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[Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294]

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MessageSujet: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime24.09.14 17:15

Ruine d'un village Astapori - 294

- N'oublie pas de lui donner sa monture pour sa dernière chevauchée.

Et qu'il aille le plus loin possible avec. Ce disant elle prenait la décision de se débarrasser définitivement de Joqo. Il ne resterait rien de lui, pas même son si beau cheval. Elle prendrait pour elle les magnifiques armes qu'on lui avait offertes à sa parodie de mariage et jetterait le reste dans le bûcher. Joqo en aurai besoin, où qu'il aille, et même si elle aurait beaucoup apprécié de le laisser se débrouiller sans rien, le khalasar attendait d'elle qu'elle respecte certaines coutumes. C'est pour ça qu'elle n'avait pas égorgé son seigneur et maître dans son sommeil et aussi pour cela qu'elle avait pris l'esclave devant tous le khalasar. Cela n'avait été aussi agréable que prévu, elle n'avait pas aimé la façon dont l'esclave gémissait et bougeait. Pourtant tous les mâles du khalasar semblait s'amuser quand le temps était venu de prendre sa récompense pour le pillage, et Joqo n'avait jamais caché son plaisir de la prendre sans son consentement.

Elle rentra dans sa tente sans s'appesantir plus longtemps sur les raisons, mais y retrouva la jeune esclave. Maeri avait presque oublié qu'elle l'avait envoyé là. La lysienne était prostrée dans un coin de la tente et tremblait de tous ses membres. Après lui avoir jeté un bref coup d’œil, la Khaleesi s'avança jusqu'à sa couche et en souleva les fourrures, reniflant à plein nez. Ça puait encore l'odeur de Khal Joqo. Elle reposa les fourrures et se tourna à nouveau vers la petite esclave recroquevillée au sol.

- Viens.

Imeah ne réagit pas, parce qu'elle n'avait pas entendu ou n'avait pas compris, ça Maeri l'ignorait mais elle n'avait pas le temps pour se poser la question. Elle s'avança vers la lysienne et lui prit le poignet d'une main ferme pour la relever et l'attirer vers le lit, où elle la fit tomber.

- Reste.

Elle s'était décidée à ne lui donner que des ordres simples qu'elle pouvait comprendre, et les accompagnait d'un geste. Au lieu de rejoindre la couche, Maeri tira à elle un petit siège, qui n'était qu'une bande de cuir renforcée tendu entre deux pans de bois, et s'y assit. Elle nettoya patiemment son arakh pour en éliminer les traces de sang et le posa contre sa cuisse, puis attrapa des vêtements de rechange, en tissu fin et brun, qu'elle enfila. Au dehors, elle pouvait commencer à entendre le khalasar qui s'agitait. Elle ne pouvait pas espérer les avoir tous conquis et il était habituel qu'à la mort brutal d'un Khal, sa horde se scinde en plusieurs morceaux. Ko Rakaro devait déjà préparer ses guerriers – ou plutôt Khal Rakaro à présent.

Peut-être que l'un des guerriers serait assez stupide pour venir la défier. Elle se surpris à l'espérer, tout en sachant très bien quels risques elle encourait. La jeune Khaleesi était encore fatiguée de son duel avec Khal Joqo et puis Lhasso était dehors pour la protéger si besoin était. C'est en y pensant qu'elle se décida à l'appeler. Il entra dans la tente sans attendre et sans jeter un seul regard à l'esclave, ne regardant qu'elle. Pendant une minute, elle voulut lui sauter au cou et se serrer contre lui. Pendant une minute, elle désira ne plus être la Khaleesi mais redevenir l'enfant qu'elle fut un jour. Mais alors elle le regarda de nouveau et elle jugea qu'il n'était pas assez grand pour qu'elle se jette dessus, que son torse n'était pas assez large pour qu'elle y pose la tête. Elle réalisa alors qu'elle voulait voir son père à sa place et s'en voulut, car Ko Lhasso avait été son plus fidèle allié depuis qu'elle appartenait à ce khalasar.

- Qoy qoyi, l’accueillit-elle gentiment. Fais-moi amener mes servantes, celles qui n'ont pas encore été embarqués dans un des futurs khalasar.

Il avait un sourire désolé, comme s'il s'empêchait de parler de cela depuis la mort de Khal Joqo mais qu'il était soulagé de voir que la Khaleesi ne se voilait pas la face quant au devenir du khalasar de son mari. Lhasso s'inclina et s'effaça de nouveau, elle l'entendit crier des ordres mais il ne quitta pas l'entrée de la tente.

Comme elle s'y attendait, ce fut Namiri qui traversa l'entrée en courant, quelques minutes à peine plus tard. La jeune fille d'à peine quinze ans avait longtemps servi de servante à la Dothraki et elle lui vouait une sorte d'adoration. Dans ses yeux se reflétait tout de même une certaine peru, on avait sans doute dû lui dire ce qui venait de se passer, ou bien elle l'avait vu elle-même.

- Khaleesi, on m'a dit... Khal Joqo... il est !

Maeri l'attrapa par les épaules pour la calmer et lui répondit aussi calmement que possible.

- Il est mort, tout va bien maintenant. Tout va bien.

Khal Joqo avait monté la jeune esclave, quelques années plus tôt quand ils l'avaient capturés, et si elle tentait tant bien que mal de s'en cacher, elle avait toujours eu peur de lui depuis. L'étincelle que perçu Maeri au fond de ses yeux en était une de joie.

- Fais moi couler un bain.
- Bien, Khaleesi. Ko Lhasso voulait que je vous donne ça.


La longue tresse de Joqo reposait dans ses mains, Maeri avait faillit l'oublier.

- Merci.

Pendant que la petite esclave courrait préparer le bain de sa maîtresse, la jeune femme vint s'installer sur le bord du lit, sans prêter plus attention à la lysienne qui s'y trouvait toujours. L'arakh toujours en travers de la cuisse, elle commença à défaire la coiffure de son défunt mari pour en extraire une à une les clochettes. La Khaleesi les retirait dans l'ordre mais il y avait une série de clochette qu'elle connaissait très bien et qu'elle désirait retirer dès que possible. Un léger soupir s'épanouit sur ses lèvres quand elle les retira et elle les posa à l'écart des autres. Les clochettes de son père avait toujours fait un tintement spécifique qu'elle se vantait de savoir reconnaître.

Le temps qu'elle en termine avec les cheveux de son défunt mari, et qu'elle aille les jeter dehors, Namiri était repassé dans l'alcôve principale de la tente.

- Votre bain est prêt, Khaleesi.
- Bien, tu parle lhazaréen, n'est-ce pas ?
- Oui, Khaleesi. Pourquoi cette question.


Maeri désigna la petite esclave lysienne.

- Essaye de lui parler.

La jeune esclave s'avança timidement vers Imeah et lui parla dans sa langue natale, qui semblait étrangement rouillée depuis le temps qu'elle ne l'avait pas employée.

- Bonjour. Parlez-vous lhazaréen ?

Pendant ce temps, Maeri était sortie s'adresser à Lhasso pour qu'on fasse venir dans sa tente un eunuque et une femme stérile. Elle avait complètement oublié la blessure reçu par le fouet du sang-coureur, et si l'éraflure ne saignait plus, c'était tout de même une belle marque qui risquait de se rouvrir au moindre mouvement de l'épaule. Une fois l'affaire entendue, elle retourna dans la tente et se dirigea vers les deux esclaves.

- Vous avez beaucoup de chance que notre Khaleesi vous ait choisie pour son service, exposait innocemment la brune.
- Aide-moi à la transporter au bain.

Un peu surprise à l'origine, la petite esclave s’exécuta et fit se lever Imeah avec douceur, l'amenant debout et l'entraînant vers la deuxième alcôve de la tente. Maeri suivait de près et surveillait la blonde du regard.

Le trio s'arrêta devant la baignoire de cuivre, dans laquelle l'eau tiède reposait. La Khaleesi prit une chaise et s'installa face au bain, puis désigna l'eau du doigt.

- Va.

Namiri amena la jeune lysienne jusqu'à la baignoire et lui offrit son aide pour grimper dedans.
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MessageSujet: Re: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime27.09.14 18:20

Elle attendait. Prostrée dans un coin de la tente, les genoux repliés et serrés contre sa poitrine nue et tremblante. Elle attendait. Quoi exactement, elle n'aurait su le dire. N'importe quoi. Un geste, une voix, un signe, un ordre. Emplie de terreur, de honte et de colère. Envers Darcys qui l'avait envoyée -intentionnellement ou pas- à l'enfer, envers cette… femme, dont elle sentait encore les doigts inquisiteurs fouiller son intimité qui la brûlait. Ravalant des larmes de rage et de douleur, Imeah se recroquevilla subitement, semblant vouloir disparaître dans un recoin de la tente lorsqu'un pan de ce dernier se souleva sur la silhouette élancée de la Dothraki. Le regard terrifié, elle retint son souffle et ses larmes, serrant de plus belle ses genoux contre elle alors que cette dernière passait devant elle, l'ignorant tout bonnement.
Elle se détendit, une fraction de seconde. Pour saisir brusquement le poignet de la Khaleesi d'un geste prompt et défensif lorsque sa propre main se refermant sur le sien, y crispant ses doigts blêmes.
L'espace d'un instant, Imeah la fixa de ses grands yeux bleus, haletante, avant de relâcher sa prise, étouffant un sanglot lorsqu'elle la poussa vers le lit, s'attendant déjà au pire sans parvenir à le concevoir, encore révulsée parce qu'elle venait de lui faire subir. Pourtant elle n'en fit rien, se contentant tout bonnement de l'ignorer tandis qu'elle se changeait devant elle sans aucune gêne. Curieux malgré elle, le regard de la Lysienne s'égara quelques secondes sur le corps cuivré et musclé de la Dothraki, avant qu'elle ne détourne pudiquement les yeux, les joues rougies, serrant à nouveau ses genoux contre elle afin de protéger au mieux son corps nu à la vue du guerrier qui pénétra subitement sous la tente.

Elle ne comprit rien à leur échange, pas plus qu'elle ne saisit celui qui se déroula entre la Khaleesi et la petite brune qui succéda au Ko, bien trop retournée pour ne serait-ce que tenter de saisir quelques mots d'une conversation de toutes façons trop rapide pour elle. Elle n'était que trop peu habituée à l'accent grave et rauque des Dothrakis et elle se contentait d'écouter sans comprendre, les yeux hagards et la respiration saccadée. Puis la jeune fille disparut à son tour, la laissant à nouveau seule en compagnie de cette femme qui la terrifiait. Et pourtant, malgré ce qui s'était passé tout à l'heure, malgré l'humiliation qu'elle lui avait infligée, cette dernière continuait à se comporter comme si la Lysienne n'était pas là, délaçant sous son regard intrigué la tresse qu'elle l'avait vue trancher un peu plus tôt sur le corps déjà mort de celui qui avait du être son mari et qu'elle avait éventré sans la moindre pitié. Les clochettes teintaient doucement à ses oreilles, dans un curieux contraste à la violence qui n'avait eu de cesse de s'enchaîner depuis que la horde avait fait irruption dans le village astapori. Silencieuse, Imeah se contenta d'observer les gestes précis de la Dothraki et l'attention toute particulière qu'elle sembla porter à un lot particulier de clochettes, sans qu'elle ne sache exactement pourquoi. Sa respiration s'apaisa peu à peu, et son cœur avait presque retrouvé un rythme normal lorsque la petite brune déboula à nouveau dans la pièce.

