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De l'ennui du voyage ou de ses apprentissages.

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MessageSujet: De l'ennui du voyage ou de ses apprentissages. De l'ennui du voyage ou de ses apprentissages. Icon_minitime23.10.16 9:22

Elle s'ennuyait. Fermement.

A une semaine de route de leur destination finale, Nyella en avait assez. Assez de toute cette poussière, qui virevoltait dans l'air en permanence ; de cette ambiance masculine et par trop virile, rustre, qui l'empêchait de sortir comme elle le désirait. Le soir, par exemple, alors qu'ils pouvaient enfin se reposer, après une journée harassante pour la jeune fille d'une chevauchée interminable ; rien ne semblait plus ennuyeux que de devoir se cloitrer dans sa tente, pour écouter les sermons de sa duègne sur la pudeur des demoiselles et sur la méfiance qu'elles devaient éprouver auprès des hommes. Ses dames ne savaient que lui parler de son - possible - futur mariage, tandis qu'elle essayait désespérément d'élaborer des plans, en cas d'échec.

Et ce soir-là, la valoise n'y tint plus. Il n'était pas question qu'elle reste enfermée un soir de plus, surtout avec deux dames de compagnie malades et une servante ronfleuse. Elle aussi voulait apprendre, participer à l'élaboration des plans de bataille ; apprendre un minimum de stratégie militaire et politique. Même si elle était femme, n'était-elle pas assez intelligente pour essayer de comprendre ? Elle serait destinée à devenir une diplomate, l'artisan de la paix ... alors il n'était que justice qu'elle connaisse un peu de l'univers de son futur, et si possible, avant de le rencontrer.

Nyella Belmore décida d'envoyer sa deuxième servante (celle qui n'était pas trop paresseuse) à la rencontre de son frère. Il ne savait jamais rien lui refuser ; et il apprécierait l'attention de pouvoir lutiner avec une jolie paysanne, certes mal dégrossie, mais aux attributs aussi avantageux que possédaient Gersie !

Cette dernière, ravie de la promenade, accepta aussitôt. Elle aimait cette ambiance de soldats, ces fiers soudards qui lui rappelaient les hommes dans son village natal. Et comme il y avait peu de femmes honnêtes dans le camp, et qu'elle faisait partie de la suite de Lady Belmore, elle était souvent très demandée par ces messieurs. Elle n'avait d'ailleurs pas osé avouer qu'elle sortait parfois de la tente, lorsque sa maitresse et sa redoutable duègne dormaient, pour aller rejoindre le très beau seigneur qui lui faisait toujours passer un moment des plus agréables dans ses bras. Et bien qu'elle savait pertinemment que ce n'était qu'une passade... Gersie en profitait autant qu'elle pouvait. Qui sait, si elle avait un bâtard, il serait même peut-être élevé dans un château !
Ce fut donc avec entrain qu'elle partit à petits pas dans le camp, pour s'annoncer aussitôt à la tente du ser Belmore.
Toute rose, les cheveux emprisonnés dans une coiffe de lin, elle se savait dodue et pimpante : et elle rougit devant le sous-entendu déplacé du garde, qui alla cependant prévenir son maitre de sa présence au bout de quelques minutes de lutinage.

Elle entra dans la tente avec un émoi certain. Le ser Marwyn Belmore était bien là, habillé d'un habit de cuir clouté d'argent, avec trois autres hommes. En train de boire du vin et occupés à un jeu de dés, ils ne lui prêtèrent pas attention tout de suite. Mais quand enfin on lui adressa la parole, la servante rubiconde s'inclina du mieux qu'elle pouvait, ses joues rebondies plus rouges encore.

- "Messer, euh, pardonnez-moi de vous déranger. C'est Lady Belmore qui m'envoie. Elle voudrait s'entretenir avec un chevalier pour connaitre un peu mieux le campement. C'est que la jeune Lady en a assez de broder, je crois, et qu'elle voudrait bien visiter. Mais elle sait que sans un homme, ça pourrait être dangereux, enfin, d'après ce que vous lui avez dit, messer...
- Oui, je sais que tu n'as pas peur, toi ! Mais soit. Si ma jeune soeur a besoin de prendre l'air, je la comprends. Mais je suis actuellement occupé ; cependant si un de mes compagnons désirent servir de protecteur à Lady Nyella, je lui en serait reconnaissant."

