Port-Réal
1er jour de la 3ème semaine de la 13ème lune, an 298
Début de matinée

Mains à plat sur le bureau, Eddard Stark examinait les documents. Il manquait de sommeil, et se sentait les nerfs fatigués par tous ces petits jeux politiques ainsi que par les affaires du Royaume. Cela le rendait légèrement irritable et plutôt plus brusque qu'à l'accoutumée, il s'en rendait bien compte, mais on prenait les choses comme elles étaient, pas comme on aurait voulu qu'elles soient.
Une dette pouvait miner un royaume plus sûrement que n'importe quelle guerre. Surtout, plus que le montant de la dette, le créancier était d'une importance capitale. Un emprunt fait auprès de petits nobles n'avait pas le même impact qu'auprès de, disons, la Banque de Fer.

La Main du Roi commençait tout juste à s'en remettre.

*Six millions de dragons d'or ! Robert, où avais-tu la tête ?*

Il l'entendit avant d'arriver, le bruit caractéristique d'une canne tapant le sol à intervalles réguliers. On frappa.

Oui, entrez.

Eddard savait déjà de qui il s'agissait. Ades Overton, rejeton de la famille Overton, vassale des Stark. Pas les plus puissants de ses vassaux, loin s'en fallait, mais parmi les plus loyaux. Lors de la rébellion de Robert Baratheon, le vieux William, père d'Ades, avait suivi avec tout son ost, et avait lui-même plus que bravement combattu. Et récemment, Ades s'était illustré à ce fameux banquet qui avait tourné au bain de sang en protégeant Arya. Ce qui, Eddard devait se l'avouer, était plus que ce qui lui-même était parvenu à faire. Même s'il savait qu'il n'aurait pas pu prévoir ce qui allait se passer au moment où il allait vider sa vessie, la culpabilité restait présente. Eddard retourna à ses affaires cependant que le nouveau Trésorier s'approchait d'une démarche claudiquante.

Bonjour, lord Overton. Content de vous voir. Je suis désolé de vous forcer à vous lever aussi tôt, mais le procès débute bientôt, donc nous avons environ deux heures pour trouver un début de solution à ce problème de dette. Je peux faire apporter quelque chose à boire ou à manger si vous le souhaitez.

Ades Overton avait joué avec Robb et Jon Snow qui avaient le même âge que lui. Eddard Stark l'avait quasiment vu grandir au fil de ses passages à Winterfell et le connaissait fort bien. Il l'avait toujours tutoyé, mais, dans les circonstances présentes, c'eut été malvenu.

Eddard était très direct : il y avait beaucoup d'autres choses dont il aurait aimé discuter avec le jeune homme. Le remercier d'avoir sauvé Arya, par exemple. Mais le temps manquait et il allait donc directement au cœur du sujet. Les discussions plaisantes seraient pour la suite, s'ils en avaient le temps. Le jeune homme le fixa un instant de son œil blanc qui déconcertait tant d'interlocuteurs, avant de répondre.

Bonjour Lord Eddard. Ne vous excusez pas, je n'avais pas l'intention de beaucoup dormir cette nuit, de toute façon. Je mangerai et boirai bien volontiers.

Eddard héla un serviteur, qui revint bientôt avant de déposer nourriture et boisson devant le Trésorier. Eddard resta debout, droit comme une lame d'épée, silencieux, le visage de pierre, jusqu'à ce qu'il ait disparu et refermé la prote derrière lui. Puis il reprit la parole, en consultant les livres de comptes périodiquement pour vérifier, bien qu'il soit certain de sa mémoire : il avait lu et relu tellement de fois les registres que les chiffres étaient gravés dans son esprit en lettres de feu.

Je suppose que vous avez lu les livres de comptes. La situation est critique. Le Royaume est endetté de six millions de dragons d'or.
Trois millions aux Lannister...
Un million au Grand Septon...
Un million pour la Banque de Fer...
750 000 aux Tyrell...
250 000 aux prêteurs sur gage et marchands tyroshi

Il releva la tête : l'expression du jeune Ades ne manifestait aucune surprise. Il avait donc connaissance du problème. Parfait. Il pourrait se montrer utile.

