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Uchronie du Trône de Fer de George R.R. Martin. Venez incarner un riche Lord, un noble chevalier, un seigneur ruiné ou un roturier dans le Royaume des Sept Couronnes !
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[Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne

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MessageSujet: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime02.02.14 13:20

Il y avait quelque chose dans l'air de ces terres que Lenwyr ne retrouvait nul part ailleurs. Un parfum, une douceur, typique du domaine de Fléaufort que les étrangers ne sentaient pas mais que le jeune noble, lui, percevait à chacun de ses retours. A cet instant précis, il l'appréciait comme jamais, perché sur sa plus belle monture, embrassant du haut d'une colline le paysage qui s'étalait devant lui et qu'il connaissait si bien. Le pays de son enfance, celui de ses ancêtres et de sa descendance. Cela faisait trois ans qu'il ne l'avait plus revu et son dernier séjour n'avait pas duré longtemps.
Comme à chaque fois depuis huit ans, les retrouvailles avec son père étaient restées glaciales et il avait suffit d'un mot déplacé pour qu'une dispute explose, provoquant son départ. Lenwyr savait que la situation était ainsi par sa faute mais il refusait d'être vu comme l'unique responsable. Quenten Fléaufort n'était pas son père pour rien. Aussi butés et fiers l'un que l'autre, ils ne se pardonnaient rien et paraissaient irréconciliables jusqu'à récemment. Mais depuis peu, tout était en train de changer, si bien que les rumeurs évoquaient depuis un mois le retour de Lenwyr chez lui. Et pour une fois, les ragots disaient vrai.


« Ser, nous devrions poursuivre notre route. Nous sommes déjà en retard et le chemin est encore long. »

Lenwyr se tourna vers son premier page, l'aîné des trois, un solide garçon au nom de Darl, déjà adulte et bientôt en âge de porter sa première lance, et présentement l'air éreinté. Il le devina pressé d'arriver et de se soulager de la route faite depuis Castral Roc, mais le noble n'avait aucune envie d'accélérer l'allure. Il retrouvait son domaine et entendait bien profiter de chaque instant de calme et de nostalgie que les dieux voudraient bien lui donner, aussi il répondit avec calme mais d'un ton qui ne souffrirait pas de contestation,

« Mon père a déjà attendu huit années, je pense que quelques heures de plus ne changeront rien à son bonheur. »

Il avait sourit en coin à cette idée. Lenwyr devait s'admettre à lui même que l'idée de retrouver son père tel qu'il l'était avant leur querelle le mettait tout autant en joie. Ne s'interdire aucun plaisir à la cour pour que les rumeurs le fassent enrager, cela l'amusait au début. Mais il faut une grande colère en soi pour garder l'envie de se battre huit ans. Et Lenwyr n'en avait plus envie. Bien sur, il gardait en lui son amour du vin et des femmes, mais il avait à coeur de ne plus devoir combattre la seule famille qui lui restait. Et si l'idée de se voir imposer des fiançailles et des excuses l'avait répugné en premier lieu, il devait bien admettre s'être fait depuis à l'idée. Son projet était de contenter son père, de prendre en mariage la femme que ce dernier voulait le voir prendre... garder la surface de l'eau calme, en quelques sortes. Après, rien n'empêcherait Lenwyr de céder à ses vices quand l'envie lui viendrait, tant que cela ne se savait pas. Il y avait les promesses, et puis les réalités. Un homme conserve des besoins, malgré toutes les belles paroles du monde. Personne ne pourrait lui en vouloir sincèrement de faire des écarts avec la bonne conduite, du moment que l'honneur de la famille n'était pas en jeu.

Sa troupe ayant commencée à descendre la colline, il dut se résoudre à faire avancer sa propre monture. Darl n'exagérait rien en disant qu'il restait de la route, mais Lenwyr ne vit pas le temps passé. Il retrouvait son pays, et c'était là tout ce qui comptait pour lui. Des arbres, un cours d'eau, une cascade, un champ... Tout lui rappelait son enfance, un temps pas plus heureux, mais plus naïf et insouciant. Et puis, après plusieurs heures, ils dépassèrent le sommet d'une colline, et le noble se sentit enfin pleinement chez lui.


« Fléaufort. »

La demeure de sa famille était toujours là, trônant en surplomb des terres alentours, bâtie dans le roc solide des montagnes rouges. Belle et droite, comme toujours, comme ses maîtres. Cinq hautes tours, des remparts forts, un donjon au sommet duquel flottait la bannière à la faucheuse. Pas une pierre semblait différente, rien n'avait changé depuis huit ans. Il y avait toujours là comme un écho glorieux des âges passés, un témoignage puissant de la force de ses ancêtres. Alors, Lenwyr tira son cor de sa ceinture, le porta à ses lèvres, et sonna dedans d'un souffle fort malgré l'émotion qui s'était emparée de lui. Après quelques instants, une autre sonnerie lui répondit, depuis les murs. Ne retenant plus son impatience, il lança son cheval au galop.
A peine moins d'une heure après, il parvenait aux portes du château. Celles ci s'ouvrirent dés son arrivée et il reçut le meilleur accueil qu'on lui fit jamais. Tous, des soldats aux domestiques scandaient son nom tandis que les trompettes faisaient trembler jusqu'aux fondations de la forteresse. Un sourire irrépressible au visage, Lenwyr avança dans la cour, saluant de la main, gratifiant d'un geste particulier un visage familier, jusqu'à ce qu'il remarque le plus familier de tous.

Quenten Fléaufort se tenait sur les marches, devant la porte de la grande salle. Il avait les bras croisés sur la poitrine, en posture d'autorité, comme toujours. Mais cette fois, il souriait, lui aussi. Lenwyr réalisa alors le temps qui était passé depuis leur dernière rencontre. Ca n'était rien pour un jeune homme comme lui. Mais sur son père, chaque année avait laissé sa marque. Quenten restait un bel homme, fort et droit. Mais il semblait plus las, et moins froid. Le fils sauta alors de cheval et s'approcha de lui. Les usages et le protocole exigeaient de la retenue, en moins en public, et il se retint d'éteindre son père pour s'agenouiller devant lui, tête baissée en signe de respect. C'était la première fois depuis ses dix-sept ans qu'il admettait ainsi son autorité. Sans même le voir, Lenwyr devina que le maître de Fléaufort levait les bras vers la foule. Sa voix résonna alors, forte, pleine d'une vigueur retrouvée,


« Louez les sept, mes amis ! Louez les dieux car ils ont fait revenir mon fils chez lui ! »

Il déposa un baiser paternel sur son front et tandis que Lenwyr se relevait, il ajouta, pour lui,

« Allons, viens donc avec moi. Nous devons achever de tout préparer pour l'arrivée de ta promise. »

Le jeune noble hocha la tête, suivant son père de prés tout en jetant des regards autour de lui. Chaque visage lui semblait familier, les voix qui fusaient de la voix également. Lui qui se sentait détaché de Fléaufort un mois auparavant commençait à comprendre à quel point il était attaché à cet endroit, en réciproquement. Lenwyr comprit pourquoi on parle de racines, à propos des origines de chaque homme. Il avait ainsi la sensation de renouer des liens plus forts que lui, plus forts que sa soif de liberté qui l'animait auparavant. Etait ce parce qu'il était enfin accepté chez lui ? Il n'eut le temps de trop y réfléchir. Au moment de passer la porte, il posa sa main sur le lourd battant en or, en forme de tête de lion. Là, il hésita une dernière fois. Sa dernière occasion de retourner à sa vie de liberté totale et de luxe se tenait derrière lui. Il lui faudrait prendre son cheval, faire demi tour et s'en aller. C'était si simple... Lenwyr eut un profond soupire et pénétra dans sa demeure. Il est temps, pensa t'il en franchissant la porte, de tourner une page.

