[Port Réal] Une opportunité à saisir (PV Ades Overton)

Sujet: [Port Réal] Une opportunité à saisir (PV Ades Overton) 29.12.14 17:06

Gyles Rosby

An 299, Première Lune, Semaine 3, Jour 5
Port Réal

Perwyn avait quitté la capitale depuis un mois et à peine celui-ci reparti vers le Conflans, Lord Rosby avait reçu une missive de la part de Benfrey lui annonçant l'intention du sire du Pont de marier la Grêlée au nouveau Grand Argentier. Gyles n'avait qu'un fils et ce dernier avait déjà convolé ; il n'avait point eu la chance du Tardif d'avoir engendré nombreuse progéniture qui lui aurait permis de nouer moult alliances. Néanmoins, sa nièce, Bethany avait donné six rejetons à son époux ; par conséquent, le seigneur de Rosby pourrait peut-être bien profiter de l'opportunité afin de conclure des accords avec le gendre que Lord Walder avait choisi.

Malgré la tentation, Gyles avait hésité un long moment ; après tout, bien que sa parente, la Grêlée n'était point sa fille. Pourtant la lettre de Perwyn qu'il venait de compulser contait que les négociations entre cet Overton, qui semblait avoir le vent en poupe, et la maison Frey allaient bon train. Or, à l'approche de l'hiver, des traités entre Fort de Glace et Rosby pourraient s'avérer bénéfiques pour les deux partis.

Le vieil homme toussa bruyamment, maintenant contre sa bouche un carré de tissu qu'il macula d'écarlate. Avec cette saleté de maladie, il risquait de ne pas faire long feu ; autant profiter du temps qui lui restait pour assurer la prospérité de sa maison. Il se leva de son siège et quitta ses appartements de l'hostel des Cuisines. Il traîna sa souffreteuse carcasse d'une démarche cahin-caha jusqu'au lieu où résidait le Nordien et s'arrêta devant la porte de celui-ci.

— Mon brave, apostropha-t-il le garde en faction, pourriez-vous annoncer au sire Overton que Lord Rosby souhaite s'entretenir avec lui ?

Il espérait ne point avoir fait le chemin pour s'entendre répondre que le jeune homme n'était pas disponible, ce qui était probable étant donnée la nouvelle position de celui-ci à la cour.

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Lorsque le garde vint le voir pour lui parler de Lord Rosby, le jeune homme se demanda un instant ce qui pouvait bien amener Gyles Rosby pour le voir. Le vieil homme était connu pour deux choses : sa richesse et sa toux, ni l'une ni l'autre n'était particulièrement visé par le Grand Argentier en ce moment. C'est seulement au bout de quelques secondes qu'il se rappela Lord Walder et les lettres échangées. Le lien entre la maison Rosby et la négociation ne lui était pas apparu immédiatement mais il était toujours difficile de se rappeler les multiples embranchements des Frey. Ades se vantait de connaître par cœur un certain nombre de lien et mariage entre différentes maisons des Sept Couronnes, mais la famille Frey était un inextricable dédale pour lui.

Le garde fit entrer le plus rapidement possible Lord Rosby et Ades l'attendait déjà derrière la porte, avec un sourire et une main tendue.

- Lord Rosby, c'est un honneur et un plaisir de vous voir. Installez-vous.

Le gamin qu'on avait placé à la tête des finances du Royaume avait la démarche boiteuse mais plutôt bien assuré, tandis qu'il accompagnait le vieil homme jusqu'à un large bureau de bois. De nombreux parchemins étaient étalés là, rangés d'une manière bien étrange mais qui semblait faire sens pour Ades Overton.

- J'ai envoyé chercher un peu de vin et d'eau, comment allez-vous ?

Pendant qu'il passait sur les politesses d'usage, le jeune homme rangeait méticuleusement quelques papiers. Les finances lui prenaient un temps considérable mais il était des choses dont il devait s'occuper rapidement aussi, étonnamment un contrat de mariage était une priorité pour lui. Il avait à présent un nom et une position qui lui permettait de rencontrer certaines personnes, notamment ce Gyles Rosby à qui il adressait ce sourire calme et froid typique du nordien. Plus vite l'affaire serait scellée, plus vite il pourrait repasser à l'interminable liste de dettes des Sept Couronnes.

Le regard vairon se planta sur le visage du vieil homme, tout ancien qu'il soit, Robsy ne semblait pas sénile et s'il s'était déplacé. C'était pour une bonne raison, à n'en pas douter, il devait avoir une idée derrière la tête.

