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[Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale)

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Silithia Lannister




Personnage
Age du personnage: 18 ans
Surnom: Silith / la Colombe / la Lionne / la demoiselle aux trois bateaux
Métier/Titre(s): Lady suzeraine de l'Ouest / Seconde héritière de la maison Farman

Silithia Lannister
« Colombe tachée de noir »

Copyright : Insuline (Echo des Plaines) / Justayne
Citation : La Houle nous emporte !
Corbeaux : 725
à Westeros depuis : 15/07/2014
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MessageSujet: [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) Icon_minitime22.10.14 12:15

« mais dîtes-moi qui sommes-nous ?
de vieux fous plantés sur un caillou. »
Silithia Farman ft. Dale

–––––––––––––

An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.
Dans un village non loin de Vivesaigues.

La carriole avait roulé toutes la nuit durant sur toutes sortes de chemins, qu'ils caillouteux, tortueux, boueux, rocailleux, escarpés ou juste plats... Ils devaient être à Vivesaigues le soir-même, et le chemin depuis Belle-Île avait été déjà long. L'air frais et humide s'engouffra dans la cabine lorsque l'on entrouvrit la porte de la diligence. Silithia se redressa quelque peu et tourna son regard bleu vers l'homme qui se tenait là. Grand, fort, un visage très carré encadré de cheveux bruns secs, cassants et rêches, et deux yeux noirs qui perçaient son visage en durcissant d'autant plus ses traits. Une large cicatrice courait sur sa joue gauche. Elle le reconnut comme étant Ser Goldwin, l'un des gardes personnels de son père, celui qu'elle avait toujours trouvé aussi impressionnant qu'effrayant.

-Ma Lady, Messire, nous faisons une halte de quelques heures dans ce village. Les chevaux ont besoin de repos. Souhaiteriez-vous descendre ou préférez-vous rester dans votre cabine ?

La grande blonde ne répondit pas mais se leva doucement. L'homme s'écarta pour la laisser passer et l'aida à descendre. Sans attendre plus longtemps, et sans doute pour surveiller qu'elle ne fasse pas de bêtises, Gared se leva à son tour et rejoint sa sœur cadette au pas de course tandis qu'elle s'éloignait déjà du petit cortège, qui stationnait à l'entrée du village.
Sous le regard attentif et quelque peu méfiant de leur père, ils pénétrèrent dans le village, le garde qui était venu les chercher ainsi qu'un autre garde sur les talons. Les pans de la robe de Silithia traînaient ou flottaient derrière elle tandis qu'elle s'approchait de ce qui semblait être un marché.

Autour des deux nobles régnait une certaine agitation, ce qui ne semblait pas déplaire à l'héritier Farman. En effet, tous deux vêtus de soieries et de velours, ils étaient si beau comparés aux misérables qui les entouraient. Même les marchands les plus riches de ce marché ne semblaient pas avoir le quart des biens de la maison Farman. Partout autour d'eux, ils sentaient mille et mille odeurs différentes et plus ou moins exotiques ; des épices, des fruits et légumes, et même des viandes et des poissons qu'eux-même ne connaissaient pas, provenant sans doute d'Essos ou d'un quelconque endroit, d'une quelconque autre contrée peu connue, dont le nom s'était égaré dans la mémoire d'un pauvre commerçant ou d'un simple fou.
Mais là où les odeurs multiples captivèrent d'abord l'attention de Silithia qui, ne l'oublions pas, se plaisait à découvrir des choses nouvelles, quelque chose attira son regard. Un petit éclat fort brillant qui illumina son regard l'espace d'un instant, lorsque le soleil matinal se découvrit de derrière les nuages. Elle s'approcha curieusement de l'étalage.

Des bijoux, des broches, des colliers, des pendentifs, des bracelets, des anneaux... Tous, absolument tous les bijoux dont n'importe quelle princesse aurait pu rêver. Silithia n'était pas une princesse, non, bien entendu, mais sa princesse était sa chère petite sœur. Se penchant vers l'étalage qui n'était qu'un tapis posé à même le sol, elle scruta méticuleusement les objets puis, en cueillant un entre ses mains, elle le montra à son frère.

-Ne plairait-il donc pas à Iline ? Je suis sûre que...

Gared avait esquissé un sourire qui finalement se perdit dans une moue mi-dégoûtée mi-haineuse. Il leva les yeux au ciel et se décala de sa sœur d'un pas vif, comme s'il cherchait soudainement à mettre toute la distance possible et imaginable entre eux.

-Cette petite peste, siffla-t-il.
-Elle reste ta sœur.
-Elle reste la meurtrière de notre mère.

Lui jetant un regard plus noir que la nuit-même, Silithia déposa suffisamment d'or au creux de la main du marchand et lui sourit aimablement tandis qu'il la remerciait. Elle se redressa et fourra la broche qu'elle venait d'acheter au fond de sa bourse. Elle la donnerait à sa sœur dès son retour à Belcastel.
Regardant autour d'elle, elle crut un instant que son frère lui faisait une mauvaise blague mais, non, il l'avait juste laissée là comme si elle avait fait quelque chose de mal. Elle soupira à cette simple pensée et redressa la tête. Ser Goldwin se trouvait non loin derrière elle, la main posée sur le pommeau de son épée, comme s'il cherchait à la fois à rester prudent, à intimider les autres mais aussi à dissuader quiconque tenterait quoi que ce soit à l'égard des deux jeunes gens qu'il se devait de protéger.

La jeune colombe passa doucement une main dans ses cheveux pour écarter les mèches rebelles qui tombaient négligemment sur son front depuis qu'elle s'était penchée, puis elle se mit en marche vers un autre étal de marchand. Elle n'y trouva rien de bien intéressant, mais elle entendit une exclamation plutôt enthousiaste de son frère, exclamation qui fut entrecoupée par le bruit d'un marteau frappant sur une enclume. Elle fit volte-face et le vit ; elle marcha à sa rencontre.

-Regarde donc cette épée, chère sœur, et vois comme je serai puissant lorsque tu devras m'appeler Lord Gared Farman. Ne trouves-tu donc pas que ça me va à merveille ?

Silithia ne répondit pas, se contentant de regarder la forge. Des braises dansaient, volaient, un peu partout par-dessus les cendres, et elle trouvait ce spectacle magnifique. Et au milieu dudit spectacle trônait une épée presque achevée, qui était semblait être l'objet de convoitise de son très cher frère. Elle l'observa. L'épée était bien faite, certes, mais elle savait qu'il lui manquait quelque chose pour qu'elle soit « à la hauteur » de l'arrogant jeune homme qui lui servait de frère.

-Il me faut quelque chose qui montre qui je suis, dit-il. Bientôt je serai Lord Farman, et le blason de la maison Farman représente trois bateaux. Il regarda le forgeron. Vous pouvez-faire ça ? Puis, avant d'avoir eu une réponse. Bien sûr que vous pouvez faire ça, quelle question. Je reviendrai la chercher plus tard, Silithia, surveille-le veux-tu. La houle nous emporte !
-La houle nous emporte..., maugréa sa sœur tandis que son frère partait.

Quel imbécile. Un couard. Un stupide jeune homme arrogant et bête au possible qui n'attendait qu'une chose ; être Lord. Silithia ne parvenait plus réellement à le considérer comme son frère. Il était devenu si différent, si mauvais à son égard. Il s'éloignait, fier de lui, la tête haute et le dos droit, sans même avoir demandé à sa sœur son avis avant de la lui faire surveiller le travail du forgeron. Qu'y connaissait-elle en forge, si ce n'était ce qu'elle avait lu dans des livres ?
Lançant un regard exaspéré au forgeron, la jeune Farman poussa un soupir et déclara :

-Ne faites pas attention à lui, il n'en vaut pas la peine.
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MessageSujet: Re: [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) Icon_minitime22.10.14 19:49

An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.


Le soleil se leva, nouvelle journée pour Dale. Journée qui commençait à se répéter de plus en plus. Toujours la même routine, le même emploi du temps, les mêmes taches quotidiennes, les mêmes clients. Se lever, aller à la forge, faire son job, se coucher, se lever, aller a la forge, faire son job, se coucher, chaque jour. Chaque jour depuis la mort de son père. Il avait bien été obligé de reprendre la forge, comme l'avait fait son père, et le père de son père avant lui. Et donc aujourd'hui comme chaque autre jour, il allait devoir faire ce qu'il avait toujours fait et ce qu'il allait probablement toujours faire. Mais il était bien obligé, il ne savait faire que ça, il le faisait bien et il aimait le faire, alors pourquoi vouloir faire autre chose? Bonne question, le forgeron se l'était posé des dizaines et des dizaines de fois, et à chaque fois il en revenait à la même et unique conclusion. Et c'est cette conclusion qui faisait rester Dale. Ça et le fait que sa mère était de plus en plus malade ces temps-ci, et qu'elle ne pouvait pas s'occuper d'elle toute seule. Il était la seule famille qu'elle avait, et était probablement la seule personne qui se souciait de son sort et de son état de santé qui s'empirait de jour en jour.

Encore une fois, le forgeron s'était perdu dans ses pensées durant un court instant. Et Dale détestait ce genre de journée, qui commençait dès le matin par des idées noires, idées noires qui habituellement ne faisaient qu'empirer au cours de la journées. De toute façon, il verrait bien si elles empireraient ou pas.

Le forgeron se leva, mit sa chemise, enfila son pantalon sans trop se presser, et se dirigea vers sa forge. Après tout, il avait largement le temps d'y aller et ces mois-ci les clients se faisaient de plus en plus rare. Le manque de client avait au moins un aspect positif, comme il avait plus de temps à perdre, il avait plus de temps pour s'entrainer et améliorer sa maitrise du forgeage.Ce qui avait pour conséquence d'améliorer grandement la qualité des lames qu'il produisait.

Il arriva à sa forge très tôt le matin, la plupart des autres étables n'étaient pas encore ouvertes et n'ouvriraient que dans quelques heures. Ce qui lui laissait largement le temps de peaufiner et d'enlever toutes les petites imperfections de l'épée qu'il avait commencé de forger très tard le soir même. Dale comptait bien en faire un petit bijou qu'il pourrait vendre à un prix très avantageux, si évidemment il trouvait quelqu'un qui serait digne mais surtout qui aurait les moyens de l'acheter.
Et le forgeron ne fit pas son travail à moitié, il s'appliqua à la tache, prit le temps qu'il lui fallait pour fournir la meilleur lame possible. Il l'aiguisa, l'affuta, éssaya de fournir le meilleur tranchant pour une lame. Il arréta son travail, prit la lame à deux mains et donna un coup violent dans une des buches qu'il conservait spécialement pour tester ses épées. Malheureusement, la buche ne se fendit qu'à moitié. Raté. Dale reprit son travail, et continua à affuter la lame, cette fois-ci en étant beaucoup plus méticuleux.

