« Do you feel the call of the sea ? »

Il n’était pas rare que des courtisanes soient invités dans ce genre de soirée, les riches marchands aimaient avoir leur présence dans leur somptueuse maison, elles étaient des œuvres d’art, le symbole quelque part, de leur puissance. Prouvant une fois de plus que ces femmes n’étaient pas que de simple prostituée, c’était quelque chose de plus profond que cela. Elle avait accueilli l’invitant d’un sourire discret, elle et bien d’autre avait donc fait le voyage jusqu’à Pentos. Illyrio était un homme bon, un homme de gout, un homme que Kashina avait rencontré à plusieurs reprises et pour qui elle avait un attachement certain, client régulier, elle passait autant de temps à lui faire oublier sa solitude en d’interminable conversation toute plus intéressante que lui passait du temps à vouloir faire plaisir à la jeune femme dans des cadeaux qu’elle trouvait parfois bien trop somptueux pour qu’elle puisse se permettre de les accepter. Mais refuser était impoli. Acceptant toujours humblement les présents, elle ne prenait soin, hésitant parfois jusqu’à portée les étoffes qu’il pouvait lui ramener tellement leur valeur était tant sentimentale que matériel.
Se préparant dans une pièce annexe de la demeure, Kashina ne pouvait cependant s’empêcher de se demander ce qui avait bien amener l’homme a l’inviter elle, ainsi que d’autre de ses sœurs. La soirée était somme toute des plus banals, une petite fête privée, mais il y avait toujours une raison, la demoiselle savait que la présence des courtisanes pouvaient parfois permettre et facilité la signature d’un contrat, mais lorsque c’était leur mission, Illyrio le lui faisait tout simplement savoir et pourtant là…Il ne l’avait aucunement demandé de faire quoi que ce soir, sauf une petite arrivée en musique, chant et danse. Ce qu’il y avait de plus classique.

Elle était prête, et elle ne ferait guère attendre plus longtemps l’hôte des lieux. Ainsi, elle quitta la pièce pour rejoindre la principale, à son arrivée. Certaines de ses sœurs s’étaient assise face à une harpe, d’autre installer sur les coussins permettaient simplement à former les chœurs. Elle commença à chanter au premier murmure des chœurs. Elle avait toujours trouvé ce genre d’entrée un peu surfaite, trop calculée et peu naturelle et c’était pour cette raison qu’elle n’exigeait qu’une seule chose lorsqu’on lui demandait de faire ce genre de petit spectacle : elle choisissait la musique, la chanson.
Cela lui permettait d’offrir quelque chose de plus vrai, de plus sincèrement à cet instant parfaitement calculé, millimétré, contrôlé. Sa réputation lui permettait de pouvoir avoir le choix, de pouvoir prendre certaine décision, et en règle général on ne se permettait pas de la contredire.

Le chant résonnait à présent dans toute la pièce, racontant alors l’histoire d’une personne ne rêvant qu’à une seule chose : rentrez chez elle. Cela sonnait comme une prière, ou un souhait chanter aux étoiles. La chanson était bien trop précieuse pour Kashina pour qu’elle se mette à danser, ainsi, elle était naturellement poser au centre des jeunes courtisane qui accompagnait son chant, elle observait l’assemblée, cherchant d’un regard celui qui l’avait invité en ces lieux. Illyrio…
Mais son regard se posa sur un homme dont le visage lui était inconnu, ses yeux bleus fixé dans les siens, sa voix tremblait légèrement, offrant une authenticité à ses paroles, à sa chanson. Il était facile de voir que ces paroles semblaient avoir un véritable sens et touchait tout particulièrement la chanteuse mais comment savoir si tout cela n’était pas qu’un masque ? Un jeu ? Une illusion ? Après tout, les courtisanes étaient réputé pour pouvoir feindre bien des choses, elles étaient de parfaite menteuse et les hommes les aimaient pour cette simple raison…
Au bout de quelque minute à ne pas quitter du regard le nouvel invité, elle continua la chanson, la tête relevée lui donnait un petit air hautain mais sa peau si blanche sur une terre aussi ensoleillé que celui-ci venait donner une fragilité à la dame de compagnie. Ses cheveux était astucieusement attaché par un ruban qui était simplement relié à la longue et large ceinture de soie qui venait redessiner sa tête. Si bien que lorsqu’elle baissa son visage à la fin de sa chanson, ce qui maintenait ses cheveux attachée en un chignon un peu rigide, se détacha simplement, laissant alors ses longs cheveux blonds glisser le long de ses épaules…A l’image d’un rideau qui se tire à la fin de la représentation.

