Mains jointes derrière le dos, posture droite et regard attentif, il s'était effacé de la sphère en surchauffe de la jeune femme. Bien que cette surtension soit arrivée plutôt prématurément, les signaux ne donnaient pas l'impression d'un mal latent. C'est donc avec un teint pâle qu'elle reprenait possession de son épée Dornienne, avec volonté même. Jorah tira son épée et sans prévenir, elle l'attaqua avec véhémence. La violence de ses frappes, en plus d'être précises et harmonisées, était surprenante. Par expérience, il savait que le regain de forme décuplait souvent la force dans son ensemble. Si c'était cela à quoi il assistait, il connaissait aussi l'état qui s'accompagnait de cette soudaine adrénaline.

Daenerys enchainait progressivement les offensives, avec adresse, et elle avait bien appris de ces semaines d'entraînements. Son regard était porté au loin, elle avait dépassé le besoin de contrôler ses gestes en détachant ses yeux de sa bulle. Jorah eut un sourire de contentement, appréciant cette évolution positive. Par moment même, son petit centre de gravité lui donnait l'avantage sur son professeur, par d'utiles coups de lame bas. Alors qu'il s'apprêtait à la désarmer pour lui apprendre cette même technique, elle s'arrêta de nouveau, le visage tiré par une douleur vive et foudroyante. Son épée tombait même au sol dans un fracas d'acier bruyant, les petites mains gantées s'étant plaquées sur son ventre. Quand elle cherchait avec furie à se débarasser de l'armure, tout en tombant à genoux, son protecteur se rua vers elle, à genoux aussi pour lui venir en aide.

- Je suis là, d'une voix basse et calme, laissez moi faire.

Comme s'il la prenait dans ses bras, Jorah déliait le noeud de la tenue dans le dos de la jeune princesse et la débarassa du plus lourd. Le mal semblait venir de son ventre, soutenu par les mains de Daenerys. Abasourdi mais pas décontenancé, il n'avait pas vraiment réagit aux cris de sa protégée. Il posa une main sur sa hanche pour la maintenir, et l'autre sur son front blanc et humide. Brûlante d'une fièvre aux premiers abords, il pensait alors à un poison dans l'eau. Impossible puisqu'il en avait bu avant elle. Ses aptitudes de guérisseur n'étaient pas dans son arsenal et il assistait impuissant à la douleur de sa blonde. La jeune femme s'était repliée sur elle même adoptant une position typiquement humaine, tel un foetus dans le ventre de sa mère...

Dépassé par la situation, il ne lui était d'aucune utilité, sa présence et ses mots ne pourraient pas la calmer. La jeune garde de Daenerys, alertée par les cris, venait d'arriver en courant, tout en interpellant Jorah.

« Ser Jorah que se passe-t-il ? Pourquoi est-elle dans cet état ?! »

Si seulement il savait. Les secondes passèrent lentement et rapidement à la fois, le temps était compté dorénavant.

- Courez chercher le mestre ! Courez !

Le ton de sa voix s'était élevé mais ne couvrait pas les supplices de la princesse. A bout de force, elle se démobilisait peu à peu, la conscience vascillante. D'une main, il maintenait toujours Daenerys contre lui afin qu'elle ne se blesse pas, de l'autre il parcoura son ventre à la recherche du mal.

- Non, ce.. ce n'est pas possible... Je ... Je ne comprends pas.

Désemparé, il venait de découvrir la cause de cette fulgurante crise. Voilà pourquoi elle avait eu une faiblesse quelques minutes avant, pourquoi elle avait cherché à retirer sa cotte de maille, pourquoi elle n'était tout simplement pas dans son état physique normal depuis quelques jours... Daenerys était enceinte. Au jugé de sa rondeur, elle devait être au milieu de sa grossesse mais Jorah n'était pas spécialiste et il n'aurait su en dire plus. Sa main n'avait pas bougé du ventre de sa protégé, il était figé dans le temps. Et ce n'était pas fini.

