[La Forêt Hantée] Neige écarlate - PV Jon

Sujet: [La Forêt Hantée] Neige écarlate - PV Jon 21.11.14 23:56

298, Treizième Lune, semaine 3, jour 6

Neige écarlate

L'odeur du sang, et ce froid intense, elle observe en silence le ciel au-dessus de sa tête, les larmes coulant de ses yeux sans qu'elle ne puisse le contrôler. La main posée contre son ventre, elle peut sentir la sensation poisseuse du sang sur ses doigts, mais la douleur semble avoir complètement disparue. Du moins, la douleur physique. Elle n'entend que le bruit du vent, se sentant sereine et libre. Une indéniable fatigue l'assaille soudainement, mais elle veut encore observer le ciel... Juste quelque seconde de plus...

« Luna ! »

***

« Luna ! »

Alors qu'elle s'apprêtait à décocher une flèche, elle voit simplement sa proie disparaitre, se retournant, la colère dans les yeux, elle se calma assez rapidement lorsqu'elle reconnut le visage de la sauvageonne qui s'approchait et l'avait appelé. Les cheveux blonds, le teint pâle, celle qui s'apparentait le plus à une sœur aux yeux de la louve. Débandant l'arc, elle siffla pour que Maytook la rejoigne, une épaisse fourrure sombre surgissait en dehors du manteau de neige qui couvrait les lieux, se rapprochant de sa maitresse en même temps que Hilda.
Le regard sombre et interrogateur, elle reprenait déjà la route vers leur campement sans attendre que son amie ne lui dise pourquoi elle était venue la rejoindre. Elle savait que si elle était venue interrompre sa chasse, c'est que quelque chose d'important l'y avait contraint. Déjà sur la route, elle rejoint, son amie tenta de l'arrêter.

« Le corbeau, il est là... Ils sont là... »

Fronçant les sourcils, elle dut prendre quelque seconde pour véritablement comprendre l'ampleur de ce que venait de lui dire son amie. Son cœur se tordit dans sa poitrine quand l'inquiétude l'assaillit soudainement. Alors qu'elle marchait rapidement jusqu'à présent, elle partit en trombe la seconde qui suivit. Suivit de prêt par Maytook, elle n'était pas loin de semer Hilda derrière elle tant sa course fut rapide, connaissant ce terrain comme personne, elle savait parfaitement où poser le pied, quel élan prendre, elle se mouvait dans ces terres désolées avec une facilité déconcertante.
Elle n'avait pas encore complètement rejoint le campement qu'elle pouvait déjà entendre une conversation bruyante et houleuse, reconnaissant la voix d'Isaar hurlant et pleine de rage, elle redoubla d'efforts pour accélérer sa course dans sa dernière ligne droite quand elle reconnut le chant de l'acier contre l'acier.

« Isaar ! »

***

« Isaar... »

Elle tourna légèrement la tête, tentant de chercher du regard le visage de celui qu'elle considérait comme un père. Non loin d'elle, elle pouvait voir ses traits, trop rares était les moments où son visage semblait tranquille et apaisé, et malgré le sang qui tâchait sa joue et la commissure de ses lèvres, il semblait parfaitement calme et serein. Sentant une autre présence à ses côtés, elle souhaitait tourner les yeux vers cette personne quand une vive douleur la fit hurler

***

Sa lance entre ses mains et l'épée d'Isaar entre les lames de celle-ci, elle fixait le chef de son clan avec rage. Elle ignorait pourquoi elle avait fait cela, n'agissant que par instinct, mais lorsqu'elle était arrivée et avait vu les coups d'épée entre le corbeau et le chef de son clan, elle n'avait pas réfléchi, avait pris sa lance et s'était lancer dans la bataille. Mais alors, pourquoi était-ce le coup d'Isaar qu'elle avait arrêté. Si elle ne pouvait pas tourner la tête vers l'homme qui se trouvait derrière elle, elle l'avait reconnu quelque seconde avant de se jeter entre eux, et elle reconnaissait son odeur à présent.