À nouveau, elle ne saisit pas grand-chose de l'échange, constatant seulement avec une légère angoisse que les deux Dothrakis semblaient parler d'elle. Reculant nerveusement sur la couche lorsque Namiri s'avança vers elle, crispée au possible, la Lysienne la considéra avec un certain étonnement lorsqu'elle prit la parole dans une langue qui fit cette fois-ci presque instantanément le chemin dans son esprit, lui arrachant un soupir mental de soulagement. Elle était donc Lhazaréenne, et non pas Dothraki. Cela ne l'étonnait que quelques peu, au final : le peuple des Bergers étaient physiquement très ressemblant à celui des Seigneurs du Cheval, supposant de toute évidence des ancêtres communs, bien que n'importe quel Dothraki aurait égorgé le premier qui aurait osé avancer une telle injure à l'encontre des guerriers à la peau de bronze.

Durant quelques secondes, elle demeura muette, pour finalement prendre la parole d'une voix douce et tremblante, quelques peu desséchée par la soif :

« Oui, mieux que le Dothraki. J'ai appris, à Astapor. »

À nouveau elle se tut, le visage figé dans une expression douloureuse, malgré le sourire encourageant de la petite brune qui lui faisait face. Malgré l'angoisse qui ne l'avait quittée depuis que le khalasar avait attaqué le village, elle ne pouvait s'empêcher de considérer la cité rouge avec horreur, sa seule mention attisant la nausée qui animait toujours son estomac vide. Déglutissant péniblement, elle leva timidement les yeux vers la Lhazaréenne, et, enhardie par l'absence de la Khaleesi qui s'était éclipsée au-dehors de la tente, elle s'adressa à elle d'une voix faible :

« Est-ce que je pourrais… avoir un peu d'eau ? S'il vous plaît. » Ajouta-t-elle dans un murmure. Sa gorge la brûlait, asséchée par la poussière, les pleurs et la peur.

La petite brune se redressa aussitôt, et tandis qu'elle s'affairait à dénicher une gourde, Imeah l'observa en silence, scrutant la silhouette mince mais ferme de la jeune fille : elle devait être à peine plus âgée qu'elle à l'époque où elle avait elle-même été réduite en esclavage, et presque instantanément, la Lysienne se sentit envahie d'une certaine sympathie à l'égard de celle qui lui tendait à présent une outre de cuir avec un sourire bienveillant. Elle n'aurait su dire pourquoi exactement, probablement trop soulagée de se retrouver en présence de quelqu'un qui ne semblait manifester aucune intention hostile à son égard et, qui plus est, dont elle comprenait et partageait la langue et le statut. Aussi se décida-t-elle à lui accorder un semblant de confiance, s'en remettant à elle avec une certaine résignation mêlée d'espoir, tandis qu'elle accueillait avec délices l'eau fraîche qui coula dans sa gorge meurtrie. Elle but goulûment, avalant plusieurs gorgées avant de retendre dans un soupir de soulagement l'outre à Namiri, à qui elle adressa un signe de tête en guise de remerciement, les yeux mis-clos. Cette dernière lui sourit une fois de plus en retour, reposant la gourde où elle l'avait prise :

« Vous avez beaucoup de chance que notre Khaleesi vous ait choisie pour son service. » Déclara-t-elle simplement, tandis que celle-ci pénétrait à nouveau sous la tente.

Imeah se contenta de lui adresser un regard vide, son attention à nouveau focalisée sur la Dothraki qui venait de s'adresser à la petite brune. Étrangement, elle en doutait. Néanmoins, elle se laissa emmener sans opposer la moindre résistance, de toutes façons trop épuisée pour lutter. Le soutient de Namiri n'était d'ailleurs pas de trop et elle s'appuya avec soulagement sur elle. C'était comme si ses jambes avaient définitivement renoncé à la porter, flageolant sous son poids tandis qu'elle avançait péniblement vers la baignoire emplie d'une eau chaude dans laquelle elle se glissa avec un soupir de soulagement. Grimaçant légèrement lorsqu'elle écarta les cuisses pour enjamber le rebord en métal.
Namiri se tenait toujours à côté d'elle, sa bienveillante présence ne parvenait cependant pas à apaiser le trouble et l'appréhension que suscitait en Imeah celle de la Dothraki qui s'était assise près d'elles, l'observant calmement de ses yeux sombres. La Lysienne sentait son regard inquisiteur sur elle, comme si ses prunelles d'un bleu profond scrutait la moindre parcelle de son corps dénudé, à peine dissimulé par l'eau claire qui lui arrivait au niveau de sa poitrine et qu'elle couvrit d'un geste pudique, repliant à nouveau ses genoux contre elle. Sa poitrine se soulevait doucement, animé d'un souffle court, et, malgré la chaleur apaisante du bain, la jeune femme ne parvenait à se détendre, son regard bleu passant de Namiri à Maeri, qu'elle dévisageait d'un air craintif, telle une biche aux abois. Elle ne paraissait pourtant pas lui vouloir de mal, et c'était à peine si elle lui avait adressé la parole depuis ce qui s'était passé auparavant devant la tente, se gardant bien de la toucher.

Elle ne savait que faire. Elle aurait voulu dire quelque chose, esquisser un geste, comprendre. Savoir ce qui se cachait derrière ces iris sombres qui continuaient de la fixer d'un air neutre, teinté d'un certain intérêt toutefois. Elle paraissait s'être résignée à ne pas lui adresser la parole autrement qu'au travers d'ordres simples et courts, tenue à l'écart par la barrière d'une langue qu'Imeah ne maîtrisait que trop mal. Désireuse cependant d'écarter toute menace et toute hostilité à son égard, la Lysienne se tourna vers Namiri et lui désigna la Khaleesi d'un signe de tête, tout en soufflant dans un murmure :

« Dites-lui… Dites-lui que je la remercie, pour le bain. »

Prenant subitement conscience de chacun de ses muscles endoloris, elle ferma les yeux, expirant doucement, s'autorisant à déplier légèrement ses jambes, comme rassurée par l'immobilité de la Dothraki.
La petite brune laissa échapper un petit rire amusé et, tandis qu'elle traduisait à Maeri ce que la blonde avait voulu exprimer sous le regard, elle sourit à Imeah, ses yeux noirs pétillant d'une lueur qui rassura Imeah, déconcertée par l'hilarité que ses paroles semblaient avoir provoqué :

« Il n'existe pas de mot en Dothraki pour dire « merci ». » Expliqua-t-elle calmement, tout en saisissant doucement le bras d'Imeah pour y passer une éponge humide, le débarrassant de la poussière et du sang qui maculaient sa peau, tandis que la Lysienne poussait un léger soupir étonné et contrit.
À dire vrai, cela ne l'étonnait que peu, au final. S'efforçant de se détendre, elle se laissa faire, fixant ses genoux émergés d'un regard vide, assimilant lentement ce qui était en train de se produire et ce qui lui était arrivé depuis ce matin.
Qu'allait-il advenir d'elle, désormais ? La Khaleesi l'avait réclamée pour elle, du moins était-ce ce qu'elle avait compris au travers des paroles de cette dernière et de ce que Namiri lui avait exposé. Mais pour combien de temps ? Elle ne s'encombrerait probablement pas d'une esclave ne parlant que peu et mal sa langue, étrangère à sa culture et à celle de son peuple ; probablement la revendrait-elle un peu plus tard, lorsqu'ils arriveraient aux abords d'une des nombreuses cités libres du continent.
À cette idée, Imeah sentit un vent de panique s'emparer d'elle. Se redressant lentement dans un léger clapotis d'eau, elle fixa la Khaleesi de ses grands yeux pâles, des gouttelettes d'eau ruisselant sur ses épaules dénudées de ses cheveux blonds à moitié mouillés jusqu'au creux entre ses seins ronds et pleins :

« Vous… Vous allez vendre moi ? » Balbutia-t-elle dans un Dothraki approximatif, la voix étreinte d'une crainte non dissimulée.

Sans attendre la réponse de la Dothraki, elle se tourna brusquement vers Namiri dans une éclaboussure, étreignant son bras avec la force du désespoir tandis qu'elle la fixait d'un air paniqué et suppliant, sa poitrine se gonflant et se soulevant au rythme de sa respiration saccadée :

« Dites-lui… Dites-lui que je ne veux pas. Pas à Astapor, pas là-bas, pitié ! »

Se rendant compte de la brutalité avec laquelle elle avait saisit le poignet de la jeune femme, y imprimant la marque de ses ongles, elle desserra son étreinte, honteuse, et tourna à nouveau vers Maeri, à qui elle adressa un regard embué de larmes :

« Pas Astapor. Pas Astapor... »


Dernière édition par Imeah le 28.09.14 22:39, édité 1 fois
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La Khaleesi suivait les moindres mouvement de sa nouvelle esclave depuis son entrée dans la tente avec une curiosité mal dissimulée. Non pas qu'il s'agisse là de la première esclave qu'on lui offrait- ou qu'elle prenait pour elle dans le cas d'Imeah – mais celles pareilles à la Lysienne étaient rares. Sans trop vouloir l'admettre, la Dothraki était intriguée par cette peau si pâle et si douce, et encore plus par ses cheveux blonds si clairs. Aussi, même si le regard sombre la fixait depuis son entrée dans le bain, on ne pouvait y déceler la moindre perversion. Et pourtant, Maeri avait ouvertement désiré ce corps, elle l'avait pris comme elle l'avait voulut mais n'en avait ressenti aucune satisfaction. Après s'être questionné longuement, elle comprenait finalement ce qui lui avait déplut et c'était l'attitude de l'esclave. Pas parce qu'elle ne la comprenait pas, mais bien au contraire parce que cela lui avait rappelé quelques souvenirs. C'était exactement comme cela qu'elle avait réagi il y a sept ans, quand Joqo l'avait prise.

Oh elle s'était débattue au début, elle était une dothraki, la fille du grand Khal Torro et elle ne s'était pas laissée faire par un imbécile comme Joqo. Cependant, après un certain nombre de coups, la jeune femme de l'époque avait été obligée d'abandonner, couvertes de contusions et la tempe en sang, tremblant dans les fourrures du lit. Elle ne lui avait pas fait le plaisir de pleurer mais elle s'était comportée exactement comme Imeah. Comment alors pouvait-elle apprécier ce qu'elle venait de faire quand c'était Joqo qu'elle avait vu dans les yeux clairs de la Lysienne.

Chaque fois qu'elle se tournait vers elle, c'était cela qu'elle percevait. La petite esclave se comportait comme une proie aux aguets et semblait craindre que Maeri ne se jette sur elle au moindre mouvement brusque. Seule la présence de Namiri semblait la rassérénée quelque peu. Peut-être était-ce sa jeunesse qui la rendait moins impressionnante que sa maîtresse, ou tout simplement le fait qu'elle était elle aussi une esclave. C'est en tout cas par la jeune Lhazaréenne qu'elle passa pour dire quelque chose à la Dothraki. Quelque chose qui sembla faire rire la jeune fille.