Enceinte, elle l'était c'était indéniable. Il ne se posa pas la question à propos de la dissimulation de cet état important. Lui qui était si proche d'elle. Il n'eut pas le temps de s'attarder sur ce sujet quand il s'aperçut que la tunique blanche de sa protégée rougissait peu à peu de son sang. Jorah jura quand il ne voyait pas le mestre arriver aussi vite qu'il aimerait. Sa main se posa sur celles de sa jeune princesse et il tenta du mieux qu'il pu de la calmer. Proche de la table, il s'empara de la cruche d'eau pour en imbiber un linge et l'aposa sur le front de l'endolorie.

Illyria arriva enfin, hors d'haleine, avec le vieux mestre. Jorah se leva et laissa prendre le relais la jeune assassine. Son coeur n'avait pas eu ce rythme effrené depuis ce moment où il avait dû sauver la jeune Ayael.

Pendant que le mestre examinait une Daenerys en état de choc, Jorah tentait de rassembler le calme dans son esprit pour être le plus utile possible, malgré la confusion de la situation.

- Nous nous entraînions quand elle s'est effondrée, j'ai cru à de la fatigue mais... Elle semble... Elle est enceinte, enceinte... Le mestre ne mettait pas beaucoup de temps avant de se relever vers Jorah, qui lui aussi ne mit pas une heure à comprendre. Elle le perd, n'est-ce-pas ?

...

Depuis qu'il était partit de la principauté de Dorn, Yvan priait chaque jour pour que les dieux guident ses pas et protègent la jeune Targaryen. Au départ, il n'était pas franchement ravi de sa nouvelle mission. Dorran Martell avait décidé de tout cela très vite et le précieux mestre du suzerain n'avait pas vraiment eu l'occasion de discuter de son avenir. Lui qui avait vécu pour les Martell, lui qui avait soigné tous les maux de cette belle famille pendant toutes ces années... Voila que le roi des sables l'avait écarté de Dorn pour une autre cause. Yvan savait très bien que s'il avait été choisit c'était justement pour ses compétences et ses précieux conseils, mais il ne pouvait s'empêcher d'être un brin nostalgique.

Les Martell lui manquaient, bien qu'il envoyait des lettres codées à Lancehélion de temps en temps pour tenir informé son seigneur de l'évolution de Daenerys. Cette jeune fille avait perdu son innocence si tôt et si violemment. Yvan avait creusé un peu son histoire, bien qu'il en connaissait déjà une grande partie de toutes manières. Elle avait toujours été une petite un peu peureuse et naïve, en somme elle était bien moins préposée à s’asseoir sur le trône, un jour, par rapport à son frère. Lui, bien qu'il demeurait très impétueux et surtout capricieux, il avait les épaules et le melon pour devenir roi. Viserys aurait été un tyran, mais un tyran fier. Pour l'instant, Daenerys, elle, présentait des signes de noblesse intérieure intéressants mais bien trop enfouis et timides.

Ses récentes aventures avec Drogo (et tout le reste d'ailleurs) avaient tout de même servies à la faire grandir. Elle était jeune mais son esprit réfléchissait avec maturité pour son âge. Yvan était très dur avec elle quand il lui inculquait son savoir, à vrai dire il voyait de plus en plus d'espoir au fond de son regard cristallin et voulait que tout soit parfait. Un jour, peut-être, effacera-t-elle les erreurs de ses parents pour écrire sa propre histoire. Mais ce temps n'était pas pour aujourd'hui, ni pour demain. Yvan travaillait sur les prochaines séances de Daenerys, il fallait lui dresser un programme d'apprentissage rigoureux et digne de ce nom pour une progression certaine. Selon le brave mestre surnommé le chevalier spirituel, l'héritière des Targaryen devait faire le deuil du passé avant toute chose et maîtriser les erreurs commises précédemment pour ne pas les reproduire. C'était la base d'une bonne connaissance en histoire.

Malheureusement, le mestre aux longs cheveux encore pleins de vie fût stoppé dans ses lectures quand la garde-du-corps de Daenerys fit irruption dans sa chambrée, essoufflée et affolée. La jeune protégée des Martell avait des problèmes d'ordre médical et cela semblait plus qu'urgent. Les mestres étaient de bons médecins, la plupart du temps, fort heureusement Yvan était l'un des très bons dans ce domaine, pas comme ce fichu Pycelle. Il attrapa quelques affaires nécessaires à l'administration de soins rapides puis les glissèrent dans son petit sac en peau tannée, toujours accroché sur son épaule droite. Il suivit au pas de course la garde-du-corps puis analysa très vite la situation en voyant Daenerys par terre, se tenant le ventre.

