Mensonge par omission

Mensonge par omission

Elle s’apprêtait à se retourner, pour encaisser le coup sur le côté voir le dos plutôt que de plein fouet. Mais la douleur ne vint jamais lorsqu’un claquement sonore résonna dans la cours. Ses yeux rivés sur Raymar, celui-ci avait arrêté le coup de son avant-bras. Un long silence s’en suivit avant que les hommes présents ne se dispersèrent. Elle reprenait un peu de contenance, assez pour pousser le chevalier lorsqu’il ne fit que lui rappelé ce qu’elle savait déjà. S’éloignant de lui, elle pointa du doigt la direction que son adversaire avait pris avant de s’en aller.

« Il me doit de l’argent ! » oui, c’était tout ce qu’elle avait trouvé à dire pour le moment. Elle fronça les sourcils en se rendant compte d’une chose : « Tu me surveille maintenant ? » N’attendant pas sa réponse pour éclater de rire, elle détourna son regard, se dirigeant vers le plateau abandonné par les hommes pour se servir une coupe d’eau fraiche et la boire d’une traite. Elle se sentait un peu mieux mais malgré tout, les battements de son cœur avaient du mal à retrouver un rythme régulier et agréable. Allez voir le mestre…Oui, elle y était allé, et lui avait menti tout simplement. Pour le moment, il lui était encore simple de tromper le mestre mais elle le savait, elle ne pourrait jouer à ce petit jeu bien longtemps d’où la nécessité de s’éloigner.

« La fatigue et les nerfs » fut sa seule réponse, c’était pour ça qu’il lui préparait un mélange d’herbe infusée, censé calmer, et qu’elle vidait par la fenêtre chaque matin lorsqu’elle se retrouvait seule. S’installant contre le muret près d’elle, elle se resservit en eau. Observant son propre reflet dans le fond de sa coupe, elle ignorait commenter gérer cette situation. L’annonce du décès de Lyonel n’avait fait qu’ajouter de nouvelles craintes et de nouvelles questions en plus du chagrin que cela entrainait. Se perdant un temps dans ses pensées, et dans sa propre image qui se reflétait dans l’eau de sa coupe, elle reposa ses yeux sur Raymar au bout de quelques secondes

« Comment va-t-elle ? »

Parler d’Ashara lui permettait au moins de détourner la conversation. Au final, ce voyage vers Port Réal avait au moins eu un effet bénéfique sur la relation qu’entretenaient les deux femmes. Bien que la sauvage avait du mal à l’idée de voir cette femme se plonger à corps perdu dans le chagrin et la dépression. Elle la respectait parce qu’elle était puissante et forte, elle l’avait craint pendant tant de temps qu’il lui était aujourd’hui difficile d’admettre qu’elle pouvait faire preuve d’autant de faiblesse. Observant le chevalier, elle se demandait comment elle aurait réagi à sa place ? La douleur qu’elle aurait pu ressentir. Aurait-elle fini aussi pitoyablement ? Incapable ou presque de sortir du chagrin ? Etait-elle aussi dépendante ? Elle détourna à nouveau les yeux en vidant sa coupe avant de la poser. Croisant ses bras contre son ventre, elle regarda les murs des Eyriés. Quelque part à l’intérieur se terrait Ashara Arryn, muselé par le chagrin.

Mensonge par omission

En d'autres temps, elle se serait probablement réjoui du malheur qui s'abattait sur Ashara, mais aujourd'hui. En plus d'être, plus que jamais, très proche de sa situation, elle avait découvert une autre facette de la jeune femme. Au fond, la seule différence entre la suzeraine et elle, c'était leur naissance. Elle acquiesça au dire de Raymar, oui, c'était une femme forte et oui, elle s'en remettrait probablement, mais dans quel état ? Aiyana ignorait s'il lui était possible de voir la jeune maman et quand bien même on le lui permettrait, oserait-elle seulement le faire ? Inspirant profondément, elle releva la tête vers le chevalier lorsqu'elle sentit le contact de ses doigts sur sa joue. Inspirant profondément, elle releva la tête vers le chevalier lorsqu'elle sentit le contact de ses doigts sur sa joue. Il s'inquiétait, elle le voyait et pouvait même le comprendre, mais elle ne pouvait rien lui dire, elle en avait la certitude, l'intime conviction que de la vérité, rien de bon ne sortirait. Elle se pinça les lèvres, comme pour empêcher la franchise de passer la barrière de sa bouche.

