Peu après son entretien assez tendu avec Lord Tywin le jeune chevalier de Corval se retrouve non loin des appartements de la Valoise. Il évita de couper à travers les jardins là où le maître des chuchoteurs avait l'habitude de laisser ses petites abeilles. Il n'était pas à quelques minutes près et du coup en sachant qu'il approchait de la chambre de Ashara, il ralentit, et avança avec encore davantage de prudence. Il confia ses arrières à son second qui comme lui épiait les moindres faits et gestes alentours. En parcourant les sombres couloirs du donjon rouge le chemin était plus long, mais surtout moins dangereux, car il avait peu de chance de croiser un espion ou une oreille mal avisée. Durant tout le temps du trajet Alïstair garda le silence se retournant rapidement pour partager un regard avec son ami, un regard complice, que seuls eux pouvaient comprendre. Un hochement de tête simple de sa part pour lui faire comprendre qu'il n'y avait rien à signaler, le rassura et le chemin continua jusqu'à ce qu'il soit arrivé dans la porte lourdement gardée. Alïstair s'avança doucement vers eux,

- Ser ? demanda simplement l’un d’entre eux

- Je souhaite m’entretenir avec Lady Ashara Arryn-Corbray intendant du Val dit-il d’un ton très formel,

- Très bien qui dois-je annoncer ? demanda t-il

- Alïstair de la maison Brax, dit-il après avoir jeté un coup d’œil discret autour de lui

Le garde le fit attendre une petite minute et disparut derrière la porte qui donnait dans les appartements d’Ashara, afin de ressortir presque aussitôt. Il indiqua qu’elle était présente et disposée à le recevoir. Le garde l’invita à rentrer, ce qu’il fit sans attendre. Son sourire s’illumina à la vue de la jeune fille, il s’inclina noblement comme il convenait envers un intendant du val et la salua, comme elle n’était pas seule il resta assez formel, et ne se permit pas de la tutoyer même devant ses serviteurs et autres.

- C'est une grande joie pour moi Lady Ashara de savoir que maintenant la couronne vous reconnait comme légitime héritière du Val,dit-il très simplement avant de se laisser aller à un peu plus de sentimentalisme Lord Jon Arryn aurait été tellement fiers, de vous ... fit-il presque ému

Alïstair et son père Ser Rupert Brax étaient des amis de longue date du défunt Jon Arryn et même s'il ne connaissait pas intimement les relations qu'entretenaient les deux Valois il ne lui avait pas échappé que l'ancienne main du roi parlait toujours de la petite Ashara en terme élogieux.

- Si je déplore la relative lenteur du système juridique de la cour, je suis « heureux » que cela n'est pas mal tourné, cela n'aurait pas été étonnant vu la pression qui régnait autour de l'affaire,dit-il en repensant aux tensions qu'il avait dû apaiser durant le procès je regrette jusque que Lord Bealish n'est pas connu le même sort que Lady Arryn... cela n'est surement qu'une question de temps ... dit-il sombrement avec de noires pensées.

Pour lui Le grand argentier et son amante Lady Arryn auraient mérité pire que la mort, pour affaire complotée contre l'ancienne main du Roi Jon Arryn. Mais si Alïstair semblait troublé et légèrement sur les nerfs ce n'était pas pour ça, il avait une nouvelle à annoncer à la jeune Valoise.

Ashara malgré ses 17 ans semblait déjà une vraie femme tant par son physique, qui se caractérise par une beauté rare et une élégance fine, tant que par sa force de caractère. La simple robe de velours qu'elle portait lui allait très bien mais en raison des inquiétudes du noble Ouestienne et de son esprit perturbé le jeune Brax ne fit pas attention aux quelques signes encore légers d'une future grossesse chez la jeune fille. Alïstair accepta volontiers la chaise plus par politesse que par envie, car il ne voulait pas trop s'attarder, plus vite il serait sorti plus vite il pourrait rejoindre Corval en attentant des informations plus claires de lord Tywin. En même temps il voulait profiter de ce moment afin d'échanger quelques pensées amicales avec la Valoise, mais quand elle se mit soudainement en colère il prit peur... une peur qui ne fit qu'augmenter quand elle lui confirma la nouvelle par rapport à la mort de Ser Brynden Tully. Il avait reçu des ordres et avait dû quitter le procès avant la fin et n'eut pas à assister à cette tragédie. C'est un des serviteurs du donjon rouge qui lui avait transmis l'information, mais il ne l'avait pas pris au sérieux. Maintenant la tristesse gagna le jeune homme alors qu'il se freina pour demander à la Valoise si elle plaisantait ... mais vu son état il n'y avait pas de doute ... Ashara n'était pas du genre à jouer la comédie à ce point, surtout en parlant de la mort d’un ami…

