Suite du rp : Le pouvoir de la rue

Lancehélion était la ville westerosi la plus semblable aux cités libres. Certains disaient même que le Dorne tout en entier n'était qu'un prolongement d'Essos sur le plan de la culture et de son économie. C'était peut être pour cette raison les Targaryens n'avaient que pu intégrer ces terres dans le royaume par un mariage, après des multiples échecs militaires. Dorne, c'était une terre sauvage et indomptable comme une femme dothraki. On ne pouvait pas gouverner par la force ici. Les Martells avaient survécus aux dragons en multiple occasions et su savoir être patient quand on les avait humiliés et heurtés. Ils attendaient alors dans l'ombre de la roche comme un serpent avant de frapper en temps voulu leurs ennemis.

Deux navires braavosi se lançaient à travers les flots. Depuis trois semaines Aryos et Isendre voyageaient sur l'océan en s'éloignant des dangers de Port royal et des événements qui avaient eu lieu sur le toit du Septuaire de Baelor. Aryos n'avait pas reçu de réponse de son père à sa lettre ce qui l'inquiéta fortement. Ce ne pouvait pas être un bon signe. Habituellement les réponses ne tardaient pas de venir. Ceci pouvait que signifier une chose : son père était trop occupé par gérer les conséquences de l'attaque sur le plan politique. En était-il venu à la conclusion que c'était un méfait des Lannisters ? Ou avait-il des sources d'information permettant de savoir ce qu'il en était vraiment derrière ce « brigand ».

Au loin on pouvait voir les contours de Lancehélion. L'odeur salée de l'océan se mélangeait au parfum de la cité australe qui fut amené par les vents dans l'océan. Ce n'était pas l'odeur de grasse, saleté et de déchets mais celui d'épices, poissons et viandes cuits. C'était déjà un changement notable par rapport à une métropole comme Port royal qui s'écroulait sous le poids de sa propre population. Plus le temps passait, plus les navires s'approchaient de la cité en dépassant des navires de pêche ou en croisant des navires de commerce partant depuis la cité solaire en direction d'Essos ou du Nord. Parmi les navires partants se trouvaient même des vaisseaux portant les couleurs de Braavos.

Ils arrivaient enfin aux quais de la capitale du Dorne. Les marins lançaient les cordes pour amarrer les navires au port et on engageait à manœuvrer les navires vers le quai. Quand Aryos débarqua avec Isendre du navire et posa à nouveau ses pieds sur le sol, ils pouvaient respirer pleinement les milles odeurs de Lancehélion. L'air était d'une pureté rare pour une ville de cette taille. Le seul inconvénient était le Soleil qui frappait de pleine force ces contrées et qui rendait l'air sec et lourd. Aryos était habitué à ce climat depuis son adolescence dont il avait passé une partie sur les terres de Dorne. Mais il n'était pas certain qu'Isendre n'aurait pas quelques difficultés de s'adapter...quoique, ce jeune était tellement plein de ressources qu'il le verrait capable d'embrasser rapidement le style de vie des Dorniens. Aryos sentit alors le besoin de savoir comment se porter Isendre.

« La chaleur ne te fais pas trop souffrir ? »

Les marins commençaient à décharger des caisses depuis le navire et on pouvait entendre le bruit de chaînes qui étaient entra d'être enlevés au éléphant situé dans le cœur du bateau. Si Lancehélion n'était pas habituée à ces bêtes, les gens en avait bien plus de connaissance que la population de Port royal et de Beaumarché. On voyait que très rarement ces animaux ici mais on était capable d'en reconnaître un. Le commerce avec les cités libres n'était pas seulement un échange de biens mais aussi d'histoires et d'idées. Les récits sur les animaux exotiques en faisait partie et bien d'intellectuels n'hésitaient pas d'en faire des recueil de la faune et flora du monde en s'appuyant sur le récit des marchands qui passaient par la ville.

Alors qu'Aryos et Isendre faisaient quelques pas sur le quais, un homme arriva auprès eux. Il portait des vêtements dorniens mais avait la peau noire. Un homme des iles d'été sans aucun doute en jugeant sur sa peau. Aryos connaissait cet homme et fut plus que surpris de le voir ici à Lancehélion. Que cherchait-il ici ? Pourquoi le maître d'espion de son oncle était ici alors qu'en temps normaux, il devait se trouver à Lys? Il pouvait qu'avoir une seule raison : son oncle s'était déplacé au Dorne, chose qui était surprenante vu qu'il avait l'habitude de rester sur Essos et surtout entre Lys et Volantis. Autrement la présence de cet homme ne pouvait pas avoir d'explication. Le maître s'inclina devant Aryos et Isendre.

