An 299 – Lune 6 – Semaine 1 – Jour 6
Salvemer

Patrek Mallister posa son regard ardent sur la forteresse qui se dessinait à l'horizon.
Salvemer surplombait fièrement la Baie du Fer-Né. Il était à la fois bon et douloureux pour le jeune lord d'y rentrer.
En effet, il revenait de Vivesaigues où il avait assité aux funérailles du père d'Edmure. Il était de ceux qui avaient tristement poussé sa barque funéraire dans l'eau de la Culbute.
Les derniers mois étaient décidément bien sombres pour les Tully. Après Lysa et Brynden, c'était lord Hoster qui trépassait à son tour.

Edmure devait se sentir bien seul à présent. C'était aussi le cas de Patrek. La perte brutale de Jason l'avait frappé de plein fouet. A la douleur de voir la femme qu'il aimait partir pour Port-Réal afin d'y convoler avec un autre, s'était ajoutée celle ; irréversible, d'avoir perdu son père. De quoi ôter pour le moment un peu de sa verve et de son enthousiasme légendaires à celui qui était maintenant le nouveau lord Mallister.

Son regard avait perdu de l'inconséquence qui le caractérisait tant. Sans Jason pour gérer Salvemer d'une main de fer, tout lui paraissait beaucoup moins léger.
Patrek donna une nouvelle impulsion à son cheval. Il lui fallait se hâter de rentrer. Des gens – ses gens – dépendaient de lui à présent. Et il n'y avait rien qui le réjouisse moins que cette perspective là.


A peine était-il descendu de sa monture que déjà, Willem, le vieux mestre de l'antique citadelle venait à sa rencontre, aussi vite que ses jambes de vieillard usé le lui permettaient.

- Patrek, nous t'attendions. Elle est réveillée.

Le mestre n'essaya même pas de masquer tout le mépris qu'il pouvait bien avoir pour Glenhild Bonfrère, cette sauvage de fer-née qui avait assassiné Jason Mallister.
Son vieux visage était teinté d'hostilité et de colère mêlés, rien qu'à son évocation.

C'était de bien mauvaise grâce qu'il s'était employé à la soigner depuis la bataille de Vieilles-Pierres. Et il n'était pas le seul à lui vouer une haine farouche et revancharde. Nombreux étaient ceux de la maisonnée Mallister qui auraient donné cher pour passer quelques instants en tête à tête avec la jeune guerrière. Ils auraient bien aimé lui faire amèrement regretter d'avoir privé Salvemer et ses gens d'un lord aussi charismatique que compétent.

Patrek avait hoché la tête d'un air sombre. La fer-née s'était donc enfin remise de sa grave blessure. Des semaines qu'il attendait ce moment. Sans mot dire, il prit donc la direction des geôles de la forteresse afin de voir, les yeux dans les yeux, celle qui avait tué son père.

Patrek, comme à son habitude n'avait rien suivi des prérogatives du vieux mestre et était directement entré dans la cellule de Glenhild, après avoir traversé le long couloir humide qui donnait accès à une partie des geôles de Salvemer.

L'un des gardes affecté à la surveillance de la fer-née referma la porte derrière le Mallister, non sans lui avoir adressé un regard entendu. Ils n'attendaient que ça, les hommes de l'antique citadelle : un mot de Patrek pour accrocher la tête de cette salope à la plus haute muraille de la forteresse.
Ainsi pourrait-elle observer à loisir ses pirates de compatriotes être repoussés à la mer chaque fois qu'ils attaqueraient le Conflans ou essaieraient de prendre Salvemer.

Au dehors, on entendait la houle se briser contre les côtes de la baie du fer-né. L'eau suintait contre les parois de la cellule et la lumière y était rare.
On avait volontairement tenu Glenhild en dehors de toutes nouvelles de l'extérieur. Les autres prisonniers des Îles de Fer – quelques simples guerriers – avaient été enfermés dans l'autre partie des geôles de la citadelle afin qu'elle ne puisse leur parler. D'ailleurs, elle devait même penser être la seule captive ici tant les consignes de Patrek avaient été bien respectées.
Ses geôliers avaient ainsi pour ordre de ne pas lui adresser la parole et de ne surtout pas lui répondre, quoi qu'elle puisse dire. Et pour le moment, les hommes s'y étaient tenus, rendant l'enfermement de la sirène sanglante certainement encore plus insoutenable.

