De cette discussion, il devait bien avouer qu'il avait tiré déjà quelques enseignements sur la jeune femme et sur les Farmans que ce triste sire de Sebaston avait bien pu mettre au monde. Il ne manquait pas de fierté, ils étaient bien plus Farman que ne le serait jamais son frère et cela, ça lui réchauffait légèrement ce cœur qu'il avait et qui était devenu si froid au fil des années. Bien que malgré tout cela il exécrait encore son frère d'oser vendre la sa fille à un Lannister pour un mariage qui n'avait que de nom celui-ci. Ces mêmes Lannister qui quelques années plus tôt s'était permis d'envoyer un ménestrel à Belcastel chanter à sa famille la perte qui leur était promise. Il se souviendrait de cette nuit jusqu'à la fin de sa vie, c'était cette nuit-là qu'il avait pris la décision de quitter Belcastel, cette nuit où la bêtise de son frère avait failli conduire à la perte de la noble maison Farman. Réfléchissant à tout cela, il ne s'étonnait guère au final du choix de son frère de s'allier avec les Lannister, si Sebaston n'avait rien pu avoir par la rebellion, il tentait d'avoir par la soumission.

Quelle triste Lord pour la belle maison Farman.

Lorsque la blonde en revint à ses fils, il mit ses mains tranquillement dans le dos, enserrant son poignet et redoutant une discussion qui ne lui plairait probablement que très peu tant ses fils étaient ses joyaux et qu'il refusait à l'idée simple de savoir que son frère pouvait se mettre en tête de les chercher. Il se doutait bien de la question qu'elle lui posa, c'était une question qu'il attendait avec une pointe d'enthousiasme. Pourquoi ? C'était la question qu'il s'était posé pendant si longtemps, pourquoi est-ce les sept s'étaient amusés à faire en sorte que lui et son frère ne s'apprécient point ? Il esquissa un sourire, décroisant les bras de derrière son dos pour se frotter légèrement la barbe avant de jeter un regard en face d'eux comme si quelque chose s'y trouvait.

- Sebaston, Jeyne, Denys, ils ont.. beaucoup de qualités mais ils ont aussi un tas de défauts et je suis par ailleurs surpris, pour être franc avec vous chère nièce, que notre maison soit encore debout avec ces trois-là à leur tête. Il reposa tranquillement son regard sur Silithia avant de continuer.Jeyne et Denys.. ils sont comment le dire... suffisant à une condition où personne ne leur porte d'intérêt sans compter que Jeyne est.. plutôt vide. Il détestait dire cela mais en même temps, elle lui avait posée la question d'elle-même. Votre père est différent, il est trop impulsif et trop rancunier. Il aurait pu nous coûter bien plus que nos vies il y a maintenant fort longtemps.

Tout cela, c'était une vieille histoire de rancune entre frères comme il en existe des milliers dans ces contrées et Cleyton en était parfaitement conscient. Seulement, il ne pouvait pas.. ne devait pas accepter l'idée de demander pardon à son frère car il savait qu'il ne supporterait en aucun cas les fanfaronnades qui suivraient de la part de celui-ci. D'autant plus qu'il était bien trop fier et que voir ces fils risquer de s'enliser dans un régime d'auto-suffisance était hors de question à ses yeux. Il préférait encore mourir plutôt que de laisser cette idée devenir réalité.

Aux paroles suivantes de sa nièce, il fut partagée entre deux sentiments : d'un côté sa sureté concernant l'avenir d'une Farman au Donjon Rouge et de sa future présence dans la garde royale lui réchauffait le cœur. Il n'était peut-être pas le seul après tout à espérer de grandes choses de cette maison sans que cela ne passe par une soumission totale à ces chiens de Lannister. D'un autre côté si elle pensait que le donjon rouge ne regorgeait que de vipères qui diffusaient des ragots, elle était bien crédule, cette pauvre enfant. Les vipères n'étaient pas qu'au Donjon Rouge mais partout autour d'eux, il ne donnait même pas cher que si on les reconnaissait dans la rue, leur rencontre irait jusqu'aux oreilles de son frère ou même de la reine ou de n'importe quelle servante qui nettoyait la pisse du Roi. L'autre fait était que certaines mordaient réellement.. combien de fois avait-il pu les voir à l'œuvre ? Beaucoup trop de fois à vrai dire pour qu'il ne s'occupe plus que de les ignorer désormais.

