Citation :

Messire Willos Tyrell,

 
Je me permets de vous écrire pour vous prévenir d'un danger qui guette tous les habitants et seigneurs de Westeros. Cela concerne l'ordre des gardes de nuit et le Mur, garant de la défense des Sept Royaumes contre toute incursion de créatures ou sauvageons venant de l'extrême Nord vers le Sud. J'ai longtemps crus que ce que disais les contes et légendes sur la garde de nuit, mais le temps à, semble-t-il, bien entamé la légende pour la remettre sur la marche de a vérité. Autrefois Glorieuse, la garde de nuit n'est plus que l'ombre d'elle-même, je dirais même qu'elle est en voie d'extinction tant ses effectifs sont minables par rapport à ce qu'ils furent à l'époque. Je suppose que vous n'êtes pas sans ignorer que seulement 3 fort sur les 16 que comporte le mur, sont aujourd'hui occupé, occupé par guère plus de 1.000 Hommes en tout et pour tout. Il y a peu c'est tenus à Winterfell une réunion entre certains membres de la garde de Nuit et moi-même, l'ordre étant venus me faire part de ses inquiétudes et de ses découvertes. Il m’appartient aujourd'hui de mettre les seigneurs de Westeros dans la confidence, en effet plusieurs nouvelles concernant la Garde nuit et le Nord concerne aussi le reste du royaume. La première nouvelle, la moins grave, étant le rassemblement de la pluparts des clans de sauvageons par un ex frère Juré de la garde de nuit, Mance Rayder. Cette horde de Sauvageon n’as certes pas l’entrainement, ni la discipline ni même l’organisation que nous avons-nous au Sud du mur, mais leur nombre est suffisant pour faire flancher le mur, aussi vaillant soit les Hommes qui le gardent. Par Ailleurs, de plus en plus fréquemment, de petits groupes de Sauvageons réussissent à tromper la surveillance de la garde de nuit et à passer de notre côté, se livrant aux pillages, nous réussissons pour le moment à limiter ces entrées, mais pour combien de temps ? Seuls les Dieux le savent.

 

La seconde menace, bien plus terrifiante, bien plus dangereuse, et surtout pratiquement impensable pour moi il y a quelques temps. Un retour très inattendu et très fâcheux, le retour des marcheurs Blanc, ces créatures que l’ont pensé appartenir aux légendes d’un autre temps. Créatures très difficile à détruire, d’autant plus que tout ce que tuent les Marcheurs blancs, s’il n’est pas brulé, est susceptible de devenir un de leur pantin mort-vivant. Ainsi, je pense que même avec l’ost du Nord, le Mur pourrait ne pas tenir, et les marcheurs blancs le Franchir, aussi, je souhaiterais vous inviter à rejoindre Winterfell afin que nous nous rendions ensemble au mur, tous les Seigneurs de Westeros étant concerné, tous seront invités à constater les faits et à avoir des informations complémentaires. 

 

Par ailleurs, j’aimerais m’entretenir avec vus des relations entre nos deux familles, obscurcis lors de la révolte de Robert Baratheon. Ayant chacune choisis un camp et étant, de ce fait, devenue adversaire sur les champs de batailles. Aujourd’hui, la paix règne, un nouveau chapitre de l’histoire est ouvert, chapitre ou j’espère voir les Stark et les Tyrell amis et alliés, nous pourrions profiter de votre visite à Winterfell, si vous l’accepté bien entendus, pour en parler plus amplement, et parler des grandes lignes par courriers ? Qu’en pensez-vous ?

 

J’espère avoir rapidement de vos nouvelles et que les Dieux Veille sur votre famille.

 

Robb Stark,  “Le Stark de Winterfell”.

La surprise de Willos avait été grande lorsque mestre Lomys, l'avait informé de l'arrivée d'un corbeau porteur d’une missive scellée du cachet Stark. Il avait même cru un instant à une plaisanterie. Un corbeau en provenance de Winterfell ? C'était une chose si peu commune qu’on pouvait sans peine imaginer que bien du monde en parlerait très rapidement à Hautjardin, et la malicieuse lady Olenna se chargea d’encourager la diffusion de cette information anodine et pourtant si susceptibles de multiples supputations. Car ce n'était vraiment pas chose courante de recevoir missive de pareille provenance ; la forteresse des suzerains du nord était si loin du Bief qu'il tenait du miracle que les membres de la famille Stark s'intéressent un tant soit peu à leurs pairs de Hautjardin. La nouvelle avait circulé et, grâce aux bons soins de l’habile matriarche, en moins d'une demi-journée tout le monde, de la plus simple lavandière jusqu'au plus notable membre de la cour de Hautjardin, tout le monde avait été mis au courant. Cependant, le contenu de la lettre qu’on disait signée de la main de Robb Stark lui-même n'avait pas filtré, et personne ne pouvait se vanter d'en connaître la teneur. « Ne pas donner de perles aux cochons. » disait souvent à son petit-fils une Reine des Epines plus amusée que jamais par la situation. Un corbeau en provenance de Winterfell ! Si le corbeau avait été en lui-même une surprise, son contenu se montra à la hauteur et Willos qui gérait généralement le quotidien des affaires diplomatiques du fief à la Rose d’Or dut relire plusieurs fois la missive pour se convaincre de ce qu'il lisait. Le contenu était certes des plus intrigants et il n’en négligeait pas l’importance, mais l’héritier de Hautjardin se demandait si chaque suzerain de chaque Couronne en avait bien été destinataire… Il semblait que c’était le cas, à lire les mots de l’héritier Stark !

