Année 298-2e lune

Assis sur un banc de marbre l'épée au ceinturon attendant sous un soleil de plomb je contemplais les immenses rosiers à la parure jaune symbole de la maison Tyrell. On m'avait fait prendre congé plus tôt dans la matinée lady Talla étant très occupé. Je me suis alors mis à vagabonder ici et là à travers Ambroisie. Je rendais visite à mon cheval au sein des écuries du domaine y constatant qu'il ne manquait de rien. Il fallait dire que les garçons d'écurie sous les ordres de la maison Ambrose savaient y faire avec les chevaux. J'arpentais alors à l'opposé un lieu que je ne connaissais que trop bien. La grande forge qui ressemblait de près à celle ou mon père travaillait autrefois. Contempler l'ouvrage du forgeur en pleine matinée, alors que le soleil vient à peine de se lever est une chose rare et il faut se lever de bonne heure pour y admirer un tel travail. Je ressentais une certaine nostalgie à le regarder œuvrer avec force et avec pourtant une certaine retenue. Le crépitement des braises et les cendres rouges s'envolant perpétuellement vers le ciel était un spectacle qui me réjouissais plus que tout.

Je repris soudainement connaissance sortant de mes pensées. J'étais toujours assis dans la vaste cour de Ambroisie attendant... Je ne sais trop quoi finalement.
J'étais vêtu simplement mais décemment d'un pourpoint de couleur noir-gris. Je n'avais jugé important de mettre une côte de maille car Ambroisie était une citadelle sur pour les gens qui s'y aventurais.
L'après midi paraissait longue et ne semblait pas vouloir se finir sous les rayons du soleil et cette atmosphère presque suffocante ou par miracle de temps à autre une brise légère venait caresser tout mon être. Je contemplais l'architecture harmonieuse et élancée ou les gravures ne manquaient pas.
Je prenais une gorgée d'eau bien méritée puis décidais de m'exercer un moment seul face à moi même.

Je me dirigeais vers un espace plus approprié. J'avais droit à une salle qui me servait de logis pour les quelques temps que j'allais séjourner à Ambroisie auprès de lady Talla. Elle ne manquait pas de charme non plus, l'architecture semblant similaire de part et d'autres de la citadelle, colonnes, gravures de roses sur les murs, de quoi manger, boire, m'asseoir et me reposer à l'ombre sans pour autant être dans la pénombre.
Un des servants de la cour m'avait fait parvenir un mannequin de bois à ma demande pour que je puisse m'exercer.

Étant dans un milieu ouvert certaines gens s'arrêtaient pour me regarder un moment. Je faisais abstraction et dégainais mon épée dans un tintement léger mais audible de tous.
Je faisais pivoter dans ma main droite mon épée ou il était inscrit ces mots « Fier et Rusé nous resterons » avant de frapper avec simplicité et retenant l'aspect brutal du coup pour commencer.
Au fur et à mesure les coups s’intensifièrent, cognant contre l'armature en bois je pivotais de gauche à droite, quelques pas en avant je frappe. Je répétais inlassablement me mettant en condition pour le jour ou j'aurais besoin réellement de protéger lady Talla d'un ou plusieurs assaillants.
Ma respiration se faisait plus rapide et plus puissante j'imaginais la rudesse du combat à venir. Les paroles de mon père retentissaient en moi comme des tambours chantant un hymne appartenant désormais au passé.

*Porte ton coup droit et frappe juste Wiver ! Se n'est pas ainsi que tu l'emportera sur un vrai combat. Ne te crispe pas ainsi la trajectoire de tes coups se lisent sur ton visage mon garçon !*

M’appliquant je sentais l'humidité sur mon front se former partiellement. Je repensais aux paroles du seigneur Tarly et de ces propos envers sa fille aînée.

*Tu n'as ni la beauté ni l'intelligence pour pouvoir te permettre d'être désobéissante ! Alors apprends à obéir ! Vas tu apprendre où est ta place, femme !*

Ces paroles ne me plaisaient guère, j'étais en colère face à cet instant ou je n'avais pas su défendre à mes yeux celle que je devais protéger corps et âme. C'est alors qu'au dernier coup que j’assénais contre le mannequin j’eus la vision du seigneur Randyll Tarly recevant le coup ouvert de l'épaule droite jusqu'au milieu de son torse. Son sang suintant et ruisselant sur son corps ses yeux grands ouverts me fixant.
Je fus surpris et horrifié par cette vision laissant tomber mon épée sur le sol dans un vacarme raisonnant à travers la salle. Je reculais subitement avant de revenir à moi même le mannequin de bois me faisant face. La respiration haletante je me dirigeais rapidement vers la cruche d'eau me servant à boire et engloutissant dans une longue gorgée tout ce qui m'était possible de boire.
Là m’étant calmé et rassuré je ramassais l'épée la fixant d'un regard froid et perçant passant les doigts de ma main gauche sur la lame effleurant les inscriptions gravés sur celle ci.