Ces dernières paroles arrachèrent un sourire à Cleyton, il n'était donc vraiment pas le seul à croire que quelque chose était encore possible malgré tout.

- Notre vraie valeur nous la connaissons tous les deux et il est une bonne idée que de la faire resplendir. Seulement je ne serais que trop stupide de ne pas vous recommander ma chère nièce de vous méfier. Ici, il y a bien pire que les vipères que vous me décrivez, il y a bien pire que tous ces rats qui veulent entrer dans les bonnes grâces des quelques grands seigneurs qui viennent de temps en temps baisser leur culotte devant le seigneur des lieux. C'est une ville où tout le monde a une ambition et où tout le monde veut la réaliser et si j'ai bien appris une chose Lady Farman c'est que l'ambition peut faire faire aux gens les pires bêtises et peut leur coûter bien plus que la vie. Soyez prudente avec tout ceci, ne faites jamais d'erreur ma nièce et nous nous retrouverons en haut des tours et des donjons. Faites une erreur et nous nous retrouverons tous aux geôles.

Il ne put réprimer un autre sourire tout en tapant légèrement dans ces mains, il savait qu'il n'y avait que peu de chance qu'elle réussisse un jour mais si elle le faisait alors il ferait en sorte d'être présent pour voir tout cela, pour voir l'œuvre de sa nièce, pour voir que Sebaston n'avait pas prduit que des mauvaises choses dans sa vie.

— Sebaston, Jeyne, Denys, ils ont.. beaucoup de qualités mais ils ont aussi un tas de défauts et je suis par ailleurs surpris, pour être franc avec vous chère nièce, que notre maison soit encore debout avec ces trois-là à leur tête. Jeyne et Denys.. ils sont comment le dire... suffisant à une condition où personne ne leur porte d'intérêt sans compter que Jeyne est.. plutôt vide.

Silithia sourit en coin, hochant lentement la tête avant de dévoiler ses dents dans un léger rire. Elle comprenait peu à peu que Cleyton n’en voulait pas qu’à son père, mais aussi à son oncle et sa tante. Il s’était écarté de sa famille, s’était enfui vers la capitale et n’était plus revenu. Celle qui bientôt serait lionne n’avait que très peu connu cet oncle rancunier, et pourtant elle se souvenait brièvement du jour où il était parti. A cette époque, elle était encore douce et innocente – une enfant. Le temps avait fait d’elle une femme, et la femme était devenue vipère. Lui, n’avait pas changé malgré le temps – il avait gardé en lui sa rage, attisant ce brasier au fond de lui sans même penser à pardonner un jour.

— Votre père est différent, il est trop impulsif et trop rancunier. Il aurait pu nous coûter bien plus que nos vies il y a maintenant fort longtemps.

Il avait raison – et pourtant, ces paroles firent sourire Silithia. Elle avait appris à sourire quoi qu’il arrive – qu’on la provoque ou qu’on l’insulte, elle savait garder ses lèvres délicatement ourlées, et écoutait attentivement avant de répondre – et de répandre son venin.

— Jeyne est tout ce qu’il y a de plus vide, le corrigea-t-elle avec assurance. Et elle a fait un mauvais mariage. Sans doute parce qu’elle ne compense pas ce néant intellectuel par un visage charmant. Elle se fendit d’un sourire moqueur. Pour ce qui est de mon père, je pense que vous êtes bien mal placé pour parler de rancune… Mais vous avez raison, c’est ainsi qu’il fut. Aujourd’hui, il est plus âgé et plus sage. Et il a appris à écouter les bonnes personnes.

Disant cela, elle lança un regard lourd de sens à son oncle – il l’écoutait elle. Voilà ce qu’il y avait à faire. La belle ne s’inquiétait plus vraiment de son frère ; celui-ci avait perdu. Là où elle offrait puissance et richesse à sa maisonnée, lui ne parviendrait sans doute pas à en faire de même.

