Mestre Pycelle

L’agitation qui régnait dans la salle du conseil restreint était telle que Mestre Pycelle avait l’impression d’errer dans les rues de Port-Réal. Impatience, énervement et problèmes de places ne faisaient jamais bon ménage… Une bonne parti des gouverneurs et autres généraux peinaient à trouver une place et se livraient à une séance de chaise musicale depuis au moins dix bonnes minutes. Quand les rangs rentraient en jeux les hommes pouvaient faire preuve d’une grande stupidité. Enfin pour la plupart. Fort heureusement il restait encore des personnes de la trempe de Tywin, des personnes qui imposaient le respect d’un simple regard et qui pouvait se placer comme ils le souhaitaient sans que quiconque n’émettent l’ombre d’une protestation. De toute manière, consciencieux comme il était, le suzerain de l’ouest était déjà arrivé et installé lorsque que lui-même avait fait son entré. Si seulement Robert Barathéon savait faire preuve d’autant de rigueur et d’efficacité…

Il lui aurait été très pénible de devoir se livrer à de tel simagrées, aussi se félicitait-t-il d’avoir une place attitrée en tant que Grand Mestre de la citadelle. Cela lui permettait de ne pas se préoccuper de leurs histoires de privilèges et de simplement trainer sa vieille carcasse sur le siège qui lui était dévolu. Malgré la lenteur et la pesanteur exagérée de ses mouvements, Pycelle ne fut pas le dernier assis. Il décida donc d’attendre tranquillement que tout le monde eu finit de prendre place avant de s’éclaircir le gorge afin d’attirer l’attention.

Il portait avec lui une nouvelle de la plus haute importance mais il s’avait qu’il ne fallait pas brusquer les choses. Fort heureusement, la patience était l’une de ses vertus et malgré son âge avancé, le Mestre restait un homme vivace et plein d’esprit qui connaissait les dangers de la précipitation. Qui plus est, l’information était, selon lui, beaucoup plus capitale que la trahison de Lysa, c’est pourquoi il décida d’aborder ce sujet en premier. Tant que les bouteilles de vins étaient encore pleines, ce qui ne risquait pas de durer longtemps au vu de la présence du bien aimé roi.

« J’ai reçu ce matin même une lettre en provenant de Lancehélion qui, je l’espère, pourra éclairer un peu la troublante situation de Dorne. »

Le roi ne semblait pas lui prêter une oreille très attentive mais il ne lui ordonna pas de se taire, aussi Mestre Pycelle sorti les documents de sa besace d’une main tremblante. Pendant ce qui sembla être une éternité un grand silence régna dans la pièce et sans se presser le moins du monde Pycelle savoura le suspense qu’il créait.

En réalité, il aurait pu aller beaucoup plus vite - car contrairement à ce qu’il laissait entendre les années ne pesaient pas tant que cela sur son corps – mais il avait pris l’habitude de surjouer ses problèmes physiques. D’une part, cela rendait les gens plus complaisant à son égard : on ne maltraite pas décemment un faible vieillard, mais en plus cela leur faisait baisser leur garde. Sans parler du fait que cela légitimait son statut de « Grand Mestre », car c’est bien connu : la connaissance est affaire d’années d’expériences. Il n’était pas forcément d’accord avec se genre de raisonnement mais ce n’était pas quelqu’un de très dérangeant… Il préférait s’adapter à la vision des gens et paraitre le plus vieux possible afin de paraitre plus sage.

Quand finalement ses mains décharnées réussirent à ouvrir le premier rouleau, Pycelle sentit que la tension était à son comble et décida de ne pas faire attendre plus longtemps son auditoire. D’une voix chevrotante, sur un rythme excessivement lent et entrecoupé de longues pauses respiratoire il déclama le contenu du précieux document :

« Votre Majesté,

Nos gardes ont arrêté il y a deux jours un groupe étrange qui avait pénétré à Lancehélion. Après un interrogatoire, nous avons révélé l'identité de leur leader : il s'agit de Danaerys Targaryen revenue à Westeros pour revendiquer le Trône de Fer


Bien qu'ayant le corps d'une femme, elle ne s'est pas montré plus intelligente qu'une enfant, débarquant chez nous avec seulement trois gardes originaires d'Essos pour toute armée. Ignorante de l'état de la politique de Westeros et des Sept Couronne, elle espérait nous rallier à elle au nom de vieilles rancœurs que nous serions censés avoir gardé à Votre encontre. Il est bien évident qu'en tant que Principauté liée au Trône de Fer et cherchant l'unité de Westeros, nous n'avons pu qu'être déconcertés par autant de stupidité. La tare Targaryen semble bien s'être transmise aux derniers membres de cette famille.

Une caravane est partie ce matin-même de Lancehélion avec les quatre prisonniers et soixante hommes d'arme pour les escorter. Leur voyage devrait durer une quinzaine. Nous vous livrons cette prisonnière pour qu'elle subisse Votre jugement, Votre Majesté, car nous ne pensons pas être en droit de l'exécuter en Votre nom.

Nous avons néanmoins été inquiet de nous rendre compte de l'image qui pouvait être donnée de nous à Essos. Après les événements qui ont provoqué la mort de la Princesse Elia, l'opinion publique pense que les relations sont tendues entre nos deux maisons mais Lord Arryn a contribué à colmater ce fossé et nous souhaiterions que la bonne entente entre Dorne et la Couronne soit rendue d'avantage publique. Nous pensons qu'une alliance entre nos deux maisons contribuerait à resserrer les liens qui unissent Dorne aux autres Royaumes ainsi qu'à démontrer à d'autre éventuels prétendants au Trône que l'allégeance de Dorne envers Votre Personne et Votre Règne est inébranlable.

Nous avons cru comprendre que Votre fille, la Princesse Myrcella, n'était pas encore fiancée et qu'elle s'était retrouvée au centre d'une querelle politique ne la concernant pas directement. La Princesse Arianne, présente à Port Réal à ce moment là, nous a assuré que la blessure endurée par la jeune Princesse n'avait en rien altéré sa beauté et nous sommes persuadés que cette preuve de courage face à la mort n'est qu'une raison de plus, s'il en faut, pour l'admirer.