Des applaudissements retentirent dans la salle. Mon regard se détourna subitement vers la provenance du son. Je fus saisis de stupeur restant figé apercevant contre le mur une femme qui de toute évidence était là depuis un bon moment. Voilà que je devenais négligeant, je n'avais pas entendu celle ci pénétrer la pièce alors qu'il m'était vitale de repérer tout bruits, mouvements pouvant être susceptible d'entendre face à mon rôle de garde auprès de lady Talla.

Allons donc quel piètre garde je faisais à ne pouvoir entendre une femme se poser tranquillement derrière moi. Mais il est vrai qu'avec le vacarme de mes mouvements et des coups portés contre l'armature de bois servant d'adversaire je n'allais pas pouvoir réellement entendre quelque chose. J'avais néanmoins relâché ma vigilance dans un pareil lieu qui était à mes yeux sûr et bien gardé.
Je l'observais un instant, assez pour comprendre que je n'avais pas à faire à n'importe qui. Ses vêtements, sa tenue, son comportement. S'était une très belle femme, bien que mince une certaine beauté se dégageait de son visage, ses yeux clairs en était le point culminant. Aucun doute là dessus s'était une dame de haut rang, ses paroles me confirmèrent le léger doute qui planait au sein de mon esprit. Malgré la vision que je venais d'avoir il me fallait revenir à la réalité et garder cela dans un coin de mon esprit pour ne pas que cela devienne une source de distraction.

Je repris sur le coup un état plus mobile exécutant une révérence respectueuse le souffle encore court puis me redressait de tout mon être rangeant mon épée dans son fourreau dans un tintement singulier. Prenant la parole je choisissais bien mes mots et me présentait à celle ci.

Surpris serait le mot plus adéquat, je ne vous ai pas entendu avec tout ce bruit... Mon nom est Wiver épée lige de lady Talla Tarly madame. Je vous remercie pour ces compliments bien que je ne pense pas être à la hauteur de telle paroles.


J'observais d'un coup d’œil furtif la salle, il y avait un banc en pierre et quelques coussins entreposés dessus. Je me risquais donc de lui demander si elle voulait s'y asseoir pour qu'elle soit plus à l'aise et peut être même s'y restaurer.

Vo, Voulez vous vous asseoir ? Je ne sais pas réellement depuis combien de temps vous êtes restée debout à me regarder m’entraîner. Peut être avez vous soif aussi ?


Sans plus attendre je détachais mon ceinturon enroulant la ceinture de cuir autour du fourreau de mon épée avant de la poser délicatement contre le mur près du banc, mes mouvements n'en seraient que plus aisés pour me déplacer maintenant. Je prenais place auprès du banc plutôt intimidé par le regard qu'elle arborait et en ce point je nous trouvais une singulière similitude.
J'essuyais d'un bout de tissu que je gardais l'habitude de porter sur moi. Être forgeron m'avait en quelque sorte fait prendre l'habitude pour essuyer la sueur perlant sur mon front. Je me devais d'être présentable et c'est dans un mouvement court et rapide que je m’exécutais avant de le remettre à sa place.

Alors qu'elle apprenait mon identité elle me dévoila la sienne. Mes yeux se plissèrent légèrement entendant le nom aussi noble que prestigieux. Ambrose voilà quelque chose qui m'aurait laissé sans voix si j'étais avare de parole.
Heureusement pour moi je n'étais pas de ces individus qui ne pouvaient se mettre en avant que par la parole et leurs connaissances monstrueusement barbantes. Non mon père m'avait souvent apprit que la parole était un outil à utiliser oui mais à bon escient et non pas pour faire l'intéressant auprès des jolies femmes qui pour beaucoup se laissent berner et duper leurs vertus par de belles paroles et le peu d'honneur qui leur est permit d'avoir en ce bas monde.
L'esprit semble à mes yeux similaire à une lame, c'est en l’aiguisant qu'elle devient dangereuse et tranchante. Il en était de même pour l'esprit mais c'est auprès des livres que celui ci devenait l'outil le plus remarquable et parfois aussi dangereux que n'importe quelle arme.

Lady Ambrose, voilà qui me rendait encore plus nerveux mais je n'en laissais rien paraître faisant bonne figure et gardant cette angoisse, cette anxiété d'être ce que l'on veut d'un homme telle que moi. Pourtant chasser le naturelle ne le ferait revenir que trop vite et j'estimais qu'après tout lady Ambrose avait là une manière d'être très surprenante mais dans le bon sens du terme. Oui il m'était curieux de voir en elle une gentillesse étrangement similaire à celle de lady Talla. En cela je ne me réjouissais pas trop vite car chaque personne reste unique mais un certains soulagement m'habitait et je comprenais rapidement que cette gentillesse, cette manière d'aborder le simple homme que j'étais était dans sa façon d'être et non une quelconque façon d'agir et de paraître.