L’ambition évidente de Silithia sembla intéresser Cleyton – et bien qu’il ne baissa pas sa garde, restant méfiant à son égard, il parut agréablement surpris. Il la mit en garde contre les vipères les plus dangereuses de la Cour, et la jeune femme balaya ceux-ci d’un geste de la main, tournant vers lui un regard confiant, reprenant à voix basse.

— Je n’ai pas peur de ces gens-là. Je suis prête à tout. Je suis prête à absolument tout pour que les Farman retrouvent de leur superbe, qu’ils s’élèvent plus haut qu’on ait pu l’imaginer – et les Lannister paieront. Je leur ferai subir au centuple ce qu’ils ont osé faire aux Reyne, ce qu’ils ont imaginé pouvoir nous faire. Elle sourit légèrement, l’ambition parlant pour elle et faisant naître une lueur bien particulière au fond de ses yeux de glace. Ne croyez surtout pas que mon père m’ait vendue à Tyrion – il m’a laissée décider de mon sort, et j’ai fait le meilleur choix, croyez-moi.

Le chevalier de la maison Farman hochait tranquillement la tête aux paroles de la Lady de Belcastel. Ils étaient bien d'accord sur certaines choses. Jeyne était une créature que Dieu avait doté de deux choses qui s'annulaient entre elles : une belle naissance et une piètre intelligence. Cleyton ne la détestait pas, du moins s'il la détestait ce n'était pas autant que ses deux frères. Elle était simplement ce qu'elle était à ses yeux : une femme qui ne ferait jamais rien d'autre qu'écarter les cuisses pour un piètre mari. Elle aurait pu avoir bien plus que cette pauvre âme qu'elle avait mariée... quoiqu'il s'était toujours dis qu'il aurait fallu quelqu'un d'autre d'aussi bête pour la vouloir sans qu'on le force. Il n'avait par ailleurs jamais rencontré les enfants de celle-ci, enfin si mais il ne les avait plus vu depuis bien longtemps. Tellement longtemps à vrai dire qu'il ne saurait même point les reconnaitre si l'on les lui mettait en face. Quoiqu'il aurait juste à choisir ceux qui avaient l'air les plus niais. Alors à la fin des mots de sa nièce, il ne put réprimander un sourire sincère. Sur Jeyne, ils étaient tous les deux d'accord : la beauté ne rendait pas nécessairement intelligent.

Sur la suite des mots de la jeune femme, son sourire s'effaça légèrement. Elle lui faisait morale sur sa rancune ? Elle n'ignorait pourtant plus que quelques raisons du pourquoi et du comment il était aussi virulent à l'égard de Sebaston. La rancune, Cleyton l'avait vécu toute sa vie. Il l'avait vécu de sa plus tendre enfance jusqu'à ces jours. Il avait été marié dans cette idée là, il avait élevé ses enfants dans cette idée là. C'était comme ça qu'il voyait Belcastel, un nid remplis de vermines qui aussi sympathiques puisaient elles paraître, elles ne l'étaient pas. Cependant, le fait de savoir que Sebaston avait peut-être assez vieillis pour devenir un homme sage titilla sa curiosité. C'était comme si la jeune Farman avait réussi à trouver un appât assez intéressant pour commencer à tenter de ramener doucement sa ligne. Cleyton voulait en tout cas bien voir cela, voir et vérifier si son frère était bel et bien devenu ce qu'elle prétendait qu'il était désormais.

Ce ne fut que la suite qui rappela à Cleyton que tout cela n'était probablement que des faussetés. Lorsqu'elle lui fit part de ses réponses à ses avertissements, il pris un air plus grave, plus sérieux, plus morose. Elle était jeune, elle pensait être intouchable par tout cela, elle pensait que rien ne pouvait l'arrêter et que même si quelqu'un se mettait devant elle, elle le broierait. C'était Sebaston qu'il reconnaissait dans cette façon d'être. Elle ne s'imaginait peut-être même pas qu'à cet instant précis n'importe qui pouvait entendre cette discussion et les poignarder dans le dos. Le jeu des trônes pouvaient paraître intéressant aux premiers abords voir exaltant dans un monde où les jeunes nobles n'avaient que l'ennui comme compagnie mais rien de tout cela n'était bon. Au fil de sa vie Cleyton avait appris comment était Port-Réal, il l'avait domestiqué et il s'inquiétait, bien malgré lui, de ce qu'il pouvait arriver à sa maison et à cette jeune femme qui semblait avoir l'ambition pour foi.

