Pour la troisième fois en dix minutes, la jeune femme fit le chemin jusqu'à la porte de sa chambre pour s'assurer qu'elle avait bien verrouillé. Puis elle courut jusqu'à son lit pour relire la lettre. Elle l'avait déjà froissée et défroissée deux fois mais ne pouvait s'empêcher de la relire. Les mots lui étaient connus maintenant, elle pourrait presque la réciter par cœur, mais elle ne pouvait toujours pas y croire. Il devait s'agir d'une blague, d'une très mauvaise blague. Pire encore que ces satanés rats morts sous son lit, pire que tout. Elle avait pourtant tout fait pour satisfaire ses maudits dorniens. Même aujourd'hui, elle portait une de leur robe légère, qui laissait ses bras nus et soulignait la longueur de ses jambes en s'arrêtant juste au-dessus des mollets, avec sa couleur de sable et son léger décolletée. Elle avait tout fait pour qu'ils oublient qui elle était et voilà qu'on lui envoyait les pires blagues.

Il lui fallut plusieurs secondes pour se rappeler que le papier lui avait été transmis par le mestre. Il avait même paru désolé au moment de lui confier. C'était donc une vraie lettre et les mots étaient plus que de l'encre sur le papier. Elle relu – pour la quatrième fois – et un goût de bile envahi sa bouche en lisant le nom de Tywin Lannister. Sans jamais avoir rencontré l'homme, elle avait l'impression de le connaître, Ser Stafford en parlait tant. Ser Stafford qui était mort lui aussi, mais qui avait au moins été attaqué par un ennemi, pas trahi ainsi. Elle savait cependant que ce n'était pas la mention de Lord Tywin qui avait motivé le mestre à lui confier ce papier. Plus bas sur la page était inscrit un nom qu'elle ne connaissait que trop bien et les larmes lui montèrent aussitôt aux joues alors qu'elle le lisait.

Gregor. Elle avait du mal à imaginer son frère vaincu. Il était La Montagne, le plus grand et le plus puissant des combattants de l'Ouest. Ils avaient dû s'y mettre à plusieurs pour l'affronter, il devait s'agir d'une tricherie. Jamais le grand Gregor Clegane n'avait pu s'incliner si facilement. Et même ainsi, il ne pouvait pas mourir, pas comme ça. Ils avaient tous fait leur possible pour le garder éloigné d'elle, de sorte que sa fratrie n'avait jamais été réunie et maintenant ce ne serait plus jamais le cas.

Alors que des larmes se mettaient à couler sur ses joues, elle se releva d'un coup pour aller fermer les lourds rideaux, plongeant la pièce dans une semi pénombre qu'elle trouva immédiatement plus agréable. On était Septian, elle n'avait rien de prévu pour la journée, elle pourrait la passer là, seule. Eleanor ne voulait voir personne et elle n'ouvrirait à personne. Ou peut-être à Myrielle, ou aux jumelles...

Revenue sur le lit, la jeune fille froissa une fois de plus le morceau de parchemin et le projeta devant elle au hasard, laissant enfin libre court à ses sanglots. Elle s'était décidé, une fois ses larmes séchées et un semblant de calme retrouvé, elle irait trouver Myrielle.

Jeyne & Jennelyn Poulet

Le soleil pointait timidement son nez en ce début de matinée au sein de la citadelle de Lancehélion. Alors que la chaude brise de Dorne se levait paisiblement laissant présager une nouvelle journée suffocante. Des rires retentissaient bruyamment dans les couloirs, les serviteurs passants par là, s'écartaient rapidement, devinant aisément la provenance des rires. Bousculant les gardes, renversant les meubles. Les deux jumelles se livraient à une étonnante course-poursuite alors que leur ivresse ne laissait plus aucun doute aux observateurs.

