Ce n'est qu'après avoir parlé que Dale se rendit compte qu'il devait surement avoir l'air ridicule. Il aurait probablement du se présenter plus tard, à l'heure du dîner, ou en tout cas à un autre moment que celui là. Les marins venait d'accoster et devait avoir autre chose à faire que de discuter avec le nouveau. Cette impression fut renforcé par le rire moqueur des hommes d'équipages. La plupart rigolèrent et passèrent leur chemin, à part l'homme à qui Dale s'adressait. Il lui adressa la parole. Pendant qu'il parlait, le forgeron ne put s’empêcher d'avoir une sorte de sentiment d'infériorité. Le marin était de loin assez imposant, mais de près était impressionnant, un véritable mastodonte, une montagne de muscle et encore le mot était faible. Sa barbe et ses cheveux fillasse gorgés d'eau témoignaient du fait que le garde devait sûrement passés la plupart de son temps en mer sur sa frégate.

Il allait donc remplacer un certain Mikey, probablement l'ancien forgeron et vu comment le marin en parlait, cela faisait longtemps qu'ils attendaient à ce qu'on le remplace. Dale en déduit donc que le marin était au mur depuis longtemps ou en tout cas depuis un certains temps, mais la véritable question que le forgeron se posait c'était de savoir si le marin était entré dans la garde volontairement ou pas.

Le marin posa sa main sur l'épaule du forgeron avec une poigne ferme, très ferme même. Un peu plus et il la lui broyait. Dale écouta attentivement ce que lui disait le garde de nuit. Ce qu'il disait était très juste. Au mur, les forgerons était très précieux, plus précieux que les patrouilleurs: n'importe quel abruti pouvaient tenir une épée et bander un arc pour défendre le Mur et tuer des sauvageons au delà. Tandis la plupart des personnes ne saurait même pas rafistoler une épée. C'était pour cette raison que l'on l'avait directement refusé l'intendance et la patrouille. Et que l'on l'avait très rapidement envoyé à Fort-Levant. Là où il saurait se rendre le plus utile. Et vu ce qu'était en train de lui dire le marin, il devrait rapidement se rendre utile, vu la masse de travail qu'il aurait à faire.

Il n'allait pas simplement réparer des armes et armures ou en forger de nouvelles mais bien réparer toutes les infrastructure, les bateaux, les équipements endommagés par les sauvageons, ou tout simplement par l'usure du temps. Au moins, il n'aurait pas le temps de s'ennuyer.
Ils passèrent devant cinq homme qui saluèrent le marin par "Spectre". Drôle de surnom pour un marin. A peine eut-il pensé cela que le marin s’arrêtait et se retourna:

" Bref... C'est quoi ton nom d'ailleurs? Moi c'est Aldrik ou le "Spectre de Fer" si t'as envie de faire comme les autres crétins du coin."

Dale comprit le sens de son surnom et eut un sourire en coin. Gagné se dit-il. Le marin en face de lui était bel et bien un fer-né, et de ce fait probablement un ancien pirate. Cela expliquait beaucoup de choses, à commencer par son apparence et sa carrure. Et si les autres le surnommait le Spectre de Fer ce n'était sûrement pas pour rien, il devait probablement avoir accompli quelques exploits ou faits d'armes pour avoir gagné le respect des autres gardes. Dale se demanda si un jour, les autres gardes le surnommeraient et si il gagnera leur respect un jour. Le forgeron n'était pas de ce genre d'homme qui inspiraient le respect naturellement.

Aldrik tendit son énorme main tout en scrutant le forgeron. Dale ne se fit pas attendre et lui serra la main.

" Mon nom est Dale, juste Dale. Sans nom de famille ni surnom, je viens des Conflans et toi, je parierais n'importe quoi sur le fait que tu es un ancien Fer Né, je me trompe?"

Le forgeron avança, tourna le dos au marin, et s'assit sur un banc en pierre fraichement recouvert de neige. Dans cette position, le forgeron était encore moins imposant et le marin encore plus.

"Et toi c'est quoi ton histoire? Comment t'es arrivé au Mur? Garde volontaire ou forcé?"

