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Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose]

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MessageSujet: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime04.02.13 23:43

Un énième soupir franchit les lèvres d’Hazel, assise à la table d’une auberge, son regard sombre rivé sur la silhouette massive et imposante du Donjon Rouge. Il surplombait Port-Réal de toute sa majesté, semblant presque narguer les ruelles plus pauvres des bas-quartiers.
D’où qu’elle se tienne, Hazel le voyait sans cesse, lui rappelant à chaque fois que derrière ses murs se trouvait Lord Eddard Stark, la nouvelle Main du roi. L’objet de sa mission. Mais comment franchir les portes du château, elle qui n’avait aucune relation dans la capitale ?

Pour le moment, elle se contentait d’espionner les gardes des Stark, notamment trois olibrius assis à la table à côté d’elle. Malheureusement aucun d’eux ne semblait décidé à évoquer Lord Eddard, lui préférant une conversation sur les maisons de passe, ce qui n’était pas du tout du goût d’Hazel.

Cela faisait des mois que Lord Tywin attendait son rapport, et elle n’avait pas la moindre information à lui fournir. Ces mois, elle les avait passés à se demander de quelle façon elle pourrait bien lui expliquer son retard. Oh, l’on risquait de l’entendre rugir dans tout Westeros, le vieux lion Lannister !
Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’Aloysius, son père adoptif, n’apprenne jamais ses « prouesses » d’espionne. Partir pour Winterfell alors que Lord Stark se trouvait à Port-Réal ! Pourquoi pas au-delà du Mur tant qu’à faire !
*Père, si vous saviez qu’avant cela, en souhaitant suivre votre rival pour m’exercer à l’espionnage, je me suis retrouvée coincée sur les Îles des Fer…*
Repenser seulement à ce « voyage » suffisait à la faire grimacer. Désormais, Hazel se trouvait allergique au nom même de Greyjoy et les Fer-nés devaient encore se rappeler de cette jeune fille insolente qui, à force de discussions qui ne menaient à rien, leur avait fait remarquer que pour des hommes réunis sous le blason d’un poulpe, ils ne se mouillaient pas beaucoup. Evidemment, il n’en avait pas fallu plus pour déclencher une rixe, les Fer-nés appréciant peu que l’on compare leur symbolique kraken à un poulpe.

Peu désireuse de se rappeler davantage cet « incident diplomatique », Hazel reporta son attention sur l’intérieur de l’auberge et le vacarme qui y régnait. Des hommes s’égosillaient, une chope à la main, et la jeune fille n’avait aucune envie de connaître le sujet de leurs conversations. Quant aux gardes des Stark, et bien ils avaient tout simplement décidé -sans le savoir- de contrarier ses plans d’espionne. Comme si ce n’était pas assez que de les suivre toute la journée ! Ils ne faisaient jamais rien d’intéressant qui plus est !
Hazel se permit un nouveau soupir. Elle ne les comptait plus.
*Il faut vite que je trouve quelque chose avant que l’idée de me dévisser la tête pour en faire un presse-papier ne traverse l’esprit de Lord Tywin !*
Prise à ses pensées morbides, elle ne fit pas attention à l’homme au chapeau qui s’approchait d’elle avec un sourire jovial. Hazel ne sut quelle attitude adopter d’un premier abord, puis elle finit par aviser le luth qu’il tenait entre les mains. Un chanteur.

« Daignez, douce demoiselle, écouter l’une des nombreuses chansons de mon répertoire ! Mon luth ne demande qu'à jouer pour vous ! »

Hazel n’était pas venue pour écouter des chansons, certes, néanmoins son dernier périple de Winterfell jusqu’à Port-Réal lui laissait un goût plutôt amer qu’elle aurait souhaité oublier. Elle esquissa un geste vers le chanteur, se préparant à sortir quelque piécette à lui donner en échange, lorsque ce dernier ouvrit de nouveau la bouche, tout en pinçant les cordes de son luth :

« Oh magnifique ! Que vais-je vous jouer, gracieuse dame ? Oh ne dites rien, j’ai trouvé ! The Rains of Castamere ! »

A ces mots, Hazel se figea comme si l’on venait de lui verser un seau d’eau froide sur la tête. The Rains of Castamere ! La chanson des Lannister ! A croire qu’elle ne pourrait jamais échapper à sa mission. Tout serait convoqué pour le lui rappeler !

« Veuillez m’excuser, mon brave, mais j’ai changé d’avis. Je ne veux plus écouter de chanson »

Sur ce, elle se rembrunit dans son coin, sous l’œil dépité du chanteur qui voyait ainsi s’en aller les piécettes tant convoitées. Les gardes Stark lui jetèrent un coup d’œil avant de lever leur chope pour trinquer avec elle, en riant, visiblement très satisfaits de ne pas devoir écouter la chanson des Lannister.

Hazel s’apprêtait à profiter de l’occasion pour leur adresser la parole, lorsque son regard accrocha la silhouette d’un homme qu’il lui semblait avoir déjà vu. Ce furent ses yeux qui l’interpellèrent essentiellement. Ces iris d’un bleu très clair, ce n’était pas la première fois qu’elle les voyait, de même que ce visage taciturne.
Elle se mit à réfléchir sur l’endroit où elle avait pu le croiser, mais, toute à ses recherches, elle ne fit pas attention aux gardes qui se levaient, quittant l’établissement.
*ça y’est ! Si ma mémoire ne me joue aucun tour, il me semble l’avoir déjà vu traîner dans les environs alors que j’espionnais les Stark ! Hum… un serviteur de la maison du loup ?*
Il n’avait rien d’un garde pourtant. Ni d’un homme du Nord. N’ayant pas plus d’informations, Hazel décida de se reporter sur les « vrais » gardes. Elle pivota la tête pour les voir… avant d’écarquiller soudainement les yeux, se rendant compte qu’ils avaient disparu !
Ses épaules s’affaissèrent de dépit et elle se retint à grand peine d’envoyer balader la table à l’autre bout de la pièce. Tout cela pour rien ! A peine avait-elle jeté un malheureux regard aux alentours qu’ils avaient déjà pris la poudre d’escampette !

Furieuse contre elle-même et contre les gardes –simplement par pure mauvaise foi- elle finit par laisser ses yeux revenir sur l’homme qui l’avait détourné de son objectif. S’il appartenait à la maison Stark, elle n’avait pas tout perdu, aussi se leva t-elle, chope à la main, faisant mine de chercher quelqu’un. Au passage, elle s’arrangea pour bousculer l’homme, manquant de justesse de lui renverser le contenu de la chope dessus. Aussitôt, elle se confondit en excuse, sur le ton le plus convaincant possible :

« Oh veuillez m'excuser, je ne faisais pas attention où j'allais ! Je cherchais mes… amis. »

*Mes amis…J’aurais pu trouver mieux que cela quand même* se dit-elle tout en scrutant la porte par laquelle étaient sortis les gardes.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime05.02.13 18:30

Jasper trempa ses lèvres dans la chope de bière qu’il tenait dans sa main droite, son bras gauche accoudé au comptoir de la taverne bruyante où il avait jugé bon de se faufiler.

Il était de retour à Port-Réal depuis trois jours et avait passé les deux dernières semaines à chevaucher entre les différents villages environnants. Deux semaines à l’affut des rumeurs et opinions qui avaient pu naître dans le peuple depuis que Lord Eddard Stark avait été nommé Main du Roi et avait rejoint Port-Réal. Deux semaines pour constater que rien n’avait vraiment changé pour les petites gens; la politique ne les intéressait pas d’avantage qu’auparavant et leurs soucis n’étaient en rien comparables aux tribulations fiévreuses des hautes sphères de la société. Deux semaines harassantes, faites de constants déplacements, par tous les temps. Mais deux semaines de solitude, principalement. Pour la plus grande joie de Jasper. Certes, il avait dû se mêler à la foule des auberges, le soir, ou parcourir les marchés surpeuplés pour guetter les derniers ragots et recueillir les opinions des villageois. Mais, constatant bien vite que les mécontentements actuels ne divergeaient guère des plaintes habituelles et ne représentaient pas un danger de quelconque soulèvement contre le pouvoir en place, il avait pu, toujours, se remettre rapidement en route. Et retrouver la solitude qu’il appréciait tant, jusqu’à la prochaine étape.
Autant dire que ce n’est qu’à contre-cœur que Jasper avait regagné Port-Réal, beaucoup trop peuplé à son goût. Mais sa mission était claire: il devait chercher, identifier et surveiller toute source de soutien à la famille Stark, d’où qu’elle vienne et quelle que soit sa forme, et la signaler à ses supérieurs – c’est à-dire, indirectement, à Lord Tywin Lannister. Comme ses recherches n’avaient rien donné dans les environs, Jasper devait désormais se concentrer sur Port-Réal. La tâche serait ici moins aisée, car, du fait de la présence des Stark et des Lannister dans la même ville, la tension était plus grande et les gens par conséquent plus attentifs à leurs dires. Mais ses recherches porteraient à coup sûr ses fruits, Jasper en étaient persuadé. Il suffisait de prendre le temps qu’il fallait et de fréquenter les bons endroits.

Une auberge remplie de gens avinés faisait précisément partie des ces endroits. C’est donc par devoir plus que par envie que Jasper avait mit les pieds dans la taverne où il se tenait maintenant depuis une bonne demi-heure. Le fait qu’il se tienne seul et un peu en retrait au comptoir aurait pu attirer les soupçons s’il n’avait pas commandé une bière. Mais Jasper avait remarqué avec le temps que la commande d’un verre d’alcool avait une certaine force de persuasion sur le commun des mortels: un homme qui buvait dans le même établissement qu’eux était forcément « des leurs ». Jasper pouvait donc observer à sa guise les gens présents.
Il avait immédiatement repéré les trois gardes de la famille Stark. Si leur typé nordique ne suffisait pas, leur accoutrement ne laissait aucun doute. Mais les gardes eux-mêmes ne l’intéressaient pas. Ce que Jasper cherchait, c’étaient des personnes de Port-Royal qui se montreraient un peu trop aimables envers eux que ne l’exigeaient les bonnes mœurs. Car si l’hospitalité voulait qu’on se montre amical envers les membres du clan Stark, toute marque de sympathie supplémentaire était par définition suspecte. Il avait donc décidé que les trois gardes seraient son critère pour ce soir. Le comportement des gens qui évolueraient dans leur entourage pouvait en effet en révéler beaucoup sur leurs convictions.

Les quelques courtisanes présentes qui tournaient autour des trois gardes en se pavanant et en murmurant quelques paroles aguicheuses n’éveillèrent aucunement ses soupçons. Après tout, c’était leur métier que de se montrer excessivement sympathiques envers n’importe qui. Mais la jeune femme assise à la table voisine des trois gardes et dont il ne voyait que le profil l’intriguait. Elle buvait elle aussi une chope de bière. Elle était par conséquent une cliente comme les autres pour l’aubergiste et les autres consommateurs. Mais pas pour Jasper.
Sa peau légèrement matte indiquait clairement qu’elle ne venait pas du Nord. Il aurait d’avantage estimé qu’elle venait des Terres de la Couronne ou des Terres de l’Ouest. Elle n’aurait donc pas dû chercher la compagnie de gardes des Stark, comme ses regards attardés sur eux semblaient l’indiquer.
Jasper fut tiré de ses réflexions lorsqu’un chanteur s’approcha de la demoiselle en question. Il lui cacha la jeune femme, mais à voir qu’il préparait son luth, elle avait visiblement accepté de lui donner quelque monnaie pour un air. Il entendit le chanteur se proposer d’entonner « The Rains of Castamere », mais à ce moment-là, Jasper entendit clairement la demoiselle annoncer :
« Veuillez m’excuser, mon brave, mais j’ai changé d’avis. Je ne veux plus écouter de chanson »
Jasper posa sa chope sur le comptoir, surpris mais conforté dans son idée désagréable que la jeune dame ne devait pas porter les Lannister dans son cœur. Il allait devoir s’intéresser d’un peu plus près à elle.