Le mestre ne dit rien au départ, en fait il n'y avait rien à dire et rien à faire non plus. Il était trop tard, tout simplement. Yvan suivait la Targaryen médicalement depuis sa "mutation" auprès d'elle et il était totalement conscient de son état. Elle était sensée stopper ces entraînements physiques éprouvants d'ailleurs. Le mestre tourna son regard vers Jorah Mormont, non pas pour échanger de la rancune ou encore de la colère mais bien pour lui demander assistance. Le chevalier déchu semblait touché par cet accident et Yvan l'estimait assez bien, personnellement. Bien que sa mauvaise réputation le précède dans tout Westeros... Pour l'homme proche des 60 ans, l'exilé des terres du roi avait un réel bon fond et une aura paternelle de bonne augure envers Daenerys.

Yvan se pencha au-dessus de la jeune femme et tenta de voir comment les choses s'annonçaient bien que sa protégée se débattait violemment. La fatigue allait bientôt prendre le dessus et les bras forts de Jorah allaient calmer les choses. Toujours sans mot dire, Yvan fit comprendre du regard à Jorah que le bébé était une cause perdue. Aussitôt, l'homme en armure implora que l'on sauve la Targaryen, la détresse dans sa voix était touchante mais significative de nombreux sentiments enfouis dans le cœur de l'homme. La plupart des gens n'auraient rien remarqué mais Yvan, fort de ses expériences humaines, pouvait percevoir ce genre de choses. La sensibilité dans la voix, le regard souffrant, la respiration mal saccadée, l'attention, le toucher, tous ces éléments pouvaient donner des informations intéressantes chez une personne, même inconnue.

"Le prix à payer vous importe peut-être peu sir, mais cette dette n'est pas la vôtre."

Avait déclaré sombrement le mestre des Martell en découpant de sa dague quelques morceaux des vêtements de Daenerys qui gênaient son travail. Ces mots avaient leur importance, mais il s'occuperait de ce cas là plus tard. Daenerys avait perdu trop de sang pour que l'homme de la CItadelle permette de l'opérer ailleurs, le temps était précieux quand l'hémorragie était aussi forte.

"Apportez-moi un seau avec de l'eau chaude et un autre vide. Je vais avoir besoin de plus de lait de pavot que prévu également, vous en trouverez dans mes quartiers, sur le bureau avec d'autres flacons, prenez tout car tout peut nous être utile."

Malgré l'urgence l'homme de foi s'efforçait de rester relativement calme. Il y avait des chances pour que l'espoir aux cheveux argentés disparaisse du monde vivant, mais il y en avait d'autres pour que les talents d'Yvan changent la donne. Les seaux arrivèrent avant les flacons, Yvan commença donc à retirer la matière répugnante qui était sortie du ventre de la jeune femme pour la placer dans le seau vide. L'enfant n'aura donc pas eu le temps d'exister. Certaines personnes autour détournèrent le regard, le mestre, lui, avait les mains dedans et avait vu bien pire. Enfin, les flacons arrivèrent. Il jeta un coup d'œil rapide à ce qu'on lui avait amené, il connaissait de toutes façons ces préparations par cœur vu qu'il en était le confectionneur. Il donna le lait de pavot en premier à Jorah pour qu'il fasse boire la princesse.

Lorsque le liquide blanc glissa dans son gosier, le temps sembla s'arrêter, comme si tout le monde ici disposait maintenant de quelques secondes pour souffler. Mais il n'en était rien et le mestre restait parfaitement concentré. Il attrapa son flacon de feu de myr et en versa sur ses mains pour manipuler l'héritière Targaryen, il devait vérifier si tout était en place pour que la princesse puisse espérer enfanter à nouveau. Les secondes semblaient paraître des minutes dans cette position inconfortable pour tout le monde. Après analyse, physiquement en tout cas, l'organe génital était encore en état de marche, plus ou moins intact. L'hémorragie se calma quand le mestre retira ses mains de l'anatomie affaiblit de la pauvre demoiselle. Il les plongèrent ensuite dans le seau contenant de l'eau chaude afin de les laver.