- Ce ne peut que me réjouir que de savoir que vous êtes prête à tout pour que le nom que nous portons communément brille et qu'on le connaisse jusqu'aux contrées d'Essos. Il marqua une petite pause dans son récital, dévisageant la demoiselle. Néanmoins, et malgré le fait que je me réjouis de vous voir porter une telle ambition, il me faut vous remettre en garde ma chère nièce. Tout cela semble fort facile à dire mais la lionne à des oreilles qui vagabondent à bien de nombreux endroits ici. Il soupira doucement, dévisageant toujours la jeune femme. Quand au nain et bien... c'est un choix qui vous appartient apparemment Lady. Il reste un Lannister à mes yeux mais si cela est votre choix alors tant mieux pour vous, vous avez au moins le pragmatisme du pouvoir à défaut d'avoir l'amour ou quelques autres sottises que ce soit.

Se caressant doucement la joue qui commençait à vieillir avec le temps et ce malgré son relative jeune âge, il esquissa un nouveau sourire et un léger rire avant de reprendre son sérieux et de reprendre la conversation avec sa nièce. Plus je vous parle Silithia et plus je me dis que toutes ces promesses de grandeur que vous semblez vous faire et nous faire deviennent intéressante. Mon corps n'appartient peut-être plus à Belcastel mais mon cœur en dépend encore. Alors si vous désirez quelque chose chère nièce, vous savez bien que nos ambitions personnelles dépendent bien potentiellement l'une de l'autre. Son sourire enjôleur aux lèvres, il regardait attentivement cette dernière en attente d'une réponse qui le satisferait ou non.

— Ce ne peut que me réjouir que de savoir que vous êtes prête à tout pour que le nom que nous portons communément brille et qu'on le connaisse jusqu'aux contrées d'Essos. Il marqua une petite pause dans son récital, dévisageant la demoiselle. Néanmoins, et malgré le fait que je me réjouis de vous voir porter une telle ambition, il me faut vous remettre en garde ma chère nièce. Tout cela semble fort facile à dire mais la lionne à des oreilles qui vagabondent à bien de nombreux endroits ici.

Elle soupira doucement – des avertissements, tant d’avertissements. Silithia était jeune, la naïveté s’évanouissait petit à petit en son être, mais il en restait un brin qui l’aveuglait, qui lui laissait penser qu’elle ne mourrait jamais. Invincible, se pensait-elle alors… Elle eut un sourire mauvais, son regard s’assombrit quelque peu tandis qu’elle tournait ses yeux de glace vers son oncle.

— Très bientôt, je serai la lionne, dit-elle confiante. De nom et de pouvoir seulement, peut-être, mais je saurai vous prouver, mon oncle, quelle est ma valeur. Vous comprendrez peut-être alors que je ne la crains pas, et pourquoi je ne la crains pas.

Disant cela, elle reposa un regard serein sur les jardins, continuant sa marche d’une démarche paisible tandis que Cleyton reprenait.

— Quand au nain et bien... c'est un choix qui vous appartient apparemment Lady. Il reste un Lannister à mes yeux mais si cela est votre choix alors tant mieux pour vous, vous avez au moins le pragmatisme du pouvoir à défaut d'avoir l'amour ou quelques autres sottises que ce soit.

Le cœur de Silithia se serra aux mots de son oncle et son regard se perdit quelques instants dans le vide – Alessander. Ce nom s’imposait incessamment à son esprit, son visage lui revenait, ainsi que ses iris si purs, si profonds. Ses lèvres tremblèrent un instant, et s’étirèrent en un sourire amer. Elle répondit d’une voix lointaine.