C'est pourquoi, au nom du Prince Tristan Martell de Dorne, nous Vous demandons la main de Votre fille, la Princesse Myrcella Barathéon. Nous serions très honorés que Vous accédiez à notre demande et serions tout à fait ravis de l'accueillir à Lancehélion où elle pourrait se reposer dès qu'elle sera en mesure de voyager ou que Vous le jugerez opportun.

Dans l'attente de Votre réponse, Votre Majesté, nous restons à Votre disposition pour toute précision technique ou administrative en rapport avec notre demande.

Doran Martell

Prince de Dorne. »

Il n’avait pas eu l’occasion d’informer Cersei du contenu du document, ni d’en parler avec quiconque d’autre d’ailleurs. Aussi se garda-t-il du moindre commentaire, attendant simplement en lissant sa longue barbe blanche, de voir quel serait l’avis des seigneurs présents pour prendre parti et faire montre de persuasion.

CODE BY LUNA

Ce matin là, Jaime avait une épaule appuyé contre le mur et les bras croisés en fixant la citée de Port-Real, lorsque l’araignée entra dans la salle où le Roi prenait son petit déjeuner. Jaime ne portait pas son heaume, il l’avait posé à ses pieds et il ne se tenait pas droit à l’inverse de certains de ses "frères". Qui pourrait entrer dans la salle du petit déjeuner arme au poing pour tuer cet homme que l’on appelait Roi ? Et puis c’est fatiguant de suivre une personne et de rester attentif à quelque chose qui ne vient jamais. Il fallait être sot pour rester sur ses gardes 24h sur 24h. Barristan Selmy surement ?

L’araignée alla murmurer quelque chose à l’oreille du Roi, une chose qu’il n’avait pas du apprécier à voir dans quel état il était devenu. Jaime restait appuyé contre le mur, les yeux posé sur le Roi qui prenait la nouvelle de Varys avec colère. Là non plus Jaime ne bougea pas, et à quoi bon ? Si l’ivrogne venait à mourir à cet instant, ce n’était certainement pas des mains de l’eunuque, mais bien d’une crise cardiaque. Et à en juger par la nourriture et la boisson que le Roi prend, cela ne surprendrait personne qu’une crise ait raison de Robert, même si le Régicide ne le lui souhaitait pas.

Dans l’après midi, alors qu’il n’accompagnait pas le Roi, Jaime reçut une information. Il était convoqué deux jours plus tard à un conseil restreint. Le frère de la Garde était étonné d’être convoqué et il se doutait bien que la convocation avait un lien avec les murmures de l’eunuque aux oreilles de Robert.
Pour que Jaime soit convoqué au conseil restreint en tant que gouverneur de l’Est, ça pouvait signifier qu’une chose, un conflit important, mais de qui contre qui ? Il l’ignorait et espérait que ça n’allait pas durer toute la journée, que si des combats doivent arriver, le plus tôt sera le mieux se dit il.

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Le soleil était levé depuis un petit moment et Jaime commençait seulement à se vêtir de son armure de la Garde Royale se doutant bien qu’il allait avoir un retard par rapport à la Main car le Roi ne la quitte jamais.
Lord Stark n’était pas un homme à pouvoir se permettre d’arriver en retard, il devait déjà être dans la salle du conseil avant même que le soleil soit levé. Son petit grain d’honneur bien à lui, Eddard tentait tant bien que mal de le garder intact à la place de vivre pleinement sa vie et de faire ce qu’il lui chante. Non Lord Stark préfère rester "sage" et "honorable" mais ça ne va pas l’aider dans cette ville.

Une fois vêtu de son armure, Jaime pris la direction de la salle du conseil où devait se tenir déjà d’autres membres, à l’exception de Robert Baratheon. Ce Roi était encore moins ponctuel que Jaime, sauf que lui pouvait se le permettre du fait de son statut. Ca belle armure dorée et étincelante rayonnait au soleil de la capitale. Il tenait sous le bras droit son heaume tout aussi dorée et bien soigné que l’armure. La main gauche était appuyée contre le pommeau de son épée rangée dans le fourreau.
Dans les couloirs, on pouvait entendre le bruit métallique de ses pas dû à tout son tiraille, il ne passait pas inaperçu et d’ailleurs, il ne comptait pas y passer.
Jaime pénétra dans la salle du conseil restreint où se trouvaient déjà d’autres membres de ce conseil restreint extraordinaire, assis à la table où des mets abondaient la surface.

" Messieurs, mes lords " clama t’il après avoir ouvert la porte non sans discrétion.
Le jeun Lannister pris une place aux côtés de son père, regardant uns à uns les Lords avant de s’asseoir à la table, de prendre une olive et de se servir d’une coupe de vin.
Bien entendu, le Roi n’était pas là et il laissait ses « invités » perdre patience. Jaime soupirait et commençait à s’énerver lorsque enfin le Roi pénétra dans la salle du conseil.

Ce vieil idiot de Pycelle prenait tout son temps pour dérouler le papier qu’il allait citer à l’assemblé, Jaime crispa la mâchoire et avait envie d’arracher la lettre des mains fébriles du mestre, de la dérouler et la lire lui-même aux Lords présents vu la lenteur du vieux débris.
Mestre Pycelle dévoila le contenu de la lettre et le retour Targaryen à Westeros.
Daenerys, une enfant Targaryen née après la chute de ses ancêtres et de son taré de père venait de poser le pied sur les terres de la couronnes. Elle voulait reprendre le trône, seule ? Une gamine face à toute une armée et un peuple ayant souffert de la folie d’Aerys II ?
Jaime écouta attentivement le mestre qui dévoilait le contenu de la lettre de plus en plus intrigante. Les Martell devaient avoir une idée dans la tête pour se manifester après toutes ses années d’attentes. Jaime se doutait bien qu’une alliance avec eux par le mariage de Myrcella et du prince Tristan serait profitable pour réparer les torts causés par hommes des Lannister. Le massacre des enfants Targaryen et de Lady Elia, Jaime n’y avait pas participé et n’approuvait toujours pas l’horreur que Ser Amory et la Montage avaient commis, mais il espérait que les Martell n’avaient pas pour objectif de se venger.
Cersei n’aillaient sans doutes pas approuver l’idée d’éloigner sa poupée, mais Jaime allait l’informer quand il aura l’occasion, il le lui avait promis après tout, de l’informer du sujet de l’ouverture du conseil restreint extraordinaire.

