An 274, près des terres de Thenn.
Le village était éclairé de la même lumière pâle que d'habitude. Tous étaient déjà affairés à diverses taches dont l'on éloignait le petit groupe d'enfants qui pouvaient s'en montrer trop curieux, indéfiniment. Deux d'entre eux sont les bêtes noires de ces adultes pleins de responsabilités et ambitions ; Aenar et Modig, deux frères déjà âgés de huit et six ans. Leur père ayant une renommée plutôt importante dans le petit clan, on osait rarement faire preuve de trop de cru pour les remettre à leur place, et les deux se développaient un peu comme ils l'entendaient, jamais soucieux de quoi que ce soit malgré la difficulté de la vie ici. Habitant dans l'une des régions les plus au Nord au delà du Mur, la chasse était leur seul moyen de subvenir de tout, comprenant nourriture et moyens de logement, de survie en général. Et ce petit groupe était bien peu nomrbeux face à la férocité de certaines bêtes.
Les deux jeunes frères s'intéressaient à tout. Chasse et combats en tout genres, travaux un peu moins masculins... Une enfance pleine de ressource pour une destination certaine à gouverner quelque chose un jour, selon les dires de leur père. Des enfants qui avaient toutes les chances de bien tourner, s'ils calmaient un peu leurs ardeurs puériles, pour mieux farcir leurs crânes de bons conseils. On racontait en effet beaucoup sur certaines légendes, des "corbeaux" et des "autres", ce que certains fous qualifiaient de bien réels, eux-mêmes un peu plus effrayants aux oreilles des petits. Les mêmes fous qui conseillaient au groupe de se déplacer plus au sud ; le plus étant le mieux.
Modig en bouscula un au passage, courant plus loin en serrant contre lui un objet qui lui avait été tant convoité. Plus loin, plus loin...
« Ne touche pas ça ! »
Aenar l'avait rattrapé, et lui avait flanqué un violant coup sur les mains pour lui faire lâcher le couteau, le ramassant ensuite.
« Ne touche pas ça, répéta-t-il, tu es trop petit. »
Modig lui adressa une vilaine moue, pour finalement baisser la tête. Bêtement vaincu en un rien, il répondit tout de même, d'une petite voix.
« Je le voulais... Pour aller tuer les corbeaux.
- Non. Tu es trop petit et trop faible ; tu ne feras jamais ça. »
Modig resta là quand son aîné tourna les talons, suivant ce schéma qui lui était déjà presque habituel. Cette rivalité était encrée depuis longtemps, mais ne semblait nécessaire qu'au plus âgé, qui s'en sentait meilleur et pouvait aller raconter ce genre d'exploit à leur père, qui n'y prêtait pas grande attention pourtant. Il était arrivé à Aenar d'être violent avec son frère dans le même but, pour qui tout cela n'avait pas d'importance, sinon sur son mental qui se rangeait peu à peu dans l'infériorité. uc

An 280, la Forêt hantée

Modig est un homme au caractère particulièrement fort dont les limites ne peuvent pas clairement être définies. Ses relations, bien que pouvant ne pas manquer de cordialité lorsque le besoin ou l'envie en est présente, ne sont souvent qu'imbibées de hargne. Assez peu envieux de s'attacher à quiconque, ce qu'il qualifierait d'une perte d'une part de sa liberté, il peut rapidement se montrer méprisant, se focalisant d'abord sur l'apparence des gens qu'il croise. Il vit pour lui, fuit son passé vers un avenir dont il ignore tout, malgré son bon vouloir.
Peu hospitalier, il sait garder ce qui lui appartient, et avec toute la misère du monde, vous n'arriverez pas à l'en faire démordre, à moins que vous ne réussissiez à casser sa carapace effarouchée. L'obéissance est, de même, une chose qui lui échappe, considérant chaque être comme égal à chaque autre, avec cependant une petite touche d'égocentrisme. De même, il a la fâcheuse tendance à considérer les femmes comme strictement inférieures aux hommes. La sévérité et la cruauté sont des armes dont il n'hésite pas à user, et la manipulation peut lui être amusante, même si c'est un jeu qui lui est difficile, étant un très mauvais acteur et menteur, mais plutôt vif d'esprit.
Modig est quelqu'un de relativement calme, presque taciturne, dont l'émotivité se traduit beaucoup plus dans les gestes que dans les mots. Plutôt réaliste et obstiné, il n'en demeure pas moins rêveur dont l'imagination le pousse à un fort optimisme quant à son futur, pouvant ainsi parfois faire preuve de naïveté.
Si sa paresse peut facilement faire surface, il reste pourtant un homme relativement courageux, tant que ses démons ne lui font pas face, et sa violence dépasse rarement sa sagesse quand il est question de familiarité. C'est dans sa nostalgie qu'il reste le plus susceptible, et le souvenir de ses racines lui fait perdre pieds avec facilité.
Plutôt indifférent et insouciant, le reste du monde lui demeure quelque chose d'étranger dont il n'appréhende rien ; et là où son orgueil peut l'emmener, il n'est pas difficile d'abattre l'oiseau en plein vol.
Il est cependant parfaitement conscient d'une chose : son animosité envers les frères jurés de la garde, ces charognes qu'il rêverait de faire crier à leur tour, sous des larmes comme croupies et saumâtres d'un marécage empoissonné par la mort. Tandis que sa peur du prochain hiver attise son choix d'options...

Modig possède un physique forgé par l'autonomie et la rudesse de la vie au delà du Mur. De base, ce n'est pas un homme très grand ; sa taille reste simplement dans la moyenne, ce que compensent des épaules assez carrées et une musculature développée un minimum. Légèrement trapu, ses bras ont su gagner en puissance et en endurance.
Son allure est cependant légèrement bancale, à cause d'une blessure au genou droit dont il n'a jamais guérit. Un handicap en matière de vitesse dont il se protège avec une bonne expérience en matière du maniement des armes et une habitude à pouvoir s'approprier le terrain. Il n'en est donc pas moins alerte et parfois vif.
Son apparence n'inspire généralement rien d'élégant, étant la plupart du temps assez salit par son contact direct avec la nature, en tout temps, et le froid ayant rendu sa peau dure et sèche.
Son visage est assez carré et ses traits sont assez marqués par la fatigue et divers émotions. Il a les cheveux lourds, ternes et une barbe sombre qui sont généralement durcis par le froid.
Son regard, clair et perçant, est plutôt réflecteur de ses émotions, souvent accentuées par la glace du bleu de ses iris.