« C'est lui... »

Murmura Isaar, un sourire mauvais entre ses lèvres, elle ignorait si c'était de la déception qu'elle lisait dans le regard de son chef ou s'il s'agissait d'une certaine forme de respect. Des grognements se firent entendre, Maytook était arrivé, prêt à défendre sa sœur mais elle entama alors un geste de sa lance pour libérer l'emprise qu'elle avait sur la lame de l'Alpha, enfonçant la pointe de celle-ci dans la neige et barrant la route de direwolf en même temps qu'elle émit à son tour un grognement sourd et sonore qui sembla arrêter net les intentions du sombreloup.
Prenant une position offensive, elle tentait de juger la situation, sentant le regard des gens du clan se figer sur eux. C'est en entendant un pas derrière qu'elle s'exclama :

« NON ! »

Il n'était pas question pour elle que Jon se mêle de cela, elle ignorait la raison de sa venue, ne voulait pas le savoir, tout ce qu'elle savait en cet instant, c'est que c'était aujourd'hui l'heure pour elle de faire un choix. Elle ne pouvait plus arrêter, pas maintenant, elle ne voulait plus se soumettre, ne pouvait plus ! S'élançant droit vers le chef de meute, elle attaqua la première !

***

« Non ! »

Tendant la main vers Isaar, elle sentit le poids de la perte et de la culpabilité la gagner, noyant son sentiment de liberté. Il lui avait presque tout appris, unissant son savoir instinctif et animal à l'intelligence de l'Homme, il avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui, il avait massacré sa famille, mais lui en avait donné une nouvelle, il l'avait brisé, mais l'avait élevée aussi, il l'avait haï probablement autant qu'il l'avait aimé. Une nouvelle vague de douleur l'assailli et la crispa soudainement.

***

Le combat faisait rage, évitant les coups de l'Alpha, il semblait au fur et à mesure du combat que la rage la gagnait, plus sauvage que jamais, elle revivait cet instant où elle avait vu les loups-garous avec qui elle avait grandi être exterminée. Les yeux assombris par cette sourde colère et ses gestes animés par sa plus grande peine, elle attaquait sans hésitation. Et lorsqu'elle sentit la lame de l'épée d'Isaar taillé l'extérieur de sa cuisse, la douleur ne sembla pas pour autant l'arrêter, tant et si bien qu'elle le prît par surprise, lui offrant une nouvelle cicatrice sur son torse et tachant la neige de leurs sangs.

Un autre assaut durant lequel elle ne fit guère attention à sa garde et elle se prit un coup directement au visage, tombant en arrière elle roula sur le côté pour éviter la lame de l'épée, se redresse rapidement et reculant pour remettre une distance raisonnable entre elle et Lui. Elle esquissa un sourire, sa langue passant sur ses lèvres, recueillant le sang qui s'écoulait au coin de sa lèvre coupée. Elle semblait tout autre et rien autour ne pourrait la perturber, il n'y avait plus qu'elle...Elle et lui.

Elle s'élança une nouvelle fois !

***

Elle voulait se lever, mais en cet instant précis, il lui était incapable d'avoir la moindre force, même hurler à cause de la douleur physique qui se réveillait et révélait enfin à elle lui semblait être un effort qu'elle était incapable à présent de fournir. Sentant ses mains tremblées, elle vit une truffe familière s'y poser et une langue lapée le sang qui se trouvait sur ses doigts. Elle entendit les jappements de l'animal qui se posa alors près d'elle, hurlant, elle aurait voulu l'accompagner, le rassurer. Rapidement, ses hurlements plaintifs laissèrent leurs places à un grognement et menaçant, et au milieu de cette odeur de sang et de neige, elle reconnut un tout autre parfum sans être pourtant capable de tourner la tête pour le voir vraiment. Trouvant alors la force nécessaire pour lever le bras et poser sa main sur le museau de Maytook, elle laissa passer un long « shhhht » de ses lèvres pour calmer la bête.

