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[Port-Réal] Accueil en temps troublés - Flashback [Walda Overton]

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MessageSujet: [Port-Réal] Accueil en temps troublés - Flashback [Walda Overton] [Port-Réal] Accueil en temps troublés - Flashback [Walda Overton] Icon_minitime10.06.15 19:27

Jour 4 - Semaine 4 - Lune 3 - 299
Port-Réal


Malgré l'arrivée officielle de l'automne voici de-là quelques mois, la chaleur de Port-Réal avait toujours le don d'épuiser le jeune homme. Il s'était rendu compte qu'il en avait perdu l'habitude, à force de travailler au sein du Donjon, sans à peine voir la lumière du jour. Tous les chiffres dont il avait besoin lui étaient apportés par directement et Ros se chargeait de l'informer dès qu'un des établissements en ville avait besoin de quelque chose. Il ne regrettait pas tellement. C'était un fait, il préférait encore rester enfermé dans son bureau, les yeux rougies à force de fixer un parchemin à la lueur d'une bougie. Mais tout de même, il y avait des obligations qui ne pouvaient que le forcer à quitter sa tanière, ne serait-ce que pour une demi-journée.

Il avait été informé voilà quelques jours de l'arrivée future de la procession. Ils avaient quittés les Jumeaux il y a quelques semaines déjà, et Ades avait craint à plusieurs reprises qu'un délai s'ajoute au voyage. Le Conflans n'était pas réputé pour sa sûreté ces derniers temps. La lettre avait eu le don de soulager le jeune homme et il avait dès lors organisé tout ce qu'il était possible pour assurer le confort des nouveaux arrivants. Lord Walder n'était pas réputé pour sa compréhension, il prendrait comme une insulte le fait que ses descendants ne soient pas tous bien logés, peu importait leur nombre. Aussi, le Grand Argentier avait prévu large pour qu'un bon nombre de chambre du Donjon soit prêtes à être remplie, ce qui n'avait pas été une mince affaire étant donné la situation actuelle et ce que l'on attendait dans les mois à venir.

Ils avaient quittés le château au matin, traversant rapidement les rues de la ville puante pour attendre la procession dès l'entrée. Le jeune homme avait fait mobilisé une vingtaine de manteaux d'or, pas tant pour protéger les Frey que pour montrer qu'on ne les prenait pas à la légère, une forme de respect en soi. Lui-même n'était accompagné que de son unique garde du corps, colosse en armure noire monté à ses côtés. Ades était donc le seul à ne pas porter d'armure, simplement une tenue grise, adaptée au climat local, aux manches décorés d'or et d'argent qui se terminaient en un échiquier quasi-parfait.

Le soleil tapait fort et il était prêt à parier que sa nuque serait rougie dès la fin de la journée, un bien faible prix à payer cependant. Par chance, le convoi ne se fit point trop attendre, quelques heures tout au plus, alors que le soleil était haut dans le ciel, comme il pouvait le sentir par son cuir chevelu. Il ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur sa promise, comment serait-elle ? Comment aurait-elle pris la décision de son père ? Il avait déjà rencontré Walda, il y a de cela des années et ils s'étaient bien entendus à l'époque. Cela n'avait cependant rien à voir avec une promesse de mariage comme c'était le cas à présent.

Ades s'affubla donc de son sourire le plus affable alors qu'il faisait avancer Nòtt jusqu'à la personne qui commandait la procession de Frey. Le jeune homme inclina faiblement mais poliment la tête, comme on devait l'attendre de la part d'un membre du Conseil Restreint.


- Ser Benfrrey, Olyvar, c'est un plaisir et un honneur pour moi de vous accueillir à Port-Réal. J'espère que votre voyage a été aussi rapide que paisible. Nous ne pouvons que regretter l'absence de Ser Perwyn et Hosteen, mais je ne doute pas que leurs épées seront plus qu'utiles en ces temps.

Son regard vairon passa ensuite sur chacun des membres nobles de la procession. Ils s'étaient fait un devoir d'apprendre le nom des membres de la famille Frey, particulièrement ceux qui étaient susceptibles d'accompagner sa promise. Enfin, ses yeux se posèrent sur les deux jeunes femmes et il fit l'effort d'agrandir son sourire.