Elle restait immobile et silencieuse quelque seconde, ce fut les applaudissements du propriétaire des lieux qui vinrent briser la paix qui semblait s’être installé pour une courte durée. Il abandonna presque son invité pour s’approcher de Kashina, lui attrapant les mains et l’invitant de part se geste à relever la tête et le regarder. Elle laissa un sourire discret s’échapper sur ses lèvres alors qu’il la complimentait pour sa prestation.

« Je vous merci… »

Répondit-elle humblement, inclinant la tête avant de poser les yeux sur le visage qui lui était encore inconnu et qui, disons le franchement, ne s’accordait guère avec le reste des lieux.

« J’en oublie ma politesse, Capitaine, vous voilà face à une des plus belle légende de Braavos…Kashina »

Elle fixa l’homme, le jugeant d’un regard, son allure s’alliait parfaitement à son titre mais elle devinait sans mal que l’homme qui lui faisait face ne portait pas ce titre de manière aussi officiel…Il était le capitaine d’un tout autre navire, d’un tout autre code de vie. Un pirate.

« Capitaine…N’écoutez pas notre hôte, je ne suis pas plus légendaire qu’un grain de sable au milieu du désert qui nous entoure »

S’esclaffant un instant, il s’excusa ensuite, prétextant devoir s’occuper d’autre chose pour cette soirée, il laissa alors en tête à tête le pirate et la courtisane. La jeune femme n’arrivait toujours pas à comprendre l’idée qu’avait l’homme mais en tant que courtisane, elle se devait de plaire autant à son hôte qu’à ses invités.

« Do you feel the call of the sea ? »

Elle n’avait jamais rencontré pareil personnage et pourtant, son métier lui permettait bien d’observer bien des visages, d’écouter bien des voix, de toucher bien des peaux mais aucun n’avait l’allure ou l’originalité de l’homme qui lui faisait face. Les pirates n’étaient pas vraiment les meilleurs amis des courtisanes, et pour cause, certains avaient eu l’affront de kidnapper les moins prudentes d’entre elles, pour le plaisir et l’honneur d’avoir voler l’un des biens les plus précieux de Braavos. Elles étaient presque considéré comme des bijoux vivants, des œuvres d’art, et celles qui avaient eu le "loisir" de rencontrer un pirate n’en revenait pas toujours vivante et si elles en revenaient, c’était beaucoup trop souiller pour pouvoir continuer ce métier considérer comme prestigieux. L’ironie du sort.
Méfiante, elle n’en montrait pourtant rien, fixant l’homme avec une certaine curiosité, les jeunes femmes comme elle étaient habitués à cacher leur véritable sentiment. Malgré tout, sa mâchoire n’avait pas pu s’empêcher de se crisper en sentant le contact froid du métal contre sa joue, se demandant encore pourquoi son hôte et client avait, semble-t-il, presque arrangé cette étrange rencontre. Trop apeuré peut-être ou alors était-ce l’habilité de l’homme, elle n’avait pas senti le poids du bijou contre sa peau, et c’est à peine si elle eut le temps de pouvoir répondre quelque chose à son murmure que déjà cet échange était interrompu par l’arrivé impromptu de deux hommes armés et visiblement en colère.

