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[Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave

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MessageSujet: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime28.06.14 7:51

Année 298 | Lune 13 | Semaine 2 | jour 6

Les retrouvailles avec mon frère s'étaient passées exactement comme je le pensais. Il était la créature parfaite de mon père, lui ressemblant tellement. Alors que j'étais celle de mère. Une âme damnée paraît-il. Je ne voulais vivre entre ses mots emplis de poison, j'étais partie pour lui échapper. Et je n'étais pas revenu pour elle mais bien pour le mariage de ma petite soeur. Toutes ses filles, toutes ses putains que j'avais côtoyé avaient essayés vainement de me faire oublier ma génitrice. Je me mentais en me disant qu'elle était sortie de mes pensées. Elle hantait encore mes rêves. J'étais donc prêt à faire ce pourquoi j'étais revenu. Revoir la vipère du Conflans. Affronter son amour et la douleur de mon coeur. Affronter mon instinct de survie qui me hurlait de fuir à toute jambe. Mais s'il y avait bien un trait de caractère que j'avais en commun avec mon père, c'était bien que j'étais loin d'être lâche. Même si la déesse était ma mort, je resterai la voir. Je ne savais mentir devant elle. Je ne savais affronter sa machination. Je n'étais qu'un pion pour elle, mais un esclave tellement consentant de ses chaînes et avide de les retrouver.

J'avais croisé Larra au passage. La prostituée me jeta un regard lourd de sous entendu avant de me susurrer que sa couche m'était ouverte cette nuit si je voulais. Elle disparu dans un souffle, impossible de savoir où elle pouvait être partie, sans même me laisser le temps de lui répondre. Si tu savais, toi, dangereuse à la peau si brune. Même si ta couche me fut une douce étreinte de mes amours de Beaumarché, pour cette nuit, je rêvais d'une autre couche. Une dans laquelle j'avais dormi bien des nuits. Une qui fut la scène d'un pièce qui me fit jurer de trancher la gorge d'un des protagonistes et de protéger, jusqu'à la mort s'il le fallait, l'autre. Je fus accueilli par des cris de joie de la part des domestiques et je leur soufflai de me faire couler un bain bien chaud et de ne surtout pas prévenir ma mère tout de suite de mon retour. J'avais été rapide. Mais avant de la voir, je voulais me décrasser. Lui paraître presentable, aussi beau que si je n'étais jamais parti. Mon absence avait dût être longue mais je n'avais aucune honte d'avoir quitter Beaumarché aussi longtemps. Après tout, je devais prendre mon envol un jour. Les oiseaux étaient faits pour voler. Qu'importe les paroles de ma génitrice. C'était avec délice que je m'étais coulé dans l'eau brûlante, fermant les yeux et savourant ses quelques précieuses minutes de paix. Elle devait déjà m'attendre. Où le ferai-je moi-même. Non... Les domestiques n'avaient sûrement rien écouter de mes paroles et lui avaient apprit que j'étais là. Après tant d'années, ils devaient aujourd'hui lui être tous entièrement dévoués et s'ils ne l'étaient pas, ils devaient bien trop craindre ses colères pour oser ne pas lui avouer le retour de l'enfant qu'elle attendait avec tellement d'impatience. Je m'immergeai totalement dans l'eau, retenant ma respiration le plus longtemps possible avant de sortir, haletant. J'étais masochiste de revenir ici, que se soit pour ma soeur ou non. La jeune fille ne méritait pas ça. J'aurais dût faire la sourde oreille à la lettre de ma mère. Ne jamais rentrer. Continuer tout simplement à visiter les grandes villes, à courir pour lui échapper. Ses fillets qui tels ceux qui entravent la mer me ramenaient toujours à ses côtés. Que n'aurais-je donné pour fuir bien loin d'ici. Je n'en avais pas le droit. C'était mon devoir d'héritier.

Après avoir totalement rasé ma barbe, me laissant aussi glabre qu'un jeune homme, je mis un peu d'ordre dans ma tignasse. Je devrais me faire couper les cheveux comme ceux de père mais je n'avais pas le temps d'entretenir avec un soin digne des hommes de la cour ma chevelure d'ébène. La bague des Desdaings au doigt, des vêtements propres sur le dos, je pris une profonde inspiration. Je me jettai de moi-même dans la gueule du loup, presque avec un sourire. Si mon corps tout entier me hurlait de fuir, je ne l'écoutais pourtant pas. Si elle m'avait juré que j'étais le meilleur quand j'étais petit et le seul homme qu'elle pouvait aimer, je voulais aujourd'hui plus qu'un amour enfantile. J'avais grandis, mes désirs avaient fait de même...

Je sortis de la chambre qui avait été la mienne petit, même si je n'avais que rarement dormi dans ses dras, partageant ceux de ma mère et tremblant devant ses vipères semblables aux gens et, avisant un domestique, je lui ordonnait :

Dites lui que je suis là.

C'était une voix d'homme qui avait donné cet ordre. J'étais partie enfant. Voilà 5 ans que j'étais venu chercher l'épée de ma famille et que je n'avais jamais remis les pieds dans la ville de mon enfance. Rien n'avait changé. Toujours la même beauté des lieux, toujours la même crainte de ma mère. Si il y avait bien une chose que je savais, c'était que le peuple se méfiait d'elle. A juste titre. Elle était dangereuse. J'attendais patiemment, mon coeur près à exploser, mon estomac faisant des demi tours sur lui même dans mon ventre. J'avalais et ravalais ma salive avec angoisse et ma jambe droite tremblait, comme un signe annonciateur d'un immense danger. Je tentais de calmer mon stress. Je n'étais normalement plus un enfant apeuré, je l'avais prouvé à de nombreuses reprises. Mais outre l'amour interdit qu'elle faisait naître en moi, c'était la peur de la déception qui m'envahissait à chaque minutes qui dans mon esprit se faisaient heures. J'avais l'impression que c'était hier qu'elle berçait conte son sein le petit garçon que j'étais, m'assurant de ma force et de ma perfection, installant dans mon esprit ce qui ferait de moi un homme à son unique service. Cette puissance de manipulation qui s'était transformée en amour. Car je savais de quoi il en retrouvait. Mon coeur qui battait vite, mes jambes qui se faisaient lourdes. Je n'avais aucun excuse, seulement des explications. Et si le mariage d'Alyssa n'était qu'une excuse de plus de sa part pour me faire revenir à ses côtés. Si c'était le cas, elle avait férocement gagné. Car j'avais marché comme un nouveau né jusqu'à ma plus belle torture. J'étais fou. Rendu fou par des illusions. Et pire que tout, comme je l'avais si bien montré, je prenais sa défense quoi qu'il m'en coûte. Un chien bien dressé qui revient vers son maître, pleinement conscient de la force qu'il a sur lui.


Dernière édition par Alessander Desdaings le 05.10.14 20:33, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime28.06.14 13:29

Cette journée avait été longue et ordinaire. Ainsi, le temps avait été radieux, et l’activité de Beaumarché n’avait pas décrue, faisant honneur à sa réputation de carrefour commercial de premier plan. Mais alors qu’elle regardait par la fenêtre, Cerenna ne voyait que le soleil qui dardait ses derniers rayons tandis qu’il sombrait doucement à l’horizon, laissant derrière lui une chaleur humide et lourde que l’obscurité saurait rendre plus agréable. Malgré le crépuscule qui se déroulait sous ses yeux, elle avait l’impression que cela faisait des semaines qu’elle ne remarquait plus les allées et venues du jour ou de la nuit et le temps, lui semblait-il, s’étirait infiniment comme pour la torturer dans son ennui. Cependant, Cerenna était patiente. Terriblement patiente. Elle avait trompé les heures en s’adonnant à l’art de la broderie, ornant petit à petit un large carré de soie d’un dessin complexe mais qui ne serait pas terminé avant quelques heures. Maniant avec dextérité l’aiguille de fer dans la trame du tissu, elle faisait glisser le fil rouge vif parmi ceux, déjà brodés, de couleur or et rouge sang. Elle se redressa un instant pour observer l’état de sa création et remit en place de sa main gauche une boucle brune qui lui tombait sur le regard. L’œuvre était de loin, la plus grande qu’elle ait jamais accomplie. Large comme deux hommes se tenant côte à côte les bras écartés et haute comme un homme de grande taille qui aurait les bras levés, la fresque était imposante, mais belle et délicate. Plus légère qu’une des lourdes tapisseries qui ornaient les murs du château elle semblait plutôt destinée à un riche vêtement, mais il n’en serait rien. Lorsqu’une peau fraiche vint glisser contre sa peau pour ensuite s’enrouler sensuellement autour de son bras, elle ne sursauta même pas, n’adressant qu’un regard affectueux quoique lointain à la créature qui venait de prendre place. Le serpent ne la dérangeait guère dans son travail fastidieux. Ses yeux retournèrent à la broderie. La délicatesse de l’ouvrage, des fils de soie se mêlant au tissus tout aussi fin, était telle que l’on aurait dit que le tissus n’avait pas été brodé mais peint avec un pinceau fin. Cerenna avait mis tout son cœur dans ce tableau. Et la beauté de ce cygne noir et magnifique était aussi sombre que son cœur. L’oiseau était fort et terrible, luttant contre un cygne blanc qui voyait venir sa défaite dans un ballet de plumes immaculées, embrassé par les ailes majestueuses et sombres de son noir adversaire dont le regard rougeoyant jugeait, impitoyable, le mourant. Le décor autour des deux oiseaux était la danse d’une eau sombre et trouble, soulevée par la bataille des deux créatures en autant de vagues à l’écume blanche, qui contrastait avec les méandres bleu nuit et vert sombre de l’élément. Elle n’arrivait pas à détacher son regard de ce cygne victorieux. Ce cygne dont elle se languissait, et qui avait fini par lui revenir.