En même temps que le joueur de luth, dépité, s’éloignait et lui rendait son champ d’observation sur la demoiselle, les gardes des Stark finissaient leurs verres d’une puissante gorgée. Jasper pressentit qu’ils allaient s’en aller et alors qu’il reposait ses yeux sur la jeune femme pour guetter sa réaction au mouvement de ses voisins de tablée, il constata qu’elle avait tourné la tête vers lui et le regardait. Jasper ne broncha pas, détourna le regard comme si de rien n’était, reprit sa chope et en but une longue gorgée. Mais le visage qu’il avait vu de face, aussi furtivement soit-il, ne lui semblait pas inconnu. Se pouvait-il qu’il ait déjà vu la jeune femme?
Jasper n’osa pas se retourner vers elle, craignant d’attirer son attention. Il s’efforça de parcourir le reste de la taverne du regard, comme s’il n’était pas d’avantage intéressé par l’intrigante demoiselle que par les autres personnes présentes. Il entendit la porte de l’auberge s’ouvrir et se fermer et se douta que les gardes avaient disparu. Jugeant avoir laissé passé suffisamment de temps, Jasper but une nouvelle gorgée de bière, posa sa choppe sur le comptoir et s’apprêta à pivoter légèrement pour reprendre son observation de la jeune femme.

Il n’en eut pas le temps car il se fit bousculer par… la femme!
« Oh veuillez m'excuser, je ne faisais pas attention où j'allais ! Je cherchais mes… amis. »
Jasper haussa un sourcil, seul signe extérieur à la fois de son étonnement face à la soudaine présence de la demoiselle qui lui adressait la parole et de sa suspicion face aux « amis » qu’elle pouvait bien chercher.
« Ce n’est rien. » murmura-t-il simplement en réponse à ses excuses. Il fit mine de rien mais son cerveau tournait à plein régime: il l’avait déjà vue quelque part, c’était une certitude.
Jasper s’attendait à ce que la femme continue son chemin comme n’importe qui à sa place l’aurait fait, mais son regard resta accroché au sien l’espace d’une seconde. Jasper eut le ferme sentiment que la femme espérait qu’il ajoute quelque chose. Pourquoi, il ne pouvait se l’expliquer. Mais la pas-tout-à-fait-inconnue n’était décidément pas aussi innocente que sa bière le faisait croire aux autres clients, il en était persuadé. Elle voulait qu’il parle? Il allait parler – autant que faire se peut chez lui. Mais uniquement dans le but de découvrir ce qui l’intéressait – à savoir quelles étaient ses relations avec les Stark… et qui elle pouvait bien être.
« Vos amis sont partis, je crois. » ajouta alors Jasper, pas tout à fait innocemment, en désignant du menton la porte de l’auberge par laquelle étaient sortis les trois gardes des Stark un instant plus tôt.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime06.02.13 19:32

« Ce n’est rien. »

Il avait prononcé cette phrase si faiblement qu’Hazel eut peine à l’entendre. Dès lors, elle se fit la réflexion que la tâche ne serait pas aisée, d’autant plus que le silence qui suivit ses paroles ne l’aida pas à rebondir. Comment lui soutirer de possibles informations s’il se fermait comme une huître ?

Elle s’exaspéra à nouveau du fait qu’elle ait perdu les gardes des Stark et, portant la chope à ses lèvres, elle but une gorgée afin de se donner contenance. Toutes ses capacités de réflexion venaient de s’enclencher dans un même temps, déversant un flot de questions laissées sans réponses dans son esprit. Subsistait seulement le sentiment que cet homme n’était pas un client anodin de l’auberge, aussi fallait-il qu’elle trouve le moyen de le faire parler coûte que coûte, au cas où il aurait des choses à cacher. Des choses qui intéressaient les Lannister. Certes, il ne ressemblait pas à un homme du Nord, cela elle l’avait déjà constaté. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas d’adhérer à leur cause. Après tout, les Stark ne semblaient pas hostiles, malgré leur sens de l’honneur exacerbé. Ils paraissaient simplement perdus, dans une ville immense qui les séparait de leur foyer.

Hazel tourna la tête vers l’homme « suspect » et voulût lâcher un soupir en constatant que chacun des mots qu’il prononçait semblaient soumis à une taxe, réduisant considérablement ses paroles au strict minimum. Toutefois, cela pouvait aussi constituer une preuve qu’il se trouvait en décalage par rapport aux autres clients. Après tout, les espions écoutaient beaucoup et parlaient peu, à moins que la situation ne l’exige autrement. Dans le cas où il en serait un, peut-être se méfiait-il d’elle.

*Peut-être a-t-il tout simplement le vin triste, aussi*, se dit-elle tout en l’observant une nouvelle fois.

« Vos amis sont partis, je crois. »

Hazel, d’abord surprise qu’il prenne de nouveau la parole, finit par plisser légèrement les yeux. Ainsi semblait-il avoir une idée sur les « amis » qu’elle recherchait, ce qui la surprit fortement, dans le sens où rares étaient les clients de l’auberge à prêter attention aux autres... à moins que ce ne soit dans le but de déclencher une rixe. Il avait dû la surprendre au moment où elle tentait de leur adresser la parole. Pourtant, cela ne sous-entendait toujours pas qu’il appartienne à la maison Stark. Après tout, les gardes pouvaient très bien attirer l’attention, sans compter leur tunique frappée de l’emblème du loup géant. Personne ne pouvait ignorer à quelle maison ils appartenaient. Oui, cela expliquait pourquoi cet homme leur avait prêté attention. Là voilà qui s'embrouillait toute seule dans son propre raisonnement !

Hazel but une dernière gorgée, se sentant soudain idiote. Il lui semblait qu’elle devenait vraiment paranoïaque à force de trouver milles astuces pour éviter d’être démasquée. Elle commençait à soupçonner la moitié de la population d’en être capable.

« Oui, je le crois aussi. Quels ingrats ! », dit-elle finalement en observant à son tour la porte.

Elle soupira, posant la chope sur le comptoir. Elle perdait du temps avec ses élucubrations. Cet homme ne pouvait définitivement pas être un garde. Il n’était pas vêtu comme devait l’être un soldat et ne portait aucun blason qui puisse le relier à une maison. Le fait qu’elle l’ait déjà croisé aux alentours alors qu’elle menait son enquête sur les faits et gestes de Lord Stark ne signifiait pas grand-chose sans autres preuves derrière. Non, c’était stupide ! Quant à l’idée d’un espion… Il s’agissait là d’une pensée ridicule ! Un espion chercherait à obtenir des informations, tout comme elle. Certes, l’instinct d’Hazel lui soufflait qu’il n’avait rien d’un client ordinaire, mais de là à en conclure qu’il travaillait pour quelqu’un…

« Bien ! Je m’en vais donc leur expliquer ma façon de penser, puisqu'ils m'ont lâchement laissé ici ! Ne vous donnez pas la peine de prendre un air impressionné surtout, je sais que dit comme ça cela n'a rien d'effrayant. Et excusez-moi du dérangement. »

Hazel s’était exprimée sur un ton jovial qu’elle agrémenta d’un sourire amical, son atout majeur pour éviter d’être démasquée. Un air innocent pouvait tromper bien des suspicieux.

Elle esquissa quelques pas vers la sortie, se frayant un chemin parmi des hommes avinés en train de parier sur un duel au bras de fer opposant deux brutes qui n’étaient plus toutes fraîches.
Parvenant difficilement jusqu’à la porte, en faisant fi de quelques commentaires graveleux, Hazel sortit de l’auberge pour se retrouver dans les ruelles animées de Port-Réal. Deux enfants passèrent en courant, et elle porta automatiquement la main à sa bourse, sachant pertinemment que dans la cité royale, il valait mieux rester le plus vigilent possible. Sans monnaie, elle serait bien embêtée, et même s’il était rassurant d’être aux ordres d’une famille dont la devise officieuse était « un Lannister paie toujours ses dettes », elle n’avait rien pour prétendre toucher un salaire, aussi modeste soit-il.

Alors qu’elle s’apprêtait à partir à la recherche des gardes, sûrement bien loin, elle s’arrêta soudainement, prise d’un étrange pressentiment. Une simple pensée lui avait traversé l’esprit, venant pourtant ébranler sa soudaine conviction à propos de l’homme dans l’auberge. Elle s’était convaincu qu’il n’avait rien d’un espion, mais si elle y réfléchissait bien… elle non plus ! Et pourtant, elle était bel et bien une espionne… plus ou moins forcée, mais espionne quand même.
*Il faut que j’arrête avec cette histoire ! Je me mets des idées dans la tête qui ne sont que le fruit de mon imagination ! Les gardes Stark au moins, c’est du concret !*
Pourtant, elle revint sur ses pas, prête à retourner dans l’auberge, lorsque la porte s’ouvrit, laissant apparaître quelqu’un.

« Ah ! »

Hazel porta la main à son cœur, après avoir sursauté d’une façon fort peu discrète. Elle en fut assez contrariée, constatant encore une fois que, pour une espionne, un rien la surprenait. Non, elle n’avait définitivement pas le profil type d’une « mouche ».
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime12.02.13 15:50

Spoiler:

Jasper regardait l’inconnue du coin de l’œil. Pourquoi éveillait-elle un souvenir en lui qui s’entêtait à lui échapper ? Il était pourtant loin d’avoir mauvaise mémoire. Il fallait croire qu’il l’avait déjà croisée sans qu’elle n’ait particulièrement attiré son attention par le passé… Ce qui, vu son comportement actuellement, paraissait à peine croyable!

Elle était jeune. Excepté les courtisanes, il était en réalité bien rare de voir d’aussi jeunes femmes seules, le soir, dans une taverne. Comme Jasper s’était déjà convaincu qu’elle n’appartenait pas à ce groupe de femmes, il parcourut rapidement l’auberge des yeux, cherchant un homme susceptible d’accompagner la demoiselle. Personne n’avait réagi au déplacement de la jeune femme vers lui. Depuis qu’il était là, il l’avait vue seule. Le joueur de luth était le seul à s’être risqué auprès d’elle, sans succès d’ailleurs. Et elle-même n’avait semblé fixer son attention que sur les gardes du Nord, sans que cela fût réciproque. Il fallait donc croire qu’elle était belle et bien venue sans escorte masculine. Encore une chose étonnante.
Jasper redirigea son attention sur la jeune femme. Elle était plutôt jolie. Oh, bien sûr, elle avait une de ces beautés incapables de retenir l’œil d’un noble, car trop naturelles. Mais sa silhouette svelte, ses yeux brillants et ses boucles brunes lui donnaient un charme certain. Jasper était persuadé qu’il n’était pas le seul, dans la taverne, à être de cet avis. Pour dire qu’elle fréquentait seule les rues de Port-Réal en même temps que la quasi totalité des hommes de la capitale, ivres qui plus vu l’heure tardive, elle avait du cran. Ou peut-être était-elle simplement aussi naïve qu’il l’avait été dans son enfance et ne soupçonnait même pas les horreurs dont les hommes étaient capables…
Jasper but une longue gorgée de bière en fermant les yeux pour forcer l’image de sa sœur en train de hurler à disparaître de son esprit.

