« - Amuse toi ! C'est un Stark qui te l'ordonne. »

Jon Omble ayant déjà scandé le nom de son honorable maison et de son très imposant château, il ne vit pas l’intérêt de reprendre et se contenta de regarder Lord Bolton avec un sourire narquois, tout à fait content de son effet et du fait que personne ne l’ait suivit, une preuve encore que les écorcheurs n’était pas les nobles les plus appréciés du Nord, c’était le moins qu’on puisse dire, et Lard-Jon était de ceux qui le détestait le plus. Et il n’avait que faire de cette jeune rouquine dont il ne savait rien, même s’il n’aurait certainement pas laisser qui que se soit lui faire du mal sous le toit de ses suzerains.

Le silence devenait pesant et personne n’osait plus manger ou rire, même les bruits de choppe qu’on pose ou d’assiette qu’on racle s’étaient tus. Le silence donnait à la Grande Salle de Winterfell des airs de crypte hantée, le vent au dehors hurlait à en réveiller les Autres et la pauvre Hermine debout parmi tous ses inconnus, se sentait épiée par des yeux lugubres. Ainsi voyant sa petite protégée plus que mal à l’aise, presque tremblante, la chef de la troupe, en quelques gestes ordonna aux musiciens de remettre de l’ambiance, mais dès les premiers bruits, la musique était inaudible. Très vite dans une grande cacophonie de fausses notes plus ou moins stridentes, ils s’arrêtèrent et essayèrent de comprendre d’où venait le problème, sans comprendre tout de suite que l’huile versée dans les instruments avait fait du dégât. La vieille actrice qui menait son monde à la baguette fronça les sourcils, mais il était hors de question d’offrir à ses illustres hôtes un tel spectacle. Elle frappa donc des mains pour appeler ses danseuses qui se mirent à tournoyer dans la pièce en faisant voler leurs robes colorées. Toutes sauf Hermine qui était figée par la peur.

Mais bien vite, Hermine fut attrapée par le bras par une des ses collègues et repris son travail, mais avec nettement moins de grâce qu’auparavant. Elle avait la nausée, et danser n’arrangea rien, tout tournait bien trop vite, elle perdait la notion de l’espace. Son amie, pensant qu’elle arriverait désormais à danser seule la lâcha après quelques tours de salle. Totalement déséquilibrée la jeune fille fit quelques pas mal assurée et tomba sur quelqu’un. Elle leva alors les yeux vers le visage de l'homme sur lequel elle était tombée et reconnu immédiatement celui qui lui avait glacé le sang malgré des mots somme toute plutôt gentils. De peur, tout en essayant de s'excuser, au lieu de sortir des mots, elle vomit sur les chausses de… L’écorcheur.

« Pardon messire, pardon… Je vais essuyer… Je… » Elle n’avait pas le droit de salir sa robe, c’était une robe très chère et elle n’aurait jamais les moyens de la rembourser, catastrophe ! « Il me faut un torchon… Je… je vais essuyer… » N'osant pas se relever, toujours à genoux devant lui, ses mains tremblaient… en réalité pas uniquement ses mains, tout son corps était pris de frémissements terrifiés et de sueurs froides.

Pendant ce temps, les jeunes filles dansaient et personne ne faisait plus attention à elle, Lord Omble ayant repris ses activités de beuverie car la danse avait fait son effet et remit du baume au cœur à la salle. Quand aux musiciens ils avaient compris ce qui s'étaient passés et hurlaient à l'attentat, mais la chef de troupe les fit taire et, en l'absence de responsable adulte cherchèrent ceux qui avaient bien pu faire ça. Elle trouva une jeune garçon qui sortait des cuisines, un serviteur vu ses vêtements, elle le prit par la main avec véhémence et l'amena devant la table d'honneur pour demander réparation. L'enfant criait son innocence, mais le coupable n'était pas loin, assumerait-il sa faute ?

Spoiler:

Luna étant partie aussi vite qu’elle était venue, avec un homme dont l’identité ne m’intéressait guère, je demandais à Hodor, de me ramener à table, pour m’assoir. De nouveau blasé de la vie, c’est une main sur le menton, le regard ailleurs, que j’écoutais, sans vraiment y prêter attention, la chanson à laquelle toute l’assemblée participa, pour terminer avec certaines tensions. C’est un soupire désabusé qui s’échappa de ma gorge, alors que le silence régnait dans la pièce. Sérieusement ? Qu’est-ce que je fais là ? Avec Arya, on aurait rapidement trouvé une solution pour déserter la fête, mais les temps ont changé. Où sont Mère et Robb dans un moment pareil ? D’ailleurs, Jon n’était toujours pas arrivé. Fronçant les sourcils, je ne pouvais pas m’empêcher de trouver ces absences suspectes. Espérons que Lady Stark, n’est pas en train d’étrangler le jeune Snow, ce n’est certainement pas l’envie qui manquait à Mère. Pauvre Jon.