- Elle vous est reconnaissante de lui offrir un bain, Khaleesi.

Un vague sourire apparut sur les lèvres pleines de Maeri. Oui, elle était sûre que la jeune femme devait apprécier le bain, mais elle doutait sincèrement qu'elle soit réellement reconnaissante à la Dothraki de ce cadeau. Elle avait peur d'elle, et après ce qu'elles venaient de faire devant la tente, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Après avoir pleuré et gémit, elle tentait de faire appel à la douceur de son tortionnaire en en usant elle-même. La Khaleesi avait fait cela, il fut un temps. Joqo n'y avait pas été très réceptif, mais elle n'était pas Joqo. N'est-ce pas ?
Maeri choisit de s'adresser directement à l'esclave blonde et de détacher soigneusement chacun de ses mots, se penchant sur sa chaise pour la fixer de ses grands yeux bleu. Elle s'appuyait sur le manche de son arakh, la lame pointé contre le sol. Cette nuit, elle garderait sans cesse son arme à proximité.

- Profites-en. L'eau ne lave pas tout, mais elle fait du bien.

Quelques secondes à peine plus tard et la Lysienne s'adressait à elle, en dothraki – un dothraki hésitant et mal maîtrisé. La question surpris Maeri, c'était bien la première fois qu'on lui faisait celle-là. Ordinairement, les esclaves n'aimaient pas l'idée de rester éternellement avec un khalasar, la vie des Dothraki étant bien trop dur pour la plupart des autres peuples. Les esclaves étaient souvent immensément soulagé d'être revendu à des Cités esclavagistes comme Astapor ou Yunkai, ou encore mieux, aux Cités Libres qui pratiquaient encore – officiellement ou non – l'esclavage. Mais dans les yeux d'Imeah, elle lisait une peur réelle. Peut-être encore plus grande que celle que Maeri lui inspirait, et Namiri lui confirma rapidement.

- Elle ne désire pas être venu à Astapor, Khaleesi. Elle vous demande de lui faire grâce et de ne pas la vendre là-bas si vous le faites.

Alors que la poitrine appétissante de son esclave était à présent dévoilée, Maeri regardait fixement ses mains et la façon dont elle s'était accrochée à Namiri comme si sa vie en dépendait. Mais la jeune Lhazaréenne, loin de s'en offusquer, posa une main douce sur le bras d'Imeah et reprit son nettoyage d'un geste lent, pendant que la Lysienne suppliait. Maeri n'en revenait toujours pas, jamais elle n'avait vu une telle crainte dans les yeux de quelqu'un et encore moins quand cela ne concernait pas son propre peuple. Imeah devait venir d'Astapor, sinon jamais les Dothraki ne l'aurait trouvé là où elle était. Mais ce qu'elle y avait vécu devait être bien pire que ce que les seigneurs du cheval étaient réputés faire à leurs esclaves – et ce n'était pas peu dire.

La Khaleesi ouvrait la bouche pour répondre quand deux silhouettes firent irruptions dans la petite salle. Un large eunuque, aux bajoues rebondies, et une vieille femme au visage couvert de peinture rituel noires. Des peintures de deuil. Maeri se renfonça dans son siège pour les laisser examiner sa plaie mais sans oublier la jeune Lysienne. Elle lui fit un petit geste de la main, paume ouverte vers elle, qui signifiait universellement qu'il n'y avait pas à s'inquiéter. Pendant que les deux guérisseurs débattaient de la méthode à employer, Namiri rassura de son mieux l'autre esclave.

- La Khaleesi vous as pris à son service pour l'instant, si Astapor vous déplaît tant eh bien... Il n'y a pas de raison que vous y soyez vendu si vous vous montrez utile.

Une fois le sujet clos, l'eunuque s'esquiva discrètement car la blessure avait été jugée trop superficielle pour être recousue, et la vieille femme s'agenouilla aux côtés de Maeri pour appliquer sur son épaule une petite couche d'un cataplasme à la texture peu ragoûtante mais qui dégageait une étrange odeur fleurie. La Khaleesi se pencha pour faciliter la pose d'un bandage au-dessus et c'est à cette occasion qu'elle reprit soudainement.

- Je ne te vendrais pas à Astapor.

Ni à Yunkaï par ailleurs, elle ne doutait pas que les autres khalasar qui seraient formés à la fin de cette nuit fonceraient sur les cités esclavagistes. Maeri ne pouvait pas risquer de les rencontrer de nouveau, une fois le bûcher de Joqo en cendre, la moindre rencontre signifierait un combat. Elle comptait contourner les cités de son mieux, quitte à rencontrer moins de village sur le chemin. Son khalasar replongé dans la mer herbeuse, elle serait à nouveau rassurée. Après une seconde de silence, elle reprit d'une voix encore plus rauque, comme un peu troublée.

- Tu accompagneras mon khalasar et personne ne te touchera. Pas les Astaporis et pas mes guerriers.

Namiri ouvrit de grands yeux surpris et traduisit mot pour mot.
Le bandage terminé, la femme stérile s'esquiva à son tour, laissant Maeri avec un léger bandage de lin qui entouraient son épaule. La Khaleesi le contempla quelques secondes puis se rappela de quelque chose. La blessure était un cadeau final d'un des sang-coureur de Joqo, et elle n'avait eu qu'à en tuer deux. Sans l'aide de Lhasso, cela n'aurait pas été possible, mais une autre personne était à remercier et elle avait oubliée de le faire convenablement.

- Namiri, dis-lui que je lui suis reconnaissante d'avoir tué Cago. Et qu'elle est plus brave qu'elle ne le laisse penser.

Après un nouveau regard surpris, mais un petit sourire amusé, la jeune Lhazaréenne s'empressa de traduire.

- La Khaleesi vous remercie pour avoir tué Cago au village, elle dit que vous êtes plus brave à l'intérieur que vous ne le laissez paraître.

Maeri reprit la parole sitôt la traduction terminée, cette fois en s'adressant directement à Imeah. Namiri tenta de traduire simultanément l'explication.

- L'homme que tu as tué était un sang-coureur de mon mari, Khal Joqo. Si tu ne l'avais pas tué, j'aurais dû le faire moi-même. Joqo avait trois sang-coureur, cela aurait pu être très compliqué.

La Khaleesi se pencha un peu plus vers la jeune femme, curieuse de ce qu'elle aurait à dire à cela.
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MessageSujet: Re: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime30.09.14 16:15

Le silence qui suivit ses supplications, accentué par l'arrivée de l'eunuque et de la vieille femme, lui parut durer une éternité. Éternité durant laquelle Imeah garda ses yeux bleus rivés sur la Dothraki, scrutant avec une intensité presque désespéré le moindre de ses traits, le moindre, le plus petit, le plus infime mouvement sur son visage aux traits acérés, semblant avoir été taillé à coup d'arakh. Attendant une réponse, quelle qu'elle soit. C'était à peine si elle avait accordé une quelconque attention à l'arrivée des deux soigneurs qui palabraient à présent dans un échange de murmures graves, rivée aux lèvres de la Khaleesi qui demeuraient désespérément closes.
Lorsque Namiri prit enfin la parole, la soulageant de l'angoisse d'une attente qui la rendait presque malade, Imeah ferma les yeux et expira doucement, réprimant avec difficulté un soupir de soulagement presque perceptible ; lorsqu'elle les rouvrit, le regard qu'elle offrit à la Lhazaréenne valait tous les remerciements du monde.
Pour la première fois de sa vie, elle voyait l'ombre de Darcys s'éloigner peu à peu au loin. Pourtant, la Dothraki s'entêtait dans son silence, paraissant plongée dans profonde que ni la discussion des deux nouveaux arrivant ni la plaidoirie d'Imeah ne semblait pouvoir troubler. Enhardie par la déclaration de Namiri, elle reprit la parole, prête à tout pour persuader la Khaleesi :

« Je… Je parle beaucoup de langues. » Souffla-t-elle d'une voix voilée par l'émotion. « Je sais lire et écrire, aussi, je sais, je… connais beaucoup de choses. » Poursuivit-elle dans un Dothraki hésitant, aussi bien à l'attention de Namiri que de Maeri, qu'elle ne quittait à nouveau pas des yeux, fronçant légèrement les sourcils et les narines à la vue et à l'odeur de la substance que la vieille femme appliquait sur l'épaule blessée de cette dernière. « La Khaleesi pourra tirer un bon… un bon… beaucoup d'argent en vendant moi. » Acheva-t-elle dans un murmure.

Yunkaï, Meereen, peut-être même Volantis ou bien Qohor ; peu importait, cela ne pourrait jamais être pire qu'Astapor. N'importe où, pourvu qu'elle soit loin de lui. Qu'il ne la retrouve jamais. Jamais.

« Mais pas Astapor... » Répéta-t-elle à nouveau, baissant cette fois-ci les yeux vers l'eau claire du bain.

Pour les relever presque aussitôt à nouveau en direction de la Dothraki, qui venait de prendre subitement la parole, rompant le lourd silence qui avait suivi les déclarations de la Lysienne ; cette dernière la dévisagea d'un air mêlé de soulagement et d'incompréhension, comme si elle ne parvenait à croire ce qui venait de lui être annoncé, persuadée d'avoir mal compris. Le cœur battant la chamade, elle demeura un instant silencieuse avant de se laisser finalement retomber contre le rebord de la baignoire, s'autorisant à se détendre et à délier ses muscles tendus pour la première fois depuis qu'elle avait mis le pied dans l'eau. Expirant doucement, brusquement délivrée de toute crainte, toute appréhension ; qu'importait la suite, qu'importait l'endroit où elle échouerait : elle pouvait bien la vendre au bout du monde, cela lui était totalement égal. Plus elle mettrait de distance entre elle et la Cité Rouge et plus elle parviendrait à envisager le semblant d'avenir que la vie lui offrait avec un simulacre de sérénité.
Fermant les yeux, elle sentit une larme de soulagement perler à travers ses paupières closes.

Ce dernier fut cependant de courte durée ; aux paroles de Maeri, elle se redressa subitement, tendue, à nouveau sur le qui-vive ; à ses côtés, Namiri, qui venait de traduire, semblait aussi surprise qu'elle par la déclaration de sa maîtresse : néanmoins elle ne fit aucun commentaire et retourna à sa tâche avec application, laissant échapper un petit cri de surprise en découvrant les trois marques nacrées et longilignes qui striaient le dos tendu d'Imeah. Serrant les dents, celle-ci s'efforça de ne pas y prêter attention et perdit à nouveau son regard clair quelque part dans l'eau de la baignoire.
Accompagner le Khalasar. Voilà une éventualité qui, il fallait bien l'admettre, n'avait qu'à peine effleuré son esprit. Les Dothrakis n'étaient pas réellement connus pour leur pratique assidue de l'esclavage, se contentant de revendre leurs captifs et leurs prises de guerres aux cités telles que celles de la Baie des Serfs qui en faisaient leur principale source de revenus. Les rares qu'ils gardaient était généralement torturés et violés, ou pire. Déglutissant péniblement au souvenir de ce qui s'était passé quelques heures plus tôt et qui lui laissait encore une marque cuisante au creux des cuisses, la Lysienne se mordit légèrement la lèvre inférieure, mue par une certaine perplexité. Docilement, elle offrit son dos meurtri aux mains de Namiri, entourant ses genoux repliés de ses bras tremblants, et posa son menton sur ces derniers, le regard perdu.
Ce que lui proposait, ou plutôt imposait la Khaleesi n'était guère coutumier des coutumes Dothraks ; et à dire vrai, elle ne savait comment l'accueillir. À peine rassurée par la promesse que personne ne poserait la main sur elle. Encore sous le choc de ce qui s'était produit tout à l'heure.