« Ne t'inquiète pas, je te l'ai déjà dit, si je dois mourir se serait sur un champ de bataille, couverte de boue et du sang de mes ennemis »

C'était tout ce qu'elle pouvait lui dire pour tenter de le rassurer, le mal qui la rongeait n'avait rien d'un mal malgré les apparences. Pourtant, elle le savait, ces simples mots ne suffiraient pas à endiguer la crainte dans les yeux de Raymar.

« Port Réal, ce qui s'y est déroulé, le voyage de retour et la mort de Lyonel...C'est un tout, je suis pas habituée à ça » tentait-elle d'expliquer « Ca me demande beaucoup trop d'énergie de piéger des nains » dit-elle sous le ton de la plaisanterie « et de remettre d'autre chevalier à leur place ». Elle se pencha vers lui, posant ses lèvres sur les siennes en imaginant que ce baiser suffirait à se faire pardonner.

« Je meurs de faim ! » S'exclama-t-elle simplement, s'éloignant de son muret, elle attrapa la main de Raymar en même temps, tirant sur celle-ci pour l'attirer à elle et l'obliger à la suivre. « J'ai envie de pêche au miel ! Avec une tarte aux fromages et aux oignons... », il fallait admettre que si elle devait garder un bon souvenir de leur passage à Port Réal, la cuisine en faisait largement partie ! Elle se sentit petit à petit submergé par les émotions, mais tenta, tant bien que mal de garder le dessus sur celles-ci. C'était plus la peine d'insister pour Raymar, s'il souhaitait des réponses ce ne serait pas aujourd'hui qu'il les aurait, aujourd'hui, il aurait seulement le loisir d'observer que l'appétit de la jeune femme n'avait absolument pas souffert de sa "maladie". Tentant, tant bien que mal, de prouver au Chevalier qu'elle était en parfaite santé. Mais sa route fut barrée par le Mestre de la maisonnée qui observa la jeune femme d'un œil critique, Aiyana avait la sensation qu'absolument tout le monde la soupçonnait de quelque chose.

Son regard se posa sur ce que vieux sage tenait entre ses mains alors qu'il allait commencer à s'adresser à Raymar en lui tendant une lettre, la sauvage ne put s'empêcher de l'attraper simplement d'un geste vif.

« Qui peut bien écrire à Ser Raymar Templeton... » Elle jeta un regard à Raymar pour être certaine qu'elle ne s'était pas trompée de mot en employant le mot "Ser". Observant le cachet qui fermait cette missive, elle tenta de reconnaître le blason. « C'est un cerf...C'est...Ça vient de Port Réal ! » son regard se fit plus suspicieux en observant le chevalier, prise d'un doute, elle regarda le Mestre en cherchant à savoir si elle ne s'était pas trompée. Elle s'écarta en tendant la main derrière elle pour éviter que son amant ne lui prenne la lettre. « Laisse-moi la lire... Que tu puisses juger de mes progrès ! », elle commença à ouvrir ladite lettre en observa Raymar « A moins que t'ai quelque chose à me cacher... »

Mensonge par omission

Son regard fixa une seconde le Mestre en percevant certain de ses murmures, retenant une terrible envie de lui sortir sa collection complète d’insulte favorite. Sous l’œil sage de Raymar, elle n’en fit rien pourtant, probablement trop attirée par la lettre qu’elle tenait entre ses mains. Alors qu’il l’invitait à la lire, lui rappelant que si quelqu’un avait laissé des secrets à Port Réal, se serait plutôt elle que lui. Il n’avait pas tort, loin de là. Observant une seconde le chevalier, elle finit par reposer son attention sur le papier qu’elle ouvrit pleinement. Posant ses yeux sur le dessin des premières lettres.

