Le sable mouvant
Ft. Yvan & Oberyn

Le musicien Contino avait les mains en sueur, les chocottes pas loin. Son groupe d’accompagnement n’était pas synchronisé avec lui. C’était sa faute, à toujours avoir un temps d’avance sur la mesure. La grande trouille du ménestrel qui débutait comme grande attraction d’une taverne prestigieuse. Le prince Oberyn Martell l’écoutait en songeant au titre d’une ballade satirique qu’on ne manquerait pas de chanter après ça : «♫ Contino trompe le public d’une taverne ! ♫» «♫ Contino pond un œuf pas frais à sa grande première ! ♫» Contino avait les mains tremblotantes sur son luth. Son esprit transmis le mauvais message à ses doigts. Ses doigts ont obéi. Il plaqua les accords du final de sa musique. Mauvais message contagieux, son groupe lui colla un thème d’enchaînement sorti d’ailleurs. Grand silence effaré du public de la taverne. A une table Oberyn Martell et ses 4 filles aînées. Obara, Nymeria, Tyerne et Sarella. Toutes des Sand. Le père et ses filles bâtardes applaudirent poliment du bout des doigts. Le reste de la salle n’en fit rien, ils étaient trop éberlués par ce qu’ils venaient d’entendre. Contino le musicien tenta le coup au baratin :

« Mes amis, c’était « enchaînements et dissonances », une nouvelle musique expérimentale en décacophonie. »

Oberyn et ses aspics de filles gloussèrent. Un client de la taverne mécontent hurla :

« Honteux ! Je saigne des oreilles à t’écouter ! Retourne dans ton trou puant !»

Nouveau silence instantané dans la salle. Contino s’agita et s’énerva, il cria :

« Et toi retourne te faire trousser dans le bordel dont sort ta mère ! »

Le fâcheux se figea sur place, la salle toute entière s’esclaffa, on aimait les empoignades et les pugilats d’arrière- cour à Dorne. Dans la foule attablée, des abrutis prirent pour cible le ménestrel à coups d’en-cas, olives et pistaches jaillirent vers la scène. Contino se protégea avec son luth qui se mit à dégouliner de cerises au marasquin. Son esprit donna à nouveau le mauvais message à ses poings : colle une branlée à celui qui t’a provoqué. Le ménestrel sauta de la scène et chargea le bonhomme qui lui balança son gobelet de boisson à pleine figure. Il se retrouva aveuglé, les yeux qui lui brûlaient sous la morsure de l’alcool pur grain. Il cligna des yeux et cracha tout en balançant ses coups au petit bonheur. 3 ratés pour 1 touché, au point qu’il en frissonna sous l’impact. Sa vision s’éclaircit. Il s’était trompé de cible. Le fâcheux qui l’avait insulté avait disparu, à la place était assis face à lui le prince Oberyn Martell qui avait la joue rougie par son coup de poing. Les 4 filles Sand étaient effarées. L’imbécile avait frappé leur père par erreur. Le ménestrel resta sur place sans bouger, au bord de l’effroi. Sa figure dégoulinait encore d’alcool, sa main palpitait. Des doigts pointèrent dans sa direction : « Il a frappé le prince ! » Oberyn posa une main vigoureuse sur l’épaule du pauvre homme de spectacle accablé :

« Tu joues du Luth aux festivités que j’organise pour l’anniversaire de ma fille, tu me trouves tous les musiciens et les amuseurs que tu connais, tous les acrobates et les danseuses possibles qui sont à 30 km alentours. Tu acceptes et nous sommes quittes. »

Il acquiesça, Oberyn retira sa main de son épaule tout sourire. Il se frotta la joue, il annonça à sa progéniture :

« En route mes filles, c’est l’heure de manger. »