Des bruits de notes stridentes me ramenèrent à la réalité. Immédiatement, je plaquais mes mains sur mes oreilles. Qu’est-ce que c’est que ça ? Même Arya peut joueur mieux, j’en suis sur !!! Les musiciens semblaient bien gênés et regardaient leurs instruments comme s’ils étaient possédés. Ok. Encore quelque chose d’anormal. Cependant, j’admirais leur sang froid. Car loin de se laisser désemparer par la situation, les danseuses tournoyaient, dans de gracieux mouvements, afin de retrouver une certaine bonne humeur dans l’assemblé.

Encore une fois, je retrouvais cet air morne, laissant glisser ma tête, le montant contre la table, en soupirant. Allez bouger ailleurs que vers moi. Foudroyant du regard une des danseuses, celle-ci compris le message et s’éloigna. Jaloux ? Inutile de le cacher, je le suis. Un peu. Mes mains se posèrent sur mes jambes, sans que je puisse ressentir quoi que se soit. Hmm.

Les événements se bousculèrent de nouveau. De l’huile avait été glissé dans les instruments de musiques, d’où les fausses notes et ces sons atroces. Fait, qui quelques mois en arrière m’aurait beaucoup fait rire, et pourtant, même pas un sourire sur mon visage. Un serviteur fut accusé, désigné comme responsable. Alors qu’il clamait son innocence, je réfléchissais à toute vitesse. Qui aurait pu être assez discret pour jeter de l’huile sur leur équipement, sans même se faire remarquer ? Deux noms me venaient immédiatement à l’esprit. Or, Arya était bien loin de Winterfell, et moi-même, je n’ai certainement pas pu bouger de ma place. Donc conclusion, c’était certainement quelqu’un qui avait apprit de ses ainés.

C’est dans le brouhaha que ma petite voix s’éleva, mais tout de même assez forte pour se faire entendre.

« Laissez-donc ce serviteur tranquille. Vous ne pouvez pas l’accuser sans preuve. De plus, ce n’est pas lui qui est responsable de la dégradation de votre matériel. »

Mon regard se posa sur mon jeune frère. Apprends donc de tes erreurs. Si Père était là, il aurait certainement demandé à Rickon de s’excuser. Et en l’absence d’autres membres de la famille Stark, c’était donc mon rôle de prendre les choses en mains. Fais donc ce que Père attendrait de toi.

« … Rickon. Je crois que tu leur dois quelques explications. »

Mais où est donc passé le jeune Bran qui chahutait avec sa sœur, faisant trembler les murs de Winterfell ? Il était sans doute tant de mûrir.

Quand Hermine et son kidnappeur tombèrent nez à nez avec Bard Lake, vous imaginez bien que la rouquine n’avait aucun souvenir de cet homme en particulier perdu dans la masse de tus les autres qui buvaient, mangeaient et riait. Elle avait plus ou moins retenu le visage des enfants Stark assis à la table d’honneur, celui de Lard-Jon qui ne passait pas inaperçu et celui de Roose Bolton qu’elle avait eut l’occasion de voir de très près. Bien qu’elle ait vu ses bottes de bien plus près encore. Mais celui là non. Enfin peu importait à vrai dire, il devait être un invité, comme tous les autres, comme d’ailleurs, celui qui la tenait par le bras. Et elle ne pouvait nier être en tort même si elle doutait de mériter plus qu’une gifle. Peut-être était-ce comme ça dans le Nord ? Cela expliquerait pourquoi elle avait parfois entendu dans la bouche de certains Sudistes que les Nordiens étaient des sauvages, des païens, des fous, des ignares et plein de choses pas très sympathiques. En tout cas, pas un instant il ne lui apparut que le Noble Seigneur pourrait devenir la voie de son salut, et elle avait bien trop peur de toute façon pour demander de l’aide à qui que se soit. Elle se contenta donc de le regarder avec de grands yeux mouillants et de renifler pour essayer d’arrêter de sangloter le temps qu’il passe son chemin.

