Event Animation – Quand la mort est une fête

Cela faisait une semaine pile poil qu’elle avait été agressée. Une semaine qu’elle avait passée « seule » à s’ennuyer et récupérer. Elle n’était pas encore complètement guérie, cela allait de soi. Sa cicatrice était encore bien voyante sur sa joue. Boursoufflée, rougie mais propre. Une « belle cicatrice » c’était ainsi que Mestre Pycelle la décrivait. La blessure faisait encore parfois souffrir Myrcella mais moins que cette angoisse qui parfois s’emparait d’elle. Elle se sentait certes bien mieux physiquement mais elle était toujours sous le choc. Elle ne se l’avouait pas et n’en parlait à personne mais elle n’avait pas oublié et n’oublierait jamais, c’était certain. Le traumatisme qu’elle avait subi lui laissait quelques séquelles invisibles. Voilà pourquoi elle avait tant aimé l’idée de son oncle Tyrion de demander à ses royaux parents un garde du corps personnel. Elle n’avait pas avoué qu’il s’agissait d’apaiser ses angoisses, pourtant, c’était bien de cela qu’il s’agissait.
N’allez pas penser qu’elle ne pouvait plus fermer l’œil de la nuit et que ses journées étaient rythmées par sa peur d’être à nouveau prise à partie. Non, il ne s’agissait pas de cela. Les angoisses l’assaillaient quand elle n’avait rien à faire et qu’elle était seule. Le plus souvent la nuit et le plus souvent quand elle se remémorait le banquet royal. Elle s’avait qu’elle se provoquait elle-même ces idées noires mais pour le moment elle ne parvenait pas à ne plus y penser. Pourtant, elle avait confiance. La sérénité reviendrait. Peut-être même aujourd’hui. Oui, car il s’agissait d’une journée spéciale. En ce jour, son assaillant allait mourir. Exécuté et la petite princesse allait assister au spectacle, elle en avait expressément fait la demande.
Selon elle, tout cela allait l’aider à avancer. Après l’exécution elle allait enfin réintégrer sa chambre personnelle et retrouver une vie normale. C’était tout ce dont elle avait besoin.

Myrcella s’était faite belle pour l’occasion. Elle n’avait plus de bandage la faisant ressembler à un œuf emballé, cependant, elle devait encore porter un pansement. Rien ne devait venir se loger dans ou sur la plaie afin d’éviter l’infection. La terre, la poussière, les miasmes des petites gens qu’elle allait forcément croiser aujourd’hui… Les précautions prises étaient grandes pour que Myrcella soit le plus en sécurité possible. Sécurité de sa cicatrice mais aussi d’elle-même. Sa mère avait déployé tant de gardes qu’elle savait que rien ne pourrait lui arriver aujourd’hui ou du moins, elle croisait les doigts pour que tout ce passe bien. Elle lui avait aussi fait amener une jolie tenue. Un peu trop claire au gout de la jeune princesse pour une telle circonstance ais après tout, cet homme devait payer le prix cher pour ce qu’il avait fait et pour la famille royal il s’agissait bien d’un jour de fête.
Ce n’était pas ainsi que Myrcella voyait l’exécution mais elle n’en dit rien. De toute façon, elle ne savait pas réellement quoi penser. Se réjouir ou non. Il mourrait mais le méritait-il réellement. Oui, il lui avait fait du mal mais de là à lui couper la tête ? N’était-ce pas mieux de l’envoyer en prison pour toujours ? Ou au mur ou… Elle ne savait pas. Elle n’avait aucune idée de ce qui était le mieux alors elle n’y pensait pas trop. Elle était juste certaine qu’elle devait s’y rendre pour montrer à tout le monde qu’elle allait bien ! Le Peuple devait la voir la tête haute ! Arriverait-elle à regarder la tête de son agresseur tomber ? Cela, elle le saurait bien assez tôt.

Habillée, coiffée, soignée, elle n’avait pas attendu longtemps que sa mère vienne la chercher.
Ce fut main dans la main qu’elles se rendirent sur le lieu de l’exécution.
Il y avait énormément de monde et elle le savait, tous les regards étaient tournés vers elle. Il y avait ceux qui chuchotaient sur son passage, ceux qui essayaient tant bien que mal de voir la cicatrice, ceux qui riaient, ceux qui s’exclamaient… Ceux qui, enfin, lui souriaient. Il y avait les sourires plein de pitié qu’elle n’aimait pas vraiment. Elle ne les méritait pas en fait. Elle n’avait pas besoin de tels regards, elle était en vie, princesse, en quoi faisait-elle pitié ? Les regards qu’elle appréciait le plus étaient ceux, sincères de rares badauds. Il fallait les comprendre ces autres qui ne faisaient finalement preuve que de curiosité. Ils n’avaient pas vus la princesse depuis l’accident et ne pouvaient que s’imaginer sa nouvelle apparence. Peut-être étaient-ils même déçus que finalement elle ne soit pas plus amochée ?