Patrek l'observa sans détours. Il s'était interdit de lui rendre visite tant qu'elle n'était pas réveillée. Il avait eu trop peur d'éprouver de la compassion pour la jeune femme alors inconsciente et grièvement blessée.
Et c'était bien un sentiment qu'il ne pouvait s'autoriser à l'égard de celle qui avait massacré des hommes du Conflans sans retenue avant de tuer son propre père. Il voulait la voir uniquement comme il aurait vu un prisonnier de guerre dont il pouvait tirer un avantage. Pas comme une jeune femme affaiblie et enchaînée dans une cellule à rendre fou même le plus sain des chevaliers.

Il avait demandé à Edmure s'il avait une préférence quant au sort de la Bonfrère. Son ami lui avait répondu d'en faire ce que bon lui semblait. Les quelques otages des fer-nés n'avaient que peu de valeur pour le Conflans. L'échanger contre des Lannister ne les intéressaient pas. D'ailleurs, il y avait fort à parier que les fer-nés auraient refusés de se plier à cette possibilité. Restait les otages Frey mais Edmure avait raison : Patrek avait un père à venger.

Le Mallister ne répondit pas tout de suite à la provocation de la blonde. Il voulait prendre son temps avant de décider. Car s'il avait une idée plutôt précise de ce qu'il voulait tirer de la Bonfrère, il n'avait pas encore complètement décidé du mode opératoire et des conséquences pour la jeune guerrière. L'issue dépendait encore en partie des prochains échanges entre les deux jeunes gens.

Au-dehors, la tension était palpable. Les fer-nés étaient peut-être des tueurs et des violeurs sans vergogne mais les hommes de Salvemer pensaient et respiraient uniquement pour venger leurs compagnons et leurs familles.
La défaite infligée aux pirates de Victarion n'était assurément pas une fin en soi et à présent que la fille Bonfrère était réveillée, il était plus que temps de passer à la suite du plan du Mallister.

Si les conditions avaient été différentes, Patrek aurait pu rire aux mots de la fer-née et lui répliquer sur le même ton un quelconque trait d'humour dont il avait le secret.
Seulement, rien de ce qui s'était passé voilà maintenant des lunes ne lui permettait de sympathiser, ne serait-ce qu'un peu, avec l'ennemie assise face à lui. S'il avait pu lui jeter aux pieds la tête de son propre fer-né de père, il l'aurait fait sans hésiter. Et c'était peut-être même ce qui avait fini par le convaincre de ne pas la laisser mourir. Jason serait vengé, mais certainement pas en prenant seule la tête de la Sirène Sanglante.

- Fanfaronner est bien la dernière chose que vous puissiez faire. Vous avez perdu. Tous les vôtres ont été rejetés à la mer comme autant de pucelles effarouchées et vous... Vous êtes prisonnière ici, lui répondit-il en la regardant droit dans les yeux.

Pour combien de temps encore, il n'en savait rien. Peut-être serait-elle encore là lorsque l'hiver viendrait jusqu'aux portes de l'antique citadelle des Mallister.
Ses hommes feraient la gueule. De ce qu'il avait rapidement compris à voir leurs mines à la fois exaspérées et soulagées lorsqu'il avait pris le chemin des geôles pour la voir, elle n'était à priori pas la prisonnière la plus tranquille qu'ils se devaient de garder. Patrek retint un sourire goguenard à cette idée avant que son regard ne s'assombrisse à nouveau. Rien n'était certain de toute manière. Peut-être même que d'ici peu, la tête de Glenhild surplomberait les remparts de la Tour Retentissante.