À quoi pourrait-elle bien lui servir ? Elle ignorait presque tout du peuple barbare : elle ne savait ni monter à cheval, ni travailler le cuir, ni coudre, et encore moins se battre ; tout ce qu'elle savait, c'était parler, négocier, et les Dothrakis n'étaient guère renommés pour leur loquacité et encore moins leur patience. En cet instant précis, Imeah ne voyait qu'une seule option, qu'elle réprima avec un frisson de dégoût et d'horreur, s'efforçant de chasser la scène qui revenait danser dans son esprit presque à chaque fois qu'elle posait son regard sur la Dothraki.
Non. Elle ne lui serait en rien utile. Elle ferait bien mieux de la vendre, quelque part, n'importe où. Jamais elle ne tiendrait le choc, jamais ils ne l'accepteraient. Elle était bien trop faible, bien trop fragile. Bien trop différente.

Comme un écho à ses doutes, les paroles de Namiri résonnèrent dans une douce ironie qui lui arracha un sourire crispé : brave, elle ? Elle en doutait.
Si elle avait été brave, elle aurait trouvé le courage de fuir Darcys bien plus tôt, avant toutes ces horreurs, avant toute cette violence. Si elle avait été brave, elle se serait donné la mort plutôt que de se laisser anéantir sans rien opposer en retour ; si elle avait été brave, Cléante…
Ses lèvres se serrèrent en un rictus douloureux.
Non, elle n'était pas brave.

Elle demeura silencieuse un long moment, laissant Namiri traduire ce qui lui confirma ce qu'elle avait cru comprendre des mots de la Dothraki ; instantanément, son visage pâle se figea en une expression froide, ses yeux bleus voilés à la fois de peur et de dégoût. Elle ne se souvenait que trop bien de la brutalité de la scène et de la violence avec laquelle elle s'était enchaînée, cette même violence avec laquelle elle avait vu Maeri éventrer son époux, et l'ignoble borborygme qu'avaient produit ses viscères se répandant au sol. L'espace d'un instant, le visage menaçant de Cago s'imprima dans son esprit, puis ce fut d'une voix hésitante qu'elle répondit, dépliant lentement ses jambes jusqu'à toucher le fond de la baignoire :

« Je n'avais pas le choix. »

Sa poitrine se gonfla légèrement tandis qu'elle inspirait doucement, glissant une main tremblante dans ses longs cheveux blonds qu'elle ramena par-devant son épaule, en lissant nerveusement les pointes :

« C'était lui ou moi. » Reprit-elle en Lhazaréen, laissant à Namiri le soin de traduire ce qu'elle expliquait. « Je n'ai pas réfléchi, je n'ai pas compris, tout est allé si vite. J'avais ce poignard dans les mains, et lui il, il... »

Elle s'interrompit, tentant de reprendre son souffle qui s'était brusquement accéléré au souvenir de ce qui s'était passé dans la chaumière. Et toujours cette nausée, dans son ventre, qui ne la quittait pas. Fébrile, elle expira profondément, essayant de maîtriser le tremblement de ses mains qu'elle garda serrées dans ses cheveux, dérobant ses seins au regard des deux femmes dans un réflexe de pudeur et de panique mêlées. Paraissant presque désolée de ce qu'elle exposait. Elle se souvenait, de la terreur avec laquelle elle avait contemplé le corps mutilé du sang-coureur, réalisant sans vraiment le comprendre ce qu'elle venait de faire avec une certaine horreur.
C'était la première fois qu'elle tuait un homme.

Une fois de plus elle se tu, s'imposant de reprendre un semblant de calme avant de poursuivre quoi que ce soit. Les yeux mi-clos, la Lysienne respira lentement. Ce ne fut que lorsque son souffle eut repris un rythme presque normal et que le tremblement de ses mains se soit apaisé qu'elle s'autorisa à lever à nouveau un regard à la fois craintif et teinté d'une certaine curiosité vers Maeri, ses grands yeux clairs s'arrêtant sur la cascade d'ébène qui coulait dans son dos. Le souvenir fugace de la délicatesse et de la précaution avec lesquelles elle avait défait la tresse de son défunt mari pour en retirer les clochettes qui l'ornait lui traversa subitement l'esprit.

« Pourquoi l'avoir tué ? » Demanda-t-elle d'une voix atone, presque lasse, s'efforçant de ne pas repenser au cadavre sanglant du Khal. Malgré la brutalité de la question, son accent était doux, presque trop doux pour la langue qu'elle venait d'employer ; comme si tout son être rejetait en bloc tout ce qu'elle avait pu voir jusqu'ici, encore trop abasourdi parce que la Khaleesi lui avait exposé quelques instants plus tôt. Elle n'avait pas sa place ici.
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MessageSujet: Re: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime02.10.14 20:58

Pendant qu'on s'occupait de sa blessure, la Khaleesi n'avait pas quitté son esclave du regard et elle était positivement impressionné par la terreur qu'elle dégageait. Astapor était définitivement le dernier endroit au monde où elle souhaitait se trouver. Maeri s'était déjà décidé à la garder, sans trop savoir pourquoi encore mais elle ne voulait pas se séparer de la petite esclave. Elle ne lui dit pas tout de suite car la Lysienne se décida à parler, détaillant apparemment ses qualités. La Dothraki se tourna vers son autre esclave pour obtenir la traduction, mais cela n'avait rien de surprenant. Imeah était une lettrée mais tout en elle le criait de toute façon. Elle n'avait pas les mains calleuses et les bras abîmés de celle qui travaillait dans les champs. Suffisamment belle pour être une esclave de lit mais jamais elle ne se serait trouvé dans un village astapori si ça avait été le cas. Elle était là pour parler, ce que les habitants des Cités semblaient adorer faire et que les Dothraki ne comprendraient jamais.
Une esclave capable de transcrire ses paroles dans différentes langues serait un énorme avantage pour Maeri, si elle se décidait à apprendre le Dothraki. Cela ne fit qu'entériner la décision déjà prise par la nouvelle Khaleesi.

Lorsqu'elle le lui expliqua, l'esclave fut d'abord soulagée mais elle se redressa bien vite quand Maeri évoqua le khalasar. Cela fit sourire la Dothraki, sa nouvelle acquisition voulait rester avec eux, mais pas trop longtemps non plus. Sans doute craignait-elle de ne pas survivre aux trains de vie des seigneurs du cheval. C'était en effet un risque ; combien de fois Maeri avait-elle vu des esclaves pourtant au sommet de leur forme s'effondrer après plusieurs jours de marche, ou même de carrioles, dans la grande mer d'herbe ? Les Agnelets n'étaient pas faits pour la vie des chevaux, disait-on souvent, mais d'autres survivaient.
Profitant qu'elle soit redressée, Maeri inspecta rapidement le corps de la Lysienne. Ce n'était pas pour contempler sa poitrine ou son intimité – toute deux cachées à son regard de toute façon – mais pour mieux observer sa musculature. Elle semblait faible mais peut-être survivrait-elle. C'était dans son intérêt de toute façon.

Une fois la femme stérile parti, Maeri félicita son esclave pour le meurtre de Cago et se releva pour faire quelques pas autour de la baignoire. Elle faisait rouler le muscle de son épaule pour s'assurer que le bandage tenait bien et en sembla satisfaite. Dans le même temps, elle réfléchissait. Tuer un sang-coureur, même dans les circonstances présentes, c'était un bel exploit. Elle prévoyait déjà de s'approprier les clochettes de Joqo, peut-être Imeah méritait-elle d'en recevoir une ? Maeri secoua la tête et rejeta l'idée : c'était une esclave et les esclaves ne portaient pas la tresse Dothraki.
La Khaleesi écouta distraitement les explications traduites par Namiri et sourit de nouveau.

- Il ne faut jamais réfléchir quand on tue un homme, on le tue et c'est tout. Ce n'était pas un boulot très propre, mais c'était fait.

Elle esquissa le geste d'approcher sa main mais la retint avant de toucher Imeah. Elle venait de voir la cicatrice dans son dos – la marque des esclavagistes d'Astapor – qui était sans doute la raison pour laquelle elle ne voulait pas y retourner. Son peuple était rarement violent envers les esclaves, soit ils obéissaient, soit ils mourraient mais les Dothraki n'aimaient pas avoir à se repéter. Elle comprenait tout de même l'idée des astaporis mais pourquoi avoir endommagé un si joli corps ? Sans commentaire, elle contourna simplement le petit bassin pour revenir s'asseoir. L'esclave la fixait avec l'air de vouloir lui demander quelque chose, et la question ne tarda pas. Elle fit de nouveau sourire Maeri, qui se releva sans mot dire, laissant Namiri finir de nettoyer l'autre jeune femme.

Lorsqu'elle revient, un tintement l'accompagnait, elle apportait la boîte qui contenait les clochettes qu'elle avait retiré à la tresse de son mari. Elle se rassit et se mit à fouiller dedans pour en sortir – une à une avec un petit tintement à chaque fois – les clochettes de son père. C'était de petites clochettes d'un blanc nacré dont le son était faible mais juste assez audible, elle avait toujours adoré ce son, même perdu dans tous ceux de la tresse de Joqo. Une fois toute réunie, elle les tendit légèrement vers Imeah, sans les laisser à sa porter.

- Ces clochettes appartenaient à mon père, Khal Torro. C'était un vrai Khal, le plus grand et le plus fort qui soit. Joqo, mon mari, l'a tué quand j'avais dix-sept ans et m'a prise pour épouse dans les jours qui ont suivis.

Elle ne savait pas trop pourquoi elle racontait cela à son esclave, mais après la notion de pudeur n'existait pas chez les Dothraki et elle n'avait rien à cacher. Malgré la douleur que suscitait l'anecdote, elle souriait en regardant les clochettes. Namiri faisait de son mieux pour traduire, même si sa maîtresse tâchait d'utiliser des mots simples et d'articuler clairement.

- Il m'a prise ce soir là, et tous les autres soirs où cela lui plaisait, tout cela en portant les clochettes arrachées à mon père.

Elle rangea les objets parmi les autres et son regard se perdit soudainement au-dessus d'Imeah.

- Namiri, quand tu auras terminé, tu viendra me tresser les cheveux.

Satisfaite de sa décision, elle laissa un sourire s'épanouir sur ses lèvres, mais celui-ci était différent, dans la façon dont il dévoilait certaines de ses dents. C'était un sourire mauvais, qu'elle arborait encore quand elle baissa les yeux pour les plonger dans ceux d'Imeah.