- Lady Roslin, j'espère que le climat de la capitale vous plaira, je ne doute pas que la cour ne sera qu'embellie. Lady Walda. C'est un plus grand honneur et plaisir que de vous voir à nouveau. Des appartements ont été réservés pour vous et pour chaque chevalier que Lord Walder nous envoie, si le voyage vous as fatigué. Me ferez-vous l'honneur d'accepter une escorte ?
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MessageSujet: Re: [Port-Réal] Accueil en temps troublés - Flashback [Walda Overton] [Port-Réal] Accueil en temps troublés - Flashback [Walda Overton] Icon_minitime09.09.15 15:53

Le temps avait semblé filer comme une flèche après l'annonce des fiançailles et l'heure était venue pour Walda de faire ses adieux aux Jumeaux et à sa famille. Elle s'était d'abord rendue dans la grande salle afin de saluer une dernière fois son géniteur et Lady Joyeuse. Si cette dernière s'était montrée un peu émue de voir partir la Grêlée, cela ne s'était point révélé le cas pour le Tardif. Celui-ci, voyant les yeux rougis de sa progéniture, n'avait pas dissimulé son exaspération, poussant un bruyant soupir avant de poser son regard acéré sur sa fille.

Ah, tu ne vas tout de même pas pleurnicher ! avait-il lancé. Je t'envoie à la cour pour que tu te maries, pas à l'échafaud ! Je me suis donné un mal de chien pour trouver un parti acceptable qui veuille bien de toi, tu pourrais démontrer de la gratitude au lieu de larmoyer !

Guère offusquée par ce ton, dont elle était accoutumée, l'interpellée avait répondu qu'elle lui savait gré de ses efforts, ainsi que de la confiance qu'il plaçait en elle. Son géniteur eût-il mis moins d'âcreté dans sa réplique, elle lui aurait probablement témoigné quelque affection en cette entrevue, que l'on pouvait supposer la dernière.

Quelques instants plus tard, dans la cour du château, la blonde avait serré dans ses bras Jyanna, Della, Osmund, ainsi que les autres êtres chers qu'elle ne verrait peut-être plus à l'avenir. D'autres étaient présents et, tandis que l'on finissait de charger les malles dans une carriole, mestre Brenett lui avait adressé de chaleureuses paroles ‒ le vieil homme avait vu naître la future épouse, il l'avait instruite et lui avait transmis le goût de la lecture ; comment leur relation aurait-elle pu n'être teintée d'aucune tendresse ?

Bientôt, le cortège s'était mis en branle. Une invasion fer-née paraissant fort probable, bon nombre d'hommes en armes avaient pris part au convoi, parmi lesquels Hosteen, qui était l'un des Frey les plus réputés pour ses talents au combat. Aussi, plutôt que de jouir du confort d'un attelage, Walda et sa puînée avaient chevauché – en cas d'attaque, elle devraient pouvoir fuir les hostilités au plus vite.

Tant que l'on avait pu apercevoir celui-ci à l'horizon, l'aînée avait tourné à maintes reprises le regard vers le Pont, ressassant tacitement ses souvenirs, doux comme amers. Si elle s'estimait bien heureuse de convoler d'ici une lune, elle n'éprouvait guère moins de nostalgie à la perspective de ne jamais revenir à la demeure de son enfance et de ne plus revoir les êtres qu'elle chérissait ; cette pensée-ci lui avait arraché moult larmes. Sans doute, Willamen avait-il, lui aussi, ressenti ce mélange d'allégresse et de tristesse en quittant définitivement le siège de leur lignée ?

À mesure que le convoi avançait dans la plaine du Conflans, la Grêlée souriait davantage et discutait avec plus d'entrain avec ses frères et sœur, bien que ses iris céladon se dirigeassent fréquemment vers l'ouest, où se trouvait Salvemer. Durant ces instants, la blonde avait parfois surpris l'œillade compatissante de Benfrey qui semblait deviner à quoi elle songeait ; néanmoins, nul mot ne franchissait les lèvres du chevalier, ce dont la future Lady Overton lui était reconnaissante.

À nul autre que lui, elle n'osait confier le tourment qui l'habitait ; pas même à Perwyn. Comment aurait-elle pu confier à celui-ci son inclination pour leur ami, lors même que la réputation de cavaleur de ce dernier n'était plus à faire ? Ainsi qu'elle avait l'appris quelque temps auparavant, le second né de Bethany Rosby avait compris les sentiments de sa puînée avant même que celle-ci en eût pris conscience.