« A Ser Raymar Templeton, Chevalier de Fort-Etoile, » Ca c’était facile, probablement parce qu’elle avait souvent vu ces mots. Esquissant un sourire de fierté, elle continua sa lecture. « Cher Raymar, » elle jeta un bref coup d’œil au chevalier, s’il y avait bien une chose qu’elle avait apprise c’est que commencer sa lettre de la sorte supposait que le destinataire et l’auteur se connaissait très bien. Piquée par la curiosité, elle poursuivit : « Voilà près d’une année que nous n’avions plus co…Corrrrr… » Elle soupira, l’exercice était plus difficile qu’elle ne l’aurait cru mais elle n’était pas prête à laisser tomber. « Corrrespondu ! » un autre coup d’œil à son amant « et j’imagine bien votre inquiétude à mon égard. Permettez-moi de vous rassurer, messire, je vais bien. »

Elle s’éloigna alors de Raymar, piquée la curiosité, elle était loin d’imaginer que derrière ces mots ce n’était pas une femme qui se cachait mais un autre homme.

« Je ne vais pas vous raconter mes pérpitéties…Mes periptétie…Mes péripétie ! dans cette lettre, j’attends pour cela notre prochaine rencontre mais soyez assuré que je ne cours pas de danger. » Elle se permis un commentaire « une autre demoiselle que tu aurais sauvé des griffes de la mort ? Celle là aussi tu l’as mise dans ton lit ? »

S’éloignant de plus belle pour empêcher le chevalier de lui reprendre la lettre, elle continua.

« Je suis arrivé ce matin à Port-Réal, avec le Prince Oberrryn Martell et sa nièce, la Princesse Arianneuh. Cela va sans doute vous surprendre mais suite à des circonstances que je vous expliquerai en temps voulu, la princesse et moi-même sommes fiancés »

Elle marqua une pause à sa lecture, se rendant compte de sa méprise en comprenant la dernière phrase, elle ne put pourtant pas s’empêcher d’émettre un autre commentaire.

« Ah non…Celui-là à pas fini dans ton lit…Enfin j’espère… »elle se racla la gorge. Observant ensuite la longueur de cette lettre, elle soupira « Vous les nobles vous écrivez autant que vous parlez… » Lisant la lettre « J’ai fait la rencontre de mon père, bla bla bla bla… Je me devais cependant de la partager et avec qui d’autre que celui qui fut un second père pour moi ? »

Son cœur se pinça une seconde, non seulement en entendant quelqu’un décrire Raymar comme un père mais en se rendant compte de qui était l’auteur de cette lettre. Finissant par simplement tendre la lettre à l’homme qu’elle aimait, il lui semblait étrange à présent de lire celle-ci. Elle patienta quelques minutes, qui lui semblaient devenir une éternité, attendant qu'il finisse cette lettre. Elle n'était pas idiote, avait lu les mots Port-Réal et maintenant qu'elle se trouvant devant une occasion rêvé d'être séparée de Raymar, cette idée sembla soudainement la clouée sur place.

« Tu vas devoir repartir c'est ça ? »

Mensonge par omission

Elle observa le chevalier, découvrant une facette dont elle ignorait l’existence. Pendant une seconde, face à son bonheur, elle entrouvrit la bouche prête à lui balancer ce qu’elle avait à lui dire mais les mots ne sortirent pas de sa gorge. Se détournant de lui avant qu’il ne remarque son trouble, elle lui demanda simplement s’il allait devoir s’en aller une nouvelle fois. Il ne tarda pas à lui demander si elle souhaitait l’accompagner, et devant cette simple question, le doute persista en elle. L’accompagné s’était prendre le risque qu’il finisse tôt ou tard par se rendre compte de quelque chose. Elle savait le temps que prendrait ce voyage et pourtant. Elle se pinça les lèvres, au-delà de l’appel de la nourriture, le doute continuait à persister. L’occasion rêvée se présentait à elle et maintenant qu’elle l’avait à portée de main, elle hésitait.