Le fumoir à narguilé de Katzo, la clientèle de midi : des hommes d’armes en pause, des racoleuses en quêtes de clients, des marchands fluviaux qui venaient de remonter le fleuve Sang-Vert et des artisans de seconde zone affamés. Oberyn s’était prit une table avec ses filles. Obara Sand, 21 ans, sortit un parchemin qui lui servait de liste :

« Il nous manque encore du monde pour les festivités. On a que 3 musiciens et 1 seule danseuse. »

Nymeria Sand, 18 ans, s’étira :

« Pourquoi regrouper autant d’amuseurs et de musiciens pour fêter les 7 ans de notre petite sœur ? Pour mon dernier anniversaire tu n’avais pas fait tout ça père ! »

Tyerne Sand, 16 ans, ajouta en examinant ses ongles manucurés :

« C’est vrai père, pourquoi tout ça pour la petite Elia ? »

« Mais parce que c’est encore une enfant, elle s’émerveille d’un rien. Vous êtes des grandes vous maintenant. Si je faisais venir 15 danseuses pour une festivité consacré à l’une d’entre vous, vous seriez complètement blasé ! Je vous connais. »

Sarella Sand, 13 ans, ne dit rien et mangea goulument son plat de crudité. Oberyn jeta un regard tendre sur son quatuor de minettes. Obara brandissait une lance comme lui dans des combats avec paris en jeux. Nymeria avait 2 amants et 2 maitresses en ce moment. Tyerne organisait des jeux idiots pour les couples dans les jardins aquatiques de Lancehélion. Sarella passait ses journées à vouloir écrire un récit du même genre que ceux que lui racontait son père. Oberyn les contempla amusé, prêtant à peine attention à Obara qui parla de « L’étrangleur de Lancehélion », le fou qui avait étouffé à morts 2 couples de tourtereaux qui batifolaient en bord de mer à la nuit tombante. Sarella arrêta de s’empiffrer pour parler du dernier scandale en vogue : un jeune imbécile s’était rendu devant le seigneur Doran Martell en pleine audience matinale du peuple, pour se mettre à genoux devant leur cousine Arianne Martell qui était présente, pour lui déclamer sa flamme. Doran avait été outré, il avait fait virer le jeune idiot manu militari. La table toute entière d’Oberyn et des filles Sand se mit à hurler de rire.


Au travail :

Oberyn Martell assis sur le fauteuil en bois rare réservé à son frère le seigneur de Dorne, pour accorder des audiences. Doran lui avait laissé la corvée. Oberyn bailla et toucha les accoudoirs en se demandant en quoi était fait le fauteuil. Cognassier, acacia ou palmier ? Le marchand d’Essos qu’ils accueillaient aujourd’hui avec sa suite ne valait pas la présence de Doran. Oberyn jeta un regard endormi sur l’assistance : des curieux, des gens du palais, pas mal de domestiques, le marchand Lerios avec toute sa suite. On avait disposé en environnement sableux au milieu du grand patio des audiences. Oberyn s’était bien demandé pourquoi.

Lerios parlait, Oberyn écoutait à moitié. Il songeait à Contino, ce maladroit ménestrel avait intérêt à lui trouver des danseuses et des acrobates.

«…si vous renouvelez notre accord noble Martell, songez aux chevaux des plaines d’Essos que je peux me procurer, ceux-ci sont supérieurs à ceux de vos contrées et… »

Oberyn semblait absorbé par autre chose. Et s’il demandait à son ami le maître de la ville de Grâcedieux de lui faire parvenir des danseuses ?

«…L’or fin et celui d’argent des mines de Yunkaï pourrait intéresser votre frère, car… »

Oberyn fit semblant d’écouter le marchand, il se passa pensivement la main sur le menton et se demanda s’il était encore temps d’envoyer des missives de l’autre côté du désert pour que les prochaines caravanes lui amènent des jongleurs ou des acrobates.

« …d’ailleurs les orfèvres de Yunkaï peuvent frapper monnaie à l’effigie de votre frère si jamais celui-ci veut… »

Oberyn s’agita dans son fauteuil, sa petite dernière aimait beaucoup les percussions. Il devait bien y avoir dans Lancehélion quelques musiciens venus de Bravos ou autre qui disposaient de tambours.

