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Uchronie du Trône de Fer de George R.R. Martin. Venez incarner un riche Lord, un noble chevalier, un seigneur ruiné ou un roturier dans le Royaume des Sept Couronnes !

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[Port-Réal] La lourdeur de nos chaînes n'a d'égal que la lourdeur de mon cœur (pv Alessander Desdaings)

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Silithia Lannister




Personnage
Age du personnage: 18 ans
Surnom: Silith / la Colombe / la Lionne / la demoiselle aux trois bateaux
Métier/Titre(s): Lady suzeraine de l'Ouest / Seconde héritière de la maison Farman

Silithia Lannister
« Colombe tachée de noir »

Copyright : Insuline (Echo des Plaines) / Justayne
Citation : La Houle nous emporte !
Corbeaux : 725
à Westeros depuis : 15/07/2014
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MessageSujet: [Port-Réal] La lourdeur de nos chaînes n'a d'égal que la lourdeur de mon cœur (pv Alessander Desdaings) [Port-Réal] La lourdeur de nos chaînes n'a d'égal que la lourdeur de mon cœur (pv Alessander Desdaings) Icon_minitime15.01.15 23:19

« la lourdeur de nos chaînes n'a d'égal
que la lourdeur de mon cœur »
Silithia Farman ft. Alessander Desdaings

–––––––––––––

An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

Un grand coup de vent s'engouffra dans la pièce, passant dans les grands rideaux de soie et de dentelles et les faisant claquer sèchement dans l'air pendant quelques secondes. Le regard de glace de la colombe quitta le vide pour se poser sur la fenêtre ouverte. Pendant un long instant, elle resta figée, assise sur son lit, ses yeux de givre rivés sur la lucarne et les mains posées sur ses genoux. Elle profitait un peu de sa solitude et du répit qu'on lui laissait pour permettre à ses joues et ses lèvres de se reposer. Oh, jamais se forcer à sourire ne lui avait été si compliqué ! Désormais, c'était tout ce qu'elle avait bâti qui était en jeu ; de sa réputation à sa fierté, tout risquait de s'effondrer à cause d'une simple histoire d'allégeance et de guerre.

« La capitale est trop dangereuse pour une jeune fille comme toi. » Son père avait-il déjà eu autant raison que cette fois-ci ? Il était un homme sage et elle le savait, et pourtant, elle lui avait servi l'un de ses discours les plus fameux. Elle était grande et intelligente, certes, mais avait-elle pu prévoir cela ? Les mains de gardes se refermant avec beaucoup de poigne sur ses bras et la conduisant jusqu'à des appartements dans lesquels elle fut confinée des jours durant... Ces images revenaient incessamment la hanter, la faisant encore frémir d'une peur qu'elle ne pouvait contrôler.
Bien sûr, lorsqu'une missive fut envoyée à lord Sebaston, elle eut un peu plus de liberté. Elle avait le droit de se balader dans le Donjon Rouge et aux jardins à la condition d'être escortée par des gardes. Si, en temps normal, elle aurait pu voir cela comme un privilège, le fait d'être réduite à l'état d'otage de guerre la touchait en plein cœur, et la honte l'habitait dès lors qu'un garde pénétrait dans ses appartements pour l'escorter quelque part.

Désormais, tous devaient passer par Shana. Oh, heureusement qu'elle était là pour assister la colombe dans cette si dure épreuve. Elle passait le plus clair de son temps devant la chambre de Silithia, lui demandant sa permission pour faire rentrer quelqu'un ou chassant les vipères qui souhaitaient s'alimenter de nouveaux ragots.

Mais, si Silithia restait depuis maintenant presque une semaine enfermée à longueur de journée dans sa cage d'or et de rubis, elle gardait fière allure.
Toujours, toujours elle se parait de cette couverture qui avait fait d'elle la fierté de son père. Ainsi, elle se levait chaque matin et se couchait chaque soir avec un sourire serein qui s'accrochait à son visage grâce à la détermination de la jeune fille, malgré l'espoir de quitter un jour sa prison doré qui s'effritait lentement face à elle. Elle passait, certes, le plus clair de son temps dans ses appartements à réfléchir à ce qu'il adviendrait d'elle, mais elle n'en était pas moins belle. Qu'elle doive sortir ou qu'elle reste dans sa chambre, ses robes étaient toutes choisies avec minutie. Ses coiffures, parfois extravagantes et complexes, l'embellissaient toujours plus. Et ce n'était pas le désespoir qui pointait le bout de son nez qui l'empêchait de se maquiller quelque peu, comme elle avait pris l'habitude de le faire depuis quelques temps maintenant.

La matinée touchait à sa fin, lorsqu'un rire vint perturber le calme de la colombe. Elle s'était créé une bulle qui à nouveau avait éclaté, à l'instant-même où le petit rire semblable au gloussement d'une dinde et qui provenait du couloir passa devant sa chambre. Puis, des murmures, encore et encore. Des pas vifs se firent entendre à leur tour, et les rires et chuchotements s'éteignirent avant de reprendre, puis de devenir des plaintes sonores. Silithia soupira lorsqu'enfin le calme reprit. Chaque jour, elle devait supporter ce manège incessant. Ces petites dames de cour qui passaient devant sa chambre en gloussant, riant de lady Farman, puis racontant les dernières rumeurs à son sujet. Puis Shana les chassait, encore et encore, s'en attirant les foudres. Mais elle n'en avait cure.

La porte s'ouvrit doucement sur la camériste, pour se refermer l'instant d'après derrière elle. Silithia se leva et, sans un mot, elle se précipita dans les bras qui s'ouvraient à elle pour s'y blottir. Enfin, elle souffla. L'air qu'elle respirait auprès de la Lysienne était bien plus pur que celui auquel elle s'était habituée, et qui était continuellement pollué par les stupidités des habitants du Donjon Rouge. Certes, la capitale était pleine de bonnes choses et de bonnes rencontres... Mais la seconde héritière de la maison Farman n'en pouvait plus. Elle était à bout de nerfs, sentant que ceux-ci risquaient de la lâcher à n'importe quel instant, qu'elle risquait de montrer à tous sa détresse et sa panique quant à ce qu'elle deviendrait prochainement. Toute sa vie était entre les mains de son père. Et il ne pouvait pas l'abandonner ainsi. Il ne pouvait pas, non... Elle rouvrit les yeux qu'elle avait fermés le temps de profiter un peu de l'air pur que lui offrait Shana, les posa sur elle.

-Tu as des nouvelles de mon père ?
-Silence total..., murmura à regret la camériste en resserrant son étreinte sur sa protégée, tout en lui adressant un regard désolé. Je te préviendrai dès que j'aurai de ses nouvelles, d'accord ? En attendant, j...
-Et les rumeurs ? Je veux savoir ce qu'ils disent. Je suis... quoi, à leurs yeux ?

Tout en disant cela, la blonde se détacha de la femme à la peau brune pour s'approcher de la fenêtre. Elle posa ses mains sur le rebord de celle-ci, ferma les yeux, inspira l'air frais et marin. Elle daigna rouvrir son regard de glace sur la mer, l'observant, envieuse de sa liberté. Elle soupira pour la énième fois. Derrière elle, elle entendit Shana s'asseoir sur le lit. Elle ne lui jeta pas un regard lorsqu'elle lui répondit, n'ayant même plus la force de l'affronter elle.

-Certains te soutiennent, tu sais. Mais ils n'osent pas le dire. Ce que j'ai le plus entendu, ce sont les paroles de ces demoiselles qui passent devant ta chambre, et qui font courir le bruit que tu passes tes journées cloîtrée dans tes appartements, à pleurer.

Le long soupir qui s'échappa des lèvres pourtant closes de la Farman en disait long sur ce qu'elle pensait. Elle n'avait pas pleuré, et ce depuis des années. Elle ne voulait plus pleurer, elle se l'était même interdit. Était-ce le fait d'être gardée comme otage qui allait lui arracher quelques larmes ? Non. Certainement pas. Bien entendu, elle y avait songé. Elle s'était dit que, peut-être, elle pourrait se lamenter sur son sort et sangloter du matin au soir, et même la nuit s'il le fallait pour se vider de ses émotions. Mais elle se considérait comme une femme forte, une femme qui ne cherchait pas à s'embarrasser ainsi pour des choses futiles. Bien sûr, la chose n'était pas tout à fait si futile que ce qu'elle voulait croire... Mais elle s'efforçait de garder espoir, chaque jour, de se dire que, peut-être, un corbeau arriverait l'heure suivante, ou la minute d'après, pour dire que Sebaston préférait sa fille à son allégeance aux Lannister.
Ou peut-être la missive indiquerait-elle l'inverse. D'un geste de la tête, elle chassa cette pensée de son esprit. Si elle voulait paraître aussi fière qu'elle l'avait toujours été, elle se devait de rester optimiste. Ou de se rapprocher de l'optimisme, tout du moins.

-Quels idiots, siffla-t-elle tout en devinant que Shana esquissait derrière elle un mouvement de la tête pour acquiescer. Y a-t-il autre chose ? J'aimerais être seule. Je... Tu comprends...
-Il y a quelqu'un qui souhaite te voir... Un ami.
-Un ami ? Je n'ai pas d'amis à Port-Réal. Du moins, plus maintenant. Qui... ?

