Paire & Impaire

Un rayon de Soleil perçait, venant me réchauffer en ces journées d’automne. J’avais entendu dire, que l’hiver venait. La devise des Stark semblait avoir son sens en ce moment et je ne pouvais dire le contraire. Je n’avais jamais eu aussi froid ces derniers temps. En six années de cavales, je n’avais jamais connu d’hiver. Juste l’été. Un très long été, et cela m’avait permis de survivre. Mais si l’hiver venait, pourrais-je tenir un an dans la nature seule en compagnie de Vagabond. Une chose était sûre, mon violon ne passerait pas l’hiver. Le bois allait se fendre et l’instrument serait inutilisable et si je ne pouvais plus utiliser la seule chose qui me permettait de gagner ma vie, comment pourrais-je manger ? Comment pourrais-je m’acheter des vêtements chauds. J’avais peur de cet hiver qui arrivait. J’ignorais ce que j’allais devenir.

Je profitais donc un maximum des doux rayons du soleil. En moment, je longeais une rivière imposante. Je ne savais pas laquelle c’était. Verfurque ou autres, je ne savais pas trop me repérer dans le Conflans. J’avais des points de repère mais je ne pouvais dire quelle rivière était la Verfurque ou autre. J’ignorais en fait où je me situais exactement dans le Conflans. Au sud des Jumeaux c’était une certitude, à l’ouest des montagnes du Val aussi mais après, je ne pouvais le dire. J’avançais au jour le jour, vagabondant, survivant tous les jours. Je ne vivais pas, je survivais dans un monde hostile.

Je mettais arrêter près d’un ruisseau. Je laissais Vagabond boire et j’en profitais pour faire une toilette rapide. Je pris un bout de tissu, que je trempais dans l’eau fraîche. Je me débarbouillais rapidement, enlevant la crasse que j’avais sur les mains et le visage. Une fois propre, je remplis ma gourde. Je me perdis dans mes pensées à la vue de mon reflet. Je n’étais plus la jeune fille de treize ans. J’en avais dix-neuf et mon visage était marqué par la fatigue et le vagabondage. De petites cicatrices discrètes parcouraient mon visage, mes cheveux noirs étaient emmêlaient et me tomber dans le milieu du dos. Je ne faisais pas peur, mais mon visage n’avait rien de rassurant néanmoins. Pourtant j’étais loin d’être dangereuse. Je ne faisais que fuir, fuir les nobles car la peur me rongeait.

Je vis Vagabond faire bouger. Le coursier gris semblait partir. Je me levais d’un coup mais je le vis s’approcher d’une enfant. Alors que je m’apprêtais à dégainer ma dague et courir pour reprendre mon cheval, je me retins. Je m’approchais doucement et méfiante de cette gamine qui devait ne pas avoir plus d’une dizaine d’année. L’animal semblait vouloir jouer avec elle. Il avait toujours été joueur et il savait les enfants innocents et sur.

Je m’approchais d’elle, souriant timidement. Je mis une petite claque sec sur la croupe du cheval pour qu’il la laisse tranquille. Mais celui-ci ne semblait pas vouloir s’arrêter et il me poussa sans ménagement avec son arrière train. Au moins le message était clair.

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Paire & Impaire

Je finis par réussir à écarter l’animal de la fillette. Vagabond ne semblait pas forcément content mais il comprit à mon regard que cela suffisait. J’en profitais pour observer l’enfant que mon coursier avait décidé d’embêter. D’après ses vêtements, elle était d’origine noble mais une fois je n’eus pas forcément peur. Je ne risquais rien avec une enfant, du moins si elle était seule. Elle brisa le silence vu que je ne pouvais le faire ou plutôt ne voulais le faire vu que je m’étais enfermée dans le mutisme. Elle me demanda si l’animal m’appartenait. Je regardais Vagabond qui broutait l’herbe grasse. Si seulement elle savait qu’officiellement il n’était pas à moi. Mais je hochais doucement la tête de haut en bas pour lui signifiait qu’il était bel et bien à moi. Un mensonge mais elle n’avait pas besoin de savoir. Elle était trop jeune et je ne voulais pas l’effrayer en lui disant non.

Mais la petite ne semblait pas rassurée. Quand elle avait posé la question, sa voix était tout timide et tremblante. Mais je ne pouvais la rassuré étant moi-même sur mes gardes. Une petite noble seule c’était étrange. J’avais beau regarder autour de nous je ne voyais personne et je n’entendais personne qui cherchait la petite fille. Et de plus mon coursier était bien calme donc normalement aucun danger à l’horizon. Je me demandais bien ce qu’elle faisait ici seule et sans escorte. Ce n’était pas prudent, mais à son âge qui avait en tête la prudence.