La crinière blonde des deux jeunes femmes luisaient curieusement tel le blé, s'accordant parfaitement avec les robes azur de soie qu'elles portaient. Jeyne et Jennelyn étaient des jumelles, mais pas n'importe lesquelles. Elles étaient les filles de Lord Franklyn Poulet, un puissant seigneur de Dorne. Immensément riche mais surtout immensément capricieuse, elles mettaient à rude épreuve toute la Cour. Mais ce n'était pas pour ceci qu'elles étaient l'unes des nombreuses curiosités de Dorne. Ferventes opposantes au pouvoir de la couronne et plus particulièrement à celui des Lannisters, elles avaient provoqué de nombreux incidents diplomatiques. Si bien qu'elles étaient redoutées lors de chaque banquet officiel. Mais ce qui agaçait sûrement le plus le Pince Doran, c'était leurs penchants sexuels insatiable.

Traversant les nombreux étages de la forteresse, les jumelles se dirigeaient vers la chambre de la plus étonnante curiosité de Dorne. L'histoire que partageait les Martell et les Clegane étaient sanglante et pleine de haine. Tous savaient que la noble famille Dornienne réclamait vengeance. Pourtant à la surprise de tous les habitants de la principauté, la sœur de celui que l'on surnommait avec crainte "La Montagne" vivait ici et c'était d'ailleurs l'amante des jumelles. Alors que ces dernières atteignaient la chambre, elles se mirent à tambouriner à la porte de la jeune Clegane, sans se douter de ce que cette dernière venait d'apprendre.

« Ouvre-nous, il fait bien trop beau pour rester à l'intérieur ! » Hurlait Jeyne, tandis que sa sœur trépignait d'impatience.

CODE BY LUNA

Eleanor n'était pas sûre de s'être endormie et pourtant c'est très clairement la sensation qu'elle eu quand elle entendit tambouriner à la porte. Comme si on la tirait brusquement d'un long sommeil, elle pivota vers la porte, les yeux grands ouverts et le cœur battant la chamade. Elle voulait déjà répliquer mais sa bouche était pâteuse et elle peinait à retrouver son souffle. Heureusement, elle n'eut pas le temps de crier avant que la voix de Jeyne la tire définitivement de son étrange état. Les jumelles. Les seules dorniennes à qui elle ne pouvait rien refuser, même en un pareil moment.

- J'a... j'arrive ! Bredouilla-t-elle difficilement.

Même à travers la porte, sa voix devait sonnée cassée et faible. Eleanor en était consciente mais elle ne pouvait pas le cacher, pas aujourd'hui. Les jumelles s'étaient montrées les plus accueillantes de ses hôtes depuis son arrivée ici, allant même jusqu'à l'inviter dans leurs chambres. Si elle faisait de son mieux pour cacher la relation qui les unissaient – et ce malgré le penchant des jumelles pour l'absence de discrétion – Eleanor en était plus qu'heureuse. Elles arrivaient même à apporter un maigre sourire à son visage tandis qu'elle venait leur ouvrir la porte. La Clegane était bien consciente qu'elle ne s'offrait pas sous son meilleur jour, avec ses joues blanchies par les larmes et ses yeux rougies par le chagrin. Elle se tourna doucement vers les deux jeunes femme et tenta un sourire, ravalant ses larmes et reniflant un peu.

- Jeyne, Jennelyn. Je suis... contente de vous voir. Mais je crois que je ne sortirai pas aujourd'hui.

Elle avait appris très tôt à différencier les jumelles l'une de l'autre et ne s'était encore jamais trompée. Eleanor les accueillait toujours avec un sourire bienveillant, mais cette fois elle devait faire peur à voir, surtout avec sa taille. Consciente qu'elle bloquait le passage, elle s'écarta brusquement de la porte, essuyant du revers de la main ses joues humides.

- Vous voulez rentrer ? Je ne sais pas si je serais de bonne compagnie aujourd'hui.