Le Sire de Salvemer frotta distraitement sa barbe de plusieurs jours sans quitter la prisonnière du regard. Il lui faudrait se raser avant de repartir dès le lendemain pour les Jumeaux. Il y avait envoyé le jeune Wendel avant de se rendre aux funérailles d'Hoster Tully pour prévenir de sa venue. Le vieux Frey l'attendait certainement de pied ferme – enfin autant que sa goutte pouvait bien le lui permettre – et armé de tout l'intérêt que pouvait bien représenter pour lui et sa famille le célibat du nouveau Lord Mallister.
A peine Jason était-il mort que Patrek avait reçu une missive du Sire du Pont lui proposant d'épouser l'une de ses filles ou de ses petites-filles. Sur le moment, il lui aurait bien hurlé qu'il n'y avait qu'une seule des membres de sa parentèle pour laquelle il se languirait jamais et qu'elle était à présent mariée. Heureusement pour l'aigle de Salvemer et ses relations avec les Frey, son Mestre l'avait dissuadé de faire pareille réponse et s'était chargé de rédiger un courrier bien plus cordial et respectueux dans lequel le fils de Jason s'engageait à rendre visite au Sire du Pont afin d'en discuter avec lui, d'ici quelques lunes. Officiellement, le temps qu'il lui faudrait afin de se faire à son nouveau statut.
Et le moment était venu. Mais Patrek ne parlerait pas que mariage avec Lord Walder. Il lui parlerait aussi des otages Frey et de ce qu'il s'apprêtait à faire pour qu'ils soient libérés.

- Petyr, Damon, appela-t-il, entrez. Et refermez derrière vous.

Les deux gardes ne se firent pas prier pour rejoindre le fils de Jason dans la cellule de Glenhild. Leurs regards licencieux en disant déjà long sur ce qu'ils espéraient pouvoir lui faire.

Les fer-nés étaient vraiment des imbéciles. Son père le lui avait dit bon nombre de fois et, jusqu'aux récents événements, Patrek avait toujours rechigné à le croire. Mais par son discours, Glenhild Bonfrère lui prouvait qu'une fois encore, Jason avait raison.

Pour elle, il ne s'agissait que de s'amuser, de jouer en semant autant de mort et de chaos que possible. Pour la gloire et la fierté d'un peuple qui s'était pourtant agenouillé plus d'une fois.
Patrek retint à peine un soupir d'agacement tandis qu'elle semblait vouloir lui faire la leçon. Elle avait l'air d'oublier où elle était et qui pouvait décider ou non de son salut.

Et le dieu Noyé avait décidément bon dos. A croire la guerrière, tous les fer-nés aspiraient uniquement, après leur trépas, à festoyer avec lui. Patrek n'avait aucune passion pour la religion, qu'il s'agisse de la sienne ou d'une autre. Pour tout avouer, il se marrait même intérieurement en pensant que la farouche guerrière à la mâchoire et aux poings serrés n'était en fait qu'une espèce de fanatique sanguinaire qui justifiait ses massacres en parlant gloire et festin avec son dieu des calamars et de l'eau.

Alors que Petyr et Damon entraient et refermaient derrière eux, le sang de la fer-née sembla faire un seul tour et, avant que Patrek n'ait eu le temps de donner la moindre directive, elle se préparait déjà à vendre chèrement sa peau.
Même si le Mallister ne s'attendait pas à ce qu'elle coopère en quoi que ce soit, il ne pensait pas qu'elle irait jusqu'à se servir de ses chaînes afin d'essayer de tenir ses hommes à distance.

Il allait lui dire de se calmer, que ce serait sans douleur si elle restait tranquille mais la blonde insulta alors la mémoire de Jason.
A ses mots, les deux gaillards se préparaient déjà à dégainer les gourdins qui étaient accrochés à leurs ceintures respectives tandis que Patrek serrait les dents. Il aurait explosé, s'il avait ignoré que son père était mort sans défaillir. D'un regard, l'aigle de Salvemer commanda à ses hommes de ne pas utiliser le bâton qui leur servait à corriger les prisonniers les moins coopératifs. Le Mallister ne se sentait pas l'envie de faire battre une femme, quand bien même il s'agissait de la dernière des roulures.
Il leur commanda d'une voix ferme :

- Saisissez-la et maintenez-la au sol. Face contre terre.

La Bonfrère ne voulait pas ployer le genou, n'est-ce pas ? Elle préférait rompre plutôt que plier ? A son aise.

Les deux hommes obéirent immédiatement à Patrek. Ils avançaient chacun d'un côté et de l'autre de la prisonnière afin que celle-ci n'ait pas un angle de répit. C'était deux grands gaillards, costauds. Certainement pas les plus intelligents de la forteresse mais ils avaient le mérite d'être de bons geôliers, endurants et peu loquaces. Prompts à inspirer la crainte aux captifs les moins aguerris. Il fallait cependant avouer leur désappointement. Une fer-née, ça devait se corriger sans retenue. Surtout celle-là.