Silithia n'eut pas le temps de finir sa phrase que Shana était venue vers elle pour déposer un baiser sur son front, avant de quitter la pièce tout en y faisant entrer quelqu'un. La jeune fille aux yeux de glace se retourna, un brin exaspérée. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur quelqu'un qu'elle n'aurait jamais cru voir ici, elle perdit tous ses mots. Alessander... Une forme de colère bouillonnait en elle.

-Je... Je..., balbutia-t-elle. Elle fronça soudain les sourcils. Que fais-tu là ? J'ai demandé à être seule !


Dernière édition par Silithia Farman le 28.03.15 16:19, édité 2 fois
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Alessander se sentait prit au piège des machinations que se refermaient petit à petit autour de lui. Il avait jurer ne pas retourner à Port Réal et le voilà pourtant enfermé dans les anneaux de serpents tous plus dangereux les uns que les autres. Il avala longuement sa salive. Les erreurs de son passé, il avait tiré une croix dessus, espérant remonter dans l’estime de sa mère. Et depuis il se laissait porter par le temps, trouvant la vie bien fade maintenant qu'il en était loin. Il n'avait pu tenir ses promesses envers Silvana et il aurait pu s'enfuir pour cette seule cause. Mais saurait été être lâche et donner raison aux rumeurs qui couraient sur sa personne. Le jeune homme mordit avec attention dans la pomme qu'il mangeait, regardait les jeux de jambe des hommes en face de lui. Prenant lentement sa respiration, il jeta le fruit et déguena son arme. C'était bien la seule chose qui lui restait.

Sa jambe droite s'avança de quelques centimètres sur l'avant et son adversaire se jeta sur lui en un hurlement de rage. Le cygne noir s’écarta de quelque pas sur la droite mais son opposant était loin d'être mauvais. Le coup de d'épée qui sonna contre son armure légère lui arracha un juron suivit d'un glapissement de douleur. Alessander inspira profondément, détaillant les mouvements du blond en face de lui. Le sourire narquois qu'il arborait en permanence revient sur son visage et il lâcha, avec insolence et fierté : " Je vais gagner. Soit en sur. Et je veux cette information. " Parce que non, contrairement à l'habitude, il ne se battait pas pour la gloire où pour simplement s'entrainer. Mais bon pour obtenir une réponse qui lui tenait étrangement à cœur.

******
"Vous avez entendu la nouvelle. Les fers nés, tout le patatra. Tu vas pas tarder à rentrer chez toi Alessander, c'est certain. Le conflans aura besoin de tout ses hommes et tu es un chevalier. N'es-tu pas sur de vouloir rester parmi nous ? Tu vas nous manquer mon bel amant."

Le dit amant ne répondit rien, trop choqué pour que la moindre phrase s'échappe de ses lèvres. Les fers nés avaient attaqué et gagné contre l'Ouest qui s'était vu amputer d'une de ses places fortes. Le nom Lannister avait toujours inspiré de la crainte mais voilà qu'une bande de barbare venait souiller leur rang. Il leva pourtant un sourcil, ne laissant rien paraitre de ça réflexion intérieure. Il allait y avoir des répercussions, c'était certain. Avec un petit sourire, il passa sa main autour de la taille de la jeune fille et cette dernière rit avec plaisir. Elle était sa seule exception à la règle qu'il s'était fixé. Trop de femmes passaient entre ses mains et à Port Réal tout ce savait. Alors il était resté discret sur cette brune à la peau de miel, venant des cités libres et séduisant avec son accent Lysien à couper au couteau.

"Ils ont prit des otages en plus. Et même ici. Fireman, Fatman enfin un truc comme ça. Une fille de l'Ouest. Il parait qu'elle passe ses journées à pleurer.
-Farman ! C'est ça !?
-Je crois.... pourquoi Alessander ?"

Le brun ne prit même pas la peine de répondre. Silithia. Qu'est ce qu'elle faisait ici. Comment avait-elle pu se retrouver otage et pourquoi il n'avait jamais croisé la chevelure blonde de la belle à la cour. Il devait comprendre. Il devait savoir ce qu'il s'était passé pour qu'une telle chose se produise.
******

Et il avait compris après bien des recherches. Aujourd'hui il combattait pour une information des plus importantes. Finalement, après un mouvement de jambes très précis, une botte que son père lui avait appris alors qu'il était si jeune, il posa sa lame sous la gorge de son adversaire et ils éclatèrent tout deux d'un énorme éclat de rire. " Allez va la rejoindre ta belle prince charmant. " Alessander sourit une dernière fois et prit directement la direction de la pièce où elle était confinée. Le cygne blanc troqua son armure légère pour une chemise plus digne de lui, à la soie aussi douce que l'eau. D'un vert presque translucide, elle était aussi confortable que du satin et légère comme la caresse d'une plume.

-Je... Je... Que fais-tu là ? J'ai demandé à être seule !

Elle avait changé, la colère hurlait dans son coeur. Le brun la regarda, détaillant le corps parfait qu'il avait embrassé pendant si longtemps. Sa présence dans ses bras lui avait manqué, il ne pouvait dire le contraire. Son visage ne souriait plus comme elle avait dut avoir l'habitude de le voir. Alessander était grave, ne cherchant pas seulement du sexe avec cette maitresse qu'il aurait pu aimer. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, une étreinte pleine d'amour sans que le sexe ne vienne tout gâcher. Il avait voulu venir mais maintenant qu'il était là, il se sentait bien stupide. Plus que jamais enfaite. Il ne savait pas vraiment quoi dire. La recherche avait occupé son temps et son esprit mais maintenant qu'il était parvenue à la réussite, il ne savait plus vraiment comment se comporter.

" Silithia. Je.... Je voulais te voir à l'instant même où j'ai appris que tu étais là. Comment vas-tu ?

Alessander était honnête. Mais un homme qui avait toujours vécu dans le mensonge était impossible à croire pour ses anciennes conquêtes. Pourtant brillait dans ses yeux cette petite lueur qui les rendaient si désirables et si intègres. Que pouvait-il bien dire de plus à cette femme ? Elle ne devait rester qu'une maitresse de plus, qu'une femme qu'il avait mis dans sa couche. Et rien d'autre.

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An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

Comment allait-elle ? Elle souffla. Son regard était posé sur lui, dur et froid, comme si elle craignait qu'il ne l'approche. C'était un peu le cas, au fond. Elle craignait la raison de sa venue. Elle craignait qu'il ne veuille d'elle ce qu'il avait déjà obtenu une fois. Et elle se prit même à espérer qu'il ne soit pas là pour son corps, mais pour elle. Elle ferma les yeux, ne comprenant aucunement ce qu'il animait en elle. Une forme d'attachement. A cette simple pensée, elle frémit si fort qu'elle put aller jusqu'à sentir ses paupières trembler. Comment pouvait-il venir ainsi face à elle, prisonnière de cette cage contre laquelle son père l'avait tant et tant mise en garde, et lui demander comment elle allait ? Elle rouvrit les yeux, son regard se voulant toujours froid n'y parvenant pourtant pas. Son regard la trahissait, la mettant à nu et dévoilant toute sa détresse.
Elle entrouvrit la bouche, à la fois pour reprendre son souffle que pour répondre. Elle voulait lui dire de partir, de ne plus revenir. Mais elle n'y parvenait pas. Elle en était incapable. Baissant à nouveau les yeux, n'osant même pas le regarder en face, elle souffla. Elle ne pouvait pas répondre à sa question. Elle ne voulait pas lui faire part de ses problèmes.

-Dis-moi que tu n'es pas là pour obtenir de moi ce que tu as déjà eu. S'il te plaît... Dis-moi que tu n'es pas non plus venu admirer la colombe encagée, rire d'elle, comme tous ces idiots qui se croient supérieurs à moi parce que je suis otage. Jamais un mot ne lui avait semblé aussi dur à prononcer, hormis le mot « mère ». Je... J'ai peur.

Sa voix s'était brisée. Son cœur s'émiettait, seconde après seconde, et la peur la gagnait toujours plus. Elle avait peur de ce qu'il adviendrait d'elle. Elle craignait la fureur du Lion quant aux causes et aux conséquences de son enlèvement, car son père hésiterait au moins, s'il n'acceptait pas l'offre du Roi. Silithia leva les yeux vers Alessander, n'osant toujours pas affronter son regard. Cependant, elle fit quelques pas prudents vers lui, s'arrêta lorsque son parfum lui parvint. Ce parfum d'arrogance, de fierté, qui n'était que celui du cygne noir. Mais elle se sentait soudain idiote. Aussi idiote que ces dindes qui gloussaient en passant devant sa chambre. Ces filles qui riaient d'elle... Et si même les garçons d'écurie riaient d'elle, que deviendrait-elle ? Une lady que personne ne respecterait jamais. Cette idée lui effleura l'esprit, et elle se rappela que quelque chose de bien plus grand que le respect qu'on avait pour elle et son image était en jeu.
Sa famille.

-J'ai peur de tout perdre. J'ai peur de perdre ma famille, mon île, tout. J'ai peur de... Elle faillit dire une réalité qu'elle se refusait à accepter, aussi les mots se bloquèrent dans sa gorge.

Elle avait peur de le perdre, au fond. Le cygne noir, auquel elle n'avait jusqu'ici montré aucun véritable signe d'affection, comptait pour elle. Mais elle se refusait à l'avouer, que ce soit à lui ou à elle-même. Petit à petit, la proximité avec l'héritier Desdaings la rendant plus fragile encore qu'une poupée de cire, elle sentit l'émotion la gagner. Sa mâchoire se crispant, elle retint un sanglot. Elle avait honte, peur et se sentait trop seule. La compagnie de Shana ne lui suffisait plus. Elle se souvenait de son indifférence et de ses rires face à l'inquiétude de son père, mais regrettait amèrement ses pensées et son comportement. Son père... Il lui manquait tellement. Elle avait tellement peur pour lui... Et lui, comment avait-il réagi en apprenant que sa fille aînée, sa petite colombe, était aux mains de la Couronne, retenue comme otage ?