***

« Shhhhhh »

Ses yeux figés sur lui, son visage taché de sang, il aurait de nouvelles cicatrices sur son visage en plus de celles qui avaient abimé sa vue lors de sa première rencontre avec elle. Il semblait soudainement calme, paternel, la maintenant dans ses bras. Ils se fixaient tous deux, il ne semblait plus y avoir de rage ou de colère dans leurs yeux, juste de la tristesse et peut-être même du respect ou de la compassion.

Elle était incapable de détourner les yeux, ne voulait pas les fermer et continuait simplement de le fixer. Elle se sentit légèrement basculer en arrière avant de sentir le contact de la neige, il la posait délicatement et elle le regarda se relever et la fixer. Elle ferma les yeux quand il se pencha vers elle, retirant la dague de son flanc. Au moins, elle avait réussi à le désarmer et à l'obligé d'avoir recours à une vulgaire dague plutôt qu'une épée...

Il tourna les talons, et elle se souvint alors de son initiation, du jour où il l'avait piégé, où il l'avait drogué, avait fait en sorte qu'elle se retrouve dans une situation dangereuse, avec un autre corbeau. Et cette leçon simple qu'elle avait apprise : tuer sa proie et s'assurer de sa mort. Elle roula sur elle-même, l'adrénaline dans son corps faisait taire la douleur, et trouvant la force pour se relever.

« ISAAR ! »

Il se retourna... Leurs yeux se croisèrent... Une épée dans la main, elle l'enfonça un peu plus, se retrouvant aussi proche qu'elle le pouvait d'Isaar. Les yeux dans les yeux, pour la première fois, elle crut voir la véritable affection dans le regard de celui qu'elle considérait comme un père. Il posa une main poisseuse de sang sur le visage de Luna. Elle avait été une excellente élève.

« La meute est à toi... »

Elle lâcha la garde de l'épée lorsque le poids d'Isaar fut trop lourd pour elle, ses genoux touchant le sol, la fatigue la gagnait à son tour, sentant une nouvelle fois le contact de la neige contre sa peau.

***

L'odeur du sang, et ce froid intense, elle observe en silence le ciel au-dessus de sa tête, les larmes coulant de ses yeux sans qu'elle ne puisse le contrôler. La main posée contre Maytook, elle peut sentir la chaleur de son pelage sous ses doigts et la douleur semble avoir complètement disparue. Du moins, la douleur physique. Elle n'entend que le bruit du vent, se sentant sereine et libre. Une indéniable fatigue l'assaille soudainement, mais elle veut encore observer le ciel... Juste quelque seconde de plus...

« Luna... »

Sentant doucement son corps quitter terre, elle n'a pas la force de lutter, elle peut entendre Hilda gueuler, reconnaître les mots de l'ancienne langue, les grognements de Maytook non loin qui la suit de près, la protégeant, et d'autre grognement...Celui de l'autre direwolf. La neige commence à tomber, observant le ciel, regardant les flocons s'approcher inexorablement d'elle. Elle en apprécie la beauté. Ses iris bleus se posent enfin sur celui qui la porte. Sa main cherche quelque seconde dans les vides avant de s'accrocher à un morceau de l'écharpe qu'elle n'a jamais quitté.

« Pardon... »

Jon - Luna

CODE BY AMIANTE

Note de l'auteur:

Sujet: Re: [La Forêt Hantée] Neige écarlate - PV Jon 06.12.14 13:35

298 – Lune 13 – Semaine 3 – Jour 6

[La Forêt Hantée] Neige écarlate - PV Jon 792986wolf

Huit frères jurés avaient quitté Châteaunoir trois jours plus tôt, parmi lesquels se trouvaient sept patrouilleurs et lui-même comme seul intendant. Contrairement à sa première sortie au-delà du Mur, lorsqu’il avait prêté serment devant les barrals, Jon ne ressentait pas d’émerveillement ni d’excitation. A la place, le jeune homme était habité par la peur de l’échec et la nervosité de devoir se battre contre des hordes de sauvageons qui ne verraient probablement pas leur venue, même sous une bannière de paix, d’un bon œil. Pour ne rien arranger, Fantôme avait disparu peu de temps après qu’ils aient quitté le Mur, se fondant dans la plaine enneigée, d’une blancheur aussi immaculée que son poil.