« …si vous renouvelez notre accord dès aujourd’hui je serais en mesure de fournir à votre ville 50 coudées de lin tissé et de coton… »

Oberyn acquiesça de la tête pour faire semblant qu’il suivait toujours les paroles du marchand, il pensa à écrire à la maison Tarly pour qu’ils lui louent les services de leur bouffon qui dit on avait un esprit redoutable et qui savait mieux que quiconque égayer les banquets.

« …la vaisselle en céramique peinte de Volantis est une exclusivité qu’aucun autre de mes concurrents n’est en mesure de vous offrir… »

L’anniversaire de sa fille était dans moins d’une semaine, il allait avoir une marge de manœuvre très réduite pour réunir autant d’artistes pour un tel banquet. Oberyn fit signe à la main au marchand pour qu’il continu à parler même s’il ne l’écoutait plus du tout.

« …et je dois vous parler des épées de bronze, durcis dans les forges de Quarth la magnifique… »

Tempête sous un crâne, il allait falloir aménager un coin tout entier des jardins aquatiques pour accueillir l’évènement. Oberyn croisa les mains sous son menton, les coudes posés sous les accoudoirs, pour continuer à faire semblant de prêter attention à tout ce que lui disait le marchand.

« …quelques peuplades Dothraki commercent avec moi pour les baudriers, les selles de cuir cloutées ou plaquées de fer… »

Oberyn se tritura le col de sa tenue en réfléchissant aux danseuses. Pour obtenir l’excellence dans ce domaine, il fallait s’adresser à la Casbah d’Attilos où les courtisanes étaient passées maîtres dans cet art.

« …et puis je… »

Oberyn leva sa main pour imposer le silence :

« C’est parfait, nous renouvellerons votre contrat. Abrégeons s’il vous plait, mon temps est précieux, j’ai une affaire de la plus haute importance à accomplir dans les jours à venir. »

Le marchand satisfait avait un visage rayonnant, il avait pensé que ça serait plus difficile que ça de convaincre Martell. Oberyn se leva en s’étirant. Le marchand s’empressa d’ajouter :

« Pour vous remercier de votre hospitalité et du renouvellement de notre accord, j’aimerais vous offrir ce que mes contrées ont de plus beau, une courtisane, celle-ci se nomme Kashina… »

Oberyn commença à s’en aller, en faisant signe à deux de ses serviteurs de le suivre, il avait besoin d’eux pour regrouper ses 4 filles aînées et continuer à préparer avec elles les festivités pour le prochain anniversaire d’Elia. Le marchand continuait de parler, inquiet de la réaction du prince qui semblait ignorer son présent.

« …considéré comme une danseuse sacrée sur nos terres, j’espère qu’elle ravira vos yeux… et plus si vous le souhaitez… »

UNE DANSEUSE !!!

Oberyn s’arrêta aussitôt et fit volte-face. Il revint en 4ème vitesse vers le centre du patio, il bouscula au passage ses deux serviteurs qui n’avaient pas eut le temps d’anticiper son rapide volte-face. Et entra en scène la danseuse. La foule était captivée par son numéro aguicheur. Oberyn comprit pourquoi on avait disposé tout ce sable dans ce patio. Il observa Kashina se glisser devant eux, elle dégoulinait par tous les pores d’une sensualité saine. Elle n’avait rien d’une obscure fille d’une sous-caste d’Essos, et il s’y connaissait pour avoir parcourut leurs villes il y a des années. Visez donc les mâles du public en train de baver devant elle. Kashina la longiligne, regardez ces cheveux étincelants qui ne devaient rien à aucune maudite teinture, visez moi ce corps, tous les regards plongeaient vers sa poitrine. Oberyn se perdit en conjoncture sur ses mouvements gracieux, il contempla le spectacle sans cligner des yeux. Les bardes en assistant à ça auraient pu chanter :

