An 299 – Lune 6 – Semaine 2 – Jour 2

Le voyage du retour n’avait pas été de tout repos et pour cause, chaque parole, chaque mot échangé durant sa captivité hantait Tyrion. Il ressassait les discussions qu’il avait pu avoir afin de bien tout mettre en ordre et surtout, apporter la conviction nécessaire au maintien de sa tête sur ses épaules. Il savait très bien qu’il allait devoir plier le genou devant Robert et que ce dernier ne serait plus son beau-frère, mais bien le bourreau des Lannister. Si la mort de son patriarche ne lui avait laissé comme seul regret le fait de ne pas avoir pu le tuer lui-même, les trahisons de Cersei devaient certainement être une chose difficile à digérer pour le Roi des Sept Couronnes. Avec un peu de chances, ce dernier se montrerait assez magnanime vu que le Lutin comptait témoigner contre sa sœur mais bon, rien n’était plus sûr. En plus, fallait-il encore qu’il arrive vivant jusqu’au procès, chose qui était loin d’être garanti vu l’influence que Cersei avait mis tant d’années à construire et qui lui assurait des serviteurs fidèles et dévoués malgré son emprisonnement.

Ashara lui avait offert une bonne escorte mais bon, ces hommes auraient-ils de quoi résister aux forces déployées par sa sorcière de sœur en vue d’éliminer celui qu’elle haït depuis tant d’années. Quoiqu’il en soit, le nouveau Lord des Terres de l’Ouest arriva en toute discrétion à Port-Réal. En attente du retour du Roi, il fut invité à rester discret sur sa présence à la Capitale mais bon, la rumeur fut rapidement le tour de chaque ruelle selon laquelle le dernier Lannister était à nouveau dans la cité. Aussi petit soit-il, Tyrion ne put pas passer inaperçu durant des jours et à peine une semaine après son arrivée que déjà, tout Port-Réal ne parlait que de cela. Afin de garantir sa survie dans ce nid de vipères, il était en permanence accompagné de plusieurs hommes que lui avaient confiés Lady Arryn. Parmi ceux-ci, il y en avait un qui sortait du lot avec qui le nain avait discuté le temps du trajet. Mercenaire vendant son épée au plus offrant, il semblait parfaitement éclairé du monde réel dans lequel ils vivaient. Certains chevaliers et autres soldats pensaient encore que l’honneur était une chose essentielle mais bon, depuis le temps, le blond avait bien vu que cela n’était qu’une chose inutile et dérisoire. L’argent était un moteur, l’amour également mais l’honneur, ce n’était qu’une vieille légende pour les Nordiens.

C’est donc accompagné de Bronn et de trois autres mercenaires du Val que le nouveau Lord de Castral Roc se rendit discrètement vers le Donjon Rouge, juste après avoir traité de quelques affaires urgentes en ville. Il était important que tout se passe pour le mieux lorsque Robert reviendrait et surtout, que son mariage avec la jeune Lady Farman se concrétise sans accro. Toutes les dispositions avaient été prises mais bon, l’élément le plus important restait encore à venir, le procès de Cersei. Cette sorcière n’allait certainement pas se laisser faire tranquillement et vu son influence, il y avait de fortes chances qu’elle fasse encore parler d’elle. Histoire de se rassurer quant à la loyauté de ses gardes du corps, le Lutin ne manqua pas de questionner plusieurs d’entre eux. Si certains y voyaient un devoir envers la Suzeraine du Val, d’autres n’y voyaient qu’un moyen de gagner de l’argent. C’est donc assez naturellement que Tyrion commença à discuter avec l’homme au visage marqué par les batailles.

« Au fait Ser Bronn, vous ne m’avez toujours pas raconté comme un homme tel que vous avait fini par se retrouver au service de Lady Arryn. Je suis sûr que cela doit être un récit intéressant. Surtout que d’après ce que j’en ai vu, la Suzeraine du Val me semble plus apprécier la compagnie de nobles chevaliers en armure et ayant un honneur hors-norme à polir chaque jour. De ce que je peux voir, la seule chose qui a dû être polie chaque jour chez vous, c’est votre queue. »

Bien loin de lui jeter la pierre, Tyrion ne faisait que mentionner une évidence pour ceux qui avaient voyagé avec le rustre mercenaire. En dehors de l’argent, des femmes et de l’alcool, il ne semblait pas s’intéresser à grand-chose, tout comme le nain à une époque. Après, sa proximité avec la prude Lady Ashara dont la noblesse semblait égaler celle des Stark pour peu qu’on ferme les yeux sur les récentes affaires ayant ébranlés le Royaume, semblait motivé par autre chose que juste une poignée de pièces. Peut-être espérait-il quelque chose de plus de la jeune Suzeraine ou simplement la noblesse, chose tellement convoitée que ça en a tué plus d’un.