— L’amour… est une chose à laquelle nul n’a le droit en ce monde. Peut-être est-ce pour cela que les Sept ont été créés, pour se donner l’impression d’être aimé.

Elle étouffa un rire, balaya le cygne noir de ses pensées, et se concentra autant que possible sur sa conversation avec son oncle. Par chance, les paroles suivantes de Cleyton lui arrachèrent un véritable sourire – son cœur meurtri et la guérison d’icelui attendraient ; son ambition, celle de sa famille, comptaient désormais plus que tout. Peut-être la mort d’Alessander était-elle au final un bien pour la Maison Farman.

— Plus je vous parle Silithia et plus je me dis que toutes ces promesses de grandeur que vous semblez vous faire et nous faire deviennent intéressante. Mon corps n'appartient peut-être plus à Belcastel mais mon cœur en dépend encore. Alors si vous désirez quelque chose chère nièce, vous savez bien que nos ambitions personnelles dépendent bien potentiellement l'une de l'autre.

Elle sourit légèrement, et tourna la tête vers Cleyton, le regard intéressé.

— Je quitterai très bientôt Port-Réal pour rejoindre Castral-Roc. De là-bas, je compte bien mettre mes plans à exécution. L’Ouest ne se relèvera pas grâce à son nouveau suzerain. Le moment venu, l’Ouest se relèvera grâce à sa nouvelle suzeraine et aux Farman. Accompagnez-moi là-bas, acceptez de me protéger quelques temps… Je risque de faire certaines choses dont mon époux ne doit rien savoir. Des choses que seul un Farman peut savoir. Si vous le faites… J’appuierai votre candidature en tant que Garde Royal. Je suis sûre qu’on saura faire une place à l’un des sauveurs de l’Ouest, non ? Et si cela peut vous rassurer, vous n’aurez pas à passer de temps à Belcastel, mais à Castral-Roc. Et peu de temps – je sais que je serai très vite de retour à Port-Réal.

Lorsqu'elle finit de répondre à ses avertissements, le poison de Belcastel eut instinctivement un sourire naturel, comme si sa réponse était d'une évidence que sa jeunesse lui faisait porter. Elle pensait que rien ne pouvait lui arriver, cela, il le lisait rien qu'avec ses yeux. Il l'appréciait sincèrement mais elle avait le regard, ce regard de conquérante qui pensait que rien ne pouvait la toucher, rien ne pouvait lui arriver. C'était une aura qui pouvait impressionner les plus faibles d'esprits et les convaincre à sa cause mais ceux qui étaient fort mieux lotis intellectuellement parlant savait qu'il fallait se méfier. Quoiqu'elle veuille elle n'était pas Aegon, elle n'avait point de dragon et elle n'avait point le poids qu'avait le charisme de celui-ci, elle n'avait que son nom, son domaine et peut-être avec de la chance si elle s'était bien débrouillée l'appui de quelques Lords de l'Ouest. Cependant, dans tout cela, il réitérait à chaque fois qu'il trouvait une critique à son propos une contre-balance, quelque chose qui lui faisait espérer d'elle que ces mots étaient bien plus que de l'air qu'elle expirait mais des faits, des faits passés et des faits futurs. Cela le satisfaisait dans cette idée qu'il avait qu'elle était spécial, qu'elle possédait quelque chose que Sebaston n'avait pas et qu'elle valait probablement bien mieux que lui.

Néanmoins il ne put réprimer un léger rire à l'entente de la suite lorsqu'elle lui fit part que l'amour était quelque chose dont personne n'avait accès en ce bas monde aux allures décolorées par cette idée. C'était faux, elle le savait, lui aussi, l'amour existait en ce bas monde mais pas pour eux. Eux, ils n'étaient pas en droit d'avoir le moindre amour sincère de la part de leurs époux ou épouses, c'était le contrainte de leur nom, de leur rang. Il plissa légèrement le coin de sa lèvre, comme un léger sourire triste avant de lui répondre. "Ma chère nièce, c'est une triste banalité que de savoir que nous payons bien trop cher le droit de notre rang." Il soupira brièvement. "Vous, avez la chance de la jeunesse. Ce n'est point loin des sept que je vous pousse mais la passion de l'amour est la plus belle chose que possède la jeunesse. La mienne s'est éteinte tout comme ma passion il y a bien longtemps usée par la paternité et la vie elle-même." Il haussa légèrement les épaules. "Aujourd'hui il n'y a point un dame, point une roturière, point une putain qui puisse la réanimer alors profitez de la vôtre avant qu'elle ne disparaisse et laisse place au cynisme de la vie quotidienne."