Le fameux cygne noir était de retour au château, et les domestiques n’avaient pas su tenir leur langue, contrairement à ce qu’avait dû leur ordonner son fils. Ainsi, quelques minutes plus tôt, l’un d’eux, un jeune page, était venu trouver la maitresse des lieux pour lui annoncer le retour de l’héritier. A cette nouvelle, elle avait souri simplement comme on sourit devant une évidence mais elle n’avait pu retenir un imperceptible soupir de soulagement. Après cinq longues années d’absence, il était de nouveau dans la demeure familiale.

Un léger courant d’air vint faire ondoyer la soie blanche de sa robe et souleva le voile qui était suspendu devant la fenêtre grande ouverte de la chambre alors que quelqu’un vint ouvrir timidement la porte.

Votre fils, Ma dame, demande à vous voir. Lui annonça alors la voix d’un serviteur.

Poursuivant toujours son travail d’orfèvre, elle lança d’une voix neutre, d’où ne transparaissait pas la moindre émotion :

-Faites-le entrer.

Le serviteur ouvrit un peu plus grand la porte et se poussa pour laisser Alessander entrer dans la pièce, puis il s’effaça et referma la porte derrière lui. Le silence s’installa pendant quelques instants. Cinq ans durant elle avait du supporter l’absence d’Alessander, être aveugle pour lui, ne rien savoir et n’écouter que le silence le plus profond. Oui. Le silence. Ce silence qu’elle comptait prolonger encore quelques instants alors qu’elle pouvait sentir à quel point son fils était nerveux et à quel point il redoutait ce qu’elle allait lui dire. Cela ne la dérangeait pas. Car depuis cinq ans toutes ses lettres qu’elle avait envoyé, des centaines, étaient restées sans réponse. Ses nuits de doute qu’elle avait du vivre sans relâche étaient encore inscrites dans son cœur. Elles avaient été hantées par le cauchemar de voir son fils parti pour Essos, prisonnier, capturé pour devenir esclave, ou encore mort. Mais maintenant qu’il était de retour, elle n’avait plus peur. Mais si toute crainte pour la vie de son fils l’avait quitté, il demeurait un problème qui l’avait profondément mise en colère et qu’elle devrait éclaircir. Pendant des mois et des mois il avait refusé de répondre à ses lettres, et ce n’était que lorsque il y lisait le nom de sa sœur qu’il daignait revenir enfin. Certes, c’était là un pieux mensonge de Cerenna qui avait eu l’effet escompté, mais qui ne calmait pas sa jalousie.

Son fils se préoccupait-il des angoisses qu’avait pu connaitre sa mère en son absence ? Elle en doutait. Ou du moins, s’en donnait-elle l’image. L’image d’une mère vexée par l’indifférence de son enfant qui, elle ne le savait que trop bien, était rongé sinon par la culpabilité, par la peur.
Seul le bruit de l’aiguille perçant le tissu osait troubler le mutisme qui régnait dans la pièce. Si l’envie de voir quel jeune homme splendide était devenu l’enfant qui l’avait quitté la brûlait, elle n’en laissa rien paraître. Les yeux rivés sur son ouvrage, elle brisa enfin le silence.

-Tu es finalement revenu.

Nouveau silence. Un léger sourire s’étira sur ses lèvres généreuses en une expression détachée mais était comme surplombée par l’ombre d’une menace tandis que son ton chaleureux ne pouvait tromper qu'un étranger à la maison.

-J’imagine déjà la joie que ta sœur a du ressentir en te voyant et comme ton voyage a dû être fascinant et plein d’opportunités pour que tu ne trouves pas le temps de répondre à mes missives, Alessander.

Refusant toujours de tourner les yeux vers son fils, elle attendait sa réponse. Puisqu’il était revenu en apprenant le mariage prochain de sa sœur, cela voulait dire qu’il recevait bel et bien les lettres qu’on lui envoyait. C’était avec un amusement teinté de sournoiserie que sa mère attendait de voir quelle autre excuse il allait trouver s’il ne lui disait pas directement la véritable raison de son silence.
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime29.06.14 12:49

Un page vient me chercher, les yeux rivés sur le sol, effrayé. Je ne détournais pas le regard de ses lévres qui me soufflerent d'entrer. Prenant une profonde inspiration, comme avant la mêlée d'un tournois, je pris mon courage à deux mains et avançais. J'avais bel et bien l'impression de revenir à un tournois. Et elle, adversaire impitoyable, me faisait bien plus peur que la Montagne lui-même. J'aurais affronté cent fois le plus grand guerrier de Westeros plutôt que de revenir, comme si mes chaînes, à l'annonce du mariage prochain de ma soeur, c'était faites plus lourdes. Je les portais toujours dans mon coeur, quelque soit le temps qui passe. Elles étaient là, semblables à des serpents, se laissant oublier pour mieux attaquer alors qu'on s'y attendait le moins. Une simple brune aux yeux bleus suffisait à réveiller leur regard couroussé. Je la voyais partout, dans chaque femme, dans un cygne blanc, dans les tissus de soie d'une robe chatoyante.

Je passai la porte et aperçu enfin l'objet de mes tourments. L'âge ne semblait avoir d'impact sur elle. La patience pouvait être une vertu mais dans le cas de ma sirène, elle était un dangereux poison. Je ne parvenais à la quitter dans yeux, et elle laissai le silence s'installer, comme teinté de reproches. Je sentais comme une menace d'orage dans l'air. Je n'avais jamais répondu à ses paroles, tentant de me détacher de sa mortelle étreinte. La vipère tenait plus du python si ce n'est que même si ses étreintes étaient mortelles, son poison l'était encore plus. Elle brodait, un travail qu'elle n'aurait jamais pu laisser faire ma soeur. Je m'imaginais déjà la jeune sauvageonne, crinière ébouriffée, reduir en pièce l'oeuvre d'un accès de colère. Mais c'était ma mère qui s'en occupait. Et le message que laissait sous entendre son travail était plus que claire. Un cygne noir, effrayant de majesté, réduisait en charpie un autre, aussi immaculé que les neiges du Val d'Arryn. N'importe qui aurait compris et j'étais loin d'être n'importe qui. Mon père et moi. Chacun connaissait mon surnom de cygne noir, dû à ma chevelure brune plutôt qu'à un quelconque rejet de ma famille. Je caressai sa peau du regard, m'attardant sur la vipère qui lui faisait comme un long bracelet de chair glacé. Sa beauté était son plus beau trésor et je n'arrivais à me détacher d'elle. Regarde moi semblait hurler mes yeux. Regarde moi et soit fier de celui que je suis devenu. Mais je continuais à m'heurter à un mur. Elle me ferait cher payer les neuf mois dans son sein et plus encore, les cinq longues années sans aucune nouvelle.

-Tu es finalement revenu.

Son ton ne m'aurait pas trompé. Je fis un pas en avant, espérant qu'elle se retourne mais avant même que mon pied est touché le sol, j'avais déjà arrêté mon geste. Concentrée sur sa broderie, elle ne semblait pas prête à m'accueillir comme si de rien n'était. Mon ventre était broyé par la peur qui dans ses bras de glace me faisait frémir. Il était impossible que je lui échappe. Je n'avais que trop rêvé à cela et cinq ans n'avait que réussi à m'en convaincre. Elle était mon poison et je serais incapable d'aller contre sa volonté. Si elle voulait que je rejoigne le cygne qu'elle avait brodé, comme on tisse l'avenir, soit. J'exécuterai sa volonté.

-J’imagine déjà la joie que ta sœur a du ressentir en te voyant et comme ton voyage a dû être fascinant et plein d’opportunités pour que tu ne trouves pas le temps de répondre à mes missives, Alessander.

Elle ne se retournait pas et son dos me paraissait un crime de plus haute nature. Je comprenais maintenant ce qui m'offrait la force avec ses demoiselles. Je n'en avais aimé aucune que pour quelques instants. Mais aucune avec cette douleur, cette rage aveugle. Cerenna était une dangereuse exception. Elle était ma Nemesis. Si mon coeur sembalait dans ma poitrine, je n'en laissais rien paraître sur mon visage qui, comme celui de ma mère, était d'une perfection glaciale.

Westeros est un continent pleins de merveilles pour qui sait les chercher. J'allais embarqué pour Essos quand j'ai reçu votre missive. Si je suis revenue c'était uniquement car je savais ne plus pouvoir le faire ensuite.