Ils avaient pénétré dans la forêt hantée depuis plusieurs heures déjà lorsqu’ils finirent par arriver en vue d’un campement du peuple libre. La surprise avait rapidement cédé la place à l’hostilité chez les occupants du camp, si bien que Jon s’était avancé un peu plus que ses compagnons, les mains levées bien haut pour montrer qu’il ne se voulait pas menaçant.

- Nous ne venons pas vous attaquer ! Déclara-t-il d’une voix forte et intelligible. Nous sommes là pour discuter avec votre chef !

Jon n’était pas un diplomate, c’était certain mais il n’y avait pas cinquante façons d’ouvrir le dialogue avec une peuplade que les siens, frères jurés comme Nordiens, affrontaient depuis des siècles, et qui s’entretuaient régulièrement. Le silence s’installa pendant quelques instants avant qu’un grand homme aux cheveux et à la barbe rousse ne fasse un signe à ses compagnons avant de se diriger vers l’une des habitations. Snow ne parlait pas leur langue mais il se doutait à en juger par l’attitude des autres guerriers qu’il devait leur avoir ordonné de les tuer s’ils tentaient quelque chose de stupide.

Lorsque « Barbe rousse » revint, il était accompagné d’un homme brun assez grand et large d’épaules. Ses yeux étaient gris mais l’un paraissait délavé, peut-être aveugle. Cela n’enlevait rien à l’hostilité qui se dégageait clairement de lui tandis qu’il les contemplait. Pour une raison qui lui échappait, cet homme le mettait particulièrement mal à l’aise.

- Tu es le corbeau qui voulait me voir ?
- Je suis Jon Snow. Le Lord Commandant souhaite négocier une alliance avec votre roi, Mance Rayder…

Le Bâtard de Winterfell devait reconnaître qu’il fut un peu décontenancé lorsque le sauvageon renifla légèrement dans sa direction, comme pour sentir son odeur. Ses sourcils se froncèrent davantage si c’était possible, et un sourire mauvais fleurit sur les lèvres du sauvageon.

- C’est toi, n’est-ce pas ? Le corbeau qui l’a « aidée » ?

Il n’avait pas élevé la voix mais il y avait une telle haine dans ses mots qu’il n’en avait pas besoin. L’intendant comprit soudain où il avait déjà vu cet homme, à l’époque une silhouette assez lointaine dans la neige : c’était l’homme qu’il avait vu avec Luna ce jour-là, celui auquel elle s’était donnée.

- Je l’ai aidée du mieux que j’ai pu mais nous n’avons pas été en mesure de retrouver son amie, seulement des traces de son passage. Répondit-il avec autant d’assurance qu’il le pouvait, ses yeux ne quittant pas les orbes gris de son interlocuteur.
- Elle est à moi, corbeau, tu entends ? A MOI !

Jon eut à peine le temps de dégainer Grand-Griffe que le sauvageon avait sorti sa lame pour la rabattre verticalement sur lui, si bien qu’il ne para son coup que d’extrême justesse et se recula pour changer de posture. Le sauvageon attaquait avec plus de force que Ser Rodrik n’avait jamais mis dans ses coups à Winterfell et c’est là qu’il réalisa la véritable différence entre un entraînement et un combat réel.

Snow en fut réduit à parer et à esquiver, son adversaire ne lui laissant pas d’autre choix que de réagir, se fiant aux réflexes cultivés pendant des années d’entraînement sous l’œil attentif du maître d’armes de Winterfell pour rester en vie. Mais le vieux chevalier ne lui avait pas appris la férocité avec laquelle un sauvageon pouvait attaquer, si bien qu’il cédait toujours plus de terrain à son adversaire.

- Isaar ! S’écria une voix qu’il ne connaissait que trop bien.

Elle avait été trop rapide pour qu’il puisse ne serait-ce que songer à l’arrêter. S’étant interposée entre son opposant et lui, Luna faisait face au dénommé Isaar en brandissant sa lance.