Petyr, le premier, esquissa un mouvement vers la guerrière afin de la déséquilibrer [1] et de permettre à Damon de se saisir [2] d'elle de l'autre côté.
Le vent s'était soudainement levé, fouettant avec violence les murs froids taillés dans la pierre et donnant à l'humide prison une ambiance encore plus sinistre.

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#1 'Dé 20' : 12

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#2 'Dé 100' : 92

Si le combat paraissait, de prime abord, déséquilibré, c'était sans compter sur la hargne de la fille Bonfrère à causer autant de dégâts que possible ; quitte à y laisser sa peau. Ainsi, Petyr avait-il reçu la chaîne de Glenhild en pleine face avant de s'écrouler sur le sol humide de la prison, inconscient.

Patrek entendait déjà le vieux mestre de la citadelle lui dire qu'il avait pourtant essayé de le prévenir. Ce n'était pas une femme ; c'était un animal qui griffait, brisait ou étouffait tout ce qui passait à sa portée. Le Mallister fronça les sourcils tandis que le fracas des coups échangés retentissait. S'ils continuaient à ce rythme, ils réveilleraient toute la forteresse.

Damon grommela tandis que la fer-née essayait à présent de le déséquilibrer mais le grand gaillard tint bon et, tandis que la guerrière manœuvrait pour le prendre à revers, il s'était lui aussi retourné [1] pour lui faire face. Il essaya alors de la saisir à la gorge [2] avant de balancer son poing massif en direction de sa figure [3], avec autant de force que possible, dans le but de lui faire perdre connaissance.
Son Lord pouvait ne pas approuver, il n'en avait rien à faire. Cette salope n'allait pas se laisser maîtriser facilement, il ne le savait que trop bien. Et il était hors de question qu'une femme le mette hors-jeu. On se foutrait de sa gueule si ça arrivait. Une fois que tout cela serait terminé, ce con de Petyr en ferait lui-même l'amère expérience. Pourtant, il savait, lui aussi, ce dont la garce était capable. Mais ça ne l'avait pas empêché de se faire avoir.

Au-dehors, le vent ne se calmait pas, bien au contraire. Il soufflait de plus en plus fort, fouettant avec vigueur les parois de la forteresse. Non loin, il devait y avoir un orage qui se préparait. Si le Mallister avait été plus au fait de l'étude de la religion du dieu Noyé, il y aurait peut-être même vu un présage. Mais ce n'était pas le cas et le fils de Jason n'avait à présent qu'une hâte : en finir rapidement. La Bonfrère n'était pas son unique préoccupation de la journée, Damon avait donc tout intérêt à vite la maîtriser.

Petyr, sur le front duquel était à présent imprimés les maillons de la chaîne qui retenait captive Glenhild ne bougeait toujours pas.

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[HRP : nouveaux jets validés par le MJ]

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#1 'Dé 20' : 7

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#2 'Dé 100' : 43

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#3 'Dé 100' : 66

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A ce moment là, Patrek ressemblait plus à Jason que ça n'avait jamais été le cas. Visage fermé, il observait la scène sans ciller. Et bien que la méthode le répugne, elle était, se disait-il, un mal nécessaire.

Lui aussi se remémorait souvent cette fameuse bataille où il avait combattu aux côtés de son père. Au plus fort du combat, il n'était pas si loin lorsque Jason avait été tué. Un instant il croisait le regard teinté de fierté du Lord de Salvemer, l'autre moment, il le voyait gisant au sol, mort. Patrek ne savait pas combien de temps s'était écoulé entre les deux mais le résultat était là. Et il avait fauché autant de fer-nés que possible, sans savoir lequel avait occis son père.
Ce n'est qu'un long moment après la bataille que Marq Piper lui avait raconté ce qui s'était vraiment passé. Que c'était cette fer-née là qui avait tué Jason Mallister. Et elle était leur prisonnière. Patrek l'aurait certainement exécutée s'il n'avait pas alors déjà réfléchi à ce que pouvait leur apporter la fille de Gorold Bonfrère. Il pensait avoir eu une bien meilleure idée qu'une simple exécution.