Je n'avais rien laisser voir de mon angoisse dans mes paroles. J'avais appris avec elle, mais aussi loin d'elle. J'avais l'impression d'être un étranger dans ma propre demeure. Ma mère était là, si près que j'aurais pu la toucher mais aussi si lointaine. J'avais envie de lui hurler de ce retourner, de me regarder, d'être fière de moi et que par les sept, elle me pardonne de l'avoir laissé sans nouvelles aussi longtemps. De n'être pas la fierté qu'elle attendait tant et depuis si longtemps. Un cygne noir sans coeur. Entièrement dévoué à une vipère.
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime30.07.14 0:09

-Westeros est un continent pleins de merveilles pour qui sait les chercher. J'allais embarqué pour Essos quand j'ai reçu votre missive. Si je suis revenue c'était uniquement car je savais ne plus pouvoir le faire ensuite.

Son poing se referma doucement sur l’aiguille de fer, serrant l’ustensile avec une force à peine visible avant de le poser sur la petite table de fer qui trônait à ses cotés. Ses grands yeux se baissèrent, quittant l’ouvrage qu’elle accomplissait, et se tournèrent légèrement vers sa gauche avant de s’arrêter, comme pour mieux torturer ce fils qui, elle le savait, brulait de voir sa réaction lorsqu’elle le verrait enfin.

-Tu reviens d’un long voyage, mon fils, et je devine que tu as de nombreuses histoires à nous raconter sur ses merveilles qui, je le sens, ont laissés leur parfum exotique sur tes atours. Rares étaient les choses qui echappaient à une mère, et il était aisé de comprendre que ses merveilles dont parlait Alessander n’étaient pas les ruines ou les jardins qu’il avait parcouru, mais des souvenirs enveloppés d’une chair douce et parfumée. Moquerie et reproche tout à la fois de la part d’une mère qui s’était vue délaissée pour des dizaines et dizaines de putains au sang bleu et qui, plus que d’en être jalouse, s’en sentait insultée. Mais c’était là des souvenirs dont il ferait part lors du diner qui aurait lieu le soir même, avec l’écoute attentive de son géniteur et de sa sœur.

Elle laissa s’échapper d’entre ses lèvres un léger soupir, plein de lassitude et de joie de voir que le temps n’avait pas réussi à briser les liens qui la liait à celui qu’elle considérait comme son seul héritier. Oui, son héritier. Il serait la seule trace qu’elle laisserait sur cette terre si hostile, plus qu’un enfant donné au pitoyable seigneur qu’on lui avait assigné pour époux, il serait son premier pas vers l’immortalité. Si elle le cachait avec la froideur d’un reptile, elle sentait poindre dans son cœur la fierté maternelle de voir son fils se montrer droit et fier, en pleine possession et contrôle de ses émotions malgré la crainte qu’elle sentait instinctivement émaner de lui. Quelle douce surprise qui venait réchauffer son âme si froide, qui avait tant craint de se voir revenir un rejeton éploré, impuissant et tremblant. Mais il n’en était rien. Ce n’était pas une âme vaincue par un monde qu’elle avait voulue découvrir trop tôt, mais une âme conquérante et avide de nouvelles victoires, lui semblait-il, qui lui avait été rendue et qui tentait de l’impressionner.
Mais encore fallait-il que ce fils qui la représenterait encore après sa mort soit véritablement à la hauteur de ses attentes. Il ne s’était passé qu’un instant depuis qu’il avait passé le pas de sa porte, et seul la durée lui révèlerait ce qui récompenserait ou non sa patience. Qu’est-ce que les années lui avaient rendues de ce fils qui n’était encore qu’un garçon lorsqu’elle l’avait vu pour la dernière fois ? Etait-il devenu aussi lâche que son père ? Aussi sauvage que sa sœur ? Etait-il revenu en seigneur ou en simple baroudeur des champs ? Etait-il à l’image du cygne noir triomphant ou du blanc agonisant devant un monde qui échappait à son contrôle ?

Dans un froissement léger de la soie blanche de sa robe s’écoulant sur son corps, elle se leva enfin, la lumière du soleil couchant dessinant à contrejour le contour majestueux de son port de reine et de son cou gracile alors qu’elle se tournait vers son fils. Enfin, ses yeux pâles et impitoyables se posèrent sur cet homme dans lequel elle reconnaissait l’adolescent farouche qui lui avait glissé d’entre les doigts quelques années plus tôt. A pas lents et gracieux, presque solennels, elle s’approcha de son enfant, la pierre restant silencieuse au contact de ses pieds nus. Alors qu’elle traversait la pièce, elle fixait un regard indescriptible sur l’héritier Desdaings, un regard froid et avide. Un regard de prédateur.

-Essos ? dit-elle, un sourire mystérieux fendant son visage. Westeros dans toute sa grandeur n’aurait donc sur retenir ton attention que durant cinq ridicules années ? Tes gouts ne seraient-ils pas satisfaits des merveilles dont tu parles pour que tu ailles en trouver d’autre en prenant la mer ? Le mépris, Alessander, est la marque des plus grands mais peu le méritent vraiment. Je t’ai inculqué la conscience de ton rang et je t’ai montré le respect que tu dois inspirer et qui t’ai dû ; cependant, je ne me souviens pas t’avoir enseigné la suffisance. Poursuivit-elle, s’approchant inexorablement de son fils, sur un ton sévère, avant de reprendre d’une voix plus douce.

Mais peut-être que je me trompe et que ce n’est pas là la raison qui te pousse à traverser la mer. Pour souhaiter partir si loin, sans prendre le soin de me prévenir moi ou encore ton père, il t’aura fallu une motivation qui reste encore à mes yeux bien mystérieuse. Que voulais-tu fuir pour rejoindre ces barbares et ces esclaves de l’autre côté du Détroit ? conclut-elle d’une question presque rhétorique, car elle devinait le spectre de cette fameuse raison qui pousserait son fils à l’exil.

Elle s’arrêta à quelques centimètres à peine du jeune homme. Ses bras s’avancèrent vers lui, soulevant les fins voiles de soie presque translucides, suspendus à ses bras par de bracelets d’or et qui tombaient vers le sol telles des ailes repliées et légères. Avec la douceur d’une mère approchant son enfant nouveau-né pour la première fois, elle pris le visage de son fils entre ses mains délicates et plongea son regard dans le sien avant de parcourir les traits fins de son fils, ses cheveux d’ébène, son cou aussi gracieux que le sien. Puis elle reprit d’une voix chaleureuse, tranchant nettement avec ses paroles antérieures, et ne marquant que trop bien une nouvelle fois son caractère absolument imprévisible.

-Si tu savais comme je suis soulagée de te voir rentré à la maison, sain et sauf. Et par les Sept, comme tu es devenu beau, Alessander !

Son visage tendu vers celui de son fils portait vers lui ses yeux brillants de fierté et qui ne sauraient mentir, du moins, à ce moment précis.
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime01.08.14 15:19

-Tu reviens d’un long voyage, mon fils, et je devine que tu as de nombreuses histoires à nous raconter sur ses merveilles qui, je le sens, ont laissés leur parfum exotique sur tes atours.

Je ne la quittai pas des yeux et pourtant, même si elle ne me regardait pas, je sentais tout ce qui se cachait derrière la moindre de ses paroles. Après tout, c'était elle qui m'avait élevé. Elle qui m'avait appris ce que j'étais devenue, elle qui m'avait enseigné la manipulation dont pouvaient faire preuve les femmes. Je ne saurais mentir en jurant que j'avais peur de la vipère et que pourtant, malgré tout ce dont je la savais capable, je voulais qu'elle mordre. Je voulais qu'elle me fasse payer mon absence, que ses paroles emplies de poison me détruisent, me déchirent le cœur et me broient de part en part pour que je puisse la haïr. Jamais ma mère ne sortirait de mes pensées, quelques soit le nombre de putains qui m'ouvraient leurs cuisses, quelques soit le nombre de mensonges que je déblatérais à des damoiselles pour qu'elle m'offre une nuit de plaisir. J'essayais de m'oublier dans la compagnie de ses femmes dont je ne me rappelais même plus le prénom lorsque venait l'aube. Ses dizaines de femmes qui me juraient monts et merveilles, qui me juraient l'amour qui naissait dans leur cœur trop fragile alors que le mien me hurlait de retourner vers celle qui le possèderait à jamais. Je voulais que la rage prenne possession de son âme, qu'elle me hurle que je la dégoutais, que je n'étais pas digne d'elle, que je l'avais trahi et que jamais plus elle ne voudrait poser ses yeux sur moi. Qu'elle me frappe. Tout plutôt que ses regards glacials qu'elle ne m'offrait même pas. Je l'avais tant déçue pour qu'elle ne se retourne même pas à ma présence. J'avais été une telle honte ?

Le soupir qui s'échappa de ses lèvres, je l'entendis comme s'il avait été hurlé à mes oreilles. Je ne savais plus sur quel pied danser. Instinctivement, je baisais la tête, comme prit en faute, comme un enfant désobéissant. Si j'avais été la seconde partie, je n'étais plus depuis longtemps un petit garçon. J'avais grandis, mes désirs aussi. Bien oubliées les douces caresses et la voix candide qui jurait que je n'épouserai que Lynce Hightower. Aucune femmes n'étaient à mes yeux intéressantes que je voyais ne serait-ce que le dos de Lady Desdaigns. Comment mon père avait-il pu se faire haïr par cette femme. J'aurais tout fait pour qu'elle m'aime. J'aurais été Jorah Mormont. J'aurais vendu des milliards d'esclave pour un regard de la brune. J'aurais tué des milliers d'hommes pour un sourire. Et lui, ce lâche qui me servait de géniteur, il avait laissé faire. Il aurait pu la faire l'aimer. Elle n'était qu'une enfant lorsqu'elle était arrivée à Beaumarché et les enfants sont les plus faciles à séduire. Elles ont toutes un rêve, caché parfois tellement loin qu'il fallait des trésors de patience pour le découvrir. Mais une fois connu, on pouvait leur exaucer. Cerenna était une princesse et lui avait fait d'elle une forteresse.