« ♫♫♫ Le marchand Débiné Déchaîne une Danseuse de Dimensions Dantesques ! ♫♫♫ »

Quelques mâles s’approchèrent un peu plus du sable pour se coller les yeux sur cette blonde envoutante, une amante de cœur colla un coud de coude d’un son nobliau en fulminant :

« Arrête de reluquer cette catin ! »

Jugement sans appel d’Oberyn, cette Kashina avait des mouvements à écraser toute concurrence. Un serpent vint interrompre la représentation. On évacua la danseuse blessée, la foule du patio se dispersa déçut. Oberyn attrapa le marchand. Il lui tendit une bourse :

« Il me la faut ! »

« Mais messire, cette catin n’est pas ma propriété, je ne peux pas vous la vendre, juste vous la confier pour une nuit si vous voulez la… »

« Je vous la loue pour la semaine alors. »

Et il attrapa le poignet du marchand avant de lui coller la bourse dans sa main.

« Amenez la moi dès que possible. »


Et c’est une troupe martiale assez nombreuse qui alla quérir Kashina alors qu’elle était encore dans son bain à discuter avec le mestre! La soldatesque peu avenante lui donna juste pour consigne de se vêtir dans l’urgence et de les suivre. Ambiance sombre, les hommes d’armes de la maison Martell avaient une allure si sévère qu’on ne savait même pas s’ils s’occupaient de convoyer une invitée prestigieuse ou une condamnée à mort. Ils escortèrent la courtisane en dehors du palais. Ils l’invitèrent à monter dans un palanquin brodé porté par quelques serviteurs. Ils la conduisirent à travers plusieurs rues sous les yeux intriguées de la foule. Mais qui était cette femme à qui on avait réservé l’escorte d’honneur de la maison Martell ? La troupe quitta la ville et arriva devant l’un des bâtiments encadrant les jardins aquatiques. On conduisit Kashina dans la grande pièce entouré de colonnes de marbre ouvrant sur la végétation des jardins. Oberyn Martell était assis en tailleur au milieu près d’un bassin. Il avait un livre ouvert et lisait un récit. Ses 4 filles aînées spectatrices étaient assises en tailleurs elles aussi, complètement captivé par ce que leur contait leur père. Oberyn leva la tête, il aperçut Kashina, il referma brutalement son livre. Il se leva et accourut enthousiaste vers la jeune femme. Ses 4 filles se levèrent aussi, elles suivirent leur père mais restèrent à distance comme méfiante.

Oberyn saisit les deux mains de Kashina dans les siennes. Il embrassa l’une et l’autre de façon cérémonieuse. Les 4 filles aspics affutèrent un regard jaloux vers la courtisane, du style : « T’es-plus-belle-que-nous-mais-on-est-comme-des-princesses. »

« Bienvenue ! Je t’annonce que je t’accapare pour la semaine. J’ai payé Lerios qui s’en est repartit pour Essos avec sa suite. Tu resteras ici avec les deux mercenaires venus à l’allée avec toi pour te surveiller. Vous repartirez quand tout sera accomplit. Un de nos bateaux sera à ta disposition pour retourner à Lys. »

Les 4 filles d’Oberyn continuaient d’affuter leurs regards de jalouse style : « De-toute-façon-nos-mères-sont-plus-belles-que-toi. »

« Je te rassure, le spectacle n’a lieu qu’à la fin de la semaine, tu auras le temps d’oublier cette morsure de serpent entre deux. Mais j’oublie mes devoirs d’hôtes, tu veux quelque chose ? »

Oberyn leva un doigt en l’air, aussitôt des serviteurs accoururent vers Kashina. L’un portait une corbeille de fruits exotiques, l’autre une carafe d’eau, un 3ème une serviette parfumée pour ses mains.