Pour moi s'était là l’ambiguïté de la chose, je n'avais pas été aussi courtois on me l'avait demandé, exigé par mon statut et par ma condition. Mais le monde était ainsi fait et j'avais une grande estime pour les personnes de hautes naissances qui ne méprisaient pas les petites gens et qui y trouvaient plutôt une forme de bonté avec qui il y avait autant à apprendre qu'auprès d'érudits aux manières pompeuses.

Je faisais donc face à une parent de lady Talla Tarly, je n'en étais pas resté pour autant intimidé car elle était la femme d'un grand homme, lord Arthur Ambrose seigneur d'Ambroisie. J'étais l'invité auprès de la maîtresse de ces lieux qui n'avait pas forcément à mes yeux besoin de la renommée de son mari pour être respectée et inspirer autant de respect auprès de la population du Bief.
Ses mots étaient emplie d'une bonté que je pouvais réellement décrire et tout aussi surprenant qu'intéressant à vrai dire. Voilà peu de temps pourtant je suis au service de lady Talla et elle avait déjà trouvé le temps de parler de moi ? Son épée lige ? Je ne prenais pas encore conscience de ce que je venais d'entendre et pourtant j'étais gêné. Allez savoir pourquoi ? Je ne faisais que mon devoir, servir avec loyauté ceux que j'ai juré de protéger et s'était ce qui me rendait fier aujourd'hui.
Pourtant je ne pensais pas réellement mérité alimenter les conversations de personnes d'aussi haut rang.

J'esquissais un sourire, mes lèvres se livrèrent et mes yeux se baissèrent ne pouvant faire face à ma propre timidité voilà qui n'était pas digne d'un homme de ma condition pensais je mais hélas je ne pouvais lutter contre cette émotion mêlant gêne et joie.
Je me risquais prenant sur moi d'alimenter la conversation auprès de lady Ambrose.

Je ne pense pas mérité les dires de lady Talla quels qu'ils soient. Mais elle est la personne la plus sage et la plus gentille que j'ai eus la chance de connaître dans ma vie... Exceptez vous lady Ambrose sur ce point elle semble s'être inspirée de votre personne je crois.

Je n'avais pas en effet répondu à la question de lady Ambrose. Je ne voulais pas réellement y répondre, une telle image s'imprimant dans mon esprit me rendait nerveux mais se n'était là que le résultat d'une colère qui se devait de sortir et heureusement qu'elle le fut sur ce mannequin de bois.
Je l'observais l'épiant d'un regard en coin, elle se dirigeait vers ce dit mannequin qui m'avait servit de cible mobile pour l'entraînement. Je cherchais mes mots mais elle revint aussitôt me tendant un verre que j'acceptais souriant d'une manière enfantine laissant mon regard plongé dans le sien et s'y confronter.

Je vous remercie Lady Ambrose. Pour votre question veuillez me pardonner je n'y pensais plus... Je, parfois je m'imagine me battre face à des hommes mais je ne préfère pas m'imaginer leurs visages... Je me représente aussi parfois... Le réelle combat d'un homme se doit être face à lui même... C'est ce que je crois, sinon... Comment espérer pouvoir être digne de ceux que nous protégeons ?

Ma question restait en suspend dans mon esprit, je me posais cette question à moi même et pourtant je l'avais exprimé oralement face à lady Ambrose.
Mon regard restait comme fixé sur celle ci, se n'était pas facile de se défaire d'un telle regard, celui de lady Talla était tout aussi captivant mais pour des raisons qui me semblaient différents.

Pour tout vous dire, Lady Talla ne ma pas personnellement choisis... C'est mon seigneur Randyll Tarly il, il ma fait venir auprès de Corcolline pour servir sa fille aînée. Je lui en suis très reconnaissant. J'espère devenir quelqu'un par mes actes en servant et protégeant lady Talla même si le sacrifice de ma vie est nécessaire pour le bien du Bief... J'imagine...

Oui j'y songeais, certaines nuits. Le plus grand sacrifice qu'un homme puisse faire était de protéger ceux qui sont chères à ses yeux même si pour cela il faut y perdre sa propre vie. Une vie pour une autre pensais je. Et pourtant la vie était cruellement injuste parfois. Ma mère avait donnée sa vie pour me voir naître, vivre, grandir et cette dette je ne pourrais en aucune façon la rembourser.