Ce qui m'inquiète dans l'immédiat est la Banque de Fer. De tous les créanciers, c'est le plus féroce.

C'était un fait connu, notamment parce que la Banque de Fer de Braavos faisait tout ce qui était possible pour que ça le soit. Lorsque ses plus gros débiteurs refusaient de payer, les banquiers normaux se suicidaient ou revendaient leur maison, et leur famille était vendue en esclavage pour solder les dettes. La Banque de Fer trouvait des gens susceptibles d'ennuyer son débiteur, et les finançait. Eddard Stark n'avait aucune envie de voir débarquer le prince Viserys III à la tête de la Compagnie Dorée et quelques milliers de reîtres simplement parce que la Banque de Fer était mécontente.

Et avec l'hiver qui arrive, nous aurons besoin de toutes les ressources possibles. Lever un impôt en plein hiver, surtout s'il est perçu en nature si les gens n'ont pas de liquidités, c'est les condamner à mort. Donc, si nous voulons faire un geste pour apaiser la Banque de Fer, et c'est indispensable... C'est maintenant. Il faut que nous fassions un versement. Un dixième de la dette serait un objectif raisonnable. Ce qui fait cent mille dragons d'or. La question est : "Où allons-nous les trouver ?"

Il releva la tête vers le Trésorier. Les terres des Overton avaient prospéré depuis que le jeune Ades en assumait la gestion de fait, donc, s'il était à la hauteur de sa réputation, il avait dû prendre les choses en main et avoir déjà quelques bonnes idées sur la question. Plus qu'une Main dont la moitié du temps se passer à juger des traîtres et l'autre à tenter d'en démasquer, à se battre contre des ombres, en somme.

*En évitant les tournois… Mais oui, mon jeune ami, c’est très bien vu. Bien vu, mais aussi totalement évident. N’importe quel crétin peut le voir, mais Robert, lui, ne le voit pas. Ou ne veut pas le voir. Il va vraiment valoir qu’on discute, lui et moi. *

La Main du Roi hocha lentement la tête.

Oui. Je suis entièrement d’accord avec vous. Plus de tournois. J’en parlerai à Robert, et il ne faudra pas hésiter à rester ferme sur nos positions s’il essaye de ramener le sujet à l’ordre du jour. Robert est entouré de flagorneurs : si nous nous opposons à lui, à condition de rester respectueux, il se mettra dans une colère noire, mais au final, il nous en sera reconnaissant. Ne vous laissez pas impressionner. Il faut rester poli, mais ferme. Et éviter de piquer son orgueil au vif : moins il y a de public, mieux c’est.

*A ce niveau-là au moins, on s’en sort bien : le Conseil Restreint risque de se restreindre de plus en plus au fur et à mesure que les magouilles des uns et des autres seront révélées au grand jour.

Il se leva et se mit à marcher à grands pas dans la pièce. Les loups n’étaient pas faits pour être enfermés dans des études poussiéreuses.

Concernant l’état de la flotte… Je suis d'accord, les menaces navales ne sont pas centrales. Les Fers-Nés se tiennent tranquilles depuis la reddition de Balon Greyjoy, et nous avons un otage. Au Nord, il y a des rumeurs d’un « Roi-d’Au-Delà-Du-Mur ». Cela m'inquiète nettement plus, et c'est un combat qui ne nécessitera pas de navires. J'en parlerai également à Stannis. En tant que maître des navires, il doit avoir une opinion sur le sujet.

*Le kraken devrait se tenir tranquille. Les Starks tiennent son fils. *

En tout cas, il fallait l’espérer. Theon Greyjoy, tout otage qu’il soit, avait sympathisé avec son fils Robb. Soit celui-là même qui devrait prendre sa tête si le vieux Balon brisait une fois de plus la paix du roi. Il le ferait, bien sûr, si nécessaire. Mais cela le chagrinerait encore plus qu’Eddard ne le serait en exécutant sa belle-sœur pour haute trahison.
Mais déjà le jeune Ades reprenait la parole. Jeune, mais plein de ressources, et il avait manifestement sérieusement réfléchi aux hypothèses qu’il soulevait.

