An 298 - Lune 7 - Semaine 3 - Jour 4 ;
Port-Réal.
Elle n’avait de cesse de regarder cette robe que Shana avait posé sur son lit. Elle était magnifique, toute faite d’or et de rouge, une broche marquée d’un lion d’or sur l’épaule. Elle devrait honorer ce nouveau nom que bientôt elle porterait, elle devrait porter les couleurs de cette nouvelle maison qui bientôt serait sienne. Elle baissa les yeux et vit bientôt Shana s’accroupir auprès d’elle, prenant ses mains entre les siennes.
-Qu’y a-t-il, Silithia ?
-Rien, lui assura la blonde avec un mince sourire. Pourrais-tu aller me chercher quelque chose à manger ?
La servante hocha doucement la tête, déposa un baiser sur son front et quitta aussitôt la chambre. Silithia se leva et entreprit de s’habiller de sa nouvelle robe. Son père, fier d’elle, la couvrait de cadeau, et son mari également. Tu es une lionne désormais, je ne pourrais être plus fier de toi, lui disait Sebaston. Une lionne…
Son regard se balada jusqu’au petit bureau de sa chambre, où se trouvait, posée soigneusement, la plume du cygne noir. Elle soupira faiblement en se redressant, ayant fini de s’habiller. Elle alla s’asseoir au bureau, et regarda longuement la plume, se perdant dans ses pensées avant qu’Alayne ne l’en sorte.
-La vue est si belle, de ta chambre. Je pourrais passer ma vie ici, au Donjon Rouge !, lança-t-elle. Tu en as de la chance, porter un nom tel que celui des Lannister.
-J’aurais aimé en porter un autre, murmura Silithia.
Sa cousine tourna la tête vers elle et lui adressa un sourire triste. S’approchant d’elle pour poser ses mains sur ses épaules, elle l’entoura de ses bras.
-Toujours Alessander ?, lui demanda-t-elle.
La blonde ne prit pas la peine de répondre. La réponse était évidente. Elle n’avait pas oublié cet amant qui avait pris une place importante dans son cœur, dans sa vie. Elle n’avait pas oublié le jour où elle avait appris sa mort. Elle était l’une des dernières personnes à l’avoir vu, avant qu’il ne meure.
Elle sentit une larme rouler lentement le long de sa joue, et c’est le doigt d’Alayne qui vint l’arrêter. Elle renifla doucement.
-J’imagine que ça doit être dur, chuchota Alayne, mais tu vas devoir passer au-dessus de ça. Tu vas te marier Silithia, et tu seras bientôt à la tête de l’Ouest. Toute ta famille est fière de toi, et tu ne seras pas seule à Castral Roc. Je serai là, et Shana aussi, et Iline nous rejoindra sans doute tu le sais.
Silithia se laissa aller à ses pleurs, Alayne la serrant doucement contre elle. On frappa alors à la porte, et la fille Clinton tourna la tête. Elle croisa alors le regard de Gared, qui venait d’entrer dans la chambre. Puisqu’il lui fit signe de s’en aller, Alayne déposa juste une caresse affectueuse sur la joue de sa cousine avant de s’en aller.
Silithia sentit la pression des mains de son frère sur ses épaules et serra les dents, calmant ses sanglots tandis que ses mains continuaient de caresser la plume du cygne noir. Elle écouta ses paroles pleines de venin, celui qu’il tenait sans doute de leur mère, et elle baissa doucement les yeux.
-Ça te fait tant plaisir de me voir ainsi, grinça-t-elle. Depuis que je suis née, tu me hais. Tu fais tout pour me détruire, tu te ris de moi, de mon malheur. C’est ça, ton bonheur ? Laisse-moi tranquille, Gared. J’ai dû supporter la haine de mère, son regard plein de honte durant des années. Et maintenant qu’elle n’est plus là, tu as choisi de reprendre le flambeau ? Laisse-moi tranquille, siffla-t-elle.
Séchant ses larmes et reposant la plume sur son bureau, elle se leva et alla jusqu’à son miroir, sans jeter un regard à son frère. Elle ne pourrait passer la journée à pleurer dans sa chambre, et refusait que quiconque autre que Shana ou Alayne la voie ainsi. Gared, quant à lui, savait certainement ce qu’il s’était passé entre sa sœur et l’héritier Desdaings.
Il s’était toujours débrouillé pour tout savoir d’elle, ses fréquentations, tout ce qui pourrait l’aider à faire tomber sa sœur.
-Tu sais très bien ce qui ne va pas Gared. Ne fais pas comme si tu ne savais rien.