Malgré tout, elle était très heureuse de les voir et – même si elle en culpabilisait un peu – elle voulait qu'elles restent un peu. Mais elle n'osa pas leur parler de ce qui la tracassait, elles avaient l'air si joyeuses, peut-être même était-ce pour la même raison qu'elle. Les dorniennes n'avaient jamais cachés leurs visions des habitants de l'Ouest et particulièrement de ce qui s'était passé à Port-Réal. Elles se trompaient bien sûr, mais Eleanor avait toujours pris soin d'éviter ce sujet. Il semblerait que ce soit devenu impossible à présent.

Sans qu'elles ne répondent, les jumelles réagirent instantanément à son état, preuve qu'elle ne le cachait pas aussi bien qu'elle le pensait. A moins que les deux jeunes femmes ne soient bien plus inquiètes pour elle qu'Eleanor ne l'avait d'abord cru. Elle avait toujours un peu de mal à cerner la relation qui l'unissait aux sœurs Poulet. C'était en effet difficile de croire qu'elles avaient pu se rapprocher autant étant donné l'état des relations entre Dorne et les Terres de l'Ouest. La grande jeune femme se laissa sagement conduire jusqu'au lit, sans oser rien ajouter. Jeyne s'était portée immédiatement vers elle, tandis que Jennelyn se glissait dans la chambre pour faire elle ne savait quoi.

La lumière les inonda de nouveau brusquement, forçant la jeune Clegane à fermer les yeux quelques instants. Elle comprit alors qu'elle était restée enfermée plus longtemps qu'elle ne voulait le croire, cela n'avait semblé durer que quelque secondes pourtant. Il lui fallut attendre de recouvrer une vue non-douloureuse pour ouvrir les yeux et les poser sur Jeyne. La petite blonde – ou du moins petite aux yeux d'Eleanor – avait glissé entre ses mains un objet froid. Une coupe de vin, comme elle le comprit en baissant les yeux. La Clegane amena la coupe à ses lèvres mais un haut-le-cœur la fit arrêter. Elle n'était pas sûre d'avoir la force de boire.

En abaissant la coupe, elle vit Jennelyn et la lettre froissée entre ses mains. Elle ignorait si la jeune femme avait déjà lu mais elle ne pourrait pas leur cacher tout cela bien longtemps de toute façon. Ravalant sa salive, la ouestienne murmura d'une voix brisée.

- Mon frère – Gregor – est mort. Avec Tywin Lannister, durant une... bataille à Castral Roc.

Elle hoqueta et tenta de ravaler ses larmes. L'énoncer à voix haute avait été plus douloureux qu'elle l'imaginait, mais d'une certaine façon elle était contente de l'avoir dit. Les choses commençaient à reprendre le goût du réel, mais cela n'en devenait que plus incompréhensible. Qu'était-il arrivé ? N'étaient-ils pas envoyés pour tuer des Fer-nés ?

- Je ne... comprends pas.

Jeyne & Jennelyn Poulet

Jennelyn avait pu parcourir la lettre d'un regard, et avait immédiatement compris ce qui tourmentait son amie. D'un regard grave, elle tenta de communiquer à sa sœur que c'était là quelque chose de difficile, mais Eleanor énonça à voix haute la cause de ses larmes. Ainsi donc, Gregor Clegane était mort. La Montagne. Les jumelles se regardèrent dans les yeux de longues secondes, hésitant quelque peu sur la manière dont elles devaient réagir. Jeyne, assise à côté de sa grande amie, put entrevoir un semblant de dégoût sur son visage lorsqu'elle porta la coupe de vin à ses lèvres. Il ne lui en fallut pas plus pour récupérer la coupe d'un geste léger, afin de la poser sur une table non loin d'elles. Si elle souriait, habituellement, presque en permanence, elle n'en avait là plus l'envie.