Le combat entre Damon et Glenhild faisait rage. Aucun des deux ne semblait vouloir s'avouer vaincu et ils redoublaient chacun d'efforts afin de mettre l'autre hors-jeu.
Le grand gaillard avait évité le coup de tête de la sirène sanglante dans un grognement et cette réussite lui avait permis de se dégager sans trop de difficulté de la chaîne avec laquelle la guerrière aurait bien voulu l'étrangler. Ou peut-être était-ce aussi les privations et sa guérison encore récente qui faisaient perdre contenance à la guerrière ? Des semaines maintenant qu'elle était enfermée dans cette geôle moisie, sans pouvoir vraiment marcher, à manger la nourriture dégueulasse qu'on voulait bien lui donner... Des semaines sans monter la mer.
Toujours était-il qu'au moment où Damon tirait sur sa chaîne afin de la déséquilibrer complètement, trois autres hommes étaient entrés, au signe de tête de Patrek qui commençait à s'impatienter.
Glenhild se savait perdue. Elle allait mourir ici, ce n'était plus qu'une question de minutes. Alors, parce qu'elle tenait à sa mort glorieuse, dans un dernier sursaut, elle envoya un fulgurant coup de tête dans le nez de l'un des derniers arrivés. Et elle eut la satisfaction d'entendre le craquement sourd d'un nez brisé avant d'être brutalement plaquée sur le sol humide de la prison. Maintenant, il lui fallait juste mourir.

Mais l'Etranger – ou le dieu Noyé, il s'en fichait – devrait encore attendre avant que Patrek ne lui envoie Glenhild. Le jeune homme avança et se pencha au-dessus d'elle sans rien dire, avant de s'agenouiller sans douceur sur ses jambes fermement maintenues par ses hommes.

La guerrière sentait la fureur lui retourner les entrailles. Bon sang, il ne pouvait pas simplement laisser ses hommes la tuer ? Non, voilà qu'il voulait la prendre de force avant de lui trancher la gorge. Elle avait rêvé mieux, comme mort glorieuse. Alors elle essaya de se dégager encore une ultime fois, de toutes ses dernières forces. Elle aurait tôt fait de le priver de la précieuse arme qu'il avait entre les jambes si elle réussissait ne serait-ce qu'à se retourner à instant. Elle lui arracherait les couilles avant qu'ils ne la crève et mourrait en se marrant une dernière fois.
Mais elle devait se rendre à l'évidence : elle était à présent trop faible et surtout trop solidement entravée pour réussir ne serait-ce qu'à bouger un peu.

Patrek avait, de son côté, sorti une fine lame qu'il gardait accrochée à sa ceinture. Il attrapa alors d'une main les cheveux de Glenhild dont Damon maintenait le visage plaqué au sol. De l'autre ; celle qui était armée, il commença à les trancher.
Lorsqu'il eut terminé, le Mallister se releva puis, après un regard circulaire à la geôle, il dit à ses hommes :

- Attachez-la à des chaînes plus courtes, que ça n'arrive plus... Et emmenez Petyr à mon mestre, il s'occupera de lui.

Il se dirigea ensuite vers la sortie des cachots de la forteresse, les cheveux longs de Glenhild Bonfrère à la main.

La guerrière n'avait pas tout de suite compris. Cet enfoiré voulait uniquement l'humilier jusqu'au bout, c'était ça ? Et pourquoi ne l'avait-il pas tuée ? Combien de temps encore la garderait-il enchaînée ici ? Jusqu'à ce qu'elle devienne folle ?
Alors, la fer-née qui ne pouvait plus se battre contre les hommes qui l'entravaient plus serré qu'avant se mit à hurler des insultes aussi fort qu'elle le pouvait. A ses geôliers bien sûr mais surtout à l'attention de cette petite pute de Mallister qui avait osé lui faire ça et qui lui refusait une mort qu'elle méritait en la laissant pourrir ici.

Patrek était pratiquement arrivé au bout du long couloir qui menait aux cachots de la forteresse lorsque les hurlements sonores de la sirène sanglante commencèrent à se faire entendre.
En tendant ses cheveux au mestre qui l'attendait devant la porte, il grinça :

- Si elle hurle toujours de la sorte à mon retour, c'est sa langue que j'enverrai à son putain de père.