C’était si rare de voir Bran sourire, mais maintenant qu’il était auprès de Jon, même si c’est pour une courte durée, on pouvait voir un discret petit sourire se discerner sur ses lèvres. Voila qui faisait chaud au cœur, malgré le froid glacial. Et Jon aussi paraissait soulagé de voir que son petit frère allait bien, du moins autant que pouvait l’être un infirme. Je voulais les laisser dans leur petit monde, enfermé dans ce cours bonheur. Mes yeux restaient fixés sur Jon, comment pourrais-je lui annoncer que j’allais partir, loin de Winterfell, loin du Nord … Et que peut-être, on ne se reverra plus jamais. Plus tard Alyss, pas tout de suite …

La personne à qui je voulais faire mes adieux était au-delà du mur, dans une certaine forêt. C’est pour cela que j’avais profité de l’inattention pour m’éclipser et … tomber sur mon père. Benjen avait l’air étonné de me voir, surprit et gêné. De toute façon, il y avait toujours eu une sorte de gêne entre nous. On ne se détestait pas, mais malgré les efforts qu’il faisait, je restais distante. Pour moi, il n’avait pas rempli son rôle.

Malgré tout, mon père m’avait obtenu une permission de passer le mur. Bien sur, je ne lui avais jamais parlé de l’existence de Luna, sinon, elle aurait eu des ennuis, pourtant je suis sur qu’il se doute de quelque chose. Après tout, à chaque fois que je viens lui rendre visite au mur, j’insiste pour aller dans la forêt.

« Alyss ? » M’appela mon père avant que je franchisse la limite de la citadelle. « J’ai cru comprendre que tu allais partir, serait-ce à cause de ce que je t’ai dis sur ta mère ? Tu vas essayer de la retrouver ? »

Je me retournais vers lui, le fixant un moment. J’hésitais à lui répondre sèchement que peut-être elle prendra ses responsabilités, contrairement à d’autres. Et pourtant, je ne dis rien. Je savais que ces paroles étaient injustes. Ma mère m’avait abandonné alors que mon père faisait tout de même des efforts. Jon avait trouvé sa destiné, je devais donc trouver la mienne. Nous seront mieux que des bâtards. Je le fixais un moment, puis sans répondre, je me retournais pour partir.

« Fais juste attention, prend soin de toi ma fille. »

Père voyons, je suis une mauvaise herbe, rien ne peut m’atteindre.


Le sens de l’orientation n’était pas mon fort. J’avais beau retourner dans cette forêt assez régulièrement, jamais je ne retenais le chemin. De toute façon, Luna n’était jamais au même endroit. Imprévisible et sauvage, parfois je repartais bredouille. Mais là, c’était le moment des adieux, je refusais donc de repartir au campement sans l’avoir vu. Quitte à rester plusieurs jours dans le froid.

D’ailleurs ça faisait combien d’heures que je marchais, marchais et encore marchais, laissant les traces de mes pas dans la neige. Heureusement que j’étais habillée chaudement sinon j’aurais certainement été frigorifié. Mais il faut croire que la poisse était avec moi aujourd’hui ! … Comme tous les autres jours mais passons. Le vent commençait à souffler un peu fort si bien que parfois, je perdais l’équilibre dans des pentes. Mais bientôt une tempête de neige vint se mêler au vent.

La nuit était tombée, mes membres étaient gelés. Mes jambes refusaient de marcher d’avantage, si bien que je tombais à genoux, avant de me trainer sur le sol, contre un arbre, où je me roulais en boule. Le vent et la neige étaient tellement forts que je ne sentais même plus ma polaire, tremblant comme une feuille. Je fermais les yeux, pour le moment je pouvais tenir, mais certainement pas pendant plusieurs heures.

Cependant mon père et Jon allaient rapidement partir à ma recherche en se rendant compte que je ne t’étais pas rentrée. Pourvu qu’ils arrivent à temps. Mais d’un autre côté, je ne voulais pas non plus rentrer sans avoir pu dire adieu à ma meilleure amie.

« Loulou …. »

Le froid m’embrouillait l’esprit si bien que je fini par ne plus penser à rien, à demi consciente, sombrant petit à petit dans l’inconscience.