Le voyage se révélait éprouvant pour les demoiselles, qui n'étaient guère accoutumées aux longues chevauchées et si l'émoi de la dame aux yeux de jade détournait quelque peu son esprit de ses cuisses endolories, elle n'en utilisait pas moins le baume que mestre Brenett avait remis aux filles du Tardif avant leur départ. Chaque soir, elles appliquaient le remède et discutaient longuement à cœur ouvert, profitant de ces instants entre sœurs qui leur étaient désormais comptés. Pourtant, bien qu'elle eût envisagé de parler de son attachement pour l'héritier Mallister à sa cadette, Walda avait gardé le silence sur ce point, y compris lorsque la brune avait surpris ses larmes.

La fiancée avait su depuis longtemps qu'elle convolerait selon les intérêts de sa famille et que l'affection qu'elle pouvait porter à quelque prétendant n'entrerait pas en ligne de compte. Elle connaissait son promis et appréciait cet affable et intelligent individu. Pour quel motif aurait-elle dû se plaindre, lors même que bon nombre de futures épouses se trouvaient bien moins chanceuses ? Sa propre mère avait été unie à un acerbe et podagre vieillard. Aussi, son mariage avec Ades offrirait peut-être à Roslin un radieux avenir. Si la Grêlée désirait entretenir des relations cordiales avec le Grand Argentier, il lui fallait oublier son amour pour Patrek, malgré que cela s'avérât difficile, en particulier par les temps qui couraient. À quoi bon espérer que cette inclination menât quelque part ? Se bercer d'illusions ne servirait à rien ; elle finirait par accumuler l'amertume et par haïr un homme qui ne le méritait sûrement point – après tout, le Nordien ignorait tout de sa relation avec le fils de Jason et une alliance avec la maison du Pont était une aubaine qu'il aurait été bien sot de refuser.

Si, malgré la vigilance dont faisaient montre les hommes, les Frey avaient cheminé dans le Conflans dans une relative sérénité, après l'étape chez les Darry, les fils du Tardif s'étaient montrés taciturnes. Ce changement de comportement n'avait manqué d'alarmer les demoiselles et maintes fois, elles s'étaient enquises de la raison de celui-ci. Cependant, elle n'étaient parvenues à obtenir la moindre réponse ; pas même de la part d'Olyvar. Dans cette atmosphère désormais pesante, Walda avait davantage médité sur son sort, réfléchissant parfois à ce qui pouvait se passer, son regard inquisiteur posé sur ses frères. Ce ne fut que lorsque le convoi fut arrivé en sécurité, à Rosby, que ces derniers avaient évoqué devant les dames le plan ourdi par les Desdaings afin de piéger les Fer-Nés.

Perwyn et Hosteen étaient repartis dès le lendemain pour leur province natale avec la moitié de l'escorte armée. Les Frey qui seraient présents aux noces de la blonde n'avaient donc pu trouver de réel repos, rongés par l'inquiétude, en dépit de la prévenance du maître des lieux et des résidents du château. La jeune femme aux iris céladon avait néanmoins pu confier ses tourments à ses puînés, ainsi qu'à Benfrey, ce qui l'avait un brin soulagée, et elle avait pris soin d'écrire quelques missives, dont une destinée à Patrek et une autre à l'attention de son promis.

Trois jours s'étaient écoulés depuis que le cortège avait repris le chemin de Port-Réal et la future épouse fixait à présent ses prunelles sur la cité, repensant malgré elle aux récits qui l'avaient tant effrayée lorsqu'elle était enfant. Elle ne se rappelait plus qui lui avait conté le carnage qui s'était déroulé par-delà ces murailles. Toutefois, elle conservait souvenance des mots prononcés et des cauchemars qui avaient peuplé ses nuits autrefois ; et voilà que ces macabres visions s'imposaient à elle.

Elle secoua la tête, tentant de chasser ces sombres songes de son esprit et maudissant sa trop fertile imagination qui lui jouait présentement un bien vilain tour. Elle ne souhaitait point offrir à son fiancé un visage angoissé ; le souci que lui causaient les événements récents se lirait bien assez sur ses traits sans que d'autres s'y ajoutassent. La demoiselle aux taches de son devait se concentrer sur de plus heureuses perspectives, ce qu'elle s'efforça de faire.

