Rares étaient les jours où Stannis fréquentait la cour du roi durant les heures des pointe. Mais en cette veille de Conseil, il avait convoqué un de ses ambassadeurs de Peyredragon pour discuter calmement de la situation actuelle. D'habitude, un corbeau aurait suffi, mais en ce jour et après tous les récents événements, Stannis préférait s'adresser directement à son interlocuteur plutôt qu'écrire des lignes et des lignes.

On pouvait voir que l'ambassadeur avait l'air impressionné face à l'expression dure et glaciale du suzerain de Peyredragon. Ainsi, il essaya d'être le plus clair, concis et précis possible afin d'en finir rapidement. Stannis avait l'air d'être dans la même optique, posant seulement quelques questions essentielles quant à ses terres, mais aussi des nouvelles de sa famille. Aussi impassible qu'il paraissait, sa fille lui manquait et ne pas la voir grandir n'était pas chose aisée. Finalement, il lui confia un livre qui avait pour destinataire Shôren, et le fit disposer.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter la cour du roi, Stannis remarqua qu'un homme se dirigeait avec détermination vers lui. La première chose qu'il remarqua au loin, ce fut ses divers bijoux en or qui scintillaient au gré de la lumière. Puis lorsqu'il fut assez proche et son visage distinguable, il put apercevoir quelques cicatrices qui le parsemaient, vestiges d'anciennes batailles. Avant même qu'il ne s'adresse à lui, Stannis espérait que cela n'allait pas durer éternellement. Il n'aimait pas la foule de la cour du roi.

- Lord Stannis, je suis ravi de vous rencontrer enfin. Je suis Lord Renfred de la maison Rykker de Sombreval. »

Le ton employé révélait une grande confiance en lui, ce qui changeait de l'ambassadeur à présent parti. Stannis, la figure toujours autant dénuée de toute forme d'émotion, le salua rapidement et continua à le détailler pendant quelques instants, se remémorant de l'histoire de la maison Rykker. Celle-ci avait su se montrer loyale au roi auquel elle avait prêté serment, et avait essuyé de nombreuses pertes durant la bataille du Trident dû à cette même loyauté. De plus, grâce aux Rykker, de nombreuses vies furent sauvées, trouvant refuge à Sombreval. Ainsi, Stannis devînt étonnamment plus intéressé par cet homme, se rendant d'ailleurs compte qu'il s'agissait du célèbre « Survivant du Trident ». Mais il n'en demeurait pas moins qu'il avait d'autres occupations, et que discuter de futilités ne faisait pas parti de ses passe-temps. Il espérait alors que Renfred avait un objectif en tête pour venir l'aborder ainsi.

- Je suis assez... ravi de pouvoir enfin converser avec vous. Les gens d'ici ne sont pas forcément très gentils ou honorables. Très peu ont connu la guerre et savent faire preuve de courage et d'honneur comme vous avez pu le faire en tenant Accalmie. Un véritable exploit de votre part si je puis me permettre Lord Stannis.

A l'entente de tels compliments, le visage de Stannis se détendit quelque peu, son regard perdit un peu de sa froideur. Il restait cependant parfaitement neutre, quand bien même il avait côtoyé pendant quelques instants la frontière du sourire.

- Il est très agréable d'entendre de telles paroles, d'autant plus lorsqu'elles viennent d'un homme de votre réputation.

Il se retînt d'ajouter qu'il aimerait que plus de personnes remarque ses quelques victoires et autres succès, plutôt que de ne relever que les fois où il a failli. Mais cela n'était pas son genre de parler de son ressenti à propos de ce sujet. Stannis ne voulait pas qu'on s'apitoie sur son sort, et assumait le fait qu'il n'était pas le favori de Robert. Il se contentait de ce qu'il avait, non pas sans trouver cela injuste intérieurement, et il faisait son devoir.

- A vrai dire, je ne m'attendais pas vraiment à recevoir de compliments en cette période. Je veux dire, celle-ci n'est pas des meilleures en ce qui me concerne, avoua-t-il après une pause entre les deux phrases, jetant un regard discret vers sa jambe.

Voir son bateau succomber et faire naufrage à Dorne avait été une réelle honte pour lui. Et comme si cela n'était pas suffisant, cette défaite personnelle fut gravée dans sa jambe, qui le tiraillait dès qu'il osait n'importe quel mouvement. Selon les mestres qu'il avait pu rencontré, cette blessure allait disparaître d'ici peu. Drôle de notion du temps qu'avaient ces personnes ! Cela faisait déjà plusieurs mois, et l'amélioration restait minime.