- Que puis-je pour vous, Lord Rosby ?

Gyles Rosby

Gyles fut bientôt introduit auprès du Grand Argentier et sourit à ce dernier, tandis qu'il allait à sa rencontre.

— Le plaisir est pour moi, déclara-t-il en lui serrant la main. Je me doute que les affaires du royaume vous occupent grandement et j'espère ne point vous importuner ?

Jusqu'à présent, le vieillard n'avait pas pris le temps de discuter avec le Nordien, pas même après qu'il eût été blessé en sauvant la vie de la princesse Myrcella. Pourtant, le jeune homme ne s'en montrait pas moins avenant.

— Je vous remercie, c'est très aimable à vous.

Lord Rosby s'assit avec un soulagement non feint. Bien qu'il n'eût jamais été particulièrement robuste, il regrettait la vigueur de ses vingt ans ; qui ne le ferait pas à son âge et avec une forme si déplorable, après tout ?

— La toux et la vieillesse sont une véritable guigne, répondit-il, je crois que je ne vous apprends rien. Toutefois, ma santé n'a point empiré ces derniers temps, ce qui est déjà bien. Et de votre côté, comment vous accoutumez-vous à votre nouvelle position ?

Gyles affichait un air serein, confiant que le probable futur époux de sa parente serait intéressé par ce qu'il lui proposerait.

— On m'a vanté votre intelligence et si vous êtes parvenu à occuper une place au Conseil à un si jeune âge, cela tend à confirmer ce que l'on m'a conté. Donc, avez certainement une idée du but de ma visite.

Le souffreteux ne se laissait pas troubler par le regard particulier de son interlocuteur. Peu importait l'apparence de ce dernier et ce que pouvait bien en penser la Grêlée ; ce qui primait dans la négociation d'un mariage était le profit des maisons impliquées.

— J'ai eu vent que Lord Walder vous avait écrit à propos de sa fille, Walda, précisa le sire de Rosby, même si cela s'avérerait sûrement inutile. J'admets que je n'ai encore eu le plaisir de la rencontrer, mais Perwyn et Benfrey m'ont parlé d'elle et m'ont dit que vous vous entendiez bien avec elle.

Nul doute que la perspective de convoler avec cette demoiselle devait plaire à Overton, d'autant plus que la maison du Pont comptait parmi les plus influentes du Conflans ; pas étonnant que les pourparlers avec le Tardif avançassent bon train.

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Tout vieillard qu'il était, Rosby était encore capable de la politesse élémentaire que certains anciens se prenaient à oublier, il était d'ailleurs réputé pour ses manières se souvient Ades alors qu'il l'amenait jusqu'à la table des négociations. Le jeune homme commença donc par le rassurer à ce sujet, que ce soit vrai ou non, son hôte n'avait pas à sentir qu'il l'importunait.

- Les affaires du Royaume ont ceci d'admirable qu'elles ne quittent jamais mon bureau, je pourrais les retrouver sitôt après notre conversation, Lord Rosby.

Le commentaire sur sa santé n'était pas étonnant, s'il n'était pas rare d'atteindre un âge aussi avancé que Gyles Rosby, il l'était beaucoup plus d'être encore capable de gambader, voire de simplement marcher, à une telle période. Rosby pouvait bien être malade, au moins semblait-il se souvenir de ses obligations. Une pointe de glace traversa la poitrine d'Ades alors qu'il songeait à sa père, pourtant encore jeune et déjà l'esprit troublé par la vieillesse. Il n'avait plus reçu de lettre depuis quelques temps maintenant et se demandait s'il devait s'en inquiéter ou incriminer les corbeaux.

- La fonction s'accoutume à moi. Entre nous, Lord Baelish avait laissé notre trésorerie dans un état ... particulier. Mais je suis sûre que d'ici quelques temps, elles seront pleinement remises, je ne m'inquiète pas.

Critiquer son prédécesseur n'était pas à proprement parler la plus belle chose à faire mais cela avait l'avantage d'être vrai. Quand on connaissait les activités secrètes de Littlefinger, on ne pouvait que douter de la loyauté de ceux qui le servaient, Ades était occuper à lister tous ceux qui pourraient représenter un danger pour le Royaume, et la liste était déjà trop longue.