Il continua son travail des heures durant, il voulait se surpasser, créer une épée dont il pourrait être fier rien qu'en la regardant et être fier en la vendant. Comme un père qui regarderait son enfant grandir, devenir meilleur et partir en quelque sorte. Entre temps, les autres échoppes avaient eu le temps de s'ouvrir, et les clients le temps de venir. Le silence d'il y a quelques heures avait laissé place à de l'agitation, du bruit, et à des marchands qui scandaient la qualité de leurs produits pour attirer les clients aux bourses bien remplies.Cette fois-ci, l'agitation était principalement concentré sur deux personnes que le forgeron n'arrivait pas à voir à travers la foule. Mais vu l'engouement des gens, ces deux personnes devaient surement être des nobles richement vêtus ou des gens de haute naissance qui exhibaient leurs richesse à travers des babioles autant inutiles que dispensables. Il préféra les ignorer, et focaliser son attention uniquement sur la conception de son épée.

Tout à coup, le forgeron se sentit observé, il relâcha son attention et releva la tète. Il vit l'un des deux nobles en train de regarder l'épée presque achevé. Il n'avait pas l'air de vouloir engager la discussion, Dale non plus, le forgeron se remit donc naturellement à fignoler les derniers petits détails qui rendraient son épée exceptionnel. Et avec un peu de chance, elle serait assez exceptionnel pour que le jeune noble aie envie de l'acheter à un bon prix.

Le forgeron passa à l'étape suivante du fignolage de l'épée, il prit un marteau, posée l'épée sur une enclume et frappa l'épée avec. Une fois, deux fois, trois fois, autant de fois que nécessaire, ni trop, ni trop peu. Le jeune noble cessa de regarder l'épée et invita l'autre noble à le rejoindre. Une jolie jeune fille le rejoignit, probablement sa sœur ou une de ses amies. Il lui demanda ce qu'elle pensait de l'épée que Dale était en train de forger, et d'après ce qu'il disait, il avait bien l'intention de l'acheter et la dame qui l'accompagnait était bel et bien sa sœur. Au moins une bonne nouvelle aujourd'hui, le jeune noble voulait acheter son épée et avait largement les moyens de se la payer.
Sa sœur ne lui répondit pas, elle se contenta de regarder les braises qui jaillissaient des cendres de la forge. Cette fois-ci le jeune lord s'adressa au forgeron avec un ton hautain:

-Il me faut quelque chose qui montre qui je suis, dit-il. Bientôt je serai Lord Farman, et le blason de la maison Farman représente trois bateaux. Il regarda le forgeron. Vous pouvez-faire ça ? Puis, avant d'avoir eu une réponse. Bien sûr que vous pouvez faire ça, quelle question. Je reviendrai la chercher plus tard, Silithia, surveille-le veux-tu. La houle nous emporte !

Sans même lui avoir parler, Dale le détestait déjà, après qu'il l'aie entendu, il eut une envie soudaine de meurtre très violent avec comme arme du crime un marteau, et une lame chauffé à blanc. Il détestait au plus haut point ce genre d'individu, hautain, désagréable, et arrogant. La jeune lady marmonna quelque chose que le forgeron, distrait par le bruit du marteau contre l'acier, n'entendit pas. La jeune lady poussa un soupir, et lança un regard exaspéré au forgeron, elle lui adressa la parole:

-Ne faites pas attention à lui, il n'en vaut pas la peine.

Dale lui sourit, au moins elle n'était pas comme son frère, avec son ton hautain, et suffisant, qui prend les gens de haut et les considère comme inférieur. D'après ce qu'il avait entendu, elle s'appelait Silithia, jolie nom, mais pas du coin, elle devait probablement venir des terres de l'Ouest ou de plus loin encore. Jolie nom pour une jolie fille. Malgré le fait que le forgeron n'était pas très grand, la lady était un peu plus petite que lui, mais compensait sa petite taille par un joli minois et des formes avantageuses qui ferait pâlir de jalousie la plupart des filles que Dale avait pu rencontrés dans les Conflans. Sans la faire attendre, il s'empressa de répondre:

-Ne vous inquiétez pas pour moi, j'ai l'habitude d'avoir des clients désagréable. Concernant l'épée de votre frère, vu qu'il ne m'a pas laissé le temps de répondre, je peux modifier la garde de l'épée et y sculptez le blason de vot' famille mais vous vous doutez bien qu'une épée de cet qualité auxquels on a ajouté un blason coûte une certaine somme et cela prendra un certain temps donc si vous voulez partir et revenir plus tard, ça me pose pas de problème.Par contre faudra que vous me donniez plus de détail sur votre blason parce que là, trois bateaux c'est très vague. Mais croyez-moi, le prix en vaut la chandelle et je suis sûr que l'épée sera très utile à vot' frère lorsqu'il participera à des tournois. Après tout, seul une épée digne de ce nom peut convenir à un futur seigneur. Vot' père est souffrant? Je vous plains, vous allez perdre vot' père et devoir supporter vot' frère.

Le forgeron prit l'épée, la déposa sur un plan de travail et entreprit la fabrication et l'incorporation du blason dans l'épée tout en continuant de discuter avec la jeune lady.
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Silithia Lannister




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Silithia Farman ft. Dale

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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.
Dans un village non loin de Vivesaigues.

Le forgeron lui sourit. S'il n'était pas parti, Gared aurait certainement eu l'audace de parler au sujet de choses auxquelles il ne connaissait rien mais, surtout, de choses qui fâchent. Silithia le connaissait par cœur, le supportant au quotidien depuis dix-sept ans maintenant. Il aurait certainement dit « Ah, comme quoi tous les habitants des villages miteux n'ont pas tous des manières de poissards ! Peut-être certains ont-ils été éduqués ! ». Son arrogance le perdrait.
Tandis que l'artisan lui répondait plutôt précipitamment, la demoiselle de l'Ouest l'écoutait d'une oreille attentive. Il suggéra de modifier la garde de l'épée, et elle hocha la tête. Il vanta quelque peu la qualité de l'arme, et elle le crut sur parole, la lame semblant fort tranchante.

-Vous avez dû mettre beaucoup de temps à travailler ainsi cette épée, elle est magnifique.

Contemplant l'arme, Silithia laissa son regard glisser jusqu'au visage de l'artisan pour le détailler quelque peu. Il la fit revenir à elle-même en disant avoir l'habitude de recevoir des clients désagréables. Cette simple phrase la fit sourire ; quelqu'un acceptait enfin d'avouer que Gared était désagréable et, aux yeux de la jeune fille de l'Ouest, c'était là un terme bien gentil pour le décrire.

-Désagréable est un bien faible mot pour le décrire, siffla-t-elle. Ne mesurez pas vos paroles lorsque vous parlez de lui en face de moi, la moindre critique adressée contre lui me met du baume au cœur ; au moins sais-je que je ne suis pas la seule à supporter sa compagnie avec difficulté. Personne ne vous fera couper la main pour ce que vous pourrez dire sur lui, il n'est rien. Il ne sera jamais rien. Et il agit d'une façon bien pire encore que cela avec notre sœur.

Elle soupira. Leur sœur, tendre enfant qui s'était renfermée sur elle-même et qui semblait avoir peur du monde tout entier à cause de leur aîné. Un frère aîné n'était-il donc pas censé aimer et protéger ses sœurs cadettes ? Chez les Farman, visiblement, non. Gared livrait une guerre sans merci à Silithia, et vouait une haine et un dégoût profonds pour Iline.

Le forgeron posa doucement l'arme sur le plan de travail et commença à travailler la garde, mais il demanda quelques précisions sur le blason de leur famille. Poussant une petite exclamation et lui demandant de ne patienter que quelques secondes, la jeune femme fouilla au fond de sa bourse jusqu'à trouver un petit bout de soie sur lequel avait été brodé le blason de sa famille.
Trois bateaux gris sur un fond bleu, et le tout se trouvait dans un encadré formé de rayures rouges et jaunes. Elle tendit le tissu au forgeron.

-Lady Silithia, de la maison Farman, dit-elle d'une voix douce. Comment vous appelez-vous ?, demanda-t-elle.

Silithia n'était pas de ces nobles qui considéraient le peuple et les êtres les plus démunis comme de la vermine ou comme une sous-espèce. Elle avait lu tant et tant de livres sur l'histoire des Sept Couronnes, elle avait appris tant de choses sur les Premiers Hommes, qu'elle avait cessé de juger le peuple sous prétexte qu'ils étaient moins aisés qu'elle et ceux de son entourage.
Elle releva les yeux du tissu, vers le forgeron. Elle haussa les sourcils et eut un sourire amusé lorsque le forgeron lui demanda si son père était souffrant. Elle hocha négativement la tête.

-Mon père se porte très bien. Mon frère est juste trop sûr de lui, trop arrogant, persuadé qu'il aura un jour le titre de Lord. Mais je peux vous assurer que de mon vivant, ça n'arrivera jamais.

Jamais son frère ne se ferait appeler « Lord Gared Farman », Silithia ferait tout pour l'en empêcher, et elle y parviendrait. Elle était de ces personnes qui luttaient corps et âme contre ce dont elles ne voulaient pas, et à force de lutter, elle obtenait presque toujours ce qu'elle désirait. Et si elle parvenait à sembler être une bien meilleure Lady que lui un bon héritier, elle parviendrait également à le renverser. Le trône d'espoirs et de rêves qu'il s'était bâti n'était que du vent face au château de connaissances et de ruses que Silithia avait créé, brique par brique, carte par carte. Chaque pièce du puzzle, elle l'avait façonnée, retravaillée, redessinée, redécoupée, jusqu'à tout assembler.
Lui allait tomber, elle monterait. Et jamais, non jamais rien ne les fera faire marche arrière. La guerre qui avait pris place entre Silithia et Gared ne faisait plus d'eux un frère et sa sœur mais bien deux concurrents dans une seule et même arène. Deux gladiateurs avec chacun leur façon d'attaquer, de se défendre, de parer ou d'esquiver. Elle préférait l'épuiser, lui tourner autour, le narguer puis frapper dans le dos à coups de poignard. Et lui était là, abruti, à taper dans le vide.
Et seuls les Sept purent juger si Silithia combattait noblement.

Reprenant ses esprits et oubliant bientôt combien son frère l'agaçait, la jeune colombe marcha le long de la forge pour observer ce que l'artisan avait bien pu forger d'autre. Elle vit des haches, des pointes de flèches et de lances...
Un sourire furtif glissant sur ses lèvres, elle posa ses yeux de glace sur celui qui avait créé tout cela.

