Les douze coups de midi allaient bientôt retentir, pourtant, à Whitehill, personne ne pourrait les entendre tant le bruit était intense. Une fois n'est pas coutume, Elyana avait pris la décision d'organiser un banquet, y conviant quelques maisons du Nord, au moins celles qui accepteraient de faire le déplacement. Sait-on jamais, peut être trouverait-elle un bon parti...
Les rires fusaient de toutes parts, les discussions en faisaient de même et Elyana, adorant se retrouver au centre de l'organisation même adorait cela. Elle vadrouillait, à droite, à gauche, entre les tables, saluant au passage tous les nobles présents. Certains lui répondaient d'une révérence, d'autre d'un sourire. Après avoir fait son tour de table, elle partit se rasseoir à la place qui lui était réservée afin d'observer ses invités. Tous étaient différents, et cela amusait beaucoup la jeune fille. L'homme, assis à la table à l'extrême droite semblait pensif, perdu dans son imagination. La femme a ses côtés, surement son épouse, tentait visiblement de le ramener dans la réalité.

*Surement les Knott*, pensa-t-elle, *il me semble déjà avoir vu leur visage...*

Plus loin, Elyana aperçut une jeune fille qui semblait mal à l'aise bien que se tenant parfaitement bien. Elle ne semblait guère avoir l'habitude de sa position, ou alors peut être était-ce les personnes l'entourant qui la gênait, à moins que sa tenue ne l'empêche de se positionner comme elle le désirerait... Elle ne savait pas, mais cela la fit rire. Pourtant, elle n'avait jamais vu cette personne, qui pourtant semblait d'un âge proche du sien.

"Qui est cette jeune personne ?" Demanda-t-elle à son Mestre, assis à côté d'elle

"Meera Reed, Milady, de la famille Reed du Neck, comme vous pouvez vous en doutez, je suis d'ailleurs surpris qu'elle soit seule." Répondit-il.

Meera Reed... Elle avait entendu ce nom, mais c'était la première fois qu'elle voyait un de ses membres. Cela la ravissait, après tout, c'était l'occasion de faire de nouvelles alliances. C'était bien là son devoir : faire respecter sa maison et en accroître les richesses.

Elyana se leva alors, décidée à rencontrer cette Meera Reed, une maison aussi importante dans le Neck, l'occasion était trop belle. D'autant plus qu'avec un âge proche, cela ferait surement une nouvelle compagne pour la jeune fille. D'un pas décidé, elle avança donc vers sa table.
Pourtant, arrivée au milieu de la cour de sa maison, Elyana sentit une main agripper son poignet et l'obliger à s'asseoir.

"Jeune Elyana, Douce jeune fille, dit l'homme à ses côtés en lui susurrant à l'oreille, vous n'allez pas faire d'histoire n'est-ce pas ? Une jeune fille à marier telle que vous ne devrait pas rester seule longtemps..."

S'apprêtant à le repousser de toutes ses forces, elle fut arrêter dès le début de son geste par une pointe, posée à l'abri des regards contre ses côtes.

"Non, vous allez gentiment venir jeune Whitehill, il ne vous sera fait aucun mal, pas avec moi" Continua l'homme en la faisant se lever avec lui.

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Entre la panique masquée par un sourire forcé et le devoir de faire continuer le banquer, la jeune Whitehill ne savait guère où se mettre. Elle prit alors la décision de se contenir et ne pas appeler à l'aide. Elle était de toute manière tout à fait apte à se défendre, du moins d'après elle. Cependant, il lui parut alors intelligent d'assurer ses arrières, elle parla donc du voix assez forte et articula :

"Je n'ai guère envie d'aller avec vous, Ser, qui êtes-vous d'ailleurs, je m'excuse mais je ne connais pas votre Maison ?"

L'homme grogna.

"Qu'importe qui je suis. Suivez-moi et tout ira bien pour vous et votre maison"

Elyana s'arrêta net et, oubliant sa résolution de faire bonne figure, libéra son poignet de l'emprise de cet homme. Elle l'observa alors rapidement. C'était un homme grand, mais visiblement assez fort pour la maîtriser. Les cheveux courts et rasé au plus près, il avait le regard dur et froid.
D'un geste rapide, il lui reprit le bras, la menaçant d'autant plus de sa lame.

"Ne soyez pas sotte, vous vouliez une alliance, en voici une. Votre dot sera ces lieux, cela sera amplement suffisant, ne vous en faites pas."

