Il était bien tôt. Les rayons du soleil dardaient enfin la chambre de Manfrey et de sa lumière encore rougeoyante et vacillante, elle dansait sur les draps dans un ballet d’ombre somptueux et pourtant… le Prince ne s’y trouvait pas. Non, déjà habillé, préparé, le Prince de Dorne se trouvait dans sa pièce favorite, son bureau, au plus haut de sa tour. Il travaillait déjà. Tant d’affaires à régler ces derniers jours qu’il lui arrivait d’en oublier de dormir. Sans doute cela pouvait-il se lire sur son visage. Sa mine était bien plus froide qu’à son habitude. Si déjà d’ordinaire, son sourire se faisait fin et cabalistique, depuis quelques semaines maintenant, il était totalement inexistant tant le sérieux touchait Dorne. De plus, à la sensation de ses yeux lourds, Manfrey était certains d’avoir sans doute des poches sous les yeux. Sur un teint hâlé comme le sien, les cernes resteraient pourtant peu visibles.

Mais à sa grande surprise, c’est Ser Gerris qui s’approcha alors. Il était étonnant de voir que celui-ci était entré sans prendre la peine de frapper mais sur ce point-ci en revanche, le Gouverneur ne s’étonnait guère, il était certains que dans sa fatigue, il ne l’avait sans doute pas vu le quémander. Et en effet, il avait eu raison puisque le chevalier s’excusa immédiatement tout en ce justifiant ce à quoi Manfrey ne répondit qu’en demandant à l’homme de ne lui dire que ce le fruit de sa présence et à nouveau, étonnement ! L’Héritière de Dorne était de retour, sa merveilleuse petite cousine Arianne était rentrée à Lancehélion après sans nul doute un long périple. Elle demandait à le voir, sans doute pour lui raconter son voyage. La relation que le Prince des Sables entretenait avec sa princesse avait toujours été au beau fixe, il l’adorait véritablement dans sa témérité qui n’était pas sans lui rappeler son cousin direct, Oberyn.

Rapidement, il se leva afin de se diriger vers les jardins où Arianne devait se trouver. Alors qu’il arpentait les couloirs carmin à cause de la lumière matinale, Manfrey se contenta de bailler longuement avant d’être pris sur le fait par une heureuse coïncidence, le Prince Oberyn. Enfin, coïncidence… Les deux hommes se dirigeaient de toute évidence au même lieu et cela n’étonnait guère Manfrey de savoir que sa cousine avait également demandé à voir Oberyn, les deux êtres étant en parfaite symbiose.

Mon cher cousin ! Ainsi dont vous aussi…

Dans un petit sourire, il indiquait la silhouette fine d’Arianne derrières quelques arbustes. Cela faisait quelques temps que Manfrey n’avait pas vu de monde et c’était avec plaisir que dans un sujet moins sérieux, il puisse discuter tranquillement avec sa famille. S’approchant alors, il fut devancer par la Vipère Rouge qui s’empressa de complimenter sa bien aimée nièce. Manfrey, plus humble préférait rester quelque peu en retrait d’abord avant d’intervenir. Pendant ce cours laps de temps, il eut le loisir d’admirer Arianne. Elle avait bien grandi, une véritable femme maintenant et sublime qui plus est. Ses magnifiques formes épousaient à merveille le voile qui parait son corps et nimbait sa chair. Sa chevelure d’ébène était bien plus bouclée que d’habitude et, cascadant sur ses épaules, le Prince des Sables comprit alors que celle-ci devait avoir les cheveux tressés. Enfin, alors que son visage était bien sombre depuis son arrivé, faute de manque de sommeil, il plissa ses yeux bruns afin de sourire pleinement à sa cousine tout en leva les bras.

N’est-ce pas ma princesse favorite qui est de retour ? Allons, allons. Vous n’avez pas fait les quatre cent coups cette fois-ci ? sussura-t-il, Alors, racontez à votre oncle et moi-même ce que nous vaut un appel si matinal ? C’est que vous avez bien failli me réveiller.