-Forgez-vous depuis longtemps ? Vous devez aimer votre travail, cela se voit à la qualité de votre acier. Dans l'Ouest, on dit souvent qu'on ne peut bien faire ce qui nous exaspère. J'ai lu nombre de livres sur le forgeage, cela semble si intéressant, ce doit être magnifique. Voir les braises s'agiter doucement, crépiter, à chaque coup de marteau porté sur l'enclume. Et l'acier valyrien, ce doit être si beau. En avez-vous déjà vu ?

Elle parlait beaucoup. Peut-être trop, peut-être juste assez. Elle s'en fichait quelque peu, tout ce qui l'intéressait était d'en apprendre d'avantage sur ce que certains nobles appelaient la « sous-espèce ». Elle ne croyait pas en l'existence de races ; que les personnes soient de provenance ou de couleur de peau différentes, peu lui importait. L'essentiel était d'en apprendre toujours plus, de se cultiver et de se remplir la tête et l'esprit jusqu'à ne plus pouvoir se souvenir d'un simple nom ; jusqu'à saturation.
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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.


La jeune lady lui demanda de patienter quelques secondes, fouilla sa bourse et lui donna un petit bout de soie, sur lequel était brodé le blason des Farman. Trois bateaux gris sur fond bleu, le tout dans un encadré formé de rayures rouges et jaunes. Le blason n'étant pas des plus compliqués, il n'allait pas poser plus de problème que ça au forgeron, seulement du temps. Et du temps il en avait à revendre ces temps-ci. Il l'écouta parler tout en commençant son travail. Elle le félicita sur son épée, au moins elle contrairement à son frère, savait reconnaître le bon travail d'autrui et savait le faire savoir. Elle l'écouta parler à son tour et sourit plusieurs fois. Notamment lors de la partie où il disait qu'il avait eu des clients désagréable. La jeune lady reprit la parole. D'après ce qu'elle disait, sa vie de famille ne devait pas être rose tout les jours, son frère devait lui mener la vie dure à elle et à sa sœur. Et si ce petit con devenait seigneur, cela serait encore pire.

Dale essaya de s'appliquer à la confection du blason, il ne faisait quasiment jamais ça. Il faut dire que les clients étaient très rare, alors les clients de haute naissance souhaitant une épée personnalisé l'étaient encore plus. Mais cela restait une commande comme un autre et il comptait bien l'honorer avec succès et le plus rapidement possible. La jeune dame et l'arrogant noble irrespectueux qui lui servait de frère n'avait probablement pas de temps à consacrer à leurs visites du village. Ils devaient probablement être de passage, et devaient se diriger vers Vivesaigues ou Beaumarché.

Elle lui dit d'une voix douce qu'elle s'appelait Silithia de la maison Farman, et que son père se portait à merveille, et que son frère ne désirait qu'une seule chose, devenir le seigneur de leur maison. Petit con et ambitieux qui plus est, ce jeune homme regorgeait donc des qualités que le titre de seigneur exigeait. Elle lui dit ensuite que de son vivant, il ne serait jamais Lord. Elle avait beau le penser, ils n'étaient pas Dorniens, et sans preuve du contraire, elle n'avait et n'aurait jamais aucun mot à dire quand au successeur de son père.

Elle arrêta de parler, ce qui laissa au forgeron de méditer sur ce qu'elle avait dit et de reprendre son travail. Il la regarda du coin de l’œil et s’aperçut qu'elle regardait les épées, armures, pointes de flèches, haches qu'il avait forgés durant les semaines passés.

-Forgez-vous depuis longtemps ? Vous devez aimer votre travail, cela se voit à la qualité de votre acier. Dans l'Ouest, on dit souvent qu'on ne peut bien faire ce qui nous exaspère. J'ai lu nombre de livres sur le forgeage, cela semble si intéressant, ce doit être magnifique. Voir les braises s'agiter doucement, crépiter, à chaque coup de marteau porté sur l'enclume. Et l'acier valyrien, ce doit être si beau. En avez-vous déjà vu ?


L’intérêt que portait la jeune lady pour sa personne surprit Dale. Après tout, sa vie avait été plus que banal, à part quelques passage qui sortait de la normal et encore, elle n'avait rien d'intéressant. Et une phrase en particulier fit réagir Dale. La jeune lady semblait fantasmer sur la vie de roturier, sans soucie, sans vie prédéfinie, et sans responsabilité aucune. Où elle serait libre de faire ce qu'elle veut, de choisir son époux comme elle le voudrait. Mais cela n'était seulement qu'une impression qu'eut le forgeron lorsqu'il l'écouta parler. Ne voulant pas la faire attendre, il lui répondit de suite avec le sourire:

-A dire vrai, je ne saurais pas vous dire depuis quand j'ai commencé à forger. Mon père étant forgeron, cela m'est venue naturellement en fait. Vous allez rire, mais les premiers souvenirs que j'ai de mon enfance, c'est moi en train de regarder mon père en train de manier et de jouer avec l'acier récemment fondue. Donc dés que j'ai pu tenir un marteau, mon père m'a apprit les bases, en approfondissant de plus en plus à mesure que le temps avançait. Et de fil en aiguille, j'ai commencé à y prendre goût et à comprendre pourquoi mon père prenait tant de plaisir à forger, et c'est comme ça qu'à la mort de mon père j'ai repris l'entreprise familiale à la fois par nécessiter mais aussi par plaisir.
Et je peux vous dire, quand on commence à forger une épée, qu'on s'applique à la tache et qu'on fait tout notre possible pour la rendre parfaite, lui enlever toutes ses petites impuretés, toutes ses petites imperfections. Tout ça, en regardant jaillir des particules incandescentes dans la chaleur réconfortante d'une forge que l'on connait sur le bout du doigt tandis que dehors le froid mordant de l'hiver fait trembler les os de tout les autres habitants, c'est juste magnifique comme vous dites.


Dale lui lança un sourire et reprit là où il s'était arrêté:

-Concernant l'acier valyrien, je vous avoue que j'aimerais avoir la chance d'en manipuler ou d'en reforger une au moins une fois dans ma vie. Malheureusement, ces épées tout comme leur acier est extrêmement rare et couteux. Et vous devez surement en savoir plus sur elle grâce à vos bouquins que moi avec les rumeurs et légendes que j'ai entendu les concernant.

Le forgeron avait presque fini le premier des trois bateaux qui composait le blason des Farman, il commençait à ressembler à celui qui se trouvait le petit bout de soie donné par la jeune lady. Pour l'instant, il était assez fier du résultat, mais ce n'était pas à lui que devrait plaire le blason mais au frère de Silithia.

-Et vous? Vu qu'on en à pour un certain temps, vous pouvez m'expliquer vot' admiration pour le forgeage? Parce que depuis que vous êtes arrivé, vous n'avez pas arrêté de vous y intéresser. Pas que ça me dérange hein, bien au contraire, mais bon je me demande juste pourquoi une jeune lady s’intéresse à ce genre de chose. D'habitude, les autres jeunes filles de votre rang n'ont que faire de la forge et des gens qui la tiennent.
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Silithia Lannister
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Copyright : Insuline (Echo des Plaines) / Justayne
Citation : La Houle nous emporte !
Corbeaux : 725
à Westeros depuis : 15/07/2014
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« mais dîtes-moi qui sommes-nous ?
de vieux fous plantés sur un caillou. »
Silithia Farman ft. Dale

–––––––––––––

An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.
Dans un village non loin de Vivesaigues.

La colombe de l'Ouest ne craignait pas leurs supérieurs. Elle jugeait qu'en tant que secondes héritière de sa maison, elle aurait toujours son mot à dire pour son bien, pour le bien de sa famille, et pour l'intérêt général tant qu'à faire. Elle devait paraître bien ambitieuse, voire même trop audacieuse. Rappelons-le, elle n'était qu'une femme.
Que disait une femme lorsqu'il s'agissait de sa maison ? Rien. Une femme était mariée, elle enfantait, elle éduquait les enfants, puis un jour elle crevait. Et personne n'en aurait plus rien à faire. Elle savait qu'elle n'avait rien à dire quant à la succession de la maison Farman, tant que son frère était un possible successeur. Pour elle, ça ne marcherait pas ainsi. Elle ne le laisserait pas devenir Sire de Belcastel, jamais. Elle se battrait à sa manière, comme une femme.

Il parlait tout en gravant le blason des Farman, chose qu'il faisait avec une telle habileté qu'on eut cru qu'il avait commencé à apprendre l'art de l'acier et du forgeage alors qu'il n'était encore qu'un nourrisson à peine sorti du ventre de sa mère. Elle écouta avec l'attention d'un enfant auquel on raconte une histoire ce que lui disait le forgeron. Dans ses plus lointains souvenirs, il regardait son père manier l'acier. Elle esquissa un petit rire, puis le laissa continuer. Il parlait de son métier comme un Lord fort vaniteux vanterait la qualité des blés et des céréales produits sur ses terres. Il marqua une courte pause, le temps d'un sourire adressé à la jeune demoiselle, puis reprit. Elle fut quelque peu déçue, tant pour elle que pour lui, de ne pouvoir en apprendre plus sur l'acier valyrien auprès de lui. Quelle merveille que cet acier légendaire.

Le premier bateau était presque achevé, et la demoiselle sourit à cette vision. Son frère pouvait en dire ce qu'il souhaitait, même avec tout l'entraînement du monde, il n'aurait jamais obtenu un tel résultat. L'artisan lui posa alors une question à laquelle elle ne tarda pas à répondre. Que dire, si ce n'était que tout cela la fascinait ?
Une vie d'homme lui aurait certainement plu.

-Je vis dans un milieu aisé et je n'ai pas à m'en plaindre. J'attise très souvent l'envie des plus démunis comme vous attisez chaque matin le feu de votre forge. Voyez-vous, nous sommes en tous points différents. Vous fabriquez des épées, des lances, des haches, et moi j'assiste à des tournois durant lesquels des hommes se battent avec ces armes. Vous pouvez épouser qui vous souhaitez, quand vous voulez, par amour et moi, on m'imposera bientôt un homme avec lequel je devrai passer le restant de mes jours. Si vous le souhaitiez, vous pourriez aller là où bon vous semble du jour au lendemain et moi, je vis dans un château qui est aussi ma prison pour l'éternité. Je me dois d'être parfaite, et de représenter ma famille sous le meilleur des angles qui soit alors que vous, vous pouvez choisir qui vous êtes. A moins que je ne m'exile en Essos, ou dans les Îles de Fer, à moins que je ne quitte ma famille et tout ce qui m'est cher, je ne pourrai pas connaître une chose que vous possédez et qui vaut tout l'or du monde. Vous avez la liberté. Et c'est fascinant, à mes yeux.