La fille de 13 ans couina :

« Père, elle n’est pas assez bien pour ce qu’on prévoit ! »

La fille de 16 ans gémit :

« Et puis de toutes façon les danseuses de Dorne sont plus jolies qu’elle. »

Oberyn s’esclaffa :

« Laissez là en paix mes aspics ! Ne fait pas attention à ces deux là, elles sont à l’âge de la révolte, ça leur passera. Bien voilà la mission cruciale que j’ai pour toi : m’aider à organiser la festivité de l’année à Lancehélion et crois moi la tâche est très difficile. Tu seras le clou d’un spectacle visant à émerveiller une petite fille pour ses 7 ans. »

Le sable mouvant
Ft. Oberyn

Kashina posa la question à propos du rôle qu’elle aurait à jouer dans l’organisation des festivités en plus évidemment de danser dans le grand numéro final. Oberyn commença :

« Et bien… »

Il fut brusquement interrompu par son quatuor de filles :

« Il faut qu’on trouve des chansonniers. »

Lâcha Obara Sand.

« Il nous faut des acrobates. »

Rétorqua Nymeria Sand.

« Et aussi des jongleurs. »

Insista Tyerne Sand.

« Et surtout des danseuses. »

Conclut Sarella Sand.

Oberyn Martell s’esclaffa tout joyeux. Il ajouta :

« Et bien voilà, tu a entendus les aspics. Il nous faut plus d’artistes, mais les gens du spectacle de Dorne ne sont pas des plus réputés. Et à ta façon de danser, je sais que tu as un goût très sûr de la scène. Alors je compte sur toi Kashina pour nous aider à choisir et à discerner qui est assez doué pour un spectacle ambitieux ! »

Et dans l’heure qui suivit les serviteurs de la maison Martell, sous les ordres de Yeakel, l’un des régisseurs des jardins aquatiques, avaient installé une table et monté une scène pour accueillir les candidats. Oberyn avait fait placarder des annonces de recherche aux portes de la ville de Lancehélion plusieurs jours auparavant. Les artistes vinrent en nombre. Le bouche à oreille marcha à plein en ce jour : le prince Martell recevait aux jardins avec sa coterie féminine d’aspic et une toute nouvelle venue : la danseuse sacrée, mystérieuse beauté venu de par delà le détroit. Oberyn prit place avec Yeakel le régisseur à la table. Il convia Kashina à les rejoindre pour faire partie du jury elle aussi. Les 4 filles s’incrustèrent à la table elles aussi pour faire partie du jury, sans que leur père ne les aient invité. Mais les demoiselles se fichaient complètement de son autorisation. Bien qu’elles fussent jalouses de l’apparence de Kashina, elles jouèrent des pieds et des mains pour être proche d’elle. Les deux petites dernières se disputèrent pour savoir laquelle aurait le droit de s’assoir juste à côté de Kashina. Leur père lança :

« C’est pas un peu finis ? »

Les auditions commencèrent. Martell et les petites Sand suivirent leur déroulement avec attention. Yeakel le régisseur perdit le fil, il passait son temps à mater allègrement Kashina et ses formes. Il demanda à Oberyn s’il pouvait faire peindre l’allure de la jeune femme pour ensuite transformer ce croquis grossier en mosaïque sur l’une des fresques de l’endroit. Oberyn fit oui de la tête en se marrant. Les deux mercenaires qui escortaient Kashina depuis Essos jouèrent les chiens de garde. Ils faisaient le trie dans la queue d’artistes qui attendait pour passer devant le jury. Ils tenaient les plus douteux à distance. Les filles d’Oberyn avaient fait leur propre liste. Elles avaient prévues qu’il y aurait 6 numéros de spectacles entre chaque plat du banquet.

