«Il faut que tu rentres Alessander. Nous t'attendons à la maison avec une attention grandissante, je t'attends. Il est temps de choisir pour ta sœur un destin glorieux. Je ne laisserai ton père le faire seul. J'ai besoin de toi à mes côtés.

Mon fils, tu es le seul sur lequel je puisse aujourd'hui compter. Ne me fait pas défaut. Revient moi vite avant que je ne sais quelles idées folles ne passent par la tête de ton père.»

Je n'avais pas attendu plus pour rentrer à la maison. Je savais que le pouvoir que cette femme avait sur moi était malsain, que je ne devais la laisser contrôler chacun de mes faits et gestes avec la précision de ses actions. Mais je ne parvenais à me détacher du venin qu'il avait doucement distiller dans mes veines. J'avais pris mon cheval le lendemain même dans ce lettre, sentis son parfum qui avait éclaboussé chacune de ses lettres et, sans suite, seul sur les routes de Westeros, je m'étais pressé. Je n'avais pas pousser ma monture au delà de ses limites mais j'avais de l'avance sur ce que j'avais prévue. Plutôt que de continuer à chevaucher toute la nuit, j'avais profité de la présence d'une auberge sur ma route pour prendre une pause, passer une bonne nuit, laisser ma monture se reposer, prendre un bain bien mérité. Décrasser ma carcasse, faire en sorte que ma mère ne me voit pas comme un vulgaire chevalier qui hante les sombres forêts. Je brillerais toujours à ses yeux, et elle me le prouvait une fois de plus en m’appelant à ses côtés pour que ma sœur voit naitre un mariage, arrangeant notre famille. Elle devait surement savoir que faire. Elle devait surement avoir tellement d'idées que les miennes en devenaient stupide. Il allait rapidement falloir que mon père disparaisse. Je ne pouvais continuer à n'être que le simple héritier de ma famille. Je devais prendre le titre de Lord qui me revenait de droit. Cerenna savait exactement comme mettre fin aux jours de son époux lorsque le temps serait venu. Il l'était à mes yeux. Je rentrais pour lui apprendre que j'étais plus que près. Et que rien ne pourrait changer ce que je désirai.

J'étais arrivé à l'auberge vers la fin de la soirée. On avait reconnu le cygne qui barbotait sur les armoiries de ma chevalière et on m'avait traité en connaissance de cause. Je n'étais pas un héritier détesté. J'avais une petite réputation derrière moi. Le charmeur, le cygne noir. Mais je n'avais jamais engrossé une servante. Je haïssais les bâtards, les considérant bien moins que les petites gens. Je n'allais pas laisser un enfant porté le Rivers sans que je le sache. Du moins l'un de miens. Perdu dans mes pensées, je me laissais aller dans un bain brûlant. J'avais faim, j'étais fatigué et je sentais mes prunelles se fermer par intermittence sans que je ne puisse rien y faire. Ce n'était pas cette nuit qu'une damoiselle allait accompagner ma nuit. Je voulais finir cette journée au plus vite, afin de la revoir encore plus vite.

Après avoir essuyer ma trop longue chevelure brune comme je le pouvais, j’avais récupéré quelques vêtements, pas trop ostentatoire et m’étais assis aux milieux des autres, avait payé mon repas et m’étais attablé. Un morceau de viande, un pichet de vin de la Treille, j’avais tout ce qu’il fallait pour rendre un homme heureux. Je commençais à manger, ne parlant à personne, pour une fois seul dans mon coin lorsque j’entendis les accords du violon d'une personne, des accords que j'avais déjà entendu, que je ne connaissais que trop bien. Si j’avais pu me douter que mes pas me mèneraient jusqu’à elle, alors que je ne m’y attendais pas le moins du monde. Je croisai ses yeux bleus dans le centre desquels j’avais si souvent menti sur mon identité. Cette jeune fille était un mystère plus grand encore que les déserts d’Essos. Je n’avais toujours pas réussi à savoir si elle était vraiment celle que je pensais soit dit en passant. Ma bague disparu dans un tour de passe passe expert dans la bourse en cuir accrochée à mon cou. Elle me pensait troubadour, et je n’allais pas la décevoir. Je savais que si un seul mot sur ma véritable identité transparaissait, la méfiance redeviendrait sa meilleure amie et la confiance que j’avais d’elle jusqu’à présent ne serait qu’un simple souvenir. Et alors, adieu à son corps de jeune femme.

Je lui accordais un sourire, attendant qu’elle finisse d’animer le repas des quelques passants présents. Mes applaudissements se joignirent à ceux des autres et je laissai ma voix clair rompre le silence qui suivit.

Silvana ! Si je m’attendais à vous croisez ici. Prenez donc une chaise et un verre. Que me vaut le bonheur de votre présence sur ses terres ?

Mon sourire était parfaitement mesuré, tout comme mes paroles. J’étais totalement maitre de chaque situation dans laquelle je me retrouvais, et elle n’allait pas changer la donne. J’avais été à la bonne école me direz vous. Oui, je ne pouvais remercier que la toile de ma mère. Je savais ce que je devais faire. Mon mensonge n'en était pas réellement un. Si je ne m'étais pas appelé Desdaings, il est certain que j'aurais moi aussi couru les routes et vendu mon talent de chanteur. Mais il n'en était pas le cas. J'étais un futur Lord et j'étais promis à de grandes choses. Bien sur, la belle n'allait pas me répondre. Elle ne le pouvait. Mais j'avais appris à la comprendre dans chacun de ses gestes. Une deuxième petite sœur d'une vie que je n'aurais pas, et que je ne voulais pas. Les liens de sang nous permettent toujours de nous comprendre. Même lorsqu'ils sont dans notre cœur. Même lorsqu'ils n'existent pas vraiment. Je n'avais toujours pas compris comment j'avais pu m'attacher à elle de la sorte. Mais les mystères de la vie sont bien nombreux.