Elle lui adressa un sourire franc et sincère. Bien qu'il n'eut certainement pas été le plus heureux des hommes, il avait au moins la liberté. Mieux qu'un trône, mieux qu'une fortune, mieux que tout le prestige du monde. Silithia ne connaîtrait jamais cela, car elle n'était pas vraiment née au bon endroit. Ses yeux de glace s'étaient figés dans ses orbites, fixant inlassablement les moindres mouvements que le forgeron exerçait dans son travail sur la poignée.
Bientôt, son frère donnerait un nom à cette lame et il repartirait sans même remercier l'artisan. Silithia le ferait à sa place et excuserait son frère, mettant cette impolitesse sur le compte de son arrogance et de sa stupidité.

-Et, puis-je connaître votre nom ?, demanda-t-elle doucement.
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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.

Dale commença cette fois-ci la confection du deuxième bateau, les trois étant identiques cela n'allait poser aucun problème de les faire, juste un certain temps et de la patience. Du temps il en avait, et la patience de même. Évidemment, il allait un peu moins vite vu qu'il discutait en même temps avec la jeune lady, mais au moins cela faisait passer le temps et c'était agréable de pouvoir vraiment discuter avec quelqu'un de temps en temps.

Il l'écouta tout en travaillant. La jeune fille parlait bien, très bien même, mieux que la plupart des personnes que Dale avait côtoyé jusqu'ici. Et elle avait raison sur la plupart des choses, ils étaient en tout point différends, elle était noble, il n'était qu'un simple forgeron. Elle était une dame, quand lui était un homme. Elle était riche quand lui crevait la dalle. Néanmoins, il n'était pas d'accord avec une chose, il ne pouvait pas se marier avec qui il le souhaitait. Imaginons qu'il soit, je ne sais pas, tombé amoureux d'une noble ou d'une riche héritière, jamais au grand jamais il ne pourrait ni l'épouser ni même la courtiser. Il aurait juste le droit de ravaler ses sentiments, et n'aurait que ses yeux pour pleurer le fait qu'il était né pauvre quand elle, était né riche.Elle finit sa tirade sur une phrase qui fit beaucoup rire Dale.

"A moins que je ne m'exile en Essos, ou dans les Îles de Fer, à moins que je ne quitte ma famille et tout ce qui m'est cher, je ne pourrai pas connaître une chose que vous possédez et qui vaut tout l'or du monde. Vous avez la liberté. Et c'est fascinant, à mes yeux."

Il ne put s’empêcher de lui répondre d'un ton cinglant:

-Eh bien milady, certes la liberté est une chose merveilleuse et est l'unique chose que nous avons et vous pas. Mais cette si belle liberté, que vous trouvez si fascinante, ne nous réchauffe pas quand nous crevons de froid durant l'hiver, elle ne nourrit pas non plus quand nous crevons la dalle et elle ne nous défends pas quand des nobles abusent de leurs pouvoir et nous font payer les pots cassés. Alors oui, nous sommes libre d'aller où on veut mais pour y faire quoi? A quoi cela sert-il de crever la bouche ouverte là bas quand on peut très bien le faire ici.
Et je vous le dis sans offense, ni critique. Juste je vous dis ce que je pense. Et je pense que vous idéalisez beaucoup trop la vie de roturier et que vous ne réalisez peut être pas de la chance que vous avez d'être né ainsi. Vous m'avez dit de parler librement, c'est ce que je fais et je suis désolé si mes paroles vous ont heurter ou pas.


Sur ces mots, le forgeron reprit son travail, le deuxième bateau commençait à prendre forme comme son prédécesseur quelques minutes plus tôt. Soudain, la main droite de Dale commença à trembler légèrement, cela empira durant les secondes qui suivirent. Le forgeron essaya de contrôler ce tremblement incontrôlable, et se rappelant de la présence de la jeune lady, essaya de le dissimuler. Cela lui était déjà arriver plusieurs fois auparavant, mais jamais aussi brusquement. Il se rappelait que son père à la fin de sa vie, avait eu aussi à faire à ce genre de crises. Peut être était-ce héréditaire, peut être pas, ou peut être était-ce commun à tout les forgerons ayant beaucoup pratiqué. Il n'en savait rien. La seule chose dont il était sûr c'était que cela le gênerait beaucoup dans des travail de précisions comme dans la confection de blason notamment.

Il espérait vraiment que la jeune lady n'avait rien vu. Qui voudrait acheter une épée venant d'un forgeron qui a la tremblote? Il se remit à parler en essayant de faire comme si il ne s'était rien passé:

-J'aurais bientôt fini le deuxième bateau dans pas longtemps, et le troisième ne saurait tarder. Je suis plutôt content du résultat pour l'instant.

Dale prit l'épée,lui sourit et lui montra le blason de sa famille à moitié complété:

-Alors qu'en pensez-vous? Vous pensez qu'il plaira à votre très exigeant et insupportable petit frère?
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Silithia Lannister




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Age du personnage: 18 ans
Surnom: Silith / la Colombe / la Lionne / la demoiselle aux trois bateaux
Métier/Titre(s): Lady suzeraine de l'Ouest / Seconde héritière de la maison Farman

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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.
Dans un village non loin de Vivesaigues.

Tout en travaillant sur le second bateau, il rit. Beaucoup. Peut-être même trop. Lorsqu'il cessa brusquement, sa voix sonna sourdement dans l'esprit de la demoiselle. Si ses paroles auraient vexé nombre d'autres nobles, seuls les remarques et critiques que lui adressaient les membres de sa famille proche ou ceux qui lui étaient chers pouvaient la toucher. Elle n'avait pas un cœur de pierre, bien loin de là, mais les innombrables satires que lui adressait sa tante Jeyne l'avaient plus ou moins immunisée contre la susceptibilité. Écoutant attentivement ce que lui disait l'homme, qui s'était d'ailleurs détourné de son travail pour lui dire ces mots durs en face, elle ne put s'empêcher d'y trouver une grande part de vérité. Elle se blâma intérieurement d'avoir été si naïve ; la liberté avait un prix, celui de la qualité de vie. Mais rien ne parut sur son visage. Derrière elle, un léger cliquetis d'armes l'alerta. Avec un calme légendaire, elle tendit la main vers le garde prêt à défendre sa maîtresse au premier signal. Elle hocha négativement la tête et il ôta sa main de la poignée de son épée qu'il s'apprêtait à saisir. Lorsqu'il eut fini, elle baissa la tête pour tenter d'empêcher un sourire de venir fendre son visage mais cela lui fut impossible. Il s'excusait d'avoir pu la vexer, ce qui la faisait bien rire intérieurement. Non, ce n'était pas avec de telles paroles qu'il la vexerait. Elle releva la tête vers lui puis lui répondit d'une voix parfaitement calme.

-Vous êtes courageux. Vous parlez librement face à une Lady, lui crachez la vérité malgré le risque, et c'est là un courage plus grand encore que celui des chevaliers qui se battent pour un soi-disant honneur, ou pour un soi-disant dieu. Ce serait vous mentir, que de dire que je suis née dans une famille noble grâce aux Sept. Je respecte les anciens dieux comme les nouveaux, mais le hasard m'a faite ainsi, m'a faite Lady. Elle marqua une courte pause, son sourire avait disparu. Je continue de me dire, ou d'espérer, que tout a été fait pour une certaine raison, qu'un jour on sera tous quelqu'un aux yeux du monde. Peut-être serez-vous un héros, un jour, et peut-être tomberais-je dans l'oubli demain. Vos paroles ne me heurtent point, et ne vous en excusez pas. Je comprends que vous puissiez haïr les nobles. Presque tous des arrogants pompeux, moi-même je ne peux que maudire et mépriser tous ceux qui dénigrent l'image de la noblesse par leur orgueil.

Alors qu'elle disait ça, il avait déjà repris son travail. Les yeux de glace de la jeune fille se posèrent sur le visage du forgeron. Il était plutôt bel homme à ses yeux, et à son œil de lynx n'échappa aucun détail. Il était bien plus âgé qu'elle, devait avoir peut-être le double de son âge, mais son visage n'avait pas pour autant subi l'usure du temps. Il n'était pas très grand ; là où la plupart des hommes dépassaient la jeune colombe d'une tête -voire d'une tête et demi-, lui ne faisait environ qu'une demi-tête qu'elle. Il ne portait pas de cicatrice ou de marque particulière, ce qui changeait de tous les grands guerriers qu'elle pouvait rencontrer.
Elle étudiait consciencieusement chaque parcelle de son corps qu'il lui était donné de voir. Ses bras et son torse étant couverts, elle observa ses mains. Fortes, puissantes, et... tremblantes. Elle plissa les yeux et, relevant le menton, elle écouta ce qu'il disait tandis qu'il prenait l'épée en main pour lui montre le blason qui était presque terminé. Il parlait de la façon la plus naturelle possible, mais il ne mentait pas aussi bien qu'elle. Elle le voyait, elle le lisait dans ses yeux.

-Vous tremblez, dit-elle simplement d'une voix douce.

Dans les yeux de la demoiselle, des icebergs, immenses blocs de glace, se fracassaient les uns contre les autres. Malgré la légère remarque qu'elle avait adressé à l'homme sans réel tact, elle eut un léger haussement de sourcils et complimenta aussitôt la lame :

-Mon très exigeant et insupportable grand frère, corrigea-t-elle avec un sourire amusé, sera très satisfait, et s'il ne l'est pas, que la houle l'emporte mais ne l'épargne pas.

Elle fit une légère référence à sa maison par cette phrase. « La houle nous emporte », quelle phrase. Elle ne la comprenait qu'à moitié. Son père lui avait expliqué maintes et maintes fois que les Farman ne craignaient pas la mer et ses dangers, et que même si elle venait à les emporter, ils y survivraient, que le Ferrant les épargnait. Enfant, les caméristes lui racontaient que si la houle venait à les emporter, sa vie et elle, elles seraient alors des sirènes, que les sirènes étaient des princesses et des ladies îliennes ayant trouvé la mort en mer.
Son sourire fut bientôt accompagné d'un regard pétillant tant de malice que d'intérêt pour son interlocuteur, tandis qu'elle lui demandait doucement :

-Vous n'avez pas répondu à ma question, messire. Par quels moyens imprimerai-je cette rencontre des plus singulières dans ma mémoire, si je ne connais votre nom ?
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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.