Il ne regrettait point de s'être marié à la demoiselle Prédeaux même s'il n'avait même point versé la moindre larme lorsque celle-ci s'était fané dans la fleur de l'âge. Il ne regrettait point d'avoir eu ses enfants mais aujourd'hui il regrettait de ne point avoir eu le droit à une jeunesse plus confortable loin de son exil, loin de ses choses qui l'avait forcé à comprendre ce monde et à grandir. Aurait-il déshonoré son nom à profiter de sa jeunesse ? Peut-être mais c'était bien la seule façon dont il aurait voulu le déshonorer.

Dévisageant Silithia, il ne s'attendit pas à la suite de mots qui sortirent d'entre ses lèvres, il arqua un sourcil, surpris par la tournure de ces évènements. Si on lui avait dit qu'une des drôles de Sebaston reviendrait un jour, une rose aux lèvres, lui tendre en guise de demande pour qu'il revienne, il aurait rigolé. Voyant une dame passer à sa droite, il laissa traîner son regard hors de la conversation sur celle-ci, esquissant un bonjour de la tête lorsqu'elle les dépassa. C'était une façon comme une autre de glaner quelques précieuses secondes pour réfléchir dans ce conflit interne. Il n'avait point remis les pieds en Terre de l'Ouest depuis bien des années et il doutait que son retour soit bien perçu par Sebaston. Néanmoins elle se laissait à réfléchir, cela ne lui demanderait que quelques mois, lui permettrait d'avoir une situation plus que correct et pourrait même lui offrir le droit de toucher à son graal personnel, devenant enfin le chevalier au manteau blanc qu'il espérait tant être.

Observant la Farman, il s'humidifia les lèvres prenant un certain temps à parler, faisait fluctuer sa décision aux rythmes de ses pensées, de ses craintes et de ses envies. "Cela est fort alléchant Lady, c'est une proposition qu'il faudrait être fou pour refuser. Néanmoins dans tout cela je souhaiterais vous demander une faveur si je vous protège. Je souhaiterais que mes fils soient emmenés en ma compagnie à Castral Roc et que leur éducation soit faite là-bas sous votre protection jusqu'à ce qu'ils soient en âge d'être envoyé comme écuyer là où vous le souhaiterez. Pour le reste l'accord me semble plus qu'honnête." Il s'arrêta là, il avait la suite sur le bout des lèvres mais une énième fois il eut un moment d'hésitation avant de finalement laisser échapper un "J'accepte Lady Farman." qui sortit plus comme un soulagement d'avoir pu le dire que comme une véritable réponse. "Puis-je savoir quand partirons-nous pour les contrées de l'Ouest ?" Ce fut la seule chose qu'il put rajouter, se taisant presque immédiatement après la fin de sa phrase.

Au vu de son visage effleuré comme par une douleur surprenante pour une jeune femme de son âge, il en fut presque attristé par les quelques mots qu'il venait de lui prononcer sur l'amour. Il s'agissait pourtant de l'idée qu'il soutenait le plus comme une conviction si singulière à lui-même, le fait d'aimer à ses yeux était le plus beau, le plus pur et le plus vivant des sentiments qu'il était offert à un homme de pouvoir ressentir, pour preuve il était si rare que nombre d'entre eux, dont lui, préférant jeter l'éponge face à cette tâche si ardu avaient perdus le goût de la recherche préférant celui de la chair. C'était la triste réalité de ce monde aux rêves brisées dans lequel ces gens vivaient. Ce fut en voyant ce doux visage familiale aux traits angéliques s'assombrirent à l'idée de connaitre joie et plaisir que Cleyton fut surpris de voir au combien cette jeune demoiselle aussi douce semblait-elle, n'était point ce qu'elle semblait être, elle n'était définitivement pas la douce rêveuse à la recherche de la gloire comme il l'avait soupçonné mais elle était une femme d'état qui avait renoncé jusqu'à sa propre liberté sentimentale pour ses ambitions. Une bien triste chose mais qui était tout de même fort rassurant pour le rôle qu'elle souhaitait lui confier, comme une assurance à l'absence de folie de la chose.