Elyana le regarda fixement.
Cet homme rustre et sans vergogne avait donc réellement décidé d'un mariage ? Non. Ce n'est pas ce que la jeune femme désirait. Pas comme ça, pas encore, et encore moins avec un homme de ce genre. Elle ne connaissait même pas son nom ni sa maison, d'ailleurs, avait-il au moins une maison ?
Sous la menace, la jeune femme avança vers les portes de la demeure, sans un mot, cherchant de l'aide du regard à travers l'assemblée. Malheureusement, ces invités avaient tous l'air d'être occupé à festoyer pour faire attention à elle.
Rien ne lui semblait pouvoir être possible pour échapper à cet homme. Elle jeta alors un dernier coup d’œil derrière elle et aperçut la jeune Reed les observer. Ravalant sa fierté, elle la supplia du regard de venir l'aider. Ce qui ne devait pas être concluant : Elyana n'avait aucunement l'habitude de demander une quelconque aide...

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La jeune fille, toujours contrainte et forcée de suivre son ravisseur, s'engouffra alors dans sa propre demeure. Être prise en otage chez soi... Quelle ironie du sort. Quoique la jeune fille ne veuille pas être otage trop longtemps. Où était donc les gardes censés la protéger ? Et pourquoi diable personne ne remarquait son absence, n'était elle pas la maîtresse de maison ?

L'homme la traîna alors jusqu'à deux autres personnes, armées et pourtant sans blason. Qui pouvaient-ils bien être ? Elyana avait beau réfléchir, jamais elle ne les avait vu auparavant. Et par où étaient-ils rentrés ? Les entrées étaient censées être gardées...
Perdue dans ses pensées, la voix de son ravisseur l'en sortit rapidement.

"Le septon est-il prêt ?"

Signe affirmatif de la tête des hommes d'armes. Qui lui expliquèrent les entrées et les sorties de la Maison.
Il était donc vraiment sérieux ? Il voulait vraiment un mariage ? Elyana commença à prendre conscience de son cas et de sa situation. Elle regarda alors autour d'elle discrètement jusqu'à apercevoir la jeune Reed.
La jeune femme fut alors tiraillée entre la joie de voir que quelqu'un venait tout de même à son secours et la honte de faire appel à l'une de ses invités.

Par instinct de survie, et surtout pour gagner du temps avant de quitter la demeure, Elyana retint son ravisseur.

"Les gardes vont arriver, dit-elle peu sûre d'elle, vous ne vous en sortirez pas comme ça."

"La naïveté d'une enfant n'est-elle pas belle ?" Lança l'homme qui a tenait à ses hommes.

Ces derniers se mirent à rire.
Elyana se sentit alors vexée. Déjà qu'il voulait la marier de force et empêcher sa famille de devenir plus riche, mais en plus ils se moquaient d'elle.
D'un coup de sang, la jeune fille frappa l'homme de toute ses forces, bien maigre malheureusement. Ce fut donc sous le coup de la surprise que ce dernier lâcha prise. Elyana partit alors en direction opposée de la jeune Reed, si elle devait être reprise, autant que cela soit seule. Et c'est ce qui arriva. L'homme la rattrapa quelques mètres plus loin, laissant seuls ses hommes, amusés par la scène, et par derrière l’attrapa et la maintient immobile

"Petite peste" Lui murmura-t-il à l'oreille "Tu ne feras plus ta fière dans quelques heures"

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La vue de Meera soulagea un peu la jeune fille. La réaction des hommes lui rendit pourtant sa peur. Ils avaient raison après tout, ils étaient 3 et elle était seule. Elyana ne savait pas se battre, elle avait très vite abandonnée l'idée d'un jour tenir une arme. Meera était seule, et Elyana le savait. Elle cherchait pourtant un moyen d'attirer l'attention des hommes afin de permettre à la jeune Reed de s'enfuir ou de l'aider. Après tout, Elyana ne savait pas ce que préférait faire Meera. Et d'ailleurs, savait-elle se battre ?

La jeune femme regarda attentivement sa sauveuse. Une jeune fille, toute menue, et visiblement trop mal à l'aise dans sa tenue pour se mouvoir convenablement. Mais il n'y avait qu'elle de toute manière, les gardes ne viendrait surement pas, et Elyana s'était fait une raison à cela. Il était certain qu'une fois cette affaire terminée, elle leur passerait plus qu'un savon.

Cependant, elle admira le courage de Meera, s'en prendre à des hommes armés pour protéger autrui, c'était admirable, très courageux.

« J’ai déjà tué un homme. Un homme comme toi, qui voulait abuser d’une femme. » Dit-elle.