Les jumelles Poulet savaient parfaitement quelle réputation avait la Montagne, ici, à Dorne. Elles savaient aussi ce qui se disait sur Eleanor, à Lancehélion. D'autres dorniennes se seraient réjouies d'une telle nouvelle, se seraient parées du plus beau des sourires et auraient bu à la gloire de Dorne. Mais les sœurs Poulet, toutes deux éprises d'une bien étrange affection pour la cadette du monstre qu'était ser Gregor, ne pouvaient réagir ainsi.
Jennelyn vint se glisser à côté de la géante, s'asseyant sur le divan, si bien que les deux sœurs se trouvèrent de chaque côté d'elle. Posant la lettre sur la même table que la coupe de vin qu'avait écartée Jeyne, elle posa une main sur l'épaule de la fille Clegane, se voulant réconfortante.

-Je suis sincèrement navrée, dit-elle en un simple murmure.

Jeyne approuva les dires de sa sœur jumelle d'un hochement de tête, et se pencha à son tour vers son amie de l'Ouest.

-Ne pleure pas, Eleanor. Je sais que ça doit être dur à apprendre, mais tu es forte, tu dois être forte !

Elle esquissa un bien maigre sourire qui se voulait compatissant. Jeyne glissa son bras derrière les épaules de la géante, la serrant dans ses bras avec affection. Jennelyn, elle, pressa simplement sa tête contre son épaule et resserrant la pression de sa main sur celle-ci, lui murmurant que tout irait bien, que sa sœur et elle seraient là pour elle quoiqu'il arrive, et lui demandant comment c'était arrivé.

CODE BY LUNA

Alors qu'elle annonçait la nouvelle, Eleanor préférait baisser les yeux sur le divan, ou sur sa coupe de vin, n'importe quoi pourvu qu'elle ne regarde pas les deux jumelles directement. Non seulement elle ne voulait pas leur montrer ses larmes et ses yeux embués, mais elle ne voulait pas non plus voir comment ses deux amies réagiraient. Elle avait toute confiance en elles, bien sûr, et elle les adorait. Mais elle connaissait aussi le point de vue de Dorne sur son frère et les Jumelles ne s'étaient jamais cachées sur ce qu'elles pensaient des événements de l'époque. Eleanor ne voulait pas les voir sourire, ou pire encore.
Elle fut donc d'autant plus surprise quand elle sentit quelqu'un se glisser contre elle sur le divan, une main sur son épaule. La voix de Jennelyn l'atteignit ensuite, douce et rassurante. Puis ce fut au tour de sa sœur qui se serra à son tour contre la géante. Eleanor ne sut trop comment réagir, hésitant manifestement à se lever, mais elle se laissa couler dans le canapé et l'étreinte des deux jumelles.

Ravalant ses larmes, elle renifla. Jeyne avait raison, elle ne devait surtout pas se montrer comme ça, quelle que soit la situation. Il fallait se montrer forte, surtout ici, à Dorne. Heureusement, seules les Jumelles l'avaient aperçu comme ça pour l'instant. Eleanor essuya ses joues du revers de sa main. Ses yeux étaient encore humides bien sûr, mais rien qu'un mouchoir ne pouvait pas arranger rapidement.
Elle répondit au sourire de Jeyne par un sourire plus maigre encore, mais aussi par un baiser sur le front, inspirant dans les cheveux blonds de la jeune femme. Puis elle se tourna vers Jennelyn pour déposer un baiser identique sur son front.

- Merci, murmura-t-elle d'une voix encore cassée.

Son regard gris triste retomba sur la lettre froissée à multiple reprises. Elle n'avait même plus besoin de la lire pour se souvenir de ce qui y était dit. La jeune Clegane se racla la gorge, cherchant les mots qu'elle pouvait bien employer pour expliquer les événements. Cela ne serait pas facile.

- Je... La lettre n'est pas claire. Ils disent que Lord Tywin et son armée a été attaqué par les troupes du Roi, car c'était un traître. Mais je ne comprends pas... Lord Tywin ne peut pas. Et puis... pourquoi toute son armée ? Pourquoi à Castral Roc ?