- C'est lui... Murmura le sauvageon, avec ce même sourire hideux sur le visage.

Jon n’aimait pas ce qui était en train de se tramer. Avec l’aide de Maytook, il ne faisait aucun doute que la sauvageonne n’aurait pas eu grand mal à triompher du chef de clan. A la place, elle semblait lui faire comprendre par un de ces grognements dont elle servait pour lui faire comprendre ses intentions, qu’il ne devait pas intervenir. C’était de la folie pure. Aussi forte soit-elle, comment pourrait-elle venir à bout d’une telle force de la nature ? Et surtout, pourquoi le ferait-elle ? N’était-il pas l’homme qu’elle avait choisi ? Pourquoi le défendre lui alors que c’était à cet Isaar qu’elle s’était abandonnée dans la neige ce jour là, en se proclamant sienne ?

Les doigts resserrés sur la poignée de son épée, l’intendant fit un pas en avant mais n’eut pas l’occasion d’avancer davantage, un cri perçant de Luna lui intimant de ne pas intervenir. Par les anciens dieux, à quoi pensait cette femme ?!

C’est avec la peur au ventre qu’il la vit s’élancer vers Isaar, lance au poing. Il voulut intervenir mais plusieurs des sauvageons s’étaient dressés devant lui tel un mur, pour lui barrer la route. Si cela ne suffisait pas, deux de ses propres frères d’armes le retenaient désormais par les épaules, et il devait se débattre comme un beau diable parce qu’ils se mirent à l’attraper par les bras jusqu’à lui en faire mal.

Pourtant, cela n’avait aucune importance en comparaison de la danse macabre qui se déroulait sous ses yeux. Les deux sauvageons se battaient l’un contre l’autre avec autant de hargne et il ne pouvait plus dire à qui appartenait le sang qui rougissait la neige à leurs pieds. Tout ce qu’il voyait, c’était Luna qui luttait pour sa vie contre cet homme et lui qui ne pouvait rien faire, entravé ainsi par ceux qui auraient dû l’aider !

Il sentit sa présence avant même que leurs yeux ne se soient croisés. Fantôme émergeait des bois, son pelage se fondant toujours dans l’étendue enneigée mais ses yeux rouges le comprenaient. Il y lisait la même rage qui brûlait dans ses entrailles, et le direwolf si calme d’ordinaire était en train de s’élancer vers les combattants quand sa route fut barrée par Maytook.

Maudit animal ! Ne comprenait-il pas que s’il n’intervenait pas, Luna allait mourir ?

Mais Fantôme ne chercha pas à affronter le loup noir. Jon ne savait pas comment il le savait mais le loup blanc comprenait que faire du mal à Maytook reviendrait à en faire aussi à Luna, une chose à laquelle il ne pouvait se résoudre.

Et elle souriait. Qu’y avait-il donc de si bien à recevoir des coups et se faire taillader pour que cela vaille la peine de sourire ? Jon ne souriait pas en tout cas, ses poings étaient tellement serrés que ses jointures devaient en être devenues blanches sous ses épais gants noirs et son visage était figé dans le marbre, seuls ses yeux laissant percevoir sa rage à peine contenue.

Il crut que Luna avait gagné quand elle était finalement parvenue à le désarmer, et son cœur fit un bond en pensant que c’était enfin fini. Malheureusement, c’était sans compter sur la dague que l’homme avait aussitôt attrapée et plantée au niveau de son flanc.

Jon ne chercha même pas à retenir le coup de tête en arrière qu’il asséna à Ryles, et qui provoqua un craquement satisfaisant au niveau du nez du patrouilleur. Il ne perdit pas de temps pour se dégager de Ketter et brandir Grand-Griffe pour se précipiter en direction de Luna. Les sauvageons lui barraient cependant toujours la route, notamment « Barbe rousse », qui le regardait avec ce qui ressemblait presque à de la compassion.

Il était sur le point de charger quand la voix perçante de Luna retentit de nouveau.