Je regardais la jeune femme pendant qu’elle m’expliquait qu’elle était ici pour les mêmes raisons que moi. Je n’aurais rien donné pour en être réduit à vivre de ma musique et à courir les routes, sans l’argent de ma famille et mon statut d’héritier. Mais parfois, je devais l’avouer, l’adrénaline de l’inconnu du lendemain me faisait envi. Pouvoir jouer sans craindre la haine de mon père et les yeux perçants de ma mère, joindre ma voix au son que produisaient mes doigts sur l’instrument qui m’accompagnait.

Ses questions muettes, je ne savais comment y répondre. Je réfléchis quelques secondes, laissant mon expression apparaitre sur mon visage. Ce que je faisais ici. Je courrai voir ma mère comme le bon chien que j’étais. Mais elle n’était pas au courant de ma condition d’hériter. Avec elle, je vivais dans le mensonge. Un beau mensonge me direz-vous, mais un mensonge tout de même. J’étais fatigué, je voulais trouver le réconfort dans un lit où il n’y aurait que peu de puces et dans les bras d’une femme. Je ne voulais pas en séduire une. Je voulais simplement une putain et prendre mon pied entre ses cuisses. Mais c’était pour plus tard. Pour l’instant, me concentrer sur les questions muettes de la jolie violoniste.


Je ne chante pour personne en ce moment à vrai dire. Je reviens de la capitale où j’ai eu la joie de chanteur pour la reine et les demoiselles que ne la quitte jamais. Ils payent bien et le vin coule à flot. Le pays me manquait, la chaleur de la capitale est agréable quelques minutes puis s’estompe vite. Alors je profite de l’argent que j’ai gagné en vivant comme un prince pour quelques jours. Ensuite… nous verrons où mes pas me mèneront.

Mensonge totalement plausible. Après tout, chanter pour la reine était un honneur et il était connu que le trésor payait bien. La reine était toujours une Lannister et leur fortune n’était plus à prouver. J’avais posé les yeux sur bien des merveilles à Port-Rèal. Aucune ne valait ma mère mais je pouvais trouver l’épouse idéale pour prendre le pouvoir. Je ne devais rester trop longtemps chez moi. Je ne pouvais devenir le Lord que je voulais si je n’avais pas de femmes à mon bras. L’horloge biologique n’était guère dangereuse à mon égard. Je n’étais pas une femme. Mais je voulais que mon père disparaisse et ma vipère de mère était bien agile dans la confection de poison. Je ne voulais plus n’être rien de plus qu’un héritier. Je voulais le pouvoir, le même qui ronge le cœur de chaque homme et lui fait commettre les pires folies. Qu’importe. Je voulais le trône de fer et je l’aurais. Même si les manigances que je devrais effectuer seront mortelles pour mes ennemis, je me fichais du nombre de cadavre que je laisserai derrière moi.

Mais je n’étais pas là pour proférer des menaces de mort à l’encontre du roi et de sa descendance. Non, juste pour discuter avec ma petite sœur. Elle n’avait pas mon sang, mais j’étais attachée à elle. Une faiblesse de plus que je ne pouvais me résoudre à faire disparaitre. On ne doit tenir compte que de notre famille. Les autres sont des ennemis. Silvana était différente mais aucun ne connaissaient son identité ni l’affection que j’avais pour elle. Et jamais cela n’arrivera.

Je ne lâchais pas la jeune fille des yeux. Enfin si, par instant, comme le voulait la convenance. J'en aurais presque oubliée mes manières de noble. J'étais si différent d'elle et parfois si envieux. Elle n'avait pas ma mère derrière elle. Cette mère qui appelait de tout son coeur à elle son fils qui s'impressait d'accourir comme un chien à qui on aurait mit une laisse parfaite. Je ne serais jamais réellement libre. Elle était toujours là, à guetter, dans l'ombre où elle était la reine. Elle aurait fait une reine parfaite. Sa beauté et sa manipulation aurait pu lui ouvrir n'importe quelle porte. J'étais un enfant quand elle était là. Et pire que tout, elle hantait mes pensées comme une reine. Si elle n'avait pas une couronne sur la tête, elle l'avait dans mes rêves. J'avais peur de ce que j'étais capable de faire à chaque fois que je la voyais. Elle ne m'offrirait jamais ce dont je rêvais ardemment, ce qui me faisait rêver à un temps où j'aurais pu me coucher contre son sein sans ressentir l’éternel désir qui m'accompagnait à chaque fois que les tissus de sa robe se soulevaient un peu trop, que leur couleur trop claire laissaient apercevoir par transparence un sein au galbe parfait.

Je sortis de mes pensées, me concentrant sur mon repas et le finissant. Je savais que c'était un festin de maitre qui m'attendait à la maison. Que j'allais être reçu comme un prince. J'aurais préféré festoyé d'un corps pur offert. Non. Je devais sortir cette pensée si sordide de ma tête. Mais rien qu'à l'image de son corps cambré sur le mien... J'adressai un sourire à Silvana. Je ne devais pas penser à tout ça. Non. J'étais là, à l'instant présent, avec la jolie brune que je considérai autant que ma petite sœur. Rien ne devait changer cela pour l'instant. J'avais le temps de me retrouver seul dans ma chambre, dans le château, seul avec mon esprit qui l'imaginait à côté, qui me poussait à me lever et la posséder. Elle avait réussi, la moindre de mes pensées était hantée par son image.