* * *

Lenwyr s'autorisa une coupe de vin dés le lendemain matin. A dire vrai, il en avait bien besoin pour essayer tant bien que mal de se calmer. Bien que la rencontre du jour même ne fut qu'une simple étape avant un possible mariage, l'héritier de Fléaufort était si mal préparé à cette idée qu'il en venait à craindre le pire. Et si la femme choisie n'était pas à son goût ? Et si il n'était pas au sien ? Et si il la dégoûtait au point qu'elle refuse tout acte de chair ? Une fille d'une nuit se repousse le lendemain sans devoir y penser à nouveau mais une fiancée... Plus il y pensait, plus il se sentait mal à l'aise à l'idée de ce passage obligé vers sa nouvelle vie. Et ainsi, ce fut son propre père qui, venu le saluer, lui servit la première coupe de vin. Quenten connaissait son fils et il savait surement d'avance que sa réaction ne serait pas évidente. Mais depuis la veille, Lenwyr s'était comporté comme le meilleur des chevaliers et un fils exemplaire. Pour la première fois depuis longtemps, ils avaient partagé un repas calme et détendu, et où même le sujet des fiançailles n'avaient pas provoqué de tension. Rassuré, croyant en la sincérité de son fils, Quenten ne l'imaginait pas échouer à séduire la dame de Dorne. Si lui avait pu séduire sa femme en un autre temps, bien moins dégourdit que ne l'était Lenwyr, alors ce dernier s'en tirerait certainement très bien. Quand à savoir si elle lui plairait, le seigneur de Fléaufort avait déjà sa petite idée sur la question. Dans une attitude de réconfort paternel, il enserra son fils d'un bras et lui déclara,

« Le mieux que tu puisse faire est de laisser les fil des choses couler, jusqu'à ce qu'elle arrive. Essaye de ne penser à rien d'autre qu'à être plus beau que jamais. Pour le reste, je m'en occupe. Et je suis sur qu'une fois face à elle, toutes tes peurs s'envoleront. »

Lenwyr eut un sourire pâle, celui qui viendrait à tout jeune homme que les mots de son père rassurent en partie sans pour autant faire disparaître ses craintes. Au moins Quenten lui rendit son sourire et partit donner des ordres. Toute la matinée, le château résonna des échos de sa voix, tandis que son fils se préparait à faire la meilleure impression de sa vie à une femme inconnue.
Tout le domaine oeuvrait à préparer sa venue, dans les villages comme au château. De sa fenêtre, l'héritier des Fléauforts pouvait voir des charrettes sur la route, apportant des mets, des draperies ou de la main d'oeuvre afin tout soit prêt à temps. On ne la disait plus très loin. Et chaque heure qui avançait était comme un poignard planté entre les cottes de Lenwyr. Et alors, tandis le soleil amorçait sa descente, un cor sonna, dans les collines du sud. Ce fut comme une claque pour le jeune noble. Un dernier regard sur son reflet lui confirma qu'il ne pouvait être plus présentable qu'alors. Il ne lui manquait plus que la volonté d'y aller. C'était cela qui l'avait terrorisé depuis son réveil, cela qui l'empêchait d'apprécier la proximité de sa promise. Ca n'était pas digne de lui. Lenwyr Fléaufort valait mieux qu'un trouillard que le mariage effraye. Il était un chevalier de l'Ouest, et pas le dernier !


« Il est temps de tous leur montrer qu'ils ont eu tord, toutes ces années. »

Il attacha une cape écarlate dans son dos et observa le résultat final. Vêtu du noir des Fléaufort, cousu de fils d'Or de l'Ouest, et du rouge de ses seigneurs Lannisters, Lenwyr avait fière allure. De ses bottes de cuir à sa tunique, tout indiquait sa richesse et son rang. On ne pouvait se tromper en le voyant. Satisfait, emplit d'un courage mêlé de fierté, il rejoignit son père dans la grande salle. Lorsqu'il entra, il constata que tout était impeccablement préparé selon les usages. Plusieurs vassaux de son père et ses propres camarades chevaliers étaient là, en rangs. Les bannières des deux familles ornaient le hall également. Son père, lui, se tenait debout, devant son siège de maître de famille, plus élégant que jamais. Quenten rayonnait, d'ailleurs, comme jamais Lenwyr ne l'avait vu. Et il ne fut que plus réjouit de voir que son fils avait laissé ses peurs derrière lui.

Lorsqu'on annonça l'arrivée des Vaith, les deux Fléauforts sortirent, suivi chacun de deux chevaliers, dans la cour extérieure, les accueillir sur les marches. C'est là, pour la première fois, que Lenwyr la vit,
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime02.02.14 17:25

Les garçons d'écuries finissaient de fixer les selles aux chevaux lorsque Swan arriva dans la cour. Lentement, tous finissaient les préparatifs pour le long voyage qui s'annonçait ; le soleil s'était à peine levé mais le cortège qui devait se rendre dans les terres de l'ouest était déjà réuni au complet. De la septa Andrea jusqu'à sa suivante et confidente Beth en passant par les cinq cavaliers qui assureraient sa protection, tous étaient déjà plus ou moins près à partir. Les visages étaient tous plus ou moins témoins de leur fatigue, et aucun n'était d'humeur souriante, ce qui finit de ternir le moral de la jeune femme. Celui de sa mère, qui l'attendait sagement en supervisant tout le petit monde, était le plus représentatif de tous. En parfaite Lady, elle s'efforçait de ne pas verser de larmes et de ne pas dire ce qu'elle pensait réellement de cette alliance. Swan ne percevait pourtant pas la moindre colère en elle ; juste de la peur. Sa rigidité, son amertume, son agressivité à l'égard de sa fille... tout s'était envolé avec le corbeau qu'elle avait envoyé à Fléaufort pour prévenir du départ imminent du petit cortège.

Swan prit une grande et profonde inspiration avant de se diriger vers son cheval. Son regard ayant finit de décortiquer et de mémoriser chacun et chacune présents à cet instant, il se leva un peu plus haut pour observer les tours de guet et les remparts de Red Dunes une dernière fois. Elle n'avait aucune envie de partir. Elle se sentait lésée et bien qu'elle reconnaisse avoir provoqué quelques problèmes à sa maison, jamais elle n'aurait pensé que son père irait jusque là ; quand bien même une amitié récente animait les deux maisons, un idiot aurait tout de suite compris que cette union allait causer des remous chez les Martells et les Lannisters. Aucune des deux maisons n'y seraient indifférente, le tout étant de savoir quel point de vue ils auraient sur la question. Et de ces points de vue allaient dépendre beaucoup de choses...

La fille Vaith mit un pied à l'étrier et grimpa sur son cheval avec l'aide furtive de son cousin, Andar Vaith, homme de confiance et capitaine de la garde de Red Dunes. Il s'esquiva lorsque Helicent s'approcha et tâta brièvement le bas de la robe que Swan portait. Cousue de fil doré, le tissu le plus noir qu'il lui était donné de voir. Élégante et sobre. Très classieuse, elle était sa préférée, elle le savait. « Tu risques de l’abîmer durant le voyage », put-elle seulement dire, la voix voilée par un chagrin qui n'allait pas tarder à exploser. Du haut de son cheval, Swan plongea ses yeux dans ceux de sa mère comme si ce fut la dernière fois qu'elle puisse les contempler. Elle ne trouva pas la force de lui répondre, sa main allant se poser sur la sienne pour en sentir une dernière froid le contact avant de partir. Elle était gelée.

Elle s'obligea à mettre un terme à ce moment en retirant sa main et en tournant sa tête vers les soldats et le reste du cortège. Tous affichaient la même mine de déterré ; il n'y avait guère qu'elle qui se forçait à se couvrir d'un masque, comme si tout cela était normal et ne l'atteignait pas. Elle finit par taper des pieds pour faire avancer l'équidé et lancer ainsi la petite troupe. Sans un mot et le moindre regard en arrière, elle passa les portes du donjon, les cavaliers à sa suite.


~~


Après trois semaines sur les routes de Westeros, le voyage touchait à son terme. La dernière semaine étant la plus difficile puisqu'il fallut se frayer un chemin à travers les hautes montagnes des terres de l'ouest. Ils furent aussi régulièrement arrêtés par diverses patrouilles qui trouvaient étrange que des dorniens se promènent sur les terres des Lannisters. Ainsi toutes les maisons furent au courant de la progression du cortège, celle des Fléaufort en dernière puisqu'elle se trouvait tout au Nord de la région. Le soleil était déjà très haut dans le ciel lorsque Swan et ses gens arrivèrent sur leurs terres. L'étendue de ces dernières devait être facilement deux fois supérieure à celle des Vaith, mais elles n'avaient en rien la beauté des prairies fertiles et des forêts denses de Dorne.