-Je suis désolée.

Ces mots s'échappèrent de ses lèvres en un murmure destiné tant à Alessander qu'au monde tout entier. Elle avait voulu se jouer de lui, se moquer, tout comme elle l'avait fait avec son père, avec sa sœur, avec sa famille tout entière. Elle s'était jouée du monde.
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Le cygne noir était silencieux, comme toujours. Il ne parlait pas, se contentant de regarder cette femme qui avait sut le faire toucher les étoiles, une fois, alors que la chaleur et la fureur des tournois avaient envahies son coeur. Il l'avait désiré, plus que désirer et aujourd'hui il la voyait sans un véritable masque. Le temps s'était écoulé avec la lenteur d'un serpent et lui n'avait pas bougé d'un pouce. Il était resté le même, avec son coeur percé par la morsure de la vipère et le souvenir de ses lèvres brulantes contre les siennes. Comment pouvait-il espérer aimer à nouveau alors que dans son coeur les serpents sifflaient avec une fureur désespérée. Pourquoi être là alors ? A voir le malheur de cette femme.

-Dis-moi que tu n'es pas là pour obtenir de moi ce que tu as déjà eu. S'il te plaît... Dis-moi que tu n'es pas non plus venu admirer la colombe encagée, rire d'elle, comme tous ces idiots qui se croient supérieurs à moi parce que je suis otage. Jamais un mot ne lui avait semblé aussi dur à prononcer, hormis le mot « mère ». Je... J'ai peur.

Il tenta de capter son regard, de la perdre dans le bleu de ses yeux mais elle ne l'affrontait. Incapable, comme toutes. Etait-il là pour le sexe ? Non. Pour une fois, c'était autre chose qui l'avait fait se mouvoir jusqu'à la blonde. C'était le fait de se donner un objectif, de se tirer de la torpeur dans laquelle il s'était perdu. Mais maintenant qu’il était arrivé, qu’il était là, devant elle, il ne savait plus comment réagir. Quoi le dire, quoi faire. Elle était une sorte d’énigme dans le cœur du brun. Alessander avait l’impression d’être quelqu’un d’autre, e vivre à travers un miroir lorsqu’il la voyait. Car jamais elle n’arriverait à la cheville de sa mère et pourtant, il pensait à elle parfois. Peut-être même un peu trop.

-J'ai peur de tout perdre. J'ai peur de perdre ma famille, mon île, tout. J'ai peur de...Je suis désolée.

Il ne tiqua pas, fit comme s’il n’avait rien compris, s’il ne l’avait pas entendu. Peur de le perdre. C’était surement son orgueil qui le faisait penser ça. Voilà bien longtemps que la colombe était passé à autre chose, tout comme il l’avait fait. Et pourtant, il s'approcha d'elle, rompant l'espace qu'il restait entre eux deux. Il la prit dans ses bras, la faisant se blottir contre ses muscles, inspirant à plein poumon son odeur. Ses lèvres se posèrent sur son front alors qu'il la serait un peu plus fort contre lui.

Je ne suis pas venue pour ça tu sais. Je... je ne sais pas vraiment pourquoi.... Je voulais.... je voulais te voir...

Alessander, normalement si sur de lui, n'avait jamais été si hésitant. Il laissait petit à petit tomber son masque d'homme si sur que lui et plus que tout, il avait peur. Peur qu'elle retrouve sa froideur et rit de lui, avec le même rire que les enfants du Conflans alors qu'il était petit. Il voulait imposer le respect, qu'on s'incline sur son passage. Avec la rage du chevalier, il était parvenu à ses fins. Mais il restait toujours ce gamin trop capricieux, ce gamin que les poings d'un père réduisaient au silence et qui trouvait refuge entre les jupons de sa mère. Alors, Silithia voyait pour la première fois son vrai visage. Même s'il était adulte, qu'il agissait comme tel, il voulait redevenir innocent. Comme à ses premiers jours.
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An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

Une étreinte. Véritable. Chaude. Douce. Sincère. Le cœur de la colombe se mit à battre plus fort, sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Pourquoi faisait-il cela, lui qui ne désirait autrefois que ce corps qu'il avait eu ? Pourquoi était-il là ? Pourquoi le sort semblait-il s'être acharné sur elle en la faisant otage ? Pourquoi se posait-elle tant de questions ? Les lèvres du chevalier se posèrent sur son front et Silithia se sentit plus fragile que jamais. L'odeur d'Alessander était quelque chose qui la rapprochait de son passé, son beau passé à Belcastel, ça ne faisait que lui rappeler que quelque part sur cette île, dans ce château, on attendait un signe, une lettre. Savaient-ils déjà, à Belle-Île, que celle que l'on appelait colombe depuis dix-sept ans maintenant était aux mains du Roi ? Savaient-ils qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle-même ? Non. Sans doute rien. C'était encore trop tôt.

Lorsque le cygne noir détacha ses lèvres du front de la jeune fille, elle se sentit à nouveau emprisonnée dans cette cage dorée. Enchaînée et détruite, brisée en mille-et-un morceaux qui ne cessaient de s'éparpiller, de se multiplier. Elle n'était plus que poussière. Et pourtant, dans les bras d'Alessander, il restait un brin d'elle-même qui ressurgissait. Elle ne se sentait qu'à moitié colombe aux ailes brisées, retrouvant un petit bout de la peste qu'elle était. Cette peste qu'elle aimait être. Elle ferma les yeux, se blottissant contre cet homme qui lui faisait retrouver ce qu'elle avait égaré en étant enchaînée ici ; son passé, des souvenirs. Une brève sensation de chaleur et d'humidité mêlées traversa le visage de Silithia sous la forme d'une larme qui vint s'écraser sur ses lèvres pour y déposer un baiser salé. Elle se gifla intérieurement pour avoir osé faire cela. Pour avoir osé perdre le contrôle. Pour avoir été humaine... Elle ne comprenait plus rien. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pleuré ? Combien d'années, voire même de décennies ?

Depuis la mort de sa mère.

Tout se mélangeait dans son esprit, tout lui échappait, elle ne comprenait plus rien de ce qu'il arrivait. La soudaine douceur du cygne, l'envie qu'il avait visiblement de la voir... Elle voulait y croire, elle y croyait même.
Mais pourquoi hésitait-il ? Comme s'il craignait de se confier. Comme s'il était submergé par des milliers de sentiments, de sensations. Comme elle. Elle s'était pincé les bras, plusieurs fois, dans l'espoir de se réveiller suite à un cauchemar. Mais maintenant qu'elle retrouvait les bras d'Alessander, ces bras dans lesquels elle aurait pu rester à tout jamais, elle ne voulait plus se réveiller de ce mauvais rêve. Elle se détacha de lui à contrecœur, mais l'envie de le regarder était trop forte pour qu'elle y résiste. Lorsque son front ne fut plus collé au torse de son amant et qu'elle fut simplement face à lui, son cœur rata un battement. Elle le voyait sans le reconnaître entièrement. Et par les Sept ! il lui avait tant manqué... Elle ne pouvait que l'avouer.

-Je n'aurais voulu voir personne d'autre...

Cette phrase s'échappa seule de ses lèvres, sans qu'elle n'ait pu la maîtriser. Elle s'était confiée sur une chose dont elle n'avait jamais parlé à personne. Elle ne voulait voir personne. Pas même lui. Ou peut-être que si, elle n'en savait plus rien. Une seconde larme vint rouler le long de sa joue, mourant sur ses lèvres tandis que Silithia perdait peu à peu le contrôle.
Elle pleurait, et ne savait même pas pourquoi. Mais Alessander était là, alors même la honte de pleurer ainsi inutilement en était plus douce. Il était là, c'était l'essentiel.
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Alessander ne savait pas la porté que pouvait avoir ses mots et ses gestes. Sur lui, sur Silithia. Les conséquences ne pouvaient qu'être néfastes. Si quelqu'un les découvraient, si la moindre chose était sut. Pour l'instant il n'y avait rien. Mais pour combien de temps pouvait durer cette mascarade ? Ils savaient aussi bien l'un que l'autre quels étaient les stupides sentiments qui les poussaient dans les bras de l'autre. Il essayait de penser à autre chose en permanence mais c'était bien plus facile à dire qu'à faire. Il ne l'avait pourtant pas croisé à tant de reprise mais déjà le cygne noir se sentait flancher. Ce coeur qui, pendant si longtemps, avait appartenu à une seule femme se voyait maintenant partagé entre des mondes si différents. La chaleur de l'interdit et la haine qu'il avait lu dans les yeux de sa mère le faisait frémir. Ne lui pardonnerait-elle donc jamais ? Il pouvait se permettre d'en douter. Il avait brisé quelque chose entre eux et la vipère du Conflans l'avait évité à de si nombreuses reprises. Il la dégoutait et il savait parfaitement pourquoi. Mais en le repoussant, elle avait perdu de son emprise. Elle-même le savait.

Alessander sentit une larme couler, se glisser sur la peau blanche de la colombe et lorsqu'il la sentit s'éloigner de lui, il ne pouvait s'attendre au spectacle qui lui ferait face. Elle était...