- ISAAR !

Faisant preuve d’une énergie dont il ignorait la provenance, la sauvageonne avait réussi à se relever et à empaler l’homme sur son épée, sous les regards ébahis tant des autres sauvageons que des frères jurés. Snow n’entendit pas les paroles que murmura Isaar dans son dernier souffle, sa main posée su la joue de Luna. Tout ce qu’il vit, c’était la femme qu’il aimait, cette satanée tête de mule qui semblait déterminée à mourir quoi qu’il arrive, qui s’effondrait sur le sol comme une poupée désarticulée.

- Luna ! S’écria-t-il finalement, bousculant ouvertement l’un des sauvageons pour se frayer un chemin jusqu’à elle.

Pourquoi alors qu’il tombait à genoux près d’elle, essayant tant bien que mal d’arrêter le flot de sang qui s’écoulait de sa plaie, n’avait-elle que son nom à lui sur les lèvres ? Isaar… Est-ce que par delà la tombe, cet homme allait continuer à habiter chacune de ses pensées ?

Jon décida de chasser ses sombres pensées, pour le moment tout du moins. Il devait comprimer la plaie, sinon elle allait se vider de son sang sur la neige jusqu’à ce que mort s’en suive. C’était Mestre Luwin qui le leur avait appris, à l’époque où Jory s’était blessé à la jambe au cours d’une chasse. Les autres frères jurés furent lents à le rejoindre, lui apportant du vin et des linges propres.

Et comme si cela ne suffisait pas que ses mains tremblent sous la peur de mal la soigner, voilà qu’elle se débattait en tendant la main vers le cadavre du sauvageon, criant « Non ! » comme si elle voulait le voir revenir à la vie d’un moment à un autre. Jon aurait presque voulu que ce vœu soit exaucé, pour avoir la chance de lui mettre le feu… Pourquoi ressentait-il autant de colère ? Il aurait dû avoir dépassé ça, s’être détaché d’elle mais il n’y arrivait pas. Elle était comme une maladie, qui s’insinuait lentement dans ses veines pour le tuer à petit feu, et ça lui faisait mal, tellement mal à chaque fois qu’elle hurlait son nom à lui.

Sa colère trouva finalement une utilité, ses mains cessant de trembler tandis qu’il venait d’arracher ses vêtements par endroits pour désinfecter les plaies avec le vin, et qu’il s’évertuait à bander la plaie béante, sachant que son bandage de fortune ne lui permettrait en aucun cas de se remettre. Le seul qui pouvait la sauver, c’était Mestre Aemon, et Châteaunoir se trouvait à plus de trois jours de cheval d’ici…

La présence de Maytook auprès de Luna parut la calmer quelque peu. Au moins le direwolf trouvait enfin une utilité. C’était sans doute dur de sa part d’en vouloir à l’animal qui n’avait fait que respecter le souhait de sa maîtresse mais s’il devait être tout à fait honnête, Jon s’en voulait encore plus à lui-même. Pour ne pas avoir trouvé la force de se dégager avant, ce qui allait peut-être entraîner la mort de Luna.

Ne perdant pas un instant, il la prit aussi délicatement que possible dans ses bras, murmurant son prénom à voix basse :

- Luna...

Les sauvageons n’essayèrent même pas de lui barrer la route mais c’était sans doute davantage grâce à la présence des deux direwolfs qui cheminaient à ses côtés qu’autre chose. La neige avait commencé à tomber autour d’eux, mais Jon ne voyait pas la beauté des flocons, il ne contemplait que les yeux bleus de Luna qui s’étaient enfin posés sur lui.

- Pardon...

L’expression concentrée de Jon vacilla, remplacée l’espace d’un instant par l’inquiétude qui le dévorait de l’intérieur à l’idée qu’elle meure mais il se reprit bien vite, et ses traits se firent plus sombres, plus durs.

- Garde tes excuses pour plus tard parce que je ne te laisserai pas mourir.