Les voix s’élevèrent et elle fixa la scène, étant la plus expérimenté des courtisanes présentes sur les lieux, elle se devait de les protéger, cependant…Elle attendit, un peu trop curieuse de voir ce qui se passait, intriguée par les dires de ces hommes. Très vite les choses prenaient une tournure plus inquiétante et lors du premier éclat de métal s’entrechoquant, Kashina se détourna du spectacle, ordonnant à la plus part des musiciennes de quitter les lieux, de se rendre tout de suite dans les appartements qui leur avaient été donné pour cette soirée. Les chassant presque une à une, certaines d’entre elles se refusaient pourtant à obéir, des demoiselles que la jeune femme ne pouvait pas obliger, si elles se retrouvaient blesser, elles en seraient entièrement responsable. Ce fut le souffle de dégout général qui fit se retourner la jeune femme, qui fit face alors à l’une des scènes les plus écœurante qui lui avait été donné de voir. L’organe encore sanguinolent était empaler sur le crochet de l’homme des mers. Elle retint un léger haut le cœur, restant visiblement de marbre même si intérieurement le spectacle la répugnait autant qu’elle le fascinait. Elle fixa les mouvements calculés de Morlo, celui qu’ils avaient appelé capitaine crochet.

A ses pieds rebondissaient l’objet qu’il lui avait lancé, arrêtant sa route à quelque centimètre de ses orteils. Elle fixa le bijou, se rendant alors comptes qu’un tout autre bijou se trouvait déjà accrocher à son coup. Elle portait ses doigts sur l’or indélicat qui ornait sa peau, s’apprêtant à relever soudainement ses yeux sur le capitaine dans une expression d’incompréhension et de curiosité, mais l’homme s’était déjà, semble-t-il, évaporé. Elle laissa la bague choir à ses pieds, courant sans véritablement comprendre pourquoi, vers l’extérieur. Elle arrêta net sa course lorsqu’elle vit le mouvement de lancée du capitaine. Devinant sans peine que ce qu’il venait de jeter à la mer n’était rien d’autre que le cœur arraché du pauvre homme qui gisait à l’intérieur. Le visage se renfrogna en une expression faussement outrée :

« C’est ainsi que vous remercié les gens qui vous invitent en leur demeure ? »

Illyrio était un client de longue date, quelqu’un qu’elle pouvait aller jusqu’à considérer comme un ami, elle se devait de défendre son nom, et sa demeure.

« Vous avez oubliez ceci… »

Arrachant d’un coup sec le collier qu’il avait réussi à habilement accrocher à son cou, elle le lança avec force, l’envoyer à son tour terminer sa course dans la mer. Elle n’était pas sans savoir que la valeur marchande de celui-ci aurait pu intéresser le pirate mais le but n’était pas de rendre un bien volé à un son voleur.

« Vous devriez partir… »

Et sa phrase semblait avoir une pointe de jalousie, elle n’avait connu que la vie de servitude, elle ne s’en plaignait pas forcément mais quelque chose en elle semblait rêver d’autre chose, d’une autre vie. C’était pour cette raison précise qu’elle n’avait pas garder son bébé il y a des années, préférant l’abandonnée, espérant que cette petite fille trouverait son chemin. Etre courtisane était considérer comme un métier de prestige, les hommes vous rangeait à l’état de légende, certaine marin allait jusqu’à travailler toute leur vie rien que pour l’idée de pouvoir se payer ne serait-ce qu’une soirée en simple compagnie avec l’une d’entre elle. Elles étaient considérées comme les plus belles femmes d’Esteros, comme les sirènes, capable de vous faire vivre vos rêves rien qu’en chantant, capable de vous hypnotisé d’un regard mais ça…C’était ce que tout le monde connaissait.

On ne devient pas courtisane de Braavos parce qu’on le souhaite, on le devient parce qu’on y est contrainte.