-Je n'aurais voulu voir personne d'autre...


Si belle. Si tendre. Si douce. Il aurait eu envie de l'embrasser à l'instant même mais il n'en avait le droit. Il devait se protéger de ce qu'il était, ce qu'il pouvait ressentir à chaque instant. Silithia n'était qu'une femme de plus parmi toutes celles qu'il avait mit dans son lit sans le moindre état d'âme et il n'y avait aucune raison pour que cela changer. Pourtant, il leva sa main jusqu'au visage de la blonde et vient recueillir sur son doigt une larme qui s'était glissée là par mensonge et par cette tristesse qu'il n'aurait jamais voulu rencontrer. Silithia et tristesse de pouvait rimer.

S'il y a la moindre chose que je puisse faire pour t'aider Silithia. Je t'en supplie, dit moi le. Je suis là, je ne te quitterais plus. Je...

Non, il ne pouvait décemment pas finir sa phrase. De toute manière, quel avenir y avait-il à lui dire ce qu'il pensait exister ? Ce serait la faire souffrir un peu plus pour rien. Les sentiments n'étaient que des mensonges créant la souffrance. Ce qu'il avait ressentit et ressentait toujours pour sa mère, il l'avait toujours enfouit jusqu'à ce qu'il craque. Il serait à même de faire pareil pour Silithia. Car il ne devait aimer. Un monstre n'a pas de coeur et c'était ce qu'il était pour aimer de la sorte sa propre mère. Un monstre avec les femmes qui comptaient pour lui comme pour celles qui ne comptaient pas. Il n'avait jamais été rien d'autre qu'une ordure. Et pourtant, il n'arrivait à faire e la sorte avec Silithia. Alessander n'arrivait à se montre véritable monstre. Il était bien trop tendre. Sa présence même le mettait en danger.


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Silithia Lannister




Personnage
Age du personnage: 18 ans
Surnom: Silith / la Colombe / la Lionne / la demoiselle aux trois bateaux
Métier/Titre(s): Lady suzeraine de l'Ouest / Seconde héritière de la maison Farman

Silithia Lannister
« Colombe tachée de noir »

Copyright : Insuline (Echo des Plaines) / Justayne
Citation : La Houle nous emporte !
Corbeaux : 725
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« la lourdeur de nos chaînes n'a d'égal
que la lourdeur de mon cœur »
Silithia Farman ft. Alessander Desdaings

–––––––––––––

An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

Silithia inclina doucement la tête pour profiter un peu plus du contact d'Alessander. Sa peau contre la sienne la fit frémir sans même qu'elle ne puisse comprendre pourquoi. Pourquoi la rendait-il folle ? Que ressentait-elle ? C'était étrange, si étrange... Les paroles de cet homme si mystérieux lui firent comprendre qu'il tenait à elle. Comme elle tenait à lui. C'était fou, complètement fou, et elle ne parvenait pas à mettre un nom sur cette émotion qu'elle ne pouvait contrôler. C'était peut-être ça qui faisait qu'il tenait à elle, lui aussi. Cette émotion mystérieuse, ce sentiment sauvage, fou, incontrôlable. Dans les histoires pour enfants, on appelait ça l'amour.
L'aimait-il ?
Et elle, l'aimait-elle ?

Cette question qu'elle se posa l'effraya. Elle n'avait jamais eu peur ainsi. Oui, c'était là un trop -bien trop- grand effroi. Elle ne devait pas aimer. Elle ne pouvait pas ! Et pourtant, elle ne contrôlait plus ses gestes, ses paroles, son cœur... Tout son corps voulait aller se coller contre celui du cygne, toute son âme voulait être à lui. Oui, elle ne désirait plus que lui, à l'instant même. Mais ce n'était pas son lit qu'elle voulait retrouver pendant une nuit. Elle voulait partager la couche du cygne chaque nuit, pendant toute sa vie. Pouvoir siéger à ses côtés lorsqu'il en aurait le besoin, toujours être prête à le rendre heureux. Elle ne voulait plus de ces hommes qu'elle avait pu connaître. Tous ces Patrek et compagnie, elle les vendrait pour Alessander.
Glissant sa main gauche dans la sienne, elle leva les yeux vers lui. Elle affronta son regard. Son regard à la couleur des fonds océaniques, il lui avait tellement manqué. Son regard qu'elle aimait tant... Qu'elle aimait plus que tout. Elle avala difficilement sa salive puis prit la parole.

-J'ai un problème dont je veux te parler, murmura-t-elle. Je ne m'attendais pas à ça. Mais il y a un homme auquel je pense souvent, bien trop souvent. Parfois je rêve de lui. Je rêve qu'il me dise qu'il m'aime, qu'il me serre dans ses bras, qu'ils m'embrasse, qu'il ne me quitte jamais...

Elle soupira doucement et laissa sa main remonter le long du bras d'Alessander, jusqu'à glisser sur son épaule, son cou, puis son visage. Là, ses doigts vinrent caresser doucement sa joue, glisser jusqu'à ses lèvres. Et du bout des doigts, comme un trésor architectural que l'on craint de voir s'effondrer tant il est vieux et usé, elle les effleura. Cette bouche dont elle avait tant aimé les baisers. Cette bouche à laquelle elle pourrait être fidèle autant de temps que durerait son amour, s'il était seulement possible. Ses yeux de glace dévoraient cet homme mystérieux qu'elle aimait trop.

-Ce qui me désole, c'est que je n'épouserai jamais celui que...

Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Elle n'y parvenait pas. Elle se flagellait intérieurement, parce qu'elle était idiote, idiote au possible ! Non, non, elle ne pouvait pas tomber ainsi dans les filets du cygne noir ! Et pourtant, il semblait sincère... Et s'il l'était ? Les pensées fusaient dans son esprit embrouillé, bousculant la pauvre colombe qu'elle était. Elle s'avança, collant son front contre celui du chevalier, s'étant mise sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur. Elle caressa doucement le visage du cygne noir de ses deux mains, l'envie de goûter une fois de plus à ses lèvres lui enserrant le cœur. Elle ne voulait pas de la fougue d'un baiser d'amant mais bien de la fougue d'un baiser d'amour. C'était idiot, complètement idiot. Sa respiration était faible. Le souffle court, elle allait avouer ses crimes.
Elle aussi avait flanché, et tel était son crime.

-Tu ne mens pas ?, osa-t-elle d'une voix sourde sans même savoir s'il s'agissait d'une question ou d'une affirmation. Le fier cygne noir fait battre tous les cœurs, et... les colombes n'y échappent pas. Tu sais ce qu'il se passe, n'est-ce pas ?

Sa voix n'était qu'un murmure, une promesse. Une promesse adressée à cet homme qui l'avait apparemment aimée plus que les autres. Cet homme qui était sorti du lot. Cet homme auquel elle pensait bien trop souvent. Cet homme qui apparaissait dans ses rêves, lui disant qu'il l'aimait, la serrant dans ses bras, l'embrassant, ne la quittant jamais. Elle regardait Alessander, lui promettant secrètement d'un simple regard qu'il était tout ce qu'elle voulait. Absolument tout. Il était celui qui saurait la combler, elle ne le savait que trop bien. Mais jamais Silithia ne l'épouserait. Jamais un Desdaings n'épouserait une Farman.
Même si cela devait la rendre malheureuse.
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Il sentit le visage de la colombe s'accrocher au sien alors qu'il rêvait de resserrer sa main autour de la sienne. Mais le fier cygne noir n'en avait pas le droit. Pas le droit à cet amour qui le consumait depuis toujours. Il se complaisait dans l'interdit finalement. Son cœur battait toujours pour ses femmes qu'il n'avait le droit d'aimer. Sa mère était l'exemple par excellence mais Silithia. Son père lui même, lorsqu'il avait eu le malheur de parler des Farman avait interdit cette alliance. Il ne parvenait à soutenir son regard, sachant qu'il allait la blesser trop profondément. Mieux valait qu'elle souffre maintenant que sur la durée. Il ne voulait pas faire d'elle sa maitresse. Alessander allait se marier et il était tant qu'il prenne ses responsabilités. Qu'il devienne un homme. Il n'avait pas le droit de se souvenir de Silithia. Il n'aurait jamais dut venir.

-J'ai un problème dont je veux te parler, murmura-t-elle. Je ne m'attendais pas à ça. Mais il y a un homme auquel je pense souvent, bien trop souvent. Parfois je rêve de lui. Je rêve qu'il me dise qu'il m'aime, qu'il me serre dans ses bras, qu'ils m'embrasse, qu'il ne me quitte jamais...

Il ferma les yeux devant la caresse des doigts de la jeune femme, inspirant profondément. Il ne pouvait décemment pas lui faire ça ? Etait-il donc l'ordure qu'il avait toujours rêvé d'être, incapable de la moindre empathie et du moindre sentiment ? Elle l'aimait, avec l’énergie du désespoir. C'était lui l'homme dont elle parlait, lui et lui seul. Et il devait lui dire au revoir une dernière fois, laisser vivre cette réputation qui lui collait à la peau. Être un monstre, comme on avait dut la prévenir lorsqu'on l'avait vu en sa compagnie. Le cygne noir avait l'âme aussi noire que son surnom, un briseur de cœur. Alessander ne ferait rien pour changer sa réputation. Il l'aimait de toute son âme mais il ne pouvait lui offrir ce sentiment si terrible. Pourtant, il n'arrivait à s'éloigner de cette douceur qu'il n'aurait pu même imaginer et qui le transperçait de part en part. Il aurait voulu lui dévoiler toute la vérité. Lui dire qu'il l'aimait, qu'il allait s'enfuir avec elle, la libérer de cette cage où elle avait été enfermé. Il n'en avait pas le droit.