Je souris aux questions de la jeune fille. Pourquoi pas ? Je n'avais pas aimé Port-Réal. Je n'aimais pas les nids de vipère. J'avais assez à faire chez moi. Je choisi mes mots avec application avant de lui répondre :

Je n'ai pas vraiment aimé Port-Réal pour tout dire. Trop de mensonges, trop de secrets, trop d'hommes et de femmes de pouvoir cherchant à vous avoir dans leur bon papier pour que vous leur contiez d'autres histoires que celles de vos chants. Mais ils payent bien et j'avais besoin de paix. Je veux courir le monde et cet argent tombe à pic. Pas besoin de chanter pendant quelque temps. De vraie vacance.

J'eus un petit rire qui voulait tout dire, accompagner d'un clin d’œil. Elle comme moi savait que je ne pouvais ne pas chanter. C'était un besoin presque aussi primaire que manger ou respirer. Je vivais dans ma musique, et ce n'était pas un mensonge. C'était aussi vrai que les légendes de la conquête.Ma famille n'avait pas réussi à m'enlever cela. Même avec ses coups, mon père n'avait pu me faire oublier ce que je pensais, oublier ma voix si douce et tendre à la fois. Un moi étranger. Loin dans ma tête qui avait tout d'un ange. Il était celui que je faisais croire, sans manipulation, sans tache, entier dans ses paroles douces. Je me servais de tout ce que je savais écrire. Je me servais des mots empli de poison qu'elle m'avait apprit pour charmer et les faire m'aimer pour toujours. On n'oublie pas le cygne noir.

Je levais les yeux au ciel lorsque je vis le regard de Silvana. Je savais ce qu’elle sous entendait. Je savais ce qu’elle voulait. Voilà bien longtemps que je n’avais pas chanter. J’avais peut-être rouillé. Je pensai alors aux jardins de Port Réal, où j’avais laissé quelques notes m’échapper et quelques paroles volés aux soupirs des oiseaux. Je réfléchis un instant à des paroles. J’avais envie d’une musique de comptoir, l’une de celles qui ne demande pas spécialement de s’arracher la gorge et traitent de boisson où de jolies filles à faire rire. Je lui fis un petit sourire en coin, menaçant d’exploser de rire. Me levant, je regardais les hommes et racla ma gorge avant de commencer à chanter les premières paroles de The Bear and the Maiden Fair. Entrainante, cette chanson fit sortir des gorges emplies d’alcool des rires, des hommes se levèrent. La chanson n’avait commencé que depuis quelques secondes que déjà tous levait leurs chopes. Je n’avais même pas besoin de faire attention à ma voix. Cette chanson était suivie très rapidement. J’adressai un sourire à ma sœur de cœur, voyant dans son visage tellement de différences avec l’enfant que j’avais laissé à BeauMarché et qui elle partageait mon sang. Mais j’avais changé depuis que j’étais loin de ma mère. Ce qui ne m’empêchait pas de courir la retrouver depuis sa lettre… J’étais surement un rien masochiste.

Je fis lever la jeune femme, prenant ses mains dans les miennes pour la faire tourner sur elle même. Je voulais que son air un rien mélancolique disparaisse. Je voulais des gens qui rient autour de moi. J'étais suffisamment malheureux de perdre de plein grès une nouvelle fois ma liberté.

« On voudrait savoir à qui appartient le cheval gris attaché dehors ? Il se peut que le propriétaire nous intéresse. »

Je vis Silvana chercher mon regard et mes sourcils se froncèrent. Je n'aimais pas les troubleurs de fête. Ils semblaient être là pour elle, le regard qu'elle m'avait lancé voulait tout dire. C'était sur que ce canasson était le sien.

« Je le demanderai qu’une fois ! A qui appartient le cheval gris dehors ? Vous avez intérêt à répondre vite sinon nous vous sortons tous d’ici par la peau des fesses ! »
Bois un verre l'ami ! Ce cheval est mien et je doute que je vous intéresse assez pour que vous faisiez halte ici. Je ne suis qu'un simple troubadour.

Je pris la main de la jeune sauvageonne dans la mienne, la serrant légèrement. Je devrais tromper ma couverture s'ils attaquaient. Ce serait surement des adieux, je n'avais aucune idée de la réaction du Terrick et surtout de Silvana. J'avais reconnu leur blason. Les oiseaux avaient la côte dans le Conflans à voir cela. Cygne, aigle, tête d'aigle. Que demandez de plus que d'être rallié au val d'Arryn. Je pris une profonde inspiration mentale, gardant un sourire de toute convenance. Mon véritable cheval était trop reconnaissable. J'avais combattu avec aux côtés de mon père et nombreux étaient les Lord connaissant la puissante famille Desdaings... J'avais un rien peur de perdre à jamais ma sœur de cœur mais si elle avait peur, je ne pourrais la blâmer. J'avais assez menti..

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'Dé 6' : 3

« Un troubadour propriétaire d’un coursier… » Le soldat éclata de rire. « Ce cheval est un cheval volé. Tu as volé ce cheval ? Tu sais ce qu’on fait au voleur ? »

J'avais Silvana dans les bras. Mais mes poids frétillaient. S'il avait sut, il se serait incliné en quelques secondes. Il se serait rependue en excuse. Mais pour l'instant, à ses yeux, je n'étais rien d'autre qu'un énième troubadour, un homme qui se dressait sur son chemin. Sous mes vêtements, les muscles étaient invisibles et les troubadours n'étaient pas des guerriers. Fier de son rang et de sa noblesse, il se disait invisible. J'étais largement supérieur à lui. Les Desdaings ont vu leur cygne prendre son envol depuis quelque temps. Rien ne saurait arrêter un animal paraissant doux lorsqu'il se cache sous les yeux envoutants de ma mère. J'allais répondre avec morgue, ne supportant aucunement de me faire marcher sur les pieds, laissant une impulsivité que je partageais avec mon père prendre le dessus mais il continua, jetant un regard plus que malsain à la brune dans mes bras.