« Do you feel the call of the sea ? »

Son discours marqua la courtisane, tout ce qu’il restera de lui ? Son nom…Que restera d’elle lorsqu’il sera temps pour elle d’enseigner aux plus jolies mais surtout plus jeunes qu’elle ? Elle ne l’ignorait pas, comme n’importe quelle fille dans ce milieu, le temps était son ennemi plus que quiconque. C’était cette vérité presque craché à la figure qui n’arrangea en rien sa colère passagère. Arrachant le cadeau qu’il avait discrètement attaché à son cou, le jetant à la mer. Pourtant, ce n’est pas la colère qui étira les traits du pirate mais presque de la malice lorsqu’il ôta de sa poche le même bijou. Un tour de passe-passe qu’il semblait à la moindre demoiselle qui attrait un temps sois peu son attention. Lisant en elle comme dans un livre ouvert, bien qu’il l’a comparaissait sans s’en cacher à une prostituer, il marquait un point. Cette vie n’avait jamais su la combler, elle y était resté parce qu’elle n’en avait jamais vraiment eu le choix. Elle était nourrit, logis, blanchit et gagnait plutôt bien sa vie même si l’argent qu’elle amassait servait au bien commun de leur maison. Elle qui n’avait connu qu’abandon et la rue, elle avait un certain respect pour les femmes qui l’avait recueilli et qui lui avait enseigné ce qu’elle savait. Fut un temps où elle aimait ce monde, les courtisanes et leur secret, c’était un univers à part, quelque chose de terriblement mystérieux et par conséquent, terriblement attrayant. Elle avait grandi, elle avait connu le grand frisson…Un fois…

Lorsqu’elle donna naissance à sa petite fille.

Une aventure qu’elle dut se résoudre à fuir. Elle ne souhaitait pas emprisonner Alyss dans cet univers où tout n’est qu’illusion et paraitre. Ce jour-là, elle avait clairement vu la vérité, elle avait abandonné sa fille sans remord, sans regret, parce qu’elle savait ce qu’elle lui évitait. Elle n’avait pas eu le choix mais sa petite fille avait toute une vie pleine de choix devant elle. Kashina ne souhaitait pas être celle qui lui ôterait cette liberté. Elle resta interdite devant les paroles du pirate, faignant la colère à l’idée d’être comparé à une pute, cachant ainsi le véritable désarroi qu’il avait entraînée en elle. L’invitant à quitter les lieux avant qu’il ne soit attrapé. Elle s’apprêtait à le laisser à son sort lorsqu’il lui demanda simplement de venir avec lui.

S’immobilisant soudainement à ses mots, elle posa ses yeux sur lui, essayant de décelé chez le criminelle cette note qui lui signifierait qu’il n’était pas sérieux dans sa demande et pourtant…Il semblait véritablement sérieux, il l’invitait réellement à le rejoindre. Capable de feindre tous les sentiments pour les glisser sur son visage comme un masque, là, ce ne fut que la surprise qui se lut dans ses yeux. Observant alors le chemin qui la menait à l’intérieur de la demeure, elle ne sut quoi répondre bien que son cœur et son corps semblaient hurler oui, sa tête exprimait ce petit non de prudence. Elle connaissait la misère, la douleur, la peine, toute ces choses qu’elle ne souhaitait plus revivre. Si sa vie de courtisane n’avait rien d’une véritable aventure, elle avait cette capacité de la maintenir en sureté, dans cette cage, elle ne risquait.
Elle esquissa un sourire :

« Vous n’avez pas les moyens de vous offrir cette pute là… »

Lui faisant alors savoir qu’elle avait moyennement apprécié d’être désigné comme tel, c’était surtout une excuse pour pouvoir refuser cette invitation, la surprise et quelque part la peur l’avait amené à fuir cette opportunité, entament le chemin pour retourner à la demeure, elle s’arrêta pourtant en route et le pirate semblait avoir déjà compris qu’elle allait s’arrêter. Faisant demi-tour, elle rejoint à nouveau Morlo, prenant la décision la plus insensé de sa vie :

« Allons-nous en »