-Ce qui me désole, c'est que je n'épouserai jamais celui que...

Il avait tellement envie de l'embrasser. De la prendre dans ses bras, de lui jurer que tout était terminé, qu'il était là, qu'il l'aimait. Pourtant le cygne noir devait délier ses bras, enfermer son coeur dans une cage de verre pour l'empêcher d'exploser. Il rouvrit les yeux, tout l'amour qu'il lui portait brillant une dernière fois dans ses prunelles, ouvertes sur son âme, sur ce qu'il perdait, ce qu'il aurait voulu lui dire de vive voix. L'envie de l'embrasser se faisait de plus en plus forte, un baiser d'adieu pour celui qui prenait la décision la plus dure de son entière vie.

-Tu ne mens pas ?, osa-t-elle d'une voix sourde sans même savoir s'il s'agissait d'une question ou d'une affirmation. Le fier cygne noir fait battre tous les cœurs, et... les colombes n'y échappent pas. Tu sais ce qu'il se passe, n'est-ce pas ?

Silithia je... J'aurais aimé que ce soit possible. Qu'un nous puisse exister. Peut-être que je t'ai aimé mais... Je n'aurais pas du venir ici. Je ne dois pas te voir, je ne dois plus te voir. Plus jamais. Il y a trop de chose que tu ignores sur moi, trop de choses qui pourraient te détruire à jamais. Un cygne n'aime pas une colombe et ne l'épouse encore moins. Je venais te dire adieu. J'aurais voulu te coucher là, te sauter une dernière fois comme la catin que tu es. Ne plus jamais te voir, détruire ton coeur une dernière fois. Tu ne comprends donc pas ! Je ne suis pas un homme à aimer !

Jamais mensonge n'avait été aussi mal énoncer dans la bouche du cygne noir. Jamais paroles n'avaient perdu aussi vite de leur crédibilité, entourées par des larmes qui roulaient maintenant des prunelles du cygne noir. Alessander voulait être aimé comme un mythe. Que jamais ses sentiments ne le trahissent, ne viennent jouer contre ses plans. Il aimait Silithia. Il ne pouvait s'en cacher plus longtemps. Mais il préférait la faire souffrir une dernière fois, la dégouter à jamais de lui pour qu'elle parte, ne pense plus jamais à ce fameux cygne qu'un jour elle avait aimé. Qu'elle se reconstruise loin de lui. Lui dire une dernière fois adieu.

Et pourtant, son corps entier trompait ses paroles. Les larmes qui ruisselaient maintenant sur ses joues, comme s'il n'était qu'un enfant. Il n'avait jamais pleuré enfant et voilà qu'il avait dut attendre 24 ans pour verser enfin des larmes de rage et d'amour mêlées. Il n'avait jamais mentit si mal et elle s'en rendrait contre alors qu'il la rêvait suffisamment stupide (ou intelligente) pour lui hurler de fuir. S’énerver sur lui, le traiter d'ordure. Alessander se persuadait d'en être une et pourtant, il avait toujours au plus profond de son coeur les restes de cette douceur enfantine que les coups et les réprimandes avaient tenter de tuer. Cette douceur que seule sa musique parvenait à exprimer.

Dit moi de partir. Par pitié hurler moi de partir à tout jamais loin de toi... supplia-t-il, levant enfin son regard d'azur, éclaircit par les larmes sur la colombe qui lui faisait face. Idiot qu'il était.
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An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

SSilithia ne s'attendait pas à cette réaction de la part du cygne noir. Mais seules deux choses résonnèrent à ses oreilles ; le mot catin, ainsi que la grande gifle qu'elle ne pût contenir et qui vint marquer la joue d'Alessander d'une trace très nette de main en s'y abattant violemment.
Elle le voyait bien, au fond de ses yeux, de ce regard baigné de larmes, qu'il ne le pensait pas. Elle savait qu'il l'aimait, mais comment avait-il osé dire une chose pareille ? S'il souhaitait la briser plus qu'elle ne l'était déjà, alors elle l'émietterait, le piétinerait. La peine, la tristesse et le mal d'amour avaient fait place à une rage et une haine infinies.

Elle ferma les yeux quelques instants, inspirant un grand coup. Et lorsqu'elle rouvrit les yeux sur lui, son regard était bien plus glacial que les légendaires Marcheurs Blancs eux-mêmes, elle était redevenue celle qu'il avait connu. Impassible, les traits détendus mais les sourcils haussés avec un amusement certain. Elle se fendit d'un sourire moqueur.

-Cesse donc de pleurer, fillette. Voudrais-tu redevenir la risée du Conflans ? Finalement, Patrek vaut bien mieux que toi. Lui, au moins, est un véritable homme alors que toi... toi, Alessander, tu n'es rien qu'une ordure. Ton nom ne marquera jamais les mémoires pour la simple et bonne raison que, le jour où ta mère quittera cette terre, plus personne ne se souviendra de toi. Personne.

Silithia avait envie qu'il s'en aille, au fond, qu'il la laisse seule et tranquille. Mais elle devait attendre. Il devait payer, et il paierait. Par tous les moyens du monde, elle l'humilierait comme il l'avait humiliée, elle lui ferait ravaler sa fierté. Le faire souffrir, et s'en délecter.
Plus que jamais, elle voulait rentrer à Belcastel et s'effondrer dans les bras de son père.

Alessander la suppliait de lui ordonner de partir, mais Silithia n'en sourit que plus. Se détournant simplement de lui, elle marcha jusqu'à une petite table sur laquelle étaient posés un pichet et un verre. Elle le prit, le remplit et en but une gorgée. Elle le reposa et jeta un regard à la fois froid et moqueur au cygne noir.

-Je ne te ferai pas ce plaisir.

Elle rit doucement, toujours moqueuse, parvenant à cacher sa peine immense derrière ce masque qu'elle revêtait à nouveau, et qui lui semblait plus lourd que jamais. Elle appliquait malgré tout, tout ce qu'elle s'était appris à elle-même depuis la mort de sa mère. Ainsi, elle ne paraissait aucunement triste. Et pourtant...


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La gifle lui fit l'effet d'une douche froide alors qu'il la regardait, sentant la rage rugir dans leurs deux cœurs. Elle avait réellement fait ça ? Il l'avait blessé, il le savait mais c'était exactement ce qu'il cherchait. Pourtant, il frappa à son tour, de plat de sa main baguée, avec plus de force qu'elle n'en avait mit elle même, lutant contre lui-même pour ne pas la frapper plus, lui faire passer le goût de la rébellion. Il était tout à fait conscient de son geste et il eut l'impression de prendre une douche glaciale. Alessander avait agit comme ce père qu'il haïssait tant, contre les promesses qu'il s'était faites lorsqu'il n'était qu'un enfant stupide. Ne jamais porter la main sur une femme et pourtant, voilà qu'il ne laissait pas passer la gifle qui brulait sur sa joue.

-Cesse donc de pleurer, fillette. Voudrais-tu redevenir la risée du Conflans ? Finalement, Patrek vaut bien mieux que toi. Lui, au moins, est un véritable homme alors que toi... toi, Alessander, tu n'es rien qu'une ordure. Ton nom ne marquera jamais les mémoires pour la simple et bonne raison que, le jour où ta mère quittera cette terre, plus personne ne se souviendra de toi. Personne.

Les paroles glissaient sur lui comme un magnifique venin, faisant mourir ses larmes pour les remplacer par un masque à la perfection plus que glaciale. La rage grandissait dans le cœur du jeune homme face à ses paroles. Patrek, encore et toujours. Puis sa mère. Elle osait parler de sa mère sans même connaitre la teneur que tout le poison de la vipère pouvait déverser. Le cygne noir voulait frapper, un peu plus, faire disparaitre de son visage ce sourire goguenard qui le jugeait sans même avoir la moindre carte en main.

-Je ne te ferai pas ce plaisir.

Il s'approcha pourtant d'elle, le visage fermé, les larmes ayant disparues de son regard à l'instant même où son masque revenait s'enfermer autour de son visage. Cerenna avait raison. Elles n'étaient que de simples pions, toutes ses femmes qu'il séduisait si bien. Si la vipère s'était amusée des frasques de son ainé pendant si longtemps, ce dernier savait qu'il avait la bénédiction des dieux pour faire souffrir ce cœur qu'il aurait rêvé ne jamais rencontrer. Il aurait aimé la bercer contre lui, s'excuser de ses paroles mais jamais il ne mettrait sa fierté de côté pour s'attacher à jamais à elle. S'il aurait envoyé voler sa liberté pour une étreinte de plus de la blonde, c'était maintenant bien trop tard.

Ne parle pas de choses que tu ne peux comprendre Silithia ! Jamais plus ! Ne parle jamais plus de ma mère devant moi, tu ne sais à quel point ses morsures sont bien plus dangereuses que les tiennes ! Quand à Patrek... Il laissa sa voix en suspens, avoir de laisser apparaitre un sourire bien dangereux sur ses lèvres. Ce cher Patrek. J'avais oublié que lui aussi à eu le droit de profiter de tes faveurs. J'espère au moins que tu as prit du plaisir entre ses mains. Mais cet homme, comme tu te gausses si bien de l'appeler, je me demande ce qu'il nous offrira, une épée à la main, seul face au monde. La haine brillait dans les yeux de l'héritier de Beaumarché, mêlé à une jalousie sans nom.