« Et ta jeune amie, c’est qui ? Une catin ? T’as pas dû la payé bien chère…donc t’as pas les moyens d’acheter un tel cheval. »

La rage me faisait me mordre les lèvres, retenant mes poings. Je n'allais pas sortir mon épée dans un si petit lieu, risquant de blesser des civils. Mais une rage sourde montait dans mon coeur, tuant mon ouïe mais décuplant ma vision. Je suis désolé Silvana... Tellement désolé de t'avoir mentit pendant si longtemps. Tu allais peut-être comprendre aujourd'hui que les nobles ne sont pas tous des monstres. N'avons nous pas été proches à chaque fois que nous nous voyons. Deux enfants des rues, mais un mensonge pour ma part. Tu es comme les anges petite sœur. Tu te perds toi même à fuir en permanence...

J'te jure que tu vas regretter tes actes.... Après à voir clair et à reconnaitre les uns des autres. Elle n'es pas plus catin que tu es seigneur de tes terres...

Mes dents serrées ne rendait pas la compréhension très facile, c'était vrai. Et peut-être tant mieux, autant pour lui que pour moi. Il ne dut pas comprendre mes paroles, ses gestes démontraient une recherche intensive. Il avait l'air près à tout pour son seigneur. Un homme dévoué qui, s'il se montrait trop entreprenant, risquait de ne pas voir se lever le jour.

« Ah moins, que tu ne cherches à la protéger elle ? »
Laissez la tranquille !

Mes paroles n'étaient rien que le bruit dérangeant des criquets en plein été. Qui écoute un troubadour ? L'aurais-je moi même fait si j'avais été dans son cas ? Bien sur que non. Mère se fichait des petits gens et je devais avouer qu'il en était de même pour moi. Alors pourquoi mentir et faire croire que j'en faisais partie ? Pour bien voir qu'ils n'étaient pas tous la racaille que me soufflait ma génitrice. Je tenais trop à la jeune vagabonde pour risquer de perdre mon image, mais je n'allais pas avoir le choix. Il l'avait reconnu...

« Enfin, on t’a retrouvé. »

La jeune fille s'agrippa à mon bras, comme si sa vie en dépendait, ce qui était surement le cas. Mais l'autre tirait plus fort. Trop fort. Et je commençais à en avoir marre. Silvana avait changé de mains, elle était en danger. C'était trop tard pour faire marche arrière. Elle allait comprendre qui j'étais, mais j'allais la perdre. Vivement, je récupérai mon épée, le cygne immaculé faisant de l’œil à l'acier et l'arme se nicha sous le menton du soldat d'un mouvement du poignet.

Nous sommes entre hommes civilisés n'est ce pas ? Alors je vais réitérer mon invitation. Essayez vous et prenez un verre. C'est un Lord qui vous l’ordonne soldat. Et lâchez la.

Ma voix était sans appel, et la soldat voyait très bien le cygne qui décorait mon épée. Les yeux bleus, la chevelure noire, l'épée familiale, le cygne noir est rentré au bercail. Et sous sa protection, se trouve la douce Silvana. Alors réfléchit garçon. Tu te ferais tuer pour ton maitre ? Ou tu attendras une meilleure occasion ? Qu'importe le nombre de tes hommes, mon rang imposait le respect.

"Lord Terrick en entendra parler Desdaings ! Tu ne sais pas qui elle est et ce qu'elle représente à ses yeux !"

J'eus un petit rire, un simple renifflement sonore. Mais je ne le quittai pas des yeux, mes prunelles de saphir froncées, ma rage sur les lèvres. Ils tournèrent bien heureusement les talons, et mon visage fermé leur servi de réponses. Ma mère allait me tuer demain. Lord Terrick était loin d'être un seigneur aussi important que ma famille mais il restait un seigneur. Se le mettre à dos allait me coûter très cher et j'étais près à mettre ma main à couper que ma mère allait m'envoyer comme un chien rampant faire mes excuses. A moins qu'elle n'en ait rien à faire. J'espérais sincèrement.

Je poussais un profond soupire de soulagement lorsqu'enfin il déguerpi et me tourna vers la jeune vagabonde qui j'avais été si heureux de retrouver, accrochant de nouveau un magnifique sourire à mes lèvres. Mais la jeune femme ne me sauta pas dans les bras, ne me remercia pas de l'avoir sauver. Non. Elle était assise par terre, des larmes pleins les yeux. Je rangeai mon épée, inquiet de sa réaction. Elle pouvait s'enfuir en courant en quelques secondes et je ne saurais rattraper une fille qui a passé plus de la moitié de sa vie à fuir. J'avais peut-être sur les hommes du seigneur l'avantageq que le fait que je connaissais très bien les habitudes de Silvana. Mais là, je devais m'expliquer avec elle. Je devais tout les expliquer. Je devais lui montrer qu'elle ne devait pas avoir peur de moi. Que je n'étais pas comme eux. Que j'étais different. Que les seigneurs n'étaient pas tous les mêmes. Je croyais que les pauvres étaient tous des sortes de mauvaises bactéries qui nous empêchaient de vivre. Mais j'avais découvert qu'il n'en était rien. Silvana était différente. Alors pourquoi elle ne voyait pas que même si j'étais seigneur, j'étais toujours le troubadour qu'elle croyait. Mon rang ne changeait rien. Avec elle, j'étais different. Je n'étais pas ce monstre de rancoeur. Je ne pensais pas à simplement détruire tous ceux qui m'approchait. Oh bien sur, je rêvais de victoires. Je rêvais que mes désirs deviennent réalités. Mais je n'aurais pas sacrifié la seule personne à laquelle je tenais pour cela. Une larme perla au coin de mon oeil, une première pour moi qui n'avait jamais pleuré, même enfant. Je m'approchais de la jeune fille, comme on s'approche d'un cheval sauvage dont on redouterai la réaction. Elle était imprévisible elle aussi. Je ne pouvais prévoir ses réactions. Elles m'étaient totalement secrète. Je me rendais finalement contre que je ne savais pas grand chose de la vérité. J'étais totalement ignorant à son propos. Et tout ça pour quoi ? Simplement parce que je ne voulais pas savoir. Mais je me posais bien des questions. Non je ne savais pas ce qu'elle représentait pour Lord Terrick. Je voulais le savoir, c'était sur mais je ne devais lui faire peur. Et puis, qui me disait qu'elle même le savait ?