Le Garde au plastron marqué de l’écorcheur écorché grogna en lançant un regard assassin à l’homme qui l’avait surpris en pleine séance d’intimidation réussie avec Hermine qui était plus que jamais mort de trouille. Incapable de parler ou de se débattre, trop occupée à demander à l’impressionnant combattant ce qui allait advenir d’elle et à se demander comment elle pourrait échapper au pire.
Il ne savait pas trop quoi faire d’autre qu’obéir aux ordres de son Lord, or ils étaient clairs, garder la gosse au chaud le temps qu’il se libère de la fête pour lui faire payer ses bottes souillées. Mais désormais on l’avait vu et ça c’était une très mauvaise nouvelle, il faisait bien ce qu’il voulait à Fort Terreur, mais ici non, de plus il était évident que la rouquine n’était pas consentante. Il jeta un coup d’œil rapide à sa captive, un éclair méchant dans le regard, pour constater qu’effectivement, elle avait le visage mouillé de larmes. Il grogna, se retenant de lui infliger une sévère correction pour ses pleurs inutiles et idiots qui allaient peut-être coûter sa vengeance à son Seigneur. Bard pourrait parler, pas sûr, mais s’il le faisait, c’était la fin du jeu, et un tel jeu dans l’enceinte de Winterfell pourrait couter cher au Bolton et à lui d’ailleurs…
Il ne pouvait pas le tuer, ça ne serait pas discret de tuer un Lord. L’enlever non plus, tout de même, un dans chaque main, Hermine était docile et devait peser quarante kilos toute mouillée, mais Bard était un homme fait, et plutôt grand avec ça et il avait une main prise, impensable. Quand à l’intimider, cela ne serait véritablement efficace qui s’il citait son maitre, et il craignait que cela soit un remède pire que le mal. Il prit donc une mine plus avenante et essaya de trouver les mots pour que le noble passe son chemin et ne se pose plus de questions.

« Je vais m’amuser. C’est une des danseuses de la troupe, j’ai acheté sa virginité à la vieille maquerelle qui les dirige. Elle cache bien son jeu la bougresse avec ces jolis spectacles. Elle pleure parce que je lui ai fait voir mon engin, mais je la payerai en conséquence. » Il se mit à rire. « Vous voulez que je la garde au chaud pour vous ? Si vous me donnez un Dragon d’Or, je vous laisse la prendre en premier. »

Pendant la conversation, Hermine regarda les deux hommes tour à tour bouche bée par ce qu’elle venait d’entendre, mais n’eut ni le courage, ni la force de contester ce qui n’était pas totalement faux, étant donné qu’elle avait parfois exercé ce métier quand la faim était trop prenante et qu’elle n’avait plus d’autres choix.

Spoiler:

Bran ouvrit la bouche, mais trop tard, la gérante de la troupe avait déjà prit ses jambes à son cou après avoir murmuré des excuses et des promesses qu’elles arriveraient à les distraire, même sans instruments. Non ce n’était pas ce qu’il insinuait. Il n’avait en aucun cas dénoncé Rickon pour la remettre à sa place, mais plutôt pour que son cadet prenne ses responsabilités. C’était une blague complètement immature et qui demandait réparation. Mais avant qu’il ne puisse s’expliquer d’avantage sur ce détail, elle s’était déjà hâtée pour de nouveaux préparatifs. Brandon n’était évidemment pas en mesure de la rattraper, et l’idée de demander à Hodor de le porter pour rejoindre la bonne femme le dérangeait. Cet handicape commençait réellement à lui taper sur le système. Il grogna puis attrapa doucement le poignet d’une des danseuses qui passait devant lui. Il reprit d’une voix plus calme.

« Vous direz à votre patronne que je vais m’assurer que les dégâts des instruments soient remboursés. Je m’y engage personnellement. »

Et bien alors petit gars, depuis quand réagis-tu avec autant de maturité ? Bran s’étonnait lui-même en fait. Peut-être que cet « accident » dans la tour, lui avait permis d’ouvrir les yeux et de comprendre que la vie n’était pas toute rose. De grandes responsabilités l’attendaient, et il ne pouvait plus se permettre de réagir comme un enfant. Bien qu’il regrette sincèrement le temps où il se chamaillait avec Arya, qui lui semblait maintenant si lointain. Comme si toute son enfance s’effaçait peu à peu pour ne laisser place qu’à la cruauté de la vie et de ses enjeux.

Le jeune brun baissa donc le regard sur son frère, le visage fermé, prenant la parole d’une voix sèche, avec une pointe d’autorité.

« Rickon, soit en sur que j’en parlerais à Robb et que cette histoire ne s’arrêtera pas là. »

Evidemment, Rickon n’est qu’un enfant, il ne peut comprendre les conséquences de ses actes sur la troupe et de l’importance de leur métier, autant pour elles que pour eux. Ce qui n’empêcha pas Bran de tourner le dos à son frère, sans plus lui adressé un mot, mettant donc un terme à la conversation, pour le moment. Comme on dit, on punie les gens par le silence.