Avec l’aide de ses frères, il hissa Luna sur le cheval le plus robuste, la faisant monter devant lui de peur qu’elle ne tombe s’il la laissait dans son dos. Jon n’aurait pas su dire ce qu’il ressentait en cet instant : de l’amour ou de la rage. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu’elle vive.

L’un de ses frères jurés osa enfin prendre la parole, lui jetant un regard éberlué.

- Tu vas ramener une de ces sauvages au Mur ?

Le regard noir que Jon lui lança fut suffisant pour qu’il n’en dise pas davantage. L’intendant savait que si sa relation avec la sauvageonne devait être révélée au grand jour, cela voudrait dire de gros ennuis pour lui. Pourtant, la rage qui pulsait au creux de ses entrailles avait l’avantage de lui faire oublier cette peur des plus fondamentales. Le ton avec lequel il s’exprima pour lui répondre était aussi froid que le vent qui soufflait dans la clairière où ils se trouvaient.

- Je vais sauver ce qui peut l’être. Si tu veux m’en empêcher, tu es libre d’essayer…

… au péril de ta vie. Ces mots n’avaient pas été prononcés mais si les yeux de Jon n’avaient pas suffi à le convier à son interlocuteur, les grognements de Fantôme s’en étaient chargés à sa place. Sans en dire davantage, le Bâtard de Winterfell partit au galop en direction du Mur. Serrant d’une main la jeune femme contre lui, il chevauchait aussi vite qu’il le pouvait, Maytook et Fantôme lui ouvrant la voie, telles deux ombres, l’une noire et l’autre blanche.

Ses frères d’armes avaient repris leur monture et chevauchaient derrière lui mais il les perdit bientôt de vue, trop préoccupé à atteindre le Mur le plus vite possible pour leur prêter davantage attention.

Un peu plus d’une journée s’était écoulée quand Jon arriva à Châteaunoir, son cheval rendant son dernier souffle quelques instants à peine après qu’ils fussent arrivés à destination. Le Lord Commandant n’avait pas posé de question tout de suite, en voyant l’état d’épuisement dans lequel se trouvait Jon, et s’était contenté de faire appeler Mestre Aemon pour s’occuper de Luna.

Tandis que Sam l’aidait à monter l’escalier qui le mènerait jusqu’à la tour du mestre, Jon raconta d’un ton monocorde au Lord Commandant ce qui s’était passé. Le sauvageon qui l’avait attaqué, le combat entre Luna et lui qui s’en était suivi, et la façon dont elle l’avait tué en dépit de ses propres blessures. Le Vieil Ours demanda quelques détails mais ne tarda pas à le laisser en compagnie de Sam, demandant au jeune Tarly de veiller à ce qu’il prenne du repos.

Pourtant Jon se contenta de s’asseoir sur une chaise, dans un coin de la pièce, pendant que Mestre Aemon, aidé de Clydas et Chett, s’affairait à essayer de sauver Luna. Ainsi assis, s’appuyant à Grand-Griffe comme pour se tenir éveillé, à moitié arqué sur sa chaise, avec Fantôme allongé à ses pieds, il avait l’impression d’être une de ces statues qui ornaient la crypte de Winterfell.

Même quand le vieux mestre lui assura qu’elle vivrait, il demeura à sa place, toujours assis sur sa chaise, ses yeux injectés de sang par le manque de sommeil. Il veillerait aussi longtemps que nécessaire, ou jusqu’à ce que la fatigue ait raison de lui. Tant qu’il pouvait voir sa poitrine se soulever, c’était qu’elle vivait.

Une heure s’écoula encore avant que l’épuisement n’ait raison de lui. Pourtant, si ses yeux se fermèrent, et qu’il se retrouva à moitié avachi sur la chaise, les yeux rouges de Fantôme restaient ouverts, fixés sur le lit.