Prenant une profonde inspiration, je m'accroupi, me mettant à son niveau avant de lui murmurer :

Silvana... S'il te plaît... Petite soeur.... Je... Je voulais pas te blesser... J'suis désolé... Mais le mensonge m'a dépassé et je savais pas, je voulais pas te dire la vérité, j'avais peur de te perde...

Pitié, dit moi que ce n'est rien. Dit moi que mes yeux pleins de larmes sauraient te convaincre de la véracité de mes propos. Je ne voulais pas te blesser. Simplement que tu me laisse t'aimer comme une soeur. Te protéger comme il se devait...

Je captais le regard de ma petite sœur, tentant de le crocheter comme je le faisais de celui des femmes. Mais cette fois, ce n'était pas la passion qui me poussa à ce geste. C'était la peur de la perdre et toute la douceur qu'on lisait dans mes yeux, je ne me savais pas capable de la transmettre. Silvana pouvait se vanter d'être ce qu'elle était à mes yeux. Je n'ouvrais jamais mon cœur aux femmes, trop effrayé qu'elles ne se glissent en lui et s'y installent à jamais. Une sirène me suffisait. Mais avec la brune, c'était un autre sentiment qui m'emplissait. Pas l'amour non, quelque chose de bien plus profond sur lequel je n'aurais su mettre de mot. Comme si je l'aimais, j'étais jaloux si un homme venait lui faire la cour, jaloux qu'elle ne m'accorde pas tout son temps mais ce n'était pas de l'amour. Enfin si, par un certain point. Mais une autre forme d'amour que ce dangereux appel du sexe qui me perdrait. J'y avais pensé au début, je ne pouvais le nier. J'avais pensé à la faire mienne, puis à l'abandonner là, comme je le faisais de toutes les autres. Je ne savais si c'était que je n'avais pas pu ou qu'elle n'avait voulu mais aujourd'hui, je n'y pensais même plus. J'aurais pu dormir avec elle que l'idée ne m'aurait même pas traversée l'esprit.

Et puis, alors que j'attendais sa réponse muette, le cœur au bord des larmes, sa main rencontra avec une violence non feinte ma joue. Je ne pu rien dire tellement la stupeur avait pris possession de mon visage. Je devais la mériter, non, je la méritai. Mais je ne l'aurais pas cru capable de frapper. N'importe qui d'autre m'aurait frappé, il n'aurait jamais pu réitérer son geste. Mais là, elle avait toutes les raisons du monde de le faire. Je lui avais menti sur moi-même pendant longtemps,

« Plus jamais tu ne me fais ça » souffla-t-elle

Je la serais contre moi à mon tour, assez fort pour lui prouver tout mon amour. Je ne voulais jamais la lâcher, la garder contre moi, où elle serait en sécurité, inspirant l'odeur de sa peau, ravalant difficilement mes larmes. Passé le choc premier de son étreinte, un sourire étira mes lèvres. Je l'éloignais un peu de moi, regardant son visage, laissant mon pouce caresser sa joue, le saphir de mes prunelles brillant d’une joie sincère.

Tu... tu parles ? Tu viens de parler....

La joie et la stupeur se mêlaient dans mon cœur, un milkshake détonnant et pourtant tellement agréable. Je la croyais réellement muette. Je la serais de nouveau contre moi, une étreinte que j'aurais aimé avoir donné à ma petite sœur avant mon départ, mais que, trop pressé par la peur grandissante de ma génitrice, je lui avais ôté, emportant dans mon sillage des promesses brisées et des larmes. Approchant mes lèvres de son oreille, je lui chuchotai à mon tour, d'une voix ouvrant sur un serment bien plus puissant qu'un mariage :

Jamais.

Nous avions tellement de choses à nous raconter. Tellement de moments que je lui avais cachés et que je voulais lui dévoiler. Et elle, maintenant qu'elle pouvait parler, elle pourrait m'ouvrir sur son monde, sur ce qu'elle vivait. J'étais comme un enfant devant un cadeau des sept, avide de découvrir et dont la curiosité poussait à vouloir mordre trop vite dans la pomme qu'on lui tendait, quitte à détruire les beaux instants.

Avec un pincement au coeur, le jeune Desdaings essuya la larme qu'il voyait couler sur le doux visage de celle qu'il avait depuis longtemps apprit à nommer sœur. Il ne voulait pas être l'auteur de ses tourments qui l'envahissait et pourtant il se savait coupable. Mais s'il n'aurait pas mentit, lui aurait-elle un seul jour adressé la parole. Et puis, il n'avait pas commencé par mentir. Il avait simplement omit quelques détails. Il s'était enfoncé dans le rôle de celui qu'elle croyait qu'il était. Sans pouvoir s'en sortir car il savait parfaitement qu'il était l'unique investigateur de cette douleur qui se répercutait dans ses prunelles d'azurs et dans celles de cette jeune fille qui voyait son monde s'écrouler. N'était-il le seul à tenir vraiment à elle qu'il n'en aurait été choqué. Elle était bien solitaire à s'éloigner ainsi des nobles. Mais maintenant, elle pourrait peut-être mêler sa si jolie voix aux notes de son violon. Il savait pertinemment qu'il se trompait. Silvana cherchait à survivre et non à s'enrichir.