La poigne du forgeron était ferme malgré sa composition plus svelte que le colosse et Aldrik étira ses lèvres en un large sourire lorsque le continentaux se mit en tête d'en apprendre plus sur son passé :

"Perspicace pour une truite! Au moins, tu surviras plus longtemps que ton prédécesseur si tu réussis à discerner les Sauvageons comme tu as su discerner mes origines!"

Aldrik rigola à pleine gorge

"Trêve de plaisanteries! Tu veux savoir mon histoire? Bah! Sache avant toutes choses que les rares Fers-Nés que tu pourras croiser ici ne sont pas dans ce trou à rat de leur plein gré. La poignée qui se vanterait du contraire ne mérite même pas d'être qualifiée de la sorte!"

Le capitaine crachat au sol pour appuyer ses dire avant de se frotter les mains l'une contre l'autre pour se réchauffer face au vent glacial qui assaillait la forteresse depuis la mer.

"Ensuite, mon histoire, je préfère me la garder pour moi... Vois-tu, malgré ce que disent les préceptes de cette maudite Garde, beaucoup seraient prêts à utiliser ton passé contre toi pour gratter une once de privilèges voir de chaleur à l'ombre du Mur... Sache juste que je suis ici parce que les continentaux me craignent et qu'ils ont du avoir recours à la traîtrise d'une sous-merde que je considérais comme un frère autrefois pour m'avoir et me faire dépérir ici..."

Il laissa planer quelques secondes de silence à peine briser par le sifflement du vent et le remue ménage des frère jurés un peu plus loin sur les quais pleins de babioles récupérés lors de sa patrouille.

"Enfin voilà... Et toi? j'imagine que t'es là contre ton gré aussi non? Les continentaux prennent beaucoup de plaisir à balancer les gens sans noms comme toi ici pour un oui ou un non!"

Aldrik fixa le forgeron avec un léger sourire au bords des lèvres...

Les questions que posa le forgeron fit réagir le Fer-Né d'une façon assez surprenante. Un large sourire se dessina sur le visage du pirate des îles de Fer:

"Perspicace pour une truite! Au moins, tu surviras plus longtemps que ton prédécesseur si tu réussis à discerner les Sauvageons comme tu as su discerner mes origines!"

Le surnom donné par Aldrik fit sourire le forgeron. Au moins avec lui, les gens sauraient directement d'où venaient le forgeron des Conflans. Une chose dont avait parlé le marin fit réagir Dale. Qu'était-il arrivé à l'ancien forgeron? Une chose était sûr il était mort mais ce qui restait plus trouble et intriguant était la façon dont il était mort. Il avait pu déserter, et s'être fait rattraper par les gardes de nuit qui l'avaient exécutés en conséquence. Mort de faim ou de froid peut être? Non c'était impossible, Fort-Levant étant une forteresse côtière, le temps y était plus agréable que dans les autres forteresses du Mur en plus de bénéficier d'une assez bonne activité de pêche et d'être le seul accès commercial qu'a la Garde avec le reste des Sept Couronnes. Tué par un sauvageon alors? Cela semblait probable, très probable même. Mais une autre question se posait alors, comment un sauvageon aurait pu tuer un forgeron dans l'enceinte même de Fort-Levant. C'était une question que Dale ne tarderait pas à poser.

Après avoir fini de parler Aldrik, surprenant le forgeron, rigola a pleine gorge avant de s'interrompre tout aussi vite qu'il avait commencé et reprit le fil de la discussion.

"Trêve de plaisanteries! Tu veux savoir mon histoire? Bah! Sache avant toutes choses que les rares Fers-Nés que tu pourras croiser ici ne sont pas dans ce trou à rat de leur plein gré. La poignée qui se vanterait du contraire ne mérite même pas d'être qualifiée de la sorte!"

Le forgeron ne put s'empêcher une nouvelle fois d'esquisser un sourire. La manière de pensée du marin lui plaisait bien, il était un Fer-Né! Un vrai! Et d'après ce qu'il disait, ils étaient plutôt rare parmi la Garde, et devraient probablement tous être capitaine de navire ou marins à leurs bords.
Aldrik cracha au sol, et se frotta les mains l'une contre l'autre pour se réchauffer. Dale comprit pourquoi il faisait ça quelques secondes plus tard lorsqu'il sentit sur sa nuque passer un vent glacial. Le temps venait tout à coup de se rafraichir et le forgeron ne put s’empêcher de se frotter ses bras l'un contre l'autre.