Le temps que les salutations et politesses d'usages passent, un serviteur était venu leur apporter le vin et l'eau. Ades servit le premier verre complet à Lord Rosby et remplit le second à moitié, avant de compléter avec de l'eau. S'il devait recevoir d'autres visites aujourd'hui, il était hors de question de finir saoul au bout de deux. Le jeune Grand Argentier écoutait gracieusement et même avec un léger sourire.

- J'ai reçu en effet quelques missives de Lord Walder. Pour tout dire, j'étais très honoré de son offre.

Le jeune homme se souvenait bien de quelques visites aux Jumeaux et de Walda, mais jamais il n'avait envisagé une union avec la maison Frey, ou en tout cas pas aussi direct. Walder Frey avait des dizaines d'enfants, certes, mais Walda était tout de même une de ses propres filles et non une cousine éloignée née d'une petite cousine d'une des nombreuses branches de la famille. Si le vieux Lord lui proposait pareille alliance, Ades ne se faisait pas d'illusion, c'était que la trésorerie du Royaume l'intéressait et il savait qu'un Overton ne pouvait refuser pareille alliance, même s'il s'était assuré de cela dans ses lettres.

- Tout à fait, Walda est dans mes souvenirs une jeune femme exquise, à l'esprit vif et beau. Nous avons eu quelques conversations toujours très intéressantes.

Flatter son interlocuteur était toujours un pas en avant, même indirectement. Après tout, Walda était bien issue de Bethany Rosby, nulle doute qu'elle avait dû hériter de quelques qualités de cette famille. Et bien sûr cela expliquait la présence de Gyles dans son bureau, Ades fit tout de même le premier pas vers la négociation, puisque c'était sûrement de cela qu'il s'agissait. Il ignorait toutefois ce que le vieux Lord avait en tête exactement.

- Ce sera un première pour ma maison d'être ainsi liée à des familles du Sud, les Frey sont très réputés partout au-delà du Neck, et tout le monde à Port-Réal connaît les Rosby.

Gyles Rosby

Gyles remarqua le trouble de son interlocuteur. Or, il paraissait peu vraisemblable que ce dernier s'inquiétât pour le sire de Rosby, qu'il rencontrait pour la première fois.

— J'espère que le seigneur votre père se porte bien, déclara le vieil homme.

Celui-ci connaissait bien la généalogie des Sept Couronnes, bien qu'il ignorât presque tout de Lord William. Aussi, même s'il ne souhaitait pas se montrer indiscret, il jugeait plus courtois de s'enquérir de la santé du géniteur du Grand Argentier, d'autant plus face à l'expression d'Ades.

Le souffreteux n'émit pas de réflexion à la mention peu flatteuse de Littlefinger et ne s'étonna guère d'ouïr tels propos au sujet de celui-ci après ce qui avait été conté lors du procès de Lysa Arryn.

— Je vous fais pleinement confiance sur le sujet des finances du royaume, répondit-il. Après tout, vous êtes le mieux placé pour connaître leur état et je doute fortement que le roi vous aurait nommé au hasard à cette fonction.

Malgré que le Nordien eût porté secours à la princesse Myrcella lors des événements qui avaient suivi le Tournoi de la Main, le poste que celui-ci occupait à présent ne pouvait constituer une récompense pour un geste héroïque. Il fallait absolument quelqu'un d'habile pour gérer la Trésorerie, même un idiot devait bien s'en rendre compte.

Lord Rosby prit la coupe que le jeune homme lui offrait et le remercia.

— Et l'on m'a dit qu'elle bien plus jolie que son surnom de « Grêlée » le laisse à penser, ce qui n'est certainement pas pour vous déplaire, signala-t-il, ravi du compliment concernant la demoiselle qui sous-entendait l'intérêt du brun.

Il savait que le Tardif avait peine à marier la première fille de sa sixième épouse et qu'il avait essuyé un refus de la part de Lord Hoster. Le natif des Terres de la Couronne avait eu vent de ce que mijotait le sire du Pont, bien qu'il n'en pipât mot, et comprenait que si la manœuvre n'aboutirait peut-être pas, au moins le patriarche de la maison Frey se débarrassait d'une demoiselle qui trouvait difficilement preneur, l'introduisant cependant à la cour, là où résidait actuellement le père du gendre qu'il désirait et où passaient nombre de bons partis. Ainsi, si Walda parvenait à faire bonne impression et se faire remarquer pour ses vertus, le seigneur des Jumeaux aurait beaucoup à y gagner.

— Avec l'hiver qui approche, il m'apparaît qu'une telle alliance tombe à pic, continua Gyles avec un sourire. Il faut emplir les greniers ; or la production agricole du sud est bien plus abondante que celle du Nord.