Aussi loin que remontait ses souvenirs, il avait toujours été comparé à Patrek Mallister, dévalorisé face à lui. Parce qu'il était moins bon à l'épée, qu'il goutait plus la musique et les livres que les combats acharnés et qu'il passait sa vie dans les jupons de sa mère. Le fillette que Silithia lui avait jeté comme une ordure, il avait passé sa vie à l'entendre. De la bouche de son père, avec le dégout qu'il jetait sur son unique héritier. C'était la rage contre son père qui se réveillait alors qu'il jetait ses paroles au visage de la colombe comme autant de lame aiguisées.

Ou même dans un combat singulier. S'il fut plus fort que moi dans le passé, je doute qu'aujourd'hui, il ne m'arrive ne serait-ce qu'à la cheville. Tu pleurerais pour lui dit moi ? Puisque lui est un véritable homme mais que ton coeur entier bat pour ma personne. Je me demande qui est le plus en tord de nous deux. Moi pour te repousser ou toi pour m'aimer ?

La rage brillait réellement dans les yeux du cygne noir, et les dieux seuls savaient de quoi il était capable dans ses terribles moments. Il mélangeait cette hargne que les cygnes avaient toujours possédé avec la colère sans nom de sa mère. Un mélange explosif que Silithia était la seule à pouvoir percevoir derrière le bleu des yeux d'Alessander.
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An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

Son sourire s'effaça. Elle ne voulait plus jouer. Elle ne voulait plus le voir. Elle ne voulait plus l'aimer. Ou peut-être était-ce l'inverse. Elle ne pouvait plus mentir, se montrer furieuse, puis glaciale, puis moqueuse. Elle avait l'impression que tout s'évanouissait en elle. Sa force, sa rage, sa repartie. Plus rien, elle n'avait plus rien. Et dans les yeux d'Alessander se lisaient la rage, la haine, la colère, la fierté, l'envie qu'il avait de la frapper... Elle se sentait soudain idiote, complètement idiote, complètement inutile. Elle ne pouvait pas le haïr. Elle ne pouvait pas lui dire de partir. Elle l'aimait trop.
Mais il la frappa. Lorsque la main du cygne s'abattit sur son visage, Silithia se demanda un instant si ce geste pourrait être réparé, effacé de sa mémoire. Mais la douleur était bien présence, lui rappelant qui il était. Il restait le cygne noir. Tant sous la violence du coup que sous sa faiblesse, la colombe tomba à genoux.

Le visage ravagé par des larmes, elle avait à nouveau l'impression d'être la petite fille qu'elle fut, celle qui avait perdu sa mère quelques heures plus tôt, qui était seule et larmoyante. Et son cœur qui battait à tout rompre lui donnait l'impression qu'il allait lâcher l'instant d'après. Tombée du ciel, la colombe ne voulait plus se relever. Jamais elle n'aurait dû l'aimer. Elle tenta de parler, de s'excuser ou de l'insulter, mais seuls quelques balbutiements s'échappèrent de ses lèvres. La mer qu'elle aimait tant dévorait son visage blême, ses yeux rougis par les larmes et sa joue comme marquée au fer rouge. Elle releva péniblement la tête vers Alessander, ses yeux de glace étant plus pâles et plus clairs que jamais à cause de ses pleurs. Affrontant tant bien que mal le regard de celui qu'elle ne pouvait s'empêcher d'aimer malgré tout, elle souffla :

-Patrek ne m'aurait pas frappée, lui... C'est ce qui fait de lui un vrai homme.

Si elle ne sanglotait plus, n'était plus hoquetante, elle sentait encore les larmes dévaler ses joues comme des milliers de cascades. Son regard n'était plus fier, plus menteur. Mille émotions y passaient. La déception, la haine, la faiblesse, mais surtout la peine, l'amour et la peur. Allait-il la frapper encore, lui qu'elle aimait malgré tout ?

-Un "nous" aurait pu exister... Je sais que tu ressens la même chose, ne me mens pas, ne me mens plus, Aless, s'il te plait.

Elle avait baissé les yeux, observant le sol. Elle ne pouvait plus l'affronter, elle n'en avait plus la force. Et peut-être était-ce la dernière fois que tous deux se voyaient ; il ne voudrait certainement plus jamais la voir. Plus jamais. Ça la rendait folle. Elle ne voulait pas qu'il la laisse éternellement seule. Pas sans lui. Son masque complètement brisé n'était qu'un vestige de ce qu'elle était réellement. Alessander était capable de la rendre meilleure, elle ne voulait pas qu'il l'abandonne. Elle releva la tête vers lui.

-Pourquoi me fais-tu ça ?, demanda-t-elle.

L'amour était un poison. Un poison meurtrier qui ne faisait que le malheur de ceux qui y goûtaient. Silithia en avait fait l'expérience, à contrecœur. Et elle ne désirait qu'une chose : que tout s'arrête. Ce mensonge éternel qu'était sa relation ambiguë avec Alessander. Pourquoi ne pouvait-elle pas se résumer à un "-je t'aime -moi aussi" ? C'était trop, bien trop compliqué.


Dernière édition par Silithia Farman le 19.02.15 19:21, édité 1 fois
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Il ne regrettait pas son geste et pourtant, il aurait dut. Il aurait dut se haïr pour reproduire les actions de son père, avec une haine sans nom pour cette femme qu’il aimait bien malgré lui. Ce mentait-il une fois de plus en agissant comme s’il haïssait la belle ? Parce que ce n’était pas elle qu’il détestait, c’était son cœur qui l’avait trahit pour mieux s’attacher à une femme. Moins interdite que la première, il avait touché Silithia, il lui avait fait l’amour alors qu’il ne pourrait jamais le faire de sa mère. Comment pouvait-il être aussi stupide. Aimer celle que ses parents lui offrirait comme épouse aurait été tellement plus simple. Mais on ne contrôle malheureusement pas ses sentiments et Alessander en était le parfait témoin.

-Patrek ne m'aurait pas frappée, lui... C'est ce qui fait de lui un vrai homme.


Toujours cette petite ordure de Patrek. Il se dresserait donc toujours dans le cœur de la belle ? Alessander ne releva même pas, se contentant de regarder cette femme que la gifle avait laissée sur le sol. Loin de sa morgue et de sa fierté, Silithia était comme une colombe brisée, aux ailes arrachés par les paroles du cygne noir. Il s’en voulait terriblement et pourtant, il n’arrivait à lui pardonner de l’avoir frappé. Il sentait encore la morsure de la claque sur sa joue écarlate.

-Un "nous" aurait pu exister... Je sais que tu ressens la même chose, ne me mens pas, ne me mens plus, Aless, s'il te plait.

Jamais ce « nous » n’aurait pu exister. Il était un souvenir qui n’avait lieu d’être, un reste d’amour qui partait en lambeau, et dont les filaments disparaissaient dans l’air, comme autant de traces d’un passé qui ne devait exister. L’avenir n’était qu’un mensonge et l’amour le pire des dangers. Le pouvoir que cette femme aurait pu avoir sur lui, jamais le cygne noir ne lui offrirait. Parce que c’était presque mortel et qu’il ne pourrait choisir le jour du jugement entre sa mère et la blonde. Alors quoi ? Continuer à la regarder de loin et craquer lorsqu’enfin il la retrouvait ?

Alessander baissa la tête devant l’affirmation de Silithia, lui prouvant sans même ouvrir la bouche qu’elle avait raison. Il était lâche. Cette lâcheté contre laquelle il avait lutté toute sa vie et qui le rattrapait alors qu’il s’y attendait le moins. Il aurait tout donné pour changer ce qu’il s’était passé, pour rattraper ses erreurs. Silithia aurait pu croire en lui, croire et lui et le cygne noir avait tout balayé de ses paroles glaciales, refusant de lui laisser le moindre espoir. Alors qu’il l’aimait. Le brun aurait aimé partir, la laisser là pour ne plus jamais revenir mais dans un désir égoïste, il en était incapable. S’aurait été pour son bien et pourtant, comme l’enfant capricieux qu’il avait été, il n’y arrivait pas. Il ne pouvait la laisser à Patrek, il ne pouvait offrir une moitié de son cœur à cet homme qui la détruirait avec plus de beauté encore que lui. Silithia était à lui. Dans cette possession qu’il voulait, elle lui appartenait. Même si jamais il ne pourrait l’épouser, il l’aimait avec fureur.

-Pourquoi me fais-tu ça ?

" Parce que je suis une ordure que tu ne dois pas aimer Siltihia. Il est beaucoup plus facile de te faire me haïr que de te dire pour de bon la vérité. Le « nous » dont tu rêves ne peut exister. Je suis l’héritier de Beaumarché et tu es une femme de l’Ouest. " Il se baissa jusqu’à elle, prenant son menton dans l’une de ses mains, la forçant à soutenir son regard, tuant à petit feu son cœur qui battait trop vite. " Je t’aime, certes. Mais nous devons nous rendre à l’évidence que jamais rien ne pourra exister entre nous. Jamais. "
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Silithia Lannister




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Surnom: Silith / la Colombe / la Lionne / la demoiselle aux trois bateaux
Métier/Titre(s): Lady suzeraine de l'Ouest / Seconde héritière de la maison Farman

Silithia Lannister
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que la lourdeur de mon cœur »
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–––––––––––––

An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

-Parce que je suis une ordure que tu ne dois pas aimer Silithia. Il est beaucoup plus facile de te faire me haïr que de te dire pour de bon la vérité. Le « nous » dont tu rêves ne peut exister. Je suis l'héritier de Beaumarché et tu es une femme de l'Ouest.