La succession fulgurante d’idées et d’impressions qui défilaient dans la tête de Jasper furent interrompus par la réponse de l’inconnue.
« Oui, je le crois aussi. Quels ingrats ! »
Jasper ne dit rien. Non, les hommes n’étaient pas ingrats. Ils étaient bien pires. Mais, trop intrigué par la jeune femme cette fois, il ne laissa pas l’image de Rose refaire surface dans son esprit. Car il avait aperçu son léger froncement de sourcils avant qu’elle reprenne la parole, lorsqu’il avait évoqué les trois gardes. Sa réponse l’avait prise au dépourvu, soit parce qu’elle s’était attendue à ce qu’il garde le silence, soit parce qu’il avait touché la corde sensible avec les Stark. Et malgré tout, elle lui avait répondu sur un ton dégagé et avec une attitude tout à fait naturelle… Trop naturelle pour être authentique?! Mais comme on ne joue pas la comédie sans raison… Se méfiait-elle de lui ? Si oui, c’est qu’elle devait avoir quelque chose à cacher. Mais alors, pourquoi faisait-elle la conversation ?
« Bien ! Je m’en vais donc leur expliquer ma façon de penser, puisqu'ils m'ont lâchement laissé ici ! Ne vous donnez pas la peine de prendre un air impressionné surtout, je sais que dit comme ça cela n'a rien d'effrayant. Et excusez-moi du dérangement. »
Aha ! En était-elle arrivée à la même conclusion que lui, à savoir qu’elle avait tout intérêt à s’éclipser ?
Jasper garda une nouvelle fois le silence et resta impassible. La phrase de la jeune femme et son sourire désarmant lui auraient probablement arraché un petit sourire s’il n’était pas profondément troublé par son comportement dont il n’arrivait pas à comprendre la logique.

Comme si elle savait qu’il ne répondrait rien, la jeune femme, après avoir reposé sa choppe sur le comptoir, s’éloigna et sortit par la même porte que les trois gardes avaient empruntée quelques minutes auparavant.
Jasper garda les yeux fixé sur la porte et but une nouvelle longue gorgée de bière. Il ne savait pas quoi penser. Après tout, il était peu habitué aux gens des villes dont il savait pourtant qu’ils pouvaient être farfelus. Cette femme était peut-être simplement… un peu excentrique.
Mais la demoiselle maîtrisait bien trop l’art d’accoster les gens et de disparaître quand il le fallait pour être complètement innocente. Elle cachait quelque chose de louche, sa longue expérience d’espion l’en persuadait. Ce pressentiment imprécis suffisait pour justifier une investigation plus approfondie.

Jasper déposa sa chope vide à côté de celle de l’inconnue et se glissa hors de l’auberge avec la ferme intention de la retrouver. Elle venait de sortir et s’il voulait pouvoir la suivre, il avait intérêt à ne pas la laisser prendre de l’avance, puisque son comportement laissait penser qu’elle connaissait Port-Réal et pourrait s’orienter rapidement dans le dédale de ruelles de la ville. Il se fraya un passage entre les tables, bousculant au passage le joueur de luth qui laissa échapper un soupir agacé – décidément, ce n’était pas son soir – et poussa la porte.
La rue était nuit noire car la lune était cachée par d’épais nuages. Il ne serait pas surprenant qu’il se mette à pleuvoir sous peu. Seules les lumières de la taverne que la porte encore ouvert laissait échapper permirent aux yeux de Jasper de distinguer la silhouette qu’il cherchait. Mais à sa grande surprise, la femme ne marchait pas plusieurs mètres en avant dans la rue ; elle était revenue sur ses pas et se tenait face à lui, à peine à quelques mètres que lui ! Le petit cri de surprise que la femme poussa indiqua qu’elle n’avait pas non plus calculé avec cette nouvelle rencontre soudaine. Toutefois, comme elle ne pouvait probablement voir que sa silhouette, Jasper ne savait pas si elle l’avait reconnu ou non. Dans le doute, il choisit de jouer franc jeu.
« On dirait que la mise au point avec vos amis a été vite. » dit-il sans expression en laissant la porte se refermer derrière lui, replongeant la rue dans la plus totale obscurité.
Pourquoi était-elle revenue ? Elle n’avait soudain plus l’air aussi calculatrice et sûre d’elle qu’il l’avait pensé. Etait-il à ce point absorbé par ses missions qu’il en venait même à suspecter de naïves citoyennes ? Décidément, Jasper était dépassé par les événements. Il voulait en avoir le cœur net et songea qu’il serait donc intéressant de savoir où elle vivait et de pouvoir l’observer un peu plus longtemps.
« Je peux vous raccompagner ? »
Il avait formulé sa question sans fioriture. Il en était de toute façon incapable. Jasper parlait trop peu pour tenter de maîtriser l’art de la rhétorique. Ses prises de parole étaient toujours dirigées sur l’essentiel. Et puis, avec la femme en question, il était probablement impossible, même pour une personne habile à cet art, d’orienter la conversation dans la direction voulue. La demoiselle semblait bien trop imprévisible. Qu’elle prenne sa question pour une proposition indécente, qu’elle se sente menacée ou au contraire qu’elle y voit un gage de sécurité, Jasper s’attendait à tout de sa part. Sa réaction, même si elle le fixerait peut-être, lui importait au fond peu. Il l’escorterait de toute façon. A son insu s’il le fallait.

Avant que la demoiselle ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, la porte de la taverne s’ouvrit à nouveau, baignant à nouveau les silhouettes de la jeune femme et de Jasper de la lumière de la taverne. Jasper fit un pas sur le côté pour laisser sortir un groupe de cinq hommes qui, au vu de leurs beuglements vulgaires et leur démarche instable, avaient bu bien plus que de raison. Ils s’éloignèrent difficilement, l’un d’eux peinant à trouver les paroles de la chanson paillarde pour laquelle il s’époumonait malgré tout.
Jasper couvrit sa tête du capuchon de son long manteau en soupirant. La compagnie des hommes et l’abus d’alcool. Tout ce qu’il détestait. Tout ce qui lui avait enlevé sa petite sœur. Sans qu’il ne fasse rien pour l’empêcher.
Il laissa ses bras retomber en attendant une réaction de la jeune dame. Mais sa conviction n’en était que renforcée. Il l’escorterait de toute façon. Si ce n’était pas pour sa mission, au moins pour sa conscience.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime14.02.13 17:57

Hazel plissa légèrement les yeux, tentant de discerner dans la pénombre l’homme qui se trouvait devant l’auberge. La lumière, derrière lui, dessinait seulement sa silhouette et il sembla à Hazel qu’il s’agissait du « potentiellement suspect » en remarquant l’attitude calme de l’homme. Toutefois, elle n’en était pas certaine, ne pouvant pas distinguer ses traits.
Elle se demanda brièvement ce qu’elle ferait s’il s’agissait de lui.

« On dirait que la mise au point avec vos amis a été vite. »

Bon, il s’agissait bien de lui. Hazel fronça légèrement les sourcils. Il avait une façon très directe de s’adresser aux gens, allant droit à l’essentiel. Cela déstabilisa Hazel un instant, habituée à toujours en rajouter pour endormir la méfiance de ses interlocuteurs. Elle aurait pu trouver sa réflexion bien indiscrète, mais après tout c’est elle qui était venue lui parler. Il y aurait pu avoir de la suspicion dans ses mots, mais l’homme avait l’air plutôt détaché, comme si cela ne le concernait pas. Hazel soupira. Mais cela ne le concernait pas justement ! Il fallait qu’elle arrête de s’imaginer qu’un espion ennemi l’attendait à chaque coin de rue !

Hazel se força à rire, dissimulant ses doutes… et ses craintes. Car en ce moment même, Tywin Lannister, qui attendait toujours son rapport, devait moins rigoler.

« Oui, ils ont le pas rapide… même quand ils ont bu ! Ah ces hommes du Nord ! »

Ah ces hommes du Nord ! Ils commençaient à vraiment l’agacer, tous autant qu’ils étaient ! Entre leur seigneur qu’elle ne pouvait jamais voir de près puisque la chance jouait contre elle et ses gardes qui s’enfuyaient dès qu’elle avait le dos tourné !
Heureusement, il lui restait cet homme louche sous la main. Néanmoins, Hazel ne savait pas s’il s’agissait vraiment d’une bonne chose. D’après l’aperçu qu’elle en avait eu, il allait être difficile de le faire parler. Sauf que cette fois-ci elle avait un plan ! S’il ne parlait pas, peu importe ! Elle le suivrait afin d’observer ses moindres faits et gestes. Ainsi, s’il avait un lien avec les Stark, elle le saurait. Même si elle n’arrivait pas à approcher Lord Stark, elle pourrait toujours démasquer l’un de leurs espions ! Ce serait nettement plus intéressant que de suivre de stupides gardes !

« Je peux vous raccompagner ? »

La question la prit totalement au dépourvu. Encore une fois, il se montrait très direct. D’ailleurs, pourquoi était-il sorti de l’auberge juste après elle ? Il aurait pu poursuivre son chemin, même en la voyant revenir. Elle avait plusieurs éléments de réponse. Elle regretta soudain de ne pas avoir pris son arc. Cela aurait pu lui être utile. Enfin, il lui restait le poignard glissé dans sa botte. Cet homme ne ressemblait pas un pervers, et avec ses yeux bleus nul doute qu’il pouvait avoir les filles qu’il voulait. Mais au cas où, cela rassura Hazel de savoir qu’elle pouvait le priver à tout jamais de descendance s’il s’avérait être un homme « peu recommandable ».

Elle laissa cette hypothèse de côté. L’autre possibilité tenait la route, celle où il s’agirait d’un espion. En l’ayant vu suivre les Stark, peut-être cela lui avait-il mis la puce à l’oreille. Et comme il ne la connaissait pas, il voulait savoir pourquoi elle s’intéressait de près à la Maison du loup. Cela expliquerait le fait qu’elle l’ait déjà vu alors qu’elle épiait ces gardes inintéressants, dans l’espoir de croiser Lord Stark.
Toutes ces idées avaient jailli dans son esprit assez rapidement. Elle commençait à réfléchir de plus en plus vite face à l’imprévu, quoique sa surprise ait été assez perceptible. Tant mieux, cela lui donnerait un air moins soupçonnable. Une jeune femme se devait de réagir avec grand étonnement dans ce genre de situation.

Alors qu’elle allait répondre, cinq « buveurs émérites » sortirent de l’auberge d’une démarche qui n’avait rien de très sûr. Hazel esquissa quelques pas sur le côté, se dissimulant un peu plus dans la pénombre, tandis que l’un d’entre eux se lançait dans un récital de chanson de taverne. Hazel grimaça devant le « don » de chanteur médiocre de l’homme, que la boisson n’avait pas arrangé.
Elle regretta de nouveau son arc, et lorsque le groupe s’éloigna enfin, elle se tourna vers l’homme éventuellement espion des Stark, constatant avec une certaine déception qu’il avait rabattu le capuchon de son manteau sur sa tête. Autant dire qu’elle pourrait difficilement lire quoi que ce soit sur son visage si elle se mettait à lui poser des questions. D’un autre côté, il avait l’air assez fort pour dissimuler ses pensées.

« Ce ne sera pas de refus. »

Elle allait se rendre jusqu’à l’entrée du Donjon Rouge, afin de voir si l’homme pouvait y entrer. S’il était au service des Stark, il n’aurait aucune difficulté. Elle aurait sa preuve.
*Préparez-vous, les Lannister. D’ici peu, j’aurais peut-être un cadeau pour vous*
S’il ne l’était pas, en revanche… elle serait bien embêtée. En vérité, Hazel logeait à l’auberge qu’ils venaient de quitter. La raison principale : certains gardes Stark s’y rendaient souvent. Et pour cause, aucun Lannister ne fréquentait cet établissement… A bien y réfléchir, c’était peut-être cela la raison principale qui avait décidé Hazel à choisir cette auberge là plutôt qu’une autre. Ainsi, elle ne se verrait pas harcelée par la Maison du lion. Il ne manquerait plus que quelqu’un envoie un message à Lord Tywin pour lui annoncer que son espionne n’était même pas fichue de suivre sa cible au bon endroit !