Le forgeron écouta d'une oreille attentive ce qu'allait lui répondre la jeune lady, après sa longue tirade. Elle releva la tête vers lui et lui répondit d'une voix parfaitement calme. Elle lui dit qu'il était courageux. Dale soupira, non il ne l'était pas, clairement pas, il aurait pu être courageux. Or plusieurs fois dans sa vie il en avait eu l'occasion. A l'age de quinze ans, il aurait pu suivre son père et combattre et mourir avec lui au Trident. Mais il n'en avait rien fait. Il ne pensait pas être un lâche, mais n'était pas courageux non plus. Il était dans le juste milieu, celui qui se trouve entre le courage insouciant et la lâcheté réfléchi.

La jeune lady marqua une courte pause, le sourire qui la rendait si belle disparut. Ce qu'elle disait était assez beau, et poussait à la réflexion. Néanmoins, le forgeron ne serait jamais un héros et elle ne tombera jamais dans l'oubli. La vie est faite ainsi, à chaque fois une minorité prend le dessus sur la majorité. Dans ce cas là, elle aura beau dire, l'histoire se rappellera des Farmans et de tout ses membres des décennies durant comme on se souviendrait toujours des Reynes, et des Targaryens. Ils feraient partie de l'histoire avec un grand H de Westeros. Les mestres de la Citadelle écriront, et réécriront leurs histoire. En la changeant évidemment à leurs façon, dans plusieurs années, on ne se souviendra probablement que d'une chose les concernant, que les Targaryens étaient des tyrans fous et consanguins, en omettant bien évidemment la partie où ils se sont fait massacrer. Et que les Reynes étaient des martyres qui ont subi le courroux dévastateur de Tywin Lannister. On se souviendra d'eux, pas de la bonne façon, mais on s'en souviendra. Tandis que tout les pauvres, paysans, bâtard, tout ceux ne portant aucun nom tomberont dans l'oubli.

Au moins, chose positive, les paroles proférés par le forgeron n'heurtèrent pas la jeune lady des terres de l'ouest. Si ça avait été le cas, Dale s'en serait voulu d'une telle force d'avoir rater un client et une grosse rentré d'argent seulement parce qu'il avait parlé un peu trop vite, sans réfléchir, et sans considérer la présence et la position qu'occupait Silithia.

-Vous tremblez, dit-elle simplement d'une voix douce.

Elle l'avait vue. Elle avait vu qu'il tremblait. Le forgeron espéra dans son for intérieur qu'elle n’essayerait pas d'en savoir plus sur le sujet. Il lui tendit l'épée et attendit sa réaction par rapport au blason.

Elle corrigea ce qu'il venait de dire concernant son frère avec un sourire amusé et termina avec une expression étrange que Dale ne connaissait pas. Probablement, un expression courante chez les habitants des terres de l'Ouest, ou alors était-ce la devise de la maison Farman. La deuxième option était surement la plus plausible, le forgeron se souvint que le grand frère de Silithia avait employé les même termes quand il l'avait laissé seule à surveiller Dale faire son travail. Cette expression était assez vague comme la plupart des devises familiales, même si bon pour une fois c'était justifié qu'elle soit vague vu qu'elle parlait de houle.

Silithia ne parla plus pendant quelques secondes puis reprit la parole:

-Vous n'avez pas répondu à ma question, messire. Par quels moyens imprimerai-je cette rencontre des plus singulières dans ma mémoire, si je ne connais votre nom ?


Le forgeron se rendit tout à coup compte que la jeune lady lui avait déjà posé cette question plusieurs fois sans avoir eu de réponse. Ce n'avait bien sur pas été volontaire, seulement que Dale était beaucoup plus préoccupé par la confection du blason des Farmans sur l'épée. Il ne la fit pas attendre plus longtemps:

-Mon nom est Dale, juste Dale ni plus ni moins. Je ne suis ni un noble, ni un bâtard. Fils de forgeron et arrière petit-fils de forgeron depuis des générations. Je n'ai rien de spécial comme vous pouvez le constatez.

Sur ces mots, il se remit au travail et termina en quelques minutes le deuxième bateau. Enfin, il avait fait les deux tiers pour l'instant,et il ne lui en restait plus qu'un à faire et après il devrait attendre que le jeune noble irrespectueux et vantard aie l'obligeance de venir chercher son épée. Il ne la méritait pas, clairement pas mais au moins il l’achèterais à un prix avantageux. Un mal pour un bien en quelque sorte.

-Et vous? Je me pose une question depuis que vous êtes arrivés. Pourquoi est-ce que vous êtes venus dans ce village? Il n'a rien de spécial, pas de beau paysage, pas de marchandises ou d’événement insolites. Je suppose que vous êtes juste de passage, je me trompe?
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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.
Dans un village non loin de Vivesaigues.

Lorsqu'elle lui fit remarquer qu'il tremblait, il ne répondit pas, et se contenta de lui tendre l'épée pour la lui montrer. Elle leva doucement les yeux vers lui et hocha la tête pour lui faire comprendre que le blason lui convenait tout à fait. Elle afficha à nouveau un petit sourire et lui posa une question qui lui brûlait tant le bout de la langue que les lèvres :

-Craignez-vous que je n'achète pas cette lame pour cette simple raison ? Il arrive à toute dame de trembler en brodant et à tout marin de trembler en naviguant. Tout le monde tremble que ce soit de froid, de peur ou de nature, rassurez-vous.

Sa voix était chaude et rassurante, et elle espérait qu'il ne la prenne pas pour une de ces riches trop arrogantes qu'il avait pu croiser. Lorsqu'elle le lui demanda pour la seconde fois, il se présenta sous le nom de Dale. « Juste Dale, ni plus ni moins. », précisa-t-il. Il n'était ni noble ni bâtard, fils et arrière petit-fils de forgeron. La colombe ne pouvait que trouver cela passionnant. Elle sourit, amusée, tandis qu'il disait ne rien avoir de spécial. Alors qu'il reprenait son travail là où il l'avait laissé le temps de parler, elle prit la parole à son tour.

-Vous ne pourrez me faire croire que vous n'avez rien de particulier, chaque personne a ses spécificités. Peut-être n'êtes-vous pas un noble, peut-être n'êtes-vous pas un bâtard. Mais vous restez quelqu'un, vous avez vos valeurs et vos talents. Je ne puis vous dénigrer, je suis une femme, une Lady qui plus est, et tout ce que j'ai à faire est de me taire et de me plier à un homme -puis à un autre, une fois mariée- jusqu'au jour où je crèverai. Je ne sais que tisser, chanter, monter à cheval et me taire lorsqu'on me l'ordonne. Vous savez très certainement faire trois fois plus de choses que moi, et vous avez tout autant de valeur que n'importe quel noble, n'en doutez pas.

Il ne tarda pas à finir le second bateau. La demoiselle le regardait faire. Dale demanda alors ce qu'elle faisait là. Elle ne savait pas vraiment. Elle ne savait même pas pourquoi elle allait à Vivesaigues, elle cherchait sans doute à échapper à son quotidien. Elle arbora une mine pensive l'espace de longues secondes, ne regardant que la forge et les braises qui y volaient. Que faisait-elle ici ? Quelle question. Elle aurait pu le dire bien trop curieux, mais elle-même l'assommait de questions. Elle se redressa alors quelque peu, évitant de se tasser pour ne pas perdre de sa prestance et de sa grâce.

-Le quotidien d'une dame se répète de jour en jour, messire. Mon père se rend à Vivesaigues pour je-ne-sais quelle raison des plus ennuyantes. Voyez-vous, le problème lorsque l'on vit sur une île, c'est qu'on est comme coupé du monde. Par simple besoin de changer d'air, je me suis jointe au voyage. Mais les chevaux avaient besoin de repos, aussi a-t-on fait escale ici. On ne peut arriver à Vivesaigues avec des chevaux dont la langue traîne dans le poussière et dégoulinants de sueur au point d'en fumer. C'est ce que me dit mon père ; nous nous devons de respirer la grâce et la fierté.

Ces derniers mots furent prononcés dans un soupir, avec un certain agacement qu'elle ne garda pas pour elle. Elle savait qu'elle devait être parfaite, qu'elle jouait le jeu à merveille, mais elle n'aimait pas que l'on en fasse un ordre et un devoir. Mais un petit sourire prit place à nouveau sur ses lèvres, tandis qu'elle sortait la broche qu'elle avait achetée à sa sœur, de longues minutes plus tôt. Elle la fit glisser entre ses doigts, la tournant dans tous les sens puis l'observant, son sourire toujours bien présent sur son visage.

-J'ai aussi pu trouver cette petite merveille, souffla-t-elle.
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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.


Silithia constata que le forgeron ne lui répondit pas lorsqu'elle lui avait fait remarquer qu'il tremblait. La jeune lady le rassura alors d'une voix chaude et rassurante que c'était normal pour un forgeron de trembler comme cela était normal pour un marin de trembler. Dale ne savait pas pourquoi elle lui disait ça, probablement pour le rassurer sur le fait qu'elle lui achèterait quand même l'épée qu'il était en train de fignoler. Le forgeron n'en prit conscience qu'a l'instant, mais la jeune lady depuis plusieurs minutes essayait de lui faire comprendre qu'elle n'était pas comme les autres nobles arrogant et auto-suffisant. Et il ne savait pas quoi en penser, peut être qu'en discutant avec lui, elle avait pour une fois laissé tomber son masque de perfection immaculée qu'elle se devait d'avoir en toute circonstance. Que ce soit devant son frère, sa famille, ses amis, ses connaissances ou devant toutes les personnes qu'elle avait rencontré et qu'elle rencontrerais.

Il retourna à son travail, et cette fois elle prit la parole réagissant à ce qu'il venait de dire. Elle n'avait manifestement pas compris ce qu'il avait dit. Quand il disait qu'il n'avait rien de spécial, ce n'était pas dans le sens qu'il était banal et qu'il était semblable à tout les forgerons non-issus de la noblesse et ne possédant pas de nom. C'était plus dans le sens que son histoire et que sa personne par la même occasion n'avait rien d'extraordinaire, sans pour autant être une copie conforme des autres forgerons. Il écouta ce qu'elle disait ensuite. On en revenait encore et toujours au même sujet, les jeunes lady nobles ne sont que des pauvres petites esclaves qui doivent porter un masque durant toute leurs vies, doivent se marier avec un autre noble, et doivent écarter leurs cuisses pour tomber enceinte et ainsi assurer la "survie" et la conservation de la maison. Quel connerie. Elle est né riche, qu'elle en profite, le forgeron n'en avait franchement rien à faire des plaintes d'une petite fille riche qui avait toujours vécu à l'abri du besoin.

Après avoir pensé cela, le forgeron se rendit soudain compte que ce qu'il pensait était à la fois injuste et insultant pour Silithia. Il lui attribuait les tares et les défauts de personnes qu'elle détestait elle aussi. Elle n'était pas comme les autres nobles et les critiquait tout autant que Dale, avec un ton moins acerbe évidemment, mais elle les critiquait quand même. Et c'était tout à son honneur.