Le chemin lui parut presque interminable mais heureusement, Cersei était avec elle. Elle lui donnait de sa force. Myrcella ne voulait pas la coller de trop près. Elle n’avait pas peur. Cependant, elle était apaisée par cette main qu’elle tenait.
Elle alla donc s’installer. Elle rendit à quelques personnes des sourires. Elle se tenait bien droite, fière, essayant au mieux d’être aussi resplendissante et sure d’elle que sa mère.

Event Animation – Quand la mort est une fête

Le temps ne semblait plus vouloir avancer alors qu’elle s’était installée aux côtés de sa mère. L’agitation autour d’elle lui donnait presque la nausée mais elle n’en montrait rien. Personne ne devait lire sur son visage qu’elle était inquiète et même effrayée. Elle prenait exemple sur sa mère et tentait de faire comme elle. Assise droite, la tête haute. Les cheveux bien dégagés de son visage. Digne, fière d’être qui elle était. Fière aussi de ce à quoi elle ressemblait maintenant. Elle n’était pas entièrement changée mais tout de même.
Elle était donc perdue dans ses pensées quand tout à coup le silence se fit. Là, son cœur se mit à battre tellement fort qu’elle eut l’impression que les gens autour d’elle pouvait l’entendre. Myrcella se serait bien agrippée à la main de sa mère mais elle n’en fit rien. Elle se raidit peut-être un peu, anxieuse de voir le visage de celui qui lui avait fait du mal. Anxieuse aussi pour la suite. Voir cette tête détachée de son corps… Le voulait-elle vraiment ? Méritait-il cette mort ? Surement mais elle était encore trop jeune pour tout comprendre. Enfin, elle était là, elle devrait faire avec, rester stoïque. Elle prit une grande inspiration, elle avait à nouveau l’impression que tous les regards étaient tournés vers elle.
Non, en réalité les regards étaient tournés vers ce monstre qui s’était attaqué à cette pauvre enfant qu’elle était. Finalement et alors qu’elle lisait en les yeux de tous ceux l’entourant, de la haine, elle fut prise elle aussi d’une envie irrépressible de le voir enfin mourir. C’était comme si elle était liée au peuple à sa mère, à tout le monde, excepté cet homme.
Quand son père passa et lui caressa les cheveux elle lui sourit comme elle lui avait toujours sourit. Comme si de rien n’était. Comme si elle n’était pas là pour assister à sa toute première exécution. Comme si, aussi, cet homme n’allait pas mourir « à cause d’elle ». Si il s’était attaqué à n’importe quelle autre enfant, il courait surement encore les rues, mais là… Pas de chance. Savait-il seulement pourquoi il l’avait frappé elle et non quelqu’un d’autre ? Peut-être devrait elle s’en assurer, mais quand ? Y allait-il avoir un discours ? Combien de temps cela prendrait-il avant qu’il soit exécuté ?
Ses mains étaient moites.
Elle n’avait pas encore vraiment osé le regarder mais c’était le moment. Il était à présent agenouillé au milieu de l’estrade. Elle ne chercha pas à croiser son regard pourtant, c’était plus fort qu’elle, maintenant qu’il était là, elle avait le plus grand mal à le quitter des yeux et même quand le bourreau fit son apparition, elle ne cessa de regarder celui qui bientôt allait mourir.

__ « Mère, pensez-vous que cela va être long ? Allez-vous devoir prendre la parole, ou Père ? » Elle avait murmuré, ne voulant pas que tout le monde l’entende. Elle ne demandait pas cela par impatience mais pour savoir comment les choses allaient se passer. Elle n’osait pas vraiment poser les questions en détails mais elle en mourrait presque d’envie.
Malheureusement, elle n’avait pas pu demander avant comment les choses se dérouleraient et là elle ne tenait plus. L’angoisse de l’inconnu était assez forte et ce surtout quand l’inconnu allait finir en bain de sang !