Elle savait donc se battre.

*Une chance* pensa Elyana

« Ce qui arrive à toutes les femmes. Elle va se marier et procréer... avec moi. »

Cette affirmation fit froid dans le dos à la jeune fille.
Ces paroles, cette voix, cet homme... Cet homme la dégoûtait. Forcer une jeune fille au mariage était inhumain.
Puis, Elyana réfléchit. Quel meilleur moyen de détourner l'attention d'un homme que de lui parler de ce qu'il désire.

"Je ne sais pas qui vous êtes, dit-elle à l'attention de son ravisseur, mais j'accepterais ce mariage à une condition"

L'homme sembla amusé.

"Vous n'avez aucune condition à poser, vous n'êtes qu'une femme en âge de procréer et d'assurer une lignée. Et vous avez une maison assez riche pour nous permettre d'avoir une belle vie."

Les autres hommes se mirent à rire. Décidément, Elyana était amusante aujourd'hui, à son grand déplaisir.

"Voyez, je suis déjà sincère avec vous, c'est une grande qualité pour votre époux" Continua-t-il d'un éclat de rire tout en la tenant fermement

 .

Lorsque Meera s'opposa fermement à sa tentative de négociation, la jeune fille se tourna vers sa protectrice et lui souris de façon bienveillante. Elyana savait ce qu'elle faisait. Enfin, presque...
La vue du sang la fit alors tressaillir. Elyana n'aimait pas le sang, la moindre goutte la rendait malade. Elle prit cependant sur elle et fit semblant de ne pas avoir remarqué la blessure infligée à son ravisseur. Lorsque ce dernier desserra son étreinte, elle recula de quelques pas. Plus elle s'éloignait de lui, mieux cela était. Pourtant, Elyana ne se positionna pas derrière Meera, elle avait sa fierté après tout, et celle-ci lui dictait de ne pas laisser voir sa peur. Ainsi, elle se posta droit devant son ravisseur, le regard froid et dur.

" Vous feriez mieux de prendre modèle sur ma promise. Elle a compris qu’elle était sa place. " Dit-il alors

"Je ne suis pas votre promise" Articula-t-elle d'une voix forte.

La colère la gagnait. Ce monstre osait faire d'elle sa promise, sans même lui demander son accord ?

"D’ailleurs très chère dites-nous votre condition. Et je l’accepterais sûrement. Cela calmera peut-être cette furie."

"Qu'avez vous à apporter aux Whitehill ? Si votre apport est conséquent, j'accèderais à votre requête et je vous épouserais."

A ces paroles, elle sentit l'homme se crisper d'autant plus. N'avait-il donc aucune fortune, aucune maison digne de ce nom ?
Cela expliquerait alors son geste désespéré. Mais cela aurait aussi pour effet de dégouter d'autant plus la jeune Whitehill. Non pas qu'elle désirait plus que tout un homme riche, quoique, cela serait surement un plus, mais un homme de bas rang ayant pour seul objectif d'enlever une jeune fille de bonne famille pour en faire sa femme et détruire sa maison ne pouvait en aucun cas être digne de son respect.

"Répondez à ma question, Ser. Mais dois-je au moins vous appeler Ser, Monsieur ?" Insista-t-elle.

L'homme serra d'autant plus les poings, au grand bonheur d'Elyana qui comprit rapidement l'avoir poussé dans un retranchement qu'il aurait voulu éviter.

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Elyana laissa échapper un sourire suite à la question de Meera. Elle avait tout autant compris le stratagème de cet homme et malgré le manque de tact apparent de la jeune fille, visiblement, la question toucha son but.
Le regard haineux de cet homme rendit son courage à Elyana et augmenta sa confiance. Son point faible était donc là. Il n'était rien, et ne serait toujours qu'un être inférieur à ces femmes qu'il pensait tenir par la force.

Pourtant, alors que la jeune femme pensait avoir réussis à tenir en position de faiblesse cet homme qu'elle méprisait, ce dernier se rebella contre Meera, lui assénant un coup de coude qui la fit tomber.
Le silence régnait. Elyana était fixe, aussi bien dans sa position que dans son regard. Elle apposa seulement ses deux mains sur sa bouche et détourna alors le regard du sang qui s'écoulait de la gorge de son ravisseur, avec une envie irrépressible de vomir. Elle prit alors une grande respiration et se tourna vers les deux autres hommes.

"Vous êtes ici chez moi, je vous offre donc le choix de quitter les lieux immédiatement. Vous ne serez ni poursuivit, ni même tué."