Comme à son habitude, Willos se mit à son écritoire dès qu’il le put, tant que la lecture était fraîche et que les termes étaient encore précisément dans son esprit. Mais il n'écrivit pas tout de suite, se formulant mentalement un premier jet de réponse qu'il ratura des yeux plusieurs fois avant de parvenir au produit de ses réflexions qu'il mettrait par écrit. C'est ainsi qu'il faisait chaque fois qu'un corbeau lui portait une proposition qui n'emporterait pas de réponse pleine et entière ni même tout à fait favorable. Son père trouvait cet exercice ridicule, mais lady Olenna elle-même l’avait encouragé à poursuivre de la sorte et étant donné que le procédé avait ses preuves depuis longtemps, Willos ne voyait aucune raison d’en changer !



L’héritier de Haujardin cacheta consciencieusement le pli avant de le faire porter à la roukerie pour que la missive soit envoyée au plus vite. Les deux royaumes étaient fort éloignés et les correspondances ne souffraient aucun contretemps supplémentaire.

La missive lui était parvenue la veille au soir et passablement contrarié. L’héritier de Hautjardin ne se serait jamais douté du contenu du pli et il avait même hésité à en parler à son Lord de père. Mais à tout bien y réfléchir, il aimait trop sa jeune sœur et craignait trop qu’elle essuie la monstrueuse colère de Lord Mace pour révéler à ce dernier quoi que ce soit… Aussi avait-il pris le parti de taire tout ce qu’il avait appris et de régler lui-même la sidérante révélation qu’il avait bien été obligé d’avaler (de travers, mais d’avaler malgré tout) et de tenter de digérer.

Comment Margaery avait-elle pu se comporter de façon si insensée ? De façon si idiote ? Si stupide ? Mestre Lomys et septa Lorine ne lui avaient-ils donc rien enseigné !?
Une lady de son rang ne pouvait se permettre d’entrer en correspondance de la sorte et sans en rien dire à personne avec un jeune homme en âge d’être marié ! Mais enfin à quoi donc pensait-elle !? Voulait-elle que les gens la prissent pour une catin ? Pour une fille facile ? Qu’allait-on penser d’elle ? Et quelle image aurait bientôt sa Maison à se comporter ainsi et sans retenue ?

Comme à son habitude Willos avait alors choisi de ne pas répondre immédiatement au pli de Robb Stark. Il avait préféré formuler et reformuler les phrases dans son esprit. Peser les mots et les tournures. La diplomatie était une science qui nécessitait patience et mesure ; et que l’on pouvait élever en art à condition d’en saisir toutes les subtilités et les rigueurs.

Ce ne fut que lorsqu’il se jugea fin prêt pour l’exercice qu’il déroula un vélin sur lequel il laissa aller sa plume qui noircit bientôt le support avec rapidité et souplesse.



La rose épanouie des Tyrell vint crépiter dans la cire dorée qui devait cacheter le pli. Désireux que cette missive à l’importance double parvienne rapidement, l’héritier de Hautjardin se chargea lui-même de la porter à la roukerie d’où elle devrait partir dans les plus brefs délais.

Après l’incident qui avait conduit Lady Talla Tarly à devoir se tenir au repos sur les recommandations de mestre Lomys, Willos avait déploré de voir s’amonceler les petits tracas quotidien. Et la réception d’une nouvelle missive en provenance de Winterfell lui rappela brutalement à quel point la précédente l’avait plongé dans un incommodant mélange de désappointement et de perplexité.
Il choisit donc d’ailleurs de ne pas ouvrir le pli tout de suite et le laissa sur son secrétaire durant toute la journée qui suivit afin d’œuvrer à ses multiples responsabilités sans être perturbé par un contenu aux éventuels relents de contrariété…

Ce ne fut donc qu’à la nuit tombée, lorsque, repus de ses diverses activités et prérogatives de la journée, qu’il se décida enfin à s’installer confortablement au fond d’un grand fauteuil pour décacheter la missive Stark.

Au premier coup d’œil l’héritier de Hautjardin remarqua que pli était moins chargé en écriture que les précédents. Et il pouvait exister deux raisons à cela. Soit le Stark présentait des excuses concernant son lien secret avec Margaery et il passait succinctement à autre chose, soit, à l’inverse, il avait pris ombrage de la missive de Willos et écrivait pour rompre les ponts.

Désireux d’en savoir d’avantage, le Tyrell se plongea avec avidité dans la lecture de son correspondant. Très vite, il comprit le ton du courrier et se réjouit de constater que la scission dont l’idée confuse avait traversé son esprit quelques secondes pouvait être oubliée.
Ce Robb Stark semblait un jeune homme très équilibré et plein de promesses. A son âge, être capable de reconnaître des torts, de présenter des excuses et de se recentrer sur les sujets d’importance, était des qualités rares bien qu’essentielles à tout jeune homme appelé à présider aux destinés d’une grande Maison.
Et, effectivement, les sujets d’importance ne manquaient pas. A commencer par cette présence sauvageonne déjà évoquée, ainsi que le sujet très complexe des Marcheurs Blancs.

Comme il s’y était engagé, Willos voulait montrer à la Maison Stark que Hautjardin lui porterait son soutien s’il fallait et que la Maison Tyrell ne compterait pas parmi les aveugles qui risquaient de grouiller sur la question des morts qui se lèvent.

Il assembla donc ses idées durant quelques minutes et, comme à son habitude, prit le temps de bâtir une réponse dans sa tête avant de se lancer dans la rédaction de sa réponse.



Satisfait du contenu concis de sa missive, il fit chauffer la cire dorée afin de cacheter le pli et de le rendre prêt pour l’envoi. Mestre Lomys serait prochainement chargé de l’expédier sans tarder.