"Elle va avoir besoin de repos et surtout d'immobilisation pendant une bonne semaine au risque de provoquer une nouvelle hémorragie. En suivant un traitement très fort et fiable élaboré par mes soins nous pourrons écarter la thèse du poison, simple mesure de précaution, et la revoir marcher d'ici peu sans danger."

Combien de temps l'opération avait-elle durée? Au moins une bonne vingtaine de minutes. Bien que le sang ne semblait plus couler, le mestre fit signe à Jorah de rester accroupi, ses genoux sous la tête de la jeune femme souillée et éreintée.

"Attendez encore un peu avant de la déplacer sir, et ne vous y prenez pas seul. J'ai rafistolé ce que je pouvais, mais je ne dis pas que ça tiendra si on la manipule trop vite. Seul le temps lui offrira réelle réparation. Je vais m'installer à côté de son lit afin de suivre son état en continu."

Le mestre de Dorn souffla un bon coup avant de se lever complètement et de rassembler son matériel dans son sac. La journée commençait mal, très mal. Daenerys avait joué avec le feu, et elle payait sa naïveté de sa chaire. Yvan était évidemment contre la liaison avec le fils Baratheon, mais le mal était fait avant son arrivée aux côtés de la princesse. Comme si le roi Robert allait se montrer plus clément envers la Targaryen si elle était mariée à l'un des siens. Ils allaient tous finir à la potence plutôt. Fort heureusement, Yvan était là maintenant et il allait veiller à ce que tout se passe pour le mieux.

Yvan et Jorah étaient restés plusieurs heures auprès de Daenerys après "l'accident". Comme convenu le Mestre se chargea de dépister, les jours suivants, un éventuel poison qui aurait été la cause de tout cela mais il n'en était rien. La Targaryen avait juste trop joué avec le feu et peut-être s'était-elle fragilisée qui plus est pour enfanter à l'avenir. Yvan n'aurait sut le dire directement mais il était conscient de ce genre de problème et il n'avait aucune solution éventuelle. La princesse n'avait plus qu'à espérer de pouvoir faire naître un jour futur un héritier.

Le bébé qu'elle avait perdu était mort avant de sortir de son ventre et Yvan, fort de son expérience et de ses compétences reconnues, avait simplement mit le minuscule corps à peine humain dans le seau vide qu'il avait fait apporté pour opérer. Pour le symbole que cela représentait et le respect de la vie, Yvan avait fait trouver à Jorah une jolie petite urne sudiste. Après avoir brûlé les restes peu ragoûtants de l'enfant, le Mestre avait placé les cendres en elle. L'urne demeurait dans la chambre de la princesse, en face de son lit. Il y avait un risque pour qu'elle réagisse très mal au départ, mais un jour cela l'aidera à faire le deuil de cette perte douloureuse. L'ancien seigneur Mormont avait plus ou moins approuvé la chose, mais le vieux protecteur des Martell qu'il avait en face de lui ne se laissait pas diriger par n'importe qui. Yvan comptait bien prendre les devants pendant la convalescence de la fille aux cheveux d'argent.

Le Mestre avait chargé quelques servantes de déposer des tissus humides sur le corps de la jeune femme pour qu'elle ne se déshydrate pas pendant son profond sommeil. Le manque de nourriture était aussi dangereux mais l'essentiel pour la maintenir en vie et assurer son renouvellement de sang était l'eau. Le troisième jour du coma de Daenerys, alors qu'Yvan se rendait justement dans la chambre de l'héritière de la maison aux dragons, l'homme entendit une petite voix s'élever, il aurait put la reconnaître entre milles. Il pressa le pas pour arriver à destination et accueillit le réveil de la jeune fille avec un fin sourire rassurant. Il n'aimait pas franchement être l'annonciateur des mauvaises nouvelles alors autant essayer d'être compatissant.

"Vous voila de retour parmi nous, c'est bien."

Déclara-t-il en s'approchant du lit de la Targaryen, les mains liées entre elles. Il posa sa main droite sur le front de la jeune fille pour vérifier rapidement sa température puis s'assit sur le fauteuil disposé juste derrière lui en soupirant de soulagement. Il avait réussit à sauver la jeune femme tant bien que mal et cela n'avait pas été une mince affaire.