- C’était donc vrai … Fit-il en prenant une pause pour réaliser Ser Brynden Tully… mort … fit-il sombrement à voix basse pour lui-même

Alors que la jeune fille se retourna vers lui après avoir mis à mal un parchemin, son regard haineux croisa les yeux remplis de tristesse du jeune homme. Une larme se dessina alors sur son noble visage et comme pris de honte il se leva brusquement de sa chaise pour se retrouver en quelques secondes devant la vitre des appartements d'Ashara. Son regard vide se perdit dans l'horizon ... et le temps sembla s'écouler lentement alors qu'il se remémorait ses souvenirs d'enfances. Il était souvent de passage dans le domaine des Brax invité par son ami Ser Rupert, ... aussi loin que remonte ses souvenirs Alïstair pouvait entrevoir un homme grand, au charisme imposant dû à son Age. Un homme, ce qu'il y avait de plus humain, d'une empathie si rare de nos jours ... mais il savait aussi être juste et sévère quand il le fallait, le jeune chevalier se rappelait des quelques leçons de bretteur qu'il lui avait enseigné... alors que le brouillard se faisait de plus en plus épais dans son esprit il se rappela cet enfant qui venait souvent les espionner au travers d’une porte légèrement entrouverte, il les surprenait souvent à rire, à parler de femmes et autre sujets d'hommes d'âges murs. Comme son père Ser Brynden Tully était un fin stratège et les deux hommes en faisaient souvent l'objet de leurs discutions ... Cela faisait bien longtemps ... depuis le décès de sa jeune sœur en fait ... qu'il n'avait pu ressentit ce vide profond, venir le saisir, comme une morsure de vipère à la gorge. D'instinct il posa sa main sur son coup avant d'être pris d'un léger malaise passager qu’il aurait voulu invisible...

Depuis cette annonce un silence avait envahi les appartements de la régente du val sans que personne ne prenne la parole... nul ne pu dire combien de temps cela dura... ce qui était sûr en revanche c'est que cela paraissait extrêmement long ... Comme Ashara fit preuve d'une grande maîtrise de soi pour se contrôler, Alïstair fit de même et se retourna vers Ashara la voix plus posée mais ses yeux remplis de triste trahissaient la sérénité de ses paroles.

- Si je suis venu vous voir Ashara, c'est pour une raison précise, car j'ai bien conscience que votre temps ici est précieux, or, je ne me serais permis de vous déranger pour une « broutille » expliqua t-il simplement avec encore une certaine émotion dans la voix- Comme vous l'avez entendu Port-Lannis est attaqué dit-il avec une sérénité retrouvée et en tant que vassal de la maison régente je me dois d'intervenir ... fit-il plus sombrement ce qui laissé prévoir la suite or j'ai juré de vous protéger Ashara lors de votre séjour à Port-Réal... fit-il en mettant genou à terre devant la Valoise le visage tourné vers le sol comme s'il avait honte de regarder Ashara en face Mon cœur est donc lourd et ma conscience me torture ... car mon âme prisonnière de mon allégeance au Lannister fait que je ne suis pas libre de choisir entre devoir et serment ... fit-il tristement

Bien sûr il aurait été facile de dire qu'Alïstair n'avait pas d'honneur et que sa parole ne valait pas grand-chose, mais cependant cela ne dépendait pas de lui, car sa propre volonté était soumise aux directives et parfois au caprice du lord suzerain, cela faisait partie des inconvénients d’être vassal. Les ordres de ce dernier étaient clairs et il ne savait que trop bien que le moindre manquement aurait pu lui être fatal à lui comme à sa famille ... et cela pesait lourdement sur sa conscience... bien sûr il se doutait que Ashara elle pourrait comprendre, mais ce n'était pas un motif de consolation suffisant pas plus que de laisser son meilleur chevalier le « remplacer » pour protéger la jeune Valoise. Son cœur souffrait d'une douleur sans nom il espérait jusque que la nouvelle régente du Val ne lui en tienne pas rigueur.