Varys avait passé les deux jours précédents à consulter et à réfléchir. Le Val D'Arryn ne le préoccupait pas trop. Il avait déjà exprimé le fond de sa pensée à Robert. Le ton de la lettre qu'ils avaient eu le front d'envoyer était si naïf et présomptueux, que ces deux là ne pouvaient qu'être dangereux pour le royaume. Il avait humblement conseillé au Roy de rendre sa justice comme il l'entendait, mais de les écarter du pouvoir. Si possible très loin. Avec les honneurs si ils se laissaient fléchir, au mur pour trahison si ils faisaient des difficultés. La Suzeraineté du Val pourrait en outre être assortie de contreparties, pour le bien et la stabilité de l'ensemble du royaume. Robert avait froncé les sourcils. Varys avait été bien en peine de déchiffrer ses pensées.
Non, ce qui avait hanté les nuits de Varys, c'était le « retour » de Daenerys Targaryen. Qu'allait faire Doran ? Garder ou exfiltrer Daenerys sans en avertir Robert équivalait à une déclaration de guerre. Et Robert ne se ferait pas prier, oh non ! Il devait donc officiellement la lui livrer.
Mais que fallait-il en faire ? Ce serait un véritable cadeau empoisonnée pour Robert. Faudrait-il, au motif au combien commode de haute trahison, décapiter une enfant sur la place du grand Septuaire ? L'enfermer chez les sœurs du silence ? S'assurer qu'elle ne puisse concevoir et la marrier … disons à quelqu'un du genre du bâtard Bolton ? À moins qu'elle n'arrive jamais à Port Réal…
Varys avait pris les devants et constitué une équipe qui pourrait intervenir rapidement et discrètement sur le trajet depuis Lancehélion. Au cas où.

Il entra dans la salle du conseil, haussa les sourcils et salua la noble cantonade d'un « Messires » sirupeux. Il se glissa dans son siège dans un tournoiement de soies vertes. Et écouta avec attention le vieux serpent lire la lettre de Doran Martell. Il avait vigoureusement beurré la tartine. Bien épais. L'offre qui suivait était hardie, mais elle pouvait marcher. En tout cas, Varys se garderait bien de l'encourager.

Hum Hum. Varys se racla discrètement la gorge. Chère main, vos principes vous honorent. Mais vous ne répondez pas à la question du Roy : « Que fait-on ? ». Examinons ensemble les alternatives si vous le voulez bien. Peut-être pourrons-nous alors sereinement décider de ce qu’il conviendrait de faire.
Il se leva et démontra de son ton le plus professoral :
Tout d’abord les faits. Nous pouvons considérer je pense comme un fait que Daenerys Targaryen est bel et bien passée par Dorne, ces informations ayant été confirmées par des sources … différentes. Qu’elle a bien rencontré Doran Martell, et qu’il l’a mise aux arrêts. De bonne ou mauvaise grâce.
Il souligna sa dernière phrase d’un sourire jovial immédiatement suivi d’une grimace repoussante.
Maintenant les choses dont nous sommes moins sûrs. Est-elle vraiment en route ? Arrivera-t-elle vraiment jusqu’à nous ? Dans quel état ?
Il haussa les épaules, regardant à chacune de ses interrogations l’un des membres du conseil.
Et enfin, pour en venir à ce qui préoccupe notre bon Roy, et j’en suis certain nous tous ici : si elle arrive jusqu’à nous, que devrions nous en faire ?
Si elle arrive jusqu’à nous, il va nous falloir la juger, et la condamner sur la foi de la lettre de Doran Martell. Il m’a bien semblé entendre Maître Pycelle bafouiller que Danaerys Targaryen est revenue pour revendiquer le Trône de Fer.
Il sourit au Mestre. Puis redevint profondément sérieux.
C’est un fait de haute trahison, passible de peine de mort. La qualité de la preuve et du témoin sont de tout premier ordre, la justice du Roy ne pourra se dérober.
Si l’exécution se fait en place publique, nous en faisons un symbole, une martyre, et nous ravivons les anciennes plaies. Une exécution secrète ne le resterait sûrement pas très longtemps, et un résultat similaire sinon pire serait à craindre. Certains pourraient penser que nous avons peur des Targaryens. Varys coula un regard insinuant au Stark.
Certes, la justice du Roy pourrait également se prétendre clémente et imposer une autre peine que la mort. L’exil a prouvé son inefficacité. Elle était partie, et la voilà revenue. Aujourd’hui encore une enfant, mais qui peut présager de demain. Les geôles ou les sœurs du silence serait comme mettre la poussière sous le tapis en espérant que personne ne voie la bosse.
Donc … Daenerys Targaryen ne doit pas arriver jusqu’à nous. Et plus tôt elle disparaîtra, moins nous en porterons la responsabilité. À charge pour nous de choisir à qui nous voulons la faire endosser.
Il se rassit en lissant ses robes de soie. Il avait d’autres choses à dire, mais ce serait pour plus tard.