Tout d'abord, j'ai noté que le Donjon rouge accueillait actuellement plusieurs suites qu'il devait nourrir et logé. Bien que cela soit la responsabilité du Roi, peut-être une légère taxe sur le nombre d'hommes à amener au Donjon lorsque l'on vient parler au Roi serait une bonne idée. Peut-être, au-dessus d'une cinquantaine d'hommes, en fonction de la position du Seigneur concerné bien sûr.

Eddard s’arrêta, revint au bureau, se rassit, et se frotta pensivement le menton.

Hum… Il est traditionnellement de la responsabilité d’un hôte de nourrir et loger les visiteurs. Imposer une taxe serait mal perçu. Vous avez bien sûr raison concernant l’importance de ménager le peuple, mais une partie de la noblesse non plus n’apprécie pas les Baratheon outre mesure. Une taxe serait mal perçue. Cela dit, je pense qu’on peut transformer cette proposition.
Disons qu’à partir de la prochaine lune, tout noble en visite peut amener jusqu’à quinze gardes qui seront dévolues à sa protection personnelle et entretenus aux frais de la Couronne. Port-Réal n’est pas pour moi un lieu idyllique, mais pour autant, ce n’est pas non plus un coupe-gorge. Tout garde au-delà du quinzième n’est là que pour poser le statut social de son seigneur, comme nous le savons tous deux fort bien.

Ce n’était pas tout à fait vrai : avec les intrigues permanentes de Port-Réal, il était légitime de vouloir disposer d’une force de frappe conséquente. Qu’on le veuille ou non, le nombre d’épées avait un poids réel dans toutes les négociations, et que ce fait ne soit jamais mentionné n’y changeait rien. Mais le Royaume n’avait pas à soutenir le poids des ambitions personnelles des seigneurs qui se disputaient un morceau de privilège comme une meute de chiens un os bien juteux. Lui-même devrait payer, bien sûr. C’était pour le mieux, en un sens : personne ne pourrait l’accuser d’abuser de sa position. Et cela lui donnerait un argument lorsque le roi se plaindrait qu’on le forçait à diminuer son train de vie au nom de l’intérêt commun.

Et donc, il reviendra entièrement à leur seigneur lige de les entretenir.

Et, Eddard eut un mince sourire à cette pensée, le vieux Tywin devrait entretenir lui-même ses troupes. La Main du Roi n’avait pas du tout aimé le nombre qu’il en amenait : on ne venait pas à la capitale avec deux cent épées sans un objectif précis, et connaissant le vieux lion, Eddard doutait qu’il s’agisse d’un projet visant prioritairement le bien des Sept Couronnes. Encore un énième problème à garder à l’œil. Quand à Tywin, si la légende disait vrai, il n’aurait qu’à consommer des pruneaux pour avoir plus d’or à sa disposition.

Une bonne partie des navires concernés sont originaires des Cités Libres. Ce serait l'occasion de négocier avec les marchands de Tyrosh pour réduire cette part de la dette, et I est même possible que des clients de la Banque de Fer n'apprécient pas trop cette mesure. Ce serait peut-être le moyen de négocier avec la Banque sur notre dette.

Eddard fronça les sourcils. On touchait là un à un des nombreux domaines auxquels il ne connaissait rien. Les Starks n’avaient pas l’habitude de commercer par mer, encore moins avec les Cités Libres. A la limite, le vieux Wyman Manderly aurait pu avoir une idée sur la question, mais d’abord il en aurait profité pour essayer d’obtenir quelques édits avantageux pour ses terres, et ensuite, aux dernières nouvelles, il aurait été incapable de passer la porte de la Tour de la Main. Robert Baratheon, avec les dix-sept années et festins et beuveries qu’il portait sur le ventre, aurait semblé squelettique à côté de lord Manderly.