Puis son attention fut détournée par une nouvelle entrée, celle d’une famille qui s’assit à une table, un peu en retrait dans la pièce. Parmi la nouvelle bande, il y avait une fille. Une petite fille qu’il n’avait pas revu depuis un bon moment, sans pour autant l’avoir oublié. Ou du moins, il n’avait pas accepté de recevoir ses visites malgré ses nombreuses demandes. Pourquoi ? La honte qu’elle le voit handicapé, dans l’impossibilité de se déplacer et de toutes les autres conséquences qu’il y aura dans son avenir. Un avenir qui sera commun à Thylane. Et aujourd’hui, cette perspective ne l’enchantait guère. Il regrettait que son père ait accepté il y a fort longtemps qu’elle soit sa promise. Comprenez bien que Bran adore Thylane. Et bien qu’il ne l’avouerait jamais, plusieurs fois, il avait imaginé quelle vie ils auraient, une fois adulte. Et il savait qu’elle était la fille qu’il lui fallait. Gentille, douce, discrète. Comment pourrait-on se disputer avec elle ? Pour lui, Thyl était tout simplement un cadeau tombé du ciel. Jamais il n’avait vu de personne aussi douce. Cette fille est un miracle. Mais maintenant qu’il était infirme, il n’allait que ruiner les espoirs de la fillette. Jamais il ne pourrait lui donner ce que la plupart des femmes veulent une fois adulte. C’était bien triste qu’à son âge, Bran pense déjà à l’absence de famille dans un futur avenir. Il n’aura jamais de descendance. Oui, le jeune Stark avait déjà réfléchit à toutes les conséquences de son infirmité.

Donc, il avait tout fait pour éviter Thylane et il y était arrivé … jusqu’à aujourd’hui. En la fixant, elle qui était maintenant dans la même pièce que lui, il sentit le rouge lui monter aux joues. Comme à son habitude, elle paraissait toujours aussi mal à l’aise en présence de tout ce monde. Si elle était une souris, elle en aurait certainement profité pour disparaitre dans un trou. Au milieu de tous, elle paraissait si fragile, si petite … On ne pouvait qu’avoir envie de la protéger. Si une part de Bran voulait aller jusqu’à elle, l’autre lui disait qu’il ferait mieux de se planquer, avant qu’elle ne le voit, si ce n’était pas déjà fait.

Le garçon décida donc de détourner son regard de son amie d’enfance et promise, pour se concentrer sur Luna. Sauf que … Luna n’était plus dans son champ de vision. Pourquoi d’ailleurs ? Bran la chercha des yeux dans toute la salle, sans pouvoir mettre l’œil sur son visage. Etrange … Elle avait quitté la pièce ? Une sauvageonne qui se balade dans la forteresse de Winterfell, ce n’était pas un peu risqué ? Autant pour elle que pour eux. Et s’il arrivait quelque chose et que Robb apprenait qu’il avait tout à l’heure reconnu Luna, sans pour autant réagir, qui aurait des ennuis à votre avis ?

Se mordillant les lèvres, Bran leva les yeux vers le géant.

« Hodor, porte-moi s’il te plait. Je voudrais sortir de la pièce …. J’ai à faire. »

Celui-ci ne se le fit pas répété deux fois et porta le garçon sur ses épaules. En quelques pas, il était déjà devant la porte. Bran lança un dernier regard à Thylane l’espace de quelques secondes qui lui paru une éternité puis il disparu dans les couloirs. Le pauvre Hodor du suivre les instructions du petit Lord, qui le fit gambader dans toute la forteresse, passant même plusieurs fois dans les mêmes couloirs, montant et descendant les escaliers à plusieurs reprises. Puis enfin, des voix attirèrent leur attention. Hodor leva la tête vers Bran.  « Hodor ? » C’est bien, tu as trouvé ! Bran acquiesça d’un signe de tête et ils finirent par arriver devant le groupe. La petite danseuse rouquine en larmes, un Lord que Bran semblait vaguement reconnaitre, Loris, qui venait d'arriver, puis enfin un homme de Lord Bolton qui semblait faire des siennes.

« Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? »

Jugeant son autorité inefficace sur les épaules d’Hodor, Bran lui fit signe de le mettre sur le sol. Le géant semblant comprendre et l’aide à mettre pieds à terre puis à tenir debout, en le maintenant un peu contre lui. Voila qui était mieux. Le garçon fixa un par un chaque membre du trio, puis s’adressa à l'homme, objet des peurs de la danseuse, choisissant bien ses mots avant de parler.

« Je rêve ou bien vous terrorisez une jeune femme sous le toit des Stark ? »

Bien dit Bran, bien dit. Mais et maintenant ? Tu penses pouvoir assurer encore longtemps ? Non pas vraiment, l’audace du garçon avait des limites. Il restait physiquement impassible, mais intérieurement il avait la trouille de sa vie. Après tout, il n’était qu’un petit garçon. Mais il ne pouvait pas continuer sa route comme s’il n’avait rien vu, cela il en avait bien conscience. Pour le coup, il avait complètement oublié Luna. Robb …. Se serait peut-être bien que tu arrives, par exemple, là maintenant tout de suite !