Renly Baratheon était parmi les premiers à être entrés dans la Salle du Conseil, mais jusqu’à présent ses lèvres étaient restées closes. Les informations fragmentaires qui lui étaient parvenues sur les récents évènements l’avaient laissé habité de sombres pressentiments, et il n’était pas d’humeur à engager la conversation avec les autres membres du Conseil, lui qui excellait d’ordinaire dans cet art. Ses vêtements semblaient eux-mêmes traduire son état d’esprit : alors qu’il privilégiait d’ordinaire les couleurs vives telles que le vert et le bleu et diverses parures dorées à la mode à la Cour, Renly avait cette fois opté pour une tunique d’un brun terne à parements noirs. Qui plus est, à l’exception de Lord Stark, il ne tenait guère en estime ses confrères, et la présence de Tywin Lannister n’arrangeait rien à la situation. A l’hostilité qu’il avait toujours ressenti à l’égard du clan le plus riche et le plus avides des Sept Couronnes s’ajoutait la méfiance naturelle de Renly à l’égard des personnages froids et implacables tels que Tywin. Le Seigneur d’Accalmie en venait presque à regretter l’absence de son frère Stannis, qui se terrait à Peyredragon depuis plusieurs semaines déjà : l’animosité profonde et ancienne entre les deux frères ne les avait cependant jamais empêchés de faire front commun face aux menées de la reine Cersei et de sa famille.

Les nouvelles du Val d’Arryn étaient encore confuse mais préoccupantes : Lady Lysa aurait été renversée par Ashara Arryn, petite-nièce du défunt Lord Jon, et cette dernière serait en route pour la capitale avec son nouveau mari. Aucune mention n’était faite du sort du jeune Lord Robert. Renly connaissait bien Ashara, ils s’étaient rencontrés lors de l’un des séjours de cette dernière à la Cour. Une jeune femme au caractère bien trempé, certes, mais profondément dévouée à sa Maison, qui faisait sienne la devise « Aussi haut que l’honneur ». C’est pourquoi il l’imaginait mal évinçant la régente légitime par opportunisme. Quel était les dessous de cette histoire ? Il n’y avait pour l’heure aucun moyen de le savoir. Mais c’était surtout la seconde nouvelle qui était la cause de l’inquiétude de Renly : Daenerys Targaryen avait été vue à Dorne. Le Maître des Lois n’avait jamais cessé de haïr l’ancienne dynastie régnante, presque autant que son aîné, depuis l’expérience traumatisante du Siège d’Accalmie alors qu’il n’était qu’un enfant. Et voilà qu’une des dernières représentantes de cette famille maudite, qui croupissait en exil depuis presque vingt ans, posait les pieds sur le sol de Westeros. Dans la région de Dorne, qui plus est. La mort tragique d’Elia Martell n’y avait pas été oublié, et si le prince Doran s’était rallié, certes du bout des lèvres, à la dynastie Baratheon, il y avait fort à parier que parmi l’aristocratie et le petit peuple, beaucoup regrettaient encore les Targaryen.

L’arrivée opportune du Roi interrompit les pensées sombres de Renly. Fidèle à lui-même, Robert ne tarda pas à laisser éclater sa fureur, qui retomba sur son fidèle ami Ned Stark, une foi le discours de l’assommant Grand Mestre Pycelle terminé. Il est vrai que les scrupules de la Main du Roi faisaient trainer en longueur depuis longtemps les projets d’assassinat des derniers Targaryens, et maintes occasions idéales avaient été manquées. La réponse de Ned Stark fut conforme à l’homme : l’honneur et la dignité passaient avant l’intérêt de l’Etat et de la dynastie. Si il s’était agi d’un tout autre adversaire, sans doute Renly se serait-il rallié à ce point de vue : lui aussi était profondément convaincu qu’un seigneur devait se montrer bon et généreux, qu’un vrai Roi était un Roi qui savait se faire aimer. Mais en l’occurrence, le traumatisme du Siège d’Accalmie et des histoires horribles qui circulaient sur le Roi Fou et son clan obscurcissaient son jugement. Le voilà devenu froid et implacable, et la mort de la jeune Daenerys lui semblait la seule issue possible. Le Maître des Lois écouta, méfiant, le discours de Lord Varys : après tout, à l’instar de bien des gens du Conseil, il avait fait partie des proches conseillers d’Aerys II. Mais force était de constater que les arguments de l’eunuque ne manquaient pas de clairvoyance. A son tour, il se leva et, surplombait l’assemblée, il prit la parole d’un ton posé, mais d’une froide détermination :

-Messeigneurs, à l’instar de Lord Varys qui a parlé fort justement, je ne pense pas qu’il nous soit possible dans l’état actuel des choses d’épargner la princesse Daenerys. Les faits sont là : la capturer prendrait trop de temps et serait une occasion trop risquée, la laisser sur le continent, qui plus est dans une province récemment acquise au Cerf couronnée, serait trop risqué, et l’exil ne ferait que retarder l’échéance. Les scrupules de Lord Stark l’honorent, et il est certain qu’une cruauté inutile ne ferait que ternir l’image de la couronne et nous a attiré rancune et méfiance plus d'une fois par le passé.

Renly ne put s’empêcher de désigner brièvement Lord Lannister du regard et de laisser sa phrase en suspens. Il faisait bien évidemment allusion à la fin atroce d’Elia Martell et de ses enfants, un crime d’une odieuse barbarie perpétrée par les hommes de main du Seigneur de Castral Roc sans que ce dernier ne lève le petit doigt.

-Mais dans le cas présent, nous ne pouvons pas nous permettre de tergiverser. Daenerys Targaryen savait à quoi elle pouvait s’attendre en posant le pied sur le sol des Sept Couronnes. Qui plus est, sa mort serait un signe fort envoyé au prétendant Viserys et à ceux qui le soutiennent encore, au-delà du Détroit.

Si le Roi avait semblé sur le point de sortir de ses gonds une seconde fois après l'intervention de sa Main, son attitude s'était détendue quand Lord Varys avait pris la parole. Celui-ci avait aussitôt été suivi par le frère du Roi, Lord Renly, et le gouverneur de l'Ouest, Lord Tywin. Tous allaient dans le sens du Roi et celui-ci lançait toujours des regards colériques à Lord Stark mais sans dire un mot. Il aurait aimé que tous s'expriment même s'il se rendait bien compte que son choix était déjà fait.
Il avait saisi une cruche de vin et buvait à même celle-ci de manière tout à fait naturelle. Quand la tête fut projetée sur la table, il avala une gorgée de travers et reposa le récipient avec un grand sourire aux lèvres. Une telle mise en scène le faisait rire.