Hazel prit la direction du Donjon Rouge, espérant ne pas se perdre dans la nuit. Bah ! Si elle se trompait de chemin, l’homme qui l’accompagnait le saurait et il pourrait les conduire au bon endroit.
A moins qu’Hazel se soit trompée et qu’il ne soit pas un espion. Mordant sa lèvre inférieure, elle se maudit de n’avoir que des suspicions et rien de concret. Il n’empêche qu’elle le trouvait bien mystérieux. Il devait forcément cacher quelque chose. Il fallait juste croiser les doigts pour que cela ait un lien avec les Stark. Afin de s’en assurer, Hazel décida de lancer la conversation.

« Je m’appelle Hazel, et vous ? »

Elle lui donna seulement son prénom. Peut-être n’avait-il jamais entendu son nom de famille, c’était même fort probable, mais elle préféra prendre des précautions. S’il avait déjà été dans les terres de l’Ouest, à Port-Lannis ou aux alentours, il était possible qu’il ait entendu le nom de Griffin, le marchand d’armes. Et s’il s’agissait d’un espion, il pourrait avoir des doutes sur son allégeance aux Lannister, étant donné que ces derniers gouvernaient les terres de l'Ouest. Après tout, les espions étaient toujours très bien informés sur les partisans des autres Maisons. Hazel était l’exception qui confirmait la règle.

« Vous êtes à Port-Réal depuis longtemps ? Je trouve que c’est une ville plutôt intéressante. N’êtes-vous pas de cet avis ? »

Questions anodines qu’elle formula sur un ton détaché et aimable, et qui généralement n’éveillaient pas les soupçons tant elles étaient banales. Néanmoins, la réponse pouvait se révéler intéressante.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime15.02.13 19:52

« Oui, ils ont le pas rapide… même quand ils ont bu ! Ah ces hommes du Nord ! »
Jasper, le visage plongé dans l’ombre de sa capuche, se surprit à sourire en coin. La jeune femme était tout simplement stupéfiante. Dans la nuit la plus totale, face à un inconnu, alors que cinq hommes ivres venaient presque de la bousculer, elle parvenait à garder son sang-froid et même esquisser un semblant d’humour. Car oui, Jasper avait beau ne jamais en faire, il savait apprécier l’humour. L’humour des soldats, ça, il n’aimait guère. Trop grossier, trop facile. Mais quelques phrases bien tournées savaient de temps à autres le séduire.
Son impression se confirmait : soit elle était une comédienne que rien ne pouvait troubler, soit d’une naïveté sans limite. Elle était en tout les cas pour l’instant insaisissable. Comme l’eau que l’on croit tenir entre ses mains mais qui ruisselle entre nos doigts. Elle ne laissait aucune certitude s’installer. Ses paroles partaient dans tous les sens et les pensées de Jasper, du coup, en faisaient de même. Il n’arrivait pas à se décider sur le compte de la femme. Méritait-elle sa méfiance, sa protection ou son indifférence?

A y bien réfléchir, elle ressemblait à Rose. Rose aussi avait un débit de paroles tel qu’on peinait à la suivre et à la cerner. Elle était fantaisiste, drôle, extravagante. Un rien la faisait palabrer de longues minutes durant. Elle s’intéressait à tout et rien, parlait de tout et de rien. Elle avait une immense confiance en elle… ou alors en les autres, Jasper ne l’a jamais trop bien su. En tout cas, elle se méfiait peu des gens. Un peu comme la femme, il semblait. Jasper s’était méfié à la place de Rose. Pas assez. Il avait omis de se méfier de son propre père. Ce père qui lui avait pris Rose… Rose…
« Ce ne sera pas de refus. »
L’inconnue acceptait sa proposition de la raccompagner ! Voilà qui était une bonne chose. Jasper pourrait peut-être la démasquer. Et s’il n’y avait pas de masque à enlever, alors au moins s’assurerait-il qu’elle parviendrait saine et sauve chez elle. Il se méfierait pour elle comme il l’avait fait pour Rose. Mais mieux. Il n’avait plus le droit à l’erreur. Il s’était interdit toute faiblesse depuis ses dix ans.

Jasper et l’inconnue s’étaient mis en route, sans rien dire, côte à côte. Lequel d’entre eux menait vraiment la marche, c’était difficile à dire. Ils semblaient se guider et se suivre mutuellement.
Alors qu’il était en train de se faire la réflexion qu’elle avait une démarche particulièrement souple et silencieuse dans la nuit qui pourtant prend un malin plaisir à rendre le moindre son au centuple, l’inconnue brisa le silence pour se présenter :
« Je m’appelle Hazel, et vous? »
Hazel. Sans nom pour y faire suite. Juste Hazel. Ca ne lui disait rien. Mais c’était un joli prénom. Ca lui allait bien. C’était pétillant comme elle. Mais c’étaient le genre de pensées que Jasper, jamais, ne formulait à haute voix. Il se contenta donc de répondre :
« Jasper. Jasper Rose ».
Jasper n’était pas du genre à mentir lors de ses missions. Plutôt que de raconter de fausses choses, il préférait ne rien dire. Et étant donné son caractère, ce n’était pas un exercice difficile pour lui. Il n’avait jamais de problème à donner son nom. Il partait du principe que tout se savait pour qui se donnait la peine de chercher – en tant qu’espion, il en était l’exemple vivant. Il avait par ailleurs l’avantage de porter un nom qui n’avait aucune consonance régionale particulière. C’était le prénom de sa défunte sœur qu’il portait. Un patronyme qui n’avait aucune histoire, aucune attache. Mais qui lui en donnait une.
« Vous êtes à Port-Réal depuis longtemps? Je trouve que c’est une ville plutôt intéressante. N’êtes-vous pas de cet avis? »
Une ville plutôt intéressante. Une personne originaire de Port-Réal n’aurait sûrement pas parlé de la capitale en ces termes. Il y aurait eu plus de chauvinisme dans la phrase. Hazel ne venait donc sûrement pas d’ici. Il avait aussi exclu son appartenance au Nord du fait de son teint trop hâlé pour les terres des Stark. Mais son allusion précédente « Ah ces hommes du Nord ! » laissaient penser qu’elles les connaissaient malgré tout.
« Non » répondit Jasper à la première question. Il ne s’embêta pas à ajouter qu’il venait d’arriver il y a quelques jours mais avait fait de plus longs séjours à Port-Réal par le passé. Il était trop pragmatique pour donner des informations qui n’étaient pas directement réclamées par la question posée.
« Je préfère les endroits… moins peuplés » déclara-t-il, répondant à sa seconde interrogation. « Mais il est certain qu’on y rencontre des gens très intéressants » ajouta-t-il en tournant son visage, que l’ombre de son capuchon masquait toutefois en grande partie, vers la jeune femme. Sa voix était restée égale. Il n’était pas en train de faire du charme à la jeune femme. Cela aurait peut-être été plus logique. Mais Jasper était intéressé par elle pour une toute autre raison. Pour son travail. Oh oui, la jeune femme avait gagné toute son attention cette soirée.
« Que faites-vous à Port-Réal? » demanda-t-il. C’était une question anodine, à laquelle il devait toutefois lui-même se préparer en tout temps. Il s’avouait assez facilement voyageur et devait veiller à trouver une couverture qui colle à ce statut. Une conquête d’un soir lui avait dit que ses yeux préoccupés étaient ceux d’un poète. Ses voyages auraient pu être dans ce cas expliqués par la recherche de l’inspiration. Mais si on lui demandait quelques vers, il était incapable d’apporter la preuve de ses talents. Alors il s’annonçait la plupart du temps chasseur. Cela justifiait relativement bien une vie nomade et solitaire. Mais moins sa présence à Port-Réal. C’était bien égal. Ses interlocuteurs n’étaient généralement pas futés au point de réfléchir si loin.

Ce faisant, Jasper et Hazel avaient continué à marcher et, bien que son sens de l’orientation soit plus aiguisé dans les grandes étendues naturelles et qu’il ne connaisse que relativement peu la capitale, Jasper avait le ferme sentiment qu’ils avançaient en direction du Donjon Rouge. Oh bien sûr, Port-Réal regorgeait de petites ruelles et ils auraient bien des possibilités encore de changer de direction avant d’y parvenir. Mais… était-ce un hasard? Que ferait-il s’ils arrivaient jusque au Donjon? Il n’avait rien à chercher là… Parce qu’il savait qu’il ne pourrait rien y trouver. Qu’est-ce que la jeune femme fabriquait? Avait-elle, elle, le droit de passage? Jasper ne tenait pas particulièrement à être vu en train de rôder aux alentours du Donjon. Il voyait là une mise en danger superflue de sa couverture. Ne pas attirer l'attention, c'était plus que sa devise, c'était son mode de vie. Aussi, si c'était là que Hazel voulait se rendre, il devrait trouver une excuse valable pour s'éclipser avant. Mais poser la question telle quelle serait un peu douteux. Pour mettre fin à ses doutes, Jasper se décida cependant à lui demander en jetant un regard derrière lui:
« Où habitez-vous au fait ? »
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime17.02.13 21:02

« Non »

Un simple non. Sans fioriture. Hazel se rembrunit, se demandant comment il était possible de soutirer des informations au dénommé Jasper Rose, tout en restant discrète. C’était la première fois qu’elle rencontrait une personne si difficile à aborder. Elle avait été très surprise quand il lui avait proposé de la raccompagner. Elle n’arrivait pas à le cerner, ni à percer cette sorte d’aura mystérieuse qui sembler planer constamment autour de lui, chose qui la mettait dans une situation inconfortable. Et pour cause, depuis son "voyage" sur les Îles de Fer, Hazel préférait garder le contrôle sur les évènements. Pour le moment, il fallait bien avouer que tout semblait lui échapper. Ned Stark était hors d’atteinte, et quant au gardes… elle préférait ne même pas y penser tant ses recherches tournaient en rond. Elle en avait même fait boire un, une fois, mais les seules confidences qui en étaient sorties ne méritaient pas que l’on y prête attention. Résultat : Hazel était ressortie avec une violente migraine et le récit des "prouesses" du garde. Si elle avait été plus sanguine, elle lui aurait envoyé une flèche entre les deux yeux, histoire de lui ouvrir le troisième œil.

Et maintenant, voilà qu’elle se trouvait réduite à tenter désespérément de démêler une vérité qui semblait vouloir rester secrète derrière le visage fermé de Jasper, visage qu’elle ne voyait même plus soit dit en passant. IIl l'intriguait beaucoup, sans qu'elle puisse en savoir davantage.

« Je préfère les endroits… moins peuplés »

Dans ce cas pourquoi restait-il ici ? C’était la première question qui était venu à l’esprit d’Hazel. Peut-être était-il obligé comme elle, dans le cadre d’une mission… Elle pesta mentalement contre elle-même, se rappelant qu’il ne fallait pas non plus qu’elle interprète tous les propos de cet homme comme une preuve de son implication envers les Stark. Néanmoins, les hommes du Nord n’étaient-ils pas un peu comme lui, à souhaiter être ailleurs plutôt que dans cette ville régie par des vipères ? Après tout, ils étaient arrivés depuis peu, eux aussi. Comme lui…

« Mais il est certain qu’on y rencontre des gens très intéressants »

A ces mots, Hazel tiqua, remarquant qu’il s’était tourné vers elle, sans qu’elle puisse discerner ses traits. Sa voix était tellement neutre qu’elle avait bien du mal à imaginer qu’il puisse tenter de la séduire. Il y aurait mis un peu plus d’entrain… ou alors il s’y prenait d’une drôle de façon.
A nouveau, Hazel commença à cogiter. Parlait-il des Stark ? Non, elle s’était dit d’arrêter de tout interpréter selon des impressions sans fondement ! Mais… et s’il parlait réellement d’elle, comme son attitude pourrait éventuellement le laisser penser, que devait-elle faire ? Après tout, un espion qui trouve intéressante une autre personne n’a pas une foule de raisons possibles à cet intérêt : il la trouvait louche ! Il suspectait quelque chose ! *Non non, rien ne prouve qu’il s’agisse d’un espion, et je ne peux pas croire que l’on m’ait démasqué si vite ! Au cas où, je ferais mieux de jouer les ignorantes naïves afin de le duper…*, pensa t-elle. Hazel venait de réussir l’exploit de se contredire dans la même phrase ; elle se disait qu’elle ne devait pas le suspecter si hâtivement d’être un espion et elle décidait juste après agir comme s’il en était un…

Elle préféra ne rien répondre, se sentant paranoïaque et profondément stupide d’en arriver à suspecter quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Toutefois, elle ne pouvait s’empêcher de penser que le soudain intérêt de Jasper pour elle cachait quelque chose. Comme par hasard, il avait souhaité la raccompagner au moment où elle avait commencé à suivre les Stark. Etrange, non ?
Le regard d’Hazel se perdit sur les ruelles endormies, le son de leurs pas lui semblant soudain très pesant.