La troupe longeait encore la côte lorsqu'une dizaine de cavaliers de métier apparurent à l'horizon, la bannière des Fléauforts flottant aux quatre vents. Ils les rejoignirent assez vite et s'arrêtèrent quelques mètres devant eux, jusqu'à ce que l'un d'eux fasse sortir son cheval du rang pour s'approcher de la belle dornienne.

« - Lady Vaith, notre seigneur, Lord Quenten, vous souhaite la bienvenue sur ses terres.
- Très aimable, dit-elle seulement.
- Si vous le permettez, on m'envoie vous escorter jusqu'au château. Tout le monde vous y attend avec impatience. »

Elle échangea un regard avec son cousin, rempli d'un lourd dépit : il était impossible de faire marche arrière et de s'enfuir dorénavant. Elle hocha la tête au soldat en guise de réponse et ils partirent en avant, les gens de la maison Vaith à leur suite. Il ne fallut guère plus de deux heures pour enfin apercevoir les plus hautes tours de Fléaufort, et pas plus d'une pour arriver devant les remparts. Le temps semblait si court à la jeune brune en ce jour ; elle aurait aimé que le voyage dure une semaine de plus, voir même un mois. Incertaine, elle observa avec attention les lieux de sa prochaine demeure, si le mariage avait lieu. Les murs de pierre lui semblèrent froids et sans âmes. Rien de ce que ses yeux touchèrent ne lui rappelait Red Dunes, une cité si petite en comparaison de cet impressionnant fort.

Finalement, elle pénétra dans le donjon, où tout un tas de yeux se posèrent sur elle, en rien comparables à ceux qui la virent s'éloigner de sa maison. Ceux-ci étaient remplis de joie, gais, comme ce devrait être le cas lors de tout mariage. Des sourires accompagnaient ces visages radieux qui lui firent un instant oublier le contexte écrasant et minant de cette union ; elle sourit par pur réflexe. Son sourire était plus sincère que ne l'aurait été ses mots si elle avait été en mesure de parler à cet instant. Peut-être devait-elle aussi surprendre par le fait qu'elle arrive sur le dos de son équidé, mais elle n'avait que peu de goût pour les chariots, où elle s'y sentait presque comme captive.

Elle avança dans la cour jusqu'à s'arrêter devant les Fléaufort et leurs gens ; tout de suite elle distingua le père du fils, ce qui n'était pas bien dur forcément. Touts deux ne se détachaient pas seulement par les traits de leur visage et la couleur de leur cheveux mais surtout par leur posture. Elle avait déjà entendu nombre de choses qu'elle aurait aimer être fausses sur le fils, mais rien qu'à y voir son air naturellement arrogant, elle se résolu à y croire. Bien qu'elle savait que juger les gens d'un simple regard pouvait être trompeur, elle n'avait su s'empêcher de le faire. Finalement, son regard se porta bien vite sur le père, l'homme d'honneur, celui qui avait épargné Lord Daeron Vaith ; il semblait d'ailleurs assez surpris. Il ne s'attendait certainement pas à voir une seule Vaith débarquer dans son château.

Elle descendit de son cheval puis se présenta au pied des marches, la mains croisées devant elle, soudain prise d'une timidité qu'elle ne se connaissait pas. Voir tous ces gens alignés face à elle seule, elle se sentit ridicule et en voulut encore davantage à Daeron et Helicent de ne pas l'avoir suivi. Heureusement, Andar s'approcha à ses côtés pour que ce sentiment de solitude ne la laisse pas la terroriser. Elle grimpa les marches, l'une après l'autre, et s'inclina respectueusement devant Lord Fléaufort.

« - Lord Quenten, c'est un honneur que d'enfin rencontrer l'homme qui a permis à mon père de rentrer parmi les siens. »

Elle présenta sa main pour le traditionnel baise-main, durant lequel elle ajouta :

« - Lord et Lady Vaith tiennent d'ailleurs à s'excuser de ne pas être présents aujourd'hui. De nombreuses affaires urgentes les retiennent, mais ils seront là pour la cérémonie et vous transmettent, en attendant de vous revoir, leurs plus sincères amitiés. »

Elle parlait avec une certaine assurance ; il lui fallait donner une bonne image d'elle-même, ne serait-ce que pour l'honneur de sa maison. Il était pourtant difficile de ne pas se sentir ridicule en de telle condition. Elle s'efforçait de ne pas exploser, de conserver son masque. Quand bien même, elle ne craignait pas de se ridiculiser ; comme tous les Vaith, elle ne craignait rien.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime03.02.14 19:28

Surpris, Lenwyr ne pouvait s'empêcher de l'être. Surpris tout d'abord que son père ait aussi bien choisit sa promise. Longtemps, le fils avait gardé dans un coin de son esprit la crainte mêlée de soupçon que la proposition de Quenten ne soit qu'un piège, que la femme soit laide ou affligée d'une tare quelconque. Or, si ses yeux ne le trompaient pas, Swan Vaith était aussi belle qu'on le disait. Dornienne, sans que le doute ne soit permis, surtout avec l'expérience qu'avait Lenwyr dans ce qu'on appelait assez vulgairement "faire les huit". Mais de mémoire, l'héritier de Fléaufort ne pouvait se rappeler que d'à peine deux femmes qui pouvaient rivaliser avec sa future fiancée, le souvenir qu'il avait de sa mère, et la propre fille de son seigneur Tywin Lannister. Autant le dire clairement, Lenwyr était conquit par la beauté de Swan.

En revanche, il était tout aussi surprenant mais bien moins réjouissant de remarquer qu'elle ne lui accordait pas le moindre regard. Toute l'attention de la jeune femme était portée sur son père, Quenten, en qui elle voyait surement la cause de sa venue ici, à travers l'acte de générosité qui avait noué le lien d'amitié entre les Vaith et les Fléaufort. Lenwyr devait s'avouer que son père avait toujours possédé un charisme et une autorité qu'il ne pouvait qu'envier mais de là à se faire ainsi ignorer... Après tout, c'était lui qui devait se marier ! Ainsi, s'efforçant de ne pas manifester son agacement, il bouillonnait intérieurement, atteint dans son orgueil. En silence, le regard sombre, il l'observa marcher vers elle d'un pas gracieux, monter les marches et s'incliner - Dieux qu'elle était belle - devant Quenten Fléaufort, avant de déclarer,


« - Lord Quenten, c'est un honneur que d'enfin rencontrer l'homme qui a permis à mon père de rentrer parmi les siens. »

Le seigneur de Fléaufort déposa un baiser sur la main qu'elle lui tendait, selon les usages. Elle déclara alors que ses parents n'étaient pas du voyage, ce qui ne sembla pas le surprendre. Il lui répondit aussitôt, avec un sourire bienveillant,

« Lady Vaith, nous attendions votre venue avec impatience. Je suis ravi de vous accueillir en mon domaine et ma demeure. Pour vos parents, je me désole de leur absence mais ça n'a pas grande importance. Lord et Lady Vaith auront l'occasion de vous rejoindre plus tard... »

Il n'ajouta pas "...pour le mariage", cela étant l'évidence à ses yeux. Lenwyr, lui, commençait à douter fortement de la volonté de sa promise à se marier. D'autant plus vexé qu'elle ne lui avait toujours pas accordé un regard, le jeune noble, peu habitué à subir pareil dédain d'une femme aussi belle, se demandait si elle jouait avec lui ou si elle l'ignorait sans même en avoir conscience. A bien y réfléchir, les deux possibilités le dérangeaient autant. Heureusement, son père le libéra du silence passif auquel le protocole le contraignait. Le désignant en posant une main sur son épaule, Quenten déclara, avec une fierté dans la voix à laquelle Lenwyr n'était pas encore habitué et qui lui fit jeter un bref regard surprit vers son père, à la jeune femme ;

« Lady Vaith, je vous présente mon fils, Lenwyr Fléaufort. Revenu à moi par la grâce des Dieux, je les en remercie. »

Lenwyr manqua de laisser paraître son trouble lorsque son père évoqua son "retour" et donc le passé qu'il avait accepté de laisser derrière lui. Le jeune noble pensa que ça n'était sans doute pas le meilleur moyen de l'introduire à elle que de leur rappeler à eux deux la réputation que Lenwyr avait bâtie à Castral Roc. Néanmoins, il sut jouer son rôle et s'inclina, tendant ensuite sa main ouverte afin qu'elle lui permette de faire le baise main. Elle l'avait ignoré jusque là. A présent, cela lui serait difficile, sauf à créer un incident protocolaire. L'héritier de Fléaufort la regardait, yeux dans les yeux, ne sachant pas quelle serait sa réaction, se préparant donc au pire. Il savait que si les fiançailles échouaient avec elle, il n'aurait jamais l'occasion de trouver une femme égalant sa beauté. Or, pour un homme tel que lui, ce critère prédominait. Il lui fallait donc faire au mieux et ne pas commettre d'erreur.