D'un geste vague, il ordonna qu'on débarrasse la carcasse, ou du moins qu'on la mette de côté, et réclama de nouveau à boire et à manger. Plusieurs cruches de vins furent apportées et les convives furent servis. Devant chacun, on déposa une assiette contenant une grosse tranche de pain complet et un généreux morceau de fromage.

Tous semblaient identiques. Tous ne l'étaient pas.

[HRP : Cette petite intervention a un but bien précis, celui qui est concerné est au courant. Je ferais un autre poste pour préciser les réactions de Robert dans un futur proche. Je vous donne juste des billes pour continuer à jouer. Ce qui va être joué en réponse à ce post se doit d'être DISCRET. A moins que le joueur ne le jouent pas comme il faut (ce dont je doute), je vous demande de ne pas vous en rendre compte... sauf si je vous envoie un MP de contre-ordre. Merci de votre fair-play.]

La tête baissée, les yeux fixés sur son verre vide qu’il faisait tournoyer dans sa main, Jaime Lannister écoutait le Roi s’acharner verbalement sur Lord Stark en lui demandant ce qu’il ferait, lui, dans cette situation.
Comme Jaime avait pu s’en douter, le gouverneur du Nord ne souhaitait pas tuer une enfant, ce qui était tout à son honneur d’ailleurs, mais ferait elle la même chose envers lui ? Lord Stark avait oublié ce que le clan Targaryen a fait à son père et frère ? Même si il n’appréciait pas plus que ça les Stark, Jaime n’avait pas supporté la torture que Lord Brandon et Rickard Stark avaient enduré avant de mourir. En tuant Aerys II, Jaime avait pensé au jour où il avait fait combattre l’ancien gouverneur du Nord contre le feu.
Le Régicide venge les Stark, et le Stark refuse de venger les siens ? Ce n’est pas croyable. Les Lannister auraient depuis longtemps payé leurs dettes.

Comment pouvait-il penser qu’il fallait épargner la jeune Targaryen ? Cette lignée était faite de tarés et le dernier roi en était la preuve. La liste des Targaryen qui avaient un problème au casque était longue, tout comme ce Conseil Restreint allait le devenir.
Jaime soupira légèrement et posa sa cheville sur sa cuisse, pour prendre une position plus confortable et il enfonça son dos dans le dossier de la chaise tout en se servant d’autres raisins posés sur la table.
Ce genre de réunion avait le don de le fatiguer, lui qui préfère l’action à la parole n’était pas contre d’avoir à s’occuper de la mort de la Targaryen si elle doit mourir.

Lorsque Tywin Lannister se leva et qu’un sac trainait sur la table, Jaime sentit que la réunion du conseil restreint extraordinaire allait devenir plus intéressante qu’avant.
Il pouvait tout y avoir dans ce sac, Lord Tywin reste mystérieux pour tout le monde et même Jaime n’arrive pas toujours à savoir ce que le vieux lion pense. Tyrion quant à lui, il arrive parfaitement à savoir ce que le doyen de la famille pense, Tyrion et Tywin ont les mêmes plans, les mêmes astuces, ils sont tous les deux mystérieux et pourtant ils se haïssent l’un l’autre.
Jaime resta sérieux et attentif lorsque son père pris la parole, annonçant la décapitation d’un de ses hommes pour n’avoir pas protégé Myrcella. Jaime pensait que son père avait eu raison de faire ce qu’il a fait, l’homme n’avait pu la protéger, elle la copie de Cersei.

Nul doute pour Jaime que l’homme qu’est son père voulait faire passer un message.
Renly puis Pycelle prirent la parole dans la politesse qui est la leur. Ils pouvaient d’après Jaime, vous chier dessus tout en restant poli ; ce qui n’avait aucun sens.
Après que ce vieux faux-jetons de Pycelle ait terminé ce qu’il avait à dire, Jaime pris entre son pouce et son index un raisin presque moisi, mou et frippé, il le fixa et le fit rouler entre ses doigt puis pris la parole, sans se lever.

« Daenerys Targaryen n’est peut être qu’une enfant, mais elle reste une Targaryen. Aussi je vais vous rappeler qu’elle a un frère, Viserys qui est tout aussi cinglé que son ‘’brave’’ père. Que sait-on sur eux ? On dit qu’elle a fuit son frère, on dit qu’elle aurait des œufs, on dit qu’elle est sur Essos. Ce ne sont que des on dit. Doit on faire confiance aux on dit ? Doit-on faire confiance aux personnes qui nous rapportent ceci ? Il secoua la tête en direction de Varys, ne le prenez pas mal mais je n’apprécie pas les colportages. »

Jaime Lannister se mit debout en déposa le raisin sur la table.

« Mais il y a une chose dont on peut être certain, c’est que les Targaryen ont causé trop de soucis durant leur reine. Trois Targaryen ont suffit pour conquérir Westeros, alors qui dit qu’à elle seule, cette petite n’en serait pas capable ? Ohh oui ils avaient des dragons, mais elle a un autre avantage, c’est d’avoir des citoyens qui seront de son côtés. C’est peut être qu’une enfant, mais sur Westeros il y en a aussi et plus d’un. Que croyez vous qu’elle pense des enfants Lord Stark ? Si elle compte reprendre le trône, il y aura des combats, s’il y a des combats des innocents meurent et parmi ces innocents vous compterez le nombre d’enfants décédés à cause des combats. »

Avec deux doigts, Jaime fit rouler le raisin dans le creux de sa main gauche.

« Peut être que la petite est aimable, peut être qu’elle souhaite simplement vivre dans un endroit qui lui a été interdit avant même qu’elle vienne au monde. C’est un risque qu’on ne peut pas prendre. Tout comme ce raisin moisi qui risque de faire pourrir le reste, Daenerys Targaryen risque de faire pourrir le cœur des habitants des Sept couronnes. Vous ne désirez pas cela Majesté et moi non plus. Alors pour la petite, il suffit de faire comme pour le raisin, on l’isole et on le fout en l’air. »

Jaime Lannister fixa le Roi puis comprima sa main qui tenait le raisin.