Elle se retourna enfin et je pu l'admirer dans toute sa grâce. J'avais relevé le visage, arborant presque le même air qu'elle, à la fois sur de moi et un rien hautain. Je plongeai mes prunelles océaniques sur elle, évitant de fixer son corps trop parfait, aveuglé par la lumière du soleil couchant. La soie de sa robe dessinait son corps sans pour autant coller à ses formes, laissant planer un rien de mystère alors que je la savais d'une perfection sans nom. J'avais passé trop de nuit blottit contre elle, mes mains alors innocentes d'enfant posées sur sa peau, pour que mon esprit ne me rappelle pas le moindre détail. Je pouvais voir son visage à chaque battement de paupière avant de revenir, malgré cinq longues années à m’échiner pour me débattre des filets qu'elle avait tissé avec la patience d'un félin. Je la voyais s'approcher de moi. Si je n'avais pas posséder une si bonne maitrise de moi-même, voilà longtemps que ma respiration se serait emballée et que j'aurais reculé. Mais je n'en faisais rien. J'avais appris à garder le contrôle de la moindre parcelle de mon corps, à ne rien montrer, à ne jamais laisser voir à travers le masque. Exactement comme celle qui tirait les ficelles de ma vie. Patin volontaire de la pire des marionnettistes.

-Essos ? dit-elle, un sourire mystérieux fendant son visage. Westeros dans toute sa grandeur n’aurait donc sur retenir ton attention que durant cinq ridicules années ? Tes gouts ne seraient-ils pas satisfaits des merveilles dont tu parles pour que tu ailles en trouver d’autre en prenant la mer ? Le mépris, Alessander, est la marque des plus grands mais peu le méritent vraiment. Je t’ai inculqué la conscience de ton rang et je t’ai montré le respect que tu dois inspirer et qui t’ai dû ; cependant, je ne me souviens pas t’avoir enseigné la suffisance. Poursuivit-elle, s’approchant inexorablement de son fils, sur un ton sévère, avant de reprendre d’une voix plus douce.

Bien que rêvant de lui répondre clairement que, même si elle ne me l'avait pas enseigné, je l'avais appris tout seul, je ne dis rien, me contentant de garder un visage impassible. Je n'avais jamais assez de ce que je pouvais voir. Une soif intarissable de connaissances et d'envies que rien ni personne ne parviendra à tarir. Si ce n'était celle qui me le reprochait aujourd'hui. J'avais menti en lui disant que je voulais partir pour Essos. Les sauvages et la chaleur ne m'attirait pas le moins du monde, j'aurais la même chose mais moins violente en visitant Dorne. Je ne répondis rien aux paroles de ma mère, me contentant de la regarder, mes prunelles si semblables aux siennes ne reflétant rien de mes pensées profondes. S'il me fallait mentir, je me frottai aujourd'hui à une experte qui aurait tôt fait de déceler le vrai du faux. J'avais eu cinq ans pour perfectionner mon art sans qu'elle ne puisse avoir vent de ma technique.

Mais peut-être que je me trompe et que ce n’est pas là la raison qui te pousse à traverser la mer. Pour souhaiter partir si loin, sans prendre le soin de me prévenir moi ou encore ton père, il t’aura fallu une motivation qui reste encore à mes yeux bien mystérieuse. Que voulais-tu fuir pour rejoindre ces barbares et ces esclaves de l’autre côté du Détroit ?

La question sonnait comme une accusation et durant quelques secondes, j'eus l'impression qu'elle avait décelé toute la vérité. Je m’apprêtais à lui répondre, à lui ouvrir mon cœur sur toutes les pensées qui me hantaient depuis toutes ses années, ses rêves que j'aurais aimé enterrer à jamais mais ses mains sur mon visage me firent perdre tout usage de la parole. Son visage était si proche du mien que je n'aurais eu qu'à faire exploser les quelques centimètres qui me séparait encore d'elle pour rendre mes fantasmes réels. Je fermais les yeux sous la caresse de ses doigts, dérobant mon regard aux siens. Affichant pour la première fois la vérité de celui que j'étais. Si, sous les doigts de n'importe quelle autre femme, je ne laissais rien paraitre, ne m'abandonnant jamais, entre ses mains, je lui appartenais corps et âme, comme je l'avais toujours fait. J'étais son chef d’œuvre. Tant que j'aurais l'amour de ma mère, rien ne saurait détruire toute la perfection de ma personne. Je resterais identique à celui que j'avais toujours été.

-Si tu savais comme je suis soulagée de te voir rentré à la maison, sain et sauf. Et par les Sept, comme tu es devenu beau, Alessander !

Les sept m'ont fait à votre image mère.

Face à la vipère, je n'avais jamais beaucoup parlé. C'était elle qui occupait le devant de la scène. Elle qui parlait, elle qui faisait pénétrer son poison dans mes veines. Moi, j'écoutais. Je n'étais plus le même lorsqu'elle était là. Alessander, fier de lui, utilisant ses paroles pour faire ployer de son côté n'importe quelle branche, fuse-t-elle des plus solides disparaissait. Pourtant je ne pouvais garder pour moi plus longtemps cette rancœur qui grandissait, jusqu'à exploser et faire disparaitre l'amour pour le remplacer par une rage pure. Je ne voulais être une vengeance. Je le tuerai si elle me l'ordonnait, je ferais tout si elle me l'ordonnait. J'étais incapable de dire non à ma sirène. J'avais déjà renoncé à ma liberté pour la rejoindre aujourd'hui.

Je plongeai mon regard dans le sien, cherchant à déceler la moindre trace qui aurait pu me mettre dans la bonne direction quant à l’habitude à avoir en sa présence. Mes doigts gauches virent emprisonner la bague de l'héritage familiale, liant le cygne gravé dans le saphir. Mon état de nerf était donc tellement palpable. Je ne voulais pas qu'elle le voit. Je voulais qu'elle ne se rende plus contre de rien, qu'elle voit qu'aujourd'hui, elle avait perdu le pouvoir qu'elle avait toujours eu sur moi. Mais qui étais-je dans ma faiblesse pour oser penser cela, pour me mentir à moi-même. Elle était toujours au centre de mes pensées. Je ramenai toujours tout à sa présence.

Mais je doute que mes voyages sont le principal sujet de mon retour mère. Vous m'avez fait appeler pour des choses bien plus importantes que cela si j’en crois votre dernière missive. A moins qu'une fois de plus je me sois leurré sur vos projets. Alyssa est bien trop jeune pour être mariée et bien trop sauvage pour trouver époux. Elle égorgera le premier qui osera s'approcher d'elle, vous le savez aussi bien que moi. L'avoir laissé chevaucher joyeusement en compagnie d'Isendre ne l'a pas rendu parfaite lady mais sauvageonne éprise de liberté. Il se pourrait finalement qu'Alyssa vous ressemble bien plus que vous ne le pensiez même si elle n’est pas votre héritière.

J'avais franchis une limite dans mes paroles et je le savais parfaitement. J'étais partie, mais durant mon voyage, j'avais appris des choses. Cerenna n'avait pas toujours été le modèle de perfection que j'avais aujourd'hui devant moi, cette épouse parfaite à la lumière que beaucoup enviait à mon guerrier de père. Si tous la nommait la vipère en secret, ceux qui ne l'avaient vu que quelques instants aux côtés du seigneur de Beaumarché, éblouissante comme toujours, fière et altière avaient été bien vite jaloux de Lord Desdaings. Elle était un modèle de perfection en public. Et pourtant, j'avais appris qu'elle était loin d'être ainsi dans son enfance. Ceux qui l'avait surpris lorsqu'elle ôtait son masque, j'avais du grassement les payer pour qu’ils parlent. Mais je voulais tout savoir de ma mère si jamais j'avais à revenir chez moi. Avoir des arguments pour que cette fois si, elle ne soit pas la seule à parler. Voir jusqu'où je pourrais aller avant qu'elle ne me rappelle ma place. Tester ses limites, comme l'adolescent que je n'étais plus. J'étais partie, j'avais fui comme un vulgaire lâche, fui une femme. Mais aujourd'hui, je ne fuirai plus. Je ferai front. Même si pour cet outrage je subirai les pires reproches.

Je m'attendais à des sourires goguenards de sa part. Je n'arriverais pas à la mettre en colère, c'était certain. Cerenna était totalement imprévisible. Je ne pouvais rien savoir de ce qu'elle ferait. Bien que je pensais la connaitre mieux que personne sur cette terre, étant son fils, elle restait un mystère. Rien que ses réactions de l'instant m'avaient surprises. Je pensais sincèrement qu'elle ne m'adresserait pas un mot, me vouant une haine sans nom pour l'avoir abandonné pendant cinq longues années. Apparemment, je m'étais trompé. J'avais droit à quelques reproches mais rien de si terrible.
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime04.08.14 18:38

Les sept m'ont fait à votre image mère.