- Il ne le fera plus jamais maintenant.
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MessageSujet: Re: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime19.04.15 17:09

L'espace d'un bref instant, les yeux clairs de la Lysienne demeurèrent accrochés aux prunelles d'obsidienne de la Dothraki, les scrutant avec une appréhension à peine voilée lorsque cette dernière tendit la main vers elle ; elle se raidit, nerveusement, instinctivement, se préparant à un contact qui ne vint jamais ; la seconde d'après, Maeri s'éloignait déjà. Et le corps d'Imeah s'affaissa en même temps que celui de la Khaleesi venait rejoindre la chaise qu'elle avait quittée un peu plus tôt. S'autorisant à reprendre un souffle qu'elle contenait depuis trop longtemps, la jeune femme expira lentement et profondément, observant à la dérobée celle qui la scrutait ouvertement et sans mot dire. Le calme et la prévention dont elle faisait preuve en ce moment même la terrorisaient presque tout autant que la violence à laquelle elle l'avait exposée tout à l'heure : elle ne savait ni à quoi s'attendre, ni sur quel pied danser. Elle lui avait promis, que personne ne la toucherait. Pas ses guerriers. Pas Darcys.
Mais elle... ?
Imeah déglutit lentement, essayant vainement de se débarrasser de l'acidité qui lui brûlait la gorge depuis un moment déjà ; la nausée lui rongeait le ventre et le cœur, alimentée par l'angoisse et le traumatisme de ce qu'elle venait de subir. Elle se sentait mal, terriblement mal, et malgré les intentions apparemment non hostiles de la Dothraki à son égard, elle ne pouvait de se sentir horriblement piégée, à nouveau. Car si elle aurait tout donné pour ne plus jamais remettre les pieds à Astapor, la dure réalité de se retrouver captive au sein d'un Khalasar n'était guère pour l'enchanter ; où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse, ne subsistait qu'un seul choix : la résignation.
Obéir, baisser la tête, avancer. Endurer. Même si elle était à présent débarrassée de Darcys, la Lysienne ne pouvait se défaire de l'affreuse impression d'avoir échangé un bourreau contre un autre.
Inconsciemment, elle glissa une main nerveuse entre ses jambes, serrant ses doigts crispés sur l'intérieur de sa cuisse.

De son côté, Namiri continuait à s'affairer doucement, ses doigts fins glissant dans les cheveux blonds maculés de sable et de sang pour les laver et les démêler : comme consciente des troubles de la lysienne, qu'elle avait pourtant choisi d'ignorer, elle se contentait d'agir, en silence, délicatement. Curieux contraste de force douce face au magnétisme brut de la Dothraki : c'était d'ailleurs à peine si Imeah l'avait entendue se lever suite à sa question, question à laquelle elle n'attendait d'ailleurs aucune réponse ; à présent qu'elle revenait vers elle, la jeune esclave ne put s'empêcher de lui trouver une quelque ressemblance... prédatrice. Se mouvant avec une souplesse quasi-féline, elle lui faisait penser à une panthère. Une panthère agile, rapide, magnifique, meurtrière, et qui tendait à présent la main vers elle, les griffes resserrées sur un lot de petites clochettes nacrées au doux tintement.
Elle voulut amorcer un geste pour les toucher, mais se retint, consciente qu'elle risquait peut-être d'y laisser une main ; elle n'avait que trop vu ce dont la nouvelle Khaleesi était capable, tout comme elle savait pertinemment ce que les clochettes accrochées à la tresse d'un Khal représentaient aux yeux de leur possesseur et du Khalasar tout entier. Si Darcys n'avait jamais porté grand intérêt aux mœurs Dothraks -et aux Dothrakis tout court-, elle y avait eu affaire bien malgré elle en apprenant les rudiments de leur langue et de leurs coutumes en traitant avec eux lorsqu'un Khalasar venait faire escale aux portes d'Astapor. Et même si son ancien -le mot et l'idée résonnèrent longuement dans sa tête, comme si elle peinait toujours à envisager ce fait- maître abhorrait traiter avec ceux qu'il considérait ouvertement comme des sauvages, il avait vite compris l'intérêt de posséder une esclave connaissant les rudiments des us et de cette langue barbares, leurs propriétaires semblant partager la même aversion que lui pour les coutumes et les dialectes étrangers.

Ce fut donc sans un mot qu'elle écouta le discours de la Khaleesi, ses grands yeux clairs fixant les clochettes jusqu'à ce que leur propriétaire ne finisse par les ranger, tout en tentant tant bien que mal de comprendre par elle-même malgré la traduction de Namiri ce que la Dothraki articulait lentement. À la fois touchée et intriguée par l'intention de cette dernière, qui semblait manifestement désireuse de se faire comprendre seule et de lui laisser le loisir de comprendre : les Dothrakis n'étaient guère réputés pour leur patience ni pour leur considération envers autrui. Immobile dans l'eau qui commençait à tiédir, Imeah scrutait tantôt la Dothraki, tantôt le rebord de la baignoire, son regard oscillant sans cesse entre les deux cibles, sans trop savoir où se fixer, reflet de l'indécision et du trouble qui l'habitait. Le récit de son interlocutrice ne fit que la perturber davantage.
Et l'espace de quelques secondes, la Lysienne se sentit emplie de pitié et de compassion envers celle qui n'avait été en quelques sortes que, comme elle, victime d'un système et d'une société sans aucune pitié.
À la différence que, elle, avait su s'en défaire. Le sourire carnassier qu'elle arbora en plongeant ses yeux dans les prunelles claires de la jeune esclave acheva de lui rappeler, tandis que le souvenir du cadavre éventré du Khal dansait dans son esprit.
À nouveau, un spasme nauséeux la secoua, et Imeah détourna prestement le regard, serrant les lèvres pour contenir son émoi et la crainte que la Dothraki lui inspirait. La compassion n'avait guère duré.

« J'aurai voulu pouvoir en faire de même. »

Un long silence suivit sa déclaration -traduite par la Lhazaréenne, à laquelle elle n'attendait de toutes manières aucune réponse ; seul le bruit de l'eau qui ruisselait l'entrecoupait parfois, du moins jusqu'à ce que la Lysienne, aidée par Namiri qui lui tint doucement la main et l'épaule, ne s'extraie finalement du bain tiède. Dans un réflexe pudique, elle glissa une main entre ses cuisses, se détournant légèrement afin de se soustraire au regard de la Khaleesi, son autre bras serré contre sa poitrine sur laquelle ses cheveux blonds et mouillés gouttaient à un rythme régulier. Afin de l'aider à se sécher, la jeune esclave brune l'enveloppa prestement d'une étoffe légère qu'Imeah serra nerveusement contre elle, frottant doucement ses mains contre ses avants-bras tandis qu'elle coulait un regard craintif à la Dothraki.
Elle n'avait pas oublié son sourire.

« Que faire vous maintenant ? »

Le Khal était mort, mais cela ne faisait pour autant pas d'elle le nouveau chef du Khalasar ; forte ou non, elle demeurait une femme, et beaucoup des anciens guerriers de son défunt Khal l'avaient bien compris et fait comprendre en désertant la horde : seule à la tête d'une troupe à la loyauté encore hésitante, la Lysienne se doutait qu'il ne s'écoulerait que peu de temps avant qu'un autre Khalasar ne tente de venir défier son autorité et de s'accaparer ses guerriers. Quant à ce qu'elle attendait d'elle...
Nerveusement, elle se mordit la lèvre inférieure. L'espace d'un instant, ses yeux bleus s'attardèrent sur la tunique de tissu grossier que Namiri venait de déposer à son attention sur la chaise sur laquelle Maeri se tenait précédemment, puis vinrent se poser à nouveau sur cette dernière : elle ne doutait ni de sa force, ni de son autorité, ni de sa pitié. Témoin bien malgré elle de ce à quoi la Khaleesi était prête afin d'affirmer sa place.
Pour autant, Imeah ne pouvait s'empêcher de se sentir terriblement en danger. Menacée. Et surtout terrifiée.
Elle n'avait qu'une seule envie : fuir. Loin. Malgré ses jambes chancelantes, son corps qui flanchait, et son estomac qui criait famine. Fuir, le plus loin possible, loin de la horde Dothraki, loin d'Astapor. Elle pourrait rejoindre un village, reprendre des forces, trouver de l'aide, quelqu'un...
La gorge nouée, elle déglutit péniblement, chassant d'un battement de cils cette idée qu'elle savait pertinemment vouée à l'échec : quand bien même elle parvenait à fuir le Khalasar sans se faire rattraper et s'exposer aux représailles de la Khaleesi, elle ne tiendrait pas longtemps seule dans la nature avant qu'un autre clan Dothraki ne la fasse prisonnière à son tour. Et même. Elle ne possédait rien, n'était rien. Rien qu'une esclave, dont le seul salut résidait peut-être dans cette lucidité sur sa condition et les rudiments de cette langue barbare qu'elle maîtrisait à peine et dans laquelle elle s'adressa à nouveau à Maeri d'une voix faible, fatiguée, résignée, mais dépourvue d'hésitation :

« Je suivrai la Khaleesi. »

L'interrogeant du regard, elle attrapa lentement la tunique précédemment donnée par Namiri, qui s'affairait à présent à démêler les longs cheveux d'ébène de la Dothraki à laquelle elle venait d'offrir sa vie, puis laissa tomber le fin tissu alourdi d'eau dans lequel elle se serrait depuis avant pour se vêtir avec maladresse de l'habit rêche, les gestes tremblants et freinés par la fatigue et l'angoisse.


Dernière édition par Imeah le 22.04.15 16:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime20.04.15 0:38

La petite esclave avait semblé effrayé par la dernière déclaration, non que cela ne surprenne particulièrement Maeri. Elle aurait put s'y attendre de toute façon. Dans la situation présente, la blonde avait toutes les raisons d'avoir peur et la Khaleesi avait déjà observé ce comportement de nombreuses fois. Celle-ci ajouta tout de même quelque chose, dans sa langue que Maeri ne pouvait comprendre. Namiri traduisit aussi vite que possible, avant qu'elle ne lui jette un regard interrogateur.

- L'esclave aurait souhaité pouvoir faire de même.

Maeri ne pouvait pas répondre à cela. Pendant un temps, son regard se perdit dans les remous de l'eau alors qu'elle se demandait si c'était à elle qu'elle faisait allusion. La petite blonde rêvait-elle à présent de lui prendre son arakh pour lui ouvrir le ventre comme la Khaleesi venait de le faire à Joqo. Inenvisageable bien sûr, mais quelque chose au fond de Maeri lui disait qu'elle l'aurait mérité à ce moment. Ne venait-elle pas de faire exactement à la gamine ce qu'on lui avait fait pendant des années ? L'esclave avait bien le droit de lui en vouloir, mais quelque chose dans sa voix lui faisait dire que ce n'était pas de Maeri qu'elle parlait. C'était un autre ventre qu'elle voulait percer de son arakh imaginaire.

La Dothraki repensa aux marques de coups de fouet qu'elle avait aperçu dans le dos de la jeune femme. Était-ce l'homme qui maniait le fouet qu'elle voulait punir d'une manière ou d'une autre ? Si elle parlait de faire la même chose que Maeri, elle avait sans doute subit la même chose qu'elle. Ce n'était pas vraiment étonnant de la part des esclavagistes, après tout quand un esclave vous appartenait, vous pouviez en faire ce que vous voulez sans jamais rendre de compte à personne. Elle-même venait d'en profiter de la même façon. Elle faillit sourire en pensant qu'il faudrait faire attention à ne pas laisser l'esclave s'approcher de son arakh.