Varys, sans se départir d’un léger sourire, écouta le régicide attentivement, les yeux mi-clos. Que Jaime Lannister prétende se préoccuper de la mort d’innocents l’amusait au plus haut point. Mais il goûtait peu les attaques quant à la pertinence et à la qualité de son travail de la part de quelqu’un qui n’en fournissait aucun. Il s’offusqua donc :

Les informations dont nous disposons sur les Targaryens sont de première main, recoupées et jusqu’à présent se sont révélées exactes. Nous en avons disposé aussitôt, sans souffrir d’autre délai que le temps pris par leur acheminement jusqu’à nous. Puis retrouva son onctuosité habituelle : Je suis comme vous, ser Jaime, je ne goûte pas la valeur des colportages, par trop imprécis. Je préfère de loin un corbeau. Qui aura mangé de son bec noir dans la douce main de la Targaryen.

Une accorte servante disposa un pichet, du pain et du fromage à portée de main de l’eunuque. Comme elle s’en retournait, il leva le sourcil gauche, en hommage à la callipyge soubrette. Il la connaissait bien, mais n’en avait rien montré.

Petyr prit alors la parole. Encore un qui commençait par tenter de dévaluer ses actions. Varys se morigéna intérieurement pour leur avoir laissé entrevoir d’un peu trop près combien il était dangereux. Ils étaient sur la défensive.

Lord Baelish, je crains de ne pas m’être fait comprendre, je vous prie de m’excuser si mes sous-entendus ne sont pas suffisamment explicites. Je vous affirme bien que Daenerys était à Dorne. Si nous sommes réunis aujourd’hui pour ce charmant pique-nique entre amis – Varys se leva et prit un morceau de pain – c’est parce que le Roy l’a su. Avant que notre brave Maester ne nous en informe. Le Prince de Dorne a fait preuve d’une grande célérité pour nous faire parvenir son corbeau, c’est le genre d’invitée de marque qui risque de vous brûler les doigts si on lui serre la main trop longtemps.

La longue diatribe de la main emboitait le pas de celles de ses deux prédécesseurs. Décidément, il en avait montré trop. Il espérait qu’il serait plus discret tandis qu’il lisait le court message caché sous le pain : l’affaire en cours devenait moins capitale, mais une autre information inattendue piqua sa curiosité. Une fois les quelques lignes mémorisées, il aida le billet apporté par la domestique à descendre d’une bouchée de ce délicieux fromage de chèvre et d’une généreuse rasade de vin. Ce métier lui faisait faire n’importe quoi. Comme Lord Stark était en plein délire, il essaya de le ramener sur terre :

Lord Eddard Stark, il semble que vous ayez enfin saisi quelles sont mes fonctions et les services que je rends à la couronne. Je résous les problèmes avant qu’ils n’en soient. Croyez-vous qu’il soit vraiment plus enviable de périr de la main d’Illyn Payne que d’une rencontre inopinée avec une dague ? Je vous certifie que je n’emploie que du personnel hautement qualifié. Mais dites-moi, selon vous, combien d’ « assassinats » vaut la paix du royaume ? Et les tas d’or sur lesquels vous êtes assis. Varys faisait le sale boulot, et il le faisait bien. Que ceux qui en profitaient aient au moins la décence de ne pas le lui reprocher. Selon vous, Daenerys a droit à un procès. Je suis sûr qu’elle appréciera. Qui va la juger ? Notre bon Roy, ici présent. Et que pourrait donc dire Daenerys qui la sauverait d’une discussion rapprochée avec un muet ? Je vous croyais homme de principe, Lord Stark, j’ai du mal à vous envisager en chantre de l’hypocrisie. Quant aux présumés soutiens dont elle aurait bénéficié lors de sa fuite, je puis vous affirmer qu’ils n’étaient qu’une poignée d’individus. Le contenu du message lui revint en tête. Ceux qui auraient pu être dangereux avaient été écartés. Quant à notre source concernant les Targaryens, le Roy pourra vous garantir qu’elle est fiable. Il ne m’appartient pas de révéler une information qui lui a été confiée.

Lâchant le regard de la main, il s’adressa à l’ensemble du conseil :

Je ne suis pas un homme de politique. Peut-être avez-vous raison et vaut-il mieux de ce point de vue là une exécution publique. Je suis un homme pratique. Tant qu’une chose n’est pas faîte, elle peut vous échapper. Si nous décidons de nous en occuper immédiatement, une lame peut intervenir dans trois jours. Si nous attendons, Daenerys arrivera dans dix jours à Port Réal. Sept jours de plus. Une éternité.

Il avait partagé son point de vue. La décision ne lui appartenait pas. Il semblait d’ailleurs qu’elle n’importât plus que peu.

[HRP : je reprends à ma dernièrs intervention en tant que Robert pour organiser vos interventions les unes par rapport aux autres.]

Robert Barathéon

Le roi était furieux. Il pensait avoir réuni un conseil de guerre pour préparer une guerre, pas pour papoter ! Qui plus est, son ami de toujours, celui qu'il avait fait venir à Port Réal pour le soutenir au milieu des complots et des manipulations agissait contre lui, l'insultait devant ses conseillers. N'avait-il aucune notion de politique ? Il était pourtant gouverneur du Nord, Suzerain de son domaine. Même Robert savait comment gérer en politique si c'était nécessaire... Bon, il avait peut être oublié après plusieurs années à être celui qui décide sans avoir à jouer les mielleux pour convaincre les supérieurs, mais quand même ! Néanmoins, il attendait de Ned qu'il le soutienne et continue à régner à sa place à l'avenir donc il se retint de lui fracasser le visage contre la table. Ils discuteraient plus tard, en privé, et il expliquerait à Ned quel était son devoir. Il se contenta donc de mettre dans son regard toute la rage qui se concentrait en lui envers son ami. Son ancien ami ? Non, son amis, Ned ne pouvait pas devenir son ennemi. C'était impossible.