Elle sourit. Et je les en remercie, pensa-t-elle au plus profond d’elle-même. Oh oui elle les remerciait. De tout son cœur. Car elle savait qu’elle n’aurait pas pu connaitre de plus grande honte qu’en mettant au monde un garçon qui, tel Isendre, aurait été le portrait de son pourceau de mari. Mais cette peur qui la rongeait avait disparu depuis des années. Alessander avait grandi sous ses yeux, et il avait comblé chaque parcelle des rêves qu’elle avait fait pour lui et bien plus encore. Jusqu’à ce jour sombre et tragique où l’héritier avait fui l’imposant château blanc et ses habitants pour parcourir le monde. Cette crainte qui l’avait quittée était alors réapparue, plus forte, plus vorace. Elle avait dévoré son cœur et ses entrailles avec l’anxiété de voir toutes ces années consacrées à son fils réduites à néant. Oh elle aurait aimé pouvoir pleurer ce départ comme son âme le lui demandait. Mais à la place des larmes, cette trahison avait fait naître en elle une amertume au gout de cendre, et durant toute cette interminable attente, son cœur s’était préparé à voir revenir le félon qui l’avait abandonné. Elle avait attendue, patiente, prête à haïr plus férocement son fils qu’elle n’avait jamais hait personne, pas même le bâtard de son mari. Mais voilà qu’il revenait. Elle fit glisser sa main droite dans la chevelure ténébreuse de son enfant avant de reposer la paume de sa main sur la joue du jeune homme, appréciant la chaleur qui s’en dégageait et qui ne lui avait que trop manqué durant ces cinq années de douleur. Il l’avait quitté en enfant capricieux et il était revenu homme, aussi inatteignable qu’elle, farouche et parfait. Se délectant de la vision du visage de son fils, Cerenna plongea elle aussi ses yeux dans le regard de glace de l’héritier pour découvrir avec encore plus de délice qu’il n’évitait plus son regard comme lorsqu’il était petit mais qu’il lui faisait front. Ce voyage lui avait donc donné du courage, c’était déjà ça.


Mais je doute que mes voyages sont le principal sujet de mon retour mère. Vous m'avez fait appeler pour des choses bien plus importantes que cela si j’en crois votre dernière missive. A moins qu'une fois de plus je me sois leurré sur vos projets. Alyssa est bien trop jeune pour être mariée et bien trop sauvage pour trouver époux. Elle égorgera le premier qui osera s'approcher d'elle, vous le savez aussi bien que moi. L'avoir laissé chevaucher joyeusement en compagnie d'Isendre ne l'a pas rendu parfaite lady mais sauvageonne éprise de liberté. Il se pourrait finalement qu'Alyssa vous ressemble bien plus que vous ne le pensiez même si elle n’est pas votre héritière.

Elle souriait toujours, mais une ombre était passé dans son regard si brillant, transformant son sourire charmant en une promesse de douleur pour ceux qui n’avaient su tenir leur langue et qui avait ainsi révélé son histoire au seul être au monde qui voyait en elle un modèle de perfection totale. Si elle fut déstabilisée, cela ne se vit qu’un instant dans ses yeux reptiliens qui restaient vissés dans le regard de son fils. Ses mains glissèrent lentement jusqu’au cou du Desdaings, puis retombèrent le long de ses flanc avec grâce. Alessander…Oh comme elle aurait voulu effacer cette lueur goguenarde qu’elle lisait dans ses yeux d’une seule gifle, la première qu’elle porterait sur lui, et dont il se souviendrait. Comme elle aurait aimé pouvoir le mordre comme pouvait le faire le serpent qui remontait doucement le long de son bras, et ficher son venin dans son sang une fois pour toute. C’était donc ça. C’était elle qu’il avait fui. C’était bien entre elle et sa petite personne qu’il avait souhaité mettre tant de distance. Elle l’avait deviné, elle en avait maintenant la confirmation. A ceci près qu’elle n’avait pas prévu que son fils partirait si loin pour pouvoir mieux revenir se battre.

Elle était partagée entre la fierté et la fureur de se voir ainsi défiée. Cependant, il lui offrait sur un plateau une occasion de vérifier ce qu’il était réellement devenu, voir pour la première fois s’il était capable de jouer dans la cour des grands. S’il voulait jouer à ce jeu-là, il allait être servi.


-Alyssa est une de mes héritières, Alessander, ne l’oublie pas. Et tu serais surpris de voir à quel point elle me ressemble…Dit-elle d’une voix suave accompagnée d’un grand sourire d’où ne transparaissait pas la moindre trace de rancune ou de déception, ne faisant de ses propos qu’une plus sérieuse menace. Cerenna savait que son fils avait toujours aimé sa sœur telle qu’elle était. Libre, indomptable. Et que sa plus grande peur était de la voir devenir aussi froide, aussi venimeuse que sa mère. Mais en cinq ans, Alyssa avait beaucoup changé, autant en apparence que dans son comportement. Profitant de l’absence de son frère, elle avait voulu plaire à sa mère en jouant à la petite Lady. Elle se débrouillait bien, c’était une bonne actrice. Plutôt convaincante même. Et si elle n’avait pas réussi à tromper sa génitrice, Cerenna espérait qu’elle réussirait ne serait-ce que pendant un instant à duper Alessander, pour qu’elle puisse lire la terreur dans ses yeux en voyant sa chère petite sœur lui échapper. Cela aurait sans doute lieu au diner qui devait suivre leur entrevue. Elle était impatiente. Il avait réussi à la provoquer mais elle ne cèderait pas et ne lui raconterait pas son ancienne vie, gardant jalousement ses secrets derrière ses yeux opalescents.

Quittant son fils des yeux, elle se retourna pour rejoindre le petit bureau sur lequel elle écrivait ses correspondances touchant du bout des doigts des missives qu’elle avait reçu le matin même et qui venaient des quatre coins de Westeros.

-Alyssa est en âge de se marier. De plus, elle est trop jolie et bien née pour prétendre pouvoir y échapper. Qu’importe le Seigneur que l’on choisira avec ton père, il sera très heureux de l’avoir pour épouse. dit-elle d’un ton presque lassé. Il aurait été bien plus simple de laisser cette sauvageonne à son sort et de se concentre sur la future union de son fils, mais le mariage d’Alyssa pouvait lui apportait bien des avantages sur lesquels elle ne comptait pas cracher. -Ta sœur est née avec l’âme d’un cheval sauvage, tout comme moi, comme tu l’as si bien rappelé rajouta-t-elle en lançant un regard en biais à son fils, puis, un mysterieux sourire sur les lèvres, elle détourna le regard pour lire une des missive qu’elle tenait désormais dans ses mains. Elle poursuivit -Tout comme toi, tout comme le bâtard de ton père et comme n’importe quel être humain laissé libre de ses choix dès le berceau. Si un cheval sauvage est beau en liberté, il ne délivre véritablement tout son potentiel qu’en ayant un cavalier sur le dos. Il suffit de trouver le bon moyen de le dompter et c’est, entre autre chose, le rôle des parents de trouver la bride qui contiendra cette violence. J’ai trouvé celle de ta sœur. et je ne compte pas lui enlever de si tôt pensa-t-elle fermement. Elle replia la lettre et tourna la tete vers son fils. Il était évident qu’il avait maintenant compris qu’aucun mariage n’était prévu et elle ignorait si cela allait le soulager ou le mettre en colère. Qui vivra verra.
Elle croisa ses bras, tenant toujours dans sa main la lettre qu’elle venait de lire. Ses longs et sombres cheveux relevés derrière sa tête et retenu par une pince en or retombaient en une cascade de boucles brunes, presque noires, le long de son cou, sur ses épaules et dans son dos.

- Ne t’inquiète pas pour le promis de ta sœur, je puis t’assurer qu’elle ne le mordra pas. Altière, elle regardait son fils avec une lueur de défi dans les yeux. -D’ailleurs ne t’inquiète tout simplement pas pour le mariage d’Alyssa. Tu as déjà bien assez pour te préoccuper, penser à ton propre avenir, et être concentré. Enfin, dans les limites de ton possible. Elle laissa passer un cour silence, pensive. -Lorsque tu étais à Port-Réal, as-tu eu le plaisir de rencontrer Lady Sansa Stark ?demanda-t-elle sans prendre la peine de paraitre poser cette question avec innocence. Dans sa voix, de la curiosité, beaucoup, mais aussi une pointe de sévérité comme une maitresse qui vérifierait que son élève à bien fait son devoir.
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime05.08.14 16:17

Année 298 | Lune 12 | Semaine 2 | jour 6

Je soutenais son regard, les sept m'en soient témoins. C'était le meilleur moyen de voir un mensonge mais aussi le plus douloureux. La beauté de ses prunelles me transportait vers d'autres cieux mais en même temps, me transperçait le ventre comme la lance d'un valeur soldat. Je pouvais voir mes tripes tacher la soie de mes vêtements, le sang colorer d'écarlate le bleu roi. Je ne souriais même pas à la caresse de ma mère, alors que dans ma poitrine, mon coeur battait de plus en plus vite et de plus en plus fort, semblant vouloir s'échapper pour aller s'offrir à celle qui le possédait depuis vingt-quatre ans. Je n'étais rien pour oser lui refuser ce qu'elle voulait. Mais mon esprit s'était fait aussi sauvage que celui de mon père. Pourtant, contrairement à mon géniteur, je ne la laisserai pas contrôler totalement ma vie. Des mots que je me soufflais mentalement mais qui n'étaient que des paroles en l'air. Si je ne devais lui montrer, je savais très bien qu'elle, et elle seule, contrôlait tout ce que j'étais. Elle m'avait modulé à son image et on n'oublie jamais les chaines qui vous ont asservie durant presque toute votre vie. En cinq ans que j'étais parti, je n'avais jamais arrêter de penser durant un seul instant à cette vipère qui avait enroulé solidement ses anneaux autour de mon être.