Le temps que tout cela lui passe par la tête et sa nouvelle esclave était déjà en train de sortir de son bain, soutenue par la douce Namiri qui faisait son possible pour la rassurer sans avoir à prononcer un mot. Elle la regarda faire sans rien dire, son regard bleu sombre détaillant lentement le corps de la jeune blonde. Ce n'était pas vraiment du désir qui brillait dans l’œil de Maeri, mais elle devait reconnaître une certaine beauté à la lysienne, malgré la peur qui transpirait de chaque geste. Elle se fichait éperdument de sa pudeur, d'autant qu'elle l'avait déjà contemplé nue un peu plus tôt, mais elle détourna tout de même le regard au bout d'un moment, juste avant qu'elle ne parle. La question la fit à peine sourire.

La Khaleesi se leva et reprit sa petite boîte de clochette, laissant à son esclave le travail de prendre soin de la blonde. Elle plongea ses doigts dans la boîte et fit sonner les petites clochettes les unes contre les autres, en songeant au bruit qu'elles feraient une fois toutes insérées dans sa chevelure. Nul doute qu'elle sonnerait comme un véritable Khal après ça. Elle avait imaginé de nombreuses fois ce qu'elle allait faire une fois que son cher mari serait mort, mais à présent que c'était fait, la situation semblait trop irréaliste. Elle savait qu'elle ne pourrait obtenir le support de tout le khalasar ainsi et elle ne devrait commencer à envisager des plans pour le futurs qu'une fois tous ceux qui pourraient lui vouloir du mal parti. Mais une fois cela réglé, que faire ? La seule chose qui lui semblait logique était de continuer ce que tout dothraki faisaient : parcourir la Mer Dothrak, récupérer des esclaves, les vendre et ainsi de suite. Comme tous les Khal. N'était-ce pas ce qu'elle devenait après tout ?

Elle ne répondit tout simplement pas, à quoi cela servirait-il à l'esclave de toute façon ? Elle n'avait pas besoin de connaître les plans de sa maîtresse. Maeri se leva et fit signe à Namiri d'approcher à présent qu'elle avait terminé de sécher la jeune femme. La blonde saurait sans doute ce qu'il lui restait à faire en trouvant ses vêtements à sa place. En quelques mots, la Khaleesi expliqua ce qu'elle voulait. Une coiffure qu'elle n'avait jamais portée bien sûr, qu'aucune femme n'avait jamais portée parmi les Dothrakis. Une longue tresse ouvragée, auquel on ajouterait au fur et à mesure les différentes clochettes qui témoignaient de ses victoires. Namiri savait les faire heureusement et elle s'affaira à démêler.

La blonde avait apparemment plus de mal que prévu à s'habiller, ce qui amusa la Khaleesi pendant un moment, avant qu'elle ne se décide finalement à avancer vers elle. Le mouvement fit paniquer un peu la jeune lhazaréenne qui peinait déjà à tresser les cheveux de sa maîtresse mais elle n'osa pas protester. Maeri s'attendait à ce que la petite blonde n'ose pas non plus quand elle lui attrapa brusquement la main pour la faire arrêter de trembler. Elle parlait toujours doucement, détachant chaque syllabe pour qu'elle comprenne cette fois-ci sans traduction de Namiri.

- Tu me suivras et tu traduiras mes paroles à qui je le souhaite.

Consciente de la peur panique qu'elle devait ressentir à ce moment, la Khaleesi ne lâcha tout de même pas la petite esclave. Elle entreprit d'attraper sa tunique et de l'aider à l'enfiler, à geste brusques – bien sûr – mais elle ne la toucha presque pas. Sans même s'attarder sur la poitrine ou les hanches, elle rajusta le tissu sur ses épaules, puis passa la ceinture de cuir autour de sa taille et la serra elle-même. Comme elle aurait pu le faire d'un collier d'esclave. Une fois terminé, elle resta proche d'elle une seconde, comme hésitante, lissant la tunique sur le ventre plat.

- Je ne te ferai plus mal.

Aussi rapidement qu'elle était arrivé, la Khaleesi se détourna, au grand dam de Namiri qui faillit faire tomber une clochette. Maeri regardait vers la porte de toile de sa tente. Elle pouvait entendre le khalasar s'agiter, les guerriers partir. Mais il se pouvait aussi que certains viennent pour elle. Ils voudraient la défier, la tuer pour ce qu'elle avait fait, mais elle les attendrait. Elle avait aussi confiance en Lhasso, posté devant, mais elle ne devait jurer de rien.

- Namiri, dis-lui qu'elle dormira dans mon lit, avec toi. Vous ne sortez pas de la nuit.

Quant à elle, ce ne serait pas la première fois qu'elle passait une nuit sans dormir. Seulement cette fois-ci, elle pourrait serrer son arakh contre elle.
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Bien qu'elle ne se soit réellement attendue à une réponse de la part de la Khaleesi quant à son interrogation -et le lot de doutes qu'elle entraînait, la Lysienne se sentit humiliée par le silence qui accueillit son questionnement. Plus qu'elle ne l'aurait du, d'ailleurs ; l'absence de réponse et de désir de communiquer ce qui n'allait sans doutes être que la suite logique de ce qui venait de lui arriver ne faisait qu'au final lui rappeler ce qu'elle était et qu'elle n'avait cessé d'être : une simple esclave. Pourtant, durant les quelques instants pendant lesquels elle avait pu profiter d'un semblant de considération de la part de la Dothraki, elle avait cru espérer que cette attention aurait pu se poursuivre, autant que faire se peut.
Piquée au vif par sa bêtise manifeste et par cette brusque extinction d'un espoir qu'elle n'aurait jamais du avoir et qu'elle pensait avoir cessé d'éprouver depuis bien longtemps déjà, Imeah baissa la tête, les joues légèrement rougies, s'affairant à essayer d'enfiler les vêtements dothraks laissés à son intention par Namiri, jetant de temps à autre des coups d’œil furtifs en direction de cette dernière, intriguée par le doux tintement des clochettes qu'elle s'appliquait à tresser dans les cheveux de sa maîtresse. Leur maîtresse.
La réalité était encore trop dure à accepter.

À dire vrai, elle ne savait que penser. Elle ne savait absolument pas quoi penser, ni ressentir : à présent sortie de la chaleur de l'eau, la tension des événements venant de se produire retombant peu à peu, la jeune esclave se rendait brutalement compte de l'état de confusion totale dans lequel elle se trouvait. La tête lui tournait, et son cerveau n'était qu'un brut amalgame de sensation lourdes et diffuses, un tourbillon de peur, de terreur même, d'horreur, d'appréhension, d'angoisse, de rancœur et d'amertume. La haine, elle, s'en était allée depuis bien longtemps, écrasée par la douleur et la résignation. Elle n'avait pas le cœur à se rebeller, ou du moins elle ne l'avait plus, et ce depuis longtemps.
Et quand bien même elle l'aurait eu, elle n'en avait plus la force. Elle s'en rendait davantage compte à chacun de ses mouvements, mus par une fatigue et une résignation croissantes : comme un condamné avançant tête baissée vers le pilori, elle s'efforçait de s'habiller, sans résistance aucune, docile.
Simplement perdue, déboussolée. Incapable de réaliser, et encore moins d'accepter. Elle s'attendait encore à voir Darcys débouler en furie sous la tente et lui ordonner de retourner au travail. Et au vu et au su de ce qui venait de se produire et qui risquait à nouveau de se passer -malgré ce que lui avait assuré Maeri, elle n'aurait su dire si elle aurait été horrifiée ou soulagée de le voir.
Un rictus nerveux vint déformer son visage l'espace d'un instant, et elle étouffa un rire silencieux.
Soulagée.
Cela aurait bien été la première fois.

Perdue dans ses pensées et ses interrogations, elle ne vit pas la Dothraki fondre sur elle, alertée au dernier instant par le tintement brusque des clochettes déjà mises en place : relevant la tête, elle esquissa -par réflexe- un geste afin d'esquiver celui de la Khaleesi, mais elle sentit la main de cette dernière se refermer sur son poignet avant qu'elle n'ai pu faire quoi que ce soit, lui arrachant malgré elle un petit cri effrayé. Terrifiée, elle bredouilla des excuses maladroites en dothraki, mortifiée à l'idée d'avoir pu énerver la barbare par sa lenteur et son apparente maladresse, les yeux écarquillés par la peur mais n'osant se soustraire à l'étreinte, figée et tremblante. Le cœur battant la chamade dans sa poitrine qui se soulevait à un rythme de plus en plus rapproché, la Lysienne hocha frénétiquement la tête aux paroles de la Dothraki, sûrement prête à accepter quoi que ce soit de toutes manières, pourvu qu'elle la lâche. Paralysée de terreur à l'idée qu'elle puisse à nouveau la toucher comme elle l'avait fait précédemment. La gorge sèche et les yeux embués de larmes brûlantes, elle ferma les paupières et déglutit péniblement, attendant un coup qui ne vint jamais ; à la place, et avec surprise, elle sentit simplement les mains puissantes de la Khaleesi se poser sur elle à intervalles rapides et saccadés, enfilant et ajustant prestement les vêtements qu'elle peinait à passer. Elle retint légèrement son souffle lorsque cette dernière serra autour de sa taille le cordon en cuir retenant sa tunique, puis murmura un faible remerciement, la tête baissée, honteuse.
Cela aussi, elle l'apprendrait.

Un léger frisson parcourut son échine lorsque la main de Maeri s'attarda sur son ventre. À nouveau, elle se crispa, craignant un nouveau geste, une nouvelle intrusion, un...
Elle ferma les yeux, réprimant tant bien que mal l'accès de panique qui grandissait en elle, nauséeuse. Ses ongles enfoncés dans la paume de ses mains serrées, elle pria mentalement, le temps d'un instant qui lui parut interminable ; jusqu'à ce que la Khaleesi ne se détourne finalement d'elle, après lui avoir assuré qu'elle ne lui ferait plus aucun mal.
Chancelante, Imeah posa une main sur le dossier de la chaise sur laquelle la Dothraki s'était précédemment assise, s'y appuyant le temps de reprendre son souffle. Les mots de son interlocutrice résonnaient dans son crâne comme au travers d'un épais brouillard, tandis qu'elle fixait les deux femmes d'un œil absent et vitreux, ballottée par les événements et les émotions qui semblaient déferler sur elle avec la puissance et la régularité d'une vague venant marteler un rocher.
Elle était épuisée. Et pourtant, elle parvenait encore par elle ne savait quel miracle à assimiler un semblant d'informations, parmi toutes celles qui se bousculaient en masse dans son esprit. Et les mots de la Khaleesi lui soutirèrent un bref rictus de soulagement, tandis qu'elle passait une main songeuse sur les vêtements de cuir et de tissu qui lui avaient été passés. Bien loin des tuniques, certes simples et sobres, mais raffinées, qu'elle avait l'habitude de porter à Astapor. Darcys aimait le luxe.
Ici... Tout serait différent à présent.