« My lady, dit il d'une voix élégante mais sans artifice. La séduction ne marche pas au premier contact. Je suis ravi de faire votre rencontre. »

Pour cela, au moins, il était sincère.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime03.02.14 20:55

Lord Quenten ne semblait aucunement offensé par l'absence des parents de la jeune Vaith, ce qui la soulagea. Elle sourit à pleine dent, heureuse de ne pas sembler manquer de respect à cet homme respectable, jusqu'à ce qu'il s'apprêta à lui présenter son fils. Si les histoires racontées à son sujet ne mentaient pas, il n'avait rien en commun avec son père. Elle ne lui en voulait pas pour autant, les hommes étant ce qu'ils sont, certains spécimens séduisants comme celui-ci étaient naturellement doués pour courir les jupons au point de savoir satisfaire leur envie d'un claquement de doigt. Car oui, elle le trouvait belle gueule mine de rien ; les cheveux noirs bouclés, la barbe courte, propre sur lui, le garçon avait l'air solide et correctement bâti. En tous les cas, elle ne pouvait rien trouver de repoussant chez le jeune homme, ce qui était un bon point pour lui. Ne restait plus qu'à voir de ses propres yeux quel genre d'homme il était. Le fait qu'il n'ait pas l'air d'un guerrier, comme feu son précédent époux, était également quelque chose qui la séduisait.

Son regard plongé dans le sien, elle s'efforça d'y lire ce qu'il voulait bien laissé transparaître de sa personne pendant qu'il lui embrassait la main à son tour. Mais elle ne voyait rien de plus que le visage d'un jeune nobliaux arrogant et désireux de passer à l'acte. Fichtre ! Toutes ces rumeurs à son propos l'empêchait de lire correctement en lui. Résignée, son sourire fondit légèrement, jusqu'à ce que le jeune homme prenne la parole d'une voix douce et franche.

« My lady, je suis ravi de faire votre rencontre. »

Elle marqua une pause, ne sachant trop que dire à cet instant. Devant son incapacité à démêler le vrai du faux, elle s'était muée dans une forme de perplexité qui lui était rare. Puis, avant que le blanc qu'elle causait ne prête à la moindre confusion, elle répondit, avec un sourire de circonstance.

« - Le plaisir est partagé, Ser. Votre réputation vous précède, et j'admet que je ne suis pas déçue du voyage. »

Formule de courtoisie ou petite pique dissimulée ? Ni l'une ni l'autre pour la jeune femme, qui espérait surtout que le personnage de Lenwyr se dévoile un peu plus en réagissant ou non à ses propos.
La dornienne détacha finalement son regard de Lenwyr et se tourna de profile en en revenant au Lord de Fléaufort, à qui elle désigna le chariot qui avait servi non seulement à transporter la septa, Andrea, et sa servante, Beth, mais aussi à ramener de sa région quelques caisses de ce que la maison Vaith savait produire de meilleur : du vin.

« - Lord Daeron et Lady Helicent vous envoie aussi quelques caisses de notre meilleur vin. Il n'est peut-être pas le plus bon de Dorne, mais il est de très bonne facture. Néanmoins, sans vouloir vous presser, il a déjà passé plus de trois semaines sur les routes, sous le soleil, aussi serait-il prudent de rapidement le mettre en cave pour ne pas le gâcher, mon seigneur. »
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime04.02.14 18:21

« - Le plaisir est partagé, Ser. Votre réputation vous précède, et j'admet que je ne suis pas déçue du voyage. »

Une voix charmante, à l'accent chantant, qui plut à Lenwyr. En revanche, il fut refroidit par ce qui pouvait être une pique comme un compliment. Selon les lieux, il était connu soit comme un culbuteur insatiable ou bien comme un excellent jouteur de tournoi. Souvent, son nom était associé aux deux, ce qui provoquait un amusant paradoxe. Ainsi, sa réputation provoquant autant de respect que de mépris, le chevalier ne put déceler la vérité contenue dans les mots de Swan. De toute façon, celle ci aurait tôt fait d'éclater, lors du repas qui allait suivre. Il existe bien des moyens de faire comprendre à quelqu'un si on l'estime ou on le conspue, sans faire éclater un scandale diplomatique.

Les regards des deux jeunes gens se séparèrent, au regret de Lenwyr qui aurait aimé pouvoir contempler plus longtemps ces yeux qui lui évoquaient ceux de sa mère, dont il avait hérité. La dame se retourna vers Quenten et lui présenta le présent de ses parents.
Lenwyr ne doutait pas le moins du monde que le vin que transportait le chariot soit de "très bonne facture" tant il avait prit goût au vin de Dorne durant ses années à la cour. Un peu trop, même, reconnaissait il souvent alors, et notamment lors des fêtes qu'il passait à s'enivrer en bonne compagnie. Et puisqu'il pensait à cela, il réalisa qu'une coupe ne serait pas de refus tant il avait le gosier sec. Et comme pour exaucer son souhait, Quenten acquiesça au conseil que Swan lui avait donné et le fit exécuter d'un claquement de doigt par des serviteurs. Puis, il demanda, toujours très révérencieux mais cordial,


« Le voyage a dû être éreintant, surtout à dos de cheval. Vous avez du courage pour avoir monté ainsi à travers nos collines, mais vous souhaitez sans doute vous restaurer ? Le déjeuner doit justement être donné. Si vous voulez bien me suivre. »

En fait, Lord Quenten ne faisait que suivre le protocole mais il savait présenter les étapes obligées comme de courtoises propositions. Lenwyr réalisa qu'il n'avait jamais vu son père aussi attentionné dans l'accueil d'un invité, excepté pour Lord Tywin lui même. A présent, le fils comprenait mieux pourquoi sa mère s'était laissée séduire. Il espérait qu'alors, il serait lui aussi à la hauteur.

Son père était rentré dans le grand hall, avec ses bannières, ses colonnes et son trône de pierre rouge, celui des Fléaufort. Lenwyr suivant Swan, hésitant encore à marcher à son côté, ils passèrent par une grande porte latérale qui donnait directement sur la salle de banquet. Des tables y étaient dressés en grand nombre, en plus de celle des maîtres qui dominait sur une estrade. Des serviteurs s'affairaient, tout comme les chevaliers et autres hommes d'importance du domaine commençaient à prendre leurs places. Lenwyr reconnu certains amis de toujours parmi eux, certains qui le regardaient avec une moue moqueuse, comme si ils pensaient encore que ses fiançailles n'étaient qu'une plaisanterie. En tout cas, pour l'héritier des Fléaufort, elle commençait à le faire rire jaune, bien qu'il s'efforçait de ne rien en montrer. Quenten alla prendre la place qui était sienne sur le siège au centre de la table du seigneur, suivit par son fils sur sa droite et donc, par Swan à la droite de ce dernier. Quelques instants s'écoulèrent, puis le père et seigneur déclara, d'une voix éclatante, levant son verre qu'un serviteur venait de remplir du vin dornien,


« Allons, que le repas commence ! Fêtons tous cette promesse d'une union heureuse ! A la santé et au bonheur de mon fils Lenwyr et de lady Swan ! »

Lenwyr sourit sans grand enthousiasme et leva son verre en remerciant d'un signe de main l'assemblée qui répondait joyeusement par une grande clameur au toast de Quenten. Ce qui lui arrivait semblait réjouir tous ceux qui se trouvaient dans cette salle. Lui espérait ne pas s'être trompé en acceptant le marché.
A partir de ce moment, les plats commencèrent à arriver et le repas débuta réellement. Quenten discutait principalement avec le septon Manre que Lenwyr avait reconnu dés son entrée dans la salle, et notamment du mariage. A l'entendre, il le voulait plus festoyant et retentissant qu'un mariage royal, ce que Manre lui déconseillait de faire pour ne pas froisser Lord Tywin Lannister. Le fils tendit d'ailleurs l'oreille lorsqu'il entendit le religieux évoquer l'échos qu'avait prit leur affaire à Castral Roc. Visiblement, que le fils d'un Fléaufort se marie à une Vaith, dont l'allégeance allait à la maison Martell, ennemie des Lannisters, cela posait problème jusqu'en haut lieu. Quenten ne parut pas inquiété par cette nouvelle mais il écoutait avec sérieux, preuve qu'il s'y attendait et ne sous estimait pas le risque encouru. Mais il se contenta de rassurer son septon et de changer la conversation de sujet.