Un soupir lui échappa, comme une déception, une déception de voir une si jeune enfant, une enfant de son sang être aussi résigné face à toutes ces belles choses que sa chevalerie le faisait aimer tant mais il lui offrit un sourire comme une compresse appliquée à ses blessures visibles la rongeant au point de lui faire dire pareilles foutaises. Il laissa glisser ses doigts le long du côté de sa ceinture tandis que les mots de la demoiselle résonnait en lui, il eut la douce vision de sa jeunesse perdue, avait-il lui aussi fut un temps renoncé à la douceur de ses sentiments pour s'allonger devant une fortune improbable mais qui pouvait lui sourire ? Il l'ignorait bien sûr, cela remontait à bien trop loin pour qu'il en ait la moindre idée mais cette perspective l'inquiétait. Et s'il était passé à côté de quelque chose à cette âge-là ? Il n'y avait guère de remords qui pouvait le toucher vis à vis d'une possibilité qui était toute relative au vu de son inexistence mais il se posait tout de même cette douce interrogation.

La lumineuse suite le fit sortir de ses sombres pensées, aux réponses satisfaisantes il n'offrit qu'un sourire, aux contraintes de temps il n'offrit qu'un froncement de sourcils. Moins d'une semaine ne lui laissait guère de temps pour se préparer que ce fut lui ou ses fils, leur faire comprendre le pourquoi du comment du départ serait déjà assez complexe, eux qui pour la première fois verrait la richesse de l'Ouest et de leur terre d'origine au plus grand damne de leur père. Il leur souhaitait de ne point y prendre le goût car le seul qui accompagnait celui de l'or était en général celui du sang et sa nièce était un bon exemple de ce qu'ils pouvaient devenir à la suite.

Réfléchissant à son invitation, il hocha doucement la tête aux paroles de la future Suzeraine de l'Ouest. Il serait présent non point par pure sympathie mais aussi et surtout par devoir, il avait pris le vœu en ce jour-ci de veiller sur elle alors il s'occuperait de ceci directement. D'autant plus qu'il ne faisait guère confiance à ces lions de Lannister qui ne lui offrait à l'idée que du mépris et de la haine continuelle. Quand aux derniers mots de la fille de Sebaston, il soupira, regrettant d'avance les mots qu'il allait prononcer à son plus grand damne mais qui représentait l'effort qu'il était prêt à faire pour joindre l'objectif qu'il avait de devenir un homme au manteau tout entier vêtu de blanc. "La houle nous emporte, ma douce nièce." Il lui sourit une dernière fois avant de croiser les mains derrière son dos. "Nous partirons donc dans une semaine, je ferais préparer mes enfants dès mon arrivée ce soir, ils seront présents pour le départ ainsi qu'au mariage mais je ne pense guère que cela soit une bonne idée de me présenter et de les présenter à mon frère, ou à votre père si vous préférez." Il eut un sourire léger. "Serais-je cependant ravi de présenter mes amitiés à celui-ci après tant d'années à ne pas l'avoir vu doucement mais sûrement vieillir." Il chassa cette pensée de sa main. "Nous vous inquiétez en rien de notre futur rencontre néanmoins je peux vous promettre que je ne pourrais guère faire de mal à un autre Farman même si je le souhaitais le plus ardemment du monde, mon honneur et ma fidélité à mon nom l'emportera toujours." Il était important pour lui que de rassurer sa nièce à ce niveau-là puisqu'il semblait évident qu'il allait devoir rencontrer de nouveau son cher frère après tant d'années à ne se donner aucune nouvelle.