dévisageant comme s'il venait de se brûler aux flammes de l'Enfer. Mais il ne fut pas le seul à être surpris et décontenancé malgré le discours se voulant léger bien qu'évoquant la Sorcière des Mers qu'il reconnut. Tia crut voir un fantôme, enfin ... les yeux d'un fantôme du passé, la ramenant sur le Nayan et dans l'antre des bras de son défunt. La femme recula d'un pas en s'obligeant à lâcher les prunelles, le temps de calmer le cœur essoufflé et troublé, elle les baissa sur les bottes souillées du liquide même de leur propriétaire !

- Je crois que c'est en partie pour ce genre d'incidents que les gogueneaux existent ... Démasquée sans ma boule de cristal ?! Enchantée, vous êtes ? ... hormis le complice sauveur de trois coupables gredins désormais libres ...

Les yeux glissent sur les fripes crasseuses pour revenir aux prunelles troublantes de ressemblance qu'elle réussit à fixer tout en approchant son visage pour murmurer plus proche de l'oreille

- J'ai laissé la vipère au psylle qui a perdu la sienne ... j'ai bien quelques mygales mais elles siestent ...

Sourire de convenance face au visage masculin qu'elle détaille en attendant que la politesse de se présenter soit respectée par l'inconnu troublant aux cheveux divergents que par la teinte. Plus loin, derrière un mur de caisses entassées, trois Pick Pocket se partagent le larcin de l'escarcelle subtilisée et retournée, qui déverse sur le sol poussiéreux et sableux des quais, les piécettes dans un cliquetis aguicheurs pour leur naïve insouciance.
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MessageSujet: Re: [Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière [Tyrosh & Myr] C'est pas tous les jours qu'on croise une sorcière Icon_minitime02.06.15 18:53

La-dite sorcière se fit bien plus avenante que Tomkin l'aurait imaginé, s'exprimant sur un ton chicaneur amical inattendu. Il en faudrait plus pour effacer ses craintes, néanmoins, l'estimant ô combien terrifiante ; quand bien même sa magie eût été pure fabulations de comptoirs, le magnétisme foudroyant qui l'avait frappé constituait une forme de pouvoir bien certaine.
Il sentit l'irrépressible besoin de ne pas la laisser filer, d'abreuver une curiosité dont il ignorait l'existence même dans son for intérieur, nourrissant l'intime conviction que pour la première fois il regretterait l'absence d'une femme dans sa vie quand fatalement le moment serait venu de la quitter. Quand pour lui souffler quelques mots elle approcha son visage, il frissonna non pas de dégoût à l'évocation des araignées assoupies dans sa chevelure, mais de surprise au plaisir que lui dérobaient les proches vibration de sa voix.
Réprimant ces palpitations inconnues venant gâcher une si tranquille et agréable journée, le mercenaire s'efforça de n'en rien laisser paraître et de conserver l'air simple et suffisant qu'on lui connaissait.

Des mygales, hein ? Vous êtes bien mignarde. Moi, c'est les criquets. Ils sont redoutables ! «Toby Tomkin», mercenaire au compte des Braves Compaings, par le passé jongleur, conteur... Ça m'étonnerait qu'vous ayez entendu parler de moi, cela dit, les matelots s'intéressent guère plus aux baladins qu'aux gens d'magie, si ce n'est pour les entendre chanter des histoires à leur sujet ! Tout en ricanant, il entonna une mélodie connue d'une justesse approximative. Sorcière-sorcière, prends garde à ton derriè... Il s'interrompit en se grattant la mâchoire, l'air bovin et réalisant tout juste l'affront que représentait la chansonnette.

Cherchant à travers ses paupières plissées par l'écran lumineux des poussières claires de Myr quelque autre conversation moins offensante, il observa la ruelle qu'avaient emprunté les chapardeurs une trentaine de secondes plus tôt. Là où ne se compressait qu'un caillot serré de piétons dans les boyaux de la cité, Tomkin, songeur, apercevait l'occasion de mener cette rencontre plus loin qu'un échange de commodités, ou mieux encore, de se faire valoir auprès de celle qui suscitait tant son intérêt.

L'appétit dans vot'regard à la poursuite de ces chiards en dit long sur le genre de soupe qu'on trouve dans vos marmites, riait-il à s'en tenir les côtes. Besoin d'un coup de main ? Ils me feront savoir leurs tours pour mériter la course des belles dames. Et puisque la jeunesse n'est pas la seule à avoir encore beaucoup à m'apprendre, vous pourrez me raconter un peu c'que vous cherchez à Myr.

Il croisait les bras, satisfait par ses babillages et déjà préoccupé de trouver un endroit où discuter.
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