Tandis que, au centre de la salle, dans l'espace entre les tables, se succédaient quelques musiciens, un montreur d'ours puis un acrobate, Lenwyr tentait d'engager la conversation avec sa promise, sans pour autant trouver de mots qui puissent le satisfaire. C'était bien chose inouïe que pareil séducteur se sente ainsi aussi maladroit pour aborder une dame, mais la situation sortait de l'ordinaire. La femme à côté de lui serait surement la sienne. Finalement, alors qu'un acrobate ratait un saut et tentait de faire passer cela pour une pitrerie, Lenwyr se tourna légèrement sur sa chaise et déclara, d'un ton léger mais rageant au fond de lui même de ne rien avoir de mieux à dire,


« Lady Swan, j'espère que cet accueil est à votre goût. Fléaufort est loin de chez vous, j'ose espérer néanmoins que vous ne serez pas trop dépaysé. J'ignore si vous connaissez bien les terres de l'Ouest mais elles regorge de merveilles certainement aussi belles et précieuses que les sables de Dorne. »

Rien dans cela que des mots classiques, attendus. Mais Lenwyr allait devoir se contenter de cela, tant sa langue d'habitude si agile semblait endormie. Peut être que de réentendre cette voix ou voir un sourire paraître sur ce visage l'aiderait à retrouver sa verve. Il n'y a pas pour un homme de meilleur inspiration que la femme qu'il désire.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime04.02.14 20:18

Swan n'aurait pu rêver mieux qu'un grand banquet à cet instant précis ; les repas qu'elle avait avalés sur la route n'était pas très nombreux et souvent très frugale malgré son rang. En l’occurrence, elle n'avait pas manger de la journée et son ventre criait famine. Un simple morceau de pain l'aurait ravi, alors un banquet ! C'est presque en sautillant de bonne humeur qu'elle marcha à la suite de Lord Quenten. Après quelques instants, ils pénétrèrent tous ensembles dans une salle où étaient déjà dressées les tables. Elle vit deux serviteurs ouvrir une barrique à quelques mètres tandis que les seigneurs et chevaliers prenaient place aux tables qui leur revenaient. L'odeur du vin de Dorne lui chatouilla les narines avec plaisir, et les premières coupes furent versées. Non pas qu'elle était une grande buveuse, cela lui rappelait surtout l'endroit d'où elle venait et qui n'avait rien en commun avec celui-ci.

C'est avec un sourire non feint et une coupe levée que Swan répondait aux acclamations suite au toast plein d'entrain du seigneur de Fléaufort. Elle tourna un moment la tête et se surprit de voir le fils ne pas se réjouir tant que cela de ce qui lui arrivait. Elle ne comprit pas vraiment, et au fond elle s'en moquait bien : les plats arrivaient. Elle huma l'air et apprécia en silence le doux parfum d'une dinde cuisinée par de vraies cuisines. Trois semaines déjà qu'elle n'avait pas perçu la saveur d'un aussi bon plat, et son ventre gargouilla pour la presser de le remplir.
Elle gardait du coin de l'œil le seul visage qu'elle connaissait : celui d'Andar. Il trinquait et buvait déjà avec les vassaux des Lannisters comme s'il s'agissait de chevalier de Gargalen ou de Martell. D'un côté, il valait mieux que ça se passe comme cela plutôt que de se laisser exclure, mais l'image la dérangeait quelque peu. Jusqu'à ce que Lenwyr s'adresse à elle et qu'elle ne s'empresse de l'écouter avec attention.

Ce qu'il lui dit était banal ; courtois, gentil, mais banal. Elle ne voyait pas là le séducteur dont on lui avait conté tant d'histoires et de courtes romances d'un soir. Le ton était peu emballant, comme s'il ne croyait pas à ce qu'il disait. Peut-être aurait-elle quelques leçons à lui donner pour feindre la bonne humeur en publique, mais dans l'immédiat il lui fallait surtout trouver un sujet avec lequel le jeune homme se sentirait plus à l'aise.

« - Allons, Ser. Nous savons tous deux que Dorne n'est pas connu pour ses merveilleux paysages et ses précieux grains de sable, dit-elle avec le sourire. »

Le vin et les dorniennes. Voila ce qui faisait la renommée de sa région, et elle était certaine que ce serait les deux choses auxquels allait penser le jeune Fléaufort suite à ce qu'elle venait de lui dire. Connaissant le personnage...

« - Je n'ai pas le plaisir de connaître vos terres. Je n'ai que très peu voyagé à dire vrai, je n'ai pas vu grand chose en dehors de Dorne. Mais... je ne suis pas dépaysée. Juste impressionnée. Tout est un peu plus grand qu'à Red Dunes, ici. »

Son regard se perdit sur les murs de la salle, dont il fit rapidement le tour pour la contempler. Elle avait déjà vu plus grand, bien entendu ; la demeure des Martells n'avait rien à envier à Fléaufort. Mais en sachant qu'elle allait devoir vivre ici et non plus dans la petite cité de Red Dunes, elle se sentait encore un petit peu perdue ici. Comme si ça n'était pas sa vraie place, en un sens. Pourtant, elle qui avait voulu grimper les échelons, on ne pouvait nier que cette union représenterait un grand pas en avant.

« - On vous dit excellent jouteur, Ser. Ces rumeurs disent-elles vrai ? »

Quoi de mieux pour relancer la discussion que d'aborder un sujet avec lequel il saurait se sentir plus à son aise. Enfin, elle l'espérait.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime05.02.14 17:01

« - Allons, Ser. Nous savons tous deux que Dorne n'est pas connu pour ses merveilleux paysages et ses précieux grains de sable. »

Son sourire avait quelque chose qui pourrait faire fondre une montagne, voir même attendrir cette brute de La Montagne lui même ! Lenwyr, lui, dut reconnaître par une moue d'approbation amusée qu'il ne connaissait de Dorne que ce qu'on en disait et ce qu'en racontait sa mère. Or, si il est toujours possible d'apprécier la beauté d'un désert, ça n'en reste pas moins du sable sur du sable, à l'infini et sans grande variété de paysages. Néanmoins, on disait les villes de cette région magnifiques et dignes d'intérêt... Autant que les femmes qui y vivaient et le vin produit dans les coins les plus fertiles. Lenwyr se fit resservir une coupe de ce dernier. Comme l'avait dit Swan, ça n'était pas le meilleur cru des sept couronnes, ce qui n'avait rien d'étonnant puisque le roi Robert avalait des années entières de vin exquis en une journée selon sa réputation. Mais il était fruité, puissant en bouche et dégageait des saveurs subtiles, surement trop pour qu'un buveur novice ne les perçoive. Lenwyr, lui, avait de l'expérience et il sut reconnaître ce vin là comme un délice digne de ce qu'on en disait. Tandis qu'il en appréciait une nouvelle gorgée, elle enchaîna,

« - Je n'ai pas le plaisir de connaître vos terres. Je n'ai que très peu voyagé à dire vrai, je n'ai pas vu grand chose en dehors de Dorne. Mais... je ne suis pas dépaysée. Juste impressionnée. Tout est un peu plus grand qu'à Red Dunes, ici. »