Je m’agenouillais pour être à sa hauteur. Et avec des gestes lents pour ne pas l’effrayer et des expressions sur mon visage, j’essayais de lui demander ce qu’elle faisait ici toute seule. J’avais appris à communiquer avec les gestes, je ne le faisais pas souvent mais en six années de mutisme on apprend certaines choses pour se faire comprendre. Je savais demander un logis pour la nuit, de la nourriture en échange d’une petite animation musicale dans une taverne ou une auberge. Mais il était vrai que dès que cela sortait de demande simple, j’avais un peu de difficulté à communiquer. Mais il parait que les enfants comprennent vite et facilement ce qu’on leur demande lorsqu’on leur parle dans une langue étrangère alors pourquoi pas avec des signes.

J’espérais qu’elle me comprendrait et si ce n’était pas le cas, tant pis, je trouvais peut-être une autre solution pour communiquer sans utiliser ma voix. Certains comprenaient ma musique comme Hermine que je n’avais pas vue depuis longtemps. Je me demandais bien comment cette fillette allait me comprendre ?

Vagabond vint vers nous et se coucha à côté de moi comme il le faisait si souvent. Je le caressais distraitement derrière l’oreille en attendant la réponse ou non de la fillette.

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La petite fille eut un geste auquel je ne m’attendais pas. Elle plia ses genoux et se mit à faire des lettres avec ses doigts. Mes rudiments de lecture remontaient à de nombreuses années. Cela faisait plus de six ans que je n’avais pas lu quelque chose. Je fronçais les sourcils pour essayer de devenir le son que produisait chaque lettre qu’elle me mimait avec ses doigts. C’était dure, très dure. Et au final, je n’ai pas pu lire ce qu’elle m’avait mimé. Avec un sourire navré, je lui dis répondit que je ne savais plus lire et donc que je ne comprenais pas.

La petite semblait avoir passé une période de mutisme car elle s’exprimait avec des gestes et ils étaient assez clairs. Cette enfant était absolument adorable. Je hochais la tête quand elle comprit que je ne parlais pas. Elle était vive et intelligente. Je ne savais pas d’où elle venait, ni comment elle s’appelait réellement. Je me doutais juste qu’elle était noble à cause de ses vêtements et aussi sur le fait qu’elle sache lire. La plupart des gens du peuple ne savaient pas lire, j’étais une exception car ma mère m’avait appris. Quoique son apprentissage, ne me servait plus car je ne savais plus. Le temps avait effacé cette apprentissage, tout comme il avait effacé ma parole, mon innocence et mon enfance. J’étais une vagabonde considéré pour beaucoup de noble du Conflans comme voleuse de chevaux. Une triste réalité mais je m’étais habituée à cela. Six ans de cavale, six ans à leur filé entre les doigts à ces nobles.

Je la regardais en souriant et je lui posais une question. Ce qu’elle faisait là toute seule. Mes gestes étaient lents et parfois hésitant. Je tenais rarement une conversation pour ne pas dire quasiment jamais. Juste demander de quoi manger ou un lit pour dormir quand j’avais l’argent pour. La vie dans la nature était loin d’être de tout repos et il m’était arrivé plus d’une fois de m’endormir le ventre vide. Heureusement pour moi, je n’avais connu que très peu les maladies. A croire que les Sept m’aidaient à survivre. Mais il ne m’aidait pas à retrouver une situation stable.

Mais cette jeune lady, était peut-être mon nouveau salut. Sans savoir réellement pourquoi, je m’étais attachée à elle. Et la voir partir allait surement me déchirer le cœur. Car je voyais en elle, une nouvelle amie, une petite sœur. Et j’allais devoir partir car elle était noble et j’étais une voleuse recherché par beaucoup. Un triste destin m’attendait alors que le sien était surement plus heureux.

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La petite fille se rapprocha moi et alors que d’ordinaire j’aurai reculé, là je n’ai pas bougé. Je l’ai laissé s’approcher de moi. La fillette était vive d’esprit car elle comprit bien vite que je n’avais pas pu lire son prénom. Elle me tendit sa main et se présenta. Thylane. Elle s’appelait Thylane, un joli prénom pour une enfant absolument adorable. Et comme je le craignais, elle était noble. Elle possédait un nom de famille, Woolfield. Je me forçais à ne pas reculer, mais le stress devait se lire dans mes yeux. Oui j’avais peur, même d’une petite fille noble. J’avais tellement eu de problème qu’un rien m’effrayait à ce sujet. Je serais timidement sa main mais je gardais le silence. Je la laissais parler.

Elle changea de sujet en me disant ce dont je me doutais, qu’elle avait eu une période de mutisme dans son enfance. Je souris lorsqu’elle me dit cela. Thylane était absolument adorable. Soudain, elle me sortit quelque chose dans sa poche et me le tendit. Un écusson qui représentait les couleurs de sa famille. Elle était nordienne d’après ses dires. Alors elle n’était peut-être pas au courant de son statut de voleuse. La petite voulait même me l’offrir. Que pouvais-je bien faire de cela. J’étais touchée certes pas son attention et je ne pouvais qu’approuvait les dires de sa mère.