Il lui demanda la raison de sa venue. Elle s'empressa d'y répondre tout en se redressant quelque peu, pour ne pas paraître trop tasser perdant ainsi de sa prestance et de sa grâce. Ce qui fit esquisser un sourire au forgeron, elle avait été élevé comme ça et elle garderait toujours ses habitudes et ses manières.

Elle lui expliqua que les jours pour une lady se répétait de jour en jour, et que dés qu'elle avait l'occasion de sortir de son train train quotidien. Et c'était le cas pour cette fois, son père devait se rendre à Vivesaigues pour une raison inconnue et elle l'avait suivie avec son frère. Vivesaigues était une très belle ville, en plus d'être une forteresse très dure à prendre. Le forgeron n'avait pu s'y rendre que quelque fois pour faire affaire et pour y vendre son armement. Mais cela lui avait fait une forte impression. Mais malgré tout, le voyage entre Vivesaigues et les Terres de l'Ouest avait du être très long mais au moins la jeune Farman avait pu découvrir les Conflans. Et cela avait du bien lui changer par rapport à son île natale. C'est donc pour cette raison que sa famille avait fait une légère halte ici, en attendant que les chevaux reprennent des forces et en profitant du marché qui se tenait dans la place du village.

Elle finit sa dernière phrase par un soupir. Il pouvait bien se moquer, la vie de noble devait être épuisante à force de faire semblant et d’essayer de s'élaborer et de tenir un masque de perfection, de grâce, et de fierté.

Un sourire apparut soudain sur les lèvres de Silithia, elle sortit du fond de sa bourse une broche magnifique qu'elle fit tourner entre ses doigt. Elle souffla:

-J'ai aussi pu trouver cette petite merveille

Dale la regarda attentivement de là où il était, faisant une courte pause dans son travail qui avançait plus vite qu'il ne l'avait prévu. Il dit à Silithia avec un petit sourire en coin:

-Je ne connais qu'une seule personne qui vend ce type de broche sur le marché, c'est Beron je crois ou alors est-ce Beren, je dois vous avouer que je les confonds toujours. Ce sont deux frères qui tiennent cette échoppe.L'un est le vendeur et l'autre celui qui l'accompagne et qui est l'acheteur. Je peux vous dire une chose, vous avez eu beaucoup de chance de tomber sur eux, ce sont des marchands itinérants qui font beaucoup d'aller-retours entre Westeros et les Cités Libres. Ils passent toutes les deux lunes, à peu près, restent une semaine ou moins ça dépend de si ils écoulent leur stock ou non et repartent aussi rapidement que lorsqu'ils sont venues. Pourquoi est-ce que deux marchands itinérants iraient vendre leurs babioles ici, vous devez vous demander. Eh ben il revienne ici pour revoir de la famille et des amis.

Le forgeron retourna à son travail et commença le troisième bateau qui composait le blason Farman tout en continuant de parler avec la jeune lady:

-Je suis sur que cette broche vous ira à ravir, termina-t-il tout simplement.


Dernière édition par Dale le 27.10.14 14:54, édité 1 fois
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–––––––––––––

An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.
Dans un village non loin de Vivesaigues.

Il ne lui répondit pas. Ni quand elle le rassura pas rapport au fait qu'elle achèterait tout de même la lame, ni quand elle lui dit qu'il n'était pas quelqu'un de banal. Elle n'attendait pas de réponse, à vrai dire. Elle le regardait travailler sans rien dire, comme une enfant trop curieuse. Lorsqu'elle lui montra la broche, il lui parla des deux vendeurs. Beron et Beren, deux frères venus des Cités Libres. Oh, les Cités Libres... Aurait-elle seulement la chance de les voir, un jour ? Peut-être, si son époux se montrerait moins protecteur que son père l'était. Après cela, restait-il seulement à se trouver un époux, chose qui n'était pas spécialement aisée. Elle écouta attentivement tout ce que dit Dale, un sourire sur les lèvres, témoignant de son intérêt et de son attention la plus totale.

-Les Cités Libres... Ces hommes doivent avoir une vie magnifique, souffla-t-elle.

Si c'eût été possible, des zébrures, des tourbillons infernaux et d'autres formes étranges percées d'étoiles lumineuses auraient envahi les yeux de la demoiselle. Mais son regard de glace ne put que briller d'admiration. Quelle chance ils avaient dans les Cités Libres ! Ils pouvaient vivre comme ils l'entendaient, partir d'un rien pour arriver au sommet, être tout ce qu'un roturier ne pourrait être en Westeros. Et les femmes y étaient si libres, si bien traitées !
La voix du forgeron tira la jeune colombe hors de ses pensées. Elle jeta un œil rapide à l'épée, dont le troisième bateau avait été commencé. Elle répondit alors d'une voix quelque peu amusée.

-Je vous remercie, mais elle n'est pas pour moi. Je l'ai achetée pour ma petite sœur.

Iline ne recevait que peu de cadeaux, Silithia espérait que celui-ci les rapprocherait. Elle sourit tendrement à cette idée, espérant plus qu'autre chose que sa sœur la porte en son cœur, ce qui n'était probablement pas le cas à ce moment-là. Elle reposa immédiatement les yeux sur l'épée. Son frère en serait indigne, pour sûr, et son courage ne l'emmènerait pas jusqu'à de grands champs de bataille. Il se contentait généralement de simples duels contre de pauvres garçons qui ne passaient vers lui que par hasard et qui n'avaient certainement jamais eu une épée entre leurs mains avant cela. Mais si ça lui arrivait de se battre contre des hommes plus expérimentés, il ressortait souvent vainqueur ; il n'était pas un mauvais épéiste, et était en plus de cela un bon cavalier. Mais avant tout, il était le rival de Silithia.
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MessageSujet: Re: [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) Icon_minitime27.10.14 16:10

An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.


Le troisième bateau posa plus de problèmes au forgeron, il voulait que le blason sur l'épée soit le plus ressemblant au blason sur le bout de tissus. Et là, si on regardait bien et de près, on pouvait aisément constater que les bateaux avaient une forme approximative. Dans un souci de bien faire, Dale abandonna la confection du troisième bateau déjà à moitié entamé et modifia légèrement les deux autres pour qu'ils soient plus précis, plus ressemblant, et pour qu'ils ne fassent pas tache en comparaison à l'épée qui avait été fignolé des heures durant pour atteindre le meilleur résultat. Il fallait que le résultat final soit parfait, ou en tout cas un résultat approchant fortement. Qui sait peut être que Silithia vantera les mérites et le bon savoir faire du forgeron des Conflans auprès d'autre maison noble une fois l'épée terminé.

Et avec un peu de chance, d'autre maison noble viendrait lui acheter ou lui commander des armes. Le réputation du Dale grimperait en flèche, et peut être même qu'il gagnerait assez d'argent pour pouvoir partir de ce trou à rat rempli de gens sympathiques en apparence mais qui dès que vous avez le dos tourné n'hésite pas à vous cracher à la gueule et à salir votre honneur sans avoir le moindre remord et le courage de vous le dire en face.

Mais le forgeron surestimait peut être trop son travail, c'était tout à fait possible après tout. Étant le seul forgeron du village et ne voyageant que très peu, il n'avait jamais vraiment pu comparer son travail à celui d'autre confrère. Il n'avait même quasiment jamais eu de concurrence, et n'avait eu aucune raison de se surpasser et d'améliorer son travail. La seule raison qui l'y avait poussé était le plaisir du travail accompli.

Dale remarqua que Silithia parlait beaucoup moins, peut être que ses questions l'avait mise mal à l'aise ou qu'elle n'avait plus rien à dire tout simplement. La façon dont elle parla des Cités libres laissait très facilement songer qu'elle rêverait de s'y rendre. Oh moins, ils avaient un point commun. Lui aussi rêvait de se rendre dans les Cités Libres, pouvoir voir les différences culturelles, pouvoir discuter avec un forgeron de Braavos de la façon dont il forgeait. Voir la fameuse statue du Titan de près qui ne restait à ses yeux pour le moment qu'une seule simple légende que les marchands itinérants et que les marins racontaient ou chantaient au coin du feu.

Il ne put s’empêcher de sourire en se disant que la plupart des choses qu'il savait par rapport à l'actualité, il les avait appris en discutant avec des marchands ou des visiteurs de passage au coin du feu. La dernière nouvelle qui l'avait vraiment marqué était probablement l'arrivée prochaine de la petite Targaryen à Dorne, le marchand lui avait raconté que cela allait être le premier pas vers une alliance durable entre les Martell et les Targaryens qui s’unirait contre la couronne et rendrait aux dragons tricéphales leur gloire d'antan. Après cela ne restait qu'une histoire raconté au coin du feu et dont la véracité restait encore à prouver.

Le forgeron se demanda soudain si la jeune lady en savait plus que lui sur ce sujet, c'était fort probable vu qu'elle habitait dans les terres de l'Ouest et qu'elle devait peut être connaitre des connaissances à Dorne. Mais après, il ne connaissait pas la maison Farman et en surestimait peut être la puissance et le réseau d'influence. Il n'en fit rien, son expérience dans les Conflans lui avait appris à ne pas parler des Targaryens si il ne voulait pas que la discussion ne vire en rixe à mains armés, le point de vue du forgeron sur ce sujet étant assez tranchés.

Silithia rectifia ensuite une phrase qu'il avait dit. La broche qu'elle exhibait n'était pas pour elle mais pour sa chère petite sœur. Dale ne put encore une fois s’empêcher de faire une remarque:

-Elle a bien de la chance d'avoir une sœur aussi attentionnée que vous, parce que si vous n'étiez pas là, je n'imagine même pas l'enfer qu'elle vivrait seule avec vot' frère. Elle vous accompagne elle aussi pour Vivesaigues?

Le forgeron avait fini enfin finit de fignoler les deux bateaux qui maintenant ressemblait vraiment à ceux qui était sur le blason. Il se remit donc à la confection et au fignolage du tout dernier bateau. Dale eut un large sourire. Il commençait enfin à être satisfait de la future épée du jeune Farman.

-Vous devez être exténué après le sacré voyage que vous avez effectué. Vous repartez dans la journée ou vous restez pour la nuit? Parce que si vous voulez je peux vous conseillez quelques auberges dans le coin qui seraient ravi de faire une ristourne à une si charmante jeune femme tel que vous.
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Dans un village non loin de Vivesaigues.