Le premier à passer devant le jury était un vieux jeton qui chantait des airs fameux et épiques. Oberyn lui demanda de lui aligner quelques mesures d’une chanson de Dorne au hasard. Le vieux lui répondit qu’il possédait le plus gros sexe du monde, qu’il exhiba vite fait avant même qu’il puisse ajouter un mot. Les 4 filles se marrèrent. L’ainée applaudit malgré tout, en disant que la chose lui rappelait celle de son ex-amant. Un soldat de Martell se dépêcha de sortir le vieux manu militari. Grand-père n’était plus là, mais il avait donné un certain ton. Voyez un peu la suite :

Un dresseur avait amené ses deux chiens. Il leur avait attaché des gueules et des ailes de dragon en carton sur le dos. Il espérait que la fille de 7 ans, aimait les légendes sur les dragons de l’ancienne époque.

Zéro.

Une femme avec sa flûte qui ne jouait pas dans le ton et qui avait essayé de refiler une de ses doléances malgré la présence d’un garde.

Zéro.

Un troubadour et ses histoires humoristiques sur les parties de chasse du roi Robert. Ronfle-la-ville, épique !

Zéro.

Un jongleur qui exécutait des tours de passe-passe avec des mouchoirs en soie. Habile mais mortel ; capable de transformer facile le premier cordon de tirage venu en nœud coulant.

Zéro.

Plus de deux douzaines de chanteurs hommes et femmes confondus avec leurs instruments : plat, grinçant, couinant, rauque. Le carnage total pour les oreilles de Martell mais pas de ses 4 filles, les petites aspics pouffaient de rire.

Un tambour, un jeunot qui piqua du nez au beau milieu de son fracas. L’un des gardes le prit et le déposa à côté pour qu’il finisse de cuver, le jeunot se débâtit à coup de pied. Les gardes virèrent l’ivrogne des jardins avec encore plus de sévérité.

Oberyn le visage défait se tourna vers Kashina :

« Qu’est-ce qu’on va faire ? On a toujours personne. Je crois qu’il y a encore 40 ménestrels et danseuses confondus derrière qui attendent pour passer devant nous. Je suis en train de songer à faire revenir le maraud avec ses chiens attifés en dragon. C’est pour dire mon désarroi. »

Oberyn voulait aussi demander leur avis à ses filles, mais il vit qu’elles étaient occupées. Les 4 aspics frappaient dans leurs mains en chantonnant pour indiquer la cadence aux nouveaux venus sur scène. Un groupe de danseuse en train d’esquisser quelques pas en rythme. Oberyn se tourna vers Yeakel pour avoir son avis aussi, mais le régisseur avait disparut. Il se retourna pour le chercher du regard. Il aperçut son homme à quelques pas de la table. Il se tenait à côté de l’artiste venu en douce à son appel pour dessiner les traits de Kashina. Le régisseur souffla quelques baisers à la danseuse sacrée. Oberyn leva les yeux au ciel.

Le sable mouvant
Ft. Oberyn

Martell constata que la danseuse d’Essos avait eut une ruse habile pour trier la foule venu montrer son talent. La plupart d’entre eux étaient partis à la simple annonce que les artistes des futures festivités ne seraient pas payé pour leur peine. Bien entendu c’était faux, Oberyn comptait bien les régler. Mais cette annonce avait suffit à faire décamper pas mal de monde pour ne conserver que les plus motivés. Les auditions continuèrent avec un prince Martell bien plus enthousiaste. Il était satisfait de s’être adjoint les services de Kashina, pas seulement pour qu’elle assure le final de l’anniversaire de sa fille, mais aussi parce qu’elle avait su faire un écrémage adroit avec son stratagème. Finalement à la fin du jour plusieurs artistes avaient été retenus par les filles de Martell. Les 4 aspics étaient très difficiles mais avaient quand même jeté leur dévolue sur plusieurs ménestrels. Parmi eux :

Un bouffon : commentaires satiriques sur sujet choisi : Le roi Robert rencontre son prédécesseur le roi fou au sommet du Donjon Rouge. Les deux souverains de renvoyaient des poncifs comiques à coup de répliques rassises. Rien qui n’amusa Oberyn, mais ses filles adorèrent et donnèrent leur aval au bouffon.