Elle aurait pu poser mille autres questions, mais elle savait que ce serait inutile, les Jumelles ne savaient pas plus qu'elle. La lettre mentionnait la mort de plusieurs vassaux fidèles à son père, dont Ser Amory. Avec la mort de Gregor, cela ressemblait fort à une façon de se débarrasser définitivement de ceux qui avaient été le bras armé de Tywin à Port-Réal. Une idée commençait à germer dans l'esprit d'Eleanor.
Elle n'avait jamais vraiment rencontré Lord Tywin, mais comme beaucoup dans l'Ouest, elle savait qu'il fallait le respecter et le craindre. Il lui semblait évident que la Couronne avait finit par le craindre plus qu'elle ne le respectait, et cela avait été sa perte. Ainsi que celle de son frère.

- Gregor a été battu en combat par un chevalier du Bief... Ser... Humfrey Hightower.

Le nom s'était gravé dans sa mémoire dès la première lecture de la lettre. Elle connaissait la Maison Hightower bien sûr, mais maintenant elle n'était pas prête de l'oublier. Ses mains s'étaient serrés à son évocation et la façon dont elle avait prononcé les mots « battus en combat » était éloquente sur ce qu'elle en pensait réellement.
Gregor était un chevalier bien trop redoutable pour être battue comme cela. Elle doutait qu'un seul homme soit derrière tout ça.

Myrielle faisait les cents pas depuis l'annonce. Devant la large fenêtre de sa chambre, nulle horizon, seulement le silence.. Grande anxieuse qu'elle était, Myrielle trembla, vacillante et inquiète. Sa servante la suivait du regard, elle avait réussie à s'imprégner de son inquiétude, bien qu'elle ne la concerne que de loin. Myrielle termina sa marche désabusée pour se diriger ailleurs vacante et de triste humeur tant la nouvelle avait pu lui paraître impossible à entendre. Sa silhouette brillait, autant qu'elle le puisse au creux de cette lumière tamisé qui sublimait ses cheveux. Beaucoup avaient accueillit la nouvelle sans trop y croire, d'autre riant simplement, ou portant un taust à la victoire d'Humfrey Hightower ..

Cette nouvelle empruntait la même mélancolie que sa soeur de coeur aurait pu ressentir à cette instant. Myrielle sanglota, marcha un instant, puis , au fil d'une marche évasive et sans but, finit par ouvrir une porte, pour tomber sur elle. Les jumelles Poulet semblait lui tenir compagnie. Myrielle lui sourit, bien que malmenée par la conjoncture du moment. Elle fit quelques pas à sa hauteur et la prise dans ses bras, cela sans un mots.

Leurs regards se complétaient déjà depuis l'enfance. Ce fut aussi elle qui pris notre lionne sous son aile lors du desseins funeste de sa mère. D'un geste maternelle, la lionne caressa son visage, elle pu y déceler beaucoup de courage. Une chose dont elle avait toujours été doté, Myrielle pensait qu'elle ne se doutait que de peut de toute sa force. Les soeurs Poulets avaient entamer la conversation, bien moins toucher certe, mais tout aussi capable de consolation.. Myrielle les gracia d'un sourire, s'excusant presque d'avoir préféré se laisser aller à cet élan auprès de sa "soeur" plus que de les saluées, même si elle mis fin au mauvaise manière en se redressant pour leur accorder une révérence.

Pardonner mon impolitesse mesdames, les circonstances forge ma méprise. Elle s'inclina donc, présentant ses hommages aux deux Poulet ayant pris l'avance sur elle Jeyne, Jeynnelyn..

Myrielle se tourna à nouveau près d'Eleanore, le visage éprit de compassion. Je n'y croit pas non plus Eleanor.. Comment ont t-ils pu ? je, je suis désolé .. Tellement désolé.. Elle souffla, puis reprit, As tu plus d'information que moi sur ce combat ? Les témoins on pu arranger les choses pour avantager le jeune homme..

