Catelyn Stark Ҩ Eddard Stark

 

Il y avait tant de chose à gérer ici. Lorsqu’il avait mis son vieil Robert sur le trône, il y avait posé toute sa confiance. Il ignorait aujourd’hui s’il était réellement surpris ou juste déçu de voir à quel point le pouvoir ne sciait pas à son roi, à quel point la guerre pouvait lui manquer. Etait-il réellement surpris ? Leur jeunesse avait été bercé par les combats, et il avait le souvenir encore frais d’un Robert qui semblait s’épanouir en plein conflit, capable de soulever des montagnes, capable de l’impossible. Pourtant, il s’était malgré tout pas attendu à découvrir le calvaire que Jon Arryn subissait depuis tant d’année : freiner aux mieux les dépenses de Robert, assagir son insatiable envie de voir disparaitre à jamais le sang du dragon. Si Eddard partageait une véritable colère pour celui qui avait tué son frère et son frère ainsi que capturer sa sœur, sa rancune n’allait pas au-delà. Les survivants pouvaient bien vivre en exilé, ils étaient innocent dans cette guerre et l’était encore aujourd’hui. Il ne partageait pas cette même inquiétude.
Comme Jon avant lui, il dut céder aux caprices d’un roi qui s’ennuie sur son trône, voyant alors se mettre en place le tournoi qu’il ne voulait pas voir en son honneur. Regardant cet argent qui aurait pu être plus habilement dépensé. Et comme si tout cela ne suffisait pas, il avait dû gérer ses deux filles, toutes deux noyées dans leur rancune. Sansa lui en voulait d’avoir sacrifié son loup à la demande de la reine, exprimant sa colère aussi bien contre lui en l’ignorant que contre sa cadette. Arya quant à elle avait bien du mal à accepter la mort de son ami, clamant à qui voulait l’entendre ( ou non ) que son aînée n’était qu’une menteuse. Voir une partie de propre famille se déchirer ainsi lui brisait le cœur, incapable de trouver les mots pour réconforter Sansa, il avait pu malgré tout trouver le moyen d’occuper l’autre petite lorsqu’il découvrir "Aiguille". Son maître de danse…

Mais les choses n’étaient pas allé en s’améliorant, le banquet royal s’était terminé dans de telle circonstance. Quelque chose que personne n’aurait pu prévoir, il venait d’ailleurs s’enquérir de nouvelle de Myrcella lorsqu’il croisa dans les couloirs le Mestre des lieux. Il n’osait imaginer la rage qui devait animer son ami dès à présent, sa fille défiguré, personne ne méritait une telle chose, encore moins une enfant innocente. Ignorant la façon dont lui-même aurait réagi devant pareil situation. Pourtant, au fond de lui, Ned espérait que ce tragique accident ouvrirait les yeux de Robert sur les véritables problèmes du royaume.
Profitant de la présence du Mestre pour le questionner au sujet de Jon, il n’en apprenait pas autant qu’il l’aurait souhaité, essayant de trouver derrière ses paroles quelque chose qui attiserait les accusations de Lysa. Il n’y avait que ce livre, cet énorme ouvrage qu’il emportait dans ces appartements avant d’être déranger. La journée n’aurait pas pu être plus mauvaise s’était-il dit lorsque sa route croisa celle de Petyr alors qu’il lisait le message qui lui fut envoyé par un corbeau :

« De bonne nouvelle ? Peut-être aimeriez-vous les partager avec votre femme… »

Il releva les yeux sur littlefinger, sur la défensive, il ne pouvait s’empêcher de se méfier de lui, d’autant plus lorsqu’il permettait de parler de Catelyn. N’ignorant rien des sentiments qu’éprouvait ce semblant d’homme à l’égard de son épouse.

« Ma femme est à Winterfell… »

Rajouta-t-il, cela n’avait pas besoin de réponse, c’était un fait et pourtant…

« Vous croyez… ? »

Le sourire qu’il afficha après cette question entraînait chez Eddard une envie soudaine de perdre son calme et pourtant, bien que méfiant, il décida de suivre le trésorier. Aussi silencieux qu’une tombe tout le long de la route, ils traversèrent des quartiers de plus en plus malfamés, l’odeur du sexe et de l’alcool se faisait sentir, et si il n’avait pas été habitué à l’odeur de la guerre, son estomac aurait pu s’en retourner. Lorsqu’il mit pied à terre devant l’un des établissements de Petyr, Ned cru d’abord à une blague, la méfiance se faisant, ce fut une tout autre conclusion qui s’insinuait en lui alors qu’il justifiait l’endroit derrière de bon sentiment, il pensait Catelyn en sécurité dans ses établissements. Il marchait deux pas devant lui lorsqu’Eddard lui attrapa l’épaule, le plaquant contre le mur, non loin de l’entrée du bordel.
Sa main entoura la gorge de Littlefinger, serrant assez pour que l’unique réflexe de celui-ci soit de vouloir se détacher de l’emprise de la main du roi.

« Vous êtes un type bizarre…Un type très très bizarre »

Commenta-t-il avec colère, incapable de croire que sa femme puisse se trouver dans pareil endroit et pourtant…Alors qu’il était à deux doigts de laisser Petyr étouffer entre ses doigts, la voix de Catelyn attira son attention. Levant le nez vers un balcon, il y vit son épouse, ce fut suffisant pour qu’il lache sans ménagement la gorge de Petyr et entre dans les lieux. Il monta quatre à quatre les marches qui le menaient à l’étage, retrouvant très rapidement sa femme.