Le discours de Varys calma un peu le roi. Il avait raison : elle devait mourir car elle briguait le trône. C'était une raison suffisante. L'eunuque proposait qu'elle n'arrive pas à Port Réal et cela plaisait beaucoup au Roi. Beaucoup moi au trop scrupuleux Ned qui voulait qu'elle ait un jugement digne de ce nom. Le Roi grogna et vida sa cruche de vin. Renly continua dans le sens de Varys et Robert fut soulagé d'avoir le soutien de son frère. Bien sûr, Renly n'était qu'un pleutre qui aimait être caché dans son château et ses soieries mais s'il ne pouvait avoir le soutien de son frère d'arme, le Roi était heureux d'avoir celui de son frère de sang.

Tywin fit alors sa mise en scène macabre et le roi ne dissimila pas le sourire que cela lui provoqua. Il retint néanmoins son éclat de rire. Bien, Tywin avait fait décapiter un homme. Et alors ? Quand Robert tuait quelqu'un sa tête n'était plus vraiment reconnaissable... Et quand c'était un acte de la Justice du Roi, le trophée était juché sur une pique au dessus des douves du château, pas trimbalé et jeté comme un sortilège devant une assemblée attablée. Néanmoins, Robert retint tout commentaire : Lord Tywin indiquait clairement que s'il fallait chasser et éliminer la donzelle, il était prêt à participer au carnage. Il n'allait pas le faire changer d'avis même si, de toutes façons, les Lannister étaient TOUJOURS prêts à participer aux carnages...

Ned se senti le besoin de lancer une pique au Seigneur de l'Ouest pendant que Robert faisait dégager la table et remplir le vin. Ne savait-il donc pas se tenir ? Pour cacher un soupir de déception, il englouti une nouvelle cruche de vin. Il commençait à s'ennuyer.

Et pour ajouter à ça, Pycelle voulu prendre la parole. Le Roi chercha un moyen d'empêcher cela, il n'avait pas envie d'un nouveau discours lent et long mais il ne trouva rien et s'attaqua à son fromage pendant que le Mestre parlait. Et ce fut long et lent... Mais si le fond était le même : Danaerys devait mourir, les moyens proposés et les arguments étaient différents. Contrairement à Lord Varys, Mestre Pycelle proposait une exécution publique. Voilà qui allait plaire à Ned.
Le Mestre se prononça aussi de manière positive sur le mariage. Quel mariage se demanda un instant Robert avant de se souvenir de la proposition du Prince de Dorne. Il sourit amusé, on verrait plus tard, ça.

Si le Roi était encore très irrité contre sa main, il commençait à profiter un peu plus de ce conseil et des conflits ridicules entre ses conseillers. Il s'était de nouveau détendu même s'il restait profondément déçu d'avoir manqué sa guerre et qu'il s'ennuyait ferme. C'est alors que Ser Jaime décida de palier à l'ennuie royal en donnant un spectacle. Une mise en scène à base de raison. Ca n'était pas aussi impressionnant que ce qu'avait fait son père mais il se montrait digne de son nom. Ces Lannister, tout de même, de vrais acteurs comiques. Néanmoins, Robert se rendit compte que le chevalier venait de remettre en question le travail du maître des chuchoteurs quand celui-ci prit la parole pour répondre à la provocation du lion.

Et juste après, Lord Baelish se permit lui aussi d'exprimer des doutes sur le travail de l'eunuque. Le roi fronça les sourcils. Depuis quand les membres du conseil restreint se faisaient ils une guerre de crédibilité ? Etaient-ils tous devenus des gosses qui se chamaillent ? Alors que Petyr s'adressait à Ned, faisant, LUI AUSSI, une remarque sur les scrupules et l'honneur de la Main qu'il s'était choisie, le Roi envisagea sérieusement d'intervenir pour faire cesser ces enfantillages...

Mais le Grand Argentier sorti le meilleur argument de toute cette conversation : Daenerys Targaryen n'était PAS une enfant ! Fallait-il cet expert en putains pour leur démontrer à tous qu'une femme mariée n'était plus une enfant ? Ned en resta sidéré un instant.
Le discours et les arguments de Littlefinger étaient extraordinairement bien ficelés. Il ne fallait pas en attendre moins de cet expert en manipulation et en complots. Lord Varys, d'ailleurs, dut encore se justifier pour son travail.

Puis Ned repris la parole. Le roi attrapa une saucisse et mordit dedans, se carrant le plus confortablement possible dans son fauteuil pour regarder, comme au spectacle, la prestation de Ned. Une nouvelle diatribe sur les lois et les institutions. Se croyait-il dans un gouvernement égalitaire où c'était le peuple qui choisissait ses lois et ses dirigeants ? Était-ce ainsi que ça se passait dans le Nord ? Et voilà qu'il voulait prendre la place du maître des chuchoteurs, mettre ses propres espions aux côtés de Daenerys, la surveiller, la suivre... Ridicule !
Varys ne se priva d'ailleurs pas de répondre à Ned et c'était bien lancé. Puis il conclut sur une touche pragmatique : la manière de mettre à mort la Targaryen.

Alors qu'un autre allait prendre la parole, Robert leva la main à plat pour le faire taire. Il allait s'exprimer. Il était plutôt calme. Le sujet l'épuisait et il savait que ça allait s'éterniser encore : il y avait un autre sujet (il l'espérait plus intéressant) à aborder. Son ton était fort et ferme mais plutôt posé.

Vous êtes ridicules ! Vous cherchez à savoir qui à la plus grosse en vous dénigrant les uns les autres ? Si ce n'est pas moi qui élève les gamins, ce n'est pas pour avoir à gérer des gosses quand j'essaie de gouverner ce royaume.

Lord Stark est borné et optu, oui. Il a des scrupules et un honneur qui semblent décalé à Port Réal. Mais il est la Main que j'ai choisie et en l'insultant vous m'insultez aussi. Il regarda sa main. Nous parlerons en privé de certaines choses, plus tard, Ned...

Lord Varys travaille dans le secret et la discrétion. Il est évident que vous ne connaissez pas l'intégralité de son réseau et son fonctionnement, ça ne serait plus des chuchoteurs, sinon. Ned, je te donnerais le nom de l'informateur qui suit les Targaryens, si tu le souhaites, mais il ne doit pas être prononcé ici, cela me paraît évident.