Le contraire eut été étonnant. Depuis son arrivée, tout le monde évitait d'évoquer la haine profonde que les Martells avaient gardé aux Lannisters pour les meurtres de la reine Elia Martelle et ses enfants. Lenwyr se souvint de la colère qui habitait son père quand il en parlait, colère dirigée non pas contre Tywin mais contre Clégane. D'après Quenten, c'était son crime, pas celui des Lannisters. Mais ça n'empêchait pas tout Dorne et surtout les Martells de croire les Lions coupables. C'était la raison pour laquelle ce mariage était risqué. La raison pour laquelle son père s'était autant appliqué à ce que tout soit fait au mieux pour accueillir Lady Vaith.
Lenwyr observa la salle des banquet, la parcourant des yeux des voûtes du plafond jusqu'au sol. Il supposa qu'on pouvait sans doute être impressionné en découvrant le Fléaufort. Lui même y avait vécu enfant, et il lui semblait que tout avait rétrécit par rapport aux souvenirs qu'il s'en faisait. D'autant que huit années passées à Castral Roc remet les choses en perspective : comparé au roc, Fléaufort est une belle demeure mais pas si imposante. Enfin ! Sans doute que par rapport à la demeure des Vaith, la sienne apparaissait comme de taille !
Au moins Swan semblait elle sincère, et ne masquait pas le sens de ses paroles ni de ses intentions. Lenwyr appréciait cela. Sans doute n'était il pas l'esprit le plus vif des Sept Couronnes mais au moins avait il l'intelligence de le savoir. A la cour des Lannisters, rien ne l'agaçait plus que de se retrouver face à un courtisan bon menteur mais mal intentionné. A se faire trop facilement berné, on en devient méfiant et même prompt à la violence.


« - On vous dit excellent jouteur, Ser. Ces rumeurs disent-elles vrai ? »

Lenwyr eut un sourire surprit. Ainsi, sa promise avait elle entendues au moins cette partie ci de sa réputation. Excellente nouvelle, se dit il, sa mauvaise humeur s'estompant devant sa fierté chevaleresque. Inconsciemment, il se redressa sur son siège, plus à l'aise sur ce terrain que sur tout autre. Son visage affichait sa confiance en lui et une pointe d'orgueil, comme en avaient tous les nobles de son âge. Il répondit après une légère gorgée de vin,

« Et bien ça n'est pas à moi de le dire. Mais mon père m'a enseigné que la valeur d'un homme se mesure à ses victoires comme à ses défaites, ainsi que par la valeur de ses adversaires. Et sur la cinquantaine de tournois auxquels j'ai participé, j'en ai remporté plus de la moitié. Quelqu'uns rassemblaient parmi les plus habiles lances du royaume... De ces grands tournois, je n'en ai gagné qu'un. Les autres fois, j'ai échoué face aux plus valeureux participants. Jaime Lannister lui même, la Montagne, Loras Tyrell... Il levait son verre à chaque nom, comme pour les saluer. De fait, excepté Clegane, ils étaient ses modèles. Ainsi donc, à chacun de juger. Mais j'ai fait honneur à mon nom plus souvent que beaucoup d'autres. »

C'était sa fierté qui lui avait fait prononcer les derniers mots. Si il n'avait eu à coeur de garder un minimum d'humilité, Lenwyr aurait répondu qu'il se considérait comme l'un des meilleurs, sans hésitation. De fait, seuls les meilleurs pouvaient lui tenir tête, et il n'en avait que plus de respect pour eux...Et pour lui même. En fait, il ignorait si Swan serait impressionnée, mais il lui semblait évident qu'une dame préférait les hommes forts aux chétifs plus digne de porter une chaîne de mestre qu'une épée. Il se souvint alors d'une histoire qu'il avait entendu sur Dorne, et qui lui avait semblé peu crédible. Il enchaîna donc,

« Pardonnez moi, Swan, mais j'aurais une question à vous poser. Il se dit parfois par ici qu'à Dorne les femmes savent manier les armes et se battent parfois mieux que les hommes. Est-ce vrai ? »

En fait, il n'y croyait pas beaucoup. A son avis, cette rumeur était destinée à faire passer les hommes de Dorne pour des faibles dominés par leurs femmes, mais cela avait le mérite d'entretenir une conversation que Lenwyr ne voulait pas voir s'éteindre, en plus de lui en apprendre plus sur les sables du sud.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime05.02.14 19:18

Bien vu, pensa-t-elle alors que le jeune homme reprenait la parole avec mille fois plus d'assurance dans la voix. Satisfaite, la dornienne porta à ses lèvres sa coupe de vin tandis que Lenwyr narrait avec modestie ses exploits en tournoi. Il fut cependant assez bref, ce qui la déçu légèrement. Admiratrice à défaut d'en être une adepte, elle aurait bien aimé qu'il lui en dise un peu plus ou qu'il raconte l'un de ses combats avec détail. De toute évidence, il ne semblait pas très entrain à parler de lui-même ; il se mettait trop peu en valeur par rapport à ce qu'il devrait être selon les rumeurs. Un moment, Swan se demanda même s'il n'y avait pas un deuxième Lenwyr Fléaufort qui entacherait le nom de celui-ci par ses frasques et autres sorties nocturnes. Mais non, il s'agissait bien du même homme.

Une pointe d'incompréhension parut sur son joli minois jusqu'à ce que Lenwyr n'enchaîne avec une question qui ne manquait pas de panache. Les dorniennes sachant manier les lames étaient aussi rares qu'ailleurs ; cette rumeur devait venir du fait que les héritiers n'étaient pas que des mâles, contrairement aux autres contrées. Si effectivement certaines apprenaient ainsi à se battre, elle n'avait jamais entendu parler d'une femme ayant une renommée semblable à celle de Ser Jaime Lannister ou Ser Barristan Selmy. Existait-il seulement une femme faite chevalier dans ce monde, d'ailleurs ?

« - Certaines ont appris le maniement des armes, effectivement. Comme pour tous, une femme ayant eu un bon maître d'arme aura un avantage et sera susceptible de battre la plupart des hommes en duel. Pour autant, les hommes conservent l'avantage d'avoir plus de muscle.
- Les muscles n'ont rien à voir, Lady Vaith. »

La jeune femme tourna son regard sur l'homme qui venait de prononcer cette phrase. Un seigneur, probablement vassal des Fléauforts, projetant l'ombre de son imposant gabarie sur la brune. Les traits marqués et ses cheveux grisonnant indiquait que cet homme était assez âgé pour avoir combattu durant plusieurs guerres déjà. Debout face aux deux fiancés, il leva sa coupe et prit une gorgée - ou deux, ou trois... enfin, il finit ce qu'il y avait dedans d'un trait, en tous les cas.

« - Il en faut bien pour soulever une épée, vous en conviendrez, Ser... ?
- Lord Antorio Jast. Et je vous répète que vous faites erreur, sans vouloir vous offenser. Certaines armes moins lourdes qu'une épée d'acier sont toutes aussi meurtrières si l'on sait s'en servir, dit-il en se penchant vers Swan. J'ai combattu une dornienne, une fois. Une redoutable guerrière. »

Swan soutînt le regard du seigneur, aidé d'un fin sourire qui pouvait paraître comme narguant. Du moins, c'est ce qu'elle espérait. Jeunesse allant souvent de paire avec arrogance, la dornienne n'échappait pas à cette règle. C'était tout comme si elle l'invitait à en dire un peu plus sur cette femme guerrière qu'il avait rencontré. Lord Jast resta silencieux quelques instants à jauger le regard envoûteur de Swan, puis se redressa, et conta son aventure en balançant son regard entre Lenwyr et sa future épouse.

« - C'était un soir, dans une forêt du Bief. Il commençait à faire noir, les bouts de ciel qu'on apercevait étaient de moins en moins rouges. Les trois hommes qui m'accompagnaient étaient éreintés et l'un d'eux connaissaient une auberge à la sortie de la forêt, alors il nous y emmenait. Puis au bout d'une ou deux heures de marche, une flèche se planta dans le crâne de l'un d'eux, et il s'écroula par terre. A peine cinq secondes plus tard, le temps de voir d'où provenait le tir, une seconde flèche tua un deuxième homme. Nous dégainâmes nos épées et fondirent sans réfléchirent sur notre agresseur que nous avions repéré. Jamais je ne vis des coups aussi rapides que ce jour-là : le tueur, masqué, était armé d'une épée courte avec laquelle il taillada de toute part mon écuyer. Ne restait plus que moi et lui... »

Il venait de s'arrêter, un regard à terre comme si les images de cette attaque lui revenaient en tête à l'instant même. Pour sûr, ce genre d'aventure devaient rester graver dans la mémoire.