Elyana ne voulait pas d'effusion de sang, au contraire. Pourtant, elle tentait alors de se préparer à toute éventualité, et notamment à celle où les hommes de main qui se tenaient devant elle désirent venger leur patron, alors au sol, agonisant, oubliant alors la proposition pourtant honnête de la jeune fille.
Cependant, les hommes restaient muets, comme apeurés ou seulement hésitant quant au comportement à adopter. Elyana n'arrivait pas à percer leur silence, et cela l'inquiétait. Que pensaient-ils, qu'allaient-ils faire ?
Elle se recula alors, afin de parer à n'importe quel coup de la part des deux hommes. Enfin, parer était un grand mot, esquiver aurait peut être été plus judicieux, la jeune femme ne sachant pas se battre, ou seulement avec des mots.

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Voyant les mains se diriger vers les armes, Elyana recula de quelques pas. Non qu'elle avait peur, enfin, peut être un peu tout de même, mais elle préférait éviter tout problèmes à se positionner entre les protagonnistes. Elle fut alors soulagée lorsque les deux hommes prirent la décision de partir. Voilà alors un dernier problème réglé. Heureusement.

Elle observa attentivement les deux hommes s'éloigner, de peur surement qu'ils ne reviennent en force. La jeune femme se tourna alors vers son ravisseur, le "vantard", comme l'avaient surnommés ses hommes de mains. Il était mort. Elyana le fixa alors, sans bouger. La mort n'était pas un sujet qu'elle appréciait, bien que la mort de cet homme lui ait surement sauver la vie.

"Vous n’avez rien ?" demanda alors sa sauveuse

"Non..." répondit-elle à mi-voix "Tout va bien, mais lui..."

Elle ne pouvait détourner les yeux du cadavre encore chaud, du sang qui s'écoulait doucement de la gorge.
Elle avala alors sa salive, difficilement, essayant de ne pas tourner de l'oeil en détournant alors son regard.

"Il faut faire venir quelqu’un et…"

Elyana se tourna vers Meera et se stoppa net dans son mouvement.

"Vous êtes couvertes de sang !" Dit-elle affolée. "Je suis si désolée de cette affaire, Lady Reed !"

Elle venait de se rendre compte de la situation.
En plein banquet, qui se voulait festif et joyeux, la voilà fasse à une invité qui en plus de lui avoir sauver la vie ainsi que sa maison voyait sa tenue ruinée.

"Je vais appeler quelqu'un qu'il... nettoie le passage..." Finit-elle par dire "Milady, je vous prie, venez avec moi, je ne peux guère faire beaucoup de choses pour me faire pardonner, mais permettez moi de vous offrir une tenue propre..."

Elyana se sentait gênée, elle ne savait alors comment réagir face à cela, mais une chose était sûre, il ne fallait pas voir la jeune Reed ressortir de la demeure ensanglantée. Le résultat de cette vision ne serait pas bon pour l'image de la maison Whitehill.

 .

"Vous n’y êtes pour rien." Répliqua Meera. "C’est lui et ses sbires les responsables."

Elyana acquiesça d'un signe de tête. La jeune Reed avait raison, enfin, ce n'était pas une raison pour ne pas s'excuser. Cette maison était après tout celle des Whitehill et elle se devait de recevoir ses invités sous le meilleur soleil, ainsi que d'en prendre soin. Et pour ce dernier point... Les événements qui venaient de se passer n'étaient pas forcément les bienvenues.

"Ils n'a eu que ce qu'il méritait... Merci, Lady Reed. Je vous suis reconnaissante d'être venue à mon secours." Dit alors la jeune femme à mi-voix, les remerciements n'étant pas vraiment son fort.

Sur le coup, Elyana ne pensait même plus au manque de garde dans sa maison, trop obnubilée par ce que pourrais penser ses invités si Meera revenait ainsi.
Elle la mena alors jusqu'à sa chambre, où étaient conserver ses tenues.

"Prenez celle qui vous siéra. Je vous en prie. Je vous en fait cadeau, c'est la moindre des choses."

Alors qu'Elyana présentait les tenues à Meera, un bruit sourd se fit entendre dans le couloir. La maîtresse de maison se retourna alors vivement, observant la porte, par crainte, peut être, de ce qu'il pouvait arriver.
Les hommes reviendraient-ils à la charge ?
Elle se souvint alors de l'absence des gardes dans sa Maison.

"Où diable sont-ils donc ?" Jura-t-elle dans un élan de colère.