"La chance vous a maintenue en vie, malheureusement votre enfant n'était pas assez développé pour survivre à un tel choc. Cependant, même si cela peut s'avérer difficile mentalement, vous devriez pouvoir enfanter de nouveau dans un futur proche. Pour moi, ce n'est pas une priorité. Tout d'abord vous devez travailler pour vous reconstruire et faire de vos souffrances votre force."

Il marquait une pause afin de laisser l'adolescente encaisser le coup, sans doute aurait-il droit à des larmes et des reproches, il savait que ce ne serait qu'une réaction à chaud auquel cas. Il ne faisait pas son métier pour avoir de la reconnaissance de toutes manières. Yvan attrapa la petite main moite de Daenerys et poursuivit :

"Jorah viendra vous voir pour prendre des nouvelles. Néanmoins, essayez de rester paisible et de ne pas vous activer de trop physiquement. Je vous ai sauvé une fois, je ne sais pas comment pourrait tourner la seconde."

Le bon mestre resta là à plonger son regard paternel dans celui de l'espoir des Sept Couronnes. Il attendait sa réaction ou même ses questions. Yvan espérait que Daenerys puisse se remettre de tout ça assez vite pour qu'elle reprenne ses études et ses divers entraînements. L'avenir restait sombre.

La peine de la princesse était profonde, dans quelques temps elle ne serait plus qu'une cicatrice refermée sur son jeune cœur. La vie avait été dure avec Daenerys et l'avait envoyée dans une époque où tout lui était hostile, ou presque. Yvan garda la main de la fille aux cheveux d'argent dans les siennes pour répondre à ses questions :

"Nous avons pu écarter la thèse du poison après quelques tests et vérifications. En fait, cet accident est survenu déjà parce que votre corps porte certainement les enfants de manière fragile, imposant le double de précautions à votre égard. Ensuite, il est évident que votre entrainement physique n'était pas le bienvenu à ce stade de votre grossesse. Cependant, il ne faut pas vous morfondre dans les remords et refaire le monde avec des si, le destin en a décidé ainsi et vous devez songer à l'avenir."

Le mestre se leva et alla se placer au pied du lit pour être plus en face de la Targaryen. Elle avait besoin de pleurer, bien qu'elle contienne quasiment toutes ses larmes jusqu'à présent. C'était normal, cela prouvait par la même que Daenerys était humaine. Il était très important que les futurs rois et reines soient confrontés à la réalité, à la dureté de certains événements, car être riche et puissant ne protège pas de cela. Seule l'expérience et le temps permettaient d'être plus forts face à ce genre de situation. Cet avortement forcé était une première épreuve avant beaucoup d'autres, le dornien le savait et il devait y préparer la jeune femme aux yeux clairs.

"Cela fait trois jours que vous êtes plongée dans un sommeil profond. Je pense que d'ici deux jours vous serez suffisamment forte pour vous lever seule et marcher. Néanmoins, il faudra vous réserver physiquement et cela risque de nécessiter davantage de temps avant de reprendre des entraînements plus importants."

Yvan désigna du doigt la table de chevet à côté du lit où se reposait l'héritière légitime du trône de fer avant de reprendre simplement :

"Vous disposez d'une sonnette juste ici, son utilisation fera venir une servante au besoin. Pendant ces deux derniers jours de convalescence, on vous amènera un décoction corsée d'écorce de saule au miel toutes les trois heures. Cela devrait vous aider à reprendre du poil de la bête. Sachez que nous devrons reprendre votre éducation au plus vite également, car je crains que l'hiver ne vienne bientôt en Westeros, d'après ce qu'il se dit... Majesté."

Le dernier mot avait été prononcé plus sobrement, Yvan avait incliné la tête pour le prononcer. Le grand homme déjà quinquagénaire se retira de la chambre sans plus attendre, il devait préparer la suite des opérations et prévenir les Martell du réveil de la belle qu'ils avaient placé entre ses mains. Les tourments commençaient à prendre place en Westeros et le temps défilait trop vite. Il fallait commencer à agir pour faire avancer les choses, sans plus tarder.