Je ne maîtrise pas du tout ces questions. Je suppose que cela permettra de rapporter de l’argent, mais je crains aussi que cela ne diminue le commerce. C’est un équilibre difficile à trouver, et je n’ai pas les expériences de ces problèmes.

La Main plongea son regard gris dans celui du Grand Argentier. Il se rendait bien compte que le jeune Ades proposait là une politique qui allait à l’encontre de ses propres intérêts, pour le bien du Royaume. Et même s’il n’était pas du genre à s’épancher en remerciements et félicitations, un sourire éclaira fugacement son visage en même temps qu’il hochait la tête d’approbation.

Je vous fais confiance, lord Overton. Faites pour le mieux.

Il s’abîma quelques instants dans ses réflexions.

J’ai pour ma part quelques idées qui se marieront à merveille avec les vôtres. Pour commencer, nous pouvons tenter d’envoyer une partie de la flotte sécuriser les routes commerciales avec Essos, en patrouillant sur certains trajets. Cela permettrait de mieux faire accepter les nouvelles taxes, si les marchands en provenance d’Essos voyaient que les routes sont mieux protégées. Mais d’un autre côté, cette protection, pour être efficace, forcerait les marchands à suivre des routes déterminées à l’avance, dont définies. Je suis incapable de dire si ce serait une bonne idée ou pas.



Par ailleurs... avec ce fameux Roi d’au-delà du Mur, la Garde de Nuit a besoin d’effectifs. Port-Réal a trop de voleurs, le Mur trop peu d’hommes. Je suis certain que nous pouvons nous occuper de ces deux problèmes d’un seul coup. Il faut que j’en parle au chef des Manteaux d’Or, mais je n’ai pas encore eu l’honneur de faire sa connaissance.

Il faudrait qu’il se renseigne sur ce sujet aussi.

Et le commerce ne s'en portera que mieux. Moins de mains coupées, plus d'hommes au Mur, voilà ce que je propose.

Quoique les habitants des autres régions puissent en penser, le problème des Autres et des Sauvageons ne concernait pas que le Nord. Il rendait service au Royaume, et, s'il pouvait aider sa famille et ses vassaux en même temps, pourquoi s'en priver ?

Eddard acquiesça. Demander l'avis de Stannis sur les menaces navales était logique. D'abord parce qu'il avait prouvé que c'était un domaine qu'il maîtrisait et sur lequel son avis s'avérerait précieux. Ensuite parce que c'était un homme rancunier et aussi acharné qu'un chien de combat. Avec la même tendance à crisper les mâchoires. Qu'on lui fasse offense en prenant une décision de ce genre sans le consulter, et le Royaume entier en souffrirait. Il n'y avait aucun intérêt à s'aliéner un homme honorable et compétent en prenant une décision hâtive.

Oui. Nous verrons ce qu'en pense le roi.

Il se disait que c'était une bonne chose que de mettre un nombre très bas comme limite à partir de laquelle un seigneur devait financer sa suite. Robert hurlerait que c'était scandaleux et qu'on voulait faire passer le roi pour un mendiant. Eddard inclinerait la tête avec un air légèrement contrit et accepterait de passer de quinze à trente soldats pour les Lords Suzerains. L'ego de Robert serait sauf et l'édit serait appliqué. Même si Ned Stark n'appréciait pas de devoir recourir à ce genre de procédés, il connaissait assez son vieil ami pour savoir comment le prendre.

*C'est pour le bien du Royaume.*

Pour le reste, le Grand Argentier et la Main du Roi étaient rapidement tombés d'accord. Ce qui était normal, pour deux hommes originaires de la même région, qui se connaissaient et s'entendaient bien. Une bonne équipe.

*Peut-être que nous avons une chance d'éviter de devoir vendre le Royaume à la Banque de Fer, si nous travaillons bien.*

Lord Stark hocha la tête. L'affaire était entendue.

Très bien. A partir de maintenant, les voleurs seront envoyés au Mur. Systématiquement. Et le commerce prospérera, sans eux.