« Que faites-vous à Port-Réal? »

La perspicacité dont il faisait preuve mit une fois de plus le doute dans l’esprit d’Hazel. Sa question supposait qu’il écartait la possibilité qu’elle soit originaire de Port-Réal. Il aurait pu lui demander si elle vivait ici, or ce n’était pas la question qu’il avait posé… Peut-être aurait-elle dû dire que la ville était une pure merveille, la plus belle de tout Westeros, mais dans ce cas n’en aurait-elle pas fait un peu trop ?

« Peut-être que je suis originaire de Port-Réal, tout simplement… », dit-elle en laissant planer le doute, un sourire mystérieux aux lèvres.

Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Hazel commençait à se poser des questions. Oui, elle s’en posait déjà beaucoup, mais cette fois-ci ces interrogations concernaient le chemin qu’ils avaient pris. La nuit faussait complètement sa perception, elle qui ne s’aventurait aux alentours du Donjon qu’en plein jour. Elle était bien incapable de déterminer s’ils avaient emprunté la bonne direction… ou une mauvaise. S’il s’avérait en plus qu’elle faisait tout cela pour rien ce serait encore du temps de perdu, du temps qui laisserait à Lord Tywin l’occasion d’imaginer sur quelle pique il placerait sa tête. Avec un peu de chance, il choisirait un emplacement orienté plein sud…

« Où habitez-vous au fait ? »

Hazel crut que son cœur allait s’arrêter lorsqu’il posa la question. Elle devait vite trouver une réponse, et si possible ne pas éveiller les soupçons, aussi se mit-elle à rire d’une façon détachée et légère.

« En avez-vous déjà assez ? Je ne peux vous le reprocher, car je dois bien avouer que j’ai le plus grand mal à me repérer la nuit. J’ai toujours l’impression que la ville prend un tout autre visage. »

Hazel se doutait qu’elle ne pouvait pas vraiment éviter la question comme cela et qu’il lui fallait répondre. Néanmoins, elle ne dévoilerait pas toutes ses cartes tant qu’elle n’aurait pas éclaircit le mystère autour de Jasper Rose. Car s’il était bien un espion des Stark, l’occasion de racheter son retard était trop belle pour la laisser filer. Elle se voyait déjà, l’amenant jusqu’aux Lannister tout en arborant un sourire fier. Elle laisserait tomber sur un ton des plus théâtraux devant leurs visages stupéfaits : « voici un espion des Stark ! ». Prise dans son délire imaginaire, elle tourna la tête vers Jasper avant de redescendre sur terre. La partie n’était pas gagnée.

Hazel décida néanmoins de jouer franc jeu :

« En vérité, je dois me rendre au… »

Elle s’arrêta net en avisant des silhouettes qui avançaient dans leur direction. La lune avait éclairé un instant leur blason, représentant un lion, sur leur armure, et la cape rouge flottant derrière eux à chaque mouvement qu’ils exécutaient ne laissait place à aucun doute : des gardes Lannister ! Paniquée à l’idée d’en croiser un qui pourrait la reconnaître et lui demander des comptes, Hazel empoigna Jasper par le bras et se mit à courir dans la ruelle adjacente, trop concentrée sur sa fuite pour songer au caractère inconvenant de son geste. Elle espérait que les gardes n’avaient pas eu le temps de les voir, aussi ne s’arrêta t-elle que lorsqu’elle fût sûre d’être hors de leur portée.
Reprenant son souffle, Hazel avisa alors le bras de Jasper qu’elle tenait toujours, le lâchant subitement avec un air désolé. Cette fois-ci, elle en était certaine : il allait vraiment la prendre pour quelqu’un de louche.

« Excusez-moi de vous avoir entraîné là-dedans, sans vous prévenir qui plus est, je vous assure que je l’ai fait sans m’en rendre compte ! C’est juste que la vue des hommes en armure me fait peur… »

Aussitôt, elle s’asséna une claque mentale, se disant que ce mensonge était l’un des plus idiots qu’elle n’ait jamais inventé ! Surtout quand l’homme en face d’elle l’avait vu dans une auberge, cherchant des gardes…
Elle se reprit piteusement, entortillant nerveusement ses doigts.

« Enfin… La vue des hommes en armure avec un lion sur le plastron et une cape rouge, pour être plus précise... Le point positif, c’est qu’ils ne nous ont pas suivis ! En revanche, le point négatif… et bien… j’ignore où nous sommes… »

Le point positif relevait du fait que Jasper ne pourrait jamais deviner qu’elle espionnait pour les Lannister avec une telle attitude. Ou alors il serait hautement plus perspicace qu’elle ne l’avait imaginé. Le point négatif… c’est qu’elle ne pourrait plus lui faire croire qu’elle était originaire de Port-Réal.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime18.02.13 0:19

Jasper avait le sentiment d’avoir touché la corde sensible. Quelle était cette corde exactement, il était incapable de le dire. Mais les déclarations de Hazel se faisaient moins convaincantes.
A la question ce qu’elle faisait à Port-Réal, elle avait donné un élément de réponse qui se voulait vague et mystérieux mais contenait aux yeux de Jasper tout ce qu’on pouvait mettre de fausseté et de mauvaise improvisation dans une phrase. On ne la faisait pas à lui. Surtout venant d’elle… c’était trop brouillon pour celle qui avait provoqué tant de trouble chez lui par son subtile jeu du chat et de la souris jusqu’à présent. A moins que ce ne soit encore un de ces arts de brouiller les pistes ? Mais non… même Hazel semblait peu convaincue par ses propres dires et avait l’air de jouer une comédie cette fois involontaire. Jasper s’abstint toutefois de le faire remarquer. Il n’était pas du genre à trop interférer. Il avait appris que même sans trop intervenir, on pouvait quand même parvenir à ce qu’on cherchait. Intervenir peu, mais au bon moment, c’était la clé.
Lorsqu’il lui demanda où elle habitait, Hazel tenta à nouveau de prendre la fuite en éludant sa question. Jasper allait lui répondre que non, il n’en avait pas assez mais devrait lui aussi retrouver son chemin au retour et serait heureux de savoir d’où il aurait à retrouver sa route, mais cette fois, Hazel s’était ressaisie et s’apprêtait à lui dévoiler où elle voulait se rendre lorsque… elle prit la fuite pour de bon, c’est-à-dire au sens propre. Et elle embarqua Jasper avec elle dans sa folle course.

Jasper eut juste le temps de comprendre que c’était en réaction aux gardes qu’il venait tout juste lui aussi d’apercevoir que Hazel s’engouffra en lui tenant le bras dans une ruelle perpendiculaire à la voie qu’ils empruntaient encore quelques secondes plus tôt. *Quels réflexes!* songea-t-il avec admiration. Il avait lui-même aperçu les gardes au dernier moment et n’avait même pas pu distinguer clairement à quel corps ils appartenaient, même s’il avait cru voir des capes rouges. Autant dire qu’il était complètement pris au dépourvu par cette fuite soudaine et imposée par Hazel qui lui avait accroché le bras. Il avait l’impression que son cerveau tournait au ralenti en comparaison de celui de la jeune femme. Sa bouche ne put laisser aucun son s’échapper. Qu’aurait-il dit de toute façon ? Son esprit était momentanément vide. Seules ses jambes semblaient aptes à obéir et à suivre le rythme soutenu imposé par Hazel. Bon sang que cette fille était surprenante. Et définitivement pas banale. Il avait bien fait de la raccompagner. Il ne perdait pas sa soirée.

Hazel finit par s’arrêter et, alors que tous deux reprenaient leur souffle et constataient d’un regard en arrière qu’ils n’avaient visiblement pas été suivis, elle excusa son geste et tenta de l’expliquer :
« C’est juste que la vue des hommes en armure me fait peur… »
Jasper, dont la capuche avait basculé en arrière sous l’effet de la course, fronça les sourcils, toujours haletant, les mains sur les hanches pour reprendre son souffle. Tiens, voilà qui était tout aussi peu banal que leur fuite soudaine. Une peur des hommes en armure?! Elle??
« Enfin… La vue des hommes en armure avec un lion sur le plastron et une cape rouge, pour être plus précise...»
De deux choses, l’une: les gardes dont ils avaient pris tant de peine à se cacher étaient donc bel et bien des Lannister. Et si lui, qui osait prétendre avoir de bon réflexes, avait peiné à le remarquer, Hazel l’avait vu immédiatement. Elle était donc sur le qui-vive, ce que ne sont pas les personnes qui n’ont rien à se reprocher. Et surtout: elle fuyait les Lannister… Voilà que les doutes de Jasper étaient confirmés ! Elle avait quelque chose à cacher aux Lannister. Pire, elle cherchait visiblement en plus à entrer en contact avec les Stark ! Qui diable était-elle ? Une fugitive? Une taupe? Elle avait beau être une femme potentiellement en danger dans les rues de Port-Réal en pleine nuit, elle venait de perdre son innocence aux yeux de Jasper. Les souvenirs de Rose avaient beau être omniprésents, ils ne lui faisaient jamais perdre de vue ce qu’il était: un soldat de Tywin Lannister. C’était la seule identité qu’il avait et c’était ce qui passait avant tout dans sa vie. Ses scrupules passaient au second plan. Il allait devoir soumettre Hazel à un entretien plus approfondi. La conduire à ses supérieurs. Mais cela avait des conséquences : révéler son identité, directement ou non, et révéler les méthodes de l’armée des Lannister à une personne extérieure. En principe, on ne pouvait pas laisser la personne concernée repartir comme si de rien n’était, même si elle se révélait innocente ou inintéressante. Soit c’étaient des gens destinés à être tués, soit à être gardés prisonniers. Il ne fallait donc pas prendre la chose à la légère. Et être certain, à cent pour cent, que la jeune femme était louche au point de mériter d’être emmenée par ses soins au quartier général de l’armée de Tywin Lannister à Port-Réal.

Jasper se déplaça légèrement, faisant mine de chercher à reprendre son souffle, les mains toujours sur les hanches, de sorte à se trouver plus ou moins face à Hazel et que celle-ci ait le mur de la résidence devant laquelle ils avaient atterri à environ un mètre dans son dos. Il voulait limiter ses chances de fuite, puisqu’il venait de constater qu’elle pouvait courir rapidement. Elle venait d’annoncer qu’elle ignorait où ils se trouvaient maintenant.
*Et vous ignorez également à qui vous vous confiez.* songea Jasper.
La lune éclairait son visage sérieux et il regardait Hazel droit dans les yeux.
« Je ne vous en veux pas pour cette course forcée. Mais dites-moi, pourquoi fuyez-vous les gardes des Lannister au juste? » demanda-t-il. Il pencha la tête sur le côté. Une « peur des Lannister » n’existait jamais sans raison. Mais les raisons ne manquaient pas, il fallait bien l’avouer. Jasper avait hâte d’entendre celle que Hazel donnerait.
« Vous me devez bien ça » ajouta-t-il, sans sourire toutefois, pour l’encourager aux confidences. Au point où ils en étaient, elle pouvait bien cracher le morceau. Ca ne changerait de toute façon pas grand chose.