Avec attention, il regarda ses compagnons. L'un d'entre eux allaient-ils se porter volontaire ?
En attendant, il garderait la petite Gersie avec lui. Elle ne serait pas de trop pour égayer la soirée, qui avait semblé assez monotone jusque là. Même si elle était parfaitement illettrée, elle n'était pas farouche ; et c'était une qualité qu'il appréciait fortement.
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MessageSujet: Re: De l'ennui du voyage ou de ses apprentissages. De l'ennui du voyage ou de ses apprentissages. Icon_minitime26.10.16 20:09

Une journée de plus qui passait. Tantôt seul, tantôt accompagné par un proche ou ses soldats. Généralement, le silence n'était pas de mise, durant la journée. Les gens riaient de forte voix, les Lords hurlaient des ordres, et les entrainements interminables ne cessaient de susciter les cris. Le soir, certains coins étaient plus calme que d'autres. Les chevaliers discutaient calmement autour d'un verre de vin, certains soldats dormaient déjà, tandis que d'autres picolaient jusqu'à tomber raide mort dans la boue. Cela dit, les gens de l'ost savaient se tenir un minimum, et généralement, le soir était calme. Parfois trop. Sinon, certains lords n'hésitaient pas à les faire taire par leur propre timbre, hurlant de toute voix sur leurs hommes pour qu'ils se taisent. Dans ce cas, Lord Nestor en était un exemple type. Malgré son air irascible et coléreux, il ne semblait pas si impopulaire, même si Wedrar n'écoutait pas vraiment ce que se disaient les soldats entre eux. Il avait eu le privilège de parler à certains nobles, dont Lord Nestor, et son fils Albar, entre autres, et il n'avait rien contre eux. Par contre, eux avaient quelque chose contre lui, forcément. Il le savait, et il n'essayait même pas de s'en cacher. Il avait passé les journées avec plusieurs chevaliers, et surtout avec son cousin. Les deux adoraient parler stratégie et politique, auquel cas ils étaient seuls. Sinon, ils faisaient connaissance avec les autres.

Ce soir là, Wedrar et Iwan étaient avec plusieurs chevaliers. Parmi eux, Ser Marwyn Belmore, fils de Lord Benedar de Forchant. Avec eux, il y en avait un autre dont Wedrar avait oublié le nom. Ils étaient assis autour d'une table dans la tente de Marwyn et discutaient de tout et de rien, attendant patiemment une bonne raison d'aller se coucher, on aurait dit. Ceci dit, cette soirée ne risquait pas de se terminer. Alors qu'ils avaient ouvert une bouteille de vin, qu'ils avaient commencé à boire, et qu'ils allaient commencer à se plumer les uns les autres à des jeux, quelqu'un fit irruption dans la tente. Une jeune fille. Wedrar l'avait vu car il était orienté vers l'entrée. Sachant pertinemment qu'elle n'était venu pour lui, il avait dédaigné la petite. Marwyn brisa son silence dès qu'il la vit. Visiblement mal à l'aise, elle balbutia quelques mots au sujet de Lady Belmore. Wedrar ne connaissait même pas son nom, et il en ignorait l'existence. En tout cas, Marwyn, soit feignant, soit réellement occupé, voulut incomber cette tâche d'extirper sa fameuse sœur de l'ennui à l'un de ses compagnons. Donc soit Wedrar, soit Iwan, soit l'inconnu. Curieux et pensant que cette lady cachait quelque chose, Wedrar tint ainsi à se dévouer.

« Ne t'inquiètes pas, Nyella est une jeune fille très douce. Elle est sympathique, polie… Tu n'as rien à craindre d'elle, à part si tu lui fais des sales coups. » Lui avait dit Marwyn.

