Face à la force du caractère d'une louve, Isaar avait esiser un sourire et continué à assister à la réunion, visage désormais fermé, bouche close, son ouïe pour arme. Il ne se désintéressait aucunement de la conversation. Il trouvait juste bien plus judicieux d'écouter plutôt que de s'échiner en de vaines paroles. Après tout, le choix n'était-il pas déjà prit par tous les parties ? Après un temps qui lui sembla interminable, le chef de clan leva la lourde peau qui tenait fermée la tente et sortie. L'air froid lui fit un bien fou, fouettant son visage avec une avidité non feinte. Il tomba directement sur l’objet de ses pensées. Le regard que lui jeta Luna ne le trompa pas. Il savait qu’elle allait mettre ses menaces à exécution et en soit, il s’en fichait. La présence du Harlois avait été très utile à son clan mais aujourd’hui, c’était cette même présence qui mettait les siens en danger et cela, il ne pouvait le permettre. Ils pouvaient peut-être passer le mur, vaincre les corbeaux mais une fois de l’autre côté, que pouvaient faire une poignée de sauvageon. Car c’est ce qu’il était face aux forces de sept couronnes. Une bande de pillard, incapable de rester scindé pour défendre les intérêts de leur peuple. Leur peuple. Qu’ils rient avec cette notion d’unité. Isaar croyait en son clan dur comme fer. Mais en son peuple. Quand il voyait des hommes parader et se vanter de mille exploits alors qu’ils étaient eux même incapable d’abattre le moindre gibier. Non. Le plus important était le clan, la famille. Le reste n’était que broutille inutiles.

Le regard bleu électrique, ce même regard qui l’avait au début tant surpris, Isaar ne l’évita pas. Il ne laissait rien passer dans la froideur de ses yeux, aucune trace d’acquiescement ou d’empêchement. Il voulait savoir ce qu’elle allait faire même s’il n’avait clairement aucun doute sur la façon dont allait se dérouler les choses. Le sauvageon la regarda partir, puis se mit à son tour en chasse. Connaissant l’animal qu’il traquait comme son propre père, le chef de meute suivait sa chevelure emmêlée des yeux. Dans la tête du brun, les idées se mélangeaient. D’un côté, si l’homme du Sud survivait, il amènerait les autres et les terres de son clan en seraient bien plus grandes. Plus de terre, plus de territoire, plus de liberté. Mais de l’autre, il y avait cette menace blanche, ses morts qui les traqueraient jusqu’à ce qu’enfin ils les rejoignent. Il ne voulait pas cela pour les siens. Après tout, il existait peut-être quelque part, une minuscule part de chance qui les verrait gagner. Il n’y croyait pas. Mais il devait empêcher les idées de Luna, empêcher qu’elles deviennent réalité. Agir sous la rage n’était pas toujours le meilleur moyen. Il fallait être méticuleux et peser les pour et les contre lorsqu’on en avait le temps comme ils l’avaient aujourd’hui.

Isaart intercepta Luna, posant une main autoritaire sur son bras. De la moindre de ses cellules s’échappaient cette odeur d’alpha, de mâle dominant. Le brun regardait la jeune femme, et enfin ses lèvres décrochèrent un son, unique, simple, tenant lieu d’ordre.

Non.

Il la savait plus agile si elle voulait fuir, si elle voulait lui désobéir. Mais il tenait à lui montrer pourquoi, à taire ses impulsions sanguinaires et à lui faire comprendre son point de vue et la raison de son refus. Même si elle aurait dut obéir. Jusqu’où était-elle capable d’aller ? Comme une adolescente qui cherche à tester les limites. Il y avait cette histoire de corbeau. Elle défendait peut-être ce que la rumeur disait d’elle. Cet homme en noir qui l’avait ramené.