L'ombre passée dans le regard de ma mère fit s'élargir mon sourire. *Ainsi, le miroir peut se fendiller...* pensai-je, mon regard se faisait doucement plus violent. J'avais moi aussi laissé passé quelque chose dans ce regard un rien violant que je partageais avec ma génitrice. La joie de voir que pour la première fois de ma vie, j'avais moi aussi un possible moyen de pression sur ma mère. Après avoir vu son regard, je savais qu'il y avait de la douleur dans ses pensées. Je ne voulais pas foncièrement la faire souffrir. Juste un centième de ce que je ressentais à chaque fois que je la voyais. Elle savait parfaitement tout ce que j'éprouvais alors pourquoi faire comme s'il n'en était rien. J'étais revenu comme un petit animal bien dressé pour Alyssa mais... Pour elle aussi.

-Alyssa est une de mes héritières, Alessander, ne l’oublie pas. Et tu serais surpris de voir à quel point elle me ressemble…Dit-elle d’une voix suave

Je ne répondis rien à ses paroles, détournant simplement les yeux de la vipère pour les fixer n'importe où mais loin d'elle. Quelle douce mascarade. Elle n'avait jamais eu de regards plus empli d'amour que pour moi, jamais pour Alyssa. C'était égoïste mais je me fichais bien qu'elle haise Isendre, Alyssa, Criston. Tant qu'elle m'aimait moi.

-Alyssa est en âge de se marier. De plus, elle est trop jolie et bien née pour prétendre pouvoir y échapper. Qu’importe le Seigneur que l’on choisira avec ton père, il sera très heureux de l’avoir pour épouse. dit-elle d’un ton presque lassé. -Ta sœur est née avec l’âme d’un cheval sauvage, tout comme moi, comme tu l’as si bien rappelé rajouta-t-elle en lançant un regard en biais à son fils-Tout comme toi, tout comme le bâtard de ton père et comme n’importe quel être humain laissé libre de ses choix dès le berceau. Si un cheval sauvage est beau en liberté, il ne délivre véritablement tout son potentiel qu’en ayant un cavalier sur le dos. Il suffit de trouver le bon moyen de le dompter et c’est, entre autre chose, le rôle des parents de trouver la bride qui contiendra cette violence. J’ai trouvé celle de ta sœur.

Je lui jeta un regard empli de colère. Comment pouvait-elle excuser chacun de ses gestes quand elle n'en faisait rien de moi. Je me souvenais à la perfection de ses prunelles emplies de reproches la première fois qu'elle m'avait vu une épée à la main. Alyssa n'avait pas de bride, il était impossible qu'elle ait su la calmer. J'avais vu ma petite soeur en compagnie d'Isendre même pas une heure plus tôt. Elle serait la meilleure guerrière de la famille si elle était née homme plutôt que femme. Je ne pouvais empêcher mon ventre de se serrer. J'avais peur de la femme devant moi, peur de ses reproches, peur du désir qu'elle faisait naitre en moi. Comment pouvait-elle se montrer si cruelle quand je n'étais qu'amour à son égard. Bien sur, l'enfant qu'elle avait aujourd'hui devant elle avait perdu toute la candeur qui le rendait si doux pour laisser un guerrier qui ne voulait avouer sa plus grande faiblesse. Mais quand était-il de la vérité. Je ne pouvais me mentir longtemps.

- Ne t’inquiète pas pour le promis de ta sœur, je puis t’assurer qu’elle ne le mordra pas. Altière, elle regardait son fils avec une lueur de défi dans les yeux. -D’ailleurs ne t’inquiète tout simplement pas pour le mariage d’Alyssa. Tu as déjà bien assez pour te préoccuper, penser à ton propre avenir, et être concentré. Enfin, dans les limites de ton possible. Elle laissa passer un cour silence, pensive. -Lorsque tu étais à Port-Réal, as-tu eu le plaisir de rencontrer Lady Sansa Stark ?demanda-t-elle sans prendre la peine de paraitre poser cette question avec innocence.

Pour une fois, j'aurais de quoi la rendre fière. Avec un sourire sur mes lèvres, l'un des sourires en coin qui faisait fléchir toutes ses idiotes à la cour, mais qui n'avait l'air de n'avoir qu'un minuscule impacte sur ma mère, je lui répondis, presque arrogant.

Avoir vu Alyssa il y a moins d'une heure ne m'a pas trompé sur sa réel nature. Elle battait même Isendre, pourtant bon bretteur... Puis, avec un sourire, je répondis à sa question, Je vous ai connu plus incline à cacher vos véritables plans et projets mère. Sansa sera un bon parti... Et oui je l'ai vu, n'aurais-je réussi à capturer son cœur que vous en seriez plus fière. Si c'est le but de vos tourments, ne me croyez pas inutile. Je suis votre héritier et des femmes qui sont passées entre mes mains, je sais que j'ai laissé mon empreinte dans le cœur de la jeune louve. Un parfait chevalier à ses yeux. Un bel et tendre amant. Si elle n'avait pas été aussi pure qu'un nouveau né, elle se serait largement fait bercer par mes douces paroles. Mais il y a le prince.

J'étais fier de moi, fier que pour une fois depuis longtemps, malgré la distance, les mêmes idées avaient germé dans nos deux esprits. Je pouvais être l'époux parfait de la jeune Sansa, mais il y avait entre nous ce petit fou de prince Joffrey. Cet immonde bâtard. Tous ceux de son rang étaient donc blond. Pourtant, je releva le visage, mon sourire disparaissant pour devenir grave. Voyons voir ce que tu feras des paroles que je vais te révéler ma chère génitrice.

Mais de toute manière, il ne sert à rien de parler d'une possible épouse. Je ne me marierai pas. Je suis homme, futur Lord de Beaumarché et je n'épouserai personne d'autre qu'une seule et unique femme qui hante mes pensées et mon coeur depuis longtemps.

Elle aurait pu penser Lynce si je ne parlais d'elle. J'avais perdu ma morgue en disant mes paroles, inspirant plus profondément. J'étais mal à laisse. Je ne voulais pas rester dans cette chambre longtemps mais tant qu'elle ne m'aurait congédier, je ne pourrais fuir. J'avais passé l'âge de fuir semblait-il et pourtant, je n'avais qu'une envie, devenir une fois de plus aussi lâche que mon père.
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime13.08.14 13:19

-Avoir vu Alyssa il y a moins d'une heure ne m'a pas trompé sur sa réel nature. Elle battait même Isendre, pourtant bon bretteur...

Si seulement elle excellait de la même manière dans l’art de la conversation…Mais elle préfère se mesurer à ce bâtard, la petite catin.Aux paroles de son fils, elle jeta un regard par-dessus son épaule, en direction de la fenêtre qui donnait sur la cour intérieure, son mouvement fit cliqueter ses boucles d’oreilles d’or pur. Un geste instinctif comme pour s’assurer qu’elle n’entendrait pas remonter jusqu’à sa fenêtre le bruit d’épées qui s’entrechoquaient. Un son qu’elle haïssait depuis la mort violente de son frère, et dont l’entretien régulier par le bâtard et sa fille n’était à ses yeux que la plus vulgaire des provocations.

- Je vous ai connu plus incline à cacher vos véritables plans et projets mère. Sansa sera un bon parti... Et oui je l'ai vu, n'aurais-je réussi à capturer son cœur que vous en seriez plus fière. Si c'est le but de vos tourments, ne me croyez pas inutile. Je suis votre héritier et des femmes qui sont passées entre mes mains, je sais que j'ai laissé mon empreinte dans le cœur de la jeune louve. Un parfait chevalier à ses yeux. Un bel et tendre amant. Si elle n'avait pas été aussi pure qu'un nouveau né, elle se serait largement fait bercer par mes douces paroles. Mais il y a le prince.

Se tournant à nouveau vers son fils, son regard trop clair vint le couver un instant avec la même fierté qu’elle éprouvait pour lui alors qu’il n’était qu’un bambin. Quelques pas l’amenèrent de nouveau près du jeune homme. Depuis le jour de sa naissance, elle l’avait forgé pour qu’il devienne comme elle, qu’il pense comme elle, aussi, cela ne l’étonnait-elle qu’à moitié de le voir revenir en ayant séduit un tant soit peu la fille Stark. Et cela ne la surprenait pas non plus d’entendre que la jeune Sansa avait apprécié son fils. Elle était jeune, encore pleine de rêves, et Alessander, avec son visage d’ange et sa voix douce comme du miel ne pouvait que l’avoir conquise. On lui avait rapporté la beauté de la jeune fille du Nord, de sa chevelure flamboyante et de sa peau de porcelaine. En plus de former une belle alliance avec Winterfell et les Stark, ce mariage, si jamais il avait lieu un jour, ne manquerait pas de former un couple superbe en alliant la beauté froide et pur de Sansa avec celle, presque plus exotique, d’Alessander. Mais il y a le prince. Le prince, Cersei, mais aussi et surtout, son grand-père. Cerenna savait bien que Tywin Lannister avait largement encouragé et depuis protégé les fiançailles de Joffrey avec la fille Stark. Un coup de maitre sur l’échiquier de Westeros et qui avait réveillé la convoitise de Cerenna. Sansa était aussi bien gardée qu’un diamant, cachée parmi les trésors de la famille royale, ce qui réduisait ce mariage tant souhaité par la Lady à l’état de chimère. Cependant, si son fils ne pouvait pas avoir Sansa, elle s’assurerait que la cour de Port-Réal ne l’aurait pas non plus. Elle se l’était promis, et ne reculerait devant rien pour parvenir à ses fins.