« Cela fait six ans que…que je n’ai pas prononcé un mot… »

Et nous avons plus de temps encore pour rattraper ton silence. Si tu savais... Je n'arrive à mettre de mots sur l'émotion ta voix fait naitre en moi.

Intègre et franc, pour les rares fois de sa vie. Alessander avait été élevé dans le mensonge et la manipulation. Il avait eu le meilleur maitre que les sept couronnes auraient pu lui offrir. Et pourtant il n'en voulait. Il voulait tellement fuir encore une fois cette maitresse avide qu'était sa mère. IL devait la sortir de ses pensées, qu'elle arrête de le hanter en tout temps et tout instant. Pourquoi n'avait-il la chance de naitre simple roturier. Bien sur, les pierreries et les honneurs lui auraient manqué mais au moins, personne n'aurait fondé sur lui des espoirs qu'ils étaient sur de rompre. Des espoirs qui se retourneraient contre celles qui les avait formulé. Alessander était une tragédie. Si seulement Cerenna avait pu le voir. Mais il avait disparu depuis trop longtemps et qui sait si elle ne le croyait mort ?

Le cygne noir était impatient. Il savait qu'il devait laisser du temps à la jeune femme, qu'il ne devait pas brusquer les choses. Et pourtant, dans le noir qui tombait dehors, il savait que le temps était compté. Que bientôt, il rejoindra Beaumarché et qu'il devrait quitter la brune. Car jamais elle ne serait la bienvenue. Alessander ne devait se lier avec le petit peuple lui qui était tellement plus. Mais il ne pouvait s’empêcher de le vouloir plus que tout. Pas n'importe qui du petit peuple. Silvana. Aucune autre n'eut jamais la chance de connaitre le cygne comme elle le connaissait. Il ne laissait leur chance à aucune autre femmes. Du-t-elle s'en estimer plus heureuse ? La réponse, elle seule la connaissait. Mais c'était une réponse muette et après tout, la présence du Desdaings lui avait été ce soir d'une grande utilité. Les sept eut seuls savaient ce qu'elle serait devenu sans la lame réconfortante du brun.

Ô raconte moi tout Silvana. Qui es-tu vraiment, pourquoi ce monstre en avait après toi ?

Il était comme un enfant avec un milliard de questions sur le bout de la langue qui ne demandaient qu'à échapper aux barrières trop violentes de ses lèvres. Il devait les retenir. Brusquer les choses ne lui apporterait rien et ne pouvait que la faire sombrer de nouveau dans son mutisme. C'était hors de question. Mai tenant qu'il avait ouï le son de sa voix, s'en était fini de son écoute muette. Il voulait tout savoir, l'écouter parler pendant des heures, qu'elle retrouve le goût des mots et de leur tessiture. Jusqu'à ce qu'ils se séparent. Encore une fois.

Alessander était aussi impatient qu'un enfant. Il voulait mordre dans cette pomme que Silvana lui offrait, tout détruire comme si c'était l'unique début. C'était un rêve qu'il voyait réaliser. Et cette jeune fille devant lui, loin d'être aussi belle que sa mère mais dont la candeur égalait la magnificence de la vipère. Il aurait pu en tomber amoureux si une autre femme n'avait laissé son emprunte aussi noire que son cœur sur le jeune cygne. Silvana. Il ne comprenait cette étrange fascination qu'il avait pour le brune. Alessander était perdu avec elle, mais il était aussi bien plus naturel. Il perdait ce masque dont il se couvrait pour lui laisser voir un visage et une âme qui aurait pu être pure mais que le temps avait petit à petit rongé jusqu'à la rendre sombre, indiscernable. Mais devant la vagabonde, le jeu des masques et des tromperies n'avait de valeur. Il était lui-même mais cette personne, jamais sa mère n'aurait voulu qu'elle existe. Alessander se devait d’égaler la perfection. Quoi que cela lui coute et maintenant qu'il était partie, il avait grandit, sut construire et vivre. Rencontrer Sivana aurait été la plus belle erreur de sa vie s'il avait gardé son masque. Et pourtant, il bénissait les sept, qu'importe sa joue encore cuisante.

"Par où veux-tu que je commence ? Je vais avoir du mal à tout te raconter. Revivre certaines choses... Que je cherche à fuir...Si tu veux tout savoir, tu vas devoir m'aider !"

Le cygne planta ses prunelles si bleus dans celle de Silvana avant de glisser sa main dans la sienne. Il avait retrouvé une douceur qu'il ne se savait posséder, lui habituellement si enclin à ne voir la gent féminine dans son lit et nul part ailleurs. Il se passa de paroles, lui soufflant dans son regard qu'il était là, qu'il serait toujours là, pour elle alors qu'il ne l'avait jamais été pour personne. Même Alyssa il l'avait finalement abandonné alors que sa petite sœur était tout pour lui. Mais pour Silvana, il était là, sans qu'il ne comprenne au fond de lui ce qui régissait ses pensées. Son être entier lui était un mystère. Il sera un peu plus fort la main de la jeune fille, milles et unes promesses dans le regard.