« Je… »

Les pensées s’emmêlait dans son esprit, ce n’était pas cette solution là qu’elle voulait. Ce qu’elle voulait, c’était qu’elle, elle parte. Qu’il reste ici, dans un endroit où elle le savait en sécurité, le laisser partir seul à Port Réal lui semblait être un risque qu’elle ne prendrait pas. En voyant le chagrin qui meurtrissait la suzeraine du Val, elle n’était pas prête à vivre pareil douleur. Mais partir avec lui…Elle secoua la tête, se retrouvant devant une situation à laquelle elle ne s’était pas attendu. Elle se pinça les lèvres, fixant Raymar, la lettre. Lui dire la vérité lui semblait être impossible. Rien de bon n’en sortirait, elle en était certaine, si elle ne doutait pas du bonheur qui pourrait ressentir en apprendre ce qu’elle lui cachait, il était clair pour elle que cette histoire finirait tôt ou tard par les blesser tous les deux.

« Je ne veux pas te laisser partir seul… » Elle détourna les yeux. « Mais Ashara sera seule ? » bien que leur suzeraine se terrait dans cette solitude sans leur aide, elle semblait une excuse parfaite pour expliquer sa soudaine hésitation.

Mensonge par omission

Elle ne put s’empêcher de laisser un rire s’échapper de ses lèvres lorsqu’il lui assura qu’Ashara Arryn ne courrait aucun danger, surtout entouré par sa Garde Ailée.


« J’ai le vague souvenir d’une réunion où j’ai, me semble-t-il, sauver la vie de notre suzeraine » Elle fronça les sourcils « la pièce était pas remplie de garde ailée ce jour-là ? ». Elle soupira, elle savait qu’à l’époque la situation n’était probablement pas la même et entre cette fameuse attaque et aujourd’hui, elle avait elle-même éliminé l’un des plus grands dangers mais au fond…Personne n’était à l’abri, nulle part.

Acquiesçant simplement au dire du chevalier, elle observa quelques secondes la main de Raymar qui avait attrapé la sienne. Elle pouvait ressentir tout le bonheur qu’il ressentait sans pour autant partager celui-ci en cet instant précis. Déglutissant avec une certaine difficulté, tout cela la dépassait entièrement. Ce qu’il avait élevé était un prince, ce qu’elle avait à offrir à côté était dérisoire. Plus il parlait et plus les perspectives d’avenir pour eux s’assombrissait. Plus que jamais persuadée que rien de bon ne conclurait cette histoire. Elle leva les yeux sur lui, croisant son regard et son sourire. Une profonde et intense jalousie venant noyer son cœur. Les mots mariages et familles n’aidèrent en rien à calmer les émotions contradictoires qui la submergeaient. Elle fronça les sourcils.

« Non »

Dit-elle simplement, elle ne pouvait pas comprendre.

« Ouvre les yeux Raymar, ton frère a toujours eu raison, je n’apporterais jamais rien de bon. Tu parles mariage et famille, je me souviens encore de cette réunion où il était presque questions de tuer des enfants sous prétexte qu’ils étaient des batards comme on noie des chatons. »

Elle s’éloigna de lui.

« J’aurais aimé pouvoir rêver avec toi mais à chaque fois que j’ai essayé de prouver ma valeur...J’ai récolé le respect de certain mais je vois encore le mépris des autres » elle désigna la direction où le Mestre avait disparu « Lui ou l’autre imbécile de Crrrrreighton. Ce sera toujours comme ça, et je souhaite ce mépris à personne, ni à toi, ni à l’éventuel enfant qu’on pourrait un jour avoir alors oublie tes envies de mariages, de familles et profite de ce que tu as. N’en demande pas plus… »

Elle s’était probablement emballé, s’en rendant compte que maintenant. Elle passa une main sur son front, tentant de trouver un moyen de changer de sujet. Elle balança une main en direction de la lettre.

« Il a besoin de toi alors…Je…Je te laisse régler ça avec Ashara » elle savait que parler de la suzeraine ainsi était probablement mal vu mais Aiyana n’avait jamais été capable de l’appeler par Lady Arryn autrement qu’en se moquant d’elle, maintenant qu’elle posait un tout autre regard sur elle, la moquerie n’existait plus et par conséquent, il lui était impossible d’utiliser son titre pour la désigner. « Je vais préparer nos affaires »

Insistant légèrement sur le "nos" pour répondre à sa question initial, oui elle viendrait avec lui. Elle ignorait encore comment elle allait gérer la situation mais elle se débrouillerait. Jusqu’à présent elle s’était toujours bien débrouiller.