« - Et ensuite ? Demanda la brune.
- Ensuite ? Et bien, je me tiens devant vous, aujourd'hui, bien vivant. Il n'est pas difficile d'imaginer la façon dont ça s'est terminé. Après que je lui ai percé le cœur avec mon épée, j'ai retiré son masque et j'ai vu alors le visage d'une femme. Il ne fait aucun doute que c'était une dornienne, à son teint, après... qu'est-ce qu'elle foutait là ? Je n'en sais rien foutrement rien, et ça m'ait bien égale. La seule chose que je me suis dit en la voyant, c'est que j'aurais préféré l'empaller avec autre chose que mon épée ! Ahahahah ! S'exclama Antorio dans un rire gras.
- Charmant, conclut Swan dans un sourire, la coupe de vin dornien aux lèvres. »
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime07.02.14 3:05

« - Certaines ont appris le maniement des armes, effectivement. Comme pour tous, une femme ayant eu un bon maître d'arme aura un avantage et sera susceptible de battre la plupart des hommes en duel. Pour autant, les hommes conservent l'avantage d'avoir plus de muscle.

Lenwyr buvait ses paroles tout en sirotant son vin. Si il n'était pas convaincu de la véracité de l'histoire qu'il avait lui même avancé, elle l'en convaincu du contraire en quelques phrases. A dire vrai, il aurait bien aimé voir une dornienne en action avec une épée. Les ayant "affronté" sur un autre terrain, il les savait pleines d'énergie et endurantes. Néanmoins, répondre cela à sa promise eut été assez vulgaire, peu digne de ce qu'il se devait d'être avec elle. Puisqu'elle parlait de muscles, il fit légèrement jouer les siens, faisant mine de s'étirer sur son siège. C'est alors qu'il entendit une voix qu'il connaissait par coeur. Le genre de voix et de ton mille fois entendu et auxquels on donne aussitôt un visage, sans même avoir à y réfléchir.

- Les muscles n'ont rien à voir, Lady Vaith. »

L'héritier de Fléaufort poussa un soupir las en voyant l'homme avancer jusqu'à leur table. Visiblement déjà fort joyeux, Antorio Jast, un vassal loyal mais trop bruyant et balourd pour être de bonne compagnie, approchait une coupe à la main, y plongeant ses lèvres rougies par le vin. Arrivé prés d'eux, il poursuivait en fanfaronnant tandis que Lenwyr s'efforçait d'ignorer son haleine et de garder son calme alors que l'homme se penchait vers sa promise. Il connaissait assez Lord Jast, son manque de finesse et sa faible résistance au vin, pour savoir qu'il aurait à en débarrasser Swan. Restait à trouver l'issue la plus...diplomatiquement acceptable à cette discussion.
Le jeune noble dut admettre que le récit du seigneur ne manquait pas du suspense, et qu'il savait assez bien le raconter. Mais il douta fortement que la dornienne en question fut une noble entraînée par un maître d'arme. Les femmes de cette qualité ne tendent pas d'embuscade seules. Il devait s'agir d'une hors la loi comme tant d'autres, qui ne sont pas de Dorne. Lenwyr brûlait de lui opposer ces arguments mais sa promise semblait intéressée par la fin de l'histoire. Lui était certain que Lord Jast n'allait pas manquer de conclure par une saillie assez grasse.


- ...La seule chose que je me suis dit en la voyant, c'est que j'aurais préféré l'empaller avec autre chose que mon épée ! Ahahahah !

Gagné.

- Charmant

Lenwyr étouffa un rire, tandis que Swan masquait sa pique en buvant à sa coupe. Un seul regard lui confirma ce qu'il avait senti : elle ne serait pas fâchée qu'on la débarrasse de la présence de Jast, dont l'odeur comme l'attitude devenaient incommodante. Le jeune noble déclara alors, un léger ton moqueur dans la voix, comme une pique fraternelle qu'on envoie à son meilleur ami,

« C'eut sans doute été la première femme qui ne se serait pas plaint de vous le lendemain ! » Et pour cause, Lord Jast avait une réputation d'amant lamentable auprès des femmes du coin, mais il prit la pique comme un compliment sur sa vigueur au lit et éclata de rire. Aussitôt, Lenwyr se força lui aussi à un rire léger, qu'il stoppa vite, avant de reprendre, « Messire, je crois qu'on vous réclame à votre table...»

Antorio Jast était balourd, mais pas au point de ne pas comprendre qu'il n'était plus désiré auprès des fiancés, et il s'en retourna en beuglant une saillie salace aux gens qui occupaient sa table. Lenwyr soupira et, croisant le regard de Swan, il haussa les sourcils comme un aveu du soulagement qu'il éprouvait d'être ainsi débarrassé de l'encombrant vassal. Aussitôt, il lui glissa, se penchant vers elle, à voix basse,

« Lord Jast est un homme loyal et sur lequel on peut compter dans le chaos des combats mais il vaut mieux l'éviter lorsque le vin coule à flots. J'espère qu'il ne vous a pas trop importuné...» Sa main vint se poser sur celle de Swan. Il lui sourit et poursuivit, « Vous savez, je serais ravi que vous assistiez au prochain tournoi auquel je participerais. Je suis certain que, pour vous, même Ser Jaime ne me résisterait pas ! Si cela vous plait, bien sur. »

Lenwyr avait eut l'habitude de concourir et d'offrir une rose à la femme qu'il comptait alors séduire mais l'idée de combattre pour une femme comme Swan était nouvelle pour lui. Cette idée lui plaisait, néanmoins. Elle avait une saveur nouvelle et excitante.
Soudain, il entendit le nouveau barde, qui venait d'entrer, jouer les premières notes d'une chanson que presque tous connaissaient mais dont il se demanda comment sa promise pourrait bien la prendre. Avant qu'il n'ait pu se lever, la voix chantante du musicien s'éleva, étonnant l'Epouse du Dornien.


« Aussi belle que le soleil était l'épouse du Dornien,
Et plus que le printemps chaleureux ses baisers.
Mais d'acier noir était la lame du Dornien,
Et chose effroyable que son baiser. »
Lenwyr, saisit par la peur que la chanson ne froisse sa promise, chercha appuie du côté de son père mais Quenten fredonnait la chanson, le regard perdu dans le passé, certainement dans le souvenir de sa femme. Conscient que briser cela serait brutal pour son père, le jeune noble se mordit la lèvre et retomba contre le dossier de son siège, guettant la réaction de Swan.

En se baignant chantait la femme du Dornien,
D'une voix douce comme une pêche,
Mais sa chanson à elle avait la lame du Dornien,
Et le mordant glacé d'une sangsue.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime24.02.14 19:12

Lord Jast était de ces vieux balourds avides de combat, d'alcool et de sexe qui pullulaient en Westeros depuis toujours, mais sa présence n'incommodait pas tant que cela à Swan. Depuis ses premiers pas, elle s'était habituée à les côtoyer et à ignorer tant que faire se peut leur légendaire vulgarité, qu'eux-mêmes appelaient virilité. Son retrait fut néanmoins un soulagement certain pour la jeune Vaith qui n'avait pas envie de passer la soirée à écouter les blagues salaces d'un ivrogne. Et c'était aussi le cas de Lenwyr, avec qui elle échangea un regard fort explicite. Puis, comme à un complice, il se pencha vers elle pour lui dire quelques mots sur ce brave Lord Jast et enchaîner sur une proposition des plus attrayantes. Si en temps normal elle aurait laissé éclater son enthousiasme, elle se contint néanmoins, prudente : les hommes savaient promettre maintes et maintes choses pour séduire, mais combien d'entre-eux savaient tenir parole ?

« - Cela me plairait énormément, je ne vous le cache pas, dit-elle sobrement, un sourire en coin. »

Un tournoi serait la chose la plus distrayante qu'elle puisse voir, elle qui avaient vécu cloîtrée dans sa chambre, à Red Dunes, durant de longs mois avant de parvenir à contenir son chagrin. Mais elle préférait ne pas s'emballer, d'autant que le mariage n'avait toujours pas eu lieu pour le moment. Elle n'en dit donc pas plus et se redressa sur son siège, alors que trois petites notes retentirent malgré tout le vacarme. Les seigneurs et chevaliers se firent plus silencieux tout d'un coup pour écouter plus attentivement la chanson d'un barde. Plus que quiconque ici, Swan connaissait cette musique et les paroles qui l'accompagnaient ; elle était surprise, d'ailleurs, qu'on la chante dans une région si éloignée du Sud.