Sujet: Re: [La Forêt Hantée] Neige écarlate - PV Jon 09.12.14 1:02

Hermine venait d’apprendre que Jon Snow était rentré de sa mission, elle aurait sauté de joie si on ne lui avait pas dit qu’il était avec un blessé grave et lui-même dans un état qui laissait à désirer. La malédiction qui voulait que toutes les personnes qu’elle aimait meurent la poursuivait toujours. Inquiète pour lui elle se précipita dans la cellule qu’on lui avait indiquée ne se souciant nullement des rumeurs qui couraient comme quoi le blessé n’était pas un de ses frères mais une sauvageonne. Cela faisait grand bruit, mais la rouquine était bien placée pour savoir qu’aimer les sauvageons n’était en rien une tare, elle ne voyait pas trop le problème et ne comprenait pas qu’on puisse lui en vouloir de l’avoir ramenée ici puisqu’elle était blessée. Mestre Aemon allait la soigner et tout irait pour le mieux, Jon avait eu raison de vouloir sauver un être humain. Surtout si, comme prévu, il fallait aller au Nord du Mur pour chercher des armes en obsidienne. Surtout si, comme elle avait entendu de-ci delà, il fallait négocier avec le peuple libre une alliance contre les Autres.

Elle entra en trombe dans la chambre et s’apprêtait à sauter au cou du bâtard lorsqu’elle se rendit compte qu’il dormait aussi profondément que la sauvageonne blessée. Fantôme se retourna vivent vers elle et elle sursauta, mais prenant son courage à deux mains, elle lui dit :

__ Tu sais que j’veux pas lui faire de mal grand loup gentil. Laisse-moi faire. Tu t’occupes toujours bien de lui, mais t’as pas de main, il y a des choses que tu peux pas faire. »

La jeune fille s’accroupi et tendit la main pour faire connaissance et lui faire sentir ses bonnes intentions, lorsque elle fut à peu près certaine de pouvoir s’approcher sans se faire manger, elle se redressa et avança jusqu’à Jon. Le direwolf blanc ne la quittait pas des yeux, mais il semblait décidé à lui faire confiance. Elle recouvrit le jeune homme avec la fourrure qu’il portait et essaya tant bien que mal de le remettre dans une position plus confortable, ou en tout cas moins tordue, en le calant avec la couverture improvisée. Elle irait en chercher une autre après et aussi un bon repas chaud et un peu à boire, mais d’abord, elle devait s’assurer que la sauvageonne allait bien. Elle s’approcha du lit et vérifia qu’elle respirait bien avant de remonter les couvertures sur elle et de bien la border pour qu’elle n’attrape pas froid dans son état. C’est alors que la fourrure qui recouvrait le lit se mit à bouger et se leva, plantant des yeux féroces sur la rouquine qui en eut le souffle coupé et tomba à la renverse en couinant.

Elle n’eut pas le temps de reconnaître son amie et sauveuse en la personne qui gisait sur le lit qu’elle se retrouvait attaquée par un autre direwolf qu’elle ne connaissait hélas pas et qui était bien plus sauvage en un sens que Fantôme. Il lui sauta dessus et elle se retrouva en boule sous ses grosses pattes et protégeant sa tête de sa gueule qui grognait un avertissement sans appel. Mais étrangement, la position de soumission dans laquelle elle se trouvait et l’absence de réflexe défensif agressif envers lui suffit au loup pour ne pas la tuer. Il regarda fantôme qui l’avait laissée entrer et un dialogue silencieux s’engagea avec une Hermine terrorisée toujours à la merci du loup noir.

__ Je voulais juste savoir si elle allait bien grand loup noir. Tu la protège je comprends mais je vais pas lui faire du mal, je t’assure. Dis-lui fantôme… »

Maytook la renifla longuement et la laissa finalement se redresser lentement sans la perdre des yeux et en la menaçant toujours de ses crocs découverts. Elle comprit aisément qu’il ne fallait pas approcher et s’apprêtait à quitter la pièce pour aller chercher à boire et à manger ainsi que quelques couvertures supplémentaires. Elle l’ignorait toujours, mais le loup, les deux loups l’avaient sentis, elle portait un enfant en son sein, elle n’était en rien une menace, bien au contraire, même si elle ne faisait pas vraiment partie de la meute, elle méritait leur protection ou en tout cas elle ne méritait pas de mourir.

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