Cette Histoire qu’est celle de Cerenna, et qui est sur le point d’être contée, fait à la fois office de généralité, et d’exception. Il vous semblera sans doute l’avoir déjà entendue à de maintes reprises, car elle est semblable en tout point à celle de nombreuses femmes sur Westeros et, à n’en pas douter, à celles de dizaines de femmes habitant de l’autre côté du Detroit. Une Histoire débutée dans les rêves et l’insouciance, entourée de joie, mais que les désillusions et la colère rendirent bientôt amère. Voici comment un cœur d’enfant, par les tortures et les jeux du destin, vit ses rêves et ses espérances devenir autant de mirages et de cendres, sans pour autant que le feu de ses désirs innombrables ne s’éteigne. Une vie forgée dans le poison de la haine, qui la condamna à poursuivre envers et contre tout son but avec l’avidité d’un marin assoiffé qui se gorge de l’eau de l’océan.

An 258
C’est à l’abri des pierres blanches du château familial que naquit le septième et dernier enfant de Norbert Vance, seigneur d’Atranta. Le nourrisson, qui était une fille, la première de la fratrie, fut baptisée Cerenna. Elle était née femme et dernière d’une descendance déjà nombreuse et masculine, ce qui, d’un point de vue légal, ne lui accordait pas la moindre part de l’héritage, pourtant conséquent , de son clan. Deux choses pourtant lui permirent de se détacher de cette fratrie encombrante qui aurait écrasé n’importe quel cadet qui aurait eu le malheur de se montrer timide ou mal assuré. La première fut sa grande beauté. Enfant déjà, un charme magnétique se dégageait d’elle, et attirait les gens, enchanté par son sourire presque trop parfait, par ses yeux presque trop beaux. Mais, dès son plus jeune âge, quelque chose venait entacher ce physique que peu se permettaient de critiquer. Une envie, un désir brulant encouragé par des rêves de grandeur et qui faisait briller son regard d’émeraude, sans que personne ne se doute que cette même flamme qui rendait la petite si spéciale ne cessait de grandir, et qui ne tarderait pas à gangréner jusqu’à son cœur et son esprit. Audacieuse parmi les humbles, elle ne s’entendait guère avec ses frères, et ses relations avec ses parents et ses proches se dégradèrent lentement à force de frustration, car aucun ne pensa jamais à apporter le moindre soutien aux désirs de la jeune fille. Ils préférèrent la modeler comme toutes les filles nobles se devaient d’être : parfaites, timides, discrètes et silencieuses. Et elle leur apporta satisfaction. Elle était parfaite. Du moins, en publique. Un jeu de dupe auquel elle se prêta durant quelques années, modèle d’éducation aux yeux du monde, enfant au cœur violent et aux allures de sauvageonne une fois que l’attention n’était plus sur elle. Mais ce jeu était à double tranchant. L’étouffement ne tarda pas à la saisir. La camisole de sa condition de femme et de cadette devenait trop étroite, l’oppression ne cessait de grandir. Elle jalousait ses frères, qui à ses yeux, gaspillaient par leurs caractères calmes et gracieux un bien si précieux et si désirable qu’il fit naitre chez la jeune femme une obsession dévorante : la liberté.

Pourtant, malgré toute cette rancune et cette envie, elle finit par s’attacher à son frère ainé, qui fut le seul membre de sa famille à apporter de l’interet aux rêves de liberté de Cerenna, qu’il gouta par l’intermédiaire de sa sœur. Mais l’amour sincère qu’entretenaient le frère et la sœur prit fin lorsqu’une lance vint se ficher dans le cœur du jeune homme. Ce fut le tout premier deuil de Cerenna, et l’horreur de ce souvenir la fit se promettre de ne jamais porter ses fils, si elle en avait un jour, vers un destin aussi atroce. Elle les protégerait du champs de bataille, ils ne mèneraient jamais une guerre, et ne souffriraient aucune blessure. Elle les ferait poètes, ou musiciens. Mais jamais ils ne seraient chevaliers.

