De toutes les Cités Esclavagistes, Meereen était la seule qui donnait l'impression à Maeri d'être imprenable. Elle avait encore eu l'occasion d'en admirer les formidables murailles ce matin alors qu'ils approchaient de la porte, et la Khaleesi en avait estimé la hauteur. L'antique cité était trop forte pour être inquiétée par les Dothraki. Elle faisait pourtant partie des hôtes les plus agréables que Maeri ait rencontré. Même alors qu'elle traversait la Mère Dothrak avec Joqo, elle n'avait pas reçu meilleur accueil. Elle avait donc été surprise de voir des cavaliers approcher et s'adresser à ses guerriers en langage Dothraki pour leur souhaiter la bienvenue et les inviter à s'installer au bas des murailles de la ville. Craignant un piège, elle avait fait installé le campement un peu plus loin et emporté ses meilleurs guerriers avec elle pour entrer dans la ville. Le prix qu'on lui avait offert pour tous ses esclaves étaient impressionnants et elle s'était empressée de les réunir sans les amener en ville.

Comme on pénétrait dans une ville esclavagiste et qu'on allait être reçu par une des grandes familles de Meereen – selon les cavaliers – Maeri prit soin de s'habiller correctement. Chez les Dothraki, cela signifiait simplement qu'elle avait enfilé une tenue de cuir et de lin propre, que sa ceinture était soigneusement décorée de bijoux d'or et d'argent volés à plusieurs civilisations, et que bien sûr sa chevelure étaient soigneusement tressés et garnies des clochettes qui témoignait de ses victoires. Elle avait jugé que quelques touches de parfum sur son cou et ses poignets suffiraient à satisfaire les esclavagistes. A ses côtés, ses Ko avaient eux aussi fait un effort. Cependant, aucun Dothraki n'avait accepté de descendre de sa monture en entrant dans la ville.

Ce n'est qu'une fois au pied de la Grande Pyramide qu'elle descendit de cheval et invita ses Dothrakis à faire de même. A sa droite se tenait Ko Lhasso le plus fidèle de ses seconds et à sa gauche Imeah qui traduirait ce que disait les Grands Maîtres de Meereen. Maeri n'avait aucune confiance en les traducteurs de ses grands imbéciles. Celui qui l’accueillit était un d'une quarantaine d'année à la démarche lente, soutenant de beaux tissus décorés de bijoux. Il ouvrit grand les bras en descendant vers les Dothraki et s'exprimait très vite, sur un ton étonnamment joyeux.

- Le Grand Maître Rhazdar mo Ghazîn vous souhaite la bienvenue à Meereen. Il commençait à craindre que les Seigneurs du Cheval se soit détourné de sa cité.

Le Grand Maître s'arrêta à un mètre d'elle, il était entouré de deux autres membres de familles nobles de Meereen mais ces derniers ne parlait pas. Seul Rhazdar parlait et il le faisait très vite, comme s'il manquait de temps pour dire tout ce qu'il avait à dire. Maeri n'aimait pas sa façon de prononcer les mots. Même sans comprendre un traître mot de ce Valyrien déformé par les intonations de l'Ancienne Ghis, elle le trouvait désagréable à l'oreille. Heureusement la douce voix de sa jeune esclave vint la calmer.

- Meereen a été frappée par un grand malheur qui s'éloigne à peine, beaucoup d'esclaves sont morts d'une peste inconnue. Maître Rhazar vous proposer d'acheter tous vos esclaves, hommes, femmes et enfants.

C'était donc ça. La vieille cité de Ghis manquait d'esclave. Cela expliquait pourquoi elle attendait avec tant d'impatience le passage des hordes Dothraki, les meilleurs fournisseurs d'esclaves du continent. C'était aussi pour cela qu'ils n'avaient lancés aucune négociation avec la Khaleesi et l'avait immédiatement invité en ville. Ils n'étaient pas en position de refuser les demandes d'un khalasar, fut-il modeste comme le sien. L'idée fit sourire Maeri mais quand elle entendit le prix proposer, elle n'hésita pas bien longtemps.

- Meereen aura tous les esclaves qu'elle souhaite, sauf ceux qui m'appartiennent à moi ou à mes Ko.

Le temps qu'Imeah traduise et Rhazdar mo Ghazîn écarta encore les bras comme si c'était une bénédiction divine que la Khaleesi venait de lui accorder.

- Le Grand Maître vous remercie de votre générosité. Il assure que le paiement sera amené au khalasar ce soir, mais en attendant il vous propose de goûte à l'hospitalité de la glorieuse Meereen en participant à un banquet, en compagnie des Grands Maîtres et d'une autre Khaleesi que Meereen a le grand honneur d'héberger.

La mention d'une Khaleesi fit tiquer Maeri mais un coup d’œil à Imeah lui permit d'avoir une précision. Ce n'était pas une autre horde mais bien une Reine d'une autre culture que la sienne, mais selon Rhazdar, elle était aussi guerrière. La Dothraki en douta mais n'en accepta pas moins l'invitation. Ses guerriers apprécieraient de dîner une fois à la table des esclavagiste. Ils laissèrent donc les chevaux sur place et traversèrent des ruelles apparemment désertées pour l'occasion, jusqu'à rejoindre une esplanade derrière la Grande Pyramide. Beaucoup de Grands Maîtres étaient déjà présents, cuisant au soleil de l'après-midi, et ils l’accueillirent avec force sourire et quasi-courbette. Pour que les habitants de la glorieuse cité en soit réduit à cela, Maeri supposa que la maladie avait sévèrement atteint leur réserve d'esclave.

Enfin, on l'amena vers une autre délégation elle aussi conduite par un noble d'une grande famille de Meereen. L'aspect des étrangers frappa aussitôt Maeri. Ils n'avaient pas la peau cuivrée des Dothraki ni les cheveux noirs aux reflets rouges des descendants de l'Ancienne Ghis. Ils avaient la peau jaune sombre et les yeux étrangement bridés, mais d'un noir profond. Jamais la Dothraki n'avait rencontré d'homme avec un air si différent de ceux de ses contrées. Rhazdar se chargea des présentations et Imeah traduisit chacun de ses mots, pendant que l'on faisait sûrement de même avec la Reine d'une contrée lointaine.

- Khaleesi Maeri, voici Noriko Qin, grande Reine-Guerrière du Royaume de Yi-Ti.