Dernière édition par Jasper Rose le 18.02.13 20:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime18.02.13 19:14

Elle le savait, toutes ses chances de passer pour une jeune fille blanche comme un agneau venaient de s’envoler. Hazel ne pouvait compter que sur le fait qu’elle avait fui devant des Lannister. C’était toujours mieux que devant la garde royale ou les soldats Stark. Du moins, le pensait-elle.
Hazel savait qu’elle avait mal joué et que dans des circonstances hautement plus dangereuses, elle aurait pu le payer cher. Le problème, c’est qu’elle ne savait guère jouer la comédie très longtemps, lassée par ces simagrées et autres pirouettes destinées à endormir la vigilance d’autrui. Ce n’était pas la vie qu’elle imaginait, et s’il n’avait pas été question de son père adoptif, elle aurait cessé toute cette mascarade. Il semblait pourtant qu’elle soit liée aux Lannister pour de longues années, voire toute une vie, aussi n’avait-elle pas le choix. Fuir serait peut-être la bonne solution s’il s’avérait que ses sens l’avaient trompé. Toujours est-il qu’elle avait encore la certitude que Jasper, en plus d’être louche avec son intérêt pour ce qu’elle faisait à Port-Réal, ne pouvait être qu’un espion des Stark !
Elle remarqua d’ailleurs son déplacement et constata amèrement qu’elle risquait difficilement de fuir cette fois-ci. Ses soupçons se confirmèrent un peu plus encore : il était trop observateur pour un voyageur ordinaire. Il avait vu à quelle vitesse elle avait pris ses jambes à son cou –don acquis dans les Îles de Fer- et la laissait s’échapper ne semblait pas dans ses projets. Il voulait savoir quelque chose. Hazel sentait qu’il allait poser une nouvelle question, et elle savait laquelle ; elle le voyait dans ses yeux, maintenant que son visage se trouvait dégagé. Ce ne serait qu’une question de secondes, avant qu’il ne pose ladite question…

Hazel ne fut donc pas surprise lorsque Jasper demanda la raison de cette fuite, ou plus précisément la raison qui la poussait à craindre les Lannister. Que pouvait-elle bien répondre à cela ? Pas la vérité en tout cas ! Sinon, elle risquait de se retrouver certes en présence de Lord Stark, mais pas dans un contexte agréable.

« Vous me devez bien ça »

Il ne rigolait pas en plus. A son visage sérieux il avait l’air bien décidé à obtenir sa réponse et se défiler risquait de compliquer la situation plus que nécessaire. Mais Hazel ne s’affola pas outre mesure, elle qui parvenait à se tirer des situations les plus insensées. Perdre son calme comme elle l’avait déjà fait quelques minutes auparavant avait certainement semé plus de doute encore.

Elle croisa les bras, son regard se posant sur Jasper.

« Dans d’autres circonstances, je pourrais vous trouver bien indiscret pour un simple voyageur. Posez-vous toujours autant de questions ou c’est un honneur qui m’est échu uniquement ? »

Hazel s’était exprimé sur un ton légèrement moqueur, sans toutefois qu’il y ait une quelconque animosité dans sa voix ou son expression. Elle se contenta de sourire avec un brin de malice, avant de jeter des regards à droite et à gauche, s’assurant que personne ne se trouvait dans les environs.

« Néanmoins vous avez raison, je vous dois bien ça. Vous savez certainement qu’un "Lannister paie toujours ses dettes" ? Certes, sauf qu’un Lannister attend aussi d’autrui les mêmes… vertus ? Appelons ça ainsi. Ils oublient qu'eux peuvent se permettre de payer leurs dettes rapidement. J’ai encore l’espoir que le nouvel adage de la Maison du lion devienne "Un Lannister oublie toujours les dettes qu’on lui doit", mais en attendant je préfère fuir. Je sais, cela n’a rien de reluisant… »

Et c’était aussi un mensonge, ou plutôt une vérité déguisée en autre chose... Seulement, Hazel préférait rester prudente au cas où Jasper se mette de mauvaises idées dans la tête. La dénoncer aux Stark en était une par exemple.
L’hypothèse des dettes paraissait toujours assez plausible, difficile à vérifier, fort courante, et d’une gravité relativement moyenne, selon le montant de la dette bien entendu, mais Hazel nourrissait l'espoir qu'il ne pousserait pas la curiosité jusque là. Peut-être cette excuse suffirait-elle à Jasper. D’ordinaire, ce genre d’alibi fonctionnait plutôt bien et peu de gens cherchait plus loin. Mais comment savoir avec quelqu’un d’aussi particulier que ne l’était Jasper ? Il posait beaucoup de questions bien précises, sans que lui-même ne dévoile quoi que ce soit. Le cerveau d’Hazel avait beau tourner à plein régime, elle ne parvenait toujours pas à démêler la vérité. Attendre que la solution tombe du ciel ne l’aiderait malheureusement pas davantage.

« Puisque nous en sommes là de ces confidences, je ne suis pas de Port-Réal, mais je suppose que vous l’avez compris vous-même… et en général, on me dit que je suppose assez bien. Je suis là pour les affaires de mon père. Voilà, j’ai répondu à vos questions. C’est votre tour, Jasper Rose *elle sourit* Qu’est-ce qui vous amène dans ce lieu trop peuplé à votre goût ? »

Même s'il n'avait pas l'air mauvais, Hazel se rassura en pensant au poignard dissimulé dans sa botte. Juste au cas où il chercherait à se montrer plus menaçant. Elle savait que les hommes pouvaient subitement changer de visage et qu'il valait mieux rester vigilente... et prévoyante.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime19.02.13 15:04

Alors qu’un instant auparavant, elle semblait être complètement perdue, laissait son discours partir dans tous les sens et s’enfuyait sans prévenir à la vue de gardes, Hazel paraissait désormais retrouvé ses moyens. Jasper, qui s’attendait à la trouver particulièrement vulnérable et coopérative à cet instant précis, fit ainsi à nouveau face au mur de paroles soigneusement mises en places par la jeune femme. Sa furtive perte de contrôle sur la situation était derrière elle. La preuve était qu’elle avait recommencé à poser des questions à Jasper, pour chercher à le mettre mal à l’aise peut-être et pour en savoir simplement plus sur lui sûrement. A croire qu’elle n’était jamais à court d’idées. En tout cas, elle ne devait jamais être à court de salive. Jasper n’en revenait pas. Il avait déjà rencontré plus bavard, homme comme femme. Dans les rangs de l’armée, un compagnon de tente l’avait d’ailleurs particulièrement marqué lorsqu’il avait environ dix-huit ans. Le soldat en question semblait incapable de se taire et Jasper n’avait jamais compris comment ce dernier avait pu mener, des nuits durant, un dialogue à lui tout seul, puisque Jasper ne lui avait évidemment jamais répondu. En comparaison, Hazel était très silencieuse. Mais voilà, Jasper avait passé les deux dernières semaines entièrement seul et les trois derniers jours qu’il était de retour à Port-Réal avaient également été relativement tranquilles. Autant dire qu’il n’était plus habitué à une telle générosité de paroles et devait presque se concentrer pour suivre l’explication de Hazel. Au final… Oui, au final, quoi? L’excuse de Hazel selon laquelle elle évitait les Lannister parce qu’elle avait des dettes à payer tenait la route. C’était un élément que Jasper pourrait vérifier sans trop de problèmes. Certes, cela prendrait du temps. Pas mal de temps. Selon la coopération de la jeune femme, le montant et les parties en jeu, beaucoup de temps en fait. Mais la jeune femme avait raison sur un point: les Lannister tenaient à être payés. Si dette il y avait, cela devait pouvoir être prouvé.
« Je vois » réagit-il simplement. Il avait préféré ne rien dire quand à « l’honneur » qu’il lui faisait de la questionner.
Seulement, les dettes ça n’était pas ce qui intéressait Jasper. Il était soldat. Pas collecteur d’impôts ou vérificateur de comptes. Bien sûr, il pouvait le devenir si tels étaient les ordres de ses supérieurs. Mais ce n’était pas ce qu’on attendait de lui en ce moment. Sa mission actuelle était de repérer et signaler les formes de soutien aux Stark. S’il n’y avait eu que la fuite devant les gardes des Lannister, cela aurait encore passé. Mais le problème, c’est qu’il avait commencé à observer Hazel parce qu’elle cherchait de toute évidence un contact avec les Stark. Et comme ses relations avec les Lannister étaient visiblement tendues, peu importe que l’histoire des dettes soit vraie ou non d’ailleurs, le fait qu’elle se tourne vers les Stark n’était pas bon. Vraiment pas bon.

Jasper continua à fixer Hazel, sans rien dire. Les Stark… Bien sûr! C’était trop évident pour qu’il s’en rende compte tout de suite! Mais il était maintenant à peu près sûr et certain que c’était là qu’il l’avait déjà vue, cette étrange demoiselle: dans l’entourage des Stark. Lorsque lui-même avait dû attraper au vol, ci et là, les impressions et intentions du peuple du Nord à l’annonce de la nomination d’Eddard Stark comme Main. Les yeux de Jasper s’étaient ouverts un peu plus grand au moment où ses souvenirs avaient refait surface.
« Puisque nous en sommes là de ces confidences… » Hazel avait repris la parole. Et à nouveau, elle maniait l’art de la conversation avec brio. Admettant qu’elle n’était pas de Port-Réal, comme pour flatter son interlocuteur, mais revenant à la charge avec une question à son encontre. Le tout agrémenté d’un sourire.
Jasper laissa quelques secondes de silence planer entre eux. Si c’était pour son père qu’elle était là et prenait contact avec les Stark, ce dernier était tout autant suspect qu’elle. Il fallait qu’il puisse l’identifier. Surtout qu’il y avait le risque que, même en interrogatoire, Hazel ne parle pas si elle avait la certitude que son père était en sécurité. Au contraire, en détenant père et fille, on pouvait exercer d’autres formes de chantage qui portaient souvent leurs fruits pour arracher des aveux. Jasper ne comprenait d’ailleurs pas l’attachement qui pouvait lier un père à sa fille et vice-versa. Ce n’était pas un attachement qu’il avait connu. Par contre, oui, pour sa sœur, il aurait tout fait…
« Je suis à Port-Réal pour mon travail. » déclara sobrement Jasper.
Jasper continuait à réfléchir à toute vitesse. Il lui fallait donc la fille et le père. Il y avait peu de chances que Hazel lui révèle spontanément l’identité de son paternel au détour de la conversation. Elle était trop maligne, définitivement. Les chances étaient tout aussi maigres qu’elle dénonce son père une fois en interrogatoire. Par réflexe de protéger ses proches. Réflexe que Jasper n’avait lui-même pas eu lorsqu’il l’aurait fallu… Il devrait donc pouvoir être certain de l’identifier, ainsi que sa famille, avant de l’arrêter. Comme elle n’avait pas de nom – ou ne tenait pas à le lui donner – il allait vraiment avoir besoin de savoir où elle séjournait à Port-Réal. Les aubergistes ou locataires détenaient souvent des informations bien utiles. Et puis, s’il s’agissait de venir l’arrêter prochainement, il fallait bien savoir où. Cela changeait à nouveau sa tactique.