C’est à l’aube de ses quatorze ans que sa vie subit un changement radical. Elle qui croyait, naïvement sans doute, pouvoir continuer à courir les chemins comme une vagabonde, jusqu’à la fin de ses jours, appris que son père avait accordé sa main à un jeune seigneur. Tous ses rêves s’écroulèrent autour d’elle et tombèrent en charpie à ses pieds alors que le masque de perfection qu’elle s’était forgée des années durant se refermait autour de son visage. Elle savait alors qu’elle ne pourrait plus jamais le retirer, le cœur plongé dans la même angoisse que celle que ressent l’homme qui se noie et qui voit la mort arriver.
Desdaings. Un nom qu’elle devrait porter et qu’elle haïssait déjà. Son mari, un homme pourtant charmant qu’elle n’arriverait jamais à aimer, elle le savait. Toutes les larmes qu’elle pleura la veille de son mariage furent celles du chagrin, de la rancœur, de la peur, et de la haine. Toutes ces larmes qu’elle pleura furent les dernières qui brillèrent jamais aux coins des yeux de celle qui était désormais connue sous le nom de Lady Desdaings. La seule chose qui lui permettait de garder la raison et de continuer de vire était une haine féroce et intarissable qu’elle vouait en premier lieu à son mari. Une haine qui parcourait son sang et qui rendirent son charme aussi froid que l’hiver, la transformant en une inquietante statue de glace au cœur de pierre et à la beauté dérangeante. Il ne fallut que peu de temps avant que certains commencent à lui donner le surnom de Vipère.

Neuf mois seulement après ses noces, elle donna naissance à un fils. Alessander devint alors même qu’il n’était qu’un simple nourrisson, le réceptacle de ses rêves les plus fous. Toute la grandeur, toute la gloire que le destin lui avait refusé jusqu’à présent, tout cela elle l’obtiendrait grâce à ce fils. Dès ses premières années, elle implanta une à une ses serres dans le cœur et l’esprit d’Alessander, lui apprenant tout ce qu’il devait savoir pour qu’il soit sien. Elle ne laissa que peu de place à l’influence que put avoir son mari sur son fils. Son mari, qui, dans une ultime provocation, revint un jour avec un batard, bercé par l’illusion que Cerenna lui accorderait la moindre place dans son cœur. Elle haït cet enfant avec plus de ferveur que n’importe quel autre personne sur Westeros, plus encore que son mari qui la viola pour engendrer un deuxième enfant. Jamais elle n’oublia, jamais elle ne lui pardonna ce crime. Alyssa, au même titre qu’Alessander serait son pion. Elle serait une extension d’elle-même et lui permettrait d’acquerir ce pouvoir qu’elle désirait tant, ce pouvoir qui lui accorderait enfin la liberté. Elle était prête à tout pour atteindre son but, faisait secrètemant fit des idées de ses contemporains, elle miserait sur le cheval gagnant, quitte à aller pactiser avec les targaryens. Mais tous ses espoirs sont enchainés à son fils, principalement et à jamais. Ce fils, jamais elle ne le laisserait filer d’entre ses doigts, jamais elle ne permettrait de perdre ce contrôle qu’elle avait sur lui, ce contrôle plus intense et plus parfait que celui qu’elle n’avait jamais eu sur sa propre existence. Elle l’avait forgé dans l’amour et dans la haine, elle l’avait construit avec la violence impitoyable d’un cerbère et avec la tendresse d’une mère. Il était son chef d’œuvre. Il était sa vengeance.

Et j'ai trouvé plus amère que la mort la femme dont le coeur est un piège et un filet, et dont les mains sont des liens; celui qui est agréable à Dieu lui échappe, mais le pécheur est pris par elle.