Je ne savais que dire, que faire. Si je prenais l’écusson qu’elle m’offrait et que je me faisais prendre avec, on pourrait m’accuser de vol et si je le prenais pas, j’allais lui briser le cœur. J’étais tiraillée. Ignorant que faire pour ne pas lui faire de mal, elle était encore jeune et je ne pouvais clairement lui expliquer vu que je ne parlais pas. Je regardais l’écusson de la famille Woolfield. Je ne pouvais pas le prendre. Comment lui dire pourquoi je ne peux le prendre. Je refermais sa petite main sur l’écusson en souriant timidement. Je secouais la tête négativement et avec des gestes lents je lui expliquais qu’on pouvait me prendre pour une voleuse vu mon état et que je risquais de mourir. J’espérais qu’elle allait comprendre. Que je n’étais rien, juste une voleuse, une vagabonde du Conflans.

Je lui souris tendrement et caressant sa joue avec mon doigt. Je me relève et avec des gestes je la propose de la raccompagner vers sa famille, sur le dos de Vagabond. J’avais bien vu, qu’elle avait bien aimé mon animal et je suis que le coursier gris ne serait pas contre d’avoir la petite fille sur son dos. Sans attendre sa réponse, je l’attrapais doucement et je l’ai mis sur le dos du cheval avant de monter derrière elle pour éviter qu’elle ne tombe et qu’elle ne se fasse mal. Je lui laissais la direction du cheval. Je sentais l’animal attentif aux ordres de Thylane. De toute manière, il n’avait pas le choix. Il savait que si elle tombait, cela m’allait me retomber dessus et il ne souhaitait pas cela. Notre amitié et complicité étaient trop grandes pour qu’il la gâche ainsi.

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J’accompagnais la petite fille jusqu’à la lisière d’un bois où une vieille dame s’était assoupi. Visiblement c’était elle qui était chargé de surveillé l’enfant mais sa vieillesse lui avait joué des tours. Le point positif s’était que je n’avais point besoin de marcher jusqu’à une citadelle pour raccompagner Thylane. Je n’aurai pas eu le courage et le culot d’affronter des nobles alors voir cette vieille femme endormis me rassura quelque peu. Mais il allait falloir lui dire au revoir.

J’appréciais la compagnie, j’étais quasiment tout le temps toute seule. Avoir quelqu’un auprès de moi me faisait oublier mon malheur et mon vagabondage. J’aimai bien cette petite. Elle était innocente, douce, gentille et rigolote. Un petit ange. Je ne pourrais oublier cette rencontre, comme je me souvenais de chaque rencontre, chaque pseudo ami que je pouvais me faire. Elle en faisait partie désormais. Comme Hermine. C’était différent bien sûr mais le ressenti était presque le même.

Je voulais faire traîner le moment des séparations. Mais j’ignorais comment faire. Je m’approchais de la vieille dame et lui secoua doucement l’épaule pour la réveiller. Elle se réveilla assez brutalement s’étant aperçu qu’elle s’était endormis et voir le visage d’une inconnu ayant des cheveux bruns en broussailles. Compréhensible mais je fis un bon en arrière, me rapprochant de Vagabond qui avait senti mon coup de panique et c’était rapproché de moi. Je levais doucement les mains vers Thylane pour lui montrer que je la lui ramenais. J’espérais qu’elle allait comprendre et ne pas se fâcher.

Je me tournais vers la fillette. Je m’agenouillais pour être à sa hauteur et la serra dans mes bras pour lui dire au revoir. Je sentis une larme coulait le long de ma joue. En me séparant de la petite, je l’essuyais rapidement d’un revers de main. Non je ne devais pas pleurer. La séparation était déchirante mais je devais être forte. J’étais une vagabonde, voleuse de chevaux qui avaient entraîné la chute et la mort de toute sa famille. Une personne comme moi devait être forte et ne pas pleurer pour une séparation. Heureusement que l’enfant ne me connaissait pas à vrai dire. Qu’aurait-elle pensé de moi ? M’aurait-elle dénoncé au seigneur du coin pour qu’il m’attrape et me détache la tête des épaules ? Je l’ignorais. Son ignorance était surement ma sauvegarde. Je devais la laisser partir, vivre avec les siens. Je ne faisais pas partie de sa vie. J’avais une vie d’errance alors qu’elle en avait une confortable dans un château dans le nord. Mon corps était soumis à la dure loi de la nature alors qu’elle était à l’abri de la pluie, du soleil et du froid. Si l’hiver arrivait, j’allais vite mourir alors qu’elle grandira et vivra. Son futur était prometteur alors que le mien la mort se trouvait tôt sur mon chemin.

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