Comme si l’incident de la course et des questions gênantes était clos, Jasper, tout naturellement, fit un pas en arrière, ouvrant à nouveau à Hazel une voie pour s’échapper – même s’il espérait sincèrement que l’idée de fuir ne lui traverserait pas l’esprit.
« Ils sont partis je pense. » dit-il en désignant de la tête la direction par laquelle ils étaient arrivés en courant et évoquant, bien évidemment, les gardes des Lannister. Et sous-entendant par là qu’ils pouvaient se remettre en route.
Comme Hazel avait annoncé juste auparavant qu’elle ignorait totalement où ils se trouvaient, Jasper plissa les yeux et tourna légèrement sur lui-même pour tenter de se situer. Peine perdue. Il ne savait pas non plus où ils étaient. Une faible lueur attira cependant son regard. Elle projetait son reflet sur une maison plus loin dans la rue. Ca n’était pas bien grand ni très parlant. Mais si c’était une torche, elle devait éclairer une rue ou une place d’une certaine importance. Et de là, se situer devrait être possible.
« Par là. » annonça Jasper en désignant cette lueur tremblotante. Ce n’était évidemment pas un ordre. Jasper, de par ses missions solitaires et son humble rang, n’avait pas la désagréable habitude que certains officiers prenaient à tout formuler sur un ton autoritaire. Il proposait bien d’avantage. Mais au vu de leurs péripéties et de son ignorance de leur position actuelle, il ne voyait pas bien pourquoi Hazel refuserait de suivre ce chemin.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime21.02.13 20:25

Hazel constata que Jasper mettait un certain temps à répondre, comme perdu dans des pensées indéchiffrables. Néanmoins, il finit par déclarer simplement être là pour le travail. Hazel eut une moue déçue devant ce peu d’informations. Une chose était certaine, Jasper n’était pas du genre loquace. Peut-être se méfiait-il d’elle, mais dans ce cas pourquoi la raccompagner, si ce n’était pour la surveiller ?
Comme il semblait de nouveau absorbé dans ses pensées, Hazel scruta les alentours, tachant de se repérer dans la nuit. Jasper finit par s’écarter et elle pensa automatiquement à fuir… avant de se ramener à la raison. Elle ne pouvait pas fuir, et elle ne le devait pas. Livrer un espion Stark aux Lannister était une occasion en or ! En or ! Comme l’or des Lannister ! A moitié satisfaite par ce jeu de mots qu’elle venait de trouver –qui sans être très recherché, la confortait néanmoins dans son objectif- Hazel esquissa quelques pas afin de se libérer de la sensation d’oppression que créait le mur derrière elle.

« Ils sont partis je pense. »

Hazel hocha la tête, constatant en même temps que Jasper avait une notion du temps visiblement différente de la sienne : quelques instants auparavant, il était temps de mettre les choses au clair, mais au moment où elle cherchait à obtenir des informations sur lui, voilà qu’il sous-entendait qu’il fallait se remettre en route et que l’heure des confidences prenait fin. Il semblait particulièrement habile pour taire l’essentiel et rien dans son attitude ne laissait transparaître une quelconque expression qui permette d’entrevoir le fond de sa pensée. Si elle n’avait pas été aussi insouciante, Hazel se serait laissée gagner par la nervosité. Au lieu de cela, elle persistait à considérer cette situation comme une possibilité de se racheter pour son retard conséquent et ses médiocres recherches.

Elle observa Jasper pendant que ce dernier tentait de retrouver le chemin. D’ordinaire, les gens finissaient toujours par faire confiance à Hazel, et elle ne tardait jamais à savoir ce qu’elle souhaitait, si l’on excluait bien entendu les Fer-nés. Alors pourquoi cela ne fonctionnait-il pas dans le cas présent ? Les sept dieux avaient-ils décidé de lui jouer un tour en lui opposant un obstacle de taille ? Où trouver la faille dans cette carapace ? Elle ne cessait de se poser la question, bien déterminée à le découvrir. Hazel pensa soudainement que si elle ne s’était pas rappelé l’avoir déjà croisé, jamais elle n’aurait pu se douter qu’il espionnait pour les Stark. Heureusement que sa mémoire ne lui avait pas fait défaut…

« Par là. »

Elle releva la tête, suivant du regard la direction indiquée par Jasper. Une faible lueur attira son attention et en l’absence d’autres solutions, elle décida d’emboîter le pas du possible espion. Hazel cherchait un moyen de se lancer et de lui poser la question qui lui trottait dans la tête. Elle demeura silencieuse à peine quelques instants, sa jovialité naturelle reprenant le dessus sur ses interrogations et ses manigances. Pointant du doigt la lumière de la torche qui se dessinait petit à petit devant eux, Hazel s’exclama avec enthousiasme :

« Je vois la lumière au bout du tunnel ! » Elle ajouta en suivant, considérant l'expression neutre de Jasper : « … Je ne vous oblige pas à rire surtout. Mais vous avez le droit d’esquisser un petit demi-sourire en coin, si vous voulez. »

De toute façon, se montrer récalcitrante la desservirait dans le sens où elle paraîtrait encore plus louche. Donner l'impression de coopérer restait la meilleure solution, à son avis. Toutefois, Hazel commençait à s’impatienter et elle sentait que si elle ne posait pas sa question maintenant, elle n'y arriverait pas plus tard. Elle ne voulait pas tourner trop longtemps autour du pot, aussi décida t-elle de contrattaquer, histoire de tirer tout cela au clair.

« Et que faites-vous donc comme travail ? J’espère ne pas vous paraître trop indiscrète, on m’a souvent dit que c’était un vilain défaut et j’ai grand mal à le corriger »

Hazel tourna la tête vers son interlocuteur, scrutant son visage à l’affut du moindre signe qui pourrait le trahir. S’il ne répondait pas, elle serait certaine qu’il cachait quelque chose ; s’il lui mentait, elle tenterait de le confondre. Peut-être trouverait-elle une faille dans ses propos.

« Après tout, je ne vous connais pas et même si vous m’avez proposé de me raccompagner, rien ne me dit que vous êtes bienveillant à mon égard. Il est normal qu’une femme cherche à savoir ce genre de choses. Les hommes sont si cruels… »

Les femmes ne pouvaient pas faire grand-chose, hormis agir dans l’ombre ou attendre qu’une situation bloquée se décante. Lorsqu’elles ne pouvaient se défendre, il s’agissait de proies faciles, et à partir du moment où elles apprenaient le maniement des armes, elles subissaient les railleries.

Sortant brusquement de ses pensées, Hazel continua à scruter Jasper, attendant une quelconque réaction sur laquelle elle pourrait rebondir. Au fond, elle était tout de même assez curieuse.
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime03.03.13 17:49

Spoiler:


Jasper et Hazel s’étaient remis en route. Comme avant leur fuite. C’est-à-dire que Jasper marchait en silence et Hazel parlait. Ils formaient décidément une étrange paire. Tous deux marchaient du même pas souple et silencieux, mais avaient des manières complètement différentes de participer à la conversation. Si on pouvait appeler cela conversation. Au fond, Jasper avait-il jamais vraiment participé à une conversation? Il se contentait toujours de brèves interventions, et quant à savoir si cela suffisait pour être qualifié de dialogues aux yeux de certains… mais c’était bien égal au fond. Les choses étaient ainsi et n’étaient pas prêtes de changer.

« Je vois la lumière au bout du tunnel! » déclara soudain Hazel. Jasper se tourna vers elle, un peu surpris. Il n’était vraiment pas habitué à ce genre d’humour. Lui n’en faisait certes presque jamais, mais même ses compagnons d’armée, les seuls compagnons qu’il ait eu depuis de longues années, n’étaient pas dotés d’un tel sens de l’humour. Non, leurs blagues étaient définitivement plus grossières. Jasper n’avais jamais feint de sourire. On lui avait au début tapé sur l’épaule en éclatant de rire, espérant donner l’impulsion à ce sourire qui refusait de s’afficher. Et puis on s’en était lassé et avait conclu que le Muet, en plus de ne pas parler, ne riait pas non plus. « … Je ne vous oblige pas à rire surtout. Mais vous avez le droit d’esquisser un petit demi-sourire en coin, si vous voulez. » Jasper, à cette remarque pleine de finesse – bien plus qu’une tape brusque sur l’épaule – et d’autodérision, fut forcé d’esquisser un furtif sourire avant de rediriger son attention sur le chemin obscur qu’ils suivaient, sans rien ajouter. Cette fille savait rester elle-même tout en s’adaptant à son interlocuteur. Un vrai caméléon. Ou un singe, du point de vu de son habileté. Ou un perroquet, cela allait de soit. Si elle n’était malheureusement pas suspecte, il avait l’impression qu’il pourrait l’apprécier. A sa façon bien sûr. En poussant quelques soupirs las après de longues tirades et en ne montrant aucune forme d’affection, mais en lui assurant une fidèle et discrète protection. D’où lui venaient de telles pensées? Peut-être de l’impression persistante que si Rose était toujours de ce monde, alors elle ressemblerait sûrement un peu à Hazel…

« Et que faites-vous donc comme travail ? J’espère ne pas vous paraître trop indiscrète, on m’a souvent dit que c’était un vilain défaut et j’ai grand mal à le corriger »
Indiscrète? Jasper la trouvait surtout curieuse. Il pouvait à vrai dire comprendre cette curiosité. Après tout, ils avaient passés maintenant de longues minutes côte à côte et même partagé une folle course dans le dédale des rues de Port-Réal. Et puis, c’étaient des banalités qu’ils échangeaient. Naturellement, tout devient bien moins banal lorsqu’on est espion et qu’on tient à garder son identité secrète. Mais n’importe qui s’intéresserait à ce genre d’informations dans leur situation. Le problème de Jasper, c’est qu’il avait l’impression de livrer plus d’informations sur lui que d’habitude tout en en récoltant bien moins que de coutume en échange. Surtout si on considérait qu’il avait rencontré Hazel dans une auberge et qu’il l’avait vue boire de l’alcool… il aurait dû être facile de l’amener à dire ce qu’il voulait entendre… mais ça n’était pas le cas! L’image du singe s’imposa à l’esprit de Jasper. Plus que bavarde, Hazel était avant tout agile, c’était une évidence. Ou peut-être espérait-elle qu’il se montre collaboratif pour se livrer à son tour… Les gens avaient beau se montrer méfiants, et à juste titre d’ailleurs selon Jasper, les relations fonctionnaient bien trop souvent malgré tout sur la confiance.
Reste qu’il ne pouvait pas lui offrir cette relation de confiance. Elle était de mèche avec les Stark et fuyait les Lannister. Lui annoncer qu’il était soldat amènerait une autre question: quelle armée servait-il? Il pouvait donc calculer avec une nouvelle fuite de Hazel au final. Et si elle parvenait à lui échapper, alors il n’aurait que très peu de chances de la retrouver. D’un autre côté, elle ne semblait pas connaître Port-Réal forcément très bien et puis Jasper pourrait anticiper sa fuite. Mais il renonçait ainsi à toute collaboration de sa part et devrait probablement renoncer à coincer son père. Une traîtresse au Lannister, c’était mieux que rien, mais tout de même… En même temps, s’il se prétendait chasseur, comme à son habitude, il avait le pressentiment que cette réponse ne satisferait pas Hazel et qu’il allait peut-être se retrouver face à des questions difficiles.
Comme si elle pressentait qu’il rechignait à répondre, Hazel ajouta, pour justifier sa question, sur un ton des plus innocents, en regardant Jasper:
« Après tout, je ne vous connais pas et même si vous m’avez proposé de me raccompagner, rien ne me dit que vous êtes bienveillant à mon égard. Il est normal qu’une femme cherche à savoir ce genre de choses. Les hommes sont si cruels… »
Les derniers mots assenèrent un coup au cœur de Jasper qui sembla omettre un battement sous le choc. Jasper s’arrêta de marcher et fixa Hazel, la bouche entrouverte, avec dans les yeux un mélange de surprise, d’admiration et de tristesse. Il cherchait quoi dire. Mais l’image de Rose s’imposait à ses yeux et occupait toute la place disponible dans sa tête. La dernière chose qu’avait dû penser sa petite sœur avant de quitter ce monde, c’était ça: « les hommes sont si cruels ». Hazel avait raison. Tellement raison. Trop raison.
Ses impression à son égard avaient jusqu’à présent oscillé entre suspecte, manipulatrice dans une certaine mesure et naïve d’un certain point de vue. Jamais elle ne s’était montrée comme fragile et potentielle victime. Mais il ne la voyait en l’instant précis plus que de cette manière. Il voyait Rose. Une Rose adulte et mûre, qui calculait avec la cruauté masculine alors qu’elle n’avait pas pu même soupçonner son existence à huit ans. Mais une Rose qui ne demandait et ne méritait que la protection face au diabolisme des hommes.

