Mon père fut d’abord surpris lorsque je lui emprunta de quoi écrire, puis ravit en apprenant à qui ma lettre était destinée.

Je dus m’y reprendre plusieurs fois avant de parvenir à faire autre chose que des tâches d’encre. Puis enfin débuta la rédaction.

Je me sentais un peu coupable. La fille de Ned Stark était une bonne personne. J’avais l’impression de me servir d’elle. Mais je n’avais jamais laissé m’échapper une proie. Bard Lake ne ferait pas exception. Quoiqu’il y avait bien eu ce serpent des marais. Mais ça ne compte pas. Il avait bénéficié de beaucoup de chance.

J’avais également besoin de parler à quelqu’un, quelqu’un de mon âge, de mon sexe, qui puisse me comprendre un peu, et surtout m’aider.

Nous avions bien quelques jeunes servantes à Griseaux mais c’était différent. Elles ne pouvaient pas être pleinement sincères envers moi, la fille de leur maitre.


A Lady Sansa Stark de la maison Stark

Bonjour,

Comme promis je prends de vos nouvelles.

Je me demande bien à quoi ressemble Port-Réal ?

Cela fait seulement quelques années que j’arpente uniquement les routes du nord. J’ignore donc tout du sud.

Il parait que le palais royal est encore plus grand que Winterfell ? J’ai dû mal à le croire.
Je sais aussi que dans le sud les gens adorent sept dieux en même temps. Où vont les prières alors ?

Mais je vous oublis dans mes questions.

Votre promis le prince héritier se trouve lui aussi à la capitale. Votre rencontre avec lui s’est-elle bien passée ? J’espère qu’il vous plait.

Sinon il y a aussi votre louve-garou Lady. Qu’en avez-vous fait ? Ce genre de bête n’est pas faite pour la ville, si je puis me permettre.

Pardonnez-moi si je vous assomme avec mes questions. J’ai toujours été curieuse.

En espérant malgré cela une réponse de votre part, cordialement.

Meera Reed de la maison Reed

Même pas capable de surprendre un crapaud à moitié endormit. Décidemment j’avais la tête ailleurs. L’origine en était évidente la lettre de Sansa.

Les frey ! Père avait parlé une fois de cette maison des conflans. Ils avaient été lâches durant la rébellion de Robert Barathéon et arboraient tous des têtes de belettes.
Jamais Bard n’accepterait une telle union. Ce n’était pas possible !

En reprenant ma plume je songeais d’abord à cela, puis me revins la compassion de Sansa envers ma personne.

Elle méritait bien un peu d’attention de ma part.


A Lady Sansa Stark de la maison Stark

Chère amie,

Je suis navré pour la perte de votre louve. Moi aussi je m’étais beaucoup attaché à l’un de nos limiers avant que l’âge ne l’emporte.

En revanche votre description du Prince me fait plaisir. Il faut dire qu’il a de qui tenir. Mon père avait rencontré le roi Robert durant la rébellion. Il m’en a fait le portrait d’un guerrier exceptionnel.

Je suppose que le Prince doit être quelqu’un de massif comme lui.

Certaines obligations vont me pousser prochainement à m’aventurer vers le nord de notre royaume.

Il y a donc de fortes chances mes pas me conduisent entre autre à Winterfell.
Je ne manquerais pas de prendre des nouvelles de vos frères et de madame votre mère. J’ai déjà entendu dire que la régence de Robb apportait satisfaction.

Je me souviens encore de son air sérieux lors de ma première visite de Winterfell, et aussi de votre gentillesse à mon égard. Habituellement les dames ont tendance à m’éviter.

D’autres déplacements m’attendent. Mon père juge que mon frère et moi sommes assez âgés pour assumer certaines responsabilités envers notre maison.

Je ne m’en plains pas. Cela me permet de découvrir de nouveaux lieux et de rencontrer des gens. Et puis c’est mon devoir après tout. Comme le vôtre vous a conduit à Port-Réal.

Effectivement l’arrangement d’un mariage de Bard Lake n’est pas pour me plaire. Mais je vous remercie de m’en informer. Si vous affirmez qu’il y a encore de l’espoir, je vous fais confiance.

Vous dîtes qu’on vous a porté les mérites de cette Walda. Quels sont-ils exactement ?
Disons que j’aimerais connaitre ma rivale, si j’ose dire.

Meera Reed de la maison Reed