« Aryos Tarnos, c'est un plaisir de vous voir. Et vous devez être le seigneur Isendre ? Je suis désolé de devoir interrompre temporairement votre voyage si abruptement mais votre oncle désire vous parler, Aryos. Vous ne devez pas ignorer que les événements à Port royal sont bien plus graves qu'attendus. »

Ainsi donc il avait eu raison. Son oncle Iton était ici et ce ne fut pas une bonne nouvelle.

« Bien, je pense donc qu'il serait impoli de le faire attendre. »

Se tournant vers Isendre, il lui dit sur un ton calme.

« A mon avis, nous pouvons nous permettre de laisser attendre la visite de la ville. Il est de toute façon temps que tu rencontres un de mes parents. »

Il pouvait avoir qu'une raison pour cette convocation. L'incident à Port royal prenait des proportions sérieuses et son oncle voulait le parler en personne. Que pouvait bien penser son père en lisant le rapport ? Et son oncle ? Il fallait qu'il tente de garder la situation sous contrôle donc éviter que des accusations dangereuses soient émises à partir de ce qui pour le moment était un incident plein de mystères. Il suivit alors l'émissaire d'un pas tranquille en direction de la demeure de son oncle.

C'est ainsi qu'Isendre et Aryos se mirent en marche à travers les rues bondées de Lancehélion. Il fallait se frayer un chemin à travers une foule multicolore et hétéroclite. Des gens de toutes les couleurs, vêtus de mille façon et parlant cent langues formaient des groupes devant des stands ou les vendeurs marchander les prix. Aryos était légèrement nerveux car il ne savait pas ce qui les attendaient exactement chez son oncle. Sa présence ici était des plus inquiétantes, c'était las seule chose de sûre. Le maître des espions les conduisaient à travers le dédale de rues avec une aisance et surtout certitude rassurante. Au moins lui, il savait ou ils allaient. Aryos n'avait pas envie de se perdre dans la cité.

Après une vingtaine de minutes de marche, ils arrivaient dans un quartier plus calme, aux rues pavées et amples. Des villages jonchaient l'avenue avec à chaque entrée des gardes et des serviteurs qui sortaient et entraient. Montant l'avenue, ils arrivaient devant une grande ville entourée de haies et ou se tenaient à l'entrée des soldats à la peau cuivré et en armure orientale. Aryos les reconnus sur le coup. C'était des immaculés. Son oncle avait pendant une dizaine d'année conduit une troupe de mercenaire au service d'Astapor et la Nouvelle Ghis. Ceci lui avait permis de nouer des contacts très fructueux. On disait qu'en son temps, il était capable de monter une armée en moins d'un mois et la conduire au combat. Iton Tarnos était le fils guerrier et aventureux de son grand-père. Certains disaient qu'il lui ressemblait mais il ne pouvait pas partager cet avis. Mais les années avaient passés et le jeune guerrier était devenu un vieil homme dont la vivacité d'esprit était connue et crainte par tous. Il avait toujours su trouver les bonnes personnes pour le bon emploi et possédait donc un pouvoir redoutable de s'entourer de gens hautement talentueux.

Ils franchisaient l'entrée pour traverser un petit jardin soigné mais sans rien de plus. C'est uniquement en entrant dans la demeure, qu'on pouvait constater les aspects uniques de la ville. Dans le hall d'entrée, on pouvait admirer des murs ornés d'armes de tout type, allant du simple bouclier à une étrange lance longue d'au moins six mètres. Le maître d'espion invita les deux à le suivre et après avoir traversé le hall, ils arrivaient dans l'atrium. L'atrium était une salle formé d'une galerie à colonnes formant un carré ou on centre on avait une ouverture carrée. C'est pour cette ouverture que l'eau de pluie tombait dans un bassin qui servait à rafraîchir cette pièce. Comme la pluie tombait rarement, on ravitaillait le bassin par un système hydraulique. Au cœur du bassin se trouvait une statue d'un esclave sur un rocher brisant ses chaînes et crachant de l'eau de sa bouche, eau qui ruisselait vers le bassin. D'autres statues d'hommes et femmes, plus simples et petites, ornaient des absides dans les murs de l'atrium. La décoration plus somptueuses contrastaient avec le style de la demeure des Tarnos à Braavos même si à part les statues, tout restait très sobre.

Le maître d'espions s’éclipsa en quelques secondes, laissant les deux seules. C'est alors qu'une jeune femme arriva à travers une des portes donnant sur l'atrium. Elle portait une robe en soie bleue moulante et ses cheveux noirs descendaient en cascade sur ses épaules. Observant les deux invités, elle afficha un sourire à la vue d'Aryos.

« Ah cher cousin, quel bonheur de te voir ! »

Elle s'approcha de lui et lui fit la bise. Elle se retourna alors vers Isendre.

