La douleur était encore vivace, même plusieurs semaines après.
Cela faisait presque deux lunes que Willos Tyrell avait était rapatrié en urgence dans le Bief suite à sa grave blessure lors du tournoi. Il était resté inconscient plusieurs heures après l’accident et, ensuqué par les effets sédatifs du lait de pavot que mestre Lomys n’avait eu de cesse de lui administrer durant le long trajet jusqu’à Hautjardin, le jeune homme n’avait recouvré totalement ses esprits que plusieurs jours après son retour à la forteresse.
Depuis lors, il était visité chaque jour par une foule de médecins et de mestres, de guérisseurs aussi... Lord Mace avait remué ciel et terre pour que son fils ne trépasse pas des suites de sa grave blessure. Les plus éminents doyens de la citadelle avaient été consultés et lady Olenna avait fait jouer ses relations pour que les plus grands spécialistes en médecine réparatrice et chirurgie soient convoqués dans la capitale du Bief afin de soigner l’aîné de ses petits-enfants.

L’héritier de Hautjardin allait donc un peu mieux et commençait à peine à pouvoir se redresser un peu dans son lit sans souffrir trop insupportablement.
Il avait donc demandé à ce qu’on le laisse un peu seul et qu’on lui fasse porter des plumes et du vélin. Il avait envie d’écrire. Ecrire pour oublier son insupportable condition d’infirme, écrire pour s’évader, changer d’air, rêver, échanger…

Et ce matin-là il comptait écrire à Arthur Ambrose. Un homme intègre et posé qu’il ne connaissait qu’un peu mais qui avait eu la gentillesse de lui adresser un message personnel de soutien juste après l’accident.
Oh certes, ils avaient été nombreux, par convention, à adresser leur regret et leur soutien à Mace Tyrell. Et pas un vassal n’avait oublié de se montrer digne de son rang en assurant le Suzerain du Bief de tout leur appui et tous leurs regrets concernant Willos. Pourtant, seul Lord Ambrose avait adressé, en plus de sa missive à Lord Tyrell, un petit mot à son fils.

Et lorsqu’à son réveil complet, Willos, avide de se changer les idées avait réclamé à lire, on lui avait porté, en plus de quelques ouvrages qu’il avait expressément sollicités, une petite boîte remplie de mots qui lui avait été envoyés durant sa longue période d’inconscience.

Et c’était à l’un d’eux qu’il répondait aujourd’hui.




L’héritier de Haujardin cacheta consciencieusement le pli et le déposa sur la petite table qui faisait son chevet. Là attendaient les différentes missives qu’il avait rédigées et dont il espérait qu’elles pourraient être rapidement envoyées vers leurs destinations respectives.