La personnalité de Cerenna est à l’image du surnom qu’on lui donne depuis déjà de nombreuses années. Elle possède en effet autant de défauts et de qualités que l’on se plait à attribuer aux vipères. Elle est sournoise, fait preuve d’un sang froid effroyable, elle est calculatrice mais sait aussi se montrer d’une impétuosité rare lorsque la colère qui l’habite en permanence se transforme en fureur. Malgré les « gentillesses » dont elle pourra faire preuve, sa nature glaciale se ressent toujours et certains en vont même jusqu’à douter de sa capacité à aimer véritablement. Le seul être sur Westeros qui gardera à jamais sa place dans son cœur de pierre, c’est Alessander, son fils, pour qui elle sait se montrer possessive, tendre, et surtout jalouse. Si jamais elle réussit à marier celui-ci à une jeune femme à la hauteur du potentiel de son fils, l’heureuse belle-fille comprendra bien vite que Cerenna est un adversaire de taille et qu’il sera quasiment impossible de tenter de la déloger du cœur d’Alessander. Son esprit calculateur et manipulateur a marqué l’esprit de son ainé depuis sa naissance et elle compte bien garder le pouvoir qu’elle a sur lui.
Comme un serpent donc, elle peut sembler inoffensive durant une période interminable, jusqu’au jour où elle se retournera pour vous mordre de ses crocs. Personne ne peut encore se targuer de pouvoir la comprendre véritablement, et encore moins de deviner ce qu’il se passe derrière ses yeux immenses lorqu’elle vous parle. Car, bien que cela ne soit pas vraiment sans sa nature, elle sait se montrer aimable, agréable, attachante même pour ceux qui ne seraient pas rebutés par l’autorité naturelle qu’elle dégage. Seul son fils semble pleinement conscient de ce qu’elle est capable d’accomplir et ses autres proches, s’ils ont compris depuis longtemps que les intentions de cette épouse avide n’étaient pas des plus pures, ils préfèrent souvent détourner leur regard car la peur qu’elle inspire à son mari comme à ses enfants est bien réelle.
Elle est ambitieuse et avide de pouvoir car elle sait que si elle se hisse suffisamment haut, elle pourra jouir d’une liberté semblable à celle que connaissent les hommes. Très hautaine et suffisante, elle meprise le peuple. Tout ce qui n’est pas sang bleu n’a pas sa place dans son champs de vision et encore moins parmi ses rares amis. Cependant, elle est intelligente et sait reconnaitre les hommes de valeur parmi les petites gens. Elle s’assurera toujours d’avoir de son côté ces personnes non pas gatées par leur naissance mais par leur esprit habile, voire brillant.
Elle supporte la compagnie des autres femmes mais elle ne tolère pas la concurrence, car sa fierté n’a d’égal que son orgueil. Qu’une d’elles s’avise de la rabaisser et elle ne tardera pas à faire sentir sa rancune. Mais peu importe. La plupart du temps elle ne voit parmi les femmes de la noblesse qu’une bande de dinde apprétées et trop éblouies par les bijoux que leur offrent leurs époux ou soupirants pour penser autrement que comme des adolescentes amourachées et non pas comme de véritables femmes qui peuvent prétendre à jouer à armes égales avec les hommes.

Cerenna à toujours été très belle. Un peu trop même diraient certains. Car sa perfection physique, teintée de la noirceur de son cœur, lui donne une aura glaciale qui est loin d’inspirer la confiance ou l’affection qu’elle arrive pourtant à faire naitre à force de manipulations dans le cœur des gens. Sa beauté donc, est autant une défense qu’une arme qu’elle peut manier avec l’habileté et la subtilité d’un bretteur aguerri et pas comme une de ses jeunes adolescentes extravagantes qui cherchent à séduire le moindre mâle qui viendrait à croiser leur route.
Son allure n’est pas sans rappeler les beautés dorniennes, avec sa peau olivâtre et ses longs cheveux bruns et ondulés. Son imposante crinière sombre fait ressortir comme nulle autre parure la couleur de ses yeux envoutants et perçants, un regard d’un bleu-vert lumineux dont son fils à hérité. De taille moyenne, elle possède une silhouette sculpturale, ferme et athlétique, ainsi qu’une imposante poitrine. Sa voix possède autant de charmes que son corps, chaude et caressante comme du miel, elle sait utiliser les mots et les pouvoirs du langage.
Son seul défaut se trouve sur son flanc gauche, au niveau de ses hanches. Il s'agit d'une cicatrice, souvenir du viol que lui fit subir son époux il y a de cela quinze ans.

Toujours apprêtée, elle ne tombe cependant jamais dans une luxuriance d’accessoires et de fioritures comme le font certaines dames de Port Réal. Ses robes sont toutes coupées dans des voiles de lin ou de soie d’une grande qualité et, portées comme une toge, elles dévoilent toujours une de ses épaules. Pour ce qui est des bijoux, elle porte très souvent des bracelets de poignet ou de bras, ainsi que des tiares qui ne marquent que trop bien son désir de pouvoir. Par contre, elle se refuse obstinément à porter le moindre collier, symbole des épouses esclaves de leur mariage selon elle.