Le seigneur en titre de Winterfell avait un petit regret à ce sujet. Essayer de redorer le blason de la Garde de Nuit afin que des lords et des chevaliers recommencent à joindre ses rangs comme aux temps jadis serait sans doute plus difficile si l'on y envoyait tous les voleurs. Mais ceci était une affaire de longue haleine, et le Roi d'au-delà du Mur, ou des choses plus sombres encore, seraient sur eux bien avant qu'Eddard et quelques autres comme lui ne soient parvenus à convaincre suffisamment de nobles que la Garde de Nuit était plus qu'un moyen pour les violeurs de conserver leurs testicules. Le Mur avait besoin d'hommes maintenant, pas dans trois ans.

L'affaire est entendue, donc. Ce sera un bon début. Nous poursuivrons ensuite le redressement des comptes au printemps.

*Si printemps il doit y avoir.*

Eddard s'autorisa un sourire. Ils avaient bien travaillé, et il leur restait du temps.

N'oubliez pas. N'hésitez pas à vous opposer à Robert, fermement mais respectueusement. Et ne tenez aucun compte de ses hurlements. Nous en avons fini ?

Parce que si tel était le cas, Eddard comptait bien aborder la manière dont le jeune lord avait sauvé sa fille Arya. En tant qu'honorable Nordien, Ades savait que se vanter d'une bonne action en diminuait le mérite. Le sujet serait sans doute expédié rapidement : dans le Nord, on n'était pas de ces chevaliers empanachés toujours avides de louanges et d'honneurs. Mais il convenait de le mentionner.

*Le Nord se souvient*

Je m'en souviendrai Lord Eddard. Je ne saurais pas être autre chose que respectueux, de toute façon.

C'était là une sage décision. Avant que d'être un sympathique ivrogne et un puissant guerrier, Robert Baratheon était l'homme qui avait été éduqué en temps qu'héritier des Terres de l'Orage. Cela impliquait de mettre immédiatement, et brutalement, fin à toute velléité de remettre son rang en question. En tant qu'héritier de la Maison Stark, Eddard en était parfaitement conscient.

Je pense que oui. Nous en reparlerons au Conseil, et lorsque j'aurais récupéré tous les livres de comptes qu'a bien voulu me laisser Lord Baelish. S'il vous faut autre chose, Lord Stark...

Non, il ne lui fallait rien d'autre. Il avait simplement des choses à dire.

Non, lord Overton, je n'ai besoin de rien d'autre. Les gens de la Banque de Fer sont raisonnables. Implacables, mais raisonnables. Si nous parvenons à réunir cet argent, ils nous laisseront tranquilles. Nous en avons donc terminé.

Il cligna lentement des yeux.

Lors de ce fameux banquet, au Donjon Rouge... J'étais parti vider ma vessie, et je n'ai pas pu intervenir.

Il palpa sa botte, et le couteau qui y était désormais dissimulé depuis ce funeste festin.

*Quelle honte. Tuer des gens à un banquet.*

Le Nord se souvient, lord Overton.

*Et je suis le Nord.*

Il planta ses yeux gris de Stark, luisant comme deux perles dans son long visage impassible et solennel de Stark, dans les yeux vairons du Grand Argentier. Il était clairement une amélioration par rapport à lord Baelish, que celui-ci soit innocent ou pas. Certes, son absence ne plaidait pas en sa faveur mais Eddard se refusait à juger, même en pensée, quelqu'un avant qu'il n'ait pu prendre la parole pour sa défense.

Je n'ai pas oublié comment vous avez risqué votre fille pour ma faille, malgré votre handicap. Tout comme je me rappelle avec quelle promptitude seigneur votre père leva ses bannières lorsque je convoquai le ban pour affronter le Roi Fou. Le Nord se souvient. Je me souviens.

Il se leva.

Ce sera tout. Je vais maintenant essayer de me reposer un peu avant le procès.

Il était possible à Ades de s'exprimer, mais, selon Eddard, il n'y avait plus grand-chose à dire de toute manière. Pas pour un Nordien, en tout cas.