Elles restèrent ainsi pendant de longues minutes, dans une douce étreinte. Eleanor ne se rendait même plus compte qu’elle parlait. Elle fit un autre résumé de la lettre, même si les deux jumelles l’avaient déjà lus. Et puis, elle parla de son frère, beaucoup. Sans trop savoir quoi dire, car elle ne l’avait pas vu depuis plus de quinze ans. C’était absurde. Elle parlait, sans réfléchir et sans contraintes. Comme si une vanne s’était ouverte, comme si elle n’attendait que cela, de parler. Cela ne servait plus à rien à présent, pourquoi dévoiler ses craintes sur Gregor si ce dernier n’était plus de ce monde ? Mais elle en avait tout de même besoin, apparemment, et Jeyne comme Jennelyn furent assez patientes pour rester près d’elle durant tout ce temps.

Le charme ne se rompit que lorsque la porte s’ouvrit à nouveau, sans qu’on ait toqué. Les trois jeunes femmes sursautèrent mais ce n’était que Myrielle. La Lannister se dépêcha de la rejoindre et entoura immédiatement Eleanor de ses bras, une étreinte que la géante lui rendit, serrant son amie aussi fort qu’elle le pouvait sans lui faire de mal. Elle voulut pleurer mais ses larmes étaient déjà épuisés, alors elle se contenta de se laisser calmée par le corps de la jeune fille contre elle.
Elle voulait parler, lui dire à quel point elle était désolée, à quel point cette lettre ne pouvait être qu’une mauvaise blague, mais les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge.

Finalement, elle se détacha d’elle et Myrielle s’excusa poliment pour son empressement auprès des deux filles Poulet. Jeyne et Jennelyn se levèrent du fauteuil dans un même mouvement, s’inclinant devant la Lannister avec le minimum de politesse. Elles se regardèrent et Eleanor sut ce qu’elles allaient faire avant qu’elles ne le disent. Jeyne lui attrapa la main, l’embrassa et commença à se diriger vers la porte. Ce fut la Clegane qui les arrêta, l’une après l’autre, pour une dernière tendre étreinte avant qu’elles ne quittent la salle, sentant qu’il valait mieux laisser les deux autres femmes en tête à tête.

- Ne le soit pas, Myrielle. Personne n’y est pour rien ici, aussi étonnant que cela puisse paraître dans cette ville.

Elle aurait voulu que sa voix sonne plus forte et imposante, mais elle n’était que cassée et faible. Un grondement s’échappa du fond de sa gorge alors qu’elle fit de son mieux pour reprendre un timbre normal.

- J’ignore tout de ce qui est arrivé, sinon le résultat final. Il n’est pas difficile d’imaginer qu’ils aient été plusieurs à s’attaquer à Gregor, tout cela ressemble à un immense guet-apens.

La jeune femme prit soudain conscience de ce qu’elle venait de dire et ses yeux gris se teintèrent aussitôt de regret.

- Oh Myrielle, je suis tellement désolée. Pour Lord Tywin, et tous les autres. Je ne sais pas ce qui… Je ne sais pas ce qui se passe là-bas. Et cela me fait peur.

Une étrange énigme semblait voir le jour.. Tout en terminant de sourire, Myrielle repensa à Gregor, ce demandant comment les choses avaient pu déraper aussi facilement. Traduire les raisons de sa mort étaient évidentes, les Lannister et l'Ouest avaient des ennemis et bien plus aujourd'hui. Myrielle eu envie de vomir sa colère. C'était pour elle cher payer de subir la faute d'un seul homme. A la guerre, on perd des soldats, pas des civils..

Daven et Cerenna en prison, Myrielle elle était la seule à avoir survécut aux siens.

Aujourd'hui, même le plus fort s'en était allé et au delà de son aspect rustre, Gregor avait été le frère d'Eleanor. Myrielle baissait la tête, elle écoutait attentivement les paroles de sa soeur, pensive. Elle remarquait facilement sa voix faible, mais ne lui en tenu qu'un regard apaisant, presque maternelle. La lionne songeait que ces crimes n'était pas écarté d'un potentiel "génocide" de Lannister, voir de l'Ouest entier. Les fer nés avaient fort bien entamé l'affaire, mais Myrielle ne rêvait plus de revoir sa famille en vie.