Si Winterfell possédait un jardin de verre, ce n'était possiblement pas le cas pour Fort de Glace et le rendement d'une telle installation ne suffirait probablement pas à ravitailler tous les gens des Overton.

— De même, bien que le climat du sud est plus clément, le froid n'en demeure pas moins mordant. Or c'est dans votre province natale que l'on trouve les fourrures les plus chaudes et si je ne m'abuse, le commerce du bois doit s'avérer rentable, par les temps qui courent.

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Il était difficile pour Ades de savoir à quel point Gyles Rosby était renseigné sur sa famille et sur l'état de santé de son paternel. Peut-être s'agissait-il simplement de politesse, ou peut-être le jeune homme avait-il laissé échapper un quelconque indice qu'un homme comme Rosby avait détecté rapidement. Même dans une famille aisée, on en devenait pas aussi riche sans avoir un certain sens du détail. En tout cas, le jeune Overton prit la chose calmement et se contenta d'évacuer le sujet avec un demi-sourire.

- Il se porte bien tant que notre domaine se porte bien.

Ils en eurent toutefois finit assez rapidement avec les politesses d'usage et passèrent au sujet qui devait les intéresser tous les deux. Le mariage à venir et notamment la mariée. Le Sire de Rosby se sentit obliger de vanter la beauté de la jeune femme, ce qu'Ades n'avait pas besoin qu'on lui rappelle. Cela faisait quelques temps qu'il ne l'avait pas vu certes mais il se souvenait encore de la jeune fille du pont et de son surnom immérité. Le jeune homme acquiesça donc distraitement, avant de passer à la partie la plus croustillante de l'entretien.

Il fallait s'y attendre, le Sire de Rosby savait saisir les opportunités quand elle lui passait sous le nez. Non que cela dérange véritablement le jeune homme, lui aussi était en recherche de ce genre d'opportunités. Il répondit donc avec tout le calme nécessaire.

- Vous avez bien raison, c'est même pour cela que j'étais descendue dans le Sud à l'origine. Il s'avère que mon voyage s'est un peu éternisé.

Il sourit et fit mine de réfléchir quelques instants. Le marché que Gyles Rosby proposait sous ses belle paroles était parfait pour eux deux. Cependant le vieil homme avait bien pris garde à ne pas l'évoquer trop ouvertement. Il n'y avait toutefois pas de raison de faire traîner en longueur les négociations, surtout à présent que le jeune homme avait des responsabilités. Ades prit donc l'initiative.

- J'ai bien l'intention de faire profiter les Jumeaux de toutes les ressources dont ils pourraient avoir besoin au Nord, mais je n'avais pas encore envisagée une alliance de cette nature avec la famille Rosby, bien qu'elle puisse être très profitable. Notre port exporte les fourrures et le bois de la famille Bolton, nous pourrions en fournir en assez grande quantité, si cela devait vous intéresser, Lord Rosby.

Le Grand Argentier croisa les mains sur son bureau en plantant son regard vairon dans les yeux du vieillard. Il avait posé les choses immédiatement telles qu'elles étaient, pour voir sa réaction.

Gyles Rosby

Gyles ne se laissa guère fourvoyer par la réponse du jeune homme. Il devinait que la trouble de celui-ci, lorsqu'il avait évoqué sa santé fragile, signifiait qu'une telle chose le touchait personnellement. Or, le Grand Argentier semblait en forme ; donc la maladie frappait quelqu'un de son entourage, une personne qu'il affectionnait particulièrement. Néanmoins, le vieillard n'insista point sur le sujet ; c'eut été fort grossier de sa part.

— Votre voyage s'est éternisé pour d'excellentes raisons, affirma-t-il. Non seulement vous avez obtenu un siège au Conseil, vous aurez sûrement noués des accords avec deux maisons de bon statut. De plus, à votre retour dans à Fort de Glace, vous aurez convolé, espérons-le depuis longtemps, et qui sait ? Peut-être même engendré quelques héritiers.

Si l'influence actuelle des Overton dans le Nord n'égalait pas celle des Rosby ou des Frey dans leurs provinces respectives, un bel avenir semblait s'ouvrir devant Ades. Miser sur cette perspective pourrait donc s'avérer une juteuse affaire.

— Je crois, qu'une telle alliance se révélerait, en effet très profitable, approuva le souffreteux. Autant pour votre maison que pour la mienne.