Inspirant doucement, elle se redressa lentement, écartant une mèche blonde de son visage encore blêmi par l'émotion ; ses yeux bleus glissèrent en direction des deux brunes, se perdant quelques secondes dans les gestes souples et précis de Namiri dans la chevelure de sa maîtresse, bercée par le rythme des clochettes. Puis, se rendant soudainement compte qu'elle était en train de sombrer, la jeune esclave se ressaisit brusquement et, s'efforçant d'ignorer la faim qui lui tiraillait le ventre, prit la parole en Lhazaréen :

« Dites-lui... Dites-lui qu'elle n'aura pas à se plaindre de moi. » Souffla-t-elle en direction de Namiri, incapable de regarder la Dothraki dans les yeux. « Je parle beaucoup de langues, je sais lire, écrire aussi. » Répéta-t-elle, comme si elle cherchait à se convaincre elle-même de sa valeur. « Je traduirai. C'était mon... métier, à Astapor. »
Si l'on pouvait qualifier ainsi le rôle que Darcys lui avait confié. Réalisant petit à petit qu'elle s'éloignait enfin du commerce d'Immaculés et de ses horreurs, la Lysienne sembla se détendre légèrement, du moins assez pour couler un bref regard vers Maeri, qu'elle dévisagea l'espace de quelques secondes. Puis elle baissa à nouveau les yeux, reprenant la parole dans un dothraki haché et à l'accent doux :

« Je parlerai pour la Khaleesi. Grand honneur que elle me faire. »

Elle ne pouvait faire plus pour témoigner de sa loyauté et de sa docilité.
Ou du moins de sa résignation. De toutes façons, elle n'avait pas le choix ; ses iris clairs oscillant entre les deux femmes et le sol de la tente, elle resta plantée là, ne sachant réellement que faire. Se contentant de hocher brièvement la tête aux paroles de la Khaleesi, bien que guère enchantée à l'idée de dormir aux côtés de cette dernière.
Même si cela était toujours mieux que de passer la nuit dehors ; à l'extérieur de la tente, elle entendait le Khalasar s'agiter, entre cris de guerriers, de femmes, d'enfants et hennissements de chevaux. Le clan tout entier était en effervescence, et si la Dothraki ne semblait guère plus nerveuse que cela, Imeah se doutait que la nuit serait longue et agitée. De mémoire d'homme, jamais on n'avait vu de femme à la tête d'un Khalasar -ou du moins n'en avait elle jamais entendu parler, et il fallait être idiot pour s'imaginer que ce fait ne manquerait pas de déplaire à nombre de guerriers du défunt Khal.
Et à l'idée de ce qui pouvait arriver si jamais l'un d'entre eux venait à rétablir l'équilibre, Imeah se surprit à espérer que Maeri fasse autant preuve de force et d'agilité que quelques heures plus tôt face à son mari. Au vu et au su des réactions de ce dernier et de la horde face à la mort du dénommé Cago, elle ne donnait cher de sa frêle personne. Même si cela ne changeait finalement pas grand-chose au sort qui l'attendait, connaissant les Dothrakis.
Frissonnante, elle serra ses bras autour de sa poitrine, les mains serrées sur ces derniers. Priant silencieusement R'hllor de se montrer miséricordieux, puisque c'était à présent la seule chose qui lui restait à faire.
Pour le reste, elle s'en remettait à celle qui au final lui avait probablement sauvé la vie.

« Je peux aider la Khaleesi ? Que je peux faire ? » Demanda-t-elle timidement, sans pour autant bouger d'un pouce, à la fois terrifiée par ce qui pouvait bien l'attendre et effrayée à l'idée d'éveiller la colère de la Dothraki en demeurant prostrée dans un coin.
Elle n'avait pas enduré tant d'années pour baisser la tête maintenant. Pas après ce qui venait de se passer. Si elle avait la moindre chance de survie en se pliant aux mœurs des cavaliers de la grande Plaine Herbeuse, alors elle le ferait. Elle s'adapterait et obéirait.
Comme toujours.
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Namiri s'occupait de sa chevelure comme elle l'avait déjà fait de nombreuses fois depuis que Joqo l'avait capturée et offerte à sa femme, mais c'était la première fois qu'elle effectuait les gestes spécifiques nécessaires à y inclure les clochettes que les guerriers Dothrakis arboraient pour témoigner de leur force. Heureusement, elle l'avait déjà vu faire plusieurs fois et s'y prenait avec dextérité. Surtout une fois que sa maîtresse s'était enfin décidée à ne plus bouger. Le regard fixé sur la porte de sa tente, Maeri ne faisait plus attention aux deux esclaves qui allaient passer la nuit ici, du moins en apparence. Elle repensait en réalité à la petite blonde et à la terreur qui l'avait possédée quand elle avait posé la main sur elle. Si la dothraki pouvait désirer la jeune femme, cela s'était évanouie à ce moment, elle n'arrivait décidément pas à ressentir le plaisir que son défunt mari prenait dans cette situation.

Elle n'avait pas parlé en vain : ce qu'elle avait dit, elle le pensait réellement. Maeri ne prenait aucun plaisir à faire du mal et elle n'avait pris aucun plaisir à prendre l'esclave, même face à la horde. Elle désirait autre chose et elle le savait. Ce qu'elle ne savait pas, c'était comment l'obtenir, mais elle partait du principe qu'il ne servirait à rien de faire paniquer la petite esclave.

En fait, elle ne se tourna vers elle – et uniquement du coin de l’œil – que lorsqu'elle se mit à parler. La dothraki écoutait la traduction sans perdre du regard la blonde. Au moins l'esclave semblait rapidement accepter son sort, ce qui n'avait rien d'étonnant pour quelqu'un qui vivait dans la servitude mais c'était un bon début. Maeri attendit même de l'entendre s'exprimer dans un Dothraki très approximatif pour lui répondre. Elle commençait à se rassurer : au début la blonde ne parlait presque pas et elle craignait que son dothraki soit trop faible, mais elle arrivait manifestement à faire des phrases. Des phrases assez mauvaises mais des phrases tout de même. Son ton fit aussi sourire la Khaleesi, elle avait manifestement du mal avec les sonorités gutturales de la langue Dothrak.

- J'en suis sûre. Tu seras honorée aussi souvent que possible.

Le trait d'humour allait sûrement passer au-dessus de la tête de la jeune femme, mais Maeri s'en fichait. Elle n'était pas bête au point de croire que l'esclave était vraiment honorée, elle avait peur, elle tremblait au moindres mouvements de la Khaleesi. Cette Imeah n'aimait pas du tout la situation dans laquelle elle se trouvait, mais au moins faisait-elle de son mieux pour s'en attirer les faveurs, même si assez maladroitement.

Namiri avait enfin terminée la coiffure de la Dothraki. La longue tresse descendait jusqu'à la moitié du dos de Maeri, cliquetant alors que les clochettes s'ajustaient les unes par rapport aux autres. Ce n'était pas la plus belle tresse qu'elle ait jamais vu, mais c'était un début. C'est alors que la jeune blonde parla de nouveau, timidement, pour demander ce qu'elle pouvait faire. Une bonne nouvelle de plus, elle était volontaire même si elle n'arrivait pas à regarder sa maîtresse dans les yeux. Maeri lui adressa un bref sourire et s'exprima avec toute la douceur dont elle était capable – c'est à dire assez peu.

- Dors, ordonna-t-elle en montrant le lit. Repose-toi avec Namiri.

La Khaleesi s'éloigna, récupérant son arakh. Elle rejoignait un siège et s'y installa, posant la lame sur ses genoux, elle fixait toujours l'entrée. Personne n'ignorait ici ce qui se passerait dans le khalasar pendant la nuit. Si on venait la défier, Maeri tenait à être prête.

***********

Personne n'était venu le premier soir. Ni le second. Ni durant la semaine qui suivit. Maeri n'avait eu à tuer personne de plus pour conserver sa place, mais le premier jour elle avait perdu plus des deux tiers du khalasar de Joqo, la laissant avec moins de mille guerrier à son service. Les faibles, les vieux et les malades étaient restés avec elle en revanche. Elle avait dû gérer avec ces données, remontant vers la Mer Dothrak en traçant un long contour autour des cités de la Baie des Serfs. La Khaleesi était consciente qu'elle ne pouvait pas assumer de rencontrer un morceau de l'ancien khalasar, cette fois ils ne la laisserait pas tranquille. Cela avait donc été une semaine calme, sans qu'elle n'ait envoyé ses Dothrakis à la conquête de quoi que ce soit.

Depuis, elle n'avait revu que quelques fois Imeah, la faisant amener dans sa tente de temps en temps pour s'assurer qu'elle était en vie et en bonne santé. Elle ne lui avait quasiment jamais rien demandé, parfois de porter à manger, parfois de ranger quelques vêtements, mais rien de plus. Namiri se chargeait de la surveiller au jour au jour, car Maeri souhaitait la conserver, sans trop savoir pourquoi elle en particulier. C'est donc au bout de huit jours qu'elle envoya Namiri la chercher, cette fois pour la laisser seul avec elle.

C'était le soir, la horde était à demi endormie, l'autre moitié cuvait son kéfir et – comme souvent – Maeri était encore debout et en pleine forme. Ce qui signifiait que ça devait aussi être le cas de ses servantes à qui elle avait ordonné de faire chauffer un bain. C'est donc ainsi que devrait la trouver Imeah en rejoignant la tente, couchée dans une baignoire d'étain. Son arakh était posé sur le bord, à portée de main mine de rien, mais elle ne semblait pas s'en soucier. Les bras reposant sur les bords, elle adressa un sourire à son esclave quand celle-ci entra.

- Sais-tu tresser les cheveux, Imeah ? Demanda-t-elle aussitôt.
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Elle s'était imaginé tant de choses sur les Dothrakis, durant son séjour à Astapor. Alimentant ses représentations par les ragots colportés par les marchands, les remarques méprisantes de Darcys et par les brefs contacts qu'elle avait pu avoir avec eux lors de rares échanges aux portes de la cité rouge : peuple barbare sans aucune pitié ni pudeur, un clan de sauvages passant leur vie à cheval, pillant, violant, tuant et brûlant, incapables de la moindre émotion, de la moindre organisation, de la moindre civilisation.
Et Imeah avait été surprise de découvrir que, si certains racontars étaient effectivement vrais -combien de fois avait-elle rougi de gêne et baissé les yeux par pudeur face à la nudité ou aux ébats de certains membres du clan?, d'autres n'étaient qu'au final rumeurs infondées. Elle avait ainsi pu constater qu'au-delà de l'apparent chaos qui semblait régir la horde dothrak, cette dernière obéissait à des règles strictes d'organisation et d'obéissance, où chacun savait où était sa place et ce que cette dernière incombait. Et que lorsqu'un ordre était donné, ce dernier était respecté, tout comme lorsqu'un Dothraki faisait une promesse ; ainsi, une semaine après sa capture et la prise de pouvoir de Maeri, pas un seul guerrier ne l'avait touchée et encore moins violentée, tout comme cette dernière le lui avait assuré.
Une situation à laquelle la Lysienne ne s'attendait guère et à laquelle elle n'avait pas vraiment cru, trop conditionnée par tous les à priori qu'elle s'était forgés au fil des histoires entendues sur le peuple des Seigneurs du cheval. Cependant, force était d'admettre qu'elle était presque mieux traitée ici qu'au sein des murs de la cité rouge.
Un fait qui n'avait ni manqué de la surprendre, ni de soulever une certaine ironie quant à son sort.