Eleonor et elle serait donc seule désormais. Seule pour se défendre dans l'endroit le plus dangereux pour un lion et un chien. Myrielle n'y tenant plus, pleura, même si elle gardait un dos droit et une dignité exemplaire. Les soeurs Poulets n'auraient pu que constater, elle même se devait peut être de prendre part à la mode ambiante en détestant les deux Ouestiennes.. Il semblait n'en être rien, même si Myrielle se méfiait désormais de tout le monde par ici.

Courage ma tendre, ils ne nous atteindrons pas ici. Nous sommes peut être dans la pire des situation, mais grâce aux septs, nous sommes ensembles, libre de converser et de penser. Dorne est une si belle région pour cela.. Elle attrapa la main de sa soeur et sourit. Bien sur, la mort de Gregor et de Tywin lui faisait écho. N'importe quel lion y verrait le même signe, l'idée que Dorne aurait donner nombre de dragons d'or pour voir leurs tête pendants sur une pic.

Myrielle ne puis y voir une coïncidence.. Même si elle aima penser l'inverse uniquement auprès de Manfrey.

Nous sommes ensembles.. sanglotait Myrielle.

La mort de mon oncle.. , elle s'arrêta quelques instants, pourra peut être apaisé les choses.. Myrielle pleura, je prie pour que notre dette soit réglée après cela..

Myrielle pleurait. Eleanor aurait bien aimé l'accompagner, mais elle avait déjà épuisée trop de ses larmes tout à l'heure. Au lieu de cela, la géante ne pouvait que s'approcher en réconfort, laissant la jeune femme prendre ses mains dans un semblant de câlin.
Elle n'avait pas tort. Malgré tout, elles étaient ensembles, mais ce n'était qu'une piètre consolation en comparaison de la sensation désagréable que quelque chose de terrible se préparait. Les Lannister et leurs plus fidèles alliés avaient subis coup sur coup depuis des mois. Castral Roc était tombé. Tywin Lannister était tombé. Gregor Clegane était tombé. Et Dorne n'avait rien eu avoir avec tout ça ? C'était absurde, quelque chose avait dû se produire. Myrielle et elle était au pire endroit imaginable mais elle pouvait encore se serrer les coudes. Pour l'instant. Qu'en serait-il une fois que Myrielle porterait le nom Martell ? Eleanor serait encore une Clegane, elle n'aurait plus personne, sinon les jumelles.

- Oui, je suis là, murmura-t-elle avec le peu de conviction qu'elle pouvait réunir.

Avant que les choses ne puissent empirer, Eleanor passa les bras autour de la jeune fille et la serra contre elle dans une étreinte rassurante. Elle usa de sa taille pour poser la tête de son amie contre so cœur. C'était une méthode qui marchait à tous les coups, n'est-ce pas ? En tout cas, elle l'avait toujours utilisée quand Myrielle était petite et jusque là ça n'avait pas posé problème.
Elle ne pouvait malheureusement pas partager son optimisme. Tout le corps d'Eleanor hurlait ce qui devait être la vérité. Tout ça n'était qu'un début et il était hors de question de croire que la mort du Suzerain de l'Ouest changeait quoi que ce soit. Elle répondit avec une rage noire qu'elle ne se connaissait pas.

- Nous n'avions pas de dette, Myrielle. Et nous n'en avons toujours pas.

Elle se détacha légèrement de la jeune Lannister, posant fermement les deux mains sur ses épaules.

- Ils ont déjà mis l'Ouest à feu et à sang, nous n'avons pas de raison de croire qu'ils vont s'arrêter là. Nous devons rester vigilante pour les mois à venir.

Elle ne savait pas qui étaient ces « ils » mais elle comptait bien le découvrir.