Bien qu'il dût de nouveau étouffer une quinte de toux dans un carré de tissu, la crise passée, il arborait encore un sourire serein. Il but une gorgée afin de soulager sa gorge irritée, puis reprit.

— Je me doute que vous savez tout comme moi que l'hiver qui approche s'annonce bien long et rude. Mes gens et moi-même aurons besoin de nous chauffer ; nous nous accoutumons difficilement au froid. De votre côté, peut-être avez-vous un jardin de verre, comme on rapporte qu'il en existe à Winterfell. Toutefois, une fois vos greniers vides, cela suffira-t-il à nourrir tous les habitants de votre domaine ? Et puis, les Nordiens ne se montrent-ils généralement point généreux en fournissant vivres et matériel à la Garde de Nuit ?

Il n'argumenta point plus longuement. Son interlocuteur connaissait, à coup sûr, déjà parfaitement les enjeux. Si le Tardif pouvait grandement aider les résidents de Fort de Glace à subsister, il devait également s'occuper de son propre domaine et honorer les contrats qu'il avait conclus avec d'autres seigneurs. De même, même si les vivres en provenance du Conflans ne se révéleraient certainement pas négligeables, la saison froide promettait de durer davantage que les dernières ; qui savait si l'appui de la maison du Pont suffirait à préserver les gens des Overton de la famine ? Par conséquent, en nouant des accords avec Lord Gyles, le Grand Argentier bénéficierait d'une garantie supplémentaire contre ce risque.

— Il est inutile de débattre des avantages que vous pouvez tirer en vous alliant aussi à ma maison, je pense, déclara le vieil homme. Je devine que vous en êtes bien plus conscient que moi.

Il subodorait qu'il serait inutile de rajouter quelques dragons d'or à la dot de la Grêlée ; il n'ignorait guère que le Tardif en pourvoyait de rondelettes à ses filles. Cependant, Rosby ne rechignerait pas à y contribuer ; bien entendu, la somme serait moindre à celle fournie par le Sire du Pont car Walda dépendait avant tout de l'autorité de son géniteur.

— Je me rends compte que les affaires de l’État demandent assez de votre temps pour que je n'en abuse pas plus que nécessaire. Je propose donc de négocier les termes dans un premier temps. Lorsque nous aurons convenu de ceux-ci, je me chargerai de les coucher sur le parchemin ; de cette manière, il vous suffira de lire afin de vérifier que tout est en ordre avant de signer. Cela vous convient-il ?

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Puisqu'ils en avaient enfin terminés avec les présentations, les politesses et les détours, ils pouvaient évoquer la raison de leur présence respective de façon directe. Lord Rosby passa immédiatement à l'offensive avec un sujet qu'aucun Nordien ne pouvait ignorer. L'hiver vient comme aimaient à le rappeler les Stark et tout le monde savait ce que cela voulait dire. Ades n'en avait pas connu de grands mais celui-ci promettait d'être long et terrifiant, le jeune homme en savait quelque chose. Il n'avait donc pas besoin des mises en garde de son interlocuteur, ils auraient besoin de nourriture, surtout quand ses terres étaient en phase de se développer. Il devait prendre toute l'aide disponible, surtout si ça ne lui coûtait rien.

- Vous avez parfaitement raison, Lord Rosby. Cet hiver promet d'être long et jamais un Nordien ne tournerait le dos à la Garde de Nuit au cours d'une telle période, nous aurons donc besoin de vivres.

Inutile d'ajouter que Port-Glacé en aurait d'autant plus besoin qu'il projetait de l'agrandir. L'hiver n'était peut-être pas la meilleur période pour cela, mais si l'endroit pouvait être prêt au retour de l'été, le jeune homme n'en serait que trop content.

Puisque les termes commençaient à se préciser, Ades aurait pu tenter une négociation plus ardue. La Maison Swyft était riche et liée à celle des Frey, mais il ne voulut pas en demander d'avantage. La somme n'aurait été que substantiel, et il préférait un contrat signé de bonne volonté avec des bons termes qu'une somme rondelette accompagné d'un traité qui pourrait être brisé à la moindre occasion.

- Puisque nous sommes d'accord sur ce points, Lord Rosby. Parlons peu, mais parlons précisément.

Ades tira un parchemin vierge d'une pile et trempa sa plume dans l'encre noir. Il rassura le vieil homme d'un geste de la main.

- Je ne rédige pas les termes finaux, mais une trace écrite est toujours utile. Alors, de quel quantité parlons nous ? En terme de navire, de couverture et de vivres ?