La demoiselle observait toujours attentivement le forgeron à l'œuvre. Il s'interrompit dans la confection du troisième bateau pour retravailler les deux autres. Elle sourit doucement ; au moins, il s'appliquait dans son travail. Elle aurait voulu pouvoir juger de la qualité de la lame et de l'acier que produisait Dale mais, malheureusement, elle ne connaissait pas énormément de choses sur la forge, étant donné qu'elle était une femme et que c'était quelque chose pour les hommes. Si Jory l'avait laissée essayer à plusieurs reprises le combat à l'épée et le tir à l'arc dans le plus grand des secrets, lui-même n'avait sans doute jamais touché une forge de sa vie. Qui donc aurait pu apprendre à une lady quelques notions au sujet du forgeage ? Personne, bien entendu.
Pour ce genre de choses, les « notions d'hommes » comme on aimait à les appeler, elle s'en remettait souvent au jugement de Jory, de son père ou encore de son frère. C'était d'ailleurs l'une des rares fois où elle acceptait d'écouter Gared sans vraiment chercher à le contredire. Sur certains sujets, elle préférait se taire que de passer pour une idiote.

L'artisan se mit à sourire sans que Silithia ne sache pourquoi. Ne cherchant pas à passer pour une petite indiscrète bien trop curieuse et qui se penchait un peu trop sur le pourquoi du comment de la vie des gens, elle ne dit rien quant au signe de contentement ou d'hilarité que présentait l'homme ; sans doute s'était-il égaré dans ses pensées.

La remarque qu'il fit au sujet de sa sœur fit naître sur les lèvres de la jeune colombe un petit sourire mi-amusé. De la chance, n'est-ce pas ? Silithia n'avait de cesse, ces derniers temps, de couvrir l'enfant de cadeaux, cherchant peut-être d'obtenir un signe d'affection de sa part, un petit sourire, ou juste son pardon. Elle leva doucement les yeux vers Dale, et répondit à sa question.

-Elle n'est pas du voyage, non. Sans doute n'a-t-elle pas voulu supporter les piques que mon frère lui aurait lancé tout le voyage durant. Ma présence n'empêche pas à mon frère de s'en prendre à elle. La pauvre et douce enfant, elle n'a rien demandé.

Cette dernière phrase était prononcée tant pour elle que pour son interlocuteur, à vrai dire. Lorsqu'il eut fini de retravailler les deux premiers bateaux, chose qu'il avait fait avec beaucoup de sérieux, il reprit le troisième bateau là où il s'était arrêté. De là où elle était, la demoiselle de l'Ouest put voir la belle épée qui était presque prête, et elle comprit que le forgeron était plutôt satisfait de ce qu'il avait fait, grâce au grand sourire qu'il arborait.
Elle écouta d'une oreille attentive ce qu'il lui dit et réfléchit pendant quelques secondes. Elle ne savait pas grand chose de ce voyage, à vrai dire. Saisissant une petite mèche de cheveux du bout des doigts, elle la glissa derrière son oreille droite et reposa son regard sur Dale.

-Je ne suis pas plus fatiguée que cela, dit-elle posément. Je n'ai aucune idée de ce que nous allons faire à Vivesaigues, et encore moins si nous allons y passer la nuit. Mais c'est très aimable à vous de me proposer cela.

Elle afficha un petit sourire, et se concentra à nouveau sur l'ouvrage du forgeron. En réalité, sa vie devait être aussi répétitive que celle de la jeune lady. Là où elle devait passer ses journées à se tenir droite comme un i, lui devait être constamment penché sur sa forge. Là où elle devait rire aux mauvaises blagues et sourire aimablement à des personnes sans grand intérêt pendant toute la journée, lui se devait peut-être de faire la même chose auprès de ses clients.
Une question lui venant soudainement, elle en oublia instantanément ses bonnes manières et demanda vivement, presque brusquement, un grand sourire aux lèvres :

-Avez-vous un rêve ? Réalisable ou non, peu importe, en avez-vous un ?

Ses yeux pétillaient alors de vie comme ceux d'une enfant devant un conte de fées.
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MessageSujet: Re: [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) [Conflans] Mais dîtes-moi qui sommes-nous ? De vieux fous plantés sur un caillou. (pv Dale) Icon_minitime28.10.14 22:56

An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.


Plus qu'un seul bateau et il aurait enfin fini son épée. Le jeune Farman pourra ainsi aisément l’exhiber lors de tournoi où il défendrait son honneur personnel en plus de celle de sa famille. Peut être même que son épée participerait à de prestigieux tournois et à de prestigieuse bataille. Le forgeron se plaisait à imaginer, une fois son épée vendue, ce qu'elle allait accomplir. Allait-elle servir à assouvir les besoins meurtriers d'un barbare ou à protéger la veuve et l'orphelin? Il n'en savait rien, mais il aimerait beaucoup le savoir. Pouvoir se dire qu'il avait sa part de contribution dans les actes auquel son épée allait servir, que ce soit en bien ou en mal. Et c'était là un plaisir secret et unique que ne pouvait seulement ressentir les forgerons. Les mestres se plaisaient à étaler leurs savoirs et leurs connaissance à la face du monde. Les chevaliers se plaisaient à prouver leur force et leur vigueur au combat au fil d'une épée. Lui se plaisait à voir les autres manier ses épées et à prendre une petite part de gloire dans leur victoire. Les jeunes dames de haute naissances tel que Silithia devaient probablement tirer leurs plaisirs des accomplissements et des faits d'armes de leurs enfants.

Ce que le forgeron avait dit sur la sœur de Silithia fit apparaître un sourire mi-amusé sur le doux visage de la lady des terres de l'ouest. Cette famille avait manifestement vécu des tas d'histoires, certaines joyeuses, certaines tristes. Mais il avait du se passer quelque chose entre le frère, la sœur ainé et sa cadette. Quelque chose qui avait brisé leurs liens. Quelque chose qui avait réduit à néant les souvenirs joyeux et l’amour qui les unissaient en ne laissant que des souvenirs triste et un sentiment de rancœur et de mépris. La sœur cadette n'était pas du voyage, elle était surement trop faible pour le faire, ou trop faible pour supporter les remarques que lui aurait fait son frère malgré la présence de Silithia.

La jeune lady refusa sa proposition, rétorquant qu'elle n'était pas fatigué. C'était assez surprenant vu le voyage et le trajet qu'elle avait éffectué. Elle pouvais dire ce qu'elle voulait, à la fin de la journé elle sera la première à tomber sur son lit, morte de fatigue. Elle lui lança un petit sourire discret dès qu'elle eut finit de parler et se concentra de nouveau sur le travail du forgeron. L'intéret que portait Silithia à son travail flatta Dale plus qu'elle ne l'imaginait. Elle était la première cliente qui discutait et s'intéressait vraiment à son travail et à ce qu'il faisait.

Le forgeron se remit au travail. Plus que quelque minutes et l'épée sera enfin complète et parfaite pour le jeune noble. Le forgeron sursauta légèrement lorsque la jeune lady lui demanda soudainement si il avait un rêve, aussi farfelue soit-il et aussi réalisable ou pas soit-il. C'était une très bonne question, trop bonne même pour qu'on puisse y répondre rapidement. Elle méritait quelques minutes de réflexion. Avait-il un rêve? Évidemment qu'il en avait, toutes les personnes ont des rêves que ce soit le clochard soiffard sans un sou comme le prince de quelques cités libres. Le forgeron en avait oui, il en avait, mais qui n'en aurait pas? Il en avait beaucoup, mais seuls quelques-un attirait son attention. Le forgeron, cette fois-ci, parla franchement, sans ce soucier de l'interlocuteur qu'il avait en face de lui:

-C'est une bonne question que vous me posez là, ma dame. J'ai beaucoup de rêve, effectivement, que ce soit de visiter les Cités Libres, voir le Titan de Braavos, tenir une épée en acier valyrien, trouver la dame avec qui je passerais le restant de mes jours, ou même pouvoir apprendre et disputer une partie avec la Vipère Rouge au jeu de cyvose.

Le forgeron rigola de sa propre fausse illusion:

-Je sais très bien que jamais je ne réaliserais ces rêves, mais il y en a un qui me tient tout spécialement à cœur.....
Ce serait que mon père soit toujours là et que ma mère soit en bonne santé pour qu'il puisse assister au retour des Targaryens sur le Trône de fer. Savoir que mon père n'est pas mort en vain ce jour là au Trident. Ce serait pour moi le plus beau des rêves....

Dale soupira, lança un sourire franc et sincère à Silihia et tenta de se remettre au travail:

-Et vous milady quel serait pour vous le plus beau des rêves?
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Dans un village non loin de Vivesaigues.

-C'est une bonne question que vous me posez là, ma dame. J'ai beaucoup de rêves, effectivement, que ce soit de visiter les Cités Libres, voir le Titan de Braavos, tenir une épée en acier valyrien, trouver la dame avec qui je passerais le restant de mes jours, ou même pouvoir apprendre et disputer une partie avec la Vipère Rouge au jeu de cyvose.

Il rit doucement, avant de continuer. Le sourire amusé qui s'était installé sur les lèvres de Silithia devint bientôt tendre, presque compatissant. Dale rêvait que son père soit encore en vie, que sa mère soit en bonne santé... Il voulait qu'ils puissent tous deux voir les Targaryens sur le Trône de Fer. Il parla également de la bataille du Trident. La Bataille du Trident. Elle leva les yeux vers lui :

-Les Targaryens... Leur histoire est des plus fascinantes.

Elle avait ouïe dire que deux Targaryens étaient encore en vie, un jeune homme et sa sœur, les deux enfants d'Aerys le Dément, Roi des Sept Couronnes avant Robert Barathéon. Elle n'avait que peu suivi l'histoire de ces deux jeunes héritiers déchus, mais savait qu'ils étaient en vie.
Il se remit au travail tout en demandant à la colombe quel était son plus beau rêve. Elle réfléchit alors un petit moment, de longues secondes, avant de répondre. Elle avait tant de rêves, tant d'espoirs, tant d'ambitions... Elle cligna des yeux, retourna la broche entre ses doigts, et se plongea dans la plus profonde des réflexions.

Elle rêvait de visiter les Cités Libres, elle rêvait d'avoir autant de liberté que les hommes, elle rêvait de parcourir tout le monde et toutes les mers, elle rêvait de voir une créature légendaire comme un dragon, elle rêvait d'entretenir une conversation avec les personnalités importantes des Sept Couronnes. Elle rêvait d'autres choses, encore. Des choses plus drôles, plus étranges, plus banales, plus douteuses, plus anormales... Elle rêvait de mille-et-une choses, en réalité.
Regardant en face le forgeron, elle lui sourit doucement.

-Je rêve de nombreuses choses. Des choses impossibles, des choses étranges... Aller en Essos, voir ne serait-ce qu'un dothraki, avoir autant de liberté qu'un homme... Enfant, paraît-il que j'ai dit un jour à mon père que je rêvais d'être chevalier.