Maintenant, revenons sur notre sujet, si vous le voulez bien. Lord Baelish, vous venez de mettre le doigt sur quelque chose que nous avons tous oublié ici car nous n'avons pas la Targaryen devant nous : si elle a été mariée c'est qu'elle n'est plus une enfant. Nous avons affaire à une femme faite alors nous devons cesser d'en parler comme d'un oiseau fragile.

Nous ne parlons pas de la mort d'une enfant. Et nous ne parlons pas non plus de la mort d'une innocente : elle revendique le trône de fer ! Son poing s'écrasa sur la table. C'est un crime passible de mort ! Comment pouvez vous envisager un sort doux pour quelqu'un qui veut s'opposer au Roi des Sept Couronnes ?

Sur sa dernière phrase, son ton était monté. Il n'était pas nécessaire de raisonner, c'était une trahison passible de mort. POINT. Et tous ceux qui tentaient d'amoindrir la chose pouvaient être en train d'envisager de faire de même... Et cette idée ne lui plaisait pas du tout. Oui, elle devait servir d'exemple. Il reprit un peu plus calmement.

Lord Stark, lorsque vous arrêtez un déserteur de la garde de nuit sur vos terres, lui offrez vous un procès avant la décapitation ? Il me semble que non. Pris sur le fait, le déserteur est exécuté sur l'heure sans répit supplémentaire. Cette femme vient revendiquer le trône de fer, c'est un crime passible de mort. Elle a été prise sur le fait, je prononce donc sans délais la sentence de mort. Daenerys Targaryen doit mourir.

Il marqua une légère pause, observant les visages des personnes présentes. Certains ne semblaient pas du tout ravis qu'il les prenne de haut ainsi mais il était le Roi, c'était son droit, ils se soumettraient ou subiraient le même sort. Robert n'était pas un habitué des colères froides... Ce qui les rendaient d'autant plus impressionnantes.

Reste à décider de la forme. Mestre Pycelle, comme vous je ne serais satisfait que lorsque sa tête ornera les créneaux du Donjon Rouge. Faut-il l'éliminer tout de suite ou envoyer une escorte vers le convois affrété par Dorne afin de renforcer sa garde en vue d'une exécution publique ? Je suis d'avis qu'elle ne mette jamais les pieds à Port Réal vivante mais elle peut être exécutée aux portes de la ville, ça pourrait être un symbole...

Quant au mariage de ma fille, nous en reparlerons quand cette affaire sera terminée.
En conseil restreint ordinaire.

Le ton était donné. Elle mourrait. Mais il n'était pas encore décidé sur la manière dont elle serait exécutée... Ned, Pycelle et Baelish s'étaient prononcés pour une exécution publique. Renly et Varys préféraient que ça soit rapide. Les deux Lannister semblaient aller dans le même sens. Nombreux étaient ceux qui ne s'était pas exprimés...

CODE BY LUNA

Le Lion reçut la pique du Suzerain du Nord de plein fouet. Effectivement, il n'avait pas pratiquer l'exécution de l'ancien Capitaine de la Garde. Il l'avait juste ordonner. Mais il ne comprenait pas pourquoi cela devait être une terrible honte de ne pas avoir tenue l'épée responsable de la mort de ce misérable. C'était une des coutumes des Premiers Hommes, de tuer eux même ceux qui faillaient à leurs tâches. Ce n'était pas une des coutumes du Bouclier de Port-Lannis. Si la Justice du Roy était Illyn Payne, c'était pour une raison, c'est qu'elle savait parfaitement coupé la tête d'un homme d'un seul coup d'épée. Dans les Terres de l'Ouest, le Bourreau était quelqu'un de craint. Non pas respecté, mais craint, et la crainte est une arme bien plus efficace que le respect. Même si les deux étaient un fabuleux mélange, Tywin le savait que trop bien. Il ne répondit pas non plus au discours de la Main du Roy. Mais cette homme comprenait il réellement sa fonction ? Comprenait-il ce qu'était la politique ? Ou bien était-ce les coutumes du Nord, de ne rien comprendre, et d'agir comme bon leurs semblent ? Ne pas tuer la Targaryenne, mais quelle idée grotesque … Elle menaçait le royaume, ni plus, ni moins. Et une menace se devait d'être éliminée.

En ce qui concerne les éventuels soutient des Targaryens à Westeros, Tywin avait sa propre idée concernant la situation, et sa manière d'agir pour les contrecarrés. Pas besoin d'une femme ennemie, il savait déjà que certaines familles voulaient le retour de l'ancienne lignée. Il aurait du s'occuper des Martell, mais ils étaient bien trop prudent, la preuve, ils n'avaient nullement tentés des représailles envers le Lion pour l'assassinat de la sœur du Prince Régnant. Mais il se doutait qu'ils attendaient le mouvement opportun pour accomplir cette tâche si jouissive qu'est la vengeance. Mais il ne fallait pas attendre trop longtemps non plus, et le Lion décida de répliquer quant on annonça le Mariage de sa petite-fille, Myrcella.

« Mon Roi, concernant le Mariage de votre fille Myrcella, j'aurais une idée à vous soumettre, qui, je pense, pourrais vous plaire ... Mais nous en parlerons quand vous le déciderez.» dit il en se servant une coupe de vin, et il bût une gorgée.

Aucun doute possible. Si le Lion était venu pour voir et demander des explications concernant l'attaque concernant sa petite-fille, il était également venu pour des doléances. Tout le monde sait que Tywin Lannister ne fait pas quinze jours de cheval juste pour voir si sa petite-fille est blessé légèrement, cela aurait été légèrement excessif. Lorsque le Roi déclara sa réponse, il se pencha un peu plus dans son fauteuil, et déclara à son fils aîné.

« Je souhaite te voir, ce soir, avec ton frère. Retrouve moi à la Vermeille. »

Il n'attendait aucune réponse de son ancien héritier. Il savait que ce dernier lui obéirait ...