Il écouta le marin parler. Le Fer-Né n'allait pas lui raconter son histoire, mais ce dont il parlait donnait quand même quelques indices concernant son passé. Il avait été craint par ceux qu'il appelait les continentaux, il n'était pas qu'un simple fer né, il était probablement le capitaine d'un navire, voir même d'une flotte. Le forgeron n'arrivait pas à cerner l'âge d'Aldrik, il devait être plus vieux que lui mais rien n'était sûr, les conditions de vies des fer né pouvaient les rendre plus rude et âgé dans leurs traits. Aldrik avait probablement participé à la rébellion des Greyjoy. Encore une question que Dale ne tarderait pas à poser. Le marin lui parla ensuite d'une sous merde qu'il considérait comme un frère et qui l'avait trahi. L'homme dont il parlait devait être un de ses compagnons d'armes et était sûrement la raison de la présence d'Aldrik au Mur. Le forgeron se dit ensuite qu'il devait bien évidemment y avoir un lien entre la rébellion fer né et la reconversion forcé du marin en garde de nuit.

Après avoir parlé, Aldrik laissa planer quelques seconde de silence avant de questionner à son tour le forgeron sur son passé. Le marin fixa Dale avec un léger sourire au bords des lèvres. Sourire que lui rendit le forgeron avant de commencer à raconter son histoire:

"Je n'ai pas beaucoup de choses intéressantes à raconter à propos de ma vie, je viens des Conflans, fils et petit-fils de forgeron. Mon père est allé se battre au Trident du coté Targaryen comme beaucoup d'autre, il n'est jamais revenu comme beaucoup d'autre. Ma famille a toujours été ouvertement fidèle au Targaryen, et je peux te dire que dans le Conflans cet avis n'est pas partagé par beaucoup de personnes. Et ma mère, depuis la mort de mon père, elle ne rêvait plus que d'une seule chose: le retour des Targaryens sur le trône de fer. Elle a attendu 15 ans, et est morte sans avoir eu le plaisir de voir la fin de la tyrannie instauré par les Baratheon. Je me souviens du jour de sa mort, elle semblait si paisible."

Dale soupira, son souffle se transforma en une légère fumée à cause du froid:

"Que les Sept prennent soin d'elle comme elle a pris soin de moi. Et c'est à ce moment là que deux vétérans du Trident sont venus me voir. Ils m'ont insulté, ça j'ai laissé passer, ont craché sur l'honneur de feu mes parents, ont dit haut et fort qu'ils étaient des traîtres. Des traîtres, ils ont toutes leurs vies été fidèles aux Targaryen, ont prié pour eux, sont mort pour eux. Est-ce donc être un traitre que de rester fidèle au roi plutôt qu'a des félons nordiens qui sèment sur leurs chemins bâtard et cadavre. Et le pire c'est que dans le village, ils pensaient tous la même chose, et je le savais depuis longtemps. Cela se voyait dans leur regard en coin méprisant. Alors j'en ai tuer un, et égorger l'autre comme un porc. Je me suis enfuie mais pas assez vite a priori. Et me voici là, au Mur à discuter avec toi."

Dale se frotta les mains pour tenter de se réchauffer. En vain. Il allait devoir assez vite s'habituer au climat du Mur. Après tout, il n'allait seulement y rester que le reste de ses jours.

"Voila, voici mon histoire, en espérant que tu ne te sois pas trop ennuyé en l'écoutant. Et je dois t'avouer que j'ai beaucoup de questions à te poser. Sur Fort-Levant notamment, qu'est-ce qui est arrivé à l'ancien forgeron? Et surtout comment fonctionne cette forteresse? A ChateauNoir j'ai entendu beaucoup de rumeurs concernant vos relations avec les sauvageons mais bon j'aimerais bien savoir si elles sont vraies ou si ce ne sont juste que des rumeurs."