Elle rit doucement, puis regarda à nouveau ce que faisait Dale. Derrière elle, elle entendait le cliquetis que produisait l'armure de son garde, au moindre de ses mouvements. Elle tourna la tête ; il semblait s'impatienter quelque peu, mais quel garde, constamment immobile et droit, ne s'impatientait jamais ?
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An 298 • Neuvième lune • Semaine 2 • Jour 1.



-Les Targaryens... Leur histoire est des plus fascinantes.


Elle ne savait surement pas à quel point elle avait raison. Leur histoire remonte tellement loin, à une époque où Westeros n'était qu'un continent, et non un royaume. A une époque, où enfants de la foret et dragons était créatures commune, et où les épées des rois et des seigneurs vaincus n'avait pas encore été fondue et reforgé en un objet, qui allait devenir plusieurs siècles plus tard le plus grand sujet de convoitise des plus grands seigneurs du royaume.

Le trône de fer. Le forgeron aimerait juste une fois au moins dans sa vie, se tenir dans le Donjon Rouge et lui faire face. Voir cet imposant siège, forgé grâce aux sangs, aux larmes et au lames des vaincus. Dale avait entendu tellement de rumeurs à son sujet qu'il arrivait presque à le visualiser, avec assis dessus un usurpateur qui allait conduire le royaume à sa perte. On aura beau dire, mais les Targaryens avec tout leurs défauts, ont réussit à maintenir une cohésion et une unité à travers les Sept Couronnes des centaines d'années durant. Quinze ans avaient passés, et aujourd'hui qu'avions-nous? Un roi soiffard qui tente tant bien que mal de gérer son pays qui bat de l'aile depuis la rébellion qu'il avait lui même mené.

Fort heureusement, son règne allait bientôt se terminer. Le forgeron avait ouï dire qu'une alliance entre les Martell et les deux Targaryen allait avoir lieu. Et si ces rumeurs étaient vrai, alors combiné à la puissance militaire des Dorniens, le pouvoir et l'influence qu'avaient les deux dragons sur le petit peuple et les anciens loyalistes ne cesseraient d'augmenter jusqu’à aboutir à une seule et unique conclusion. Un point de rupture qui resterait dans les mémoires. La chute de l'usurpateur. Ou tout du moins Dale l’espérait.

Le forgeron était sur le point de terminer le dernier bateaux, plus que quelques secondes seulement et le blason des Farman des terres de l'ouest serait enfin complet. Il écouta qu'elle était ses rêves. Dale sourit, elle aussi voulait visiter Essos, mais par pour les mêmes raisons. Elle rêvait de liberté, qu'on lui laisse vivre sa vie comme elle l'entendait et comme elle le désirait. Enfant, Silithia voulait même devenir chevalier. N'était-ce pas amusant? La fille de haute naissance qui voulait jouer au chevalier comme tout les garçons qu'ils soient de noble ascendance ou fils de roturier depuis des générations.

Dès qu'il eut terminé, le forgeron poussa un long soupir. L'épée des Farmans était enfin achevé. Une légère goutte de sueur perla du front du forgeron lorsqu'il se rendit compte du temps qu'il avait passé à forger, émousser, reforger, affûter, reforger encore et encore et encore jusqu'à aboutir à ce petit bijou qui l'emplissait d'un très grand sentiment de fierté et d'auto-accomplissement. Fier de sont travail, il prit l'épée avec ses deux mains, et la brandit en l'air.

-Je ne vais pas vous cacher qu'en la regardant, je ne peux m’empêcher de penser à son devenir. Cette lame est de haute qualité, c'est probablement la lame la plus tranchante, et équilibré qu'il m'ait été donner de forger. J’espère sincèrement que votre frère sera la hauteur de la qualité de cet acier et qu'il ne s'en servira que pour protéger la veuve et l'orphelin....


Le forgeron ne put s’empêcher de rigoler, en ayant en tête l'image du jeune Farman se servant de son épée pour protéger le petit peuple. Lui qui devait autant se soucier des malheurs de ces gens, que Dale se souciait des caprices de l'arrogant jeune noble.

Il fit quelque pas, et reposa l'épée dans sou fourreau. Le forgeron se retourna et tendit l'épée à la sublime lady des terres de l'ouest.

-Voilà, pour votre frère.....Vous savez, je vais vous dire une chose, je regrette vraiment que je n'aurai comme unique souvenir de cette rencontre, seulement quelques dragons dorés. Quand je serais vieux, malade, et incapable de me servir de mes mains pour forger, je n'aurais comme souvenir de ce moment seulement comme une grosse transaction qui ressemble aux autres.


Dale lui sourit, et lui tendit sa main.

-Ce fut un immense plaisir et un honneur pour moi que de vous rencontrer lady Farman.
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Silithia se souviendrait de cette rencontre. Un petite lady et un pauvre forgeron, face à face, discutant du monde qui les entourait sans même y prêter attention. Cela en aurait fait rire plus d'un, mais pas la colombe de l'Ouest. Elle ne rirait pas de la rencontre faite ce jour-ci, car elle avait appris beaucoup de chose. La pelouse est toujours plus verte de l'autre côté de la clôture. Là où Silithia, riche, rêvait de liberté, Dale, libre, rêvait de richesse. Elle savait déjà ce qu'il adviendrait d'elle, chaque jour de son existence, alors que lui l'ignorait sans doute. Mais lorsque ces deux mondes, parfaits opposés, se confrontaient, tout en devenait bien plus passionnant.

Elle souriait, il souriait aussi. C'était une belle journée, une journée comme une autre mais une belle journée, marquée par une belle rencontre. Le soupir du forgeron fit lever doucement la tête à la demoiselle. Une goutte de sueur perlait sur son front, y glissant lentement et brillant sous les rayons du soleil dont l'intensité était maintenant plus importante. Lorsqu'il souleva l'arme de ses deux mains, la brandissant en l'air comme un guerrier l'aurait fait sur un champ de bataille pour intimider son ennemi, elle comprit qu'il avait fini. Elle eut un immense sourire.

Dale lui dit que jamais il n'avait forgé une telle épée. Son frère serait-il à sa hauteur ? Non, bien sûr que non. Il rit, et Silithia l'accompagna joyeusement, riant si doucement -comme une Lady, en soi- que son rire léger s'envola comme le battement d'ailes d'un oiseau blanc, comme le battement d'aile d'une colombe. On aurait même pu croire que son rire était une mélodie, le chant d'un oiseau plus pur qu'une Lady avant son mariage.
Il rangea l'arme dans son fourreau. Il tendit l'épée à Silithia. Elle la prit avec délicatesse et contempla le pommeau marqué du blason de sa famille. Elle sourit un peu plus encore et se retourna brièvement vers le garde qui l'accompagnait, s'adressant doucement à lui.

-Ser, allez chercher mon frère.
-Ma lady, on m'a chargé de garder un œil sur vous.
-Allez chercher mon imbécile de frère. Maintenant.

Cette fois-ci, elle avait prononcé chaque mot avec lenteur, insistant sur chaque syllabe, les laissant glisser sur sa langue tel un serpent. Son ton était assez sec, autoritaire, sans pour autant en être mauvais. Le garde baissa doucement la tête et partit quérir son frère. La jeune fille se retourna alors vers le forgeron, écoutant alors attentivement ce qu'il lui disait.
Ses paroles lui arrachèrent un sourire des plus sincères. Elle saisit doucement la main qu'il lui tendait, la pressa doucement en gage de sa sympathie, et elle lui dit d'une voix franche :

-Parlons franchement. En tant que lady, je ne suis pas censée avoir rencontré nombre de commerçants. Seulement, entre ceux qui accostent au port de Belle-Île, ceux qu'il m'a été donné de rencontrer ça et là en Westeros, vous êtes de loin celui qui aura le plus suscité mon intérêt. Je n'hésiterai pas à vous écrire.

Elle appuya ses paroles d'un sourire sincère. Quelques mètres derrière elle, elle entendait le cliquetis des pièces d'armure et des armes de ses gardes qui s'entrechoquaient tandis qu'ils revenaient, accompagnés de Gared. Celui-ci, la tête haute, le dos droit et une démarche hautaine, jaugeait déjà sa sœur et le forgeron.
Elle se retourna à moitié et, le voyant seulement s'avancer comme s'il était le maître du monde, elle leva les yeux au ciel, soupira et adressa un nouveau sourire à Dale.

-Ce fut un plaisir pour moi aussi, Dale.

Gared arriva bientôt, et voyant l'épée, il la prit vivement des mains de sa sœur, comme un enfant voulant son jouet, pour la contempler. Il l'aimait déjà, ça se voyait. Il la mania quelque peu en de lents mouvements pour ne blesser personne -il était hautain et capricieux, pas fou ni réellement idiot- puis la remit dans son fourreau, avant de l'accrocher à son ceinturon de cuir. Il s'approcha du forgeron d'un pas pressé.

-C'est une bonne lame, tenez.

Il donna juste l'argent qu'il fallait pour payer l'arme, et s'en alla sans rien dire, faisant signe à Silithia de le suivre. Elle le regarda, puis posa à nouveau son regard de glace sur le forgeron, tira de sa bourse des dragons d'or supplémentaires qu'elle déposa au creux de la main de Dale. Elle n'aurait jamais donné plus que ce qui lui était demandé, avant qu'elle n'ait compris que l'argent était, au même titre que la liberté, une certaine richesse. Tout dépendait en fait de là où l'on se trouvait. Il l'avait aidée à le comprendre, elle lui était redevable. Un sourire étira ses lèvres.

-La rencontre avec les roturiers semble tuer l'égoïsme comme l'avarie. Prenez cela comme un présent, pour vous remercier d'avoir supporté mes questions incessantes et d'avoir été patient, même avec l'énergumène qui me sert de frère.

Elle rit doucement, adressa un dernier sourire au forgeron. S'inclinant doucement en guise de salut, elle rejoignit doucement le garde qui l'attendait quelques mètres plus loin. Elle avait laissé derrière elle le tissu de soie aux couleurs de sa famille. Peu lui importait, la richesse lui permettrait d'avoir bien d'autres tissus de ce genre.

On l'aida à remonter dans la diligence, et celle-ci ne tarda pas à repartir sur les routes. A travers la petite fenêtre, sous le soleil qui commençait à réellement monter dans le ciel, de la fumée s'échappait de la forge. Elle ferma les yeux, posant doucement sa tête contre le rebord de la fenêtre. Dale avait raison, elle était fatiguée, et elle devait se reposer. D'ici peu, elle serait à Vivesaigues et devrait se montrer parfaite à nouveau.
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