Les Frey parvinrent aux portes de la capitale sous un soleil digne des étés du Conflans et purent constater que le futur époux les attendait en compagnie de manteaux d'or – assurément, le sire du Pont serait ravi en ayant vent de l'accueil que l'on faisait à sa descendance. Le convoi s'arrêta, tandis que le Grand Argentier s'avançait vers les fils de Bethany Rosby et ces derniers le saluèrent courtoisement, leur sourire peinant à dissimuler le tracas que leur engendrait la situation de leur province natale.

L'honneur et le plaisir sont nôtres, Lord Ades, déclara Benfrey avec un signe de tête. Par chance, nous n'avons rencontré nul obstacle lors de notre périple.

Il se tut un instant, sans doute afin de garder contenance face aux craintes qu'il nourrissait pour ses proches.

Nous étions à Darry lorsque nous avons appris l'arrivée des Fer-Nés à Salins, précisa le blond. Après cela, nous avons pressé le pas et avons quitté la région en peu de jours.

Ils avaient déjà fait halte à Rosby quand on les avait informés que le siège des Cox avait subi la vengeance des envahisseurs.

Nos frères regrettent également de ne pouvoir assister à votre mariage. Néanmoins, le devoir leur dictait de rebrousser chemin, sitôt nos sœurs en sécurité.

D'ailleurs, nous-mêmes ne nous attarderons guère, ajouta Benfrey, nous repartirons dès le lendemain des noces. Nous nous sommes arrangés avec notre oncle afin qu'il prenne Roslin à sa charge le temps de notre absence ; nous reviendrons la chercher quand le danger sera passé.

Côte à côté, les deux jeunes femmes gardaient le silence tandis que les hommes discutaient, le regard dirigé vers eux. À l'évocation des événements qui secouaient le fief des Tully, elles s'était pris la main, comme si ce geste pouvait conjurer tout malheur supplémentaire qui risquait de s'abattre sur leur parentèle ; en sus du souci que leur causaient les événements à venir, s'ajoutait celui qu'elles nourrissaient pour Emmon et sa famille, même si leur relation avec celui-ci se résumait principalement par les liens du sang.

Lorsque le Grand Argentier vint à leur rencontre, elles démêlèrent leurs doigts, tentant de masquer quelque peu leurs inquiétudes. La brune le salua courtoisement et le remercia avec modestie pour son compliment.

Lord Ades, ces retrouvailles s'avèrent un honneur et une joie pour moi, également, répondit la future mariée, et nous savons gré d'avoir pris ces dispositions pour notre arrivée.

Elle ne mentait point lorsqu'elle se disait heureuse de le revoir. En dépit de la lueur soucieuse qui transparaissait de ses prunelles, le sourire qu'elle arborait ne traduisait point uniquement une marque de courtoisie. Lorsqu'ils s'étaient rencontrés aux Jumeaux, elle avait découvert en lui des vertus fort appréciables et leurs conversations s'étaient révélées divertissantes. S'il fallait admettre que le jeune homme n'était pas un bellâtre, les traits de son visage n'en demeuraient guère moins harmonieux, abstraction faite de ce déconcertant œil blanc ; quand à sa jambe, Walda s'en accommoderait sans doute aisément. Aussi, la demoiselle n'ignorait pas que la beauté a tôt fait de se faner et quitte à choisir, elle préférait l'affabilité à cette éphémère qualité.

En réalité, elle redoutait autrement plus d'échouer à oublier que ses sentiments pour Patrek dépassaient la simple amitié ; d'autant plus que sa situation actuelle lui rappelait le destin de Lysa Arryn – à la différence que l'époux qu'on lui avait choisi arborait quelques difformités au lieu de rides. Par les Sept, la dame aux iris céladon ne laisserait pas un si funeste sort s'abattre sur son mariage ! Elle s'était toujours efforcée d'adopter une conduite respectable et quoi qu'il lui en coûtât, elle se devait de continuer ainsi.


Ce sera pour moi un honneur que d'accepter, répliqua-t-elle au Nordien, qui venait de lui proposer une escorte.