Une chanteuse, dans une tenue très étroite et moulante peu ordinaire (au point qu’Oberyn la soupçonna de venir d’un des bordel de Lancehélion) malmena une chanson sous les notes de l’instrument de son comparse à la peau sombre qui devait venir d’Essos. Oberyn estima que la dame avait l’organe un peu faible, elle dérapait dès qu’elle essayait de sortir une note un peu haute. Mes les aspics qui ignoraient les standards de la qualité musicale, donnèrent leur accord.

« Monra et Ouny », deux acrobates de charme, deux paquets de muscles. Plongeons, flip-flaps, lancers de main à main. Jolie, du moins quand on aime les imbécilités de ce type là. Les aspics sifflèrent et applaudirent. Tyerne Sand complètement énamouré lança :

« Monra t’es trop beau ! »

Monra souffla à son public de filles une moue de baiser, en faisant ça, il en oublia de rattraper Ouny, qui retomba sur la scène à plat dos. Les 4 filles Sand devinrent toutes folles et applaudirent comme jamais. Elles avaient cru que ce plongeon spectaculaire faisait partie du numéro. Les gardes évacuèrent l’acrobate assommé sous les pleurs de Monra qui gémissait après « son Ouny ». Les filles insistèrent auprès d’Oberyn pour les avoir aux festivités. Le prince accepta. L’acrobate aurait sans doute le temps d’ici là de se remettre de sa chute, tout comme Kashina de sa morsure de serpent à la jambe.

Les jeunes filles jetèrent aussi leur dévolu sur deux sœurs jumelles chanteuses. Elles portaient de longues robes fendues et des décolletés profonds. Oberyn remarqua qu’elles chantaient juste, mais qu’elles avaient la chair de poule. Probablement l’angoisse de chanter devant le prince. Il ne put s’empêcher de s’esclaffer en constatant que les airs connues qu’elles chantaient avaient été modifiés pour plaire à la maison Martell. Ainsi « l’homme que j’aime » était devenu « le désert que j’aime ». « Emmène-moi dans le ciel », se retrouva violé en ces termes : « Emmène-moi à Lancehélion, la plus formidable cité de Westeros ». Oberyn ne put s’empêcher de rire et leur signala qu’il s’agissait des festivités pour une enfant, qu’elles n’avaient pas besoin d’en venir à flatter l’orgueil d’une maison noble. Les aspics supplièrent Kashina et leur père d’inclure le duo dans le spectacle.


Le lendemain on commença à aménager un périmètre dans les jardins aquatiques qui serait réservé aux festivités. On construisit une scène digne de ce nom. On disposa des tables en vue du banquet. Des jardiniers s’affairaient sur la végétation afin de concevoir quelque chose d’harmonieux. Des manœuvres vinrent donner de l’aide sous la direction de Yeakel le régisseur, qui servait de grand organisateur avec la bénédiction du Prince. Oberyn passa la journée dans le palais de Lancehélion à gérer les affaires courantes et il n’assista pas aux répétitions dans les jardins aquatiques. Mais lorsque il revint le soir pour aller aux nouvelles, il fut surprit par la tournure que la chose avait prit.

A l’entrée des jardins une foule était attroupée alors que les gardes formaient un cordon pour les empêcher de pénétrer dans les lieux. Oberyn se fraya un chemin dans la foule avec sa propre escorte. Les gens s’écartèrent sur son passage en murmurant : « C’est le prince ». Arrivé à l’entrée, il questionna un des gardes.

«Pourquoi y’a-t-il un attroupement ? »

« Ils veulent voir la danseuse. »

« Quoi ? »

«Des gens sont venus dans les jardins aujourd’hui, ils ont pu assister aux répétitions, la rumeur s’est répandu, d’autres sont venu en nombre, nous avons du interdire l’endroit au public. »

Oberyn entra dans les jardins, il croisa sa fille Obara Sand.