-Mais de toute manière, il ne sert à rien de parler d'une possible épouse. Je ne me marierai pas. Je suis homme, futur Lord de Beaumarché et je n'épouserai personne d'autre qu'une seule et unique femme qui hante mes pensées et mon coeur depuis longtemps.

Levant sa main droite ornée d’autant de bagues et de bracelets, elle l’abattit avec force sur la joue de l’insolent dans un claquement sec qui vint ponctuer la fin de sa phrase. Elle qui avait semblé de glace jusque là ne pouvait désormais plus cacher la fureur qu’on lisait dans ses yeux grands ouverts. Sa respiration s’était faite plus profonde, la colère qui grondait, froide,et qui brulait en elle parcourait ses épaules et son torse en les faisant frissonner de rage. Sa fureur n’avait d’égal que la déception que venait de lui infliger son fils. Soutenant son regard, elle n’avait de cesse de faire briller dans ses yeux la lueur fébrile de sa colère.

-Le Seigneur de Beaumarché…Elle avait craché ses mots avec tout le dédain dont elle était capable, jaugeant l’héritier avec mépris. - Je te souhaite de régner un jour comme ton père, mieux que ton père, de tout mon cœur…Mais t’entends-tu seulement parler, Alessander ? Quel seigneur es-tu donc pour te proclamer ainsi, alors que, sans un regard, tu abandonnas fief, mère et sœur pour satisfaire ton cœur ? Comment oses-tu t’appeler « homme » alors que tes mots sont moins ceux d’un lord avisé que ceux d’un enfant capricieux et gâté !

Nouvelle claque. Dans ces sévices comme dans ses paroles, elle avait mis toute la haine et la rancœur qu’elle avait dû subir contre son propre sang ces cinq dernières années mais aussi la terreur de voir les chaines dont elle avait emprisonné son fils rongées par sa volonté rebelle et arrogante.

--Tu me défies, je le vois bien. Pour quelle gloire et quels honneurs, je l’ignore encore. Et tu recommenceras, je le sens. Cependant, tiens-toi ça pour dit : Ta vaillance te vient de moi, tu l’as tétée à mon sein mais tu ne dois ton orgueil qu’à toi-même ! Et il causera ta perte…
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime13.08.14 22:15

Si Alessander savait ce qu'il encourait dans ses paroles, il ne s'en était pas pour autant fait plus petit. Bien au contraire. Il gardait l'air haut et hautain qui caractérisait si bien sa mère. Il était tellement identique à elle. Son port de tête, ses longs cheveux bruns et ses yeux. Les portes de l'âme qui jugeaient sa mère, attendant une réaction quelconque qu'il savait violente. L'héritier des Desdaings ne lâchait pas l'objet de ses tourments du regard, comme si jamais, quelque chose pouvait lui changer les idées. Cerenna était la seule femme qu'il n'avait jamais aimée et n'aimerait jamais. Il ne pouvait se détacher d'elle, quelque soit la distance qu'il mettait entre leur deux corps.

La main de sa génitrice s’abattit avec violence sur sa joue, laissant l'emprunte des bagues et des doigts de cette femme qu'il aimait tant, de cette femme à qui il aurait tout pardonné. La colère de sa mère lui était douloureuse et pourtant, il l'avait cherché. Il voulait la déclencher, se prouver qu'elle pouvait bien éprouver quelque chose et que ce cœur de glace pouvait battre. La colère dans les prunelles de la brune lui était une blessure aussi agréable que le coït final. Alessander ne la lâchait pas des yeux, et s'il lisait en elle comme dans un livre à cet instant, rien, pas même la douleur n'avait traversé le regard de l'héritier. Il restait de marbre pour finalement mieux bondir, semblable à un dangereux loup.

-Le Seigneur de Beaumarché…Elle avait craché ses mots avec tout le dédain dont elle était capable, jaugeant l’héritier avec mépris. - Je te souhaite de régner un jour comme ton père, mieux que ton père, de tout mon cœur…Mais t’entends-tu seulement parler, Alessander ? Quel seigneur es-tu donc pour te proclamer ainsi, alors que, sans un regard, tu abandonnas fief, mère et sœur pour satisfaire ton cœur ? Comment oses-tu t’appeler « homme » alors que tes mots sont moins ceux d’un lord avisé que ceux d’un enfant capricieux et gâté !

La seconde gifle lui fut plus douloureuse. Celle de Silvana, la veille, il l'avait mérité. Mais des mains de cette femme qu'il aimait tant, il ne pouvait empêcher son cœur de s'emballer. Son visage se marqua pour cette fois. Le désir gonfla dans son regard, et il comprit. Il comprit que malgré tout, il était comme son père. Que cette femme le rendait aussi fou qu'elle l'avait fait de son père. Que le pouvoir était sien et que jamais, au grand jamais, malgré tous ses faits et gestes pour s’extirper de cette toile aussi solide que si elle était tissée en diamant qu'elle avait tendue, il ne s'échapperait.

Alessander se sentait devenir fou. Il se sentait trop proche de cette femme dont l'odeur même lui était douloureuse. Il la voyait là, tellement proche, tellement belle dans la haine et tellement désirable. Il maudissait son cœur de l'avoir vendu de la sorte, de cette enrouler autour de cette sorcière qu'il appelait mère. Le brun n'attendait qu’une occasion mais il savait qu'il ne devrait jamais laisser parler ses pulsions. Mais devant les reproches et la haine qu'il sentait sous couvert de la claque qui avait marqué sa joue d'une douloureuse cicatrice écarlate.

Je suis mieux que lui et tu le sais ! Tu le sais Cerenna que tout ce que je fais je le fais pour toi ! Mais que c'est toi qui m’as fait quitter Beaumarché ! Que c'était ton coeur de glace que je fuyais comme la peste. Je suis devenu un homme mais je le deviendrai réellement lorsque j'aurais enfin le courage de te faire mienne !

Alessander sentait son souffle se faire plus fort, la peur se mêlant à cette rage, cette rage immense qui le faisait perdre le contrôle. Cette rage qu'il savait lui venir de son père mais que les mensonges de sa mère lui avait fait croire. Il n'en était rien. Il ressemblait bien trop à celle qui lui avait donné le jour.

--Tu me défies, je le vois bien. Pour quelle gloire et quels honneurs, je l’ignore encore. Et tu recommenceras, je le sens. Cependant, tiens-toi ça pour dit : Ta vaillance te vient de moi, tu l’as tétée à mon sein mais tu ne dois ton orgueil qu’à toi-même ! Et il causera ta perte…

Ma perte ! Mais TU es ma perte et toi seule, toi que j'aime et que je hais à la fois !

Sans plus un mot, sans plus un soupir, le jeune héritier approcha son visage de sa mère et dans sa rage douloureuse, il écrasa ses lèvres sur celles de sa génitrice, tenant son visage fermement en coupe entre ses mains rendues presque moites par la peur qu'elle lui inspirait.

[Team Alexandre !!!  calin bisous ]
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MessageSujet: Re: [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave [Beaumarché] Un souvenir d'un temps révolue ou les chaines d'un esclave  Icon_minitime29.08.14 11:17

Les lèvres d’Alessander étaient douces. Aussi douces qu’un voile de soie et familières comme un livre qu’elle connaissait par cœur et que pourtant elle relisait. Malgré le temps, Cerenna s’en souvenait et sans doute s’en souviendrait-elle jusqu’à son dernier souffle. Car elles étaient aussi douces qu’il y a bien des années, alors que ce simple geste d’affection réunissaient parfois la mère et le fils, qui n’était alors qu’un petit garçon innocent.
Mais cet Alessander n’était plus. Ce petit être qu’elle avait bercé dans ses bras avait disparu, il était devenu un homme et dans le baiser qu’il lui avait donné, nulle trace des tendresses autrefois échangées. Brutal, douloureux et violent, il l’avait asséné avec sa force de guerrier comme il aurait pu choisir de transpercer son cœur de la riche dague qui pendait à sa ceinture. Pendant un court instant, et pour la première fois de sa vie, elle eut peur. Peur de cet homme qu’elle avait mis au monde, peur de cette force qu’il utilisait contre elle, et surtout, peur de ce qu’il semblait capable d’accomplir. A ce contact, son corps s’était instinctivement raidit et elle tenta de faire un pas en arrière. Prise dans l’étau des mains de son fils, elle ne put rien faire d’autre que de supporter. Supporter ce contact, cette insulte transmise par la chaire et qui la terrifiait presque autant qu’elle la dégoutait.