Talonnant sa monture, elle le suivit dans la cité dont les effluves malodorants se trouvaient exacerbés par la chaleur ambiante. La jeune femme promenait son regard sur les rues et les badauds venus observer la procession. Des enfants étaient de ce nombre et la blonde repensa à Hermine, qui avait vécu ici, livrée à elle-même avant de fuir et faire halte aux Jumeaux en tant que saltimbanque. Lorsque la troupe de Rhonda était revenue à la citadelle, la fille de Lord Walder s'était étonnée de l'absence de la jouvencelle avec qui elle avait discuté quelques mois auparavant et le sort de cette dernière n'avait manqué d'alarmer la jeune noble. La jolie rousse était-elle toujours en vie ? Avait-on rattrapé son ravisseur ? Quelqu'un avait-il prêté secours à l'adolescente ? La fille du Tardif conserva difficilement son sourire à ce souvenir qui ajoutait à l'inquiétude qui luisait dans ses yeux de jade.

HRP:
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Malgré leurs meilleurs efforts, il était difficile d’ignorer l’inquiétude qui se lisait sur les traits des Frey. Ils pouvaient bien faire tout ce qu’ils pouvaient pour faire montre de courtoisie, la situation n’avait rien d’agréable pour eux. Le jeune homme regrettait bien sûr d’avoir à relever cette affaire, mais il s’agissait là-aussi de devoir. Des membres de la délégation étaient retournés se battre, il se devait de le mentionner, ne serait-ce que pour indiquer que la Couronne savait la crise traverser actuellement par le Conflans. Et qu’elle n’oubliait pas tout ça. D’aucun aurait pu faire la remarque que les Frey étaient plus prompt à brandir l’épée quand il s’agissait de se protéger que lorsqu’ils devaient répondre à l’appel de leur Lord Suzerain. Mais Ades n’ignorait pas que tout les Frey n’avaient pas hérités du caractère du patriarche, ceux qu’il avait devant lui semblait pressé de retourner au combat. Qu’il s’agisse de défendre leurs sœurs, leurs terres ou pour la gloire de la bataille, l’argentier n’en avait cure.

- Naturellement. Nul ne vous en tiendra rigueur, il est déjà très noble à vous de rester aussi longtemps.

Il s’agissait surtout de tradition. La future mariée devait avoir des membres de sa famille autour d’elle, avant qu’elle ne devienne membre de la nouvelle. Mais les circonstances exceptionnelles permettaient des changements de plans. La guerre faisait partie de ces circonstances, sans le moindre doute.

La traversée de Port-Réal se fit dans le plus grand calme, en tout cas dans la procession. La capitale ne se reposait jamais vraiment et en cette période troublée, elle était plus malodorante et bruyante que jamais. Ce n’était certainement pas la première chose que l’on voulait découvrir au sujet de la cité, mais Ades n’avait malheureusement aucun contrôle sur ce sujet précis. Qui plus est, les rapides regards qu’il jetait sur ses invités lui indiquaient plutôt que leurs inquiétudes étaient tournées vers leurs foyer. Comment serait-il lui-même si c’était Fort-de-Glace qui était menacé ? Il ne pouvait que l’imaginer.

Pendant un temps, il envisagea de parler des plans que le Conseil faisait sur les attaques Fer-nés, les revanches prévues et l’assurance de la victoire rapide. Le jeune Overton préféra finalement se montrer silencieux jusqu’à l’arrivée au Donjon Rouge.


- J’aimerais vous dire que le fumet auquel vous avez eu droit est particulier à ce jour ou cette période, mais je crains de ne jamais avoir connu une journée sans lui depuis mon arrivée. Ceux qui vivent ici depuis plus longtemps me disent qu’on finit par l’oublier. J’attends ce jour avec impatience.

Il adressa un sourire d’excuse à Walda, autant qu’à ses frères et sœurs.

Ils avaient atteint la cour du château et y démontèrent les uns après les autres. Ades attrapa sa canne et reposa ses deux mains dessus. Il faisait son possible pour apparaître le plus calme et serein possible, ce qui n’était pas un exercice facile au vu des circonstances. Au-delà du fait qu’il s’agissait d’accueillir sa future femme, il devait aussi composer avec les derniers évènements du Conflans.


- On va emmener vos affaires dans vos quartiers, vous désirez peut-être vous y reposer tout de suite ? Sinon… L’odeur de Port-réal est légèrement réduite dans les jardins. Je pense que quelques chevaliers doivent être à l’entraînement dans l’arrière-cour, si vous désirez les rejoindre ou simplement regarder.

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