Malgré la faiblesse de mon corps, un petit sourire avec naquit sur mes lèvres en sentant une pression chaudes sur ma joue. Chaleur qui fut vite remplacé par le froid qui vint geler l’humidité. Maytook ! C’était lui, j’en suis sur. A moins que se soit Fantôme … Mais je suis sur que non. L’instinct me dit que c’est le loup de Loulou justement. Ce qui signifiait que la propriétaire de l’animal sauvage n’était pas très loin. J’avais réussis ! J’avais trouvé Loulou ! …. Ou plutôt, elle m’a trouvé ! Et en effet, je me sentis décoller de terre, alors que la voix de Luna me parlait, bien qu’elle semblait si lointaine. Bouger ? Je n’en étais pas capable. Et pourtant la sauvageonne me forçait à marcher, tout en me soutenant. Elle m’avait d’ailleurs mis sa peau de bête sur les épaules. L’idiote, elle va prendre froid. Je grognais de protestation, mais dans de telles conditions, ce n’était pas moi qui décidait de quoi que se soit.

Finalement je me laissais guider par mon amie, dans un état de semi conscience. Si elle me tenait pas, je serais d’ailleurs tombée depuis longtemps, ce que j’avais manqué de faire à plusieurs reprises. Ce qui se passait ensuite je n’en étais pas bien sur, à vrai dire je n’avais pas vraiment conscience de ce que pouvait bien faire Luna, et je ne cherchais pas à le savoir, trop affaiblie.

Mais soudainement, la chaleur m’envahis, et la voix de Luna me rappelait à la raison. Une mauvaise herbe ne mourait pas. Un petit sourire s’étira sur mes lèvres. Effectivement. Elle n’avait pas tort. Je suis une mauvaise herbe qui se redresse sans cesse. Ce n’était pas le froid qui allait me vaincre, certainement pas. Avec effet, je finis par ouvrir les yeux et compris pourquoi j’étais recouverte d’une certaine chaleur. Des flammes jaunes dansaient devant moi, Luna avait fait un feu de camps. D’ailleurs, une lueur de raison me fit remarquer que j’étais dans les bras de Luna. Décidemment la fille-loup était bel et bien pourvu d’intelligence, autant que son côté sauvage. Quoi de plus efficace que la chaleur humaine pour réchauffer ?

Maintenant réveillée, apaisée par la douce chaleur des flammes ainsi que le corps de Luna, je réfléchissais. Comment annoncer à Luna la raison de ma présence ici. D’un côté, son idole n’approuverait pas qu’elle tourne autour du pot, autant dire les choses telles qu’elles sont. J’appuyais ma tête contre son épaule avant de prendre la parole d’une voix basse :

« Je …. Je vais partir Loulou. »

Mes yeux se posèrent sur le loup qui semblait lui aussi réagir à cette phrase mystérieuse. Pour éviter tout quiproquo j’allais donner plus de précisions. Ce n’était pas juste du mur que j’allais partir, non je ne voulais pas dire que je n’allais pas passer la nuit ici. Mais plutôt que toutes les prochaines nuits, je serais loin d’ici.

« Je vais partir loin du Mur, loin du Nord. Très loin de tout ce que je connais. Dans quelques jours, je partirais à la recherche de ma destiné dans des contrés qui me sont encore inconnus. »

Puisant dans le peu de force qui me restait, je me décalais du corps de Luna, avant de me retourner vers elle, lentement. Le silence perdura pendant quelques minutes, où je restais à la fixer, perdue dans mes pensées. Je me souviendrais toujours de ma rencontre Luna. J’avais trouvé l’enfant loup de la légende. Oui, Luna était une légende vivante, ma meilleure amie, mon idole, celle qui avait changé ma vie.

Déjà que j’avais horreur des « au revoir », alors un « adieu » me brisait le cœur. Oui, Loulou est celle qui va le plus me manquer, elle qui est la personne la plus précieuse à mes yeux. Je crois sincèrement que si je savais que Luna était en danger, je serais capable de tuer pour elle, quitte à devenir la pire des parias. Alors pour moi cet instant était difficile et émotif. Lentement, je posais mes mains froides sur le visage de mon amie, sans bouger, avant de finalement reprendre la parole.

« Tu sais, tu es celle qui a changé mon existence, qui a donné un sens à la vie d’une bâtarde comme moi. A mes yeux, tu es une déesse, qui symbolise l’espoir. Et surtout, tu es ma meilleure amie. Mais aujourd’hui, je suis venue te dire Adieu Loulou. »

Mes mains se posèrent ensuite sur les siennes, les agrippant, alors que mon front toucha le siens. Je dissimulais mon émotion en baissant la tête, avant de reprendre.

« Un jour Loulou, je deviendrais quelqu’un de forte, avec un avenir hors du commun. Et quand se sera fait, quand je serais cette femme, je reviendrais. Je reviendrais et je vous arracherais à votre vie, Maytook et toi. Je vous emmènerais avec moi et je vous ferais découvrir toutes les merveilles du monde. Un jour Loulou, je reviendrais pour t’offrir la vie la plus belle qu’il puisse exister dans ce monde. Merci pour tout, Loulou, merci. »