« Et vous devez être le seigneur Isendre ! Mon père vous attends déjà. Il désire vous parler en privé. J'espère Aryos que ca te fait pas d'attendre. Tu connais mon père, il aime faire causette avec les étrangers. Tu pourras lui parler ensuite. »

Aryos était surpris. Pourquoi son oncle voulait parler avec Isendre ? Ceci l'intriguait profondément mais il n'avait pas trop le choix. Il ne pouvait pas s'opposer à cette décision même s'il aurait bien voulu. Sa cousine saisit la main d'Isendre et le conduit vers la chambre ou attendait son père. Au centre d'elle se trouvait deux sièges en bois d'ébène avec des cousins rouges. Un homme, haut de stature, l'attendait. Les cheveux coupés courts et gris couvrait un visage ridé et marqué par des cicatrices témoignant d'une vie de combat. Une barbe courte couvrait le bas du visage. Il était habillé dans une tunique rouge brodé avec des fils argentés et un pantalon large couvrant des sandales en cuir brun foncé. Au détriment de son âge, il restait chez cet homme encore une ombre de la vigueur juvénile qui l'avait marqué d'antan. Il sourit quand il aperçut Isendre.

« Soyez le bienvenu dans ma demeure, Isendre Rivers ou devrais-je dire seigneur ? Mais je pense que nous savons tous que cette politesse ne fait pas l'unanimité à Westeros. Prenez place. »

Iton s'assit sur le siège libre et tendit sa main vers une table basse sur laquelle étaient déposés des gâteaux au citron et du thé de lavande. Le vieillard saisit un bol de thé et bu une gorgé.

« N'hésitez pas de vous servir. Soyez sans crainte, mon neveu est en sécurité ici et je n'ai encore jamais empoisonné mes invités..au moins pas ceux qui ne le méritaient pas. »

Il marqua un instant de pause avant de continuer.

« Je me suis permis de m'informez sur vous et je dois avouer que vous êtes quelqu'un d'intéressant. Et quand je dis intéressant, ceci signifie que j’aperçois en vous des capacités que peut être vous-même ignorer. Je suis heureux de voir que mon neveu a hérité mon bon sens pour les hommes. »

Il reprit une gorgée de thé et saisit une assiette avec une pièce de tarte qu'il tendit à son invité. Son visage se durcit alors même s'il garda un sourire de circonstance.

« Hélas, je vais devoir être un peu rude. J'espère que vous comprendrez que j'agis sous des contraintes d'une ampleur extraordinaire. J'ai été informé que vous et Aryos avait été attaqué à Port royal par un brigand dans des circonstances plus que mystérieuses. Il existe hélas en vue de ces circonstances que deux explications possibles. Et je dois donc vous demandez une question qui exigera une réponse parfaitement honnête de votre part. Sachez que ce que vous me direz restera ici et que vous aurez rien à craindre. Il faut connaître la vérité et tout mensonge de votre part peut avoir des conséquences dramatique pour beaucoup de gens.

Selon ce que je sais, vous avez le sens de l'honneur. Je vous demande donc de me répondre sur cet honneur. Est-ce que vous avez organisé cette attaque d'une quelconque façon pour impression mon neveu ? Pour être plus précis, avez-vous payé un brigand pour qu'il fasse une mise en scène d'une attaque à fin de convaincre mon neveu de votre utilité ? »

Une seconde de silence se suivait avant qu'Iton reprit.

« Sachez que je ne portes aucun jugement moral. La jeunesse est source de bien de hardiesse et nous les vieux devons nous montrer clément envers ces faux pas. Sachez que si ceci serait le cas, que ceci ne compromettra aucunement votre avenir dans notre famille et ca restera à jamais notre secret. J'ai juste besoin de savoir. Je voudrais bien dire que j’exagère si je dirais que des milliers de vies sont en jeu. Hélas, je ne le peut pas.»

Iton posa sa main sur l'épaule d'Isendre dans un geste qui se voulut paternel. Son visage prit la douceur d'un grand-père envers un petit-fils qu'on suspecte d'avoir fait une bêtise.

Isendre s'était levé si rapidement et avec une telle violence que l'assiette avec la tarte tendue par Iton vola dans l'air et atterit sur le sol en marbre. Le vieil homme observa le gâteau étalé sur le sol avec un regard de simple regret comme s'il voudrait dire : quel dommage. Mais il retourna ses yeux à Isendre qui se leva avec sa lance. Le moment même, des gardes entraient dans la salle et furent arrêtés par un signe de main d'Iton. Il avait connua ssez de combats pour savoir qu'il ne courrait nul danger. C'est alors qu'il écouta bien religieusement la réponse outragée d'Isendre. A la fin, il ne put pas s'empêcher d'éclater de rire et de proclamer.