La dornienne ne savait trop comment se comporter après que l'homme eut fini de chanter ; le regard assombri, les doigts crispés sur les accoudoirs de de son siège, elle se mit à avoir quelques pensées noires. Quelle mouche avait piqué ce barde pour qu'il chante quelque chose d'aussi déprimant ? Les quelques applaudissements finirent de noircir sa mine ; elle avait l'impression que ces braves gens avaient oublier sa présence en ces lieux. C'était même probablement le cas, puisqu'il n'y avait aucun dornien dans la salle, seulement des Fléaufort et leurs vassaux.
Au fond de la pièce, pendant que la fête reprenait son cour normal, son cousin Andar lui renvoyait un regard inquiet. Comme elle, il ne devait pas savoir comment réagir en pareille situation. Si L'Epouse du Dornien était effectivement une belle chanson, on évitait soigneusement de la narrer à Dorne, puisqu'elle racontait avec poésie un pan obscur de l'histoire de la région ; c'était de ces événements dont on n'était pas forcément fier et qu'on préférait oublier.

Swan, ne se sentant pas bien à son aise, rechercha hâtivement le regard de Lenwyr. Il ne l'avait pas quitté des yeux, à priori, et sans dire un mot elle pu lui transmettre son mal-être, malgré elle. S'efforçant de recouvrer ses moyens, elle prit quelques secondes pour faire le point, poser ses couverts puis se pencher vers le fils Fléaufort.

« - Pardonnez moi, Ser, mais je dois me retirer. La route a été longue, je suis exténuée. »

Malgré la confusion, elle parlait avec toujours autant d'assurance, bien que la même froideur qu'à son arrivée puisse se faire ressentir de nouveau à cet instant. Elle évita bien d'écouter le jeune homme tenter de la retenir ou simplement de lui expliquer la signification de tout ceci puisqu'elle se leva immédiatement et s'esquiva dans l'ombre ; le pas feutré, léger, elle fut accompagnée d'Andar vers la sortie la plus proche. Plus discrète qu'une ombre, personne ne semblait avoir remarqué son départ, à part le jeune Lenwyr et son père, qui avait suivi la scène du coin de l'œil.
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MessageSujet: Re: [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne [Fléaufort] Le fils perdu et la perle de Dorne Icon_minitime25.02.14 1:59

« - Pardonnez moi, Ser, mais je dois me retirer. La route a été longue, je suis exténuée. »

La voix était douce mais avait retrouvé une fraîcheur que, Lenwyr s'en rendit compte du même coup, le banquet avait fait disparaître. En un regard et quelques mots, Swan lui fit comprendre sa gène et s'éclipsa, plus rapide qu'une ombre, avant même qu'il ait eu le temps de tenter de la retenir. Ses craintes s'étaient révélées exactes au final, la chanson lui avait fortement déplu. D'une manière certes différente à ce qu'il avait imaginé, puisqu'il avait lu de la peine et non pas de la colère sur le visage de sa fiancée. La femme du dornien était surtout considérée dans les terres de l'ouest comme un éloge des dorniennes au lit, mais Swan semblait y voir tout autre chose.
De toute manière, c'était là un choix peu judicieux et le barde eut droit à un regard qui aurait pétrifié sur place le plus inconscient des chanteurs. Ce dernier manqua perdre le fil des paroles et, s'étant ressaisit juste à temps, il acheva son oeuvre et s'en alla sans trop demander son reste. Certains regards s'attardaient à présent sur la chaise vide à côté de l'héritier du lieu, une chaise dont ils savaient qu'elle aurait dû être occupée. De là, les bruits ne tarderaient pas à courir, la rumeur à enfler et l'honneur à être entaché. Qu'importe la raison qu'ils pourraient donner à cette absence, elle serait mal vue.

Lenwyr n'en tirait néanmoins aucun grief envers sa promise, tout son ressentiment allait au barde imbécile qui venait de gâcher son repas et surement toute sa journée si il ne faisait rien. Le jeune noble fit alors discrètement signe à son père qu'il allait rejoindre Swan et commençait à se lever quand se dernier le retint en lui enserrant le bras d'une poigne dont la force était éloquente. Surprit mais peu désireux de se donner en spectacle devant les invités, il retomba sur son siège et questionna du regard son père, qui finit par lui glisser à voix basse, d'un ton qui ne souffrait pas de contradiction mais sans violence,


« Ta promise a sans doute repensé à Dorne ou un vieux souvenir peu agréable, en entendant cette chanson. La pire des réactions serait de t'imposer à elle maintenant. D'autant que nos invités nous regardent. Autant un siège vide peut passer assez inaperçu, autant toi, tu te dois de rester ici. »

Renfrogné, peu satisfait de ce que lui demandait son père, Lenwyr s'efforça de garder pour lui la répartie cinglante qui lui vint aux lèvres. A peine quelques heures passées entre ces murs et sa nouvelle vie respectable commençait déjà à lui peser. Le véritable fils de Quenten ne se serait pas laissé arrêter par le soucis de conserver les apparences et une bonne réputation. Néanmoins, il se sentait incapable de désobéir aussi clairement à son père, à présent que ce dernier imposait sur lui son autorité comme une chape de plomb. La mine sombre, mais sans plus trahir son malaise à rester ainsi quand à son désir de retrouver Swan, Lenwyr demanda alors,

« Quelle sorte de fiancé suis je si je ne vais pas soutenir ma promise lorsqu'elle en a besoin ? »

« La dernière chose dont elle a besoin, c'est que tu lui impose ta présence tout en délaissant tes devoirs. Laisse le temps passer, fils. Finissons ce repas, tout d'abord. Elle nous rejoindra peut être d'elle même. Sinon, tu pourras te lancer après elle. Mais de toute manière, propose toi mais ne t'impose pas. N'oublie pas qu'elle ne te connaît presque pas et qu'elle a déjà eu un mari. Ce genre de choses ne s'oublient pas aisément. »

L'impatience et la frustration de Lenwyr étaient redescendus à mesure que son père le conseillait. Il se souvint avoir entendu ce détail être évoqué brièvement par Manre, le mestre qui avait servi d'entremetteur entre lui et son père pour conclure leur pacte de "paix". Le jeune homme comprit soudainement à quel point sa promise lui était étrangère et ô combien il avait encore à apprendre d'elle. Ca n'était pas une serveuse de taverne à peine femme qui n'a rien vécu d'autre que son quotidien banal. Et cela changeait tout pour un séducteur invétéré, brusquement promis à une inconnue qui lui avait fait plus d'effet en quelques regards que bien d'autres. Lenwyr se rendait compte qu'il n'allait pas suffire de belles paroles et d'une mine fraîche pour en faire la conquête. On pouvait les épouser dans la semaine qui allait suivre, oui. Mais pour que leur union devienne plus qu'une alliance et un moyen d'assurer leur descendance, il allait également falloir du temps. Après tout, pour se sentir chez elle dans cette demeure, il lui faudrait oublier son ancien mariage, son pays... Autant de sacrifices que le jeune noble n'avait pas prit en compte auparavant.

Lenwyr prit donc son mal en patience et respecta les conseils de son père. Le banquet continua, aussi festif qu'auparavant, avec une chanson plus que paillarde du bon ser Jast et d'autres situations sources de rires et de joie. Plus d'une fois, il se surprit lui même à s'esclaffer avec plusieurs convives, dont certains étaient de ses vieux amis d'enfances. Mais toujours, un regard vers la chaise vide à ses côtés suffisait à lui faire repenser à la beauté qui l'avait quitté si précipitamment.
Après plusieurs plats, un discours de remerciement de son père et quelques mots qu'il eut lui même à prononcer, le repas s'acheva enfin. Quenten lui fit un signe complice qui l'invitait à enfin quitter sa place et il proposa aux moins assommés par la digestion une chasse dans les collines. Tandis que Lenwyr s'éloignait dans la même direction qu'il avait vu Swan le faire plus tôt, il entendit la proposition rencontrer un vif succès. Lui n'avait d'yeux que pour sa promise.
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