Les paroles de lady Ambrose ruisselaient tranquillement à mon ouïe. Elle avait une façon de parler, une façon d'être que j'appréciais réellement. Tout cela était bien réelle. Enfin, je veux dire qu'il y a une année maintenant je n'aurais jamais cru un jour entrer au service d'une noble famille et de converser ainsi avec d'aussi grandes et prestigieuses personnes. Je n'aurai jamais cru pouvoir parler aussi librement ? Non bien sur il avait certaines limites à cette liberté mais elle me semblait si palpable que je pouvais presque la toucher de mes doigts. Une illusion qui me rendait à la fois fier mais aussi très respectueux du monde que je commençais à peine à côtoyer.

Un sourire simple s'afficha sur mes lèvres, je ne pouvais que baisser mon regard aux paroles qui d'une certaine manière me rendaient à la fois heureux mais aussi embarrassé. Je me rendais compte de mon comportement et pourtant je ne pouvais contrôler le sourire qui s'étirait naturellement sur mes lèvres.
Je prenais une gorgée d'eau portant mon verre à mes lèvres me focalisant sur celui ci pour effacer cet impétueux sourire.
J'écoutais attentivement pensant encore à la chance que j'avais d'être épée lige désormais. Non pas que mon statut me paraissait plus honorable que forgeron comme mon père le fut durant de nombreuses années mais converser ainsi et écouter des personnes se confier à vous sur des choses secondaires de la vie ou bien ayant de l'importance pour ces mêmes personnes me semblait plus profond et plus important. D'une certaine manière ces personnes qui se confiaient à moi et me parlèrent de leurs vie au quotidien m'octroyais leurs confiances. J'en étais touché et presque honoré pour le simple homme que j'étais.


C'est beaucoup de fierté que vous m'inspirez lady Ambrose par vos paroles. Je ne crois pas les mériter mais j'en suis très honoré...

Je serais heureux de pouvoir rencontrer votre fils lady Ambrose et je serais honoré de pouvoir m'entretenir avec et lui être utile en tant voulu.

L'idée de rencontrer Alyn Ambrose me réjouissais. Bien sur mon rôle en tant qu'épée lige de lady Talla était l'unique priorité majeur à laquelle je m'étais engagé mais être utile aux autres étaient tout aussi important pour moi à mes yeux.
Lady Ambrose était une femme aussi intrigante que charmante il n'y avait aucun doute sur sa bonté d'être et c'est avec plaisir que je prenais la pomme qu'elle m'offrait tout en la remerciant je croquais à pleine dent savourant le goût et le jus gorgée au sein de celle ci.
Je l'observais quasi-silencieux restant attentif à dame Ambrose. Tout en mangeant j'écoutais, son désir de tenir une épée et de pouvoir pratiqué me surpris venant d'une femme de cette stature me rendit presque mal à l'aise. Je continuais de croquer dans la pomme passant mon regard du mannequin en bois vers celle ci et inversement. Curieuse idée mais pas dénuée d'intérêt pensais je alors que je m’apercevais finalement qu'il ne restait déjà plus grand chose du fruit que dame Ambrose m'avait offert.
Se n'était peut être pas une bonne idée mais qui étais je pour contrarier une requête envers une femme aussi noble et au cœur si bon ? Je prenais le temps d'avaler le dernier morceau de pomme posant le trognon dans une assiette posée sur la table non loin de ma position.
Je me relevais cherchant du regard les épées d’entraînements réfléchissant à ce que je pourrais lui apprendre. Car il est vrai qu'être un homme d'arme ne signifie pas finalement être bon pour l'enseigner. Je trouvais finalement une épée de bois, je la prenais la faisant pivoter dans ma main droite puis la gauche. Elle n'était pas lourde, facile à manier et c'est tout ce qu'on lui demandait d'être finalement.

Je serais honoré de pouvoir vous donner quelques, conseils si j'ose dire... Tenez, prenez la dans la main que vous utilisez le plus. Je lui tendais l'épée de bois me postant rapidement derrière elle pour observer sa posture et le maintiens de l'arme qu'elle empoignait.

Vou, vous devez tenir le pommeau fermement, l'épée est le prolongement de votre main et de votre bras. Votr, permettez dame Ambrose...

Je me postais derrière elle restant à une distance minimum je déplaçais lentement et délicatement son bras pour la mettre en condition face à l'armature de bois. Je décalait sa jambe droite la pliant légèrement vers l'avant pour qu'elle puisse s'y maintenir la jambe gauche tendue vers l'arrière.

Voilà vous êtes fin prête... Cette position vous permet de faire front à votre adversaire... Toujours en alerte, vous observez ses moindres faits et gestes.

Je reculais légèrement me postant à une distance convenable pour observer.