"J'ignore ce qu'il me veut. Cela fait six ans qu'il me recherche. Il n'a juste jamais réussi à mettre la main sur moi. Je n'ai même jamais vu son visage. Il envoie toujours des soldats. Je ne comprends pas. Je lui ai causé aucun tort à lui..."

Alessander fronça un instant les sourcils, réfléchissant à qui était réellement ce Lord Terrick. Il connaissait son blason mais rien d'autre. C'était une petite maison du Conflans et c'était là tout ce qu'il en savait. Il demanderait à sa mère demain soir, lors du repas qui allait surement réunir tous les cygnes. Le jeune homme écoutait avec application la vagabonde avant de lui demander :

C'est étrange qu'un petit noble te court après. Enfin... Normalement, les gens de mon rang ne s’intéresse qu'aux filles de bonne famille. Tu es sur de n'avoir jamais rien volé ou de n'avoir jamais... je ne sais pas moi... braconné sur ses terres ou quelque chose comme ça ?

C'était étrange. Véritablement étrange mais Alessander était curieux et il voulait à tout prit savoir. Il prendra peut-être des risques mais tant pis. Après demain, il irait excuser sa conduite et il irait chercher des informations auprès de quelques putains que la vue de pièce d'or rendait loquace. Pourquoi pas après tout ? Cela pouvait se révéler plutôt drôle et jouer avec le feu l'était particulièrement. De toute manière, les Terrick n'avaient aucun autorité face aux Desdaings alors il ne risqua pas grand chose.

Ami compatissant, épaule réconfortante, Alessander aurait pu être un ami d’excellence. Mais le secret l'entourait toujours, où qu'il aille ne laissant la place à personne dans son coeur. Et pourtant, cette jeune femme qu'il écoutait aujourd'hui avait sut se glisser entre les méandres de son âme, entre les vaisseaux fragiles de son corps et si était installée une place d'où elle ne saurait être délogée. Qu'éprouvait vraiment le cygne noir à son encontre, personne ne le savait, pas même lui. Les mauvaises langues juraient qu'elle n'était à ses yeux qu'un nouveau morceau de chaire que l'héritier voulait se mettre sous la dent, comme ses dizaines de femmes qui avaient partagées sa couche sous couvert de promesse de mariage qu'elles n'auraient jamais. Car si Alessande s'amusait de la présence des femmes et des ses promesses aussi douce que l'arôme d'un liquoreux vin, aucune de ses promesses n'étaient réelles.

"Commençons par le début... Mon histoire... Je suis sure qu'une partie, tu l'as déjà entendu... Je suis née...je crois il y a dix-neuf années. Mon père était un éleveur de chevaux. Le meilleur du Conflans, il vendait ses chevaux partout dans les Sept Couronnes. Il vendait même aux Arryn du Val. Ma mère... Ma mère a toujours été mystérieuse. Elle savait lire, écrire et compter. Elle tenait les registres de mon père. Elle m'a appris à lire, écrire, compter et jouer du violon. Je sais toujours compter, mais je crois avoir oublié la lecture. Je reconnais quelques lettres, mais c'est tout. J'avais un frère aussi, un grand frère. Il s'appelait Robin. Avec Robin, on aidait notre père dans l'élevage. Je nettoyais les chevaux, les changeais de près et aidais à les débourrer, car j'étais moins lourde que mon frère. Quand j'ai eu dix ans, j'ai assisté à ma première mise à bas. C'était dégoutant, mais le poulain qui naquit ce jour-là... Il y eut quelques choses de spécial. J'ignore quoi, mais je me suis sentie liée à lui. J'ai voulu m'en occuper seule, le dresser seule. J'ai réussi. Mais je m'étais trop attachée à lui...Je n'aurais pas du. J'aurais dû écouter mes parents... Robin. Ils me disaient de ne pas m'attacher. Mais je n'ai pas pu. Et père a fini par le vendre comme chaque cheval qu'on élevait."

Alessander écoutait, essayant la larme qui coula sur la joue de sa jeune sœur. Que pouvait-il être arrivé à la jeune femme. Elle avait une famille parfaite, une vie sans la moindre étiquette, sans besoin de plier l'échine devant les suzerains ou le roi, plus besoin d'épouser celui qu'on lui avait choisi. Car le cygne noir le savait. Il devrait se marier et ce ne serait celle qui avait le monopole de son cœur qui pourrait devenir le vœux de ses promesses.

"Je n'ai pas supporté la séparation... Ce que j'ai fait, c'est mal... Je le sais... Je le savais... Mais je suis allée le chercher au beau milieu de la nuit... Je l'ai volé au seigneur qui l'avait acheté. Je les cachais dans la grange pour la nuit... Je n'aurai pas du..."

Devant les larmes de sa sœur adoptive, le cœur du jeune homme se sera et il la prit contre lui, écoutant l'histoire, le visage de plus en plus grave.

"Le lendemain, mon père l'a vu. Je me suis faite fâchée, c'était normal. Mais je ne voulais pas qu'il le rende. Alors je l'ai pris et je me suis enfuie. Mais j'ai compris que c'était mal. Que j'aurais jamais dû faire cela. Alors je suis rentrée...Mais...Mais... Y'avait le feu partout... Les chevaux courraient dans les sens... Mon père...il...il...il était étendu par terre...Dans...Baignant dans son propre sang...J'ai couru vers la maison...et j'ai...Y'avait un soldat...Il... Ma mère...Il...il était en train...De faire une chose ignoble...Elle ne méritait pas ça...C'était de ma faute. Pas la sienne. Mon frère m'a hurlé de fuir. De prendre Vagabond et de partir. Ca a été ses dernières paroles... Avant qu'une flèche lui transperce la gorge. Je me suis enfuie...J'ai sauvé ma vie...Mais ils sont plus là à cause de moi...C'est ma faute...Ils seraient encore en vie si je n'étais pas allé chercher Vagabond. Je suis retournée sur les lieux le soir, pour prendre quelques affaires...Et au loin j'ai vu une patrouille noble avec l'aigle des Terrick en bannière. Je suis partie, ils ont essayé de m'attraper. Ils connaissaient mon prénom...Ce jour j'ai décidé de me taire à jamais..."