« Ah, voila la réaction d'un vrai soldat! Décidément, vous me plaisez bien. »

Son rire cessa et il reprit son calme.

« Je vous prie de bien vouloir m'excusez de vous avoir fait subir cette tourmente mais ce fut, hélas, nécessaire. Les enjeux sont si grands. Je vous prie, asseyez-vous, nous avons encore bien de choses à discuter et je pense que vous méritez certaines explications. »

Il attendit quelques instants et prit une autre assiette pour y déposer une tranche de tarte au citron et tendreau jeune Rivers dans une seconde tentative.

« Goûtez-en, ce serait dommage que vous quittez le Dorne sans goûter à cette délicatesse. »

Il posa l'assiette près d'Isendre et prit un ton plus sérieux. De toute façon, il ne désirait pas forcer son hôte à manger et boire. Certains n'en sentait pas le besoin. Désormais le temps semblait venu aux yeux d'Iton pour offrir quelques éclaircissement au garde de corps.

« Vous devez savoir que l'attaque que vous avez subi à Port royal n'a rien de normal. Qu'un brigand poursuive un homme jeune et sans richesse apparente avec un garde de corps est déjà peu probable. Mais en plus qu'il les suive à travers des couloirs connus par que quelques uns vers le toit d'un sanctuaire, ça frôle le roman de chevalier et de brigand. A ceci s'ajoute que le fait que l'attaque n'ait pas eu lieu au début de votre présence sur le toit laisse supposer que la personne en question est venue plus tard et donc devait avoir de l'aide d'espions. En somme, l'attaque semble avoir été organisée à plus grande échelle et donc s'apparente à une attaque d'un agent payé et soutenu par quelqu'un avec des moyens et des connaissances larges. Nous avons cherché plusieurs pistes et nous savons que l'attaque ne vient pas d'Essos. Les rivaux que nous avons là, n'ont aucun intérêt à une telle attaque sur un cadet de la famille en plein territoire étranger. La question est maintenant : qui est coupable ? J'aurais hâte de connaître vos suppositions à ce sujet. Un homme comme vous a dû se faire quelques idées, surtout que vous connaissez Westeros bien mieux. »

Iton n'était pas entièrement sincère avec Isendre sur cette question. Il avait une idée très précise sur qui pouvait être derrière l'attaque mais pour une étrange raison, il désirait connaître l'avis de ce jeune garde de corps plein de potentiel. Pour lui, il pouvait avoir qu'un seul coupable : les Lannisters. Ils avaient le motif : vouloir affaiblir la Banque de Fer alors que les choses se compliquaient pour eux à Westeros en s'attaquant à ceux qui pouvaient fournir à la Banque des nouveaux moyens conséquents ; le précédent : leurs crimes contre la sœur du Prince de Dorne et les moyens : Cersei et Tywin étaient à Port royal avec des centaines de manteaux rouges. C'était suffisamment vicieux pour être un plan de Tywin mais son accomplissement bancal laissait supposer que c'était plutôt la Reine qui était derrière ça. Qui autre pourrait avoir un intérêt à une telle attaque ? L'autre option, une mise en scène d'Isendre et d'un brigand solitaire étaient désormais définitivement écartés. Mais c'était pas la seule chose que voulait savoir Iton.

« Bien évidemment le nom du coupable importe finalement pas beaucoup car la question majeure reste à savoir comment réagir. Mon frère pense qu'il faudrait oublier l'affaire mais pour ma part je pense qu'il faudrait envisager des actions plus conséquentes contre les auteurs de ce crime. Peut être même des actions extrêmement radicales si nécessaire. Qu'en pensez-vous ? Quelle devrait être notre réaction ? En tant que garde de corps, vous faites presque partie de la famille. Vous avez donc d'une certaine façon aussi voix au chapitre surtout que vous êtes aussi victime dans cette affaire. »

Il se tut, laissant à Isendre le temps de répondre. Au fond de lui, Iton était entra de réfléchir au sujet d'Isendre. Ce jeune homme était certainement plein de ressources et peut être que le rôle de simple garde de corps n'était pas une solution durable. Dépendant de ses réponses et s'il s'avérait vraiment loyal, rien pourrait s'opposer à lui confier une mission plus importante. Il était natif de Westeros, avait du sang de noble et était selon ses rapports assez instruits pour ne pas échouer lamentablement dans une cour. Si une guerre s’annonçait avec les Lannisters, il serait urgent de forger des alliances à Westeros et pour ceci, il était nécessaire d'avoir des ambassadeurs fiables et capables de convaincre et jouer dans les cours des sept royaumes. Mais ceci n'était qu'une idée parmi d'autres. Le destin des hommes pouvait si rapidement changer et il voyait aussi chez Isendre des qualités militaires intéressantes.