« Tu viens voir Kashina danser ? »

« Qu’est-ce qui te fait dire ça jeune fille ? »

« C’est une conclusion incontournable pour la connaisseuse avertit. »

Qulqu’un quelque part hurla :

« Allumez les torches ! La nuit commence à tomber ! »

Obara ajouta :

« Nos gardes ont installé pleins de tentes pour que nos artistes puissent dormir ici en attendant le grand jour. On croirait être dans un des campements de nos déserts.»

Sur scène, des danseurs sautillants avec des masques gravés des époques passés de Dorne. Hop Hop ! Et un cruchon qui s’échappa de la tunique d’un des danseurs. Un metteur en scène cria :

« Je vous ais dis de laisser vos flasques et votre gnôle dans vos couvertures sous vos tentes ! Souvenez-vous des consignes de Yeakel ! Pas d’alcool avant la fin des répétitions ! »

Hop Hop ! Les danseurs qui évacuent la scène en catimini sur un pas de danse. Quelqu’un quelque part hurla :

« Amenez les gardes ! Un paysan a réussit à s’introduire dans les jardins ! »

Succession de cris puis une plainte gémissante :

« Mais je voulais juste voir la danseuse sacrée d’Essos ! »

Nymeria Sand vint se mêler à son père et sa sœur, elle dit :

« Père, tu viens vois danser Kashina ? »

« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? »

« C’est une conclusion incontournable pour la connaisseuse avertit. »

« Mes filles, vous et vos sœurs, vous commencez à me fatiguer. Où est Yeakel ? »

« Il va se montrer, il est partit chez les artisans boulanger où il se procure le pain rassis de leur semaine, afin que les dépenses ne soient pas trop lourde. Imaginez ce qu’il a donné à tous nos artistes : du pain rassis et cette viande qu’il a racheté à faible prix sous le comptoir de l’abattoir de Boycitre. Imagine père, Tyerne a refusé de manger ici quand elle vu de la fourrure dans son Bologne au fromage. »

Oberyn aperçut Yeakel qui rentrait sous sa tente avec un sac chargé de provision. Martell se dirigea vers la tente, son ombre apparut à l’entrée. Yeakel hurla :

« La nourriture n’est pas distribuée avant 20h ! Le foutoir que vous me collez là ! Ici ce sont les festivités de nos jardins ! Pas une taverne de bas étage ! Oh pardon mon prince, je n’avais pas vu qu’il s’agissait de vous. »

Oberyn entra sous la tente et attrapa un pain aux raisins à portée sur une des tables. Il le mit en bouche et le reposa aussitôt : rassis. Yeakel s’était vautré sur un fauteuil, autours de lui, 4 artistes en train de faire 4 mosaïques de Dorne à partir de croquis de Kashina comme modèle. Oberyn essaya de contenir son rire :

« Tu m’avais demandé pour une seule fresque de notre danseuse de Lys, ça ne t’as pas suffit ? »

Regard énamouré du régisseur :

« Non… »

La petite Sarella Sand entra à son tour dans la tente, elle attrapa un petit pain et le mit en bouche avant de le reposer aussitôt : rassis.

«Comment les répétitions avancent ? »

Yeakel détourna son regard de Kashina en 4 exemplaires.

« Ça vaut le coup d’œil. Petite Sand, veux-tu amener un pain aux raisins à Kashina et lui dire que c’est de ma part ? »

Oberyn cette-fois n’arriva pas à se retenir de rire. Il s’empara d’un petit pain et annonça :

« Non je vais le faire, où est-elle ? »

Sarella trépigna :

« Non ! C’est moi qui vais lui apporter ! C’est moi qui vais lui apporter ! »

Oberyn prit sa fille par la main et lui confia la nourriture.

« Très bien je renonce, allons-y, je te suis. »

Le sable mouvant
Ft. Oberyn