Alessander entendait les cris, il entendait les actions, tout ce qui s'était passé. Il retenait son souffle, cherchant vainement comme réconforter la jeune femme. Il lui soufflait que ce n'était rien, qu'elle n'y était pour rien et pourtant, il comprenait tout à fait ce qu'elle ressentait. Et lui qui se croyait si malheureux de la vie qu'il avait vécu il se rendait contre que rien n'était mal. Qu'il avait lui-même cherché ce qui lui arrivait et qu'il avait pour seul ennemis cette mère qu'il aimait tant et qui le couvait de son amour mortel. Le cygne noir embrassa la joue de la jeune femme, la serrant de ses bras puissants contre son torse qui en aurait fait pâlir plus d'une. Mais pour une fois, avec une femme vers lui, il n'était pas là pour la séduire. Il voulait la réconforter.

Tu n'y es pour rien Silv'... Je suis là, je te laisserais jamais plus. Vient... Vient avec moi demain. Tu seras sous la protection du cygne noir, des murs de Beaumarché.

Pas encore Lord. Son cerveau lui répétait en boucle mais il savait très bien que si sa mère ne voudrait jamais qu'il soit si proche d'une femme au sang si peu bleu, son père n'aurait aucun scrupule à laisser la jeune vagabonde trouver un toit dans la douceur des jardins de Beaumarché. Qu'importait la vipère. Il ne laisserait jamais Silvana seule. Il la protégerait jusqu'à la fin. Pourquoi ? Il ne le savait lui même. Peut-être parce qu'au fond de lui, une petite partie la voulait dans un destin possessif et orgueilleux à ses côtés.

« Aless…je…je ne connais pas ta famille…et…les nobles…tu sais que j’en ai peur…Je…et ce Terrick…s’il vient…s’il…me trouve… »

Les bras du jeune homme étaient plus fermes autour des épaules de la jeune femme. Il chercha son regard comme on cherche à retrouver quelque chose de perdu, un trésor enfouie au plus profond d'une âme. Silvana était son trésor, cette petite perle qui devenait saline dès qu'elle s'échappait des prunelles du cygne noir. Noir. Il ne l'était jamais en compagnie de la brune, devenant aussi blanc que le blason de sa famille. Il attrapa ses épaules, la reculant légèrement, captant son regard si franc. Ses yeux se plongèrent dans ceux de la vagabonde. Plus honnête qu'il ne l'avait jamais été avec personne, le chevalier lui répondit, sa voix ne tremblant plus, soutenant ce regard qui le perforait de part en part.

S'il te trouve, j'en ferais mon affaire Silvana.

Le chevalier faisait des promesses qu'il ne pouvait pas tenir. Oh bien sur, il serait près à tuer pour la jeune fille. Mais il savait que chacun de ses actes avaient une conséquence bien trop importante. Si Silvana était cette sœur qu'il avait perdu en fuyant, il n'en oubliait pas moins Alyssa. Il ne mettrait pas en danger sa famille et pourtant, ne l'avait-il déjà fait ? Alors il n'était qu'un menteur et même celles auxquelles il tenait le plus, il ne pouvait s'empêcher de les trahir comme toutes celles qui étaient passées dans ses bras ? Il était si mauvais que cela ? Le cygne noir ne se foulait le monstre que sa mère avait crée. Mais le sang qui coulait dans ses veines était celui d'une vipère et il se demandait même si celui dont-il tenait le sang était bien son père tellement Alessander était identique à sa mère. Cerenna, la vipère qui avait distillé avec tellement de force son poison dans les veines de son fier héritier.

« Je resterais pas loin de Beaumarché mais je peux pas t’accompagner. J’en suis incapable. J’ai trop peur. Mais je te promets, de rester dans par ici. »

Il embrassa la joue de la jeune fille avec tout l'amour dont il était capable. Voyant les regards qui les entouraient, qui les avaient depuis longtemps abandonné, Alessander se rendit contre de l'heure. La nuit était tombée, offrant refuge aux créatures nocturnes et ordonnant aux autres de trouver la paix qu'offrait le sommeil. Jamais pour le cygne. La nuit était maitresse des fléaux qui envenimaient son âme, où se réveillaient les dangers et les promesses déchus. Où ses cauchemars prenaient vie. Une des raisons qui l’empêchaient de passer une nuit seul, souvenir de ses temps bénis où il se glissait dans les draps de sa mère, se collant contre son sein, ses pensées encore pures et vierges de toutes idées terribles.

Je pourrais te protéger. Je suis héritier de ma maison après tout. Mes paroles font offices de lois.

Pour combien de temps ? Et dans l'ombre de cet homme qu'il appelait père sans la moindre conviction, cet homme près à tout pour le voir flancher face à Isendre, ce bâtard qu'il considérait plus que son légitime. Jamais le cygne noir ne vivrait dans l'ombre du Rivers, il l'avait juré lorsque cette larve avait pointé le bout de son museau. Alors oui. Il ferait ce pourquoi il était né. Tuer Criston Desdaings, dusse-t-il en payer le prix fort. Mais s'il payait, qui protégerait Silvana maintenant qu'elle était sous sa protection ? Trop d’élément qui s'ajoutait à ses rêves. La vagabonde était le grain de sable qui fait dérailler une machine. Un simple grain de sable caché sous l'attachement.