Lorsqu’enfin il desserra son emprise, elle était immobile comme une statue, le regard perdu dans les traits du visage de son fils qu’elle ne semblait pourtant pas voir. Son être tout entier résonnait de la douleur qui enserrait son cœur de mère. Perdue dans ses pensées, elle n’arrivait qu’avec peine à réaliser que la créature qui la faisait tant souffrir à cet instant n’était autre que son fils.Que c'était ton cœur de glace que je fuyais comme la peste. Elle pouvait encore l’entendre prononcer ces mots si durs, si blessants car ils étaient porteurs de la vérité qu’elle pensait avoir accepté et vaincue. Je suis devenu un homme mais je le deviendrai réellement lorsque j'aurais enfin le courage de te faire mienne !Ainsi donc, c’était là le fruit de son labeur, pour toutes ces années, tout ce temps, toute cette énergie vouée à son grand dessein, c’était là sa récompense…Après tant de prières semées dans ses gestes et dans ses mots, voilà tout ce qu’elle récoltait. Un fruit pourri. Les dieux se riaient d’elle, apparemment.

Avec une lenteur pleine de férocité, ses grands yeux bleus se relevèrent enfin pour se planter dans ceux de ce fils dont elle ne pouvait dire à ce moment précis si elle le haïssait plus qu’elle ne se haïssait elle-même d’avoir était aveugle et d’avoir à ce point échoué. Non. Son esprit était confus, échauffé par la peur. Jamais elle ne pourrait haïr Alessander, dût-il la calomnier mille fois et la rouer de coups mille fois encore qu’elle ne trouverait jamais dans son cœur la faiblesse de le détester pour des fautes dont elle était seule coupable. Elle ne le haïssait pas, mais la colère qu’elle ressentait était plus terrible et plus destructrice que la plus pure des haines dont elle était capable. Car par ce baiser il l’avait bel et bien insultée, et par ce geste, il avait fissuré les murailles de son orgueil. Sans mot dire, elle cracha au visage de son fils puis détourna lentement la tête et le contourna pour se diriger vers la porte, bien décidée à le laisser avec sa hargne et ses provocations. Mais elle s’arrêta juste derrière lui, retenue dans sa fuite par un besoin maternel de s’expliquer avec lui. Alors qu’elle posait son regard désormais embué de larmes que nul n’aurait su dire si elles étaient de colère ou de chagrin sur le dos d’Alessander, elle sentit un sentiment de culpabilité l’envahir soudain.
Toutes les paroles calomnieuses dont le petit peuple et quelques membres de la noblesse l’affligeaient en secret étaient-elles donc vraies ? Dame venin, l’empoisonneuse, la vipère. Elles les connaissaient tous mais les pensait seulement nés de la jalousie et de la peur qu’elle pouvait inspirer. Mais ce soir-là, ils semblaient si véridiques…Son frère, maintenant son fils…Les hommes qu’elle portait dans son cœur étaient-ils condamnés de par sa faute, touchés par une malédiction dont elle se sentait plus que jamais porteuse ? Non, cela ne se pouvait. Ce sentiment contre nature qu’elle croyait lire dans les yeux de son enfant n’existait pas. Elle se refusait de le reconnaitre. Il avait dit cela sous l’effet de sa colère et de sa fougue, il ne pouvait avoir conscience et assumer pleinement les mots qu’il avait dits. Alessander était sa plus grande victoire, il ne saurait être sa plus terrible défaite. Non, elle n’était pas la perte de son enfant, elle ne serait pas cette perte-là.

-Un jour tu comprendras que tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour toi.Lâcha-t-elle enfin d’une voix lente étranglée par les larmes.

Ravalant l’émotion qui lui serrait la gorge, elle prit une inspiration. Elle prit délicatement dans sa main le corps frais du reptile qui lui entourait le bras pour le poser ensuite sur le sol dallé de la chambre. Puis elle se redressa. Altière, rien dans son maintien ne trahissait le choc qu’elle venait pourtant de subir. Elle avait de nouveau refermé son cœur de pierre aux yeux du monde.

-Viens. Ton père et ta sœur doivent déjà nous attendre pour le diner, tachons de ne pas laisser cette dispute gâcher ton retour à la maison.
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Il y avait dans ce baiser toute cette rage sourde qui assourdissait le cœur d'Alessander, toutes ses paroles qu'il n'osait énoncer. Il aurait voulu lui prouver qu'il serait ce qu'elle voulait. Mais c'était bien trop tard. Il avait totalement conscience qu'il avait passé un chemin de non-retour, qu'il avait répondu à une gifle par quelque chose de bien pire encore. Un baiser n'est rien aux yeux du monde. La simple expression de deux lèvres qui se joignent, chastement ou non, pour pouvoir bien souvent découler sur l'acte sexuel en lui-même. Mais il n'avait pas embrassé n'importe quelle personne. Même s'il l'avait fait d'un homme saurait été bien moins grave. Il était banni, il s'était lui-même créé sa place dans les sept enfers et le péché de la chaire était devenu une douleur cuisante dans l'intégralité de son corps, qui lui déchirait le cerveau et lui brisait le cœur dans des morceaux plus tranchant que l'acier. Des éclats de glace que les yeux opalescents de sa mère faisaient, au lieu de fondre, grossir et qui en devenaient plus douloureux que jamais. Et pourtant, Alessander n’aurait donné sa place à personne. S’il ne comprenait pas ses sentiments, s’il les savait maudit, il les chérissait. Car eux seuls lui faisaient aimer sa mère. Cette femme que tous haïssait et que pourtant, il ne le pouvait. Elle était celle qui l’avait toujours aimé et il priait les sept pour qu’il puisse un jour l’aimer comme il le devait. Tout en refusant de perdre ses sentiments. Un véritable casse-tête que l’esprit du jeune homme.

Le cracha qu’il reçut ne l’offusqua pas le moins du monde. Il était vide de toute réaction pour n’importe qui aurait voulu lire dans ses pensées, dans ses faits et gestes. Il ne laissait rien paraitre de la peur et le bonheur qui se mélangeaient dans son cœur. La peur de son geste, de cette femme. Mais aussi le souvenir de ce baiser qui resterait à jamais le seul. Il avait bien vu, elle avait cherché à se débattre. Il comprenait. Après tout, il avait vécu 9 mois en son sein, elle avait souffert à sa naissance, elle l’avait éduqué, élevé, fait totalement sien, fait de lui sa plus belle épée lige. Et aujourd’hui, il lui rendait le contre coup de ses gestes avec tellement de violence, tellement d’orgueil et de hargne. Il ne regrettait rien. Il le pensait. Car lorsqu’il croisa les prunelles emplies de larmes de sa mère, il voulut s’excuser. Il voulut lui clamer de lui pardonner. Mais c’était bien trop tard. Ce qui est fait est fait et on ne revient pas sur le passé. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, lui jurer qu’il l’aimait et qu’il n’avait dit que des mensonges dans sa rage de l’avoir vu porter la main sur lui. Mais aucunes paroles ne parvinrent à traverser ses lèvres. Rien qu’un silence qui en disait long, un silence tellement lourd.

-Un jour tu comprendras que tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour toi.Lâcha-t-elle enfin d’une voix lente étranglée par les larmes.

Alessander ne disait rien. Il ne parvenait plus à soutenir son regard, fuyant, honteux de ses gestes. Alors que quelques minutes plus tôt il n’était que fierté, il se sentait coupable. Il aurait voulu déchirer son cœur, le briser comme il le faisait de celui de toutes les demoiselles qui avaient eu le malheur de lui écarter les cuisses et que jamais il n’aimerait comme il aimait cette femme devant lui. Il avait fait s’envoler tellement d’espoir en grandissant. Que n’aurait-il donné pour redevenir ce petit garçon qui se blottissait contre sa mère sans aucuns sous-entendus, qui l’aimait d’un amour aussi pur que le blanc sur les ailes des cygnes. Mais il en était le noir, le maudit. Il n’avait plus rien de pur dans ce cœur qui se consumait pour celle qui lui avait donné la vie.

Je sais...murmura-t-il, inconscient de savoir si elle l'avait entendu ou non.

Il la regarda poser cette vipère qui était identique à elle dans la manière dont elle revenait de marbre, comme si rien ne s'était passé, comme si elle avait brutalement troqué la peau de la tristesse pour une autre, plus puissante, plus solide et bien moins atteignable. Durant quelques minutes, Alessander avait vu derrière le masque et ce qu'il avait vu aurait pu lui arracher des larmes. Mais il ne montrait rien. Il avait été à la bonne école.

-Viens. Ton père et ta sœur doivent déjà nous attendre pour le diner, tachons de ne pas laisser cette dispute gâcher ton retour à la maison.

Son visage acquiesça et, honteux, la tête basse, il la suivit. Il ne montrerait rien devant le reste de sa famille. Ne s'était-il pas fait maitre du mensonge et de l'hypocrisie. L’héritier Desdaings voulait qu'on le voit comme un mystère, sans jamais dévoiler la plus petite place de ce qu'il était réellement. Et pourtant. Il aurait tellement aimé pouvoir briser ce masque comme il l'avait fait devant sa mère. Mais que cela lui avait-il apporté ? Des remords, des regrets. Et la crainte de perdre celle qu'il aimait. Il ne dirait plus rien. Jamais. Jamais plus.

[RP TERMINE !]

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