Ils savaient tous les deux qu'ils venaient de passer un premier cap des négociations. Le second allait être le plus intéressant aux yeux d'Ades, s'amuser avec les chiffres jusqu'à ce que les deux partis en soient satisfait. Ne resterait qu'à coucher tout cela sur papier et ils pourraient chacun s'en retourner à leurs occupations avec la sensation d'avoir fait leur travail.

Gyles Rosby

Gyles souriait, satisfait de constater que son offre intéressait le Nordien.

— Vous avez parfaitement raison, approuva le vieil homme lorsque son interlocuteur eut sorti de quoi écrire.

Après tout, si le souffreteux possédait encore un esprit vif, sa mémoire ne s'en avérait point moins faillible. Il risquait donc d'oublier certains détails ou de confondre des chiffres au moment de rédiger le contrat.

Il réfléchit un court instant avant d'annoncer les quantités nécessaires pour Rosby, puis celles que lui-même pouvait raisonnablement proposer pour Port-Glacé. Il devait tenir compte des besoins de son fief, de ses engagements envers d'autres seigneurs, ainsi que des moyens dont disposaient les Overton. Par conséquent, le grand-oncle de la potentielle fiancée ne se montra point trop gourmand, préférant que les négociations se déroulassent le plus sereinement possible ; une alliance n'en est véritablement une que lorsque les deux partis en tirent profit.

La discussion continua un moment, ponctuée de-ci de-là par une quinte de toux, jusqu'à ce que les nobles convinssent de termes qui les contentaient tous deux.

— Je me réjouis que nous soyons parvenus à un accord, déclara le natif des Terres de la Couronne, une fois que les pourparlers furent clos.

Les lèvres légèrement courbées, il se leva de son siège avant de tendre la main de son vis-à-vis afin de serrer la sienne.

— Je vous remercie d'avoir accepté de me recevoir et j'espère ne point trop avoir accaparé votre temps. Je vais à présent vous laisser aux affaires de l'État.

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Coucher sur papier le moindre chiffre et le moindre détail de la négociation n'était pas un travail des plus plaisants mais on apprenait très vite à prendre cette habitude quand on voulait s'occuper précisément des finances. Ades l'avait quant à lui appris bien avant son départ de Fort-de-Glace pour rejoindre Port-Réal, il ne venait pas en amateur et comptait bien se comporter ainsi même dans le cadre plus privé que constituait les négociations entre deux familles bientôt unies.

Heureusement pour les deux partis, Lord Rosby se montra très raisonnable dans ses offres et ses demandes. Quant à savoir si c'était pour ne pas faire traîner les négociations ou simplement par respect de son interlocuteur, Ades ne pouvait le savoir, mais il lui en était reconnaissant dans tous les cas. Si les derniers événements lui avaient un peu fait perdre de vue la raison de sa présence si loin au Sud, il n'oubliait pas qu'il était aussi de son devoir d'héritier de forger des alliances avec qui il était possible, autant qu'il était possilbe. Toutes ne passaient pas par un mariage.

Calmement, méticuleusement, le jeune homme nota et consigna, jusqu'à ce que les derniers mots soient dits et que les deux hommes se soient finalement mis d'accord sur quantité, date, etc. Il fit tourner délicatement le parchemin vers son interlocuteur pour lui offrir la possibilité de relire à l'envie, bien qu'il doute que ce soit le cas. Ils en avaient terminés et c'était heureux. Attrapant sa canne, Ades se remit debout immédiatement pour serrer la main tendue.

- Lord Robsy, j'aurais toujours du temps à accorder à des hommes tels que vous. On tend à oublier qu'il est possible de discuter normalement, lorsqu'on plonge dans ces livres. Je vous prie bien de repasser si vous désirez me soumettre un problème.

C'était la formule de politesse habituelle, bien sûr, mais il était aussi important pour le jeune homme de maintenir de bonnes relations en dehors du commerce. Et si cela devait passer par être un peu plus à l'écoute d'une famille quand il s'agissait des finances du Royaume, il pouvait bien faire l'effort.

Poliment, le jeune homme raccompagna son interlocuteur jusqu'à la porte. Également pour s'assurer qu'il ne devait recevoir personne d'autre dans la journée.

- Passez une bonne journée, Lord Rosby. Vous pourrez assurer à Lord Walder, comme je le lui ai déjà dit, que je serai ravi d'accueillir Walda à Port-Réal.

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