Il avait raison. Il était une ordure. Et les larmes qui coulaient encore de ses joues, elle les effaça d'un bref revers de la main, échappant au regard du cygne noir et se dégageant de la main qui la forçait à affronter ses yeux. Elle ne voulait pas d'une ordure. Elle ne voulait pas aimer. Peu à peu, la glace de son regard qui semblait fondre petit à petit se solidifiait à nouveau, la gelant à nouveau, faisant d'elle cette mystérieuse colombe qu'elle avait toujours voulu être... qu'elle s'était toujours efforcé d'être. Elle leva le menton, se recula doucement pour se redresser un peu. A nouveau, elle releva son regard trop fier vers Alessander. Elle l'observa, se demandant pourquoi il avait fallu que ce soit lui. Pourquoi fallait-il qu'elle l'aime lui, et pas un autre ? Pourquoi fallait-il qu'ils ne puissent se marier ? Pourquoi fallait-il qu'elle ne puisse pas lui résister ? Elle voulait qu'il parte. Qu'il s'en aille. Mais quelque chose la poussait à l'effleurer du bout des doigts, à dévorer du regard celui qu'elle désirait plus que quiconque. Elle soupira, ses mains frémissantes posées sur les pans de sa robe qui traînaient par terre, autour de la colombe aux ailes brisées.

-Je t'aime, certes. Mais nous devons nous rendre à l'évidence que jamais rien ne pourra exister entre nous. Jamais.

Les mots percutèrent la blonde de plein fouet, chacun d'entre eux lui assénant un coup de poignard en plein cœur. Et pourtant, elle leva puis hocha la tête. Elle ferma les yeux, soupira pour se calmer. Mais elle ne put retenir sa main droite qui vint juste effleurer le visage d'Alessander au niveau de la joue qu'elle avait giflé. Elle pouvait encore sentir la chaleur du coup. Elle n'avait jamais frappé personne. Et elle n'avait jamais été frappée. La caresse de la colombe ne dura qu'un instant, puisqu'elle brisa le contact pour ramener brusquement sa main à elle, comme si le simple de fait de toucher le cygne l'avait brûlée.
A nouveau, elle hocha la tête. Elle était d'accord avec lui, sur toute la ligne. Elle devait l'oublier. Et il devait en faire de même. Elle n'aurait jamais dû aimer quiconque. Personne. Son père était déjà comme un poids, une faiblesse pour elle. Elle ne pouvait traîner un second boulet enchaîné à sa cheville. Un seul était déjà trop. Beaucoup trop. Elle déglutit difficilement et rouvrit les yeux.

-Tu as raison, du début à la fin. Je n'aurais jamais dû te rencontrer, et encore moins céder. Je n'aurais jamais dû venir à ce banquet, porter cette plume. Je n'aurais jamais dû t'aimer. Je n'aurais jamais dû aimer qui que ce soit. Je ne connaîtrai jamais de « nous » avec qui que ce soit parce que je ne dois plus aimer. Plus jamais. Elle leva la tête un peu plus, arborant ce visage de fierté qu'il n'avait sans doute que trop l'habitude de voir. Et pourtant, cet énième mensonge était bien moins réussi, son masque encore fissuré par sa respiration plus rapide que la normale. Dès que je sortirai d'ici... si je sors... Je serai mariée en peu de temps. Et je ne doute pas que la catin que je suis trouvera chaussure à son pied. Je suis... un de ces trésors qu'on ne peut garder jalousement.

Elle baissa la tête à ces paroles que lui avaient répété son père, Paxter, mais aussi sa mère alors qu'elle n'était qu'une enfant. Elle serra légèrement les dents, s'en voulant presque de reprendre de telles paroles alors que pour la première fois, elle en doutait. Un trésor versait-il parfois des larmes ? Un trésor pleurait-il ? Un trésor était-il faible ? Elle était une femme forte, ou du moins elle tentait de s'en persuader.

-Tu n'avais pas le droit de me frapper. Tu n'avais pas le droit de me traiter de catin, murmura-t-elle. Je t'en veux tellement, si tu savais. Mais je t'aime tellement..., articula-t-elle à peine.

Cette dernière phrase était si basse qu'il ne l'entendit peut-être pas. Mais lorsque Silithia releva vers lui un visage que les larmes n'envahiraient plus, elle entendit une petite voix lui souffler de l'embrasser. Mais elle n'en fit rien, par peur de la réaction du cygne. Parce qu'elle ne comprenait plus ce qui la poussait vers lui.
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Tu as raison, du début à la fin. Je n'aurais jamais dû te rencontrer, et encore moins céder. Je n'aurais jamais dû venir à ce banquet, porter cette plume. Je n'aurais jamais dû t'aimer. Je n'aurais jamais dû aimer qui que ce soit. Je ne connaîtrai jamais de « nous » avec qui que ce soit parce que je ne dois plus aimer. Plus jamais. Dès que je sortirai d'ici... si je sors... Je serai mariée en peu de temps. Et je ne doute pas que la catin que je suis trouvera chaussure à son pied. Je suis... un de ces trésors qu'on ne peut garder jalousement.

Silithia était dangereuse parce qu'elle savait manier les mots et parce que ses larmes étaient de véritables armes. Jamais Alessander ne s'était sentit si mal de faire souffrir quelqu'un, jamais il n'avait mit aussi longtemps à réagir à ses prunelles qui laissaient passer tant et tant de messages. Il voulait l'aimer avec le désespoir de l'amant interdit mais c'était si facile et si gentillet de sa part. Comment dire à cette femme tout ce qu'il pensait. Enlever pour une fois, une seule, tous les masques derrière lesquels il se cachait depuis tant d'année. Depuis qu'enfin il avait comprit qu'il ne gagnerait pas devant ses enfants qui riaient de lui à chaque passage et que la honte le prenait aux tripes alors qu'il retournait une fois de plus vers cette mère tant aimante qu'aujourd'hui il avait perdu.

Il la regardait comme s'il la voyait pour la première fois, comme s'il se perdait de nouveau dans les magnifiques prunelles qui l'avaient transpercées au tout premier jour. Il avait eu envie d'elle avec une passion dévorante mais elle l'avait repoussé pour mieux craquer quand était venu le jour. Regrettait-il d'être aller si loin avec elle d'avoir sentie son coeur le lâcher une nouvelle fois ? Pas vraiment à vrai dire. Dans sa passion égoïste, il pouvait se gausser de l'avoir fait tomber dans les mailles de son filet. Avant de se rendre contre que les armes avaient tué aussi bien la colombe que le cygne. Les deux oiseaux pouvaient reposé pour l'éternité dans le sang qui maculait leur plumes si différentes. Il l'avait perdu à jamais qu'il espérait, rendu stupide par des petites paroles, par des gestes qui laissaient sa joue meurtrie et rougie.

La blonde avait tant raison. Alessander savait à la perfection le trésor qu'elle représentait pour sa famille. Lorsque la beauté vient offrir les joies de sa présence à une famille, on ne pouvait qu'en être fier et heureux. Alors lorsqu'une intelligence glaciale vient se mêler à cela, les plus grands bonheurs comme les plus terribles malheurs peuvent voir le jour. Etait-elle l'un ou l'autre ? Les question stupides du cygne noir n'avait pas de réponses et il ne trouverait pas ses dernières dans le regard qu'il dévorait. Il l'avait blessé, blessé à l'en tuer pour lui permettre de voler à nouveau. Elle l'oublierait comme il le ferait d'elle. L'amour est un mythe pour les enfants qui ne viendrait jamais toucher de sa bonne étoile un couple marié. La passion des instants sacrés, peut-être. Mais l'amour véritable, de celui qui fait battre les coeurs des jeunes filles dans les romans, ce dernier n'était qu'un mensonge.

-Tu n'avais pas le droit de me frapper. Tu n'avais pas le droit de me traiter de catin, murmura-t-elle. Je t'en veux tellement, si tu savais. Mais je t'aime tellement...

Pour toute réponses, les mains du cygne noir vinrent caresser les joues de la colombe aux ailes brisées et il approcha son visage du sien. Ses lèvres touchèrent les siennes avec la tendresse d'une plume, avec tout l'amour qu'il n'éprouverait jamais plus, comme la promesse d'un souvenir, du bonheur et de la fin des mensonges de l'héritier. On ne change pas le passé mais on croit pouvoir construire le futur de la pointe d'une épée. Pour Alessander, les contes d'enfant n'avaient jamais été bon qu'à faire rêver sa petite soeur, à lui faire croire en l'amour et toutes les beautés qui l'entourait. Il s'était brulé les ailes à trop chercher celui de cette femme qui le contrôlait encore malgré toutes les années Un jour, il parlerait. Il lui jetterait toute cette vérité crue au visage mais pour l'instant, il embrassait une autre que la brune qui avait hanté ses nuits. Silithia pouvait être sa rédemption s'il la laissait seulement s'accrocher vraiment à son cœur aussi noir que ses plumes.