Un garde, à l'air un peu amoché, apparu alors dans l'encadrement de la porte.

"Lady Whitehill !" Lança-t-il à bout de souffle. "Milady" Ajouta-t-il en se tournant vers Meera. "Nous avons eu une intrusion ! Mais les hommes ont..."

Un silence s'en suivit.
Elyana ne savait guère comment réagit face à ce garde, censé protéger sa maison et sa personne et qui n'avait même pas su empêcher trois hommes de rentrer.

"Et ce n'est pas grâce à vous." Dit-elle alors enfin. "Pourquoi donc êtes vous payé ? Si mon père était là, cela ne se serait pas passé comme ça !"

Elyana était en colère, et comme à chaque fois qu'elle était en colère elle utilisait son père pour menacer. Inutile mais elle ne savait pas vraiment menacer les autres, c'était donc un moyen comme un autre.

Elyana, après avoir montrer son mécontentement au garde lui demanda de prendre congé et de trouver quelqu'un pour faire disparaître toute trace de la scène.
Ce dernier ne s'attarda pas et parti en saluant les deux jeunes femmes.

"Excusez cette altercation, Milady. Je crains qu'il n'y ait un petit problème de garde ici" Dit-elle en souriant.

La maîtresse de maison observa le choix de son invitée.
Une fois la robe portée, elle s'approcha de Meera.

"Elle vous va à ravir !" Dit-elle, alors, d'un ton enjoué. "Mais attendez quelques instants, je reviens."

Elyana partie en vitesse à travers la Maison et revint quelques minutes plus tard un panier au bras.

Elle se mit alors en tête d'arranger la robe afin que le buste lui aille parfaitement.
Elyana savait coudre, sa nourrice lui avait apprit alors qu'elle n'était qu'une jeune enfant. Mais elle n'avait jamais été doué pour.
En se concentrant sur sa tâche, elle prit alors la parole :

"Êtes-vous venue seule Lady Reed ?" Demanda-t-elle.

La jeune fille continuait consciencieusement son travail.

"Vous m'avez impressionnée, vraiment" Ajouta-t-elle. "Je ne pensais pas qu'une femme était capable de tant de sang froid. Où avez-vous appris tout cela ?"

Elyana soupira.

"Je ne sais pas me battre, ou seulement avec des mots, et ce n'est guère toujours utile."

Elle secoua alors la tête.

"Je parle bien trop !" Dit-elle. "Je dois vous ennuyer. Pardonnez cet excès de langage !"

"Contente ?" S'amusa Elyana. "Ma mère m'a toujours répété que les nobles n'aiment guère parler."

D'ailleurs, la jeune femme n'avait pas vraiment l'habitude de parler beaucoup, pourtant, elle appréciait les conversations, qui plus est, elle n'avait pas l'habitude de s'adresser à une jeune personne de son âge et de son genre.

"Pas de suite ? Vraiment ?" S'étonna-t-elle. "Je ne sais pas si l'on peut appeler cela une suite, mais Mère demande toujours à ce que je sois accompagnée lorsque je franchis les portes de Whitehill... Je vous envie Milady... Mais qui sont donc ces envahisseurs ?"

La curiosité était un vilain défaut, Elyana le savait pertinemment, mais au diable les conventions, les jeunes filles étaient seules, et à quoi bon s'encombrer de tout cela.
Elyana finit alors de coudre la robe. Ce n'était pas parfait, mais, en attendant une véritable couturière, cela devrait être amplement suffisant. La jeune fille n'était d'ailleurs pas peu fière de son travail.

"Qu'en pensez-vous ?" Dit alors Elyana

"La parole sert aussi. D’ailleurs c’est avec elle que vous avez fait fuir les deux reitres. Mon frère maitrise les mots bien mieux que moi. Et mon père l’estime pour cela." Continua Meera.

"Beaucoup doivent vous estimer pour votre sang froid et vos compétences en armes. J'aimerais pouvoir en faire autant, mais je ne suis qu'une femme prête pour le mariage" Ajouta-t-elle en riant, bien que cette perspective ne l'enchante guère. "Ce n'est pas le fait de savoir commander qui les oblige à m'obéir, ils ne le font qu'à cause de mon nom."

Elyana s'approcha de la fenêtre.

"Mon père est mort, ma mère est malade. Je suis donc la maîtresse de la maison faute d'héritier mâle. Tous ces gens me doivent obéissance, enfin, ils le veulent, je ne les oblige en rien, sauf à servir noblement la maison Whitehill."