« Kate…Qu’est-ce que… »

Partagé entre la joie qu’il éprouvait de revoir celle-ci et l’inquiétude de la savoir à Port-Réal, ce fut au final l’incompréhension qui supplanta ses émotions.

« Pourquoi ne pas m’avoir prévenu de ton arrivé ? »

Il remarqua alors les bandages aux mains de sa femme, et bien qu’il se doutait que l’arrivée de celle-ci à Port-Réal ne présageait rien de bon, cette vision ne faisant que confirmer ses inquiétudes. C’est avec délicatesse pourtant qu’il prit ses mains dans les siennes.

«Qui t’as infligé ça ? »

La colère était parfaitement audible dans les paroles de Ned alors qu’il posa ses yeux dans celle de Catelyn, attendant les réponses à ses questions.

Catelyn Stark Ҩ Eddard Stark

 

Elle lui confia qu’elle avait souhaité toute la discrétion possible pour son voyage, lui informant qu’elle avait donc préféré n’envoyer aucun message à son attention. Ces révélations ne faisait qu’attiser l’inquiétude et la curiosité qui le gagnait, pourquoi désirait-elle ne pas se faire remarquer et surtout, pourquoi était-elle venue jusqu’à lui ? Bien sûr, sa discrétion s’était rapidement effacé à son arrivé,  cette oiseau de malheur l’avait retrouvé avant même qu’il ne soit au courant de sa venue. Petyr…A l’inverse de son épouse, Ned était incapable de lui accorder la moindre confiance. Aussi, il fronça légèrement les sourcils lorsque sa femme évoqua celui-ci, d’ailleurs où se trouvait-il ? Une part de lui se disait qu’il devait écouter à la porte, comme le rat qu’il avait toujours été. Mais au fond, la présence de Cat à ses côtés suffisait à calmer ses ardeurs. S’apercevant des pansements qui couvraient les paumes de sa femme, il s’enquérait immédiatement de la raison pour laquelle elle était blessée, et l’air grave qui façonna ses traits ajouta qu’un peu plus d’inquiétude dans les pensées du vieux loup. Ses mots eurent l’effet d’un coup de poignard, on avait voulu la mort de son fils ? Ses yeux exprimèrent sa surprise mais aussi une colère non dissimulé. Comment ? Et surtout Qui avait osé ? Dans l’espoir peut-être de calmer sa colère, Catelyn lui expliqua que leur enfant allait bien, qu’elle était arrivé à temps et surtout que l'animal était arrivé à leur secours. L’évocation du loup qu’avait adopté Bran raviva les souvenirs de Nyméria qui s’était enfuis et surtout de Lady qu’il avait du tuer de ses propres mains pour assouvir le désir de justice de la reine.

Les explications de sa femme n’eurent pas vraiment pour effet d’effacer la colère qui courait dans ses veines. Elle lui demandait de faire attention à lui, à leurs filles, et son regard exprimait cette promesse muette et solennelle. Jamais il ne laisserait personne faire de mal à ses enfants, il préférait de loin mourir pour eux. Etait-ce l’air sombre qu’arborait la main du roi qui la poussa à lui poser des questions sur Arya et Sansa ? Espérant peut-être dessiner un sourire bienveillant sur les lèvres de Ned mais en réalité, l’homme était quelque peu dépassé par les derniers évènements.

« Un malheureux incident sur le voyage m’a contraint à abattre Lady, une perte que Sansa n’arrive pas à oublier même si elle se plait entre ses murs…Peut-être même trop… »

Admit-il, une part de lui n’arrivait pas à accepter que sa fille, la chaire de sa chaire, puisse se plaire dans pareil endroit qu’était Port Réal. Mais il le savait, Sansa était simplement émerveillé par la beauté que lui offrait le palais et la météo clémente qui faisait oublier à tout le monde l’éventualité d’un nouvel hiver. Elle observait cette nouvelle vie à travers ses yeux d’enfants, et c’était bien ça qui l’inquiétait. La reine, il le savait, profitait largement de cette situation et il était impuissant face à cela…Maudissant ce mariage que Robert voulait entre leurs deux familles. Si Robert n’avait pas été comme un frère pour lui, il aurait sans aucun doute refusé toute union de près ou de loin avec un Lannister.

« Arya… »

Il esquissa malgré lui un sourire :

« Arya reste Arya »

Conclut-il, la petite au tempérament de feu ne semblait avoir rien perdu de sa fougue en arrivant ici, plus Stark que jamais, elle ne se plaisait pas ici et la seule chose qui lui permettait d’oublier Port Réal était le professeur qu’il lui avait trouver. Il se garda d’ailleurs d’en parler à son épouse, sachant d’avance qu’elle serait l’avis de sa femme de savoir sa petite fille avec une épée entre les mains. Même si il se faisait beaucoup de soucis pour ses enfants, il le savait, elles n’étaient pas complètement malheureuse ici, l’incident durant le voyage commençait doucement à s’estomper dans l’esprit de ses filles, d’autant plus que les derniers évènements du banquet avait permis de détourner leur attention pendant un temps et de leur rappeler l’importance d’avoir une famille. Pendant un temps, elles s’entendraient à nouveau, jusqu’à la prochaine dispute.
Son regard poser sur son épouse, il n’avait pourtant pas oublier la raison de sa venue :

« Puis-je la voir ? »

Bien évidemment, il parlait de l’arme qui avait taillé ses paumes, celle destinée à tuer son fils. Il souhaitait la voir, dans l’espoir peut-être de la reconnaitre…