Une brise fraîche sur le visage de Jasper emporta avec elle le visage de Rose. Jasper reprit ses esprits et, un peu mal à l’aise, à la fois parce qu’il avait ressenti avec douleur les souvenirs de Rose et parce qu’il avait montré son trouble à Hazel, se remit à marcher.
« Je ne suis pas comme ça. » dit-il simplement en regardant le sol. Sa voix d’habitude si neutre s’était tout à coup gorgée de sentiments indéchiffrables.
Il aurait pu ajouter que sa cruauté à lui, c’était de laisser celle des autres s’exercer en toute impunité. Mais il préférait garder sa honte et ses remords pour lui.
Il aurait pu ajouter qu’il ne lui ferait aucun mal. Mais c’était faux. Il ne pouvait pas se leurrer. Il savait pertinemment que s’il la dénonçait à ses supérieurs pour collaboration suspecte avec les Stark, ce serait certes la dernière fois qu’il aurait à faire à elle. Lui n’aurait pas à aller plus loin; d’autres se chargeraient de son sort à sa place. Il n’aurait qu’à donner son nom et son lieu de résidence. Ce n’était pas grand-chose au fond. Mais cette dénonciation serait la source des malheurs à venir pour Hazel. Son travail était de trouver la faille pour lui faire du mal. A moins qu’il n’y ait pas de faille… C’était trop invraisemblable vu le comportement de Hazel jusqu’à présent. Mais maintenant, il lui semblait tout aussi invraisemblable qu’elle puisse collaborer avec ceux qu’on définissait déjà, dans les rangs des Lannister, comme « l’ennemi ».
Pour la première fois dans une mission, Jasper avait le net sentiment que ses idées n’étaient plus claires et qu’il s’égarait. Il devait en avoir le cœur net.

Jasper releva les yeux vers Hazel.
« Ecoutez… »
Elle l’observait, visiblement étonnée par son comportement. A chacun son tour. Après la course de Hazel, c’était l’immobilité de Jasper qui les avaient d’une certaine manière trahis. Alors que dire maintenant? Quel travail révéler? Comment réagir? Comment ne pas se mentir à soi-même en prétendant ne pas être cruel alors que tout tournait autour de ça? Comment ne pas dévoiler son identité alors qu’il avait dévoilé tellement plus?...
En suivant la lueur de la torche, ils s’étaient approchés d’une place au milieu de laquelle se dressait une grande fontaine. Jasper la reconnaissait. En empruntant la rue qui montait à droite, on parvenait au Donjon Rouge. A gauche, au contraire, on redescendait dans les quartiers des petites gens. Dans quelques pas, ils seraient dans la lumière, facilement observables…
Jasper s’arrêta, profitant des derniers mètres de relative obscurité qu’offrait encore la rue qu’ils avaient longée, et se tourna brusquement vers Hazel.
« Je ne vous veux pas de mal. Mais je dois savoir qu’est-ce que vous vouliez aux gardes des Stark. » Sa voix était à nouveau droite et inexpressive.
Jasper hésita une seconde. Il s’en voulait déjà de ce qu’il allait dire. Il en voulait à Hazel d’avoir réveillé des souvenirs trop douloureux en lui, au point qu’il perdait son objectif de vue. Mais il ajouta malgré tout:
« C’est ça mon travail. »
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MessageSujet: Re: Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Quand espion rime avec confusion [PV Jasper Rose] Icon_minitime12.03.13 19:59

Spoiler:

Hazel cessa d’avancer, se rendant compte que Jasper ne suivait pas. Elle se tourna pour le considérer avec étonnement, cherchant la raison de ce brusque arrêt. Lui-même semblait assez surpris et son regard s’était même teinté d’une certaine tristesse. A bien y réfléchir, il sembla à Hazel qu’il s’agissait là de la première fois où elle le voyait esquisser une quelconque expression. Son visage n’avait jusque là rien trahi, aussi fut-elle convaincue d’avoir touché un point sensible. Etait-ce ses soupçons sur sa « bienveillance » ou le fait d’évoquer la cruauté de la gent masculine ? Elle ne le savait pas très bien. En tous les cas, elle pensait réellement ce qu’elle avait dit. Si elle s’était employée à le formuler à cet instant, de façon à le faire parler en lui évoquant ses soupçons, Hazel n’avait pas joué la comédie, cette fois-ci. Elle savait quelle chance était la sienne de savoir se servir d’un arc et d’échapper à un destin ennuyeux réservé habituellement aux femmes. Elle reconnaissait aussi que la fortune ne l’avait pas abandonné en faisant d’Aloysius Griffin son père adoptif, dont la profession de marchand la mettait à l’abri du besoin. Sans crouler sous l’or, ils n’avaient pas les soucis du peuple de basse condition. Toutefois, malgré ces avantages, Hazel n’avait pas échappé à l’égoïsme et à la violence des hommes, l’ayant parfois observé de près. Enfant, chaque fois qu’elle posait les yeux sur les armes dans le magasin de son père, elle savait que les hommes qui entraient dans la boutique repartaient avec un objet destiné à tuer. Une lame froide, un poignard affuté, un arc et des flèches prêts à viser une cible…

Hazel reporta son attention sur Jasper, qui semblait avoir repris contenance. Elle se demandait toujours ce qui avait bien pu le troubler dans ses propos. Elle lui emboîta le pas, une fois qu’il se remit en marche.

« Je ne suis pas comme ça. »

A nouveau, Hazel constata avec étonnement que sa voix avait perdu sa neutralité et que transparaissaient à présent des émotions entremêlées dont elle ne pouvait percevoir le sens.
Elle eut le sentiment qu’il ne mentait pas, mais elle se garda de l’affirmer. Hazel avait toujours été assez sensible aux tourments des autres. Elle aimait la joie, non la tristesse. Toutefois, elle savait que des sentiments tels que la compassion ne devaient jamais entraver ses missions. Son père le lui avait maintes fois répété au point qu’elle entendait à cet instant même les paroles d’Aloysius se couler dans son esprit : « Un espion ne doit jamais éprouver de compassion. Sais-tu où se trouvent ceux qui en usent trop ? Dix pieds sous terre ». Cependant, Hazel avait beau se le répéter en boucle, elle était toujours trop émotive. Elle savait mentir ou détourner un sujet, mais elle rechignait constamment à se servir de la peine d’autrui pour en tirer profit.

« Ecoutez… »

Hazel scrutait toujours Jasper avec une surprise mêlée de curiosité. Elle voulait bien écouter, certes, mais aucune parole ne suivait derrière. Jasper semblait hésitant, ce qui la conforta dans l’idée qu’il cachait quelque chose. Elle tenta de dominer les battements de son cœur en pensant qu’il allait peut-être lui révéler la vérité, et qu’elle saurait enfin si son intuition l’avait habilement guidé ou non. Jusqu’à présent, on pouvait affirmer que l’instinct lui avait fait défaut…

Les yeux d’Hazel se posèrent sur la place qui se dessinait devant eux dans l’obscurité, elle reconnut le chemin qui conduisait vers le Donjon Rouge.
Jasper s’arrêta soudainement, se tournant vers elle, et Hazel haussa un sourcil, se demandant ce qu’il allait lui dire.

« Je ne vous veux pas de mal. Mais je dois savoir qu’est-ce que vous vouliez aux gardes des Stark. »

Hazel ne masqua pas sa surprise. Ainsi, Jasper avait bien compris qu’elle tentait d’approcher les Stark.

« C’est ça mon travail. »

Ce fut la révélation, ou plutôt la confirmation de ses soupçons. S’il souhaitait savoir ce qu’elle voulait aux Stark, cela ne pouvait être que pour veiller à leur sécurité, non ? Il n’y avait aucune autre raison possible…
Hazel ne savait que dire, ses pensées se bousculant dans sa tête, au point qu’elle ne parvenait même plus à réfléchir correctement. Il était rare qu’elle perde aussi soudainement ses moyens. Généralement, elle arrivait plutôt bien à se rattraper. Que devait-elle faire ? Le conduire aussitôt aux Lannister, ou tenter d’en apprendre davantage ? Se servir du fait qu’il soit espion pour entrer dans le Donjon Rouge ? Mais Jasper était bien trop perspicace ; qui plus est, il s’était aperçu qu’elle souhaitait approcher les Stark. Si elle poussait trop loin sa chance, peut-être prendrait-elle trop de risques. Il lui avait dit qu’il ne lui voulait pas de mal, certes, mais s’il apprenait qu’elle était du côté des Lannister, son opinion risquait de changer de tout au tout.

Ce qui la perturbait bien plus tenait du fait que Jasper avait presque dévoilé son identité. Et cela devait être lié à son attitude étrange, quelques instants auparavant. Mais Hazel ne comprenait pas ce qui avait déclenché une telle réaction.
Les yeux d’abord rivés sur le sol, elle soupira avant de les relever vers Jasper. Elle devait de toute façon dire quelque chose.

« Je suis surprise que vous ne m’ayez pas menti. Si j’adopte la même franchise, mon travail à moi est de ne pas révéler ce que je veux aux Stark.»

Ce qui était vrai d’une certaine manière. Cette excuse marchait aussi bien pour une espionne Lannister que pour une espionne Stark après tout. Elle ne mentait guère en l’affirmant, elle omettait simplement des informations qui préciseraient ses propos, révélant tout le sens de sa phrase.
Sachant qu’il espionnait pour les Stark, Hazel ne pouvait guère clamer qu’elle était au service des Lannister. Elle n’était pas folle. Ou plutôt pas à ce point.
Hazel comprit que se rendre au Donjon Rouge serait bien trop dangereux. Elle allait devoir dévier vers le quartier général qui servait de repère aux espions Lannister à Port-Réal, et qui heureusement se trouvait juste à proximité. Hazel n’éprouvait pas d’animosité envers Jasper, aussi avait-elle quelques scrupules à le livrer à la Maison du lion. Elle n’aimait pas faire ce genre de choses et elle ne l’avait d’ailleurs jamais fait. Elle comprenait les conséquences que cela impliquait. Néanmoins, elle savait aussi qu’elle ne pouvait s’embarrasser de ces scrupules. Hazel devait tout à Aloysius. Sans lui, elle serait en train d’arpenter les rues, à la recherche de nourriture. Peut-être serait-elle morte. Elle ne pouvait trahir sa confiance en faisant son travail à moitié.

Hazel soupira, avant de désigner la rue juste devant eux, ignorant celle conduisant au Donjon Rouge.

« J’habite dans la rue qui remonte juste là. Si vous acceptez toujours de me raccompagner, je consens à vous révéler ce que je veux aux Stark… Je précise qu’il ne s’agit pas là d’une proposition indécente, rassurez-vous »

Elle rit faiblement, attendant la réponse de Jasper, les bras croisés sur sa poitrine. S’il refusait, flairant le piège, elle n’aurait plus aucune chance de le conduire aux Lannister. D’un autre côté, seuls les espions Lannister connaissaient cet endroit, il n’y avait donc aucune raison pour qu’il ait des soupçons.
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