Tout était pourtant loin d'être aisé, loin de là : les premières journées de marche lente mais longue l'avaient laissée sur les genoux, les pieds quasi-ensanglantés, meurtris, se soldant par la fin de la journée passée dans une charrette en compagnie d'anciens, d'enfants et de femmes dont elle ne comprenait pas assez la langue pour saisir les rapides échanges qui se déroulaient à son insu. Elle en demeurait frustrée, épuisée, mais étrangement déterminée à continuer, inlassablement ; s'obstinant chaque jour à reprendre le rythme de la marche du Khalasar, soit trop fière pour grimper d'elle-même dans l'un des chariots, soit trop terrifiée à l'idée que Maeri ne finisse par se débarrasser d'elle, gênée par sa lenteur et par son incapacité à communiquer.
Peut-être même s'était-elle déjà lassée : c'était à peine si elle avait fait appel à elle ces derniers jours, se contentant de quelques ordres simples, par-ci, par-là. L'essentiel de ses journées se résumant à suivre Namiri et à apprendre de ses moindres faits et gestes, ce qui ne semblait nullement déranger la Lhazaréenne ; au contraire, cette dernière paraissait même plus que ravie de la nouvelle -et envahissante- compagnie de la Lysienne, à laquelle elle s'efforçait d'apprendre les rudiments de la langue Dothrak dès que l'occasion s'en présentait, traduisant en Lhazaréen lorsque cela était nécessaire.

Elle apprenait, petit à petit. Difficilement. L'immersion avait été brutale et elle peinait toujours à accepter sa nouvelle existence au sein du Khalasar, ce qui compliquait quelques peu la tâche. D'autant plus que, si nul ne s'était risqué à lever la main sur elle, conformément à ce que la Khaleesi avait ordonné, la majorité de la horde ne se gênait pas pour lui rappeler et lui faire comprendre ce qu'elle était : une esclave.
Pire que cela : une étrangère.
Elle le ressentait, à chaque moment, chaque instant où cette langue trop agressive résonnait à ses oreilles habituées au Valyrien chantant, où des yeux sombres se posaient sur sa peau trop claire, peu habituée à la surexposition au soleil des plaines. Si elle n'était pas la seule esclave au sein du Khalasar, elle était l'une des seules à arborer une chevelure d'un blond aussi clair ; en comparaison des Lhazaréens à la peau olivâtre et aux cheveux d'ébène, elle semblait être le mouton blanc du troupeau, perdue au milieu de ses semblables qui la dévisageaient de travers, elle et ses yeux trop bleus.
D'autant plus que le meurtre de Cago n'avait pas été oublié ; si ceux qui étaient restés avaient accepté sans trop rechigner la prise de pouvoir de Maeri, cela n'empêchait nullement les rumeurs de circuler, ni les menaces à demi-mots. Et même si elle peinait encore à s'exprimer dans la langue des Seigneurs du cheval, Imeah comprenait sans trop de difficultés les insultes proférées à son égard, quand il ne s'agissait pas de crachats méprisants. Ils se méfiaient d'elle, et sa brusque intrusion dans une tribu où il n'y avait pas de place pour l'inconnu.
Étrangère.

Peut-être était-ce pour cela qu'elle s'acharnait, au final : pour leur prouver qu'elle pouvait s'adapter, qu'elle était forte. Pour leur prouver, qu'elle était digne de rester en vie.
Pour prouver à Maeri qu'elle avait eu raison de l'épargner.
Ce fut donc avec empressement qu'elle rejoignit la tente de cette dernière ce soir-là, lorsque Namiri vint la quérir, l'informant que la Khaleesi requérait sa présence.
Avec appréhension elle se glissa sous les tentures de peau, ajustant au préalable la tunique de tissu et de cuir qu'elle portait, plus par souci personnel de bienséance qu'autre chose, connaissant la pudeur légendaire des Dothrakis. Et marqua une seconde d'arrêt, clignant nerveusement des yeux, face à leur chef qui reposait paisiblement dans la baignoire d'airain, nue, les cheveux lâchés... et son arakh négligemment posé sur le rebord en métal.
Immédiatement, elle sentit ses pensées se bousculer dans son esprit, allant du visage détendu et aux yeux clos de la Dothraki à l'arme presque à portée de main, ne sachant que trop en déduire. Était-ce volontaire, par mesure de sécurité ? Ou simple négligence de sa part ? Était-ce un test, destiné à éprouver sa fidélité, sa témérité, sa stupidité ?
Elle n'était point inconsciente au point de tenter une chose pareille. Si elle avait réussit à égorger le sang-coureur de l'ancien Khal par un prodigieux coup du sort, aidée par la peur et l'adrénaline, elle doutait avoir le dessus sur celle qu'elle avait vue éventrer de cette même arme celui qui avait tenté d'attenter à ses jours, aussi dénudée et désarmée était-elle.
C'est pourquoi elle releva légèrement le menton pour couler un regard un peu appréhensif vers la Khaleesi, délaissant l'arakh des yeux tout en hochant la tête d'un signe de tête timide :

« Oui, un peu. J'ai voir Namiri faire, et je fai... faisais, avant. À Lys. » Expliqua-t-elle maladroitement, se maudissant pour sa conjugaison approximative et ses hésitations, tandis qu'elle se rapprochait craintivement.

Elle l'impressionnait toujours. Aussi inoffensive semblait-elle une fois désarmée, ses cheveux lâchés en vague sombre sur ses épaules hâlées, elle paraissait toujours aussi... Féroce, prédatrice. S'efforçant de cacher son malaise, la jeune Lysienne s'empara d'un peigne rudimentaire d'une main peu assurée, attendant l'approbation silencieuse de la Dothraki pour plonger ce dernier dans la chevelure de cette dernière.

« Je dois mettre la... les... ça, aussi ? » Demanda-t-elle, hésitante, désignant du doigt la petite boîte qu'elle lui avait montrée quelques jours plus tôt et dans laquelle reposaient les clochettes rudement gagnées.

Elle espérait que non, et que la Khaleesi se contenterait d'une simple tresse pour la fin de soirée. Si elle avait suffisamment observé Namiri pour être capable de reproduire une coiffure peu compliquée -du moins elle le pensait, et elle l'espérait, elle ne souhaitait ni décevoir ni mécontenter la Dothraki, elle avait de sérieux doutes concernant sa capacité à y ajouter les trophées tintants sans que l'ensemble ne ressemble à rien qui ne puisse pas fâcher la Khaleesi.
Tout comme elle se doutait que ce n'étaient pas ses jeunes années passées à se tresser mutuellement les cheveux avec Miriah sur les rives de la mer d'été qui allaient l'aider à réaliser ce que sa nouvelle lui demandait de réaliser.
Déglutissant nerveusement, elle ravala ses souvenirs et inspira doucement, glissant lentement et délicatement le peigne dans les cheveux lourds de la Dothraki afin d'en défaire les nœuds susceptibles d'entraver la réalisation de la tresse qu'elle débuta prudemment quelques instants plus tard, sans mot dire, guettant avec une attention mêlée d'appréhension les moindres mouvements de Maeri.
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MessageSujet: Re: [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] [Essos] Le prix de la liberté [PV : Imeah] [Flashback - 294] Icon_minitime29.04.15 22:32

Sans avoir l'air de s'y attarder, la Khaleesi avait détaillé sa jeune esclave à mesure qu'elle approchait. Elle avait toujours l'air aussi frêle mais n'avait semble-t-il pas perdu trop de poids – comme cela pouvait arriver dans les premières semaines. Elle paraissait en bonne santé même si encore terrifiée par la présence de la Dothraki. Maeri suivit son regard et devina qu'elle le posait sur son arme mais elle ne fit rien, preuve qu'elle n'était pas complètement stupide. Ce n'était pas une nouvelle, la Dothraki s'était renseignée régulièrement sur sa nouvelle acquisition par le biais de Namiri, les rares fois où Imeah ne lui traînait pas dans les pattes. Elle la laissa donc approcher sans rien ajouter, bien qu'un semblant de sourire apparaissait sur ses lèvres à la réponse positive. Elle aurait très bien put faire appel à la Lhazaréenne pour cela mais il était important de connaître mieux les domaines d'expertises de la blonde.

Se laissant couler dans son bain encore chaud, la Khaleesi confia à l'esclave ses cheveux sans presque aucune crainte. Sa longue chevelure brune dégageait une douce odeur d'onguent aux plantes, comme le reste de la dothraki en réalité, qui devait avoir passé la demi-heure précédente à se laver, bien au chaud. C'était l'un des rares instant de la journée où elle s'autorisait à se détendre presque complètement – presque car l'on ne pouvait malheureusement jamais savoir ce qu'il en serait exactement. Elle se complaisait donc dans l'eau jusqu'à entendre la question de la jeune femme, qui lui arracha un sourire. Maeri ne se tourna qu'à demi vers elle, pour ne pas l'effrayer complètement.

- Clochettes. On dit « clochettes », répéta-t-elle en détachant chaque syllabe pour s'assurer qu'elle puisse le comprendre et l'assimiler. Et non, pas besoin pour la nuit.

Si elle n'avait pas pris un ton aussi doux que celui qu'elle avait pu utiliser la première nuit, elle était aussi à des lieux de sonner comme des ordres. Maeri ne voulait pas complètement terrifier la jeune blonde, en fait elle cherchait même plutôt à la rassurer, à sa manière très Dothraki. En guise d'appréciation de son travail, elle se glissa donc un peu plus dans son bain avec un vague soupir et resta silencieuse pendant plusieurs longues minutes.

- Personne ne t'as touché ou maltraité, n'est-ce pas ? L'interrogea-t-elle brusquement.

Elle ne demandait que pour vérifier – et pour voir ce que dirait l'esclave – car Namiri l'avait déjà bien informée à ce sujet. Maeri écouta tout de même la réponse avec toute son attention, même si elle n'ajouta rien de nouveau jusqu'à ce sa coiffure soit terminée. C'est alors qu'elle sortit de l'eau sans aucune gêne et enjamba la baignoire pour sortir, désignant un petit tas de serviette à l'esclave.

- Parfait. Aide-moi à me sécher.

La dothraki laissa un instant l'eau ruisseler sur son corps musclé, profitant de la chaleur relative de la nuit sous la tente. Puis elle se couvrit elle-même d'une serviette sur les épaules et commença à frotter. Elle semblait ne pas se soucier d'Imeah, mais les rares fois où les deux femmes purent croiser le regard, Maeri la détaillait avec des yeux brillants de curiosité. Elle se souvenait encore de la dernière fois où elles s'étaient trouvées ensemble dans une pièce pour un bain. La Khaleesi n'avait alors pas cacher son intérêt pour le corps de la jeune femme et elle ne comptait pas le faire aujourd'hui non plus. Seulement, ce sera fait un peu autrement.

- Namiri m'a dit que tu t'étais blessée aux pieds. Montre-moi.

Au regard qu'elle lui jetait, Maeri était très sérieuse.
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