Nyella. Voilà quel était son prénom. Après tout, Wedrar n'a jamais rencontré beaucoup de femmes dans sa vie, hormis ses sœurs. Il avait donc beaucoup de mal à s'imaginer une femme irascible et coléreuse, du genre de Lord Nestor. Qui sait ? On disait qu'Ashara était pas loin de ça, dans son caractère.
Dès qu'il finit son verre et qu'il s'habilla de manière plus conventionnelle pour se présenter envers une noble, il prit la direction de la tente de Lady Belmore, dont Marwyn lui avait indiqué l'itinéraire peu avant. Cette fois là, Wedrar portait une tunique mauve, un pantalon marron et des bottes de cuir de la même couleur. Il s'était couvert avec un manteau noir, et s'était enroulé une fourrure autour du cou. Ne lâchant ni son épée, ni son collier, il avait pris une cape violette foncée et portait des gants et un léger plastron de cuir en dessous de son manteau, pour faire un minimum chevaleresque. Il s'était coiffé les cheveux de manière brouillonne et, après avoir salué son cousin, se dirigea vers la tente de Lady Belmore. Après un léger temps d'attente devant la tente de ladite lady, il "frappa" à la tente, avant d'entrer sans attendre de réponse.

À première vue, il se dit « ah merde ». S'il s'attendait à une femme majestueuse et gracieuse, il ne fut pas déçu. C'est son âge qui le surprit. Une adolescente. Elle lui rappelait son frère, en un sens. Ce dernier resté aux Piz le manquait déjà. Wedrar fit sa révérence, avant de s'approcher un peu d'elle.

« Le moins que je puisse dire est que votre frère ne m'a pas menti… » laissa-t-il échapper.

Il ne s'était pas contrôlé sur le coup, et ce commentaire lui avait traversé l'esprit. Il ne prit pas de temps pour de se rendre compte qu'il avait été assez impoli, même s'il n'en fut pas réellement surpris, lui. Pour la fille, il ne préférait ne pas le savoir. Mais bon, tout le monde finira bien par savoir que Wedrar n'est pas l'exemple de la discipline. Lui qui avait désobéi à son frère une bonne dizaine de fois, et qui avait s'était battu avec son cousin Adriaen de lame à lame, lui causant un lourde cicatrice sur la bouche, entre autres. Et mieux ne vaut pas en rappeler les raisons : elle faisait grimacer le jeune homme. Au fond, il respectait son cousin, malgré les tensions, qui terminaient toujours en combat singulier. Il ne prit, cependant, pas longtemps avant de réagir.

« Pardonnez mes manières, Milady. Je suis Wedrar Elesham, Lord des Piz, fils de Braziano, récemment décédé. Si je ne me suis pas trompé de tente, vous devez être Lady Nyella Belmore, fille de Lord Benedar ? Vous m'en voyez enchanté de vous rencontrer. Ser Marwyn m'a demandé (pour ne pas dire qu'il s'était dévoué) de vous faire visiter le camp, comme vous le lui avez demandé par le biais de… de… votre dame de chambre que vous avez envoyé. »

Il regarda longuement la jeune fille, il ne baissait pas la tête. Il devait faire bonne impression auprès de la petite, sinon il en fera les frais aux yeux des grandes maisons. Si pour le moment il n'avait pas de problèmes avec le reste du Val, ce qui l'étonnait de jour en jour, Wedrar ne tenait pas à en rencontrer. Il ne voulait pas passer pour un lâche, un faible ou un peureux. En bougeant sur le côté sans quitter la jeune fille des yeux, même du bout du regard, il hésitait légèrement à reprendre la parole. Mais il la prit tout de même, il devait agir du tac-au-tac, sans réellement lui laisser le temps de parler. Peut être une autre erreur d'impolitesse.

« Si vous voulez, nous pouvons partir dès maintenant, ou alors nous pouvons rester ici, un peu, si vous le désirez. Vos désirs seront des ordres durant cette soirée. Le camp est assez grand, mais tout n'est pas très intéressant. Mais je vous laisse décider de la marche à suivre. »

Il avait le visage impassible. Wedrar savait pertinemment qu'il ne devait rien laissé transparaître. Ni sa peur, ni son anxiété, ni sa curiosité. Rien. Il le voulait, et se l'ordonnait. En attendant une réponse, il s'amusait à regarder autour de lui et explorer du regard la grande tente de la dame Belmore. Il gardait toujours un œil sur la Dame, pour analyser sa réaction et resta attentif à toute réponse et s'apprêtait à tout moment à un interrogatoire, sans savoir pourquoi, dirait-on.
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