Un jour, peut-être. Un jour il la laisserait voir la vérité.
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An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

Silithia ne se souvenait pas. Elle ne se souvenait même pas de la caresse de ses mains, de la douceur de ses lèvres. Elle se souvenait du bon amant qu'avait été Alessander, mais elle ne se souvenait pas de l'avoir connu ainsi, si doux, si tendre, si aimant et même si fragile. Elle n'y fit pas vraiment attention, fermant simplement les yeux pour savourer ces quelques instants qui la bercèrent doucement, lui faisant en quelque sorte retrouver son calme. Bien sûr, tous les problèmes ne pouvaient être réglés par un baiser, comme le contaient les histoires. Mais la colombe ne voulait plus se poser la question de ce qui pourrait être bien ou mal, de ce qui pourrait être réglé ou non, des problèmes qui pourraient lui causer cet amour et sa disgrâce. Elle aurait voulu partir loin, loin de Belcastel, de Port-Réal, de Hautjardin, de toutes ces villes de malheur qui l'empêcheraient d'être heureuse. Elle aurait voulu prendre la main d'Alessander et l'emmener avec elle dans un périple aussi fou que l'était leur amour. Elle y avait songé, une seconde, dans sa folie, dans son amour. Mais qu'était une jeune fille dans un monde pareil ? Elle tenait trop à sa vie, à la noblesse, à la richesse, à cette peste qui s'accrochait à son cœur, à son cerveau, à son visage.

La blonde posa délicatement une main sur la joue du cygne, avec l'envie de lui sourire pour lui transmettre tout ce qu'elle éprouvait, mais elle ne put que garder une expression sérieuse qui figeait les traits de son visage. Elle caressa doucement le visage du brun, avec toute la douceur du monde, ses pupilles de glace le scrutant comme si elle le voyait pour la première et dernière fois, comme si elle le découvrait mais que jamais plus elle ne se délecterait de la vision d'un homme comme lui. Au fond, elle espérait qu'ils ne se reverraient plus, pour ne plus avoir à se mentir ou se cacher, pour ne plus pouvoir se tenter et encore moins céder. Tout serait mieux ainsi, ils s'oublieraient l'un et l'autre, ils oublieraient ce qu'ils avaient vécu et ressenti.
L'ébauche d'un sourire prit place sur les lèvres de la colombe et elle laissa une dernière fois sa main caresser la joue du cygne noir.

-Si on ne doit plus se voir ni s'aimer, alors tu dois partir.

Les mots étaient durs à dire, et pourtant elle les disait. Il devait partir, il était temps. Au moins, il partirait sans qu'elle ait eu à lui mentir. Il partirait en sachant qu'elle pouvait être sincère, qu'elle n'était pas la femme sans cœur qu'il avait emmenée entre ses draps. Doucement, elle se recula, ramenant sa main à elle, puis se leva. Elle épousseta un instant sa robe, passa doucement sa main sous ses yeux comme pour effacer toute trace de ses pleurs. Ces filles qui gloussaient devant sa chambre chaque jour ne devaient pas avoir raison. Elles ne le pouvaient pas. Toutes les rumeurs étaient fausses, et jamais Silithia ne s'abandonnerait ainsi.

Ses pensées se tournèrent vers ses paroles précédentes. « si je sors », c'était bien ce qu'elle avait dit. Elle avait peur, oui, de ne jamais retrouver Belcastel et son père. Elle craignait de finir comme Lysa Arryn, ou même comme Jon Arryn. Cette nuit-là, en rêves, elle se verrait oiseau volant vers l'Ouest, chez elle. Et si son père parvenait à la tirer des anneaux des vipères de la capitale, alors elle courrait vers lui à son arrivée à Belle-Île. Elle devait rentrer chez elle, et oublier Alessander. Penser qu'elle serait mariée le plus tôt possible. Elle tourna à nouveau son regard vers le cygne, le regard lourd de regrets, et dit très sérieusement :

-Adieu, Alessander.
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A la caresse des lèvres de la blonde, Alessander se sentait comme un enfant, comme s’il embrassait pour la première fois avec la tendresse et l’innocence des moments où ses lèvres touchaient celles de sa mère. Les yeux fermés, il s’abandonnait dans ce dernier baiser. Il savait qu’il n’aurait pas dut faire ça, qu’il aurait dut partir alors qu’elle le haïssait encore. C’était la meilleure chose à faire. Tout mettre en place pour qu’elle ne veuille plus jamais le revoir, qu’elle reste sur cette image d’enflure qu’il lui avait offerte. Mais non, il agissait comme s’il n’y avait aucunes conséquences, comme si c’était un jeu qu’il se plaisait à jouer, sans les moindres règles à briser, sans la moindre erreur à faire. Comme si le cœur était aussi solide que le roc, aussi dur que ce qu’il se plaisait à faire croire. Pour tous, le cygne noir n’avait qu’un trou béant à la place du cœur, un trou qu’il remplissait de la noirceur qui l’entourait. Et aujourd’hui, il s’était ouvert à Silithia. Il lui avait offert tout ce qu’il était pour mieux tenter vainement d’oublier ensuite. Il ne l’oublierait pas. Il s’en savait tout bonnement incapable, comme si c’était la première fois qu’il aimait réellement. Jamais il ne ferait avec sa mère ce qu’il avait fait avec la blonde, même dans ses rêves les plus fous qui le laissaient transpirant, la verge bandée sur les baisers qu’il avait imaginé, ses mains qui avaient caressé la peau contre laquelle il s’était blottit à tant de reprise enfant. Mais maintenant, il était adulte. Il devait assumer ses actes, retourner à Beaumarché pour le pouvoir qui suintait des veines de chacun. Abandonner la colombe à son triste destin et à sa cage.

-Si on ne doit plus se voir ni s'aimer, alors tu dois partir.

Il planta une dernière fois son regard d’océan dans celui de Silithia, gravant à jamais ses traits dans sa mémoire. Il la vit se lever, s’imprégnant de son parfum, de ses gestes et de sa grâce. Ses yeux se fermèrent une dernière fois alors qu’elle lui offrait les mots de la sagesse, ceux qu’ils pensaient depuis qu’il était entré dans cette pièce. L’amour n’était finalement pas un jeu et il pensait avec un pincement au cœur à toutes celles qu’il s’était amusé à briser comme si elles n’étaient que des poupées passant entre ses mains. Il avait oublié ce que voulait dire la souffrance, cette sensation qui s’infiltre dans la moindre de vos veines et laisse un goût amère dans la bouche. La même qu’il ressentait lorsqu’il était enfant, que les moqueries sur son visage de fille et les brimades faisaient crier. Alessander resterait une ordure. Non pas qu’il changerait par amour. Il aimait trop les femmes pour à jamais les oublier au profil d’une seule. Mais il ne les forcerait plus à tomber amoureuse de ses allures de prince charmant maudit par les dieux. Le cygne noir avait voulu oublier la morsure de la vipère pour s’attacher à une fausse colombe. Que les dieux sont rieurs…

-Adieu, Alessander.

Son regard était triste malgré tout ce qu’il avait pu lui faire croire. Il se rapprocha une dernière fois d’elle, son cœur prêt à éclater. Une dernière fois Silithia. Sans même lui laisser le temps de lui répondre, il l’embrassa avec toute la passion du monde, un baiser d’amant autant que d’aimé. Il glissa sa main autour de sa taille, la reprochant un peu plus de lui, glissant pour la dernière fois ses mains sur sa peau blanche. Ses lèvres se faisaient avides mais il rompit le baiser, mordit sa lèvre inférieure pour se rappeler à l’ordre puis baissa la tête tout en s’éloignant.

Ainsi nous ne nous reverrons plus… Adieu Silithia. Puisses-tu m’oublier et trouver un homme qui saura mieux t’aimer que moi. Qui pourra te le prouver et avec qui tu vivras heureuse.

Pendant qu’il resterait seul avec ses souvenirs. Il ne pouvait pas l’épouser de toute manière. Alors, les promesses ne servaient à rien. Ce qui existait entre eux était bien trop réel pour pouvoir espérer le briser d’une quelconque manière. Et c’était trop tard pour rêver disparaître. Il était rentré à Beaumarché, avait repris son rôle d’hériter et s’était lié de nouveau à la vipère. Pour espérer souffrir un peu plus.
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An 299 • Quatrième lune • Semaine 4 • Jour 7.

-Une dernière fois Silithia.

Que ce baiser fut douloureux. Si douloureux pour elle qu'elle posa ses mains sur le torse du chevalier pour le repousser doucement au bout de quelques secondes, lui indiquant qu'ils ne devaient pas, qu'ils ne pouvaient plus. Elle se détacha de lui presque vivement, une fois le baiser rompu, brisant leur échange, réduisant à néant ce qu'il lui restait de sentiments. Ne pas aimer ; non, malgré tout, malgré lui, elle ne devait pas céder.

-Ainsi nous ne nous reverrons plus... Adieu Silithia. Puisses-tu m'oublier et trouve un homme qui saura mieux t'aimer que moi. Qui pourra te le prouver et avec qui tu vivras heureuse.

Elle hocha la tête, comme un promesse silencieuse qu'elle ne tiendrait certainement jamais. Lorsqu'Alessander quitta les lieux, la colombe referma la porte, partit s'asseoir à sa petite table pour s'y servir un nouveau verre de vin ; elle en avait bien besoin. La porte grinça, Shana revenant aux côtés de sa protégée, prête à écouter ce qu'elle aurait à lui dire. Mais Silithia ne lui dit rien. La fierté habitait à nouveau ses yeux, comme si jamais elle n'avait pleuré, ni aimé, ni regretté. Elle ne regretterait jamais. « Je serai mon propre trophée », avait-elle un jour dit à un petit-grand homme. Et elle ne lui avait pas menti.
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