Année 298 – Douzième Lune – Semaine 1

« Alors p’tit corniaud tu sens la douleur te lanciner ? »

« Je vous en supplie Messire ! Je n’ai fait que suivre les oooordres ! Ceux de Lord Bolton ! »

« T-t-t-t… Ne va pas accuser ton seigneur pour un tel comportement sous le toit des Loups. »

Le couteau se frayait un passage sous la peau de l’avant bras, lentement remontant jusqu’au coude.
L’homme attaché sur la croix de bois se débattait fortement, se secouait comme un animal enragé, l’écume aux lèvres. Il criait, criait de douleur, mais les seules réponses à son agonie étaient l’écho répercuté sur les murs par ses vagissement sourds et le léger grincement de la lame frôlant la chair.
Le bourreau, d’une rapide saccade, arracha le lambeau de peau qu’il venait de découper sur le soldat. La chair s’y accrochait tel un pansement qu’on arrache d’une estafilade fraiche.

« Et d’un ! Coupé net ! Je me demande combien de morceau je puis te retirer avant que la douleur ne te fasse vaciller. Hm ? »

« J-j-je vous en prie…mes ordres…m-m-mes ordres…la fille dans l-les appartements du L-l-lord…Et puis l’estropié et son géant, le bâtard et le fils de Stark et sa Truite de femme… »

Posant sur lui un regard faussement compatissant, jeta le lambeau de chair dans un bol et recommença à taillader mais cette fois-ci l’autre bras.

« Quoiqu’il en soit, si la douleur te fait vaciller…La douleur te réveillera aussi bien. Et ne t’inquiète pas, je suis un écorcheur accompli, tu n’en mourras pas tant que je ne l’ai pas décidé » avec un grand sourire.>>

La réplique n’avait pas rassuré le soldat, mais ses cris finirent pas être entendus, un autre homme venait d’entrer dans la salle. Son visage dur ne reflétait que froideur à la lumière des quelques chandelles.

« Ah père ! Vous tombez bien je… »

« Je sais ce que tu trafiques Ramsay…Mais t’ai-je permis de torturer ainsi un de mes hommes ? »

Le ton était calme, il ne semblait pas dérangé par l’atrocité de la scène… Même les exactions de son fils ne semblaient pas l’émouvoir plus que cela. Du moins le soldat n’était pas sauvé. Au moins le bâtard avait arrêté d’éplucher sa victime en la tailladant une dernière fois au visage, arrachant à ce dernier une grimace accompagné d’un gémissement. Il n’avait plus la force de crier, et il préférait ne pas se montrer encore plus honteux devant son seigneur malgré la douleur.

« Détache-le, habille-le, et quand il sera prêt amène-le au billot. Sa mort sera prompte et exemplaire…Juste ce qu’il faudra pour que les Stark ne nous récusent d’autant plus… »

« Mon seigneur ! J’ai suivi vos ordres ! Je n’ai pas voulu être remarqué ! J’ai relâché la gamine aux pieds du bâtard ! Ils sont tous apparus en même temps, je ne pouvais rien faire d’autres ! »

« Assez soldat… Ton sort est injuste mais ta mort servira mes desseins… C’est mon honneur qui est en jeux ici… Pas seulement ta vie… Encore un mot et je laisserai mon bâtard terminer son œuvre et tu deviendras mon nouvel étendard… »

Le soldat, détaché, tomba à genoux sur les pierres froides, le sang dégoulinant de sa face et de son bras droit. Le Sire de Fort-Terreur se détourna et sortit, faisant grincer la porte de frêne derrière lui et raisonner ses pas feutrés dans les couloirs du château.
Habillé et le bras pansé pour éviter de laisser des trainées sanglantes derrière lui, le condamné fut amener au billot où toute la garnison avait été dépêché pour y assister…de force.
Sire Bolton comptait bien en faire un exemple, que ses hommes n’omettraient pas de faire savoir que la justice de Fort-Terreur était implacable. Peut-être cela arriverait-il à Winterfell, Roose l’espérait. De toute manière il saurait comment s’y prendre pour prouver quel châtiment son homme d’arme avait subi.

On l’amena jusqu’au billot, Ramsay le poussait au dehors dans la cour et d’un coup de pied dans les jambes le mit à genoux, face contre le bois. Roose Bolton apparut dans sa tenue de combat, le manteau rose aux gouttelettes écarlates mais la tête à nue.
Brandissant son épée ouvragée dont la garde composée de deux quillons perpendiculaires représentant un homme sur une croix. Le pommeau est sobrement incrusté d’un gros rubis taillé en goutte. La fusée n’a aucun aspect esthétique mis à part une fine inscription disant « Nos lames sont acérées », devise de la maison Bolton. La lame est en effet acérée mais elle n’est pas en acier Valyrien bien que selon Roose sa maisonnée en mériterait une.

« Tu as amené l’opprobre et la honte sur mon nom et ma maison. Par les anciens dieux, moi, Sire Roose Bolton te condamne à mort. Dis tes dernières paroles si celles-ci ne déshonorent pas encore plus ton seigneur. »

« J’ai suivi vos ordres, sire ! Je suis innocent… »

Le coup fut bref et précis, la tête de ce dernier ayant à peine touché le sol, Ramsay l’attrapait et l’exhibait aux yeux de tous, en particulier à ses fidèles.
Se détournant à nouveaux, la corvée accomplie, Roose s’esquiva et se murmura à lui-même.

*Innocent, aucun ne l’est en ce monde…Chacun porte la